III. ANALYSE DE LA BALANCE COURANTE 3$5 EI'APPROCHE
EPARGNE INVESTISSEMENT
3.1 Fondements théoriques et empiriques de
l'approche fiscale de la balance des paiements
L'approche par absorption entre dans les modèles
standards de stabilisation et d'ajustement intervenus dans le cadre de la crise
des finances publiques vue par le FMI. L'approche par absorption décrit
une relation entre le solde du compte courant et la différence de la
production et de la demande domestique (consommation et investissement).
L'approche épargne #177; investissement constitue le
développement
de l'approche par absorption et met en relation le solde de la
balance courante et l'épargne moins l'investissement au plan national
(Rapport sur le commerce mondial en 2004, Marie France JARRET, Andrew DEAN et
Val KOROMZAY, 2006).
Cette relation entre le solde de la balance courante et la
différence de l'épargne et de l'investissement est abordée
par plusieurs économistes tels que CHENERY repris par DEDEHOUANOU en
2009, DHEHBY en 2004, ROUABAH en 2005, BALLET et VIDON en 2008 sous l'angle des
déficits jumeaux. En d'autres termes, ces auteurs soulignent que
l'accroissement du déficit courant s'explique par un manque
d'épargne face à un investissement dynamique. D'autres
économistes vont mrme plus loin en considérant que
l'accroissement du déficit courant entraîne une accumulation
importante de la dette extérieure qui pourrait entraîner une
déviance des investisseurs étrangers en raison du risque de
défaut de paiement.
Certains résultats dans les travaux empiriques montrent
l'existence d'une relation de causalité entre le solde du compte courant
et la différence de l'épargne et de l'investissement au plan
interne. L'étude de BACHMAN en 1992 reprise par DHEHBY en 2004 montre
qu'une augmentation du déficit budgétaire, qui représente
environ 0,7 % du PIB, entraîne une détérioration du
déficit du compte courant d'environ 0,4 % du PIB.
Le déficit des transactions courantes de la Côte
d'Ivoire s'est écrasé en s'établissant hors dons de 5,6 %
du PIB en 2006 à 7,6 % du PIB en 2007. Cette évolution
reflète le recul du taux d'épargne intérieure passé
de 12,3 % en 2006 à 9,1 % en 2007 dans un contexte d'une
légère augmentation du taux d'investissement de 17,5 % en 2006
à 17,8 % en 200710 .
3.2 Approche épargne -- investissement de la balance
des paiements
La détermination du solde du compte courant ventilé
entre les secteurs public et privé se résume dans le tableau qui
suit :
10 Rapport de la BCEAO en 2007
Tableau 1 : Ventilation du solde du
compte courant entre les secteurs public et privé de 2001 à 2009
(en milliards de F CFA)
Libellés /Années
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
Solde du Compte
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Courant (SCC)
|
-363,9
|
535,3
|
171,1
|
127,2
|
20,8
|
250,5
|
-66,7
|
218,7
|
388,2
|
Sg #177; Ig
|
69,6
|
-122,9
|
-210,4
|
-150,6
|
-147,6
|
-126,3
|
-78,5
|
-41,1
|
98,2
|
Sp - Ip
|
-433,5
|
658,2
|
381,5
|
277,8
|
120,7
|
376,7
|
11,8
|
259,8
|
287
|
Reste du monde
|
363,9
|
-535,3
|
-171,1
|
-127,2
|
-20,8
|
-250,5
|
66,7
|
-218,7
|
-385,2
|
Source : Calcul de l'auteur à
partir de la base de données de la DCPE sur le secteur
extérieur
La lecture de ce tableau sur la ventilation du solde du compte
courant entre les administrations publique et privée, montre que l'Etat
a un besoin de financement chronique en moyenne de 78,84 milliards de F CFA
malgré l'excédent du solde du compte courant en moyenne de 142,35
milliards de F CFA sur la période 2000 - 2009. Les tendances du solde du
compte courant sont inquiétantes car évoluant vers un
déficit chronique important comme le montrent les résultats des
travaux de projections du dossier de programmation financière en 2010 et
FMI en 2009.
Comme le déficit provient du secteur public où
il apparaît un besoin de financement chronique, il convient d'agir sur
l'accroissement de l'épargne publique (Sg) ou de diminuer
l'investissement public (Ig). L'action sur la deuxième variable (Ip) ne
semble pas Itre appropriée car le niveau d'investissement tourne autour
d'une moyenne de 245,8 milliards de F CFA, soit en valeur relative 18,16 %, ce
niveau est inférieur à la norme de l'UEMOA correspondant à
20 % pour le ratio (Ip) sur les recettes fiscales.
Sachant que l'épargne correspond à
l'excédent de revenu disponible de l'Etat (RDg) sur la consommation
publique (Cg), on a Sg = RDg #177; Cg. Cette relation comptable montre que
l'accroissement de l'épargne passe nécessairement par une
augmentation du revenu disponible ou par une maîtrise des dépenses
de fonctionnement de l'Etat. A cet effet, il convient d'agir sur les postes des
dépenses de fonctionnement les plus représentatifs pour mener des
mesures de politiques efficaces (Voir, Tableau 2).
Tableau 2 : Ventilation de
l'épargne publique entre le revenu disponible et la consommation de
l'Etat de 2001 à 2009 (en milliards de F CFA)
Libellés/Années
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
RD
|
945,3
|
1012,1
|
957,6
|
1093,9
|
1122,6
|
1184,1
|
1330,9
|
1615,9
|
1827,7
|
Cg
|
728,6
|
870,7
|
951,8
|
982,3
|
1034,4
|
1064
|
1155,2
|
1337,4
|
1392,2
|
Ig
|
147,1
|
264,3
|
216,1
|
262,2
|
235,8
|
246,3
|
254,2
|
319,6
|
337,3
|
Sg
|
216,7
|
141,4
|
5,8
|
111,6
|
88,2
|
120,1
|
175,7
|
278,5
|
435,5
|
Sg - Ig
|
69,6
|
-122,9
|
-210,3
|
-150,6
|
-147,6
|
-126,2
|
-78,5
|
-41,1
|
98,2
|
Source : Calcul de l'auteur
d'après les données de la DCPE sur le secteur extérieur
L'analyse des recettes de l'Etat montre que l'essentiel de ces
ressources proviennent des impôts directs (28,59 %), des biens et
services hors taxes pétrolières (21,49 %), des importations y
compris les taxes pétrolières (31,47 %) et des exportations
(18,47 %).
S'agissant des dépenses de fonctionnement, leur analyse
montre que les rubriques qui pèsent le plus sont les dépenses du
personnel (48,4 %), les autres dépenses de fonctionnement (29,69 %), les
prestations sociales (11,84 %) et les subventions et transferts 9,69 %. Sur la
base de l'importance des dépenses du personnel, l'accent sera mis sur
des mesures correctrices consistant à agir sur les effectifs ou sur les
salaires afin de maîtriser la masse salariale. L'action sur la
maîtrise du personnel est plus plausible dans la mesure où le
niveau des salaires est très faible pour être diminué dans
l'Administration.
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