B. Les autres déterminants de
l'efficacité
Dans la littérature économique, de nombreux
auteurs ont montré que certains facteurs ont un impact sur le niveau
d'efficacité. Le choix des déterminants de l'efficacité
dépend de l'échelle d'analyse et de l'objectif de l'étude.
Ainsi, on distingue les facteurs explicatifs du niveau d'efficacité des
exploitations individuelles, des facteurs explicatifs à échelle
plus grande (la région par exemple).
Lorsque l'étude porte sur une plus grande
échelle, les variables utilisées sont des moyennes. Ainsi, les
déterminants de l'efficacité dans ce cadre peuvent être les
infrastructures (nombre ou longueur des pistes agricoles, distances à la
route principale et aux grandes villes), la population rurale et urbaine
(importance des agglomérations), le nombre de marchés, le
degré d'intégration au marché, le nombre d'écoles,
le nombre de centres de formation agricole... (Albouchi, 2005).
Le principal inconvénient de ces actions est que leurs
effets ne sont pas ressentis immédiatement à l'échelle
locale. Par exemple : l'impact de la création des écoles et des
centres de formation à l'échelle régionale se manifeste
après plusieurs générations.
Toutefois, au niveau des exploitations individuelles, les
déterminants de l'efficacité peuvent être : la taille de
l'exploitation, l'âge de l'exploitant, l'appartenance à un groupe
d'intérêt économique, l'accès au crédit,
l'éloignement du marché... (Nuama, 2006). Ces derniers
s'avèrent plus intéressant pour la présente
étude.
Dans la littérature économique, la relation
entre la taille de l'exploitation et l'efficacité ne fait pas l'objet
d'un consensus. Ainsi, certaines études montrent l'existence d'une
relation positive entre la taille de l'exploitation et l'efficacité
(Thiam et al., 2001 ; Nyemeck et al., 2004 ; Linh, 1994 ; Latruffe, 2005 ;
Sizhong, 2006). D'autres par contre, démontrent l'existence d'une
relation négative, traduisant le fait que les petites exploitations sont
plus efficaces que les grandes (Chirwa, 1998).
En ce qui concerne l'âge de l'exploitant,
la relation entre l'âge et le niveau d'efficacité peut
être négative ou positive. Ainsi, les plus âgés
peuvent être moins efficaces que les jeunes
producteurs dans la mesure où, les premiers n'ont pas
assez de contact avec les services de vulgarisation et ils ne sont pas
disposés à adopter les nouvelles technologies ; contrairement aux
jeunes qui adoptent facilement les nouvelles technologies et recherchent les
informations nécessaires (Coelli et Fleming, 2004).
L'appartenance à une organisation dont le capital
social a un impact positif sur l'efficacité (Tchale, 2009 ; Audibert,
1997). L'organisation sociale accroît le potentiel productif de la
société.
Le crédit quant à lui peut avoir une influence
positive sur l'efficacité des exploitations, si les fonds obtenus par
les paysans servent à l'achat d'intrants. Mais si ces fonds sont
utilisés à d'autres fins, la relation entre le crédit et
l'efficacité est négative (Nyemeck et al., 2004 ; Onwuchekwa,
2008 ; Albouchi et al., 2005).
Les méthodes pour isoler les causes de
l'inefficacité se distinguent par le nombre d'étapes
nécessaires à la recherche des déterminants de
l'inefficacité. Ainsi, comme le note Borodak (2007), on distingue les
méthodes à une, deux et quatre étapes. Les méthodes
à une étape permettent de contrôler l'impact des variables
d'environnement directement lors de l'estimation de l'efficacité des
unités de production.
Les méthodes à deux étapes quant à
elles, consistent d'abord à estimer les inefficacités, puis
effectuer une régression des scores d'efficacité sur les
variables déterminantes : la taille de l'exploitation, l'âge du
chef de l'EFA, l'appartenance ou non à une organisation paysanne... La
méthode à quatre étapes est le prolongement des
méthodes à deux étapes. Elle permet de classer les
producteurs selon leur efficacité technique pure en éliminant des
calculs, l'impact des facteurs d'environnement.
Dans le cadre de cette étude, nous utiliserons une
méthode à deux étapes, pour isoler l'effet des facteurs
déterminants l'efficacité, car son principal avantage est qu'en
cas d'erreur de spécification dans la deuxième étape, le
biais affecte uniquement les coefficients estimés des
déterminants et non les coefficients de la frontière. Par
ailleurs, la plupart des études dans le secteur agricole utilisent
celle-ci (Latruffe, 2005 ; Nuama, 2006). La régression effectuée
lors de la deuxième étape suivra un modèle TOBIT pour
tenir compte du caractère tronqué (entre 0 et 1) de la variable
dépendante (efficacité).
A la suite de cette présentation succincte des
déterminants potentiels de l'efficacité, intéressons-nous,
un temps soit peu aux méthodes d'estimation de celle-ci en science
sociale.
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