B. Approche non paramétrique « versus »
approche paramétrique
L'objectif de cette section est de présenter une
analyse comparée des approches paramétrique et non
paramétrique des frontières de production en essayant de faire
ressortir les avantages et les faiblesses de chaque approche.
Fondamentalement, la différence entre l'approche
paramétrique et l'approche non paramétrique réside dans le
fait que la première se base sur un modèle statistique explicite
concrétisé par l'utilisation d'une forme fonctionnelle
particulière ; ce qui n'est pas le cas dans l'approche non
paramétrique. Utilisant moins d'informations que dans l'approche
paramétrique, les résultats dans l'approche non
paramétrique devraient être moins précis. Cependant, il y a
le risque d'influencer les résultats en imposant une forme fonctionnelle
qui n'est pas la plus appropriée (Nodjitidjé, 2009). En effet des
hypothèses fortes génèrent des résultats forts
pourvu que les contraintes (par exemple la forme fonctionnelle choisie) soient
vraies. Ainsi, la méthode non paramétrique permet d'éviter
les erreurs qui peuvent être causées par le mauvais choix de la
fonction de production.
L'approche non paramétrique permet plus facilement la
prise en compte de la technologie multi production. Néanmoins, elle
attribue toutes les inefficacités à l'exploitant et
ne tient pas compte des facteurs aléatoires hors du
contrôle de l'exploitant, qui peuvent être sources
d'inefficacités.
Toutefois, l'approche paramétrique regroupe la
frontière de production déterministe et la frontière de
production stochastique. Théoriquement, le recours à des
frontières stochastiques permet d'isoler le terme d'erreur purement
aléatoire de celui reflétant l'inefficacité technique de
l'exploitation et devrait par conséquent conduire à une mesure
plus précise de son efficacité technique. L'utilisation des
méthodes déterministes, qui attribuent tout écart
affiché par rapport à la frontière, à
l'inefficacité technique, serait donc une surestimation des niveaux
d'inefficacité technique (Amara et Romain, 2000).
Les conclusions de Bravo-Ureta et Rieger (1990) permettent
cependant de nuancer ce dernier résultat ; du moins pour ce qui est de
la comparaison de l'approche déterministe et de l'approche stochastique.
Pour ces auteurs, l'utilisation d'une frontière déterministe ou
d'une fonction frontière stochastique conduit à la même
conclusion générale lorsque le but de l'étude est de
déterminer si une firme (ou une EFA) est efficace ou inefficace. Ce sont
plutôt les valeurs calculées des indices d'efficacité
technique qui pourront différer selon que la frontière est
déterministe ou stochastique. Ils sont parvenus à cette
conclusion en comparant les résultats obtenus selon plusieurs
méthodes d'estimation de la frontière pour des fermes
laitières de la Nouvelle-Angleterre et de l'État de New-York.
En tout état de cause, il semble évident que la
convergence ou la divergence des résultats selon les approches non
paramétriques ou paramétriques dépendent fortement de
l'échantillon retenu (Amara et Romain, 2000). Et donc, le choix de la
frontière de production se base sur la qualité des données
et en fonction de l'objectif du travail. De plus, le choix de la méthode
d'estimation n'est pas primordial lorsque l'objectif de l'étude est
d'identifier les facteurs qui déterminent l'efficacité des
exploitations et non de rechercher leur niveau absolu d'efficacité
(Romain et Lambert, 1995).
Comme on peut le constater, il s'avère qu'aucune de ces
approches ne domine l'autre ; chacune a son intérêt et elles sont
dans une certaine mesure complémentaires, surtout lorsqu'il manque des
informations sur les prix.
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