|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
MEMOIRE
|
|
|
|
DE
SUJET
|
:
|
|
MAÎTRISE
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
ANTHROPOLOGIE
VIOLENCE
DE LA
CHEZ HEGEL
|
|
|
|
Présenté par : Mory THIAM
|
Sous la direction de :
Pr Jean Pierre Faye
Professeur Titulaire des Universités
|
|
|
|
|
|
|
|
1
|
|
2
Il y a des êtres qui, plus par les actes qu'ils posent
que par le discours qu'ils tiennent, nous rappellent toujours que la vie est un
combat, et que par conséquent cesser de combattre serait synonyme de
cesser d'exister. En ce qui me concerne, il s'agit de MES
PARENTS, à qui je dédie ce travail, pour tout le
sacrifice qu'ils ont consenti pour me voir accéder à un tel
niveau d'étude. Le courage et l'abnégation que vous nous avez
inculqués à mes frères, soeurs et moi, constituent des
vertus sans lesquels aucune de nos entreprises, y compris ce travail, ne serait
jamais réussies.
C'est cette abnégation qui à guidé toute
la vie d'un de mes Frères Moussa Diome Thiam, qui n'a
eu besoin que de quinze (15) années d'existence pour démontrer
que la valeur d'une vie ne dépend pas du nombre d'années
vécues. Ta mort ainsi que celle de Mouhamadou Lamine
SENGHOR laisseront à jamais un vide dans nos coeurs. Que Dieu
vous accueille dans son paradis.
J'associe à ces dédicaces mes frères
Abdou Khadre et Cheikh Thiam qui est et
restera toujours un exemple pour nous tous. Mention spéciale à ma
soeur Salie Thiam, pour tout le dévouement dont elle a
toujours su faire preuve à mon égard.
:
Nous tenons vivement à remercier :
Monsieur le Professeur Jean-Pierre Faye qui,
non seulement a accepté de diriger ce travail, mais également
nous a obligé à nous soumettre aux exigences de la recherche.
L'esprit de rigueur avec lequel vous avez dirigé ce travail nous a
permis de nous rendre compte que le travail philosophique nécessite,
conformément à la démarche hégélienne,
« le sérieux, la douleur, la patience et le travail du
négatif ».
M. Yatma Gueye, au contact duquel nous avons découvert
la philosophie, qui a su faire naître en nous cet amour pour cette
discipline et qui ne cesse de grandir puisqu'il est entretenu par le travail
sans relâche de tous les professeurs du département.
Tonton Moussa Diome qui nous a encadré depuis le
primaire et qui a su nous donner goût pour les études.
Tous mes condisciples pour tout le respect, et la confiance
qu'ils m'ont accordés durant les quatre années que nous avons
passées ensemble, ainsi que tous les membres de l'Amicales des Etudiants
ressortissants de Diofior (AERD).
Tata Marthe et Monsieur Athie du secrétariat du
Département de Philosophie pour leur disponibilité sans
faille.
Ce travail aurait perdu beaucoup de sa valeur scientifique
sans l'appui en documents du Centre Saint Augustin, et du Frère
François Dominique de l'église ST Dominique, ainsi que
les critiques, suggestions et le soutien de MM. Cheikh Kaling, Ousseynou Thiam
et Oumar Dia. Merci pour tout.
Nous ne saurions citer tous ceux qui de prés ou de loin
ont contribué à notre réussite. Qu'ils trouvent ici
l'expression de notre gratitude.
4
« L'histoire n'est pas le lieu de la
félicité. Les périodes de bonheur y sont ses pages
blanches »
G. W. F. Hegel, La Raison dans l'histoire, Trad. Kostas
Papaioannou, Paris, 10/18, 2006, p. 116.
INTRODUCTION
Le thème de notre travail, Anthropologie de la
violence Chez Hegel, s'inscrit dans le sillage des préoccupations
essentielles de la philosophie. En effet, les différentes
problématiques que soulève la question anthropologique n'ont pas
pris naissance dans la philosophie contemporaine. C'est que, dans sa tentative
de saisir le sens de l'existence, la philosophie s'est souvent heurtée
à la question de la place de l'homme dans le monde et de ses rapports
avec les autres êtres avec lesquels il le partage.
S'il est vrai que, pour certains philosophes, au nombre
desquels Baruch de Spinoza, le monde est régi selon un principe unique,
et que tous les êtres qui y séjournent sont tenus de se soumettre
aux mêmes lois que sont celles de la nature, il n'en demeure pas moins
vrai que l'idée la plus répandue est celle qui consiste à
accorder à l'homme une place de choix. Une telle considération de
la réalité humaine s'explique principalement par cette
capacité qu'à l'homme d'aller au-delà de ce que la nature
lui offre comme possibilité, bien que faisant partie de celle-ci de par
sa constitution biologique.
Une telle idée influencera pour beaucoup l'orientation
de la réflexion philosophique. En effet, du fait de sa capacité
à transformer le cours des choses, l'homme est capable de donner sens
à ses actes lorsqu'il agit de façon libre et responsable.
Même s'il se laisse parfois dominer par ses passions, ce qui ne le
distingue dans ce cas pas de l'animal, il est clair que le sens de l'existence
que recherche la philosophie se laissera découvrir à travers
l'action de l'homme. Dés lors, la philosophie comme réflexion sur
le sens de l'existence se résume en une Anthropologie
c'est-à-dire une science ayant pour objet l'homme, sa place dans le
cosmos et ses rapports avec les autres êtres. C'est ce qu'exprime
Emmanuel Kant dans sa Logique en disant :
« Le domaine de la philosophie, en ce sens
cosmopolitique, se ramène aux questions suivantes : 1) Que puis-je
savoir ? 2) Que dois-je faire ? 3) Que m'est-il permis d'espérer ? 4)
Qu'est-ce que l'homme ? A la première question répond la
métaphysique, à la seconde la morale, à
la troisième la religion, à la quatrième
l'anthropologie. Mais au fond, on pourrait toutes les ramener à
l'anthropologie puisque les trois premières se rapportent à la
dernière »1
1 E. Kant, Logique, trad. Guillermit, Paris,
Vrin, 197 0, p. 25.
Il convient, cependant, de remarquer que Kant ne fait que
systématiser une démarche qui a été adopté
dès les premières tentatives d'explication du fonctionnement du
monde par les philosophes. Tout se passe comme si tous les philosophes
voulaient se soumettre à la fameuse injonction inscrite au fronton du
temple de Delphes, et que Socrate avait fait sienne, à savoir «
connais-toi toi-même ».
C'est parce que Georg Wilhelm Friedrich Hegel s'est inscrit
dans une telle perspective consistant à accorder à l'homme une
place centrale dans le cosmos, que nous nous sommes proposés
d'étudier sa vision anthropologique. Une telle perspective se laisse
découvrir dans ces propos même de Hegel :
<< On approuvera le vertige devant cette
suprême altitude de toute philosophie par laquelle l'homme est
élevé si haut. Mais pourquoi est on parvenu si tard à
élever davantage la dignité de l'homme à reconnaître
sa faculté de liberté qui le place dans l'ordre égal des
esprits ? Je crois qu'aucun signe des temps n'est meilleur que celui-ci : c'est
que l'humanité est représentée comme si digne d'estime en
elle-même ; c'est une preuve que le nimbe qui entourait les têtes
des oppresseurs et des dieux de la terre disparaît. Les philosophes
démontrent cette dignité et les peuples apprendront à la
sentir »2.
Mais il y a une autre raison qui peut justifier le choix
porté sur cet auteur. Celle-ci est à chercher dans l'approche
originale qu'il choisit dans sa prise en charge de la question anthropologique.
En effet, Hegel va s'inscrire dans une démarche de rupture radicale avec
la perspective de ses prédécesseurs. A la question kantienne
<< qu'est ce que l'homme ? », toutes les réponses
qui ont été apportées partent de cette racine commune :
« l'homme c'est....... ». Par exemple, d'un animal politique
chez Aristote, il passe à un animal pensant chez Descartes. En d'autres
termes, des systèmes philosophiques qui ont fait époque on toutes
tenté d'y répondre de manière directe, comme si la nature
humaine pouvait être saisie de manière immédiate. Et c'est
justement cette nature humaine qu'ils se sont attelés à
rechercher.
2 G.W. F. Hegel, Correspondances, T. 1, Trad.
Jean Carrère, Paris : Gallimard, coll. << classique de la
philosophie », 1962, pp. 28-29.
8
C'est précisément cette démarche que
rejette Hegel. Il dira, dans ce sens que : << l'agir est justement le
devenir de l'esprit comme conscience. Ce qu'elle est en soi elle l'apprend donc
de sa propre réalité effective. Ainsi l'individu ne peut savoir
ce qu'il est avant de s'être porté à travers
l'opération à la réalité effective
»3 Autrement dit, pour répondre à la
question << qu'est ce que l'homme ? », il faut interroger
l'histoire ; puisque, chez Hegel, l'effectivité s'atteint au bout d'un
long processus qui engage toute l'humanité.
Mais il ne serait pas pertinent d'en conclure que la
perspective hégélienne s'appuie sur un matérialisme
historique comme c'est le cas chez Marx. En effet, chez Hegel l'histoire n'est
pas une suite d'événement empiriques qui n'ont qu'une
signification purement matérielle, il s'agit plutôt du processus
de déploiement de l'esprit universel qui veut atteindre un objectif bien
déterminé. Ainsi chez Hegel, c'est l'esprit qui guide la marche
du monde. C'est ce qui apparait d'ailleurs dans ces mots de La raison dans
l'histoire : « la seule idée qu'apporte la philosophie est
la simple idée de la Raison- l'idée que la raison gouverne le
monde et que, par conséquent l'histoire universelle s'est elle aussi
déroulée rationnellement »4. En d'autres
termes, la raison elle même ne peut se manifester qu'à
l'intérieur de l'histoire. Le devenir de l'esprit est donc indissociable
de l'histoire concrète. Dans ce cas, une réflexion sur l'homme ne
peut se faire chez Hegel, en écartant la dimension historique.
Cette idée aura une conséquence dans la
réponse hégélienne à la question anthropologique.
Cette conséquence n'est, en fait, rien d'autre que celle qui
découle de la principale thèse qui structure son système,
et qui réside en ceci que l'histoire n'a pas une progression
linéaire ; elle est plutôt faite de ruptures, de conflits, et donc
de violence, que l'esprit doit intérioriser s'il veut atteindre sa
vérité. Et ceci pose une problématique fondamentale : si
l'être humain n'atteint sa vérité que dans l'histoire et si
celle-ci n'est qu'une intériorisation des rapports de violence, cela
signifierait-il que l'homme ne peut exister que dans et par la violence ? Il
apparait nettement ici que notre ambition n'est nullement de faire une
étude complète de toute
3 G. W. F. Hegel, Phénoménologie de
l'esprit, T. 1, trad. Jean Hyppolite, Paris, Aubier, 1937, p. 327.
4 G. W.F. Hegel, La raison dans l'histoire,
Trad. et prés. de Kostas Papaioannou, Paris, Bibliothèque
10/18,
2006, p. 47.
9
l'anthropologie hégélienne ; il s'agit
plutôt d'étudier la place et le rôle de la violence dans
l'affirmation de notre humanité. Mais il convient, au préalable,
pour une meilleure prise en charge de cette problématique, de clarifier
le sens du concept de violence.
Par Violence, il convient d'entendre, la manifestation, ou
l'actualisation de la puissance en tant que la puissance est ce qui est
appelé à être dépassé. Il y a donc là
l'idée d'une limite à surmonter. La délimitation de la
portée de ce concept est fondamentale à un double niveau : le
premier est qu'elle permet de mieux cerner la place de la violence, à la
fois dans le système hégélien et dans le cours de la vie,
puisque, chez lui, les deux sont indissociables, en ce que sa pensée est
une pensée de la vie. C'est d'ailleurs une telle idée qu'il a
voulu exprimer en affirmant :
«Concevoir ce qui est, est la tâche de
la philosophie, car ce qui est c'est la raison. En ce qui concerne
l'individu, chacun est le fils de son temps ; de même aussi la
philosophie, elle résume son temps dans la pensée. Il est aussi
fou de s'imaginer qu'une philosophie quelconque dépassera le monde
contemporain, que de croire qu'un individu sautera au-dessus de son temps,
franchira le Rhodus. Si une théorie, en fait, dépasse ces
limites, si elle construit un monde tel qu'il doit être, ce
monde existe bien, mais seulement dans son opinion, laquelle est un
élément inconsistant qui peut prendre n'importe quelle empreinte
»5
Le deuxième niveau est qu'elle permet d'ouvrir un champ
plus large dans la prise en charge de la question. Le souci d'élargir
notre perspective trouve sa source dans l'omniprésence du conflit autant
dans les rapports interindividuels qu'interétatiques. Pourtant, les
actions visant à lutter contre la violence n'ont jamais fait
défaut. La violence a fait l'objet d'une prise en charge au plan
éthique, par l'intermédiaire d'appels à la non-violence
lancés, soit par des prophètes (comme Jésus Christ), des
leaders d'opinions (comme Martin Luther-King), soit par des hommes politiques
(comme Gandhi).
5 G. W. F HEGEL, Principes de la
philosophie du droit, traduit par André Kaan, préfacé
par Jean Hyppolite, Paris, Gallimard, 1940 p. 39.
10
A ceci s'ajoute une prise en charge au plan juridique,
particulièrement dans le domaine des relations internationales, par
l'intermédiaire de la signature de traités de paix visant
à mettre fin à la situation conflictuelle entre les Etats. Mais
le constat qu'on ne peut s'empêcher de faire, c'est que toutes ces
tentatives sont restées vaines.
Tout se passe comme si la violence avait échappé
jusque là à toute tentative d'éradication. Où
faudrait-il alors en chercher les raisons ? Est-ce parce que l'humanité
ne veut pas se débarrasser de la violence, ou parce qu'elle ne le peut
pas ? C'est ce qui motive le changement de perspective que nous avons
adopté dans la prise en charge de cette question. On remarque que,
autant dans la perspective juridique que dans celle éthique, l'objectif
est d'éradiquer la violence. La question principale à laquelle il
faut répondre dans ces deux perspectives est la suivante : <<
comment faire pour éradiquer la violence de ce monde ?
>>
Si, dans la perspective juridique, il s'agit de signer des
traités de paix, dans la perspective éthique, il s'agira de
compter sur les sentiments humains, sur les prédispositions morales
à agir contre la violence. Or, il existe une question préalable,
qui est fondamentale à plusieurs égards, qui n'a pas
été prise en charge, et qui peut être formulée ainsi
: << l'homme peut -il réellement vivre sans violence ?
>>. Autrement dit, la violence relève-t-elle de la
nécessité ou de la contingence, dans l'action de l'homme ? Une
telle problématique à été prise en charge par
Hegel, ce qui justifie que notre choix porte sur lui. Pour mieux expliciter
l'apport de Hegel dans la prise en charge d'une telle problématique,
nous nous proposons de le présenter en deux grandes subdivisions : dans
la première, il s'agira d'étudier la place du conflit dans les
rapports que le sujet entretient avec les réalités avec
lesquelles il partage le cosmos à savoir la nature, son alter ego et
Dieu, à travers le processus phénoménologique comme
histoire de l'affirmation de soi. Mais dans la mesure où la philosophie
hégélienne se veut une tentative de cerner l'Universel, nous
chercherons, dans la deuxième partie, le sens et la portée de la
violence dans la construction de cet Universel à travers les rapports
heurtés entre les Etats dans le cadre du droit international, mais
également dans la marche de l'histoire. Il s'agira ici de montrer que
ces rapports de violence sont le moteur du progrès de
l'humanité.
PREMIERE PARTIE :
LE SUJET HUMAIN
COMME SUJET DE
VIOLENCE
12
Dans la mesure où l'homme apparaît comme une
réalité complexe, c'est-à-dire qu'il fait l'objet d'une
double constitution à savoir de corps et d'esprit, il offre la
possibilité d'une prise en charge sous plusieurs angles. En effet, il
peut être pris en charge du point de vue purement biologique, et dans ce
cas il sera considéré comme un élément de la nature
; ou bien plutôt du point de vue de ce qu'il a pu montrer comme
différence et comme résultat d'une rupture d'avec la nature. La
première forme de prise en charge se fera dans le cadre de
l'anthropologie physiologique, la deuxième concernera l'anthropologie
culturelle. C'est d'ailleurs ce qui apparait chez Kant qui nous dit qu'«
une doctrine de la connaissance de l'homme formulée de
manière systématique (anthropologie), peut s'accomplir d'un point
de vue physiologique ou d'un point de vue pragmatique. La connaissance
physiologique vise l'exploration de ce que la nature fait de l'homme, la
connaissance pragmatique de ce que l'homme agissant par liberté, fait ou
peut et doit faire de lui-même »6.
Pour ce qui est de l'anthropologie hégélienne
que nous nous proposons d'étudier, la démarche est plutôt
culturelle, ou pragmatique, si nous adoptons le vocabulaire Kantien. En
d'autres termes, Hegel s'attache à ce que l'homme fait de
lui-même, à ce qu'il a pu construire ou mettre en oeuvre durant
tout au long de son existence. C'est d'ailleurs ce processus de culture qu'il
décrit dans son ouvrage La phénoménologie de l'esprit.
La Problématique de la dimension anthropologique de la violence
chez Hegel ne peut être prise en charge que dans le cadre d'un tel
processus qui se propose d'étudier la conscience dans son
déploiement qui le met en relation avec d'autres êtres.
Si une tradition philosophique qui remonte à Descartes
a contribué à forger une philosophie du sujet qui trouve son
fondement et son expression dans le solipsisme, Hegel, à travers sa
conception phénoménologique, amorce une rupture. Ce solipsisme,
qui s'exprime dans toute sa force avec Descartes, signifie la
possibilité, pour le sujet, d'exister sans pour autant entretenir des
rapports avec le monde extérieur.
6 E. Kant, Anthropologie au point de vue
pragmatique, Trad. Alain renaut, Paris, Flammarion, 1993, P 41.
En effet, après avoir fait du « je pense donc
je suis » le fondement de l'affirmation de l'homme, Descartes dira,
à propos de ce je pensant, qu'il est « une substance dont toute
l'essence et la nature n'est que de penser et qui, pour être, n'a besoin
d'aucune chose matérielle »7.
Autrement dit, dans le cogito, le sujet se suffit à
lui-même, il est tel qu'il s'appréhende immédiatement.
Descartes, à travers le cogito, s'inscrit dans une tradition
philosophique qui remonte à Socrate et qui place le sujet au
début de toute quête de connaissance. Cette tradition va en
réalité être perpétuée bien après lui
par Hegel lui-même, puisque ce dernier partage
l'idée selon laquelle toute la réflexion
philosophique doit être centrée sur le sujet. Mais là
oüses prédécesseurs ne prenaient en charge que le
sujet individuel, Hegel estime que celui-ci
n'est qu'un moment vers l'effectivité du sujet
universel qui incarne leur vérité commune. Toute la
réflexion philosophique hégélienne est, si l'on peut dire,
centrée sur le processus par lequel les sujets individuels
accèdent à cette vérité. Autrement dit, il s'agit
du mode de passage de ces sujets individuels au sujet universel.
Par conséquent, si nous voulons déterminer la
place de la violence dans l'existence du sujet, nous sommes tenus de cerner son
rôle dans ce processus d'universalisation des sujets individuels. La
nécessité de ce passage du particulier à l'universel est
solidaire d'une exigence de mise en rapport du sujet individuel avec d'autres
réalités. Celles-ci forment en fait, pour Hegel, la nature,
l'autre sujet individuel ou l'alter égo et le sujet divin. Le sujet
individuel est donc tenu d'entrer en relation avec ces trois
réalités, et c'est de la nature de ces rapports que dépend
sa propre affirmation. Il s'agit donc dans cette partie de faire ressortir la
place de la violence dans les rapports entre le sujet et ces différentes
réalités.
7 R. Descartes, Discours de la
méthode, Etablit par François Guery, Paris, Hachette, 1997,
p. 41.
14
|