3.3.2. Principaux intervenants de recherche
En éducation thérapeutique du Patient, la
transformation des rapports entre les partenaires de soins est essentielle.
C'est une logique de compromis, de négociation qui facilite
l'aménagement de nouveaux espaces de soins. Dans ces espaces pourraient
se débattre des enjeux intéressants de santé avec des
différents acteurs. Nous présentons dans ce sous point du
travail, les catégories et l'organisation de nos principaux acteurs de
soins, les valeurs et les compétences du Soignant dans la prise en
charge du diabétique de type-II.
a) Catégories et organisation des principaux
intervenants
En Belgique la prise en charge du diabétique s'inscrit
dans une politique nationale de la santé publique. La majorité
des Patients sont suivis par une équipe interdisciplinaire, où le
Soignant joue à tous les niveaux un rôle de facilitateur, de
charnière, d'accompagnant, etc.
L'éducation thérapeutique du Patient
est une des quatre conditions17 [le diagnostic, le
traitement et le suivi], nécessaires pour une prise en
charge efficace. Le Passeport du diabète comme outil, met en
évidence la nécessité de coordination des activités
de soins. Pour y arriver, nous avons identifié l'interaction entre le
Patient, le Soignant, 'hôpital et le Ministère de la Santé
Publique [Fig.-7].
Figure-7 : Interactions entre les acteurs de soins
Environnement hospitalier
Soignant
Hôpital [Organisation]
Patient et son entourage
Environnement de soins à domicile
Ministère de la Santé Publique [MSP]
Médecin de famille & Ses collaborateurs
Légendes
: Relation d'influence directe :Relation d'influence indirecte
Source : ABD, 2002, opcit.
Commentaires :
Cette figure nous présente les types de relations,
directe ou indirecte qui existent entre les acteurs qui gravitent autour du
Patient. Ils se trouvent dans le cadre global de la politique du MSP [les soins
hospitaliers et extrahospitaliers].
17 Selon, Dominique Paulus et Dominique Pest, [2006],
plusieurs conditions sont nécessaires pour une prise en charge de
qualité du diabétique, notamment : Une organisation des soins
qui favorise la prise en charge du patient, un financement adéquat de la
prise en charge du diabétique, un support national pour le
développement des systèmes de technologie de l'information, la
considération du diabète comme une priorité au niveau des
politiques de santé, l'existence des «guidelines»
régulierement actualisés, l'existence des recherches en
matière d'organisation de la prise en charge du diabète, la
présence des structures qui soutiennent, coordonnent et supervisent la
prise en charge du diabète au niveau local et/ou national, la
disponibilité de l'équipe multidisciplinaire où le
Soignant joue un rôle central, l'existence d'un programme
d'éducation à la santé structurée...
o Le Patient et son entourage
La société [traditionnelle] africaine se
caractérise par une organisation basée sur des valeurs
communautaires. L'individu à lui seul ne se définit pas en dehors
du groupe18. Le groupe et l'individu ne sont pas pour autant deux
réalités distinctes, mais une seule et même
réalité. Pour les Africains, la personne se définit dans
[et par] le groupe auquel il appartient. L'immigré qui vit dans un
environnement de stress, de dévalorisation quotidienne [parfois],
alimenté [des fois] par le sentiment de racisme, de
stéréotype, de préjugé, [...] finit par aggraver le
poids des principaux déterminants de la santé et de l'estime de
soi.
Cette clientèle est [souvent] limitée dans sa
capacité de participer aux soins. Avec ses besoins, ses attitudes face
à sa maladie et à sa prise en charge, à ses projets, le
Patient doit être, tout comme les autres acteurs de soins, un acteur du
changement au coeur de la stratégie de l'éducation
thérapeutique. En effet, la reconnaissance des droits du Patient
[Cerhexe F., 2009], notamment le respect de la dignité humaine, la
liberté, l'égalité, la solidarité, la
tolérance, la responsabilité, etc. dans les différentes
situations de soins, les notions d'informations et de consentements, sont pour
nous des valeurs essentielles, [(Fig.-8) qui est inspiré du
référentiel des compétences] pour agir selon l'esprit des
règles de l'Art infirmier.
PATIENT
15 6
Diabétique de type-II
14
Figure-8 : Une approche globale des valeurs humaines en Soins
Infirmiers
16
17
13
18
12
11
1
Source : Réf.
compétences-ISEI, 2009 ; Cerexhe F., 2009
10
2
9
3
8
Dimensions de la personne
4
7
5
1. Biomédicale :
2. Psychologique :
3. Sociale :
4. Politique :
5. Déontologique :
6. Technologique :
7. Morale :
8. Spirituelle :
9. Religieuse :
10. Philosophique :
11. Géographique :
12. Économique :
13. Culturelle :
14. Environnement :
15. Institutionnelle :
16. Chartes :
17. Juridiques et légale :
18. Autres.
Commentaires :
Cette figure présente les multiples facettes de la
dimension humaine telle que nous la concevons en soins infirmiers. Tout en
gardant son identité, le Patient reste en interaction permanente avec
tout ce qui l'entoure, sa Vie.
Le Patient a le droit [selon l'esprit de la Loi du 22 août
2002] de connaître, avant son adhésion, les finalités et
les modalités de sa prise en charge thérapeutique.
18 L'individu apparaît comme un centre de participation
où se retrouvent les ancêtres, du clan les membres de la famille
large, les compagnons de jeu et de travail, les initiés qui
appartiennent à la même classe d'âge. Donc le fait
communautaire découle d'une conception de la vie, fondée sur la
recherche d'un équilibre harmonieux au sein du groupe, ainsi qu'entre la
société, la nature et le sacré. L'homme qui vit en
harmonie avec la nature entre dans les graces de la divinité.
Il est désormais un évaluateur de droit, capable
de juger voire de sanctionner le service de soins de santé qui lui est
proposé. Le Patient passe donc du stade de celui qui reçoit et
accepte sans discuter le traitement au stade de consentant
éclairé [par les échanges]. Clairement, cela lui
confère un nouveau statut ultime, celui du Patient qui participe
librement aux soins.
Ce processus du transfert de savoirs, de compétences,
d'apprentissages, etc., nécessite néanmoins, un travail de
contextualisation, de décontextualisation et de recontextualisation ;
c'est-à-dire qu'il faut considérer le Patient dans sa
globalité. Il faut pouvoir négocier afin de trouver les compromis
[faire des concessions]. Au cours de cette négociation, le Patient
«oblige» les autres acteurs à accepter de lui
transférer une part importante de leurs pouvoirs et lui
délèguent quelques unes de leurs compétences. En plus de
niveau socioéconomique bas, il existe des divers facteurs19
capables d'expliquer la participation du Patient aux soins.
o Le Soignant
Dans ce travail, nous nous intéressons davantage sur la
qualité du Soignant hospitalier.
En faisant référence à l'esprit de la Loi
relative à l'Art de soigner [art 21 quinquies de l' AR, n°78 du
10/11/1967, modifié par la Loi sur l'Art de Soigné du 20
décembre 1974], l'Art infirmier est l'enregistrement, l'observation, la
constatation des symptômes et les réactions, tant physiques que
psychiques du Patient, afin de rencontrer ses différents besoins ainsi
que de collaborer à l'établissement du diagnostic par le
médecin ou à l'exécution de traitement médical pour
de soins qu'exige son état.
Être infirmier c'est aussi assurer la prise en charge de
la personne saine, afin de l'aider, par une assistance continue, des actes qui
contribuent au maintien ou à l'amélioration ou au
rétablissement de sa santé ou par l'assister en fin de vie.
Soigner, c'est aussi accomplir les actes techniques de soins
infirmiers utiles à l'établissement du diagnostic par le
médecin, appliquer le traitement prescrit et les mesures relevant de la
médecine préventive. Il intéresse également les
actes qui peuvent être confiés par le médecin, selon
l'article 5§1er, alinéa 2et 3 [Semeus W., Borgion J.,
Foulon M., et col., Opcit].
Visiblement, cette définition englobe les fonctions
autonomes, de collaboration et les fonctions confiées de l'Art de
soigner.
19 Ce sont les croyances de santé, les différences
culturelles et/ou religieuses, les problèmes de communication avec
l'équipe Soignante, la langue, les représentations [symboliques],
le niveau de formation initiale [des fois] insuffisant, etc.
Dans le cadre de soins, ce qui importe le plus au Patient, ce
sont les effets que sa maladie aura sur sa vie de tous les jours. Pour Laurent
Morasz, [2002], cité par Isabelle Aujoulat [2006], être Soignant,
n'est autre qu'incarner les soins et se mettre en position de se laisser
toucher par la souffrance qui vient nous convoquer à une place que nous
connaissons peu et à laquelle nous avons trop peu été
formés, déceler la souffrance, l'évaluer, tenter de la
comprendre [...]. Il demande un temps d'arrêt, de mise en souffrance
personnelle potentielle.
Le Soignant est, «la rencontre et la
présence», par son caractère, essentiellement
relationnel. Il est un interlocuteur privilégié qui se
déploie en soulevant les questions d'identité, de reconnaissance
et d'altérité. La science infirmière se trouve à la
croisée des sciences naturelles et des sciences humaines. Et son
investigation multidisciplinaire est large.
Dans ce cadre professionnel, pour Champagne A-M, Dardenne S.,
Duchâteau F. et col., [2000]20, les soins infirmiers
constituent un ensemble de gestes, d'attitudes et de paroles qui
répondent à certaines valeurs humaines [éthique]. Ils se
retrouvent de manière transversale dans des disciplines variées
et qui visent à donner du sens à ce que le Patient vit, en lui
apportant du soutien, de l'aide, un accompagnement personnalisé et/ou
global.
Pour Rosette Poletti, être Soignant, c'est promouvoir la
vie et aider les gens à mieux vivre, à atteindre leurs buts. Le
champ de soins infirmiers vise tout ce qui touche le confort, la
dignité, la simplification de la vie quotidienne [Poletti R., 2008]. Ils
[les soins infirmiers] s'étendent au-delà de la simple dimension
médicale, [souvent] résumé par la triade,
«problème-étiologiesigne» [PES].
C'est-à-dire que le Soignant cible la personne avec toute la
complexité de son histoire et de ses réactions, pour faire face
à ce qui lui arrive.
Les compétences infirmières englobent plusieurs
domaines : méthodologiques, relationnels, organisationnels,
pédagogiques et techniques [pathologies,
traitements...] et ce, dans un environnement pluriel. Cette approche globale du
Patient permet de personnaliser les soins infirmiers et de faire de la relation
avec le Patient, un soin à part entière. C'est une ouverture
à ses valeurs humanistes dans le respect d'une éthique Soignante
traduite en actes.
Les études de Phuc Le-Dinh et Marc Catanas, montrent
que les facteurs internes et externes, ainsi que les besoins de
base qui favorisent la non-observance thérapeutique, poussent le
Soignant notamment, à s'interroger sur ses propres
représentations et sur les visions du Patient quant à la gestion
de son diabète [Boury D. et Dreuil D., 2007].
20 Les fonctions infirmières ont quatre dimensions
indissociables : la fonction de soins, de gestion, pédagogique et la
fonction de recherche etc.
En effet, la recherche des données sur soi et la valeur
affective attribuée à celles-ci, activent la force, l'orientation
et la décision qu'une personne accorde à son comportement. Elles
constituent des attributs de confiance qu'un sujet a sur sa propre personne. La
confiance est stable ou variable, mais vivement associée aux
systèmes de représentations.
Pour ce qui nous concerne, l'Art infirmier consiste
à davantage engager la personnalité professionnelle du Soignant
dans la réalité du Patient. Il contribue énormément
à rechercher, avec le Patient, les pratiques qui conviennent au mieux
à sa vision humaniste. Sa fonction étant d'aider le Patient
à mieux s'armer et affronter la maladie avec le sentiment d'en
être acteur. Malheureusement, les initiatives en éducation
thérapeutique du Patient se heurtent au manque de motivations et de
mobilisations des acteurs clés.
o Le Médecin généraliste [de famille]
Le médecin de famille est le premier interlocuteur pour
la majorité des problèmes de santé en milieu
extrahospitalier. Pour Pierre-Jean Pradelle, c'est la médecine
générale qui soigne le Patient dans sa globalité [AR,
n°78 du 10/11/1967]. Elle est générale continue, globale,
coordonnée, collaboratrice, orientée vers la famille, vers la
communauté. Le médecin généraliste est donc le lien
incontournable entre professionnels médicaux, paramédicaux,
Patients, familles, entourage, et environnement psycho-social [Pradelle P-J.,
2009].
Dans cette condition, la seule parade aux aléas
thérapeutiques individuels est une bonne connaissance du Patient, de son
histoire, de sa réactivité globale, de ses épisodes
antérieurs de tolérance ou d'intolérance,
d'efficacité ou d'inefficacité paradoxale des remèdes. Et
pourtant, seul le médecin généraliste [de famille] de
proximité peut assurer ce suivi continu dans le temps et le transmettre
à qui de droit. Cela sous-entend sa vocation à enrichir sans
cesse, le dossier du Patient par sa connaissance accumulée qu'il
possède de l'humain, qu'il côtoie au fil de toute sa
carrière voire jusqu'au lit de l'hospitalisation.
De même, la relation de confiance établie au
cours de longues années lui donne une place de choix dans les
orientations thérapeutiques et le suivi des malades. Même au cours
de l'hospitalisation du Patient, le médecin de famille, de part sa
connaissance de l'entourage, sa capacité à anticiper les
problématiques sociales liées aux maladies, est [souvent]
considéré comme un interlocuteur privilégié.
«C'est Mon médecin de famille» !
Malgré le souci budgétaire du Ministre de la
santé et à la coercition économique du gouvernement, selon
Willy André, la recherche du caractère humain de la
médecine se base sur la satisfaction du Patient, l'accessibilité
de tous aux soins de santé et la recherche de la qualité par la
profession elle-même [l'évaluation de son activité de
médecin de famille et la notion d'efficience peut apporter une solution
aux dilemme d'accessibilité aux soins de la population en situation de
la précarité, (André W., 2004)].
Pour le médecin de famille, les soins de
première ligne ne se limitent pas uniquement aux soins de santé.
Mais, ils couvrent aussi les services de première ligne
nécessitant ses savoirs et ses expertises, afin de défendre les
intérêts et prodiguer les conseils à son Patient. Cela
exige entre autre la mise sur pied des équipes interdisciplinaires et
des conseils consultatifs communautaires de la santé à l'exemple
des services d'Aides & Soins à domicile.
o L'Hôpital [Organisation]
Sous le terme Hôpital, nous regroupons tous les
établissements qui permettent à une personne d'être
hébergée pour des soins. Les hôpitaux dispensent des soins
dans le cadre de consultations hospitalières où les
Patients viennent de façon ponctuelle, et
d'hospitalisation où ils passent un séjour plus ou
moins long.
Mais, la complexité [liée au stress de
l'immigration, au niveau socioéconomique bas...] des procédures
d'accès aux soins hospitaliers à l'égard des populations
vulnérables particulièrement des immigrées Sub-sahariens,
est de plus en plus difficile.
L'hôpital, qui est chargé de la coordination et
du développement des missions, inscrites dans la loi des
hôpitaux21 [AR du 10 juillet 2008], doit finalement s'adapter
à cette nouvelle clientèle d'Immigrés Sub-sahariens en
l'intégrant dans le processus de soins. L'hôpital est un lieu de
rencontre entre acteurs d'horizons différents où, se
côtoient les singularités politiques, sociales, culturelles,
religieuses [...].
Au niveau de la ressource humaine, sa composition
multi-interdisciplinaire, lui confère au départ plusieurs
missions, dont celle de recensement des actions à l'éducation
thérapeutique du Patient, la mise en place de formation en la
matière, l'organisation des rencontres internes et externes au niveau
locale, régionale, nationale, etc.
21 En Belgique, les hôpitaux universitaires
définissent une série de lignes de force pour les années
à venir. Ces différents axes comportent les défis auxquels
le secteur de la santé doit faire face, y compris les hôpitaux
universitaires.
Malgré sa dimension bureaucratique, commerciale,
managériale [...], l'hôpital ne doit pas occulter sa dimension
professionnelle de soins. Il apparaît très souvent comme un lieu
de différenciation et de hiérarchisation de sous-cultures, des
profanes, des sous-initiés [...].
L'hôpital constitue le groupe de correspondants en
éducation du Patient et à l'éducation thérapeutique
du Patient, est inscrite ici dans le projet médical de l'hôpital.
Ses actions permettent d'assurer une réelle promotion et une
reconnaissance d'actions, en affirmant une solide volonté
institutionnelle. Finalement en créant à son sein, l'unité
fonctionnelle de coordination des actions de préventions en
éducation pour la santé.
Selon l'esprit de la Loi belge, portant sur la coordination de
la Loi relative aux hôpitaux et à d'autres établissements
de soins, il existe différentes tâches allouées aux
hôpitaux, spécialement universitaires : Tout d'abord, les soins
complexes et spécifiques pour lesquels les hôpitaux universitaires
sont souvent le dernier recours pour certains Patients.
Ensuite, ces hôpitaux assurent l'enseignement
et la formation continue des générations actuelles et
futures des professionnels de santé. Enfin, ils ont une mission cruciale
sur le plan de la recherche scientifique. Leur politique d'expertise
à l'égard du pouvoir public, les contraint également
à mettre du personnel qualifié à disposition pour remplir
cette mission.
o Le Ministère de la Santé Publique [MSP]
Le Ministère de la Santé Publique est l'organe
suprême de décision qui définit la politique de
santé, administre le système de soins de santé [le
stewartship], finance les systèmes de soins de santé [rassemble
les ressources, les globalise, (pooling)] et investit dans les soins de
santé. Garant, l'État protège la prestation de soins [Wim
van Lerberghe, 2001 ].
En Belgique, le Ministère de la Santé Publique
décrit la politique générale. Il définit le cadre
de l'éducation thérapeutique du Patient, les plus pertinents au
regard du système de soins de santé, précise les
modalités nécessaires à leur opérationnalisation et
propose le cas échéant, à côté des actions
d'éducation thérapeutique stricto sensu, une typologie
des actions d'accompagnement du Patient à la qualité de vie,
d'aide à la compliance et à l''observance. Le MSP priorise les
choix des programmes de soins et oriente les décisions
thérapeutiques.
De manière rétrospective [à titre de
rappel], il est possible de mettre en évidence au fil de l'histoire de
ces plus de 50 dernières années, un surinvestissement en
motivation, en matériel, en personnel et en budget dans le domaine
curatif. Ce qui a pour conséquence une survalorisation de cet aspect,
avec le prestige social qui lui [jusqu'à ce jour] est
rattaché.
A contrario, il est observé que pendant cette
période un désinvestissement des activités de maintien et
d'entretien de la vie [éducation pour la santé et promotion de la
santé], avec une dévalorisation et peu de prestige social
[Pineault R. & Daveluy C., 1986].
Pour des raisons économiques, la politique de
santé a tendance actuellement à redonner une place à
l'éducation pour la santé et à la promotion. D'autant plus
qu'il est possible de vivre toute sa vie sans avoir besoin de traitement ou de
réparation. Mais, il n'est pas possible de vivre sans soins :
étant complémentaire, soigner [(DI)-(PTC)] est
différent de traiter [PES].
Dans notre société contemporaine, le concept de
soins est implicitement et fortement rattaché à la maladie. Les
soins d'entretien et de maintien de la vie, de prévention ou de
promotion de la santé sont [sciemment ou par ignorance] occultés
au profit de soins de réparation [curatifs].
En synthèse, sous l'égide des autorités
ministérielles, les différents acteurs de soins peuvent
s'organiser au sein des institutions de soins, des réseaux
ville-hôpital, des associations de professionnels de la santé
et/ou de Patients [à l'exemple de l'ABD]. Le statut associatif constitue
ici un atout de taille en matière de réactivité et
d'ouverture aux acteurs du système de santé : convention
efficiente avec les secteurs publics et privés en est un des exemples.
En fonction des acteurs locaux l'éducation thérapeutique est une
activité de proximité.
b) Valeurs et compétences
infirmières
o Valeurs infirmières
Le terme valeurs est noble. Il est une attitude, une
croyance qui justifie la portée qu'une personne accorde à un
objet, à un principe ou à un comportement [Venaut F., 2003]. Dans
le cadre de la profession infirmière, les valeurs révèlent
plus [surtout] du savoir-être que du savoir-faire et du
savoir. Les valeurs infirmières s'expriment lorsqu'elles sont
mises en acte ou vécues, au cours d'une interaction humaine [Bardier J.
M., 2004]. Elles déterminent la manière d'aborder la vie. En
contexte interculturel, la qualité de l'intervention
infirmière est liée à la capacité d'ouverture,
entre le Soignant et le Soigné : c'est de l'humanisme.
Cependant, une question de fond se pose celle de savoir ce
qu'il faut faire pour bien faire. Car, décider pour agir en
qualité de Soignant [Svandra Ph.,
2009], c'est s'attacher à la connaissance des
textes légaux et déontologiques qui règlementent
la pratique. Décider pour agir c'est aussi effectuer une
réflexion morale visant à exclure les possibles
contraires aux valeurs humanistes de soins, à la
délibération individuelle et collective. Il permet
d'opérer le bon choix parmi toutes les possibilités
légalement conformes et moralement acceptables.
Néanmoins, les difficultés liées à
l'incompréhension culturelle sont plus difficiles à surmonter que
les difficultés linguistiques. C'est le choc culture, qui est
une incompréhension mutuelle liée à l'origine [nationale
ou régionale ou exotique] du Patient. Au-delà des
difficultés linguistiques, les conceptions de la santé et de la
maladie et les comportements, liés à cellesci, varient au point
de mener à une incompatibilité socioculturelle : Les valeurs
et les comportements s'opposent en raison de la culture.
Ce qui fait que le risque est réel : celui de
réduire l'autre à ce qu'est supposée être à
nos yeux sa culture. Cette vision tendancieuse, une fois franchie,
enferme dans des représentations stéréotypées,
simplistes, et efface tout ce qu'il a de singulier. Ce choc culturel
peut entre autre se produire entre professionnels et profanes qui partagent une
même origine nationale, sociale voire familiale. Il peut même se
produire à l'intérieur d'une même personne, etc.
Il nous parait ainsi important de pouvoir préparer et
soutenir les acteurs de soins, en contexte multiculturel. Des
possibilités d'échanges et de formation sur les processus de
centrationdécentration culturelle ou sur les fondements des
différences culturelles et de leurs manifestations peuvent leur
être offertes. Il n'est pas besoin de rappeler ici à quel point
toutes les mesures pour améliorer la qualité de l'accueil, de
l'aide, du soutien et de l'intégration des familles migrantes, les
intervenants peuvent représenter pour elles une source d'espoir et
faciliter leur plein devenir dans leur pays d'adoption.
Manifestement, la charte de valeurs de l'ISEI [2009] s'inscrit
bien dans cette logique qui encourage les étudiants infirmiers à
certains principes de base : Le respect, la rigueur, l'engagement, la
communication, l'interdisciplinarité, la cohérence et la
convivialité.
o Rôles infirmiers
La fonction infirmière se base sur le respect de
certains principes de soins qui se résume dans la démarche de
soins qui est un processus scientifique. C'est une méthode de travail
qui permet d'élaborer des actions fondées sur des jugements
infirmiers crédibles.
C'est pourquoi la réalisation de la démarche de
soins exige la récolte des données pertinentes et
correctement les interpréter afin de bien programmer
les soins à exécuter et de réaliser une
évaluation continue pendant toute la période de soins
offerts au Patient [(CIPIE) ; Christine Malhomme, Sophie Breedstraet, Nelly
Bruneel et col, 2008].
Selon les rapports des experts [Semeus W., Borgion J., Foulon
M., et col., opcit], les rôles infirmiers ont été
groupés en quatre dimensions qui sont intimement liées. Nous
avons tenté de les présenter dans le tableau et figure [Tab-8
& Fig.-9], ci-dessous :
|
Tableau-8 : Les dimensions de la fonction [le rôle] de
soins infirmiers
|
[Malhomme, Sophie Breedstraet, Nelly Bruneel et col, opcit]
|
N°
|
Dimensions
|
Contenu
|
1
|
Fonction de Soin
|
- Évaluation globale de la santé du Patient.
- Dispensation de soins directs, répondant aux
problèmes mis en évidence par une étape
préliminaire d'analyse diagnostique.
|
2
|
Fonction de Gestion
|
- Organiser, coordonner et évaluer les soins
infirmiers.
- Privilégier la multidisciplinarité. Le tout,
étant inclus dans une approche pluridisciplinaire et multisectorielle de
soins infirmiers.
|
3
|
Fonction Pédagogique
|
- Assurer la promotion, l'amélioration de la
santé individuelle ou collective. - Collaborer à la formation
personnelle et des membres de l'équipe de soins. - Partager les
expériences [savoirs, réussite, échecs..] professionnelles
avec les collègues.
|
4
|
Fonction de Recherche
|
- Réaliser les travaux de recherche [acteur direct],
liée à l'Art infirmier et au système de santé. -
Participer à la recherche pour faire progresser les soins infirmiers.
|
|
Figure-9
|
: Les dimensions de soins infirmiers
|
|
|
|
Pédagogie
|
Soins
|
|
|
|
|
SOINS INFIRMIERS
|
|
|
Gesti
|
Recherche
|
|
on
|
Source : Semeus W., Borgion J., Foulon M., et
col., opcit
|
Pour nous, la démarche de soins n'est autre que celle
qui tient à poser de manière raisonnable le diagnostic infirmier,
à soigner [traiter] des réactions humaines et des
problèmes de santé actuels ou à prévenir des
risques de santé, dans le contexte global du Patient.
o Compétences infirmières
La compétence est un savoir-faire [savoirs]
responsable et validé. Elle est exigée pour gérer des
situations professionnelles complexes et éventuelles, de savoir choisir,
combiner et mobiliser ses ressources propres. C'est la capacité reconnue
par la Loi en matière de soins infirmiers, en raison des connaissances
possédées et donne le droit d'en juger [ISEI, 2009].
Sur le plan légal et juridique, il est clair que
l'infirmier connait la Loi relative à l'Art infirmier et le respect. Du
point de vue de code déontologique, il y a aussi les autres Lois et/ou
règlements qui régulent les soins infirmiers. Et dans le cadre de
la formation à l'ISEI, il existe cinq compétences à
acquérir : utiliser les démarches scientifiques, réaliser
le jugement clinique, assurer les prestations de soins, assurer la
communication professionnelle et s'engager dans un développement
professionnel.
L'ISEI est impliqué dans le projet pilote
«Leonardo da Vinci». La formation pour la promotion des valeurs de
soins infirmiers consiste à assurer le développement des
capacités et des compétences requises pour offrir les soins
infirmiers de qualité à qui de droit [Cresi, 2007].
En soins infirmiers, l'obtention du consentement
éclairé et le respect de la confidentialité sont pour
nous, les deux normes obligatoires à la prestation de soins, conformes
à l'éthique. Or, il ne peut y avoir de consentement
éclairé sans une communication ouverte et fréquente.
Dans le cadre de cette étude, nous avons ainsi mis en
lumière [Tab.-7] les différentes raisons [individuelles,
institutionnelles, politiques, environnementale, etc.], qui expliquent la
motivation du diabétique subsaharien à participer aux soins,
notamment : les différences de niveau socioéconomique [couverture
d'assurance-maladie] les croyances et les pratiques socioculturelles, la
discrimination systémique ou voilée, l'ethnicité en tant
que facteur de substitution pour le statut socio-économique, etc. Nous
avons identifié de nombreux facteurs à potentialité
interactive capables de contribuer à la non observance et à la
non compliance thérapeutique [ou réduite].
En effet si soigner [to care ou prendre-soin] s'appuie sur des
savoirs, des savoir-faire, des règles de l'Art générales,
il ne peut être mis en oeuvre au service de la santé et de la
qualité de vie du Patient qu'en étant ajusté à ses
caractéristiques singulières. L'importance de la qualité
de vie pour la santé et l'importance de l'évaluation subjective
que fait le Patient de sa qualité de vie implique une approche globale
du Patient et de son environnement. C'est une approche particulièrement
attentive à la protection de sa vie privée, de ses valeurs et des
critères de la hiérarchie de ses besoins, ses désirs, ses
plaisirs, etc. [annexe-B].
La présente étude est donc conçue de
manière à considérer toutes ces variables, qui sont
potentiellement confusionnelles. La motivation du Patient à participer
aux soins nécessite une approche psychopédagogique. Cela veut
dire qu'elle se centre sur ses besoins, ses ressources, ses connaissances, ses
compétences, son mode de vie, son contexte psychosocial, etc.
Pour Abraham Maslow A. [1954], les besoins fondamentaux du
Patient sont hiérarchisés de la base au sommet, sous forme d'une
pyramide en cinq catégories : les besoins physiologiques, de
sécurité, sociaux, d'estime de soi et les besoins de
réalisation [Breedstraet S., Bruneel N.,
Malhomme C., et col, Opcit].
Finalement, la motivation du Patient à participer aux
soins, est la résultante dynamique des diverses interactions entre les
facteurs internes [personnels] et externes [impersonnels].
Dans le cadre de notre étude, elle dépend,
notamment des interventions de plusieurs acteurs et facteurs de soins, dont
spécialement le Soignant [Fig.-11].
o Compl
iance :
o Observance :
Commentaires
:
Dans le cadre d
'amélioration de sa
notre
Les interactions
infirmiers et les
entre les partenaires sont dynamiques et perpétuelles.
Il y a un lien direct entre la qualité des soins
Commenares :
résultats, observés en termes
de compliance et d'observance aupres du patient.
qualité de vie, est par effet miroir,
interprétée à travers le comportement professionnel du
Soignant.
au
|
o o o o
o
|
Facteurs liés Soignants
|
|
Sens
aux
|
d'écoute :
|
|
Attitudes
:
|
|
sens
|
Personnalité Capacité
|
faits
:
de donner :
|
du
|
|
Proposer
des projets
|
|
|
|
|
thérapeutiques :
|
travail réflexif [ISEI, 2009], la motivation
thérapeutique du Patient à
Figure-11 : Cadre conceptuel spécifique de la motivation
du Patient
Source : Breedstraet S., Bruneel N., Malhomme
C., et col, [2009] ; Deccache A., [2003]
Influence du Soignant sur la motivation du Patient
Effet sur de la motivation du Patient sur le Soignant
Facteurs, liés au Patient o
Satisfaction des besoins : o Estime de soi :
o Projets :
o Sens :
o Ressentis :
o Plaisirs :
o Sentiment d'autonomie :
Motivation du Patient à participer aux
soins
Au sein du couple Soignant-Soigné parfait, le
Patient motivé affiche son désir de changer et sa vision de
schéma thérapeutique22 qui lui est offert. Il
perçoit l'intérêt et l'importance de son traitement
proposé pour l'amélioration de la qualité de sa vie, et de
son projet de vie.
La loyauté des actes infirmiers dans la transmission
des informations, l'explication de soins dispensés, la recherche du
consentement, les gestes, les regards, les attitudes, la présence, etc.,
est indispensable. Si l'inverse est vrai, pour Yves Gineste et
Jérôme Pellissier [2007], il est rare au nom de ces principes de
loyauté dans la relation que le Patient en confiance, qui sent
concrètement la bienveillance du Soignant, refuse ce que celui-ci lui
propose.
|