II.4. Végétation, faune et aires
protégés
Les paysages caractéristiques de
végétation préalpine peuvent être classés,
d'une manière générale, en deux catégories:
- des paysages caractérisés par la forte
présence d'une couverture boisée, discontinue, des pineraies
naturelles, aussi bien que des reboisements, à pin noir (Pinus
nigra) ainsi que des formations thermophiles de frêne (Fraxinus
ornus) et de charme noir (Carpinus nigra), en particulier sur les
versants sud. De plus, il y a des formations thermophiles caducifoliées
souvent réduites à des populations alto arbustives, issues de la
récente colonisation des anciens glaciers et des amoncellements
calcaires (ex: Ostrya sp.). Par contre, les versants septentrionaux
aux faibles pentes, sont, dans la plupart des cas, caractérisés
par la présence de hêtraies assez étendues; la
présence de l'épicéa commun (Picea abies), du
sapin blanc (Abies alba) et du pin noir (Pinus nigra) est
faible et généralement due aux interventions de reforestation;
- de denses couvertures boisées d'essences
caducifoliés mésophiles (ex: Quercus sp.), localement
associées à des extensives superficies occupées par des
prés permanents.
Cette répartition spatiale a été
préalablement abordée (Poldini, 1975-2006, Garlatti, 2007) et est
en rapport avec plusieurs facteurs: les nuances du climat, l'exposition des
versants, les strates pédologiques, etc.
Dans les fonds des vallées, il y a une
végétation arborée résiduelle, constituée de
petits peuplements caducifoliées mésophiles (Quercus sp.,
Acer sp., Fraxinus sp., Tilia sp.), situées aux limites des
superficies des prés permanents associées aux parcelles
cultivé s notamment en mais.
Au long des cours d'eau, prédominent les saules
arbustifs (Salix sp.). Par contre, dans les secteurs de gorges, il y a
plutôt des peuplements mixtes de caducifoliés,
caractérisés par la prédominance du frêne commun
(Fraxinus excelsior), de l'érable sycomore (Acer
pseudoplatanus), et du charme (Carpinus betulus).
Un autre aspect particulier est donné par la forte
présence de la couverture végétale, même sur les
versants assez escarpés.
Une caractéristique des versants déboisés
est l'état d'abandon progressif des anciens prés, qui, à
présent, ne sont plus fauchés sur des vastes étendues,
comme ils l'étaient autrefois. (références : ancien
cadastre autrichien ; Piano Territoriale Regionale, 2007)
En ce qui concerne la strate herbacée, dans les
pineraies, il y a une presence assez forte de diverses
variétés de Carex , aussi bien que de bruyère
(Erica herbacea). En plus, dans tous les étages, nous avons
remarqué plusieurs especes de Calamagrostis (fig. 12), et
surtout, cÕest à noter la presence de lÕhellebore vert
(Helleborus viridis), considérée comme plante rare, mais
dont lÕabondance, dans le cadre de notre region, témoigne
dÕun développement florissant (fig. 13.).
Fig. 12. Calamagrostis sp. Fig. 13. Hellebore vert -
Helleborus viridis
(clichés : A. ROTAR)
En ce qui concerne les especes endémiques, cÕest
Poldini (1991) qui les a recensées: Arenaria huteri Kern., Brassica
glabrescens Poldini, Campanula zoysii Wulf., Centaurea dichroantha Kern.,
Centaurea haynaldii Borb. ssp. julica (Hayek) E. Mayer, Cerastium subtriflorum
(Rchb.) Pach., Euphorbia triflora Schott, N. & K. ssp. kerneri (Huter)
Poldini, Euphrasia marchesettii Wettst. ex March., Festuca calva (Hackel) K.
Richter, Festuca laxa Host, Galium margaritaceum Kern., Gentiana
froelichii Jan ssp. zenarii Martini & Poldini, Knautia
ressmannii (Pach.) Briq., Leontodon berinii (Bartl.) Roth, Leontodon brumatii
Rchb., Medicago pironae Vis., Primula tyrolensis Schott, Primula wulfeniana
Schott, Rhinantus pampaninii Chab., Saxifraga tenella Wulf., Spiraea decumbens
Koch ssp. decumbens, Thlaspi minimum Ard. (Annexe 1)
Nous nous interrogeons quant aux enjeux de conservation de ces
espèces, aussi bien qu'au rapport qu'elles ont avec des paysages
menacés ou potentiellement menacés. Le manque d'information
liée à l'appartenance de certaines de ces espèces aux
diverses formations végétales nous empêche de formuler des
hypothèses à ce sujet.
En ce qui concerne la faune, le gibier est assez abondant, et,
parfois, le nombre très élevé (comme dans le cas du
sanglier) pose des problèmes aux communautés locales.
Quant aux aires protégées, nous avons
visité la Riserva Naturale del Lago di Cornino (la Réserve
Naturelle du Lac de Cornino), oà nous avons pu constater l'existence
d'un projet réussi de conservation du griffon (Gyps fulvus).
Ainsi, depuis 1992, date d'introduction des premiers exemplaires, la population
des griffons, atteint, en 2000, 40 individus. La réserve est aussi une
réussite quant à son ouverture au public, et aussi à la
diffusion et la vulgarisation des informations.
III. Population III.1. L'abandon
La région préalpine a subi, pendant ces
dernières décennies, un phénomène progressif
d'abandon, dont la preuve est la très basse démographie des
centres principaux, par rapport au patrimoine bâti existant, aussi bien
que la dégradation des hameaux aux habitats saisonniers (fig. 14, 15).
Des telles caractéristiques sont plus accentuées dans les parties
centrale et occidentale.
Les effets visuels de la dépopulation sont très
évidents. Les maisons traditionnelles s'effondrent et arrivent à
être dissimulées dans le cadre du paysage (fig. 14, 15). Certains
deviennent tout simplement des piles de pierres, alors que des autres restent
enfermées, en vue du retour des propriétaires, retour qui, dans
la plupart des cas, ne va jamais se passer. Les terres, elles aussi, sont
beaucoup moins travaillées et utilisées: des périodes plus
longues de jachère, la conversion des terrains arables en
pâturages, l'abandon des versants et des terrasses.
L'hypothèse que l'émigration (le départ)
des gens libérerait le marché des terres afin de permettre la
consolidation du cadastre très fragmenté n'est pas, d'une
manière générale, réalisée. Les migrants
gardent leurs terres pour les utiliser en fin de semaine ou pour une pratique
«passe-temps» de l'agriculture, ou, tout simplement, pour des raisons
sentimentales. (King, 1991, in «Le développement régional
rural en Europe»)
Dans leurs travaux sur l'abandon et la déprise dans les
zones rurales, Baldock et al. (1996) ont défini la marginalisation
(fragilisation, risque d'abandon) comme étant «un processus
piloté par une combinaison de facteurs sociaux, économiques,
politiques et environnementaux, qui conduisent à rendre non viable
l'activité agricole, dans les conditions existantes de structure
d'utilisation des terres».
Fig. 14. Bâtiment abandonné, à coté de
Vito d'Asio Fig. 15. Même bâtiment, à l'intérieur
(clichés : A. ROTAR)
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