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Analyse des performances productives des exploitations familiales agricoles de la localité de Zoetelé

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par Gilles Quentin KANE
Yaoundé II-Cameroun - DEA 2010
  

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II. Les facteurs limitant la productivité agricole

En général, on peut dire que deux éléments essentiels empiètent sur la productivité : la taille de l'exploitation (A) et les coûts de transactions (B).

A. La taille de l'exploitation

Au début de l'histoire moderne, la terre arable semblait être une ressource en quantité infinie, l'organisation de celle-ci ne semblait pas être une priorité. Au fur et à mesure que la densité de la population augmente, la terre devient relativement de plus en plus rare et la façon de la distribuer a pris une place importante dans les discutions politiques (Piette, 2006). La façon la plus économiquement efficace de gérer cette ressource a donné une place importante à l'étude de la relation entre la taille d'une exploitation et sa productivité dès le début de l'économie du développement.

Les études théoriques et empiriques suggèrent que cette relation est négative, c'est-à-dire que plus la taille d'une exploitation est grande, plus celle-ci est inefficace (Sen (1962, 1966)20 ; Berry et Cline (1979) ; Bardhan (1973) ; Deolalikar (1981)...).

20 Voir Thapa (2007).

Berry et Cline (1979) sont les premières à vérifier empiriquement la relation entre la taille d'une exploitation et la productivité en utilisant les données du Brésil, de la Colombie, des Philippines, du Pakistan, de l'Inde et de la Malaisie. Ils démontrent que la productivité est plus grande sur les petites exploitations que sur les grandes exploitations.

Cependant les hypothèses néoclassiques suggèrent qu'il ne devrait pas y avoir de corrélation entre la productivité et la taille d'une exploitation (Bhalla et Roy, 1988). Dans un monde où tous les marchés fonctionnent parfaitement, la distribution de la terre est telle que la production de l'économie est maximisée. La relation négative serait due aux imperfections sur les marchés du travail, de la terre, du capital et du crédit dans les pays en développement (Piette, 2006).

Pour Sen (1966) les exploitants qui sont incapables de vendre leur main-d'oeuvre sur le marché l'appliquent sur la terre familiale. En conséquence, l'intensité de la main-d'oeuvre sur les petites exploitations est plus grande et la production par unité de terre est plus élevée. Les marchés de la terre, du capital physique et du crédit sont quant à eux imparfaits puisque les petits exploitants, n'ayant pour la plupart du temps pas de garantie, ne sont pas capables de les acquérir. Alors que les imperfections du marché du travail augmentent la productivité des petites exploitations, celles des marchés du capital et du crédit ont le résultat inverse.

Ainsi, Mahesh (2000) a étudié la relation entre la taille de l'exploitation et la productivité en Inde (Kerala). L'auteur trouve que les grandes exploitations ont de plus grand niveaux de productivité. L'explication de ce résultat serait que les petites exploitations utilisent généralement la main d'oeuvre familiale qui est moins efficiente que la main d'oeuvre salariale.

En parlant de l'agriculture Pakistanaise, Kausar (2008) trouve que les exploitations de petites et de grandes tailles sont plus productives que celle de tailles moyennes. La principale raison à cela est que, les exploitations de petites tailles sont plus productives car elles utilisent intensément la main d'oeuvre et l'irrigation tandis que les exploitations de tailles moyennes sont inefficaces dans la combinaison des inputs et celles de grandes tailles utilisent un maximum de capital.

La littérature sur cette relation est très limitée en Afrique comme le note Usabuwera (1995) à travers une étude de cas sur le Rwanda. Les résultats de cette étude confirment l'existence d'une relation inverse entre la productivité et la taille de l'exploitation. En effet les

contraintes liées à l'accès à la terre, l'accès au marché du travail sont moins importantes pour les petites exploitations par rapport aux exploitations de grande taille. Dans ce cas, cette relation est affectée par la qualité de la terre, les coûts liés à l'utilisation des fertilisants et produits chimiques, les investissements pour conserver la qualité de la terre. Cette relation a été longuement discutée et ne fait l'objet d'aucun consensus entre chercheurs. Ainsi, il a été suggéré à plusieurs reprises dans la littérature économique, que la révolution verte21 aurait diminuée ou même inversée la relation négative entre la taille d'une exploitation et sa productivité (Deolalikar, 1981).

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand