UNIVERSITE DE COCODY
INSTITUT D'ETHNOSOCIOLOGIE
ANNÉE UNIVERSITAIRE 2007-2008
MEMOIRE DE D.E.A
(Option : Développement Economique et
Social)
SUJET
OBSTACLES SOCIOCULTURELS ET
DYNAMIQUE DE L'ASSAINISSEMENT
ECOLOGIQUE EN MILIEU RURAL : CAS
DE
PETIT BADIEN S/P DE DABOU
Présenté par :
|
M. N'GORAN
Sylvanus Innocent
Maître ès sciences sociales
|
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Sous la direction de :
|
Prof. BAHA BI
Youzan Daniel
Maître de Conférences
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SOMMAIRE
AVANT-PROPOS III
REMERCIEMENTS IV
SIGLES ET ABBREVIATIONS VI
LISTE DES TABLEAUX VIII
LISTE DES PHOTOGRAPHIES IX
INTRODUCTION 10
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE
I.1- LA JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET 13
I.2- LA DELIMITATION DU CHAMP 14
I.3- LA REVUE DE LA LITTERATURE 17
I.4- LA PROBLEMATIQUE 23
I.5- LES HYPOTHESES 28
I.6- LES OBJECTIFS 28
I.7- LA DEFINITION DES CONCEPTS 29
I. 8- LA METHODE ET LES TECHNIQUES D'ENQUETE 34
I.9- LES DIFFICULTES RENCONTREES 44
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DE PETIT BADIEN, DU CREPA
ET DU PROJET ECOSAN
II.1- LA PRESENTATION DE PETIT BADIEN 47
II.2- LA PRESENTATION DU CREPA 55
II.3- LA PRESENTATION DU PROJET ECOSAN 62
TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES DONNEES
RECUEILLIES
III.1- LES OBSTACLES SOCIOCULTURELS QUI FREINENT LA DYNAMIQUE
D'ECOSAN 69
III.2- LES FACTEURS LIMITANT DU PROJET ECOSAN 77
III.3- LA DYNAMIQUE DE L'APPROCHE ECOSAN 79
IV.4- LES RETOMBEES SOCIOECONOMIQUES ET L'APPROPRIATION REELLE DE
L'APPROCHE ECOSAN 87
CONCLUSION 91
BIBLIOGRAPHIE 94
TABLE DES MATIERES 99
ANNEXES
AVANT-PROPOS
L'étude sur les obstacles socioculturels et la
dynamique de l'assainissement écologique en milieu rural, est le
résultat de deux années de travail. Elle est le fruit d'efforts
conjugués de deux institutions de recherche. L'Institut
d'Ethnosociologie de l'Université de Cocody et le Centre Régional
pour l'Eau Potable et l'Assainissement à faible coût de Côte
d'Ivoire (CREPA-CI). Cette étude a été une
expérience scientifique fort enrichissante. D'une part, elle a permis
d'amorcer la réflexion sur les obstacles socioculturels de
l'assainissement écologique en milieu rural ivoirien et d'autre part, de
montrer la pertinence de la dynamique de cette approche. Cette approche qui
reçoit la reconnaissance de la communauté internationale à
Bellagio en 2000, mérite des études complémentaires et
diversifiées parce que les enjeux sont importants pour les populations
du tiers-monde en général et du milieu rural en particulier.
Ce sujet de recherche qui s'attaque aux problèmes
cruciaux et concrets, exige encore plus d'efforts scientifiques de la part des
spécialistes exerçant dans le secteur.
Vivement que des esprits alertes et scientifiques s'y mettent
afin de consolider les acquis de cette recherche.
REMERCIEMENTS
La recherche que nous entreprenons dans le domaine de
l'environnement et plus particulièrement dans le secteur de
l'assainissement, est une contribution à la fois scientifique et
pragmatique. De même qu'il fallait par des procédures
scientifiques éprouver la question de l'assainissement
écologique, de même il était nécessaire de montrer
la dynamique et l'adéquation de cette alternative.
Cette étude menée en zone rurale dans la
sous-préfecture de Dabou et plus précisément dans le
village de Petit Badien, n'aurait pu connaître un aboutissement, si nous
ne bénéficions de l'appui et de l'assistance d'un certain nombre
de personnes.
D'abord, qu'il nous soit permis d'adresser nos remerciements
les plus vifs au Prof. BAHA Bi Youzan. En dépit de ses nombreuses
charges, il a accepté de nous encadrer. Il nous a façonné
et guidé dans la conduite de la présente recherche.
Longévité et succès l'accompagnent pour que d'autres
étudiants puissent bénéficier de son expertise.
Ensuite, nous tenons à remercier le Prof. GNAGNE
Théophile, Directeur Résident du CREPA-CI (Centre Régional
pour l'Eau Potable et l'Assainissement à faible coût de Côte
d'Ivoire), qui ne cesse d'oeuvrer pour la formation et l'insertion des
étudiants dans la vie active.
Nous remercions également, tout le personnel du CREPA
qui nous a soutenu et apporté franche collaboration. En premier chef,
citons le sociologue N'DA Constant, aujourd'hui au FNUAP. Dans un second temps,
les coordonnateurs COMOE, OHINICO, N'GOUANDI, les techniciens, TOURE, LAIGRET,
YAO, les comptables, KONE, AGNESS, la secrétaire KACOU et notre
collègue ZOUHON Lou Michèle avec qui, nous avons eu une franche
collaboration.
Merci également à tout le village de Petit Badien
qui nous a fait confiance et permis de mener nos recherches.
Enfin, nous tenons à remercier nos parents et amis qui
de près ou de loin nous ont apporté soutien spirituel, financier
et matériel. Parmi ceux-ci citons, notre père N'GORAN Kouadio et
notre mère, Mme N'GORAN née KOFFI Aya. Nos frères,
Nathanaël, l'Abbé Gilles, Ghislain, Lebel, Hermann et Patrice. Nos
soeurs Mansuette, Lucie et Véronique. Nos amis, TOTO, GOUELI, ASSOHOU,
ADIKO... Et notre fiancée BEHOU Roseline, qui a toujours su nous
apporter le soutien adéquat quand nous étions
intéllectuellement et physiquement émoussé.
Clin d'oeil spécial à notre grande soeur
chérie Mansuette. Elle nous a offert son ordinateur portable afin de
nous rendre plus opérationnel. Aussi, ne saurionsnous passer sous
silence sa sollicitude à notre égard. Puisse Dieu l'aider dans sa
mission d'assistance aux jeunes filles en détresse par le canal des
foyers Clair Logis.
SIGLES ET ABBREVIATIONS
AEPA: Approvisionnement en Eau Potable et
Assainissement
ASDI: Agence Suédoise de
Développement International
ACF: Action Contre la Faim
BNETD: Bureau National d'Etude Technique et de
Développement
CREPA-CI: Centre Régional pour l'Eau
Potable et l'Assainissement à faible coût
de Côte d'Ivoire
CICR : Comité International de la Croix
Rouge
FNUAP : Fonds des Nations Unis pour la
Population
DAD: Direction de l'Assainissement et du
Drainage
DANIDA : Coopération Danoise
DIEPA : Décennie Internationale pour
l'Eau Potable et l'Assainissement EIER : Ecole Inter-Etat
d'Ingénieur en Equipement Rural
ESTHER : Ecole Supérieur des Techniciens
de l'Hydraulique et de l'Equipement
Rural
EcoSan : Assainissement Ecologique
FOREXI : Forage d'Exploitation de Côte
d'Ivoire. FEM : Fonds d'Environnement Mondial
GRAAP : Groupe de Recherche pour l'Appui
à l'Autopromotion Paysanne
IES : Institut d'Ethnosociologie
INS : Institut National de Statistique
INFAS : Institut National de Formation des
Agents de Santé IRC : International Rescue Committee
INP-HB : Institut National Polytechnique
Houphouët Boigny MICS : Multiple Indicators Cluster
Survey
MEFE : Mécanisme de Financement
Endogène. ONG : Organisation Non Gouvernementale
PMAE : Plan Municipal d'Action
Environnemental
PNUE : Programme des Nations Unis pour
l'Environnement PPO : Planification Participative par
Objectif
RECI : Réseau ivoirien des ONG de
Côte d'Ivoire RIF: Réseau International de
Formation
SARAR: Self-esteem and Associative Strength
Resourcefulness Action planning Responsibility.
SOLIBRA : SOciété de LImonaderie
et de BRasserie d'Afrique
SODECI : Société de Distribution
d'Eau de Côte d'Ivoire
S/P : Sous Préfecture UE
: Union Européenne
UNICEF: Fonds des Nations Unies pour
l'Enfance
V.A : Valeur Absolue V.R :
Valeur Relative
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Répartition des
enquêtés par âge 39
Tableau 2 : Répartition des
enquêtés par sexe .39
Tableau 3 : Répartition des
enquêtés selon la taille des ménages 39
Tableau 4 : Répartition des
enquêtés selon le niveau d'instruction .39
Tableau 5 : Répartition des
enquêtés par revenu ..40
Tableau 6 : Récapitulatif des variables
.40
Tableau 7 : Répartition des
enquêtés selon les difficultés rencontrées
lors de l'utilisation des latrines EcoSan
....68 Tableau 8 : Répartition des
enquêtés selon les difficultés rencontrées
au cours de la gestion .70 Tableau 9 :
Répartition des enquêtés selon le lieu de
défécation de leurs enfants .71
Tableau 10 : Répartition des
enquêtés selon qu'ils connaissent
l'existence d'un comité de gestion de l'assainissement
74
Tableau 11 : Répartition des
enquêtés selon l'état du bord lagunaire
avant 2003 et aujourd'hui 84
Tableau 12 : Répartition des
enquêtés selon ce qu'ils pensent
des alentours des maisons avant 2003 et aujourd'hui 85
Tableau 13 : Répartition des
enquêtés selon ce qu'ils pensent
des abords des routes avant 2003 et aujourd'hui 86
Tableau 14 : Répartition des
enquêtés selon l'intérêt qu'ils ont
pour les retombées d'EcoSan 88
Tableau 15 : Répartition des
enquêtés selon leur
disposition à fertiliser leurs champs à l'urine
90
LISTE DES PHOTOGRAPHIES
Photo 1 : Carte du site de l'étude .
|
14
|
Photo 2 : Séance d'administration du
questionnaire
|
.....42
|
Photo 3 : Séance de focus group avec les
Nigbessi..
|
44
|
Photo 4 : Une vue de Petit Badien depuis
l'entrée du village
|
47
|
Photo 5 : Bidur utilisé par un enfant
|
..62
|
Photo 6 : Bidurs dans une douche traditionnelle
|
62
|
Photo 7 : Vue de face d'une latrine EcoSan
|
.63
|
Photo 8 : Vue arrière d'une latrine
EcoSan
|
63
|
INTRODUCTION
Les eaux usées et excréta posent de graves
problèmes de santé publique lorsque des moyens adéquats ne
sont pas mis en oeuvre pour leur évacuation. En effet, si
l'insalubrité d'une manière générale est
néfaste à l'être humain, les eaux usées et
excréta sont particulièrement dangereux pour la santé de
l'homme. Très souvent, les populations ne font pas le rapport direct
entre la non évacuation ou la mauvaise évacuation des
excréta et des eaux usées et les nombreuses maladies telles que
le choléra, la fièvre typhoïde, la dysenterie, la
diarrhée infantile, les ascaridioses et autres. La plupart de ces
maladies peuvent conduire à des handicaps et/ou à la mort. Il
devient extrêmement important de trouver une barrière radicale
à leur propagation, d'où l'importance de l'assainissement.
Celui-ci est une activité essentiellement humaine qui
contribue à la qualité de l'environnement. Il est un
élément indispensable au maintien, voire à la
reconquête de la qualité des milieux naturels.
Le type d'assainissement qui est le plus connu et qui a la
caution des scientifiques et des gouvernements, est l'assainissement classique.
Il a pour principe majeur, le rejet le plus loin possible des déchets.
Cependant, les coûts élevés d'investissements
empêchent les gouvernements des pays du tiers-monde à assainir
l'environnement de leur population de façon adéquate et durable.
Face à l'échec constaté des politiques d'assainissement et
d'environnement de ces pays, la communauté internationale a lancé
le renouvellement paradigmatique à travers l'assainissement
écologique. Il a pour principe majeur, la gestion des déchets
à l'origine et à leur revalorisation comme intrant sur les
espaces culturaux. Ce type d'assainissement a été lancé en
Côte d'Ivoire en 2003 sur le site pilote de petit Badien. A ce jour, le
constat est clair.
Les populations n'utilisent pas dans leur
entièreté, les ouvrages mis à leur disposition ; les
anciennes pratiques de défécations et rejets sauvages d'ordures
dans la nature persistent et l'usage des excréta comme fertilisant n'est
pas encore
une réalité malgré sept années de
présence. Les attitudes et les comportements de cette population posent
un problème d'ordre socioculturel qu'il convient alors de comprendre.
Aussi, est-il nécessaire de pousser la réflexion
au niveau du fondement de l'approche de l'assainissement écologique.
Entre une activité d'assainissement axée sur l'hygiène et
une activité d'assainissement axée sur le gain matériel,
laquelle stimulera le plus la participation effective ?
Compte tenu de l'intérêt environnemental et
sanitaire de ce thème et également de sa
prépondérance dans le processus de développement, nous
avons décidé d'y consacrer notre projet de thèse de
3è cycle à travers le sujet intitulé : « Obstacles
socioculturels et dynamique de l'assainissement écologique en milieu
rural : cas de Petit Badien S/P de Dabou ».
Par souci de rigueur méthodologique, cette étude
est composée de trois parties :
- Le cadre théorique et méthodologique dans
lequel est présentée l'activité théorique, les
méthodes et techniques utilisées pour la collecte et l'analyse
des données.
- La présentation du cadre d'étude de Petit Badien,
l'ONG CREPA-CI et le projet EcoSan.
- Et enfin, l'analyse des données recueillies.
PREMIERE PARTIE :
CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE
I.1- LA JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET
Le choix du sujet relève avant tout d'une raison
académique. Il s'agit de mettre en application à travers un sujet
de recherche, les théories, les méthodes et les techniques
apprises afin de consolider notre formation de sociologue. Au titre de cette
année universitaire, nous nous sommes intéressé aux
problèmes de l'environnement et plus particulièrement à
celui de l'assainissement écologique.
L'assainissement écologique est une approche qui marque
une rupture par rapport à la vision de l'assainissement classique. Elle
cesse de considérer les excréta comme des déchets à
rejeter et cherche plutôt à leur conférer une valeur
économique. Cette approche permet d'assainir à moindre coût
le cadre de vie tout en améliorant la production agricole. Cette
amélioration est rendue possible grâce à la valorisation
des excréta « hygiénisés ». Le bouleversement
que produit cette approche nouvelle exige une réflexion scientifique
approfondie, d'où la nécessité de maîtriser les
contours, les obstacles, les avantages et les éventuels
inconvénients que pourrait entraîner cette nouvelle approche de
l'assainissement au sein des populations rurales.
Le phénomène d'assainissement permet ainsi par
son étude, de disposer de données quantitatives et qualitatives
pouvant contribuer à l'enrichissement théorique et empirique du
champ de la sociologie de l'environnement et celui de la sociologie rurale.
Enfin, mener pareille activité nous intéresse
à plus d'un titre. Elle permet d'approfondir nos connaissances en
assainissement écologique et de développer nos capacités
à investir de façon efficiente le milieu rural.
Où a lieu ladite recherche ? Il convient à
présent de la délimiter.
I.2- LA DELIMITATION DU CHAMP
Dans le but de présenter un travail précis et
concis, il est nécessaire de délimiter le champ de l'étude
à un niveau géographique et sociologique.
I.2.1- LE CHAMP GEOGRAPHIQUE
Comme l'indique le sujet de la présente recherche, nous
nous limitons au village de Petit Badien. Ce village est situé dans la
sous-préfecture de Dabou, à
Carte de la situation du site
d'étude
Carte : CREPA (Service
Ingénierie Sociale, déc. 2008)
· Petit Badien : Le site de
l'étude
· Dabou : Chef lieu de Région
80 km de la capitale économique de la Côte
d'Ivoire, Abidjan. Petit Badien est dans une cuvette et est bordé au Sud
par la lagune Ebrié. Cette position frontalière avec la lagune
permet à la communauté de pratiquer en plus des activités
agricoles, la pêche. Celle-ci est d'ailleurs une activité
prépondérante.
La société de Petit Badien, à l'instar
des sociétés rurales ivoiriennes, obéit à la
hiérarchie et aux valeurs traditionnelles. A sa tête, on retrouve
la chefferie. En dehors de quelques habitations traditionnelles, les
constructions sont pratiquement toutes de type semi moderne et moderne. Le
village ne dispose pas de centre de santé. Le premier recours
médical des populations est la pharmacopée traditionnelle. La
population s'approvisionne en eau dans des puits. Ces puits jouxtent des
dépotoirs d'ordures ménagères servant aussi de lieu de
défécation.
En somme, la situation sanitaire précaire, la
proximité du site et la baisse continuelle de la production en cultures
vivrières sont autant de raisons qui justifient le choix de cette
localité.
En plus du champ géographique qui permet de cerner
l'espace physique dans lequel la présente recherche s'inscrit, il
importe maintenant de nous intéresser au champ sociologique.
I.2.2- LE CHAMP SOCIOLOGIQUE
Le champ sociologique se définit par l'ensemble des
caractéristiques de la population à enquêter. Pour cette
étude, le champ est constitué des populations de Petit Badien, de
la Direction de l'Assainissement et du Drainage (D.A.D), des responsables du
CREPA et du projet EcoSan.
Au sein de la population de Petit Badien, différents types
d'acteurs nous ont intéressé.
- Les ménages bénéficiaires des latrines
EcoSan et bidurs. Ils sont des microcosmes sociaux et le reflet de la
communauté de Petit Badien.
- Les autorités coutumières. Elles
représentent la communauté et sont les garants de la tradition. A
ce titre, ils sont les mieux indiqués à donner les informations
sur l'organisation et le fonctionnement du village.
- Les différentes classes d'âge. Elles assurent
un rôle de sécours mutuel entre les membres. Pour la
société globale, elles assurent l'exécution des travaux
publics, le maintien de l'ordre et la défense du territoire.
Ce groupe d'acteurs permet de saisir le niveau d'utilisation
des ouvrages d'assainissement écologique, d'appréhender les
formes de représentations et de pensées qui prévalent sur
cette nouvelle approche d'assainissement et de comprendre la communauté
de Petit Badien dans la pratique quotidienne de ces activités.
A la D.A.D, il s'est agit de rencontrer les représentants
institutionnels. Il s'agit du sous-directeur et d'un ingénieur
chargé du programme de latrinisation.
Ces deux acteurs ont un rôle important dans
l'élaboration de la politique nationale d'assainissement. En les
rencontrant, nous avons cherché à connaître davantage la
politique nationale en matière d'assainissement et à actualiser
les données à notre disposition.
Au CREPA-CI, le champ est constitué du Directeur
Résident, du coordonnateur EcoSan, et des anciens responsables ayant
piloté ledit projet.
- Le Directeur Résident assure la gestion quotidienne
de l'organisation. Il est le garant de l'institution. Il nous a permis de
comprendre le fonctionnement du CREPA-CI et le contexte du financement du
projet.
- Le coordonnateur du projet veille à la mise en oeuvre
des activités d'assainissement écologique. Il nous a permis de
comprendre l'approche EcoSan et ses enjeux. Il nous a également permis
d'effectuer les enquêtes sur le site de l'étude.
- Quant aux anciens responsables ayant piloté le projet,
ils nous ont enrichis de leurs expériences passées.
La délimitation de notre champ étant
réalisée, faisons la revue critique des oeuvres qui s'inscrivent
dans la spécialité de la sociologie de l'environnement.
I.3- LA REVUE DE LA LITTERATURE
Cette revue de la littérature présente deux
parties. La première partie s'intéresse aux modèles
théoriques de la sociologie de l'environnement. Quant à la
seconde, elle fait l'analyse des ouvrages qui ont concrètement
traité de l'environnement et plus particulièrement des
problèmes d'assainissement.
I.3.1- LES PARADIGMES ENVIRONNEMENTALISTES
Les paradigmes en sociologie de l'environnement peuvent se
classer en quatre grands groupes : les paradigmes classique,
technoscientifique, idéologique et hybride.
Le paradigme classique se présente comme une
réaction idéal-typique qui part d'un conflit qui oppose
différents acteurs pour parvenir à un compromis
négocié. Lorsqu'il y a un conflit autour d'une mise en question
de la société par la nature, les recherches portent sur le
phénomène de transformation de cet état d'interaction.
BEURET1 en est un illustre représentant. Dans son
étude sur la gestion rurale, il cherche à identifier la nature
des conflits, à les comprendre et à expliquer leur fondement.
Cette approche classique est intéressante en ce sens
qu'elle permet de poser les questions essentielles pour entamer le processus de
concertation en vue de trouver des solutions adéquates. Cependant, elle
ne permet pas de s'interroger sur les logiques et les moyens mis en oeuvre pour
aboutir à un meilleur rapport entre les êtres humains et la
nature.
La seconde catégorie de paradigme concerne les
réactions liées au risque et à l'expertise, c'est le
paradigme technoscientifique. La démarche part du constat que la
globalisation du risque a conduit à un doute
généralisé envers les institutions.
1 BEURET J. 2003, « La gestion
concertée de l'espace rural : médiation locale et politique
d'appui », in BILLE R. et MERMET L. Concertation, Décision et
Environnement : Regards croisés, vol.1.
C'est ce qui fait dire à CHARLE et KALAORA1
qu'il faut accorder plus d'importance à l'individu. Celui-ci devient le
seul levier d'action possible. Pour eux en effet, dans bon nombre de
sociétés, on assiste à un dessaisissement politique et
psychologique partiel des individus. Ces deux formes de dessaisissement font
que les individus se sentent déchargés d'avoir à assumer
personnellement la confrontation du risque. Cette approche explique en partie
l'immobilisme et l'apathie des populations sur les questions d'ordre
environnemental. Aussi, montre-t-elle que les actions à mener seraient
davantage porteuses si elles prenaient pour fondement les individus. Les deux
auteurs montrent une prise en charge très importante des individus par
l'Etat.
Pour ce qui est de l'expertise, MORMONT2 montre que
les experts sont des révélateurs de connaissance, mais se
contredisent surtout entre eux-mêmes. Les solutions trouvées sont
vite remises en cause et cela participe du doute qui se crée chez les
populations bénéficiaires de ces découvertes.
Enfin, à travers le modèle technoscientifique,
GENDRON3 révèle que le « fondement scientifique
» des décisions politiques est fort discutable. Il montre que les
décisions prises par les autorités politiques, visent souvent des
intérêts personnels ou d'un groupe particulier au détriment
des intérêts généraux qu'elles sont sensées
régler.
Dans le cadre de notre étude, cette démarche
nous aide à comprendre l'attitude et le comportement des ruraux face
à l'environnement. Elle nous aide également à percevoir
les fondements des décisions des autorités à promouvoir
l'assainissement écologique. Malgré toute la richesse de cette
démarche, la question de l'idéologie demeure.
1CHARLES L., et KALAORA
B., 2003, « sociologie et environnement en France :
l'environnement introuvable »? Ecologie et politique, n°27
pp.31-57.
2 MORMONT M., 1993, avec la
collaboration de Mougenot C., « Sciences sociales et environnement.
Approche et conceptualisations », rapport au service de la recherche du
Ministère de l'Environnement, Fondation Universitaire Luxembourgeoise,
Belgique.
3 GENDRON C. 1999, « La gestion
sociale de l'environnement », in Dumas B. et al. (dir.), les sciences
sociales de l'environnement, PUM, Montréal, pp 121-131.
Le paradigme idéologique poursuit la critique de
l'expertise en la radicalisant. En effet, les modèles scientifiques que
construisent les scientifiques se réfèrent
généralement, au moins dans leurs premières formulations,
à des représentations du social qui servent à penser la
nature. Au fur et à mesure que ces modèles se précisent,
se confrontent aux données et se construisent comme outils, ils
délimitent progressivement leur aire de validité, leur domaine de
pertinence, en même temps qu'ils peuvent toujours être ressaisis
(dans le champ social) comme arguments dans la lutte sociale, voire comme des
idéologies. C'est ce qui fait dire à KALAORA1 in Le
musée vert que, les analyses émanant de ce modèle
s'attachent plus à déjouer les idéologies pour montrer au
grand jour les phénomènes cachés plutôt que de
démontrer les logiques d'expertise et de rationalisation. L'auteur
montre que l'accès idéalisé d'une nature ouverte à
tous, cache une domination de la nature par et pour les classes
supérieures. Après cette démarche, évoquons comment
les analyses qui s'intéressent à l'interdisciplinarité
évoluent.
Enfin, le paradigme hybride. Il s'agit ici de
réexaminer les liens entre nature, science et politique. En effet, les
analyses de LATOUR2 proposent « un nouveau
bicaméralisme» lié à un changement de statut des non
humains. « Si jusque là nous considérons la nature comme
extérieure à notre collectif », dit-il, « il faut
à présent agrandir ce collectif et par là, mettre en cause
les limites épistémologiques des sciences ». Pour lui, il
faut créer des lieux d'échange sur les diagnostics scientifiques,
limiter la séparation entre sphères (science, politique, nature
et/ou humains et non humains) et instituer des sortes de parlement du
diagnostic environnemental. En fait, il est question de faciliter les
échanges de connaissances et de favoriser une dynamique entre les champs
d'intervention et les parties prenantes.
1 KALAORA B., 1993, Le
musée vert, radiographie du loisir en forêt, l'harmattan,
Paris.
2 LATOUR B., 2004, Politique de la
nature. Comment faire entrer les sciences en démocratie, la
Découverte, Paris, 383p.
Les approches théoriques que nous venons d'exposer nous
permettent d'aborder et d'analyser aisément les problèmes
d'assainissement.
I.3.2- LA PROBLEMATIQUE DE L'ASSAINISSEMENT
Promotion de l'hygiène du milieu. Une
stratégie participative1 d'OUSSEYNOU, fait l'état
des lieux de l'hygiène environnemental en Afrique subsaharienne. Pour
cet auteur, les projets d'assainissement n'ont pas de succès parce que
les populations concernées ne sont pas réellement
associées à la conception, à la planification et à
la mise en oeuvre. A travers l'approche participative et l'analyse comparative,
il montre combien il est important d'associer les communautés dans la
gestion des projets. Par ailleurs, l'ouvrage permet de démontrer
scientifiquement comment la durabilité des programmes est tributaire des
facteurs techniques, économiques, sociaux et institutionnels.
Cet ouvrage a le mérite d'étudier les divers cas
de gestion d'ordure, de mener des comparaisons, de soulever les
problèmes de chacun des cas et de faire des recommandations
objectives.
Quant à Assainissement en Côte d'Ivoire, des
problèmes liés à la gestion de
l'environnement2, il porte sur l'assainissement qui peut
constituer s'il est pris au sérieux un facteur de développement.
L'auteur traite dans son ouvrage de la politique d'assainissement en Côte
d'Ivoire. Pour lui, les textes de loi sont caducs et le secteur est non
prioritaire. Il poursuit pour stigmatiser la faible participation des
populations à la pratique de l'assainissement et l'insuffisance des
moyens déployée par l'Etat qui justifient la dégradation
constante du cadre de vie. Cet auteur ne va pas en profondeur du
problème. En fait, il aurait été intéressant de
comprendre pourquoi l'Etat ivoirien ne s'intéresse pas
véritablement à l'assainissement quand bien même il
connaît les avantages d'un cadre de vie sain.
1 OUSSEYNOU G., CHEIKH S., MAYSTRE
L., 1999, Promotion de l'hygiène du milieu. Une
stratégie participative, presse polytechnique et universitaires
romandes, 192p.
2 DOMOKAN B., 1992, Assainissement
en C.I : des problèmes liés à la gestion de
l'assainissement, mémoire de DEA, IES.
Est-ce que l'obstacle ultime est uniquement l'investissement
économique que ce secteur exige ? Les habitudes et les comportements
adoptés par les populations n'effraient-ils pas l'Etat qui craint un
investissement à perte? Voilà autant de questions que l'auteur
passe sous silence et qui méritent de trouver des réponses.
Une issue favorable ne pourrait-elle pas être
trouvée avec l'assainissement écologique ? C'est ce que nous
verrons dans les lignes suivantes.
STEVEN dans Assainissement Ecologique1,
traite des avantages des technologies d'assainissement écologique. Pour
ces auteurs, les deux technologies d'assainissement les plus utilisés
à savoir les toilettes à fosse et les toilettes à chasse
d'eau ont montré leurs limites dans les pays en voie de
développement. Les raisons évoquées sont : les coûts
élevés des systèmes d'épuration, les risques graves
de contamination des eaux souterraines, la pollution des cours d'eau existants
et la dégradation de l'environnement immédiat par les vidanges en
pleine nature. Le document de Steven situe l'enjeu de l'assainissement
écologique dans un contexte où les pays en voie de
développement sont sujets à plusieurs maux dont : l'urbanisation
galopante, la rareté des ressources financières, l'illettrisme,
la forte densification des zones urbaines...
Cet ouvrage montre les avancées notables de
l'assainissement écologiques et les possibilités qu'il offre.
Où en est-on en Côte d' Ivoire ?
L'article « introduction de l'assainissement
écologique en Côte d'Ivoire »2, de GNAGNE
révèle les limites de l'approche classique de l'assainissement.
Dagerskog cité par ces auteurs dévoile la faiblesse du
système de traitement des eaux usées au niveau planétaire.
Pour faire le point sur l'assainissement en Côte d'Ivoire, ces auteurs se
fondent sur le MICS (Multiple Indicators Clustey Survey)
1 STEVEN E., COUGH J., DAVE R. et SAWIER R.,
2001, Assainissement écologique, ASDI, Stockholm, Suède,
83p
2 GNAGNE T. et Al, 2005, « Introduction de
l'assainissement écologique en Côte d'Ivoire », Document
interne du CREPA.
qui révèle qu'un grand nombre de population ne
dispose pas de toilettes appropriées. Selon toujours le MICS, le
milieu rural est largement moins équipéque le milieu
urbain avec respectivement 27% contre 78%. Cette description des
différentes situations est soutenue par une
réflexion socio-anthropologique qui explique le processus
d'amélioration des populations en matière d'assainissement. Ce
document a le mérite de mettre en pratique l'approche pluridisciplinaire
(agronomie, génie sanitaire et socio anthropologie); ce qui permet de
cerner les problèmes liés à l'introduction du projet
EcoSan de façon globale.
Enfin, l'article de N'DA1, propose une
stratégie de mobilisation qu'il convient de développer pour
favoriser la participation communautaire autour d'un programme d'assainissement
écologique. Ceci, à l'effet de garantir une utilisation durable
des ouvrages techniques (latrine, bidurs et urinoir).
Aussi, l'article de portée anthropo-sociologique,
permet-il d'analyser les fondements des représentations endogènes
de l'assainissement que se font les communautés, notamment à
travers la technique culturale du dépotoir ou « lélougoun
». L'auteur démontre l'importance du « lélougoun »
dans l'adoption et l'acceptation d'EcoSan, particulièrement en
matière de valorisation des déchets organiques.
L'ensemble des documents dont nous venons de relever la
substance, nous a permis d'élaborer la problématique de
recherche.
1 N'DA C. et Al, 2007 « De la
pratique culturale endogène sur les dépotoirs familiaux «
Lélougoun » à l'acceptation de l'assainissement
écologique (EcoSan) en mileu communautaire Odzukru : Le cas de Petit
Badien », in KASA BYA KASA, n°11, EDUCI, pp20-38.
I.4- LA PROBLEMATIQUE
Hier comme aujourd'hui, l'Afrique connaît des
difficultés économiques et environnementales majeures qui
affectent gravement le quotidien des populations. Elle s'enlise dans des crises
militaires, politiques et socio-économiques sans
précédent. Cette pléiade de crises a pour corollaire, la
paupérisation, l'illettrisme, la dégradation des moeurs,
l'urbanisation galopante, l'accroissement de la pollution et la
détérioration constante des ressources naturelles. Ces situations
exacerbent les conditions d'existence des populations qui éprouvent de
plus en plus de mal à s'alimenter convenablement, à se procurer
de l'eau potable et à se loger dans un cadre sain et agréable.
En Afrique, seuls 55% de la population
bénéficient d'un système d'assainissement et 64% ont
accès à un système d'approvisionnement en eau
potable1. Plus de quinze millions d'enfants meurent chaque
année des suites d'absorption d'eau contaminée, de manque
d'hygiène ou de malnutrition. L'OMS estime qu'environ 80% de tous les
cas de maladie sont en relation directe avec une alimentation en eau et un
assainissement inadéquat2.
Les multiples défis environnementaux auxquels font face
le monde et l'Afrique en particulier, ont amené la communauté
internationale à initier des politiques et stratégies
d'interventions comme la DIEPA (Décennie Internationale pour l'Eau
Potable et l'Assainissement), l'Agenda 21 avec le sommet de Rio en 1992 et
l'Agenda Habitat avec le sommet des villes d'Istanbul en 1996. Ces
différentes politiques ayant amélioré sensiblement
l'existence des populations, n'ont pas atteint les objectifs fixés et
n'ont pu fournir de réponses adéquates aux questions de
développement durable.
1 OMS, 1996, Rapport sur le
développement dans l'aménagement en eau et l'assainissement en
Afrique, 14p.
2 Direction de la Coopération au
Développement et de l'Aide humanitaire, 1994, Politique
sectorielle de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement, 45p.
Les populations les plus touchées par les questions
d'accès à l'eau potable et à l'assainissement sont les
populations des quartiers précaires et les populations des zones rurales
(par commodité d'expression, nous désignons cette seconde
catégorie de population sous le vocable de « ruraux »). Les
dernières populations citées en l'occurrence les ruraux,
continuent de souffrir de pénurie d'eau même si ils
bénéficient d'un environnement relativement meilleur à
celui des villes. Elles sont obligées de mettre les terres en valeur
avec des moyens archaïques éprouvants. En plus de cela, elles sont
dépourvues d'infrastructures de base.
En Côte d'Ivoire, le tableau n'est pas meilleur.
L'analyse de la situation de l'assainissement révèle que,
seulement 49% de la population disposent de toilettes adéquates. Cette
proportion est très variable selon le milieu de résidence : 78%
en milieu urbain contre seulement 27% en milieu rural. Elle l'est aussi par
région avec une variation allant de 26% au Nord-Est à 59% au
Centre-Est MICS1. Selon toujours cette même source, le nombre
de personnes qui défèquent dans la nature en zone rurale atteint
un fort taux de 56%.
Les difficultés que la Côte d'Ivoire rencontre,
à l'instar des pays du monde et particulièrement ceux en voie de
développement dans la gestion des déchets organiques et
domestiques, ont été l'objet d'une conférence
internationale à Bellagio en Italie en 2000. Cette rencontre qui a
traité de planification stratégique de l'environnement sanitaire,
préconise de palier aux limites de l'approche classique qui consiste
à rejeter le plus loin possible les déchets. La perspective
nouvelle soutenue par la communauté scientifique à travers un
nouveau paradigme en assainissement, consiste à adopter de nouveaux
principes dits « principes de Bellagio ». Ceux-ci s'attèlent
à régler les questions d'assainissement à la source,
à utiliser très peu d'eau pour le transport des déchets ;
à développer des technologies d'aseptisation et à
exploiter les opportunités économiques de
récupération et de réutilisation des déchets.
1- UNICEF, 2006, Multiple
Indicators Cluster Survey (MICS), p74.
Ce nouveau concept théorique qui a été
élaboré dans le cadre du développement durable est
valorisé par la plupart des organismes internationaux. Pour eux en
effet, la protection de l'environnement doit faire partie intégrante du
processus de développement et ne peut être
considérée isolement pour parvenir à un
développement durable.
Parvenir à mettre en oeuvre ces nouveaux acquis
théoriques, nécessite de repenser intégralement
l'assainissement. Ainsi, est-il question de séparation des urines et des
fèces depuis la production dans les toilettes. Ce type de latrine qui
permet la déviation des urines est appelé : « latrine EcoSan
» de l'anglais Ecological Sanitation.
Cette approche est une possibilité d'assainissement qui
permet de réintégrer les déchets organiques dans le cycle
naturel au profit des communautés humaines. L'assainissement
écologique se propose donc d'assainir les excréta et de les
recycler afin de promouvoir un environnement sain. Il aide aussi les
populations à mettre en valeur des terres cultivables par la
valorisation d'excréta comme fertilisant.
Cette approche nouvelle qui est mise en oeuvre par le
réseau CREPA depuis 2003, marque une rupture d'avec l'approche classique
des théoriciens du développement qui consistaient à
apporter simplement de l'eau potable aux populations et à favoriser un
environnement sain. Cette approche classique en son temps qui guidait la
communauté scientifique et qui avait cours, recevait en 1981, les vives
critiques du sociologue ivoirien Kadja M., spécialiste en
développement. Pour lui en effet, « tout se passe pour ces «
développeurs » comme si apporter de l'eau et un cadre de vie sain
signifiait mieux-être des populations1 ».
1 KADJA M., 1981, « Problématique de
l'eau en milieu rural ivoirien. Aspects méthodologiques et
pédagogiques », in annales de l'Université d'Abidjan.
Série F, Tome IX.
Les critiques du sociologue mettent à nu les actions de
développement qui n'intègrent pas à la fois les questions
d'accès à l'eau potable, à l'assainissement et aux
activités de production agricoles qui sont le ciment de nos
sociétés rurales. Il n'est plus question de s'arrêter au
simple approvisionnement en eau potable et à l'assainissement. Il faut
à présent aider les populations à améliorer leurs
possibilités et leurs potentialités dans le procès du
travail. La maîtrise des techniques de production agricole n'est-elle pas
l'une des conditions sine qua non du développement intégrale de
l'homme ?
Il est question d'assainir les zones rurales et
d'améliorer leur production agricole par des techniques simples,
efficientes et à moindre coût. Pour mener à bien
l'étude, le site pilote de Petit Badien a été choisi.
Petit Badien fait partie des nombreux villages de la
sous-préfecture de Dabou. Il jouxte une lagune polluée par les
excréta humains et les déchets solides. Les alentours des
ménages, de l'école primaire publique et des routes
n'étaient pas épargnés par les mictions et les
défécations sauvages. Pour ces raisons, ce village a
été sélectionné comme site pilote des
activités d'assainissement écologique. A ce jour, le CREPA-CI
dispose de plus de cent vingt bidurs (bidon surmonté d'un entonnoir qui
permet de recueillir et stocker les urines) disposés dans les
ménages et dans les lieux publics où les personnes sont
susceptibles d'uriner, de deux urinoirs publics, de vingt six latrines EcoSan
et de deux sites de valorisation agronomique1.
De 2003 à 2006, le CREPA-CI a mené des campagnes
d'information et de sensibilisation à travers des visites à
domicile et des focus groups.
Cependant, la majorité des chefs de ménage
n'autorisent toujours pas les enfants à déféquer dans les
latrines familiales ; plus de 50% de cette population continuent de
déféquer sur les dépotoirs familiaux et sur les terrains
vagues et enfin
1 GNAGNE T., 2005, CREPA-CI,
Op.Cit.
plus de 90% n'éprouvent pas la nécessité
de fertiliser leurs espaces agricoles. En somme, les vieilles habitudes de
miction et de défécation sauvages tendent à
disparaître mais lentement. Hormis cela, les produits issus des champs
fertilisés aux excréta sont consommés1.
En dépit de ces réactions et comportement, 90% de
la population marquent un intérêt pour les retombées
socioéconomiques de l'approche EcoSan2.
Les résultats mitigés soulèvent à
la fois, le problème des obstacles socioculturels et celui des
fondements de l'approche EcoSan. De là, découle la question
centrale suivante :
L'approche EcoSan a-t-elle un ancrage endogène suffisant
pour stimuler les ruraux à l'utilisation des ouvrages EcoSan et des
excréta comme fertilisant ?
A la suite de cette question fondamentale, une série
d'interrogations mérite d'être posée afin de mieux
appréhender le problème.
Quels sont les déterminants socioculturels qui freinent
l'adoption d'EcoSan ?
L'assainissement écologique peut-il durablement contribuer
au décollage socio-économique du milieu rural ?
Ce type d'assainissement est il une solution viable pour les
ruraux qui n'arrivent pas à assurer et à maintenir un cadre de
vie sain?
Ne permet-il pas de régler l'épineuse question du
conflit foncier par la sédentarisation des populations sur les terres
cultivables ?
L'assainissement écologique peut-il favoriser la pratique
des cultures intensives qui règle du coup l'accès de la femme
à la terre en pays Odzukru ?
1 N'DA C. Op.Cit
2 Enquête du 14 au 19 avril 2008.
Voilà autant de questions autour desquelles s'articule
la présente recherche. Les réponses qui émanent de ces
différentes questions, permettent de soutenir le projet de thèse
suivant : L'assainissement écologique peut durablement favoriser
l'amélioration du cadre de vie et la situation socio-économique
des ruraux, si l'on tient compte de leurs représentations
socioculturelles et de leurs attentes économiques.
La problématique ci-dessus énoncée permet de
situer le noeud du problème et d'aborder plus aisément la
séquence des hypothèses de travail.
I.5- LES HYPOTHESES
1- L'appropriation réelle de l'assainissement
écologique est fonction des représentations, des comportements et
des techniques culturales des ménages de Petit Badien.
2- Seules les retombées socioéconomiques
d'EcoSan peuvent véritablement et durablement permettre aux ruraux de
s'intéresser aux activités d'assainissement.
Ainsi exposé, ces hypothèses aident à
fixer les objectifs de la recherche, car comme nous dit le philosophe
Sénèque : « Il n'y a pas de vent favorable pour celui qui ne
sait où aller ».
I.6- LES OBJECTIFS
I.6.1- L'OBJECTIF GENERAL
La présente recherche vise à comprendre la
nature des obstacles socioculturels qui freinent la dynamique des
activités d'assainissement écologique en milieu rural.
I.6.2- LES OBJECTIFS SPECIFIQUES
De manière spécifique, cette recherche permet de
:
- Evaluer le système EcoSan dans ces différentes
composantes (la production, la collecte et l'utilisation des excréta
hygiénisés).
- Identifier et saisir les facteurs limitants du projet
EcoSan.
- Et enfin, montrer comment le caractère dynamique de
l'assainissement écologique peut participer à son
intégration en milieu rural.
I.7- LA DEFINITION DES CONCEPTS
Dans un souci d'objectivité et de facilitation de la
compréhension du présent texte, il importe de clarifier les
termes et concepts essentiels qui composent le sujet de recherche. Cette action
permet, comme l'affirme Durkheim, de nous « éclairer de toutes les
prénotions et du sens commun »1. Il s'agit de :
Assainissement écologique, obstacles socioculturels et dynamique.
Assainissement écologique :
La définition de ce concept exige de nous un
découpage préalable des termes qui le composent. Attelons-nous
dans un premier temps à définir
l'assainissement. Ce mot vient du latin « sanus
» qui signifie absence de maladie et donc être en bonne
santé. L'assainissement désigne l'action d'assainir,
c'est-àdire rendre sain, désinfecter. Aussi, peut-on retenir que
assainir, c'est promouvoir des comportements adaptés comme le lavage des
mains et l'entretien des ouvrages, préserver l'environnement et
l'habitat, et ainsi favoriser le développement.
Cette définition généraliste permet certes
de savoir de quoi il est question, mais elle reste sommaire.
Pour les économistes, assainir renvoie aux
activités qui ont cours dans un marché. Ainsi, assainir un
marché, c'est le débarrasser des excédents de production
qui avilissent les prix. En économie, il est donc question de stabiliser
et d'équilibrer un marché ou une monnaie.
Selon AUJOULAT, l'assainissement est « toute action
visant à l'amélioration de toutes les conditions qui, dans le
milieu physique de la vie
1 DURKHEIM E., 1986, Les règles de la
méthode sociologique, PUF, Paris, p31.
humaine, sont susceptibles d'influencer défavorablement le
bien-être physique, mental et social »1
Dans une approche sociale, l'assainissement vise à
réduire l'exposition des populations aux risques sanitaires en
favorisant un environnement domestique propre et des mesures permettant de
rompre le cycle de transmission des maladies.
Ces objectifs incluent d'éliminer ou d'assurer de
manière hygiénique, les excréta humains et animaux, les
ordures et les eaux usées, le contrôle des vecteurs de maladie et
la fourniture d'installations pour la toilette personnelle et domestique.
L'assainissement résulte des comportements et des installations qui
ensemble contribuent à un environnement hygiénique.
En définitive, l'assainissement est une action, une
pratique couvrant une variété d'activités qui sont
étroitement liées aux systèmes d'alimentation en eaux et
qui comprennent :
- L'élimination des matières fécales, des
eaux résiduaires, des déchets solides et toxiques, des eaux de
pluie et le drainage des eaux stagnantes.
- La planification, l'exécution et l'évaluation
des programmes éducatifs et de promotion qui visent à changer les
comportements en matière d'hygiène collective et personnelle.
Quant au terme écologie, il vient du mot grec
oikos (« maison », « habitat »)
et logos («science», «connaissance
») : c'est la science de la maison et de l'habitat. Il fut inventé
en 1866 par le biologiste allemand Ernst Haeckel.
Selon Le Petit Robert, ce terme fait son apparition dans la
seconde moitié du XIXe siècle. Terme de biologie,
l'écologie est à l'origine une discipline scientifique. C'est la
science qui étudie le rapport triangulaire entre les individus d'une
espèce, l'activité organisée de cette espèce, et
son environnement qui est à la
1 AUJOULAT L.P., 1969,
Santé et développement en Afrique, Armand Colin, Paris,
p122.
fois condition et produit de cette activité, donc
condition de vie de cette espèce. Ramenée à l'homme
particulièrement, l'écologie est l'analyse de l'interaction
complexe entre l'environnement (milieu de vie de l'humanité) et le
fonctionnement économique, social et politique des communautés
humaines.
De façon opératoire, l'assainissement
écologique est une alternative d'assainissement qui intègre les
excréta humains dans le cycle naturel au profit des humains et de
l'environnement en général. L'assainissement écologique
repose sur deux principes majeurs : Assainir et recycler.
Assainir c'est-à-dire rendre sain, pur et
agréable.
Recycler c'est-à-dire restaurer le cycle naturel des
matières.
La pratique de l'assainissement écologique suppose un
certain nombre d'action comme :
L'installation d'ouvrages particuliers permettant la
récupération des matières fécales et urines
appelées « excréta ».
L'hygiénisation des excréta collectés par
une technique appropriée ; Et l'application de ceux-ci sur les espaces
agricoles.
L'articulation de ces trois actions interdépendantes
consiste à pratiquer l'EcoSan ou l'assainissement écologique.
Dans le cadre de cette étude, la pratique de
l'assainissement écologique consiste dans un premier temps à
utiliser effectivement les ouvrages EcoSan pour uriner et
déféquer ; et dans un deuxième temps à s'organiser
pour rentabiliser les sous-produits EcoSan en agriculture et rendre durable les
ouvrage disponibles.
Obstacles socioculturels :
Selon Hachette, l'obstacle est toute difficulté qui
s'oppose à l'évolution ou à la progression de quelque
chose. L'obstacle empêche et est un frein. Lorsqu'il est surmonté,
l'activité ou la chose concernée avance normalement.
L'obstacle peut être, matériel,
économique, politique, culturel et social. Aussi, peut-il être une
combinaison d'éléments socioéconomique, sociopolitique,
militaro-politique, socioculturel.
Dans le cadre de la présente recherche, nous ne
définissons que l'expression obstacles socioculturels. C'est un ensemble
de difficultés qui relèvent du domaine social et culturel. Et
comme la frontière entre le social et le culturel est assez
imprécise, il est fort judicieux de les combiner afin d'avoir une
compréhension plus juste et complète. Par le domaine
socioculturel il faut comprendre les activités liées aux
pratiques, aux représentations, aux institutions, à
l'organisation et au fonctionnement de la société.
En définitive, les obstacles socioculturels à
Petit Badien se définissent en terme de préjugés envers
les initiatives nouvelles, d'anciennes habitudes acquises et
développées qui freinent les activités EcoSan, d'apathie
causé par le système sociopolitique, de penchant prononcé
pour le matériel et les acquis immédiats, de difficultés
relatives à la gestion des ouvrages et du faible niveau
général d'instruction de la population.
Dynamique :
Le terme emprunté à la physique, désigne
dans son sens large, tout ce qui se réfère au mouvement, à
la transformation ou au devenir, ce qui implique la notion de
progrès.
En ce sens, le terme s'oppose à statique et à
mécanique1. Par extension, le concept de dynamique s'applique
à plusieurs réalités. Ainsi peut-on parler de dynamique de
groupe, et de dynamique sociale.
La dynamique de groupe se réfère à
l'ensemble des procédés de la psychologie sociale
appliquée qui ont pour but de mieux faire connaître le
1 THINES G. et L'EMPEREUR A., 1975,
Dictionnaire général des sciences humaines, éd.
Universitaire, Paris.
fonctionnement du groupe en action et, si cela est
nécessaire, de modifier son comportement en lui laissant prendre
conscience des motifs de ses interactions.
La dynamique de l'assainissement écologique à
Petit Badien suppose ici les transformations, la participation et
l'intérêt que cette approche suscite auprès des ruraux sur
les questions d'assainissement.
I. 8- LA METHODE ET LES TECHNIQUES D'ENQUETE
I.8.1- LA METHODE D'ANALYSE
La méthode dialectique est une démarche qui
part, selon N'DA1, de l'idée de contradiction dans la
réalité elle-même. Elle recherche les incohérences
des choses, les oppositions, les ambivalences qui constituent souvent l'essence
de la réalité.
Elle se veut empirique par une certaine façon de
recueillir les données concrètes, en même temps qu'elle est
une tentative d'explication des faits sociaux qui se manifestent aussi bien au
niveau des faits que des attitudes et comportements des acteurs sociaux.
Dans cette étude, l'analyse dialectique permet de
comprendre les déterminants socioculturels qui freinent l'adoption de
l'assainissement écologique. Le champ social étant
constitué d'acteurs, de couches et de statuts sociaux divers,
entraîne de fait des intérêts et des stratégies
d'approches différentes. Il est donc nécessaire de comprendre les
acteurs pris individuellement et en groupe à l'intérieur de leur
couche sociale. En effet, il est démontré qu'un acteur poursuit
en plus des valeurs socialement admises, des valeurs qui lui sont propres.
Aussi, la dialectique permet-il de saisir la dynamique
qu'engendrent les activités d'assainissement écologiques. En
effet, seule l'approche dialectique peut réellement permettre de
comprendre le mécanisme de production de participation communautaire.
En plus de tout ce qui précède, l'approche
dialectique permet d'appréhender les différentes institutions en
présence. Il s'agit des institutions coutumières de Petit Badien,
du CREPA-CI et de la D.A.D. La dialectique permet de saisir les contradictions
existantes entre ces institutions et à l'intérieur de chacune
d'elle.
1 N'DA P., 2002,
Méthodologie de la recherche, de la problématique à la
discussion des résultats, Abidjan, Educi, 144p.
La définition de la méthode est capitale pour
l'étude mais elle ne se suffit pas à elle seule. En effet, pour
une meilleure conduite de la présente recherche, il faut lui adjoindre
des techniques de collecte de données qui sont le levier indispensable
de la méthode.
I.8.2- LES TECHNIQUES DE COLLECTE DE DONNEES
Dans le cadre de la collecte des données relatives
à ce travail, nous avons retenu six techniques essentielles. Il s'agit
de la recherche documentaire, de la pré enquête, de l'observation
directe, des entretiens, de l'échantillonnage et du
dépouillement.
I.8.2.1- LA RECHERCHE DOCUMENTAIRE
La recherche documentaire s'est effectuée au sein de
différentes institutions. L'Institut d'Ethnosociologie, l'Institut de
Recherche Démographique (IRD), le CREPA-CI et la Direction de
l'Assainissement et du Drainage. Aussi, faut-il souligner l'apport
considérable d'Internet qui nous a permis de disposer d'ouvrages de
théories.
De prime abord, la recherche documentaire nous a permis de
voir si le sujet n'avait pas été l'objet d'étude. Elle a
servi à circonscrire le sujet de recherche, à connaître les
concepts essentiels et à aller sur le terrain avec un ensemble de
connaissances. Dans cette perspective, les mémoires, les thèses
et articles récoltés à l'IES et au CREPA-CI nous ont
été d'un apport considérable.
Ensuite, la lecture d'ouvrages scientifiques nous a permis
d'élaborer la problématique et de construire les objectifs et
hypothèses. Par documents scientifiques, entendons les oeuvres d'auteurs
scientifiques qui ont abordé des sujets relatives aux problèmes
environnementaux, d'assainissement et de développement communautaire. En
plus de ce qui précède, les oeuvres de portée scientifique
ont permis d'enrichir nos connaissances théoriques. Ces recherches ont
eu lieu à l'IES, à l'IRD, au centre de documentation du CREPA-CI
et sur Internet.
Enfin, nous avons parcouru des documents administratifs afin
de disposer de données statistiques. Ces documents nous ont permis
d'avoir des informations précises sur les investissements
effectués au niveau national, sur la situation actuelle de
l'assainissement en milieu urbain et rural et sur les types d'ouvrages
réalisés.
Cette étape a eu lieu tout le temps qu'a duré
l'étude. Intéressons nous à présent au champ de
l'enquête.
I.8.2.2- L'OBSERVATION DIRECTE
L'observation directe est un processus dynamique qui, à
la différence du regard oisif ou passif, permet d'apprécier
qualitativement les faits. Elle a permis d'observer sur le terrain, les modes
de gestion des déchets humains, des ordures ménagers, des eaux
usées, des abords de la lagune et de l'école primaire et
d'apprécier l'attitude et les comportements des jeunes, des femmes et de
la génération dirigeante de Petit Badien.
Elle a eu lieu du 11 au 13 Mars et du 14 au 19 Avril 2008
respectivement pendant la pré enquête et l'enquête
proprement dite.
I.8.2.3- LA PRE ENQUETE
La pré enquête a permis d'entrer en contact avec
toutes les personnes qui, de près ou de loin s'intéressent ou
sont intéressées par la question d'assainissement classique et
d'assainissement écologique. Partant de là, nous avons
rencontré de façon informelle, le coordonnateur du projet EcoSan
et un responsable de la DAD pour de plus amples informations.
Ensuite, nous avons séjourné pendant trois jours
(du 11 au 13 Mars) dans le village de Petit Badien afin d'apprécier in
situ, la pratique de l'assainissement écologique. Ce séjour a
permis d'actualiser notre problématique, nos objectifs et
hypothèses. Egalement, cette pré enquête a permis de tester
la pertinence de nos outils d'enquête et de préparer
l'enquête de terrain par la construction de l'échantillon
d'étude.
I.8.2.4- L'ECHANTILLONNAGE
Pour cette étude, nous avons utilisé un
échantillonnage stratifié aléatoire. Il a l'avantage de
toucher toutes les couches de la population que nous enquêtons. Il s'est
agit de diviser la population en trois strates ou couches. La première
strate est constituée des ménages bénéficiaires des
latrines EcoSan et bidurs. La seconde strate est composée des
ménages n'ayant bénéficiés ni de latrine ni de
bidurs. Et la troisième strate est constituée des ménages
n'ayant bénéficié que de bidurs. Dans la troisième
strate, un échantillon de 10% a été appliqué. Le
taux de 10% a été choisi car conventionnellement admis pour les
études en sciences sociales1.
Comme les chiffres à notre disposition sont
relativement anciens car provenant du recensement de la population et de
l'habitat de 1998 de l'INS (Institut National de la Statistique), nous avons
jugé utile de les actualiser par la méthode statistique
d'extrapolation de la population. Celle-ci s'appuie sur la formule suivante
:
Pn = P0 (1+â)n
Avec :
Pn = Population finale ou population actuelle P0 = Population
initiale
â = Taux d'accroissement (nous utilisons
le taux d'accroissement national qui est de 3,5%)
n = échéance (nombre d'année)
Selon le recensement de l'INS de 1998, la population totale de
Petit Badien était de mille soixante huit habitants avec un total de
cent soixante deux ménages dont cinq cent quarante deux hommes et cinq
cent vingt six femmes et 4% d'étrangers. On obtient :
1 N'DA P. 2002, Op.Cit.
Pn= 1068(1+3,5/100)10
Par cette méthode, la population actuelle est
estimée à mille cent six habitants.
Dans la première strate, vingt six ménages qui
possèdent latrines et bidurs ont été
enquêtés.
Dans la seconde strate, sept ménages qui ne
possèdent ni latrine ni bidur ont été aussi
enquêtés.
Enfin dans la troisième strate, on note treize
ménages issus des cent trente et un ménages restant qui ne
possèdent que bidurs et qui ont été
enquêté.
Le nombre total de ménages enquêté est par
conséquent de quarante six soit 27,16%.
La taille moyenne des ménages étant
estimée à sept1, cela nous amène à
estimer la population enquêtée à quarante six fois sept
c'est-à-dire trois cent vingt deux soit 29,11% de la population
totale.
En plus de l'échantillon qui confère une
certaine représentativité de la population à
étudier, relevons aussi les caractéristiques de la population
enquêtée. Nous avons choisi cinq variables dont : l'âge, le
sexe, la taille des ménages, le niveau d'instruction et le revenu.
Tableau n°1 : Répartition des
enquêtés par âge
Effectif
Age
|
V.A
|
V.R (%)
|
[18-35[
|
14
|
30
|
[35-55[
|
07
|
15
|
[55 ; ?[
|
25
|
55
|
TOTAL
|
46
|
100
|
1 N'DA C. et Al, 2007, Op. Cit.
Tableau n°2 : Répartition des
enquêtés par sexe
Effectif
Sexe
|
V.A
|
V.R
|
M
|
25
|
54,35
|
F
|
21
|
45,65
|
TOTAL
|
46
|
100
|
Tableau n°3 : Répartition des
enquêtés selon la taille des ménages
Effectif
Taille des ménages
|
V.A
|
V.R
|
]? ;5]
|
20
|
45
|
]5-10]
|
14
|
30
|
]10;?[
|
12
|
25
|
TOTAL
|
46
|
100
|
Tableau n°4 : Répartition des
enquêtés selon le niveau d'instruction
Effectif
Niveau d'instruction
|
V.A
|
V.R
|
Illettré
|
14
|
30
|
Primaire
|
18
|
40
|
Secondaire
|
12
|
25
|
Supérieur
|
02
|
05
|
TOTAL
|
46
|
100
|
Tableau n°5 : Répartition des
enquêtés par revenu
Effectif Revenu (F CFA)
|
V.A
|
V.R
|
]? ;50 000]
|
14
|
30
|
]50 000 - 100 000]
|
5
|
10
|
]100 000 ; ?[
|
27
|
60
|
TOTAL
|
46
|
100
|
Tableau n°6 : Récapitulatif des
variables
VARIABLES
|
V.A
|
V.R
|
Age
|
[18-35[
|
14
|
30
|
[35-55[
|
7
|
15
|
[55 ; ? [
|
25
|
55
|
TOTAL
|
46
|
100
|
Sexe
|
M
|
25
|
54,35
|
F
|
21
|
45,65
|
TOTAL
|
46
|
100
|
Taille des ménages
|
] ? ; 5]
|
20
|
45
|
] 5-10]
|
14
|
30
|
] 10; ? [
|
12
|
25
|
TOTAL
|
46
|
46
|
Niveau d'instruction
|
Illettré
|
14
|
30
|
Primaire
|
18
|
40
|
Secondaire
|
12
|
25
|
Supérieur
|
2
|
5
|
TOTAL
|
46
|
100
|
Revenu
|
] ? ; 50 000]
|
27
|
60
|
] 50 000-100 000]
|
5
|
10
|
] 100 000 ; ? [
|
14
|
30
|
TOTAL
|
46
|
100
|
Sources : Enquête menée à Petit
Badien du 14 au 19 Avril 2008. Muni de ces données,
investissons à présent le terrain d'enquête.
I.8.2.5- LES ENTRETIENS
I.8.2.5.1- L'entretien par questionnaire
L'administration du questionnaire s'est déroulée
du lundi 14 au samedi 19 Avril 2008. Elle a été menée avec
l'appui de l'animatrice rurale et du technicien agricole stagiaire du CREPA. Il
a été adressé aux différents ménages du
village.
Il comprend cinq thèmes principaux :
- Les caractéristiques socioéconomiques ;
- L'assainissement et l'approvisionnement en eau potable à
Petit Badien ;
- Les représentations, les attitudes et les comportements
des ménages face a EcoSan ;
- L'impact d'EcoSan dans le village de Petit Badien ;
- L'opinion des populations rurale sur l'assainissement
écologique.
Le questionnaire composé de questions fermées pour
la plupart, a directement été administré afin d'entrer en
contact avec les enquêtés.
Au cours de cette enquête, le questionnaire a
été administré à l'homme ou à la femme selon
la disponibilité de l'un ou l'autre en tenant compte des contraintes de
genre (au moins un homme sur deux ou vis versa). Le questionnaire a
été administré les matins et les après midi selon
la disponibilité des ménages.
Pour enquêter les ménages qui ne disposaient que
de bidurs, nous nous sommes appuyé sur les trois quartiers du village
c'est-à-dire Arang, Esr et Afr. A l'entrée de chaque quartier,
nous jetions un stylo en l'air. Lorsque le stylo pointait sur une maison, nous
nous y rendions. A la fin de l'enquête nous faisions un saut de deux pas
pour le prochain ménage à enquêter. C'est-à-dire
qu'on sautait à chaque fois deux ménages qui ne disposaient que
de bidurs.
Dans un ménage, une seule personne a été
concernée par l'enquête. Il s'agit du chef de ménage ou de
l'épouse, en l'absence de celui-ci.
Les deux personnes susmentionnées sont
intéressantes pour l'étude en ce sens que, le chef de
ménages est la personne autorisée à prendre les
décisions qui concerne la famille entière. Il a le pouvoir
d'initiative et est le garant de la bonne marche de ce microcosme social.
La femme au sein de la famille, est la personne à qui
les tâches ménagères reviennent d'office. Elle est garante
de la propreté de la maison ainsi que tout ce qui relève de la
disponibilité de l'eau, de la cuisson des aliments... Ne pas tenir
compte de son expérience et de ses avis constituerait un handicap pour
cette recherche.
Photo 1: Administration du questionnaire
I.8.2.5.2- Les entretiens semi-directifs I.8.2.5.2.1-
L'entretien individuel
Quatre guides d'entretien ont été
élaborés à l'attention des autorités en charge de
l'assainissement écologique, du CREPA, de l'assainissement classique et
des autorités coutumières de Petit Badien.
Dans un premier temps, il s'est agit de mener des entretiens
avec le responsable du projet EcoSan et du Directeur Résident du CREPA.
Cela a permis de mieux connaître le concept EcoSan ainsi que ses enjeux.
Ces entretiens se sont déroulés de façon informelle dans
les locaux du CREPA.
Dans un second temps, nous nous sommes entretenu avec un
ingénieur en assainissement de la DAD (Direction de l'Assainissement et
du Drainage). Cet entretien a eu lieu le 16 juillet et a duré 45
minutes. Cependant, il faut noter que l'obtention d'un rendez-vous n'a pas
été aisée.
Enfin, nous nous sommes entretenu avec les autorités
coutumières de Petit Badien. Il s'est agi de leur expliquer le bien
fondé de la présente étude et d'obtenir leur soutien et
caution morale. Cet entretien a aussi été le lieu de
s'imprégner des réalités du village, notamment, les us,
valeurs, histoire et la vision qu'ils ont sur EcoSan. Cet entretien a eu lieu
le mardi 15 Avril à 7h15 au domicile de M. Nomel J-B, membre de la
classe d'âge des « Nigbessi » et « Adjrofi »,
c'est-à-dire cadet des « Ebeb » (personnes qui
détiennent le pouvoir en Pays Odzukru).
L'avantage des entretiens semi-directifs vient du fait qu'il
permet à l'enquêteur de ne pas s'écarter de ses objectifs
et de toujours recentrer le débat. En plus, il permet d'être
efficace à partir du moment où l'entretien suit une logique
maîtrisée et a une durée acceptable.
I.8.2.5.2.2- Le focus group ou (l'entretien de
groupe)
Le focus group permet à tous les participants d'un
entretien d'intervenir librement pour soit compléter les réponses
à telle ou telle question, soit les contredire ou les
préciser.
Le focus group des patriarches s'est déroulé le
mercredi 15 Avril de 14 heures à 15 heures 20 minutes avec la
participation de sept personnes. Il s'est déroulé dans la cours
d'un patriarche. Quant au focus group des jeunes, il s'est
déroulé le vendredi 18 Avril de 21 heures à 22 heures 30
minutes. A cette heure, les jeunes sont plus disposés. Ils sont
dégagés de leurs occupations quotidiennes. L'entretien a
enregistré la participation de douze personnes. Il a eu lieu sous
l'appâtâmes de notre tutrice.
Pour cette recherche, ces entretiens ont eu pour objectif de
mieux connaître les réalités du village, son organisation
et son fonctionnement. Aussi, ont-ils permis d'apprécier le niveau de
connaissance des jeunes sur l'assainissement écologique et ce qu'ils en
pensent.
Dans un deuxième temps elle a permis de saisir les
obstacles qui freinent la progression des activités EcoSan.
Le premier focus group a concerné la classe d'âge
des « Nigbessi ». Le choix de ces sept a tenu compte de leur
disponibilité et de leur rôle au niveau de la
génération. Les lieux et les moments ont été
proposés par les participants.
Le second focus group a concerné les jeunes de la
classe d'âge des « Ndjrouman ». Il a tenu compte de leur
âge, de leur responsabilité, de leurs activités
économiques et de l'état de leur connaissance sur l'approche
EcoSan.
Photo 2: Séance de focus group avec les
NigbessiA la suite de l'échantillonnage et de l'enquête
de terrain, il faut procéder au dépouillement des données
recueillies.
I.8.2.6- LE DEPOUILLEMENT
Nous avons opté pour le dépouillement
informatique parce que nous avons voulu dans un premier temps, réduire
les risques d'erreur et dans un second temps nous familiariser avec les
logiciels de bases de données. Egalement, le dépouillement
informatique nous a évité la fastidieuse manipulation
manuelle.
I.9- LES DIFFICULTES RENCONTREES
Comme toute recherche scientifique, des difficultés se
sont présentées à nous. Il s'agit entre autres de la
rareté des documents locaux qui traitent de la question d'assainissement
écologique, de la rétention d'informations qui était faite
au niveau de l'administration publique.
Sur le site d'enquête, nous avons été
confronté à deux problèmes majeurs. Il s'agit des
difficultés liées au fait que nous ne comprenions pas la langue
Odzukru et celles liées aux aléas climatiques (la période
de l'enquête a coïncidé avec la saison des pluies). Nous
avons eu beaucoup de mal par conséquent à administrer notre
questionnaire et à réaliser les deux focus groups.
Ces difficultés ne nous ont pas empêché
pour autant à mener à bon port notre recherche. Au contraire,
elles nous ont aguerri. Pour les questions de documentation, nous nous sommes
appuyé sur l'Internet et la documentation
personnelle de certains professeurs. Quant aux obstacles de
terrain, nous avons usé de patience et de persévérance.
Pour surmonter l'obstacle langagier, nous avons eu recours aux services de
l'animatrice rurale.
DEUXIEME PARTIE :
PRESENTATION DE PETIT
BADIEN, DU CREPA ET DU
PROJET ECOSAN
II.1- LA PRESENTATION DE PETIT BADIEN
II.1.1- LA PRESENTATION GEOGRAPHIQUE ET
DEMOGRAPHIQUE
Petit Badien est un village de la sous-préfecture de
Dabou situé à 80 Km d'Abidjan, la capitale économique. Il
fait frontière avec les villages de Tiagba, Cossrou, Nigui saff et
Nigui-nanou. Il est composé de trois quartiers dont Afr, Arang et
Esr.
Le milieu naturel de Petit Badien se distingue par une
forêt secondaire de type semi-décidu sur un relief
accidenté, avec des versants orientés vers la lagune. Le climat
est de type « équatorial de transition » comportant deux
saisons de pluie : une grande, de février à juin et une petite,
de septembre à novembre. Ces saisons sont intercalées de deux
saisons sèches. Les précipitations moyennes annuelles sont de
l'ordre de 1600 mm et reparties sur toute l'année avec des
variations.
Photo 3: Une vue de Petit Badien depuis
l'entrée
La population était estimée à mille soixante
huit habitants selon le dernier recensement de la population et de l'habitat
réalisé en 1998 par l'INS. Elle est composée d'une
population de cinq cent quarante deux hommes soit 50,74% contre cinq cent vingt
six femmes soit 50,26%.
II.1.2- L'HISTORIQUE ET LE PEUPLEMENT DE PETIT
BADIEN
(Cette section est inspirée de : Le système
politique de Lodjoukrou de Memel-Fotê H.)1.
Dans le processus du peuple en pays Gouro, Meillassoux
C., distingue deux modalités : le regroupement et l'éclatement
des cellules résidentielles. Le peuplement Odjoukrou présente les
mêmes modalités avec des formes intermédiaires ou
combinées.
Le cas de regroupement est l'intégration dans laquelle
la communauté d'accueil assimile la communauté accueillie qui
fusionne avec elle. Le regroupement peut aussi être transitoire, suivi
éventuellement soit d'une séparation avec alliance, soit d'un
éclatement avec indépendance. Dans l'alliance, loin
d'intégrer la communauté d'accueil, les immigrants constituent
sur le territoire offert, une communauté séparée,
autonome, mais politiquement alliée et subordonnée.
L'éclatement d'un village, accompagné ou non d'une alliance,
n'est qu'une forme de ramification. Un individu ou un groupe peut se dissocier
pour former une nouvelle «communauté » villageoise. Telle est
la complexité qu'offre le processus du peuplement Odzukru. Le peuplement
de l'espace actuel de Petit Badien en est une illustration.
Les populations actuelles de Petit Badien et de Vieux Badien
vivaient en parfaite harmonie jusqu'à ce qu'un jour éclate un
conflit. En effet, tout le village de Badien, actuel Vieux Badien était
unanime à défricher un terrain dans la forêt d'Ag-akp
où coule la rivière « Nêdêk ». Au moment de
se déplacer, survient l'angbandji de Kok Meles, un « Mbôrma
». Les uns parmi les hommes riches estimaient qu'il y avait lieu de
transporter la fête au nouveau village, les autres voulaient le consommer
avant le déplacement. Le débat dégénéra vite
en querelle. Le premier groupe prétendait « qu'il était le
nez du visage et que, le nez arraché,
1 MEMEL-FOTE H., 1980, Le
système politique de Lodjoukrou, Présence Africaine, pp68-80.
les dents sortiraient dehors ». Ce groupe créa le
nouveau Badien ou Petit Badien. Le second groupe ulcéré par cette
situation, resta sur l'ancien site.
A la suite d'une guerre menée par les deux Badien
contre Toupah, Petit Badien, de la forêt d'Ag-akp, se déporte au
bord de la lagune et, sous le patronage du chef de Canton
Kêtêkrê, fonde Petit Badien ou Dabuli (pour marquer
l'appartenance à Dabou).
II.1.3- L'ORGANISATION SOCIOPOLITIQUE II.1.3.1- LA
HIERARCHIE DU VILLAGE
L'autorité suprême du village de Petit Badien est
la chefferie traditionnelle. Elle est constituée de notables avec
à leur tête, M. Lath A., actuel chef du village. A
côté de la chefferie, on a la classe d'âge des «
Ndjrouman » qui dispose du pouvoir exécutif. Elle veille à
l'application et à la surveillance du village.
II.1.3.2- DE LA DESIGNATION DE LA CHEFFERIE
TRADITIONNELLE II.1.3.2.1- Le chef du village
Le chef du village est désigné par consensus
lorsque celui-ci fait l'unanimité au sein du village. Lorsque les
postulants sont nombreux, les « Ebeb » c'est-à-dire ceux qui
prennent les décisions, organisent des élections au suffrage
universel.
Celui-ci doit remplir certains critères à savoir
: effectuer sa fête d'« angbandji », posséder une maison
et être reconnu comme quelqu'un d'honnête et de courageux.
II.1.3.2.2- Les notables
Les notables sont choisis parmi les classes d'âge de la
génération du chef au pouvoir. Le choix du chef de village tient
compte de certains critères. Les notables sont choisis en fonction des
connaissances acquises. Un tel se chargera par exemple des questions relatives
aux fonciers quand un autre s'occupera des questions religieuses etc.
II.1.3.3- LE STATUT ET LES FONCTIONS DE LA CHEFFERIE
TRADITIONNELLE
II.1.3.3.1- Le chef du village
Garant de l'unité du village, il représente le
village devant les autorités administratives et politiques. Il ne
dispose pas de pouvoir réel au sein de la communauté. Les
décisions concernant le village sont prises par la classe d'âge en
exercice avec l'accord des « Ebeb » qui demeurent la clé de
voûte.
II.1.3.3.2- Les notables
Ils sont les conseillers du chef et l'aident dans ses
différentes tâches. II.1.3.4- LE SYSTEME DE CLASSE
D'AGE
(Cette section est aussi inspirée des travaux
anthropologiques de MemelFotê H. dans Le système politique de
Lodjoukrou).1
II.1.3.4.1- Le concept de classe d'âge
Dans le Dictionnaire de l'Ethnologie, Panoff M., et Perrin M.
définissent la classe d'âge en ces termes : « Ensemble
d'individus ayant approximativement le même âge, de l'un ou l'autre
sexe, et qui sont organisés de manière cohérente en un
groupe socialement reconnu soumis aux mêmes rites de passage, ayant le
même statut au sein de la société globale et
exerçant les mêmes activités. » 2
Deux caractéristiques distinguent par conséquent
la classe d'âge : son statut de groupe social officiel et
d'égalité, fondée sur l'identité de formation, de
statut et de fonction, qui règle les rapports entre les membres. Notons
cependant que cette égalité peut se combiner et se combine en
fait, de façon contradictoire mais indivisible, avec une certaine
inégalité (hiérarchies fonctionnelles anciennes ou
nouvelles) qui la relativise.
1 MEMEL-FOTÊ, 1980, Op.Cit.
PP398-403.
2 PANOFF M. et PERRIN M.,
Dictionnaire de l'ethnologie, in Memel-Fotê, 1980, Op.Cit.
P398-403.
II.1.3.4.2- Le mode de recrutement
Le recrutement des membres d'une classe d'âge repose sur
deux principes : l'appartenance clanique et l'âge. Est d'abord admis
à faire partie d'une classe d'âge, quiconque appartient à
un clan officiel ou assimilé. Généralement, il s'agit du
patriclan. Ce premier principe élimine les étrangers au sens du
droit politique et retient les seuls citoyens.
Quoi qu'il en soit, ce sont les rites de passage qui, en
définitive, consacrent officiellement les groupes de jeunes recrues et
en font les classes d'âge reconnues. Ces rites constituent l'initiation
qui est à la fois épreuve physique, stage de formation à
la vie adulte, mode d'accès aux vérités
sécrètes, permis d'entrer dans la vie sexuelle et
intégration à la communauté des vivants et des morts.
II.1.3.4.3- Le mode de fonctionnement
Pour comprendre en quoi consiste le principe
d'égalité régissant la classe d'âge, il y a lieu de
préciser la notion de système de classe d'âge. Deux
espèces de relations la constituent : premièrement, le nombre
limité des groupes constituant (les classes), et dans ces groupes, le
nombre également limité des sous-groupes (les sous-classes) qui
confère à l'ensemble un caractère clos ;
deuxièmement, le caractère cyclique ou répétitif
dans le temps de cet ensemble clos.
Le cycle consiste en un recommencement périodique dans le
même sens unilinéaire de cet ensemble selon le schéma
suivant :
(ABCD) 1 (ABCD) 2 (ABCD) 3 (ABCD) 4
Or, on peut distinguer une égalité interne et
une égalité externe à la classe d'âge. Au sein de la
classe d'âge, les membres jouissent d'une égalité qui
repose sur une triple identité de condition socioculturelle :
identité des conditions de recrutement, identité de statut social
et identité de fonction. De cette identité de fait,
découle une égalité de droits qui garantit les mêmes
libertés politiques (réunion, parole, sanction) aux individus
appartenant à la même classe et aux
classes d'âge formées sur les mêmes bases.
Si pourtant l'égalité prévaut en principe
dans les relations entre membres d'une même classe d'âge, la
pratique manifeste des hiérarchies, tant à l'intérieur des
classes qu'entre classes.
II.1.3.4.4- Les fonctions des classes d'âge
Dans l'organisation et le devenir des sociétés,
les classes d'âge accomplissent des fonctions importantes, tant au
bénéfice de leurs membres qu'au bénéfice des
sociétés globales. Ces fonctions concernent principalement tous
les aspects de la vie sociale.
Pour leurs membres, les classes d'âge assurent un
rôle de groupes de secours mutuel. Ils y trouvent entraide, assistance,
bref, solidarité matérielle et morale tout au long de leur
existence. Pour la société globale, les classes d'âge
remplissent une première fonction qui est d'ordre économique.
Elle constitue une main d'oeuvre, utilisée dans la production, soit
« des biens de fête » collective, soit des biens religieux
(nettoyage des sanctuaires, confection de vêtements rituels).
Leurs rôles politiques ne sont ni moins évidents,
ni moins importants dans les sociétés. Facteur de
démocratisation qui évitent les rebellions des jeunes, cadres de
formation et d'expression d'une opinion publique, les classes d'âge
assument l'exécution des travaux publics, le maintien de l'ordre, la
défense du territoire.
Toujours est-il qu'elles favorisent directement le
progrès et l'expression de valeurs collectives dans tous les domaines,
économique, politique, esthétique ou religieux.
II.1.3.3- LES ACTIVITES ECONOMIQUES
Autrefois, l'économie du village reposait
essentiellement sur les cultures vivrières telle l'igname, la banane
plantain et le manioc, la pêche et la culture d'exportation du palmier
à huile.
Aujourd'hui, presque toutes les surfaces cultivables sont
utilisées pour l'hévéaculture. De ce fait, les surfaces
cultivables se font de plus en plus rares.
La pêche est une activité pratiquée par
les jeunes et les adultes. A côté de cette activité, l'on a
la préparation de l'attiéké qui est d'ailleurs
l'alimentation de base. Elle est le fait des femmes.
En somme, il faut retenir que l'économie est basée
sur l'agriculture et particulièrement sur
l'hévéaculture.
II.1.3.4- LES ACTIVITES SOCIOCULTURELLES
A Petit Badien comme dans bon nombre de village Odzukru, se
déroulent plusieurs activités socioculturelles. Parmi celles-ci,
citons : l'« angbandji » ou cérémonie d'accomplissement
et de richesse, la cérémonie des patriarches, les sorties de
génération, l'intronisation du chef de village, les actions
d'intérêt général, les funérailles...
Revenons sur « l'angbandji », les sorties de
génération et la cérémonie des patriarches.
L'« angbandji » est une cérémonie qui
permet de célébrer la force, le courage, l'accomplissement et la
richesse d'un individu. Elle marque une étape importante dans sa vie. En
effet, elle lui confère certains privilèges au sein de la
communauté. L'individu a le droit de parler en public le chapeau sur la
tête et le pagne sur l'épaule. Il jouit du respect et de la
confiance de la communauté.
Quant aux sorties des générations, elles ont
lieu chaque huit ans et comprennent trois classes d'âge. Les «
Odjongba » les aînés, les « Bago » les
puînés et les « Kata » les benjamins. Ces sorties
donnent droit à de grandes cérémonies de
réjouissance.
Enfin, la cérémonie des patriarches. Elle se
déroule en groupe. Elle confère à ceux qui la
célèbrent, le privilège de prendre la retraite et de faire
partie des « Ebeb ». Toute personne qui la célèbre a
droit à des funérailles dignes. Cependant,
ceux qui ne le font pas en sont privés.
II.1.3.5- LES INFRASTRUCTURES SOCIOECONOMIQUES
Le village dispose de deux pompes hydrauliques villageoises et
d'un système hydraulique villageois amélioré non
fonctionnel. Ainsi, la population s'approvisionne en eaux dans des puits
situés dans un talweg de part et d'autre du village. La profondeur
moyenne de ces puits est de 1,6 m en saison sèche. Ces puits jouxtent un
dépotoir d'ordures ménagères servant aussi de lieu de
défécation ; ce qui expose la population à une
contamination provoquée par les eaux de ruissellement en saison
pluvieuse. Seulement 58% des ménages disposent de latrines.
Le village ne dispose pas de centre de santé.
Néanmoins, il dispose d'une école primaire de six classes, de
trois boutiques et d'un petit marché qui permet d'écouler les
produits agricoles.
II.2- LA PRESENTATION DU CREPA II.2.1- LA
PRESENTATION DU RESEAU CREPA
Le CREPA est le Centre Régional pour l'Eau Potable et
l'Assainissement. C'est un organisme régional mis en place dans le cadre
du (RIF) Réseau International de Formation à la gestion de l'eau
et des déchets à l'issue de la DIEPA (Décennie
International pour l'Eau Potable et l'Assainissement). Le CREPA est un
réseau qui couvre quatorze pays francophones d'Afrique de l'Ouest et du
Centre dans lesquels sont installés des représentations
nationales. Son siège est à Ouagadougou (Burkina Faso).
L'orientation première du CREPA est d'assurer la
promotion et la vulgarisation des technologies alternatives par l'approche
participative, à travers le SARAR (Self-esteem Associative strengh
Ressourcefulness Action planning Responsability). Par ailleurs, le CREPA oeuvre
à favoriser le développement local et la mise en place de
Mécanismes de Financement Endogène (MEFE).
II.2.2- LA PRESENTATION DU CREPA COTE D'IVOIRE
II.2.2.1- QU'EST CE QUE LE CREPA-CI
Le CREPA-CI est la représentation nationale Côte
d'Ivoire du CREPA. Son siège se situe à Abidjan dans la commune
de Marcory, rue du Canal aux Bois, près de la SOLIBRA. Le centre existe
en Côte d'Ivoire depuis 1990. C'est une organisation qui mène des
actions communautaires envers les populations défavorisées sur
l'ensemble du territoire. Au niveau national, l'organisation
bénéficie d'un statut d'ONG. A ce titre, le CREPA-CI est membre
du RECI qui est le Réseau des ONG de l'Environnement de Côte
d'Ivoire.
II.2.2.2- L'OBJECTIF DU CREPA-CI
L'objectif principal du CREPA-CI est de contribuer au
développement local par la promotion de technologies appropriées
d'approvisionnement en eau potable et d'assainissement pour les
communautés à travers une approche méthodologique
participative. Ce but vise également, la préservation de
l'environnement dans son ensemble par l'élimination des nuisances
causées par l'homme.
II.2.2.3- LA MISSION DU CREPA-CI
Les activités menées par le CREPA-CI sont : la
formation, l'éducation, la sensibilisation et la réalisation
d'ouvrages et équipements d'Accès à l'Eau Potable et
à l'Assainissement (AEPA). L'organisation réalise
également des projets pilotes de recherche permettant d'éprouver
des technologies ou des approches novatrices.
II.2.2.4- LES STRATEGIES D'INTERVENTION
Les stratégies du CREPA concernent la promotion de
l'auto gestion des micros réalisations des associations de base et de
groupements d'intérêt économique.
- Créer et renforcer les capacités nationales et
régionales dans la gestion de l'eau, des déchets et de
l'environnement urbain par la formation de personnes ressources et la gestion
décentralisée des projets.
- Vulgariser et intégrer les nouvelles approches, les
concepts environnementaux et les technologies dans les réalisations des
programmes nationaux et ceux des structures relais (ONG, associations de base,
opérateur privés).
- Appuyer la création d'emplois notamment pour les femmes
et les jeunes dans la gestion de l'eau, des déchets et de
l'environnement.
Ces stratégies s'appuient sur un certains nombres
d'actions.
II.2.2.4.1- La formation
Le CREPA-CI appui à la formation initiale de certains
étudiants inscrits dans les écoles de formation professionnelle
tels l'INP-HB, l'INFAS et l'Université Abobo-Adjamé.
En plus de la formation initiale, le CREPA-CI Forme des artisans
locaux aux technologies adaptées et à faible coût lors de
l'exécution de projets.
Aussi, Forme-t-il des chefs de services techniques des mairies
sur les technologies appropriées dans le domaine de l'AEPA.
Enfin, le CREPA-CI forme et sensibilise les maires sur les
problèmes de l'environnement urbain.
II.2.2.4.2- L'information et la documentation
L'information et la documentation sont deux axes clé du
CREPA-CI. C'est ce qui explique en partie la création de son centre de
documentation. Celui-ci à pour objectif de collecter, de traiter et de
diffuser les informations capitalisées.
La diffusion des informations et la vulgarisation des
technologies à faible coût se font à travers la production
de films ainsi que l'organisation de conférences et de séminaires
relatives à l'AEPA.
II.2.2.4.3- La recherche, l'accompagnement et
l'étude
Le CREPA initie et soutient la réalisation
d'études de cas ainsi que la documentation d'expériences
innovantes. Au titre d'expériences innovantes, l'on peut citer :
- L'impluvium ;
- Les toilettes à chasse économique ;
- L'épuration des fosses sceptiques ;
- L'impact des urines et fèces sur les sols de culture
;
- Les conditions d'obtention de biogaz à base d'effluent
de manioc enrichi à l'urine ;
L'étude sur la capacité de la population à
s'impliquer dans la gestion de l'environnement et de l'AEPA.
II.2.2.4.4- L'Expertise, le Conseil et l'Appui
Le CREPA-CI réalise pour le compte de certaines
mairies, leur Plan Municipal d'Action Environnementale (PMAE). Il
élabore pour leur compte, des documents de projet et construit des
latrines expérimentales et impluvium.
Outre l'expertise, le CREPA-CI conseille les autorités
en matière de directives relatives à la promotion d'AEPA, d'appui
à la conception, à la promotion et à l'administration des
projets d'assainissement à faible coût.
Enfin, cet organisme apporte assistance et appui aux actions
menées par des partenaires.
II.2.2.5- L'ORGANISATION DU CREPA-CI
Le CREPA-CI est une organisation reconnue par le gouvernement
du fait de ses arrêtés de création N°10/MTPCU du 3
janvier 1990 et de restructuration N° 414/MLCVE du 28 avril 1998, ainsi
que du récépissé de déclaration n°1480 du 21
septembre 1999, de constitution d'association auprès du Ministère
de l'Intérieur et de la Décentralisation.
Dans sa structuration, le CREPA-CI a à sa tête,
un Conseil d'Administration regroupant le secteur public (Ministère de
la Santé Publique, Ministère des Infrastructures Economiques,
Ministère de Construction, de l'Urbanisme et de l'Habitat, le secteur
privé (SODECI et FOREXI) et la société civile. Ce Conseil
d'Administration définit les grandes orientations et les objectifs
à atteindre.
La mise en oeuvre échoit à la Direction
Exécutive qui assure la gestion quotidienne de l'organisation. Le
fonctionnement de la Direction Exécutive
s'appuie sur une équipe de sept membres, tous
rémunérés par la structure. II.2.2.6- LE
PERSONNEL
Le personnel est composé de sept agents permanents dont :
- Un directeur résident ;
- Un ingénieur en équipement rural ;
- Un technicien supérieur en hydraulique et
équipement rural ; - Un technicien supérieur en génie
sanitaire ;
- Un Comptable ;
- Une secrétaire ;
- Un chauffeur.
L'ensemble de ce personnel permanent est appuyé par des
collaborateurs extérieurs.
II.2.2.7- L'EXPERIENCE DU CREPA-CI
Comme indiqué plus haut, les populations cibles du
CREPA-CI sont les populations des zones urbaines, périurbaines et
rurales et particulièrement des femmes, principales acteurs des projets
d'approvisionnement en eau et d'assainissement.
Le CREPA-CI bénéficie de dix années
d'expérience sur le territoire national en matière d'appui aux
communautés dans le cadre du développement local, de
l'approvisionnement en eau et d'assainissement.
La caractéristique essentielle du CREPA-CI est
l'utilisation des méthodes et approches participatives dont le SARAR, la
MARP (Méthode active de Recherche et de Planification Participative) et
la PPO (Planification de Projet par Objectif).
Cette caractéristique vise à :
- Impliquer les communautés bénéficiaires
à toutes les étapes de mise en
oeuvre des actions ;
- Favoriser l'appropriation des projets et des technologies par
les communautés bénéficiaires à travers le
transfert des compétences ;
- Susciter la prise de conscience des bénéficiaires
en leurs capacités afin de garantir l'autopromotion locale.
Ainsi, la méthodologie du CREPA-CI lui a permis de
prendre part à de nombreux projets ou programmes exécutés
ou en cours d'exécution en Côte d'Ivoire. Au nombre de ceux-ci
figurent :
- Projet « Approvisionnement en eau potable et
assainissement » dans la commune de Sikensi avec l'Ambassade de Suisse
(1994) ;
- Projet « Eau potable, Assainissement et Déchets
solides » dans la commune de Guibéroua avec la Coopération
Française (1996) ;
- Projet « Renforcement des capacités de la cellule
d'animation de la SDHV à la méthode participative SARAR »
avec la Coopération Belge (1999) ;
- Programme « Intervention en milieu urbain pauvre »
avec l'UNICEF (1999) ;
- Projet « Lutte contre la pauvreté urbaine »
avec le PNUD (1999) ;
- Projet « gestion des boues de vidange et des
mécanismes de micro finance appliqués au secteur de l'AEPA »
depuis 1999.
II.2.2.8- LES PARTENAIRES II.2.2.8.1- Les institutions
partenaires
Au titre des institutions partenaires, citons le
Ministère des Infrastructures Economiques, le Ministère de la
Santé et de l'hygiène Publique, la SODECI, la FOREXI, Action
Contre la Faim (ACF), l'UNICEF et le Comité International de la Croix
Rouge (CICR).
II.2.2.8.2- Le financement
Le CREPA-CI bénéficie des financements du CREPA
siège, de l'ambassade de France, de la Coopération Allemande, de
la Coopération Suisse, de l'Ambassade des USA, de l'UNICEF, de UE, de
l'ASDI, du DANIDA et du FEM/ONG lorsque des projets sont initiés.
II.2.2.9- LES PROJETS EN COURS
- Programme d'urgence et de réhabilitation pour la
sécurisation de l'accès à l'eau potable dans le
département de Katiola ;
- Amélioration de l'accès à l'eau
potable, à l'assainissement et à l'hygiène en faveur des
populations de quatre Départements (Béoumi, Dabakala, Mankono et
Zuénoula) anciennement endémiques du ver de Guinée et
affectés par la crise politico-militaire en Côte d'Ivoire ;
- Amélioration de l'accès à l'eau et
à l'assainissement des populations vulnérables des quartiers
Bardo 16, Zimbabwé (San Pedro) Abobo-sagbé, Yaoseï et
Beboutouo (Abidjan)
- Projet de gestion des boues de vidange de la ville
d'Abengourou
- Mise en place d'un réseau d'égout à faible
diamètre à Sagbé (Abobo)
- Appui à l'abonnement au réseau d'eau potable de
deux mille ménages à faibles revenus de Koweït (Yopougon)
- Formation à la promotion de l'hygiène et
l'assainissement par la méthode PHAST.
- Et le projet d'assainissement écologique en Côte
d'Ivoire.
II.3- LA PRESENTATION DU PROJET ECOSAN
II.3.1- QU'EST CE QUE LE PROJET ECOSAN ?
Le projet EcoSan est un ensemble d'actions
élaboré et mis en oeuvre en vue de résoudre durablement
les questions d'hygiène du milieu et de sécurité
alimentaire. Il est une alternative aux systèmes conventionnels de
traitement des eaux usées. En effet, il intègre les aspects de
l'évacuation des déchets et l'approvisionnement en énergie
et dépasse en cela les systèmes jusqu'ici connus (la toilette
à compost, les latrines améliorées etc.).
EcoSan est ainsi, une approche de planification
systématique qui combine les modules techniques disponibles et les
adapte aux données techniques, spatiales, socioculturelles et
économiques.
II.3.1.1- LA PRESENTATION DES EQUIPEMENTS ECOSAN
II.3.1.1.1- Le bidur
Dans le langage EcoSan, un bidur est un bidon de dix ou vingt
litres surmonté d'un entonnoir qui permet de recueillir et conserver
l'urine jusqu'à son remplissage et son transvasement dans un fût
de plus grande capacité.
Photo 4 : Bidur utilisé par un enfant Photo 5:
Bidurs dans une douche traditionnelle
II.3.1.1.2- La latrine EcoSan
La latrine EcoSan est une latrine à fosse sèche
avec déviation d'urine. Les urines par déviation sont
collectées dans un bidon, tandis que les fèces sont
stockées dans les deux fosses surélevées
de façon alternées. Pendant qu'une fosse est en exploitation, le
contenu de l'autre déjà remplie subit l'hygiénisation. La
latrine EcoSan est composée de :
- Deux fosses fonctionnant de façon alternée :
la fosse est dimensionnée selon la taille du ménage
bénéficiaire ou des utilisateurs potentiels et du temps
d'utilisation. Pour la plupart, on distingue une taille standard de dix
personnes par ménage. Le temps de remplissage de la fosse standard est
de six mois.
- Une cuvette de défécation : les cuvettes de
défécation sont faites en polyester de manière artisanal
;
- Des marches : au nombre de deux en général, elles
sont faites pour l'accès à la cabine qui est en hauteur.
- Un tuyau de ventilation en PVC de cent millimètres de
diamètre pour chaque fosse ;
- La superstructure susceptible d'être faite aussi bien en
briques qu'en banco selon la bourse du demandeur ;
- Et le système de déviation d'urine.
Photo 6: Vue de face d'une Photo 7: Vue arrière
d'une latrine
latrine EcoSan EcoSan
II.3.1.2- L'OBJECTIF DU PROJET ECOSAN
L'objectif du projet est de faciliter l'accès des
communautés défavorisées aux systèmes EcoSan en vue
d'assurer l'amélioration du cadre de vie, la protection de
l'environnement et la sécurité alimentaire en Côte
d'Ivoire.
II.3.1.3- LE PRINCIPE DU PROJET ECOSAN
Souvent, l'introduction d'un système conventionnel
d'évacuation des eaux usées dans des pays en voie de
développement est irréalisable, du fait d'investissements
élevés, et ne peut garantir, dans plusieurs cas, une entreprise
irréprochable. Ainsi, les situations hygiéniques
déficitaires sont seulement en partie ou pas résolues.
Les principes essentiels d'EcoSan sont :
- La réduction de la consommation d'eau ; - La diminution
des problèmes d'hygiène ;
- La fermeture des cycles de la matière et de l'eau ;
- La récupération et l'utilisation des substances
nutritives en agriculture ;
- La réduction de la consommation d'énergie et
voire même, la production d'énergie. EcoSan est ainsi une approche
de planification systématique.
La base essentielle de ces principes est la
considération de la répartition diverse des volumes et des
substances nutritives des différents courants partiels d'eaux
usées. A l'inverse du système conventionnel d'évacuation
des eaux usées, dans lequel tous les courants partiels sont
détournés en commun et dilués avec la rinçure, une
considération différenciée a lieu dans le cas d'EcoSan.
En effet, les courants partiels d'urine et de matières
fécales éliminées par la personne représentent
seulement un très petit volume mais contiennent cependant les plus
grandes teneurs de substances nutritives. Le courant partiel de l'urine est une
fraction hygiéniquement peu douteuse et renferme presque 90 % de
l'azote,
présente aussi du phosphore et du potassium. Ces
éléments nutritifs, facilement assimilables par les plantes,
peuvent être utilisés comme des intrants. Quant aux
matières fécales, elles peuvent permettre dans le cadre d'une
utilisation agricole, à une amélioration de la structure du
sol.
Les principes d'EcoSan montrent les avantages décisifs
suivants :
- Préservation des réserves hydrologiques du fait
de la réduction de la consommation d'eau ;
- Réduction de l'introduction d'agents pathogènes
humains dans le cycle de l'eau par suite de la différenciation en des
courants partiels :
- Diminution de l'eutrophisation des eaux de surface -
Augmentation des revenus agricoles.
Au total, relevons qu'EcoSan contribue de manière
significative à la résolution économique des
problèmes sérieux de l'environnement et de politique de
développement du 21ème siècle. En appliquant les principes
d'EcoSan, l'eau et l'énergie peuvent être utilisées plus
rationnellement, les conditions d'hygiène améliorées et
les substances nutritives récupérées. De nouvelles
possibilités pour la sécurité alimentaire mondiale sont
ainsi offertes en même temps.
II.3.1.4- LA STRATEGIE D'ACTION
La méthodologie utilisée est basée sur
des approches intégrées, communautaire et multidisciplinaire. En
effet, il s'agit de prendre en compte et de résoudre de façon
globale et intégrée, les problèmes des populations
désavantagées relatifs à l'eau potable, l'assainissement,
l'alimentation et même la gestion des ordures ménagères et
de famine. Cela passe par un diagnostic participatif avec les
communautés bénéficiaires des différentes zones
(scolaires, rurales et urbaines).
II.3.1.5- LA GESTION DU PROJET
La gestion du projet est assurée par un coordonnateur qui
supervise toutes
les activités. Cependant, il planifie avec toute
l'équipe composée de sociologue, de technicien en
équipement, d'un technicien en hygiène et d'un technicien
agroéconomiste. Cette équipe est appuyée par
l'équipe locale de Petit Badien.
II.3.1.6- L'EQUIPE LOCAL D'ECOSAN II.3.1.6.1- Le
personnel
Le personnel de l'équipe locale d'EcoSan est
composé de quatre personnes dont un aide de champ, deux collecteurs
d'excréta et une animatrice rurale.
II.3.1.6.2- Les rôles et le fonctionnement
Chaque agent local assure un rôle spécifique.
Ainsi, l'aide de champ est le responsable des champs expérimentaux. Il
s'occupe du nettoyage, du buttage, du tuteurage, de la surveillance et de
toutes les activités qui permettent la bonne évolution des
champs.
Les deux collecteurs ont en charge, la collecte des urines et
des fèces. Pour les urines, la collecte se fait tous les deux ou trois
jours, tandis que pour les fèces, elle se fait quand les ménages
en expriment le besoin. En plus de cette activité, ils assistent l'aide
de champ.
Quant à l'animatrice rurale, elle est chargée de
sensibiliser les ménages pour une bonne utilisation des latrines.
II.3.1.6.3- La rémunération
Le personnel local de l'équipe EcoSan est
rémunéré grâce au financement dont
bénéficie le projet.
II.3.1.7- LES ACTIVITES
II.3.1.7.1- Les réunions de l'équipe
EcoSan
Les rencontres de travail ont lieu tous les lundis et
permettent de faire le point des activités, de déceler les points
de blocage et d'envisager de nouvelles perspectives. C'est aussi l'occasion de
passer les informations et d'harmoniser les
points de vue.
II.3.1.7.2- L'acquisition de matériels et les
équipements divers
Les matériels et équipements acquis, concernent les
matériels de construction des ouvrages, le matériel de bureau et
de mission que sont entre autre,
véhicule de type 4X4, d'appareil photo, de
magnétophones etc. L'achat de ceux-ciest ordonné par le
coordonnateur après avis du Directeur Résident. II.3.1.8-
LES DIFFICULTES
Les difficultés se situent à deux niveaux :
- Le programme de développement
Ce programme prend en compte l'ensemble des activités
de construction et de formation des communautés rurales. La
stratégie d'introduction de l'approche EcoSan au sein des
communautés rurales est l'école dans un premier temps. Dans
l'exécution, certaines contraintes freinent la mise en oeuvre. Il s'agit
notamment des grèves des enseignants et des affectations. Ainsi, la
participation de l'école composée d'apport de sable, de gravier
et d'eau se trouve contrariée. Les travaux prennent donc un retard dans
l'exécution.
- Le financement
On note à ce niveau un retard dans l'exécution des
travaux. Cela est lié à l'indisponibilité chronique des
fonds.
TROISIEME PARTIE :
ANALYSE DES DONNEES
RECUEILLIES
III.1- LES OBSTACLES SOCIOCULTURELS QUI FREINENT LA
DYNAMIQUE D'ECOSAN
III.1.1- LES DIFFICULTES RELATIVES A L'UTILISATION DES
LATRINES ECOSAN
L'utilisation effective des ouvrages EcoSan est l'une des
conditions essentielles qui permettent de constater que les ruraux
adhèrent ou pas à l'approche EcoSan. Il est donc important de
déceler les difficultés relatives à leur utilisation.
TABLEAU N°7 : Répartition des
enquêtés selon les difficultés rencontrées lors de
l'utilisation des latrines EcoSan
A la question, quelles sont les difficultés
rencontrées lors de l'utilisation, l'enquête a
révélé les tendances suivantes :
Effectif des enquêtés Difficultés
rencontrées
|
Homme
|
Femme
|
Total
|
V.A
|
V.R
|
V.A
|
V.R
|
V.A
|
V.R
|
Position accroupie difficile à adopter
|
6
|
24
|
11
|
52,38
|
17
|
36,95
|
Crainte de déféquer sur le bord de la cuvette
|
3
|
12
|
2
|
9,52
|
5
|
10,86
|
RAS
|
11
|
44
|
7
|
33,33
|
18
|
39,15
|
NSP
|
5
|
20
|
1
|
4,77
|
6
|
13,04
|
TOTAL
|
25
|
100
|
21
|
100
|
46
|
100
|
Il ressort à la lecture de ce tableau, que les femmes
éprouvent beaucoup de difficultés à utiliser les latrines
EcoSan. Elles revèlent qu'il est difficile d'adopter la position
accroupie. Le taux de femme qui a relevé ce problème atteint plus
de 50%. Ceci peut s'expliquer par le fait que les femmes enquêtées
sont relativement âgées avec une moyenne de plus de 55 ans. A cet
âge en effet, les problèmes d'articulation font leur apparition et
les cuvettes turques ne les y aident pas. Hormis ce problème, plus de
30% de cette même population ne trouvent rien à redire quant
à l'utilisation des latrines EcoSan.
Quant aux hommes, ils trouvent adéquat les latrines
EcoSan et cela à un taux de plus de 40%. Cependant, il existe comme chez
les femmes, un taux important de plus de 20% qui trouvent la position accroupie
difficile à adopter. Cela s'explique également par leur moyenne
d'âge qui est assez élevée (plus de la moitié des
hommes enquêtés a plus de 55 ans).
Lorsque l'on cumule le score des hommes et des femmes, on se
rend compte que dans l'ensemble, plus de 35% récusent les cuvettes
turques qui imposent la position accroupie. Malgré ce taux relativement
élevé, il faut aussi constater que 39% de cette même
population pensent que les latrines EcoSan ne posent pas de problèmes
majeurs. Cependant, comme l'objectif du projet est de relever le niveau de
l'efficacité de l'assainissement, il faudrait systématiquement
prendre en compte les difficultés qu'impose la cuvette turque.
Les difficultés ne se posent pas seulement au niveau de
l'utilisation, il y a aussi les difficultés au niveau de la gestion des
ouvrages.
III.1.2- LES DIFFICULTES DE GESTION DES OUVRAGES
ECOSAN
La bonne gestion des ouvrages EcoSan participe d'une
utilisation durable. En fait, la propreté de ceux-ci encourage leur
utilisation, encore qu'ils sont des technologies nouvelles. Identifier les
difficultés qui se posent est essentiel.
TABLEAU N°8 : Répartition des
enquêtés selon les difficultés rencontrées au cours
de la gestion.
Effectif des enquêtés Difficultés
rencontrées
|
Homme
|
Femme
|
Total
|
V.A
|
V.R
|
V.A
|
V.R
|
V.A
|
V.R
|
Mauvais usage
|
13
|
52
|
08
|
38,09
|
21
|
45,65
|
Indisponibilité suite au remplissage
|
04
|
16
|
03
|
14,28
|
7
|
15,23
|
RAS
|
07
|
28
|
10
|
47,63
|
17
|
36,95
|
NSP
|
01
|
04
|
00
|
00
|
01
|
2,17
|
TOTAL
|
25
|
100
|
21
|
100
|
46
|
100
|
Au regard de ce tableau, il est aisé de constater que
des difficultés de gestion des ouvrages EcoSan et
particulièrement des latrines se posent. Ces problèmes se
résument au mauvais usage et à l'indisponibilité suite au
remplissage. A la lecture du tableau, il ressort que 52% des hommes
enquêtés notent une mauvaise utilisation des latrines par les
enfants et les jeunes. Il en est de même pour les femmes qui
soulèvent également ce fait à un taux de 38%.
Cumulé, cela atteint un taux de 45%. En effet, il apparaît dans
les propos des parents que les enfants ne défèquent pas dans le
trou destiné à recevoir les excréta, mais
défèquent plutôt à même la dalle. Quant aux
jeunes, il leur est reproché de ne pas balayer et nettoyer l'enceinte de
la cabine. Comme conséquence, les portes des latrines EcoSan sont
verrouillées.
Hormis le mauvais usage décrié par une frange de
la population enquêtée, il faut aussi signaler
l'indisponibilité de certains ouvrages comme les bidurs lorsque ceux-ci
sont remplis. Cette situation n'est pas récurrente puisse qu'elle n'a
été signalée que par 15% des enquêtés. A part
ces deux cas cités qui relèvent pour le premier du social et du
second de la technique, il faut tout de même remarquer que plus de 35%
des enquêtés pensent que la gestion est relativement aisée.
Qu'en estil de la persistance des « mauvaises » habitudes ?
III.1.3- LA PERSISTANCE DES « MAUVAISES »
HABITUDES
Les vieilles habitudes sont des pratiques qui font partie
intégrante de la vie des communautés. Elles sont de ce fait
difficiles à corriger. Au niveau de la communauté rurale de Petit
Badien, on remarque une tendance à laisser les enfants se soulager comme
ils peuvent.
TABLEAU N°9 : Répartition des
enquêtés selon le lieu de défécation de leurs
enfants
Pour appréhender cette réalité, nous avons
questionné les enquêtés afin d'évaluer le taux de
défécation sauvage infantile.
Effectif Lieu de défécation
|
V.A
|
V.R
|
Latrine
|
8
|
17,39
|
Dépotoir
|
27
|
58,69
|
Bord lagunaire
|
4
|
8,72
|
Dans la rue
|
2
|
4,34
|
Nature
|
5
|
10,86
|
TOTAL
|
46
|
100
|
L'un des objectifs majeurs du projet EcoSan est de parvenir
efficacement à l'assainissement du milieu. Et, cela passe par la
réduction du taux de défécation de miction et de
dépôts d'ordures sauvages. Cependant, il est constaté
à travers le tableau que les enfants continuent de
déféquer sur les dépotoirs avec un taux de plus de 55%
contre seulement 17% qui sont autorisés à utiliser les latrines
EcoSan. Le bord lagunaire, la nature et la rue continuent de recevoir des
excréta humains même si les taux ne dépassent guère
11%. En effet, il est constaté une persistance des
défécations des enfants sur les dépotoirs familiaux parce
que, les parents continuent de penser que cela ne cause pas de problème.
Pour eux, les dépotoirs peuvent aussi bien recevoir les ordures
ménagères que les excréta humains. La conception d'un
environnement durable n'est pas encore bien comprise des paysans et cela peut
s'expliquer par le fait qu'ils sont plus préoccupés par les
questions de production agricole. Cette question pourra donc trouver une
solution durable quand ils auront saisi que les excréta ne sont pas des
déchets mais des ressources valorisables et pouvant accroître leur
production.
III.1.4- LE TRANSPORT DES EXCRETA
L'utilisation des excréta exige leur transport du lieu
de production, au fût de stockage pour hygiénisation. Cette
distance peut se révéler grande pour certains ménages du
fait de sa situation et constituer un blocage pour d'autres.
Cet obstacle a été révélé
par sept ménages lors de l'enquête ménage soit 15% de
l'ensemble des ménages enquêtés. Le même
problème a été soulevé lors des deux focus groups
organisés.
Lors de l'entretien de groupe avec les jeunes, le
problème a été posé. Pour M. Ackmel, il est
difficile de transporter de l'urine sur un vélo pour aller dans un champ
éloigné quand on considère l'état des routes. La
majorité des participants était favorable à son
intervention. Le transport pour eux constitue un obstacle sérieux
à partir du moment où ils ne disposent pas de tracteur avec
remorque.
Il en a été de même avec l'entretien de
groupe organisé avec les personnes âgées. La question du
transport s'est révélée un noeud. Cependant, des pistes de
solution ont été abordées. Selon M. Nomel J-B., la
question du transport ne peut faire reculer le projet EcoSan. Pour lui en
effet, quand tu admets les avantages d'une action, tu ne peux te laisser
distraire par quelques contraintes que ce soit. Ses propos ont
été soutenus par les contraintes qu'induit l'exploitation de
l'hévéa. « Au début de l'exploitation de
l'hévéa culture, personne ici n'en voulait à cause de sa
forte odeur de pourriture, aujourd'hui, tout le monde veut avoir une plantation
d'hévéa et bénéficier de sa rente mensuelle
estimée à 400.000F CFA, l'hectare en moyenne».
Au demeurant, la question du transport reste à
résoudre et demande de la créativité, de l'initiative et
du courage. Cette question même est exacerbée par la relative
facilité qu'induisent les travaux relatifs à l'exploitation de
l'hévéa culture.
III.1.5- L'INFLUENCE DE L'HEVEA CULTURE ET DE LA
VILLE
L'introduction et l'exploitation de l'hévéa ont
contribué pour beaucoup à la perturbation des valeurs relatives
au travail agricole, à la désorganisation du modèle de
consommation et des systèmes de valeur en général.
L'hévéa en tant que culture d'exportation se présente
comme un obstacle socioculturel. En fait, sa production ne tient qu'à la
seule valeur économique qui en résulte. Suffise que les cours
mondiaux dégringolent pour que les villageois l'abandonnent comme c'est
le cas actuellement pour le café. A la différence des autres
cultures d'exportation, les travaux qu'exige l'hévéa culture sont
relativement plus faciles et plus rentables financièrement. Les
populations qui bénéficient de cette « manne » perdent
leur fougue d'antan qu'exigeaient les cultures vivrières et pas toujours
rentables financièrement.
Cette considération à l'excès pour
l'hévéa de la part de la communauté pose un réel
problème à partir du moment où les rentabilités
éventuelles que pourrait procurer une autre culture entre en comparaison
directe avec celui de l'hévéa. Quand bien même que cette
culture d'exportation améliore considérablement le revenu des
ménages, il faut aussi souligner un risque de dérapage de la
communauté qui a tendance à accorder une trop grande importance
à l'argent au détriment d'actions d'intérêt
général. Cette remarque a été perçue lors du
focus group des jeunes. A la question de savoir s'ils pouvaient s'adonner
à la culture du maraîcher, en coeur ils répondaient par
l'affirmative, à condition que ces cultures leur permettent de gagner
beaucoup d'argent. L'on peut déduire à partir de là, leur
penchant prononcé pour l'argent.
La possession d'un revenu moyen par ménage qui
dépasse les 150.000F CFA alors que vivant dans un milieu où les
charges fixes sont moindres montre que la population dispose de ressources
relativement satisfaisantes. C'est sans doute ce qui leur permet d'acheter les
légumes et le vivrier (manioc, igname, riz...) alors qu'elle pouvait en
produire.
« En fait, pourquoi souffrir pour faire du vivrier quand
on sait qu'avec l'hévéa on a l'argent nécessaire pour se
procurer du vivrier » ? Question pertinente posée par M. Mel R.
lors d'une enquête informelle.
La communauté dans son ensemble est beaucoup
influencée par ce qui se fait et se dit de la ville à tel
enseigne que des échanges d'idées entre équipe EcoSan et
ruraux s'imposent.
III.1.6- L'EXISTENCE DE COMITE DE GESTION DE
L'HYGIENE
Mener à bien l'assainissement d'une localité
exige un minimum d'organisation institutionnelle. C'est à ce titre que
la présence des comités de gestion prend tout son sens. Savoir si
le comité de gestion existe ou pas permettra de mieux appréhender
l'état d'assainissement.
TABLEAU N°10 Répartition des
enquêtés selon qu'ils connaissent l'existence d'un comité
de gestion de l'assainissement.
Aux enquêtés, il leur a été
demandé s'ils avaient connaissance de ce qu'il existât un
comité de gestion de l'assainissement. Les réponses suivantes ont
été notées :
Effectif
Réponses
|
V.A
|
V.R
|
Oui
|
12
|
26,08
|
Non
|
19
|
41,32
|
NSP
|
15
|
32,60
|
TOTAL
|
46
|
100
|
A la lecture du présent tableau, plus de 40% des
enquêtés répondent par la négative. Pour cette
frange de la population, il n'existe pas de comité de gestion pour
l'assainissement. On note également un taux de plus de 30% des
enquêtés qui ne savent pas s'il existe ou non un comité
pareil. En réaction à ces allégations, on note un taux de
plus de 25% de réponses affirmatives.
Ces différentes réponses permettent de
comprendre deux choses. Premièrement, il n'existe pas de comité
de gestion pour l'assainissement. Deuxièmement, il existe mais ne
fonctionne pas correctement ou qu'il exerce de façon
bénévole, ou encore qu'il ne fait pas partie des institutions du
village et donc pas reconnu par tous.
Cela pose donc le problème de la légitimité
des animateurs de cette structure.
Cependant, si l'on pousse la réflexion et si l'on fait
corps avec la société Odzukru, l'on se rendra compte que la
question d'assainissement se règle de façon ponctuelle par la
chefferie et la génération qui a en charge l'exécution des
tâches du village. Il n'existe donc pas de structure autonome qui
gère cette question.
III.1.7- LA TAILLE DES MENAGES
Le nombre de personnes au sein d'un ménage peut
constituer un avantage ou un frein dans la gestion de biens. Tout dépend
donc de la manière de mettre à contribution ces différents
individus.
Au cours de l'enquête, nous nous sommes rendu compte du
fait que les tailles des ménages étaient relativement grandes. En
effet, plus de 25% des ménages possèdent plus de dix membres. Ces
nombres relativement élevés exercent une forte pression sur les
ouvrages d'assainissement et particulièrement les latrines.
Les ménages dont le nombre de membres varie entre cinq
et dix avoisinent les 30% tandis que les ménages de moins de cinq
membres tournent autour de 45%.
A Petit Badien, la grande taille des ménages constitue
un souci pour le chef de ménage. En fait, il ne trouve pas
intéressant d'occuper son temps à apprendre aux enfants à
utiliser la latrine et également d'ouvrir un débat avec les
jeunes (garçon et fille) en vue de comprendre leurs attitudes et
comportements. Sa
préoccupation majeure reste sa plantation (pour les
hommes) et la production de l'attiéké (pour la femme).
III.2- LES FACTEURS LIMITANT DU PROJET ECOSAN
III.2.1- LE FONCTIONNEMENT DU SYSTEME ECOSAN
Le système EcoSan fonctionne grâce à ces
différentes composantes qui le constituent. Il s'agit de l'utilisation
effective des latrines EcoSan par tous les membres du ménage, la
collecte des excréta réalisée par l'équipe EcoSan
locale commis à cet effet, et la réutilisation des excréta
hygiénisés comme fertilisant. L'évaluation dudit
système montre que les latrines EcoSan sont utilisées pour la
plupart par les chefs de ménage et quelques membres du ménage qui
partageraient des valeurs similaires de propreté. Sur les vingt six
ménages possédant des latrines EcoSan, seulement huit
ménages laissent les enfants de six à dix ans les utiliser. Ils
évoquent deux faits. Le premier répond à un souci de
protection de l'état de propreté des installations. En effet,
pour ces chefs de ménage, les enfants utilisent mal ces latrines en
déféquant n'importe comment. C'est ce que traduisent les propos
de M. Assehou lorsqu'il affirme que « les enfants là « chient
» partout sur le W.C et c'est moi encore qui doit nettoyer ».
Le second fait répond à un souci de sanction. En
effet, les chefs de ménage gardent la clé de la latrine dans un
endroit secret pour punir les plus jeunes qui ne font rien pour rendre la
latrine propre. Ceux-ci sont donc obligés de se soulager dans la
nature.
Un fait est intéressant à souligner, il s'agit
de l'état de propreté des latrines. Sur vingt six latrines
visitées, quinze sont dans un très bon état, huit dans un
état acceptable et trois qui sont très sales.
Egalement, l'évaluation a permis de se rendre compte de
la qualité de la collecte des excréta. Lorsque nous menions
l'enquête, il se posait un problème d'indisponibilité du
matériel de ramassage. En effet, une brouette était en panne, ce
qui faisait que les bidurs de plusieurs ménages étaient remplis
et attendaient d'être
ramassés. Cette situation est déplorable et peut
avoir pour conséquence une reprise des vieilles habitudes de mictions
sauvages.
Quant à la réutilisation des excréta dans
les champs de paysans, on a pu, à travers l'enquête ménage
et informelle, recenser quatre personnes. Sans formation, préalable
ceux-ci ont expérimentés la fertilisation à l'urine et ont
eu les résultats suivants. Parmi ceux-ci nous ne retiendrons que deux
témoignages :
M. Assehou : « L'urine hygiénisée a
chassé les termites de mon champ, ma récolte de champ d'igname
était excellente et j'attends à ce que vous nous montriez
ouvertement comment les applications doivent se faire ».
M. Atchori Y., il s'est confessé en ces termes,
lorsqu'il a su que prendre de l'urine sans en avertir l'équipe EcoSan
n'était pas assorti de sanctions « L'urine là est bon
dèh ! Moi j'ai pris ça comme ça et j'ai mis dans mon
champ. Où j'ai mis là, vraiment l'igname a bien donné
».
Avec ces résultats, l'on est fondé à dire
que le projet EcoSan fonctionne assez bien même si elle connaît des
difficultés certaines.
III.2.2- LES CONTRAINTES DE TEMPS DUES AU
CHRONOGRAMME
DU PROJET
Comme tout projet, le facteur temps est très important.
Il faudrait atteindre un certain nombre d'objectifs dans un laps de temps bien
défini. Bien qu'intéressant, la contrainte de temps se heurte
à un certain nombre de principes socio-anthropologiques qui exigent
temps de familiarisation avec la communauté en question,
compréhension de la nécessité du projet par ladite
communauté et enfin, participation effective. Réunir ces trois
principes en un temps relativement court n'est pas chose aisée et peut
mettre en mal un projet de développement.
Lors de notre enquête, nous nous sommes rendu compte
d'un certain nombre de difficultés. La première était
relative aux choix des types de cuvette de défécation. En effet
les ruraux se plaignent pour la plupart des cuvettes turques
(position accroupie), ils auraient
préféré les cuvettes anglaises (assises). Les cuvettes
turques sont difficiles pour eux parce que lorsqu'ils vont
déféquer dans la lagune, ils adoptent une position mi-debout,
mi-assis ce qui évite que la chute des fèces ne fasse rebondir
l'eau sur leurs fesses. Ne pouvant adopter cette position pour les cuvettes
turques, ils se résignent à poursuivre leurs anciennes habitudes.
Pourquoi donc la méthode d'évaluation contingente n'a-t-elle pas
été utilisée pour permettre aux populations de faire leur
choix ?
La seconde difficulté est relative à la
contrainte de temps qui n'a pas permis en son temps de rencontrer l'ensemble de
la population de Petit Badien. Les jeunes notamment n'ont pas été
suffisamment impliqués comme les personnes âgées. Cela
s'est vérifié lors des entretiens de groupe que nous avons
réalisé avec les jeunes. Sur douze jeunes hommes
rencontrés, huit ne savent pas que les excréta
hygiénisés peuvent permettre la sédentarisation sur un
même espace agricole pendant plusieurs années, dix d'entre eux ne
savent pas que le projet EcoSan peut accroître substantiellement les
revenus et participer à la sécurité alimentaire du
village. Tous ne connaissent que la possibilité de faire de l'engrais
avec les excréta.
Voilà comment les contraintes de temps enrayent quelque
peu le fonctionnement du projet EcoSan.
III.3- LA DYNAMIQUE DE L'APPROCHE ECOSAN
Il y a dynamique d'une approche quand il y a capacité
à changer, à bouleverser des pratiques ou des pensées
existantes.
Dans le cadre de cette étude, il s'agit des changements
et des bouleversements que l'approche EcoSan suscite et génère au
niveau du village de Petit Badien. En effet, l'approche EcoSan a
entraîné des bouleversements au niveau de la cellule familiale,
des changements de logique de pensée de certains jeunes dans le
procès du travail et enfin, l'éveil de conscience des classes
d'âges sur les questions relatives à l'hygiène, à
l'assainissement et à la forte pression sur les terres arables.
III.3.1- LE BOULEVERSEMENT AU SEIN DE LA CELLULE
FAMILIALE
Au cours de l'enquête de terrain, il a été
observé un bouleversement de pratique au sein de certaines cellules
familiales où des ouvrages EcoSan (latrine et bidur) ont
été réalisés. En effet, les travaux d'entretien de
ceux-ci ne reviennent plus exclusivement aux femmes et aux enfants. Les chefs
de ménages (les hommes) aussi veillent à leur propreté.
Ils vont même jusqu'à en contrôler l'accès et
l'usage. D'ailleurs, il n'est pas rare de voir des hommes se munir d'un balaie
et rendre propre l'enceinte de leurs latrines. Lorsqu'ils ne sont pas
satisfaits de l'utilisation de leur latrine par une tierce (visiteur, enfants
ou même femme), ils leur interdisent l'accès. Aux seules personnes
jugées dignes, sont révélées le lieu où la
clef est gardée.
Quant à la collecte des urines des vases
utilisées à l'intérieur des maisons pendant la nuit, elle
se fait indifféremment par la femme, l'homme ou les enfants. L'homme
effectue souvent la collecte lorsqu'il a besoin d'urine pour la fertilisation
de son champ. En effet, il le fait pour s'assurer que le transvasement du vase
de nuit au bidur sera bien réalisé (c'est-à-dire que tout
le contenu rentre bien dans le bidur), chose qui était impensable par le
passé avant l'introduction de l'approche EcoSan.
Certaines femmes qui ont adopté l'approche,
n'hésitent pas à réaliser des travaux
d'étanchéité qui étaient du ressort de l'homme.
C'est le cas de Mme Atchori membre de la génération Ndrouman qui
à l'aide de matériaux de récupération, a
renforcé l'étanchéité des fosses de sa latrine
suite à une dégradation des plaques chauffantes causées
par les termites et les intempéries. Sachant bien que le confort de sa
latrine est fonction de l'imperméabilité de sa fosse et que la
saison des pluies marquait son grand retour, elle s'est personnellement
investie à le faire.
III.3.2- LE CHANGEMENT DE LOGIQUE DE PENSEE DANS LE
PROCES DU TRAVAIL
En pays Odzukru, la qualité d'un homme se mesure
principalement par sa capacité à se réaliser
matériellement et financièrement ; d'où l'importance
accordée au rite « d'Agbandzi » et l'admission d'une personne
âgée en qualité « d'Ebeb ». Or en milieu rural,
le moyen le plus sûr d'acquérir des biens matériels et
financiers, c'est le travail de la terre. Les cultures les plus prisées
sont donc celles qui permettent d'engranger rapidement beaucoup d'argent. Du
palmier à huile qui attirait toutes les convoitises, on est passé
à l'hévéaculture dont la tonne de caoutchouc se
négocie actuellement autour de 400F CFA/Kg, avec des récoltes
mensuelles. Dans pareille circonstance, posséder un champ
d'hévéaculture force le respect et devient un signe
hégémonique. Plus, un individu possède des superficies,
plus il est respecté. Cette logique ancrée dans la pensée
et la croyance communautaire, amène les jeunes ruraux à n'avoir
d'yeux que pour l'hévéaculture. Cependant, disposer de terres
arables pour créer de nouveaux champs devient impossible, tant la
pression foncière est forte. Conséquence, les jeunes
livrés à euxmêmes, demeurent longtemps sous tutelle
parentale et se livrent bien souvent à des actes délictueux.
Cette situation entraîne l'explosion des vols qui à leur tour,
suscite des conflits de plus en plus importants entre les classes d'âge
et tend même à freiner les initiatives de production.
Avec l'adoption de l'approche EcoSan par certains jeunes, il
faut noter un changement de logique de pensée dans le procès du
travail. D'abord, dans le choix des cultures d'exploitation et ensuite par la
technique culturale.
Dès que le CREPA Côte d'Ivoire a entrepris de
former les paysans à l'utilisation des excréta
hygiénisés dans leur propre champ, des jeunes paysans au nombre
de trois (3) ont décidé de faire du maraîchage et huit (8)
autres, de fertiliser leur champ de vivrier constitué d'igname, de
manioc et de banane plantain.
L'approche intégrée a stimulé les jeunes
ruraux à s'orienter vers une nouvelle logique de pensée et de
pratique culturale.
Les jeunes paysans formés dans le cadre du programme
EcoSan adhèrent aux techniques de fertilisation ; pratique qui
n'était justement pas ancrée dans leurs habitudes et pratiques
culturales. Avec l'approche EcoSan, certains représentants des classes
d'âge se rendent comptent de la nécessité de pratiquer une
agriculture intensive axée sur le vivrier.
III.3.3- L'EVEIL DE CONSCIENCE DES CLASSES D'AGE
L'approche EcoSan développée dans le village de
Petit Badien a concerné toutes les classes d'âge et a permis aux
Nigbessi, Ndrouman, M'borman et Sêtê de prendre conscience des
problèmes générés par leur modèle cultural,
leur logique de production, leur mode de vie et leur cadre de vie.
Les enquêtes auprès de la population ont
révélé une prise de conscience de la raréfaction
des terres arables, de la rentabilité du vivrier en
général et des légumes en particuliers. Cependant, cette
prise de conscience ne stimule pas les classes d'âges à mener des
actions concrètes. Cette léthargie peut s'expliquer dans un
premier temps par le fait qu'une série d'activités
génératrices de revenu comme la pêche et les travaux dans
les champs d'hévéaculture s'offre aux villageois. Ces
activités occupent quelque peu les jeunes et leur permet de disposer de
quelques ressources financières. Dans un deuxième temps, la
possibilité qui leur est offerte de rester jusqu'à un âge
assez mâture (35ans) auprès de leur géniteur, couve leur
esprit d'initiative et noie leur combativité. Ces deux situations
permettent d'expliquer la taxation de « paresseux » qui est
affublé aux jeunes hommes odzukru de Petit Badien.
Ce n'est pas peu dire que d'affirmer qu'il y a une prise de
conscience, mais celle-ci demeure sous le boisseau.
III.4- L'IMPACT DU PROJET ECOSAN
III.4.1- LA COMPARAISON DES ENQUETES SUR L'ETAT SANITAIRE
AVANT 2003 ET AUJOURD'HUI (2007-2008).
Nous avons entrepris de cerner l'impact du projet EcoSan en
saisissant le regard d'hier et d'aujourd'hui des enquêtés. Leurs
regards ont été exigés à trois niveaux. Sur le bord
lagunaire, sur les alentours des maisons et sur les abords des routes à
des différentes périodes.
Tableau n°11: Répartition des
enquêtés selon l'état du bord lagunaire avant 2003 et
aujourd'hui.
Année
|
Effectif
Etat du bord lagunaire
|
V.A
|
V.R
|
Avant 2003
|
Présence de fèces
|
17
|
36,95
|
Présence d'ordure ménagère
|
13
|
28,26
|
Odeur d'urine
|
05
|
10,86
|
Trop d'herbes
|
09
|
19,56
|
Propre
|
02
|
04,34
|
TOTAL
|
46
|
100
|
Auj ourd'hui
|
Présence de fèces
|
7
|
15,21
|
Présence d'ordure ménagère
|
10
|
21,73
|
Odeur d'urine
|
00
|
00
|
Trop d'herbes
|
11
|
23,93
|
Propre
|
18
|
39,13
|
TOTAL
|
46
|
100
|
A la lecture du tableau, il ressort qu'avant 2003, le bord
lagunaire était largement pollué par les fèces avec un
taux de plus de 36%, remarquent des enquêtés. Quant à la
présence d'ordures ménagères, le taux avoisine les 30%.
Seulement 4% des enquêtés trouvaient le bord lagunaire propre.
Aujourd'hui, la tendance semble s'inverser puisque l'on
remarque que près de 40% de la population interrogée trouve le
bord lagunaire propre. La présence des fèces a fortement
diminué puisque l'on est passé de 36% avant 2003 à 15%
aujourd'hui. Quant à la présence d'ordures
ménagères, la tendance semble se maintenir puisque de 28% on
passe à 21%. Cela s'explique par le fait que les
femmes qui habitent près de la lagune ne disposent pas
d'espace pour déverser leurs ordures ménagères.
Le tableau indique que le projet EcoSan a sensiblement
amélioré le bord lagunaire.
Tableau n°12: Répartition des
enquêtés selon ce qu'ils pensent des alentours des maisons avant
2003 et aujourd'hui.
Année
|
Effectif Alentours des maisons
|
V.A
|
V.R
|
Avant 2003
|
Présence de fèces
|
09
|
19,56
|
Présence d'ordure ménagère
|
07
|
15,21
|
Odeur d'urine
|
19
|
41,33
|
Trop d'herbes
|
04
|
8,69
|
Propre
|
07
|
15,21
|
TOTAL
|
46
|
100
|
Aujourd'hui
|
Présence de fèces
|
06
|
13,04
|
Présence d'ordure ménagère
|
06
|
13,04
|
Odeur d'urine
|
00
|
00
|
Trop d'herbes
|
11
|
23,92
|
Propre
|
23
|
50
|
TOTAL
|
46
|
100
|
A la lecture du tableau, il ressort qu'avant 2003, les
alentours des maisons puaient les odeurs d'urine. Ce constat est fait par plus
de 40% des enquêtés. Quant à la présence de
fèces et d'ordures ménagères cumulées, ce taux
dépasse les 30%. Ces taux portent à croire que les alentours des
maisons n'étaient pas épargnés par les mictions, les
défécations et les dépôts d'ordures sauvages.
Aujourd'hui cependant, la situation s'est
améliorée. En effet, 50% des enquêtés pensent que
les alentours des maisons sont plus propres. Tous sont d'accord pour affirmer
qu'il n'y a plus d'odeur d'urine aux alentours des maisons comme par le
passé. Cela pourrait s'expliquer par les bidurs qui sont disposés
aux alentours des maisons et par leur facilité d'utilisation.
Au regard des taux portés dans le tableau, il est juste de
dire qu'aujourd'hui, l'assainissement des alentours des maisons
s'améliore nettement.
Tableau n°13: Répartition des
enquêtés selon ce qu'ils pensent des abords des routes avant 2003
et aujourd'hui.
Année
|
Effectif Abords des routes
|
V.A
|
V.R
|
Avant 2003
|
Présence de fèces
|
12
|
26,08
|
Présence d'ordure ménagère
|
15
|
32,60
|
Odeur d'urine
|
09
|
19,56
|
Trop d'herbes
|
09
|
19,56
|
Propre
|
01
|
02,17
|
TOTAL
|
46
|
100
|
Aujourd'hui
|
Présence de fèces
|
06
|
13,04
|
Présence d'ordure ménagère
|
04
|
08,69
|
Odeur d'urine
|
03
|
06,52
|
Trop d'herbes
|
11
|
23,93
|
Propre
|
22
|
47,82
|
TOTAL
|
46
|
100
|
Le tableau montre que les abords des routes étaient
jonchés d'ordures et de fèces avec des taux respectifs de 32% et
de 26%. Quant aux odeurs d'urine et à la présence d'herbes, ils
atteignent chacun 19%. La quasi-totalité des enquêtés est
d'accord pour affirmer que les abords des routes étaient impropres avant
le lancement du projet EcoSan.
A la lecture des taux, l'on se rend compte qu'aujourd'hui, les
abords des routes sont relativement plus propres comme l'indique les 47% des
enquêtés. Seulement, l'on peut déplorer la présence
d'herbe que relève 23% des enquêtés.
Par ailleurs, lorsque l'on appréhende de façon
globale le bord lagunaire, les alentours des maisons et les abords des routes,
l'on se rend compte que l'insalubrité a reculé. Les
différents enquêtés l'ont affirmé à travers
les taux représentés dans les trois tableaux ci-dessus.
III.4.2- L'AMELIORATION DU CADRE DE L'ECOLE ET DES
CONNAISSANCES DES ENSEIGNANTS ET DES ELEVES SUR LES QUESTIONS
D'ASSAINISSEMENT
Comme conséquence du projet, on peut citer
l'amélioration des connaissances des enseignants et des
élèves sur les questions d'assainissement. En effet, le projet a
bâti sa stratégie de pérennisation en impliquant
l'école primaire du village. L'objectif visé étant
d'inculquer aux enfants de bonnes habitudes et de bons comportements. Ceux-ci
étant malléables, il serait plus aisé de faire d'eux des
acteurs exemplaires de la société. Plusieurs actions ont
été menées à leur endroit. Il s'agit de la
construction de deux blocs de trois cabines et d'une assistance technique et
matérielle pour la réalisation d'un jardin scolaire. A
côté de ces actions, il faut noter les formations
théoriques et pratiques qui sont organisées en extra à
l'attention des élèves des cours élémentaires et
des cours moyens. Les enseignants ne demeurent pas en reste puisqu'ils
bénéficient eux aussi de formations théoriques et
pratiques. Toutes ces actions ont contribué à soutenir
l'école dans ses activités de développement. A titre
d'exemple, on peut citer l'amélioration de la production du jardin
scolaire qui a permis de soutenir un tant soit peu la caisse de fonctionnement
de la cantine scolaire pendant l'année 2007. Aussi, peut-on
révéler l'amélioration du cadre de vie de l'école
par la réduction du taux de défécation sauvage. Au cours
d'une séance de formation théorique des élèves du
cours moyen deuxième année dans le mois de juin derrière
les salles de classe, on a pu enregistrer la réaction d'un des
élèves : « avant, on ne pouvait même pas respirer
l'air pendant les cours de l'après-midi, tellement les odeurs de
pipi1 et de caca2 gênaient, aujourd'hui on est
à l'aise ». Les propos de cet élève sont
approuvés par l'instituteur de la classe du cours
élémentaire première année, en l'occurrence M.
Silué. « J'ai le plus souffert dans cette situation, c'est juste
1 Pipi : terme familier désignant l'urine
2 Caca : terme familier désignant la
matière fécale.
derrière ma classe que les enfants et même les gens
du village venaient se soulager, grâce aux latrines et bidurs, les choses
vont beaucoup mieux ».
IV.4- LES RETOMBEES SOCIOECONOMIQUES ET
L'APPROPRIATION REELLE DE L'APPROCHE ECOSAN IV.4.1- L'INTERET DES
RURAUX ET LES RETOMBEES D'ECOSAN
Dans cette séquence, il a été
demandé aux populations d'opérer des choix suivants les
intérêts qu'ils portent pour les retombées ou les avantages
du projet par ordre de priorité.
Tableau n°14 : Répartition des
enquêtés selon l'intérêt qu'ils ont pour les
retombées d'EcoSan
Effectif Retombées EcoSan
|
Possède latrine et bidur
|
Possède bidur uniquement
|
Possède ni latrine ni bidur
|
TOTAL
|
V.A
|
V.R
|
V.A
|
V.R
|
V.A
|
V.R
|
V.A
|
V.R
|
1
|
Fertilisant
|
12
|
46,15
|
06
|
46,15
|
02
|
28,57
|
20
|
43,47
|
|
Sédentarisation sur les espaces (3 à 4
ans)
|
05
|
19,23
|
03
|
23,07
|
04
|
57,14
|
12
|
26,08
|
3
|
Disponibilité de denrée
alimentaire
|
03
|
11,53
|
01
|
7,70
|
01
|
14,29
|
05
|
10,86
|
4
|
Coût moindre de construction des
latrines
|
01
|
3,84
|
02
|
15,38
|
00
|
00
|
03
|
06,52
|
5
|
Amélioration de l'accès à la
terre
|
03
|
11,53
|
00
|
00
|
00
|
00
|
03
|
06,52
|
6
|
Amélioration du cadre de vie
|
02
|
7,69
|
00
|
00
|
00
|
00
|
02
|
04,34
|
7
|
Meilleur état de santé
|
00
|
00
|
01
|
7,69
|
00
|
00
|
01
|
02,17
|
TOTAL
|
26
|
100
|
13
|
100
|
07
|
100
|
46
|
100
|
Au regard du tableau, l'on constate que les populations qui
possèdent latrine et bidur et celles qui ne possèdent que des
bidurs marquent un intérêt particulier pour les
possibilités de fertilisation qu'offre le projet EcoSan à un taux
de plus de 45%. Pour eux en effet, pouvoir utiliser les sous-produits EcoSan
comme de l'engrais est la priorité parmi les sept retombées
offertes. Vient ensuite la possibilité de sédentarisation sur les
espaces culturales avec plus de 19% des deux
populations considérées. Cependant, l'on
remarque que les variables : amélioration du cadre de vie et meilleur
état de santé que peut procurer le projet EcoSan qui n'attire pas
véritablement la population. Ils occupent respectivement la 6è et
7è place. Moins de 5% des populations les considèrent comme
important.
Quant à la population qui ne possède ni latrine
ni bidurs, elle classe les variables : sédentarisation sur les sols en
priorité avec un taux de plus de 55%, tandis que les possibilités
de fertilisation sont en deuxième position avec moins de 30%. Cette
différenciation entre ces deux populations peut venir du fait qu'elles
n'ont pas bénéficié des mêmes informations.
De l'ensemble du tableau, il ressort que les populations
prises dans leur globalité ont un intérêt marqué
pour les retombées socioéconomiques. Cela peut se justifier avec
plus de 40% qui classent la fertilisation en première position, la
sédentarisation sur les sols en deuxième position
etc.et les retombées d'ordre socio
sanitaire en sixième et septième position avec respectivement
moins de 3% et 4% pour les variables : meilleur état de santé et
amélioration du cadre de vie.
IV.4.2- LES RURAUX ET LEUR DISPOSITION A FERTILISER
LEUR
CHAMP A L'URINE
Les techniques culturales adoptées et pratiquées
par des populations peuvent constituer un point de blocage pour l'introduction
de nouvelles techniques. C'est cette appréhension qui nous a
amené à établir cette répartition.
Tableau n°15 : Répartition des
enquêtés selon leur disposition à fertiliser leurs champs
à l'urine.
Effectif
Réponses
|
Possède latrine et bidur
|
Possède bidur uniquement
|
Possède ni latrine ni bidur
|
TOTAL
|
V.A
|
V.R
|
V.A
|
V.R
|
V.A
|
V.R
|
V.A
|
V.R
|
Oui
|
24
|
92,30
|
10
|
76,92
|
02
|
28,57
|
38
|
82,60
|
Non
|
02
|
07,70
|
03
|
23,08
|
05
|
71,43
|
08
|
17,40
|
TOTAL
|
26
|
100
|
13
|
100
|
07
|
100
|
46
|
100
|
Au regard du tableau, il ressort que la population qui
possède latrine et bidur et celle qui ne possède que bidur sont
fortement disposées à fertiliser leur champ à l'urine. On
note un taux de plus de 90% pour la première population
considérée et un taux de plus de 75% pour la seconde. Cependant,
la troisième population, en l'occurrence celle qui ne possède ni
latrine ni bidur semble ne pas être disposée à fertiliser
leur champ à l'urine avec un taux de plus de 70%.
Cette forte propension à ne pas être
disposée à fertiliser leur champ à l'urine peut provenir
d'un sentiment de frustration. En effet, certains ménages se sentent
oubliés et négligés par le projet EcoSan. Ils ne
comprennent pas pourquoi est ce qu'ils n'ont pas été doté
en bidur. A côté de cette explication, on peut aussi
évoquer le fait qu'ils ne sont pas suffisamment informés des
avantages et des enjeux.
IV.4.3- L'APPROCHE ECOSAN ET LA VISION DES RURAUX SUR
LES
EXCRETA EN TANT QUE FERTILISANT
L'approche EcoSan intègre-t-elle la philosophie ou
l'idéologie des ruraux ? En tant qu'approche, si elle est bien
développée, elle doit nécessairement l'être. Lors
des séances de focus group des patriarches, nous avons eu confirmation
de la conceptualisation de l'assainissement écologique en langage
Odzukru. En effet, il est rapporté au « lelougoun »
c'est-à-dire dépotoirs familiaux. Ces dépotoirs sont
situés à proximité de la brousse et jouxtent les
habitations. Ils servent de lieux de
dépôt des ordures ménagères et des
urines. Ils sont généralement utilisés par les
ménages issus d'une ou de plusieurs familles qui en assurent l'entretien
pour faciliter son accès lors des dépôts des ordures par
les adolescents et aussi lors des défécations. La gestion des
« lelougoun » relève de la responsabilité des femmes.
Une des caractéristiques du « lelougoun » est qu'il est un
lieu pratique de cultures agricoles, notamment la banane plantain, le taro, le
piment, la tomate, l'aubergine...
A travers le « lelougoun », les ruraux comprennent
et expliquent mieux l'approche EcoSan1. C'est d'ailleurs cette
analogie qui favorise l'adoption de l'approche.
1 N'DA C., 2007. Op.Cit, p28.
CONCLUSION
L'étude que nous avons menée sur le sujet :
« Obstacles socioculturels et dynamique de l'assainissement
écologique en milieu rural : cas de Petit Badien S/P de Dabou
», s'est déroulée dans de bonnes conditions. Elle nous a
permis de confronter nos hypothèses de recherche à la
réalité du terrain et de tirer des leçons.
En effet, Nous avons pu noter au cours de nos enquêtes
que les vieilles habitudes et les comportements sont difficiles à
modifier. Les changements enregistrés sont lents. C'est par exemple le
cas de défécations sauvages persistantes d'enfants et d'adultes
sur le bord lagunaire et dans la lagune. L'enquête a
révélé que 80% des chefs de ménage n'autorisent pas
les enfants à déféquer dans les latrines familiales,
d'où un taux de 55% de cette population qui continue de
déféquer sur les dépotoirs familiaux.
La majorité des enquêtés soutient que
l'utilisation des ouvrages ne pose pas problème et cela à un taux
de plus de 40%. Les seules difficultés sont d'ordre technique et sont
relatives au type de cuvette concédée.
Manger les produits issus de la fertilisation à l'urine
ou utiliser les excréta comme fertilisant ne constituent pas un souci
lorsque l'on fait référence aux dépotoirs familiaux sur
lesquels poussent des bananiers, tomates et autres qui sont habituellement
consommés1. A l'unanimité, tous reconnaissent avoir
déjà consommé des produits fertilisés en
fèces et à l'urines2.
Les techniques culturales des ruraux de Petit Badien ne
facilitent pas l'intégration de l'assainissement lorsque l'on oriente la
communication sur les seuls aspects des valeurs fertilisantes des
excréta (plus de 90% affirme ne pas fertiliser leur champ). Il faut
surtout associer à ce résultat, la sédentarisation sur
les
1 N'DA C., 2007, Op.Cit, p31
2 Enquête du 14 au 19 Avril 2008.
espaces agricoles et la sécurité alimentaire qui
règlent un problème reconnu par plus de 90% de la population,
à savoir la rareté des espaces agricoles et à la
rareté des produits vivriers dus aux nombreux espaces qu'occupe
l'hévéaculture.
De tout ce qui précède, il faut noter que notre
première hypothèse a été vérifiée.
L'appropriation réelle de l'assainissement écologique est bel et
bien fonction des représentations, des comportements et des techniques
culturales des ruraux.
Quant à la seconde hypothèse qui stipule que :
seules les retombées socioéconomiques d'EcoSan peuvent
véritablement et durablement permettre aux ruraux de s'intéresser
aux activités d'assainissement, elle a été aussi
vérifié. En effet, plus de 90% de la population de Petit Badien a
un intérêt marqué par les retombées
socioéconomiques produites par les retombées de l'approche EcoSan
au détriment des aspects socio sanitaires. La priorité pour eux
concerne l'obtention d'un engrais bon marché dont les prix ont
aujourd'hui quasiment doublé (le sac de 25 kg est passé de 15000
F à 32000 F CFA) et la possibilité de sédentarisation sur
les sols qui permet de régler en partie les questions d'accès
à la terre. En plus de ce qui précède, la
quasi-totalité des enquêtés s'est dite prête à
utiliser les excréta comme fertilisant si les résultats
escomptés étaient rentables économiquement. A partir des
discours des uns et des autres et des observations, il est juste d'affirmer que
la valeur économique tient une place importante dans les
sociétés rurales. Les plantations de palmier à huile
n'ont-elles pas été délaissées au profit des
plantations d'hévéaculture quand bien même que celles-ci
constituaient la base de leur alimentation (populations Odzukru) ?
Détenir une plantation d'hévéaculture aujourd'hui est
signe de puissance car celui-ci permet de gagner beaucoup d'argent (400 000
FCFA/tonne). La plante d'hévéa étant devenue le «
arikç » c'est-à-dire l'arbre de la guerre
en pays Odzukru.
Au regard des résultats, nous pouvons affirmer que les
objectifs de l'étude ont été atteints et que
l'assainissement écologique en milieu rural est une approche
viable qui peut impulser une dynamique d'amélioration
du cadre de vie, de la santé et de la production agricole. Mieux il peut
durablement favoriser un développement global et
intégré.
Cependant, il faut tenir compte de variables telles que les
représentations, les comportements, les habitudes culturales et les
retombées économiques.
Au terme de notre étude, nous apprenons que
l'assainissement associé aux réalités des populations,
à leur vie quotidienne et aux valeurs qu'ils défendent et
recherchent peut durablement être intégré. Cette approche
met en cause l'approche classique qui utilise comme seul vecteur de
communication, le cadre sanitaire qui n'est pas directement perçu par
les populations défavorisées quand ceux-ci ne sont pas dans une
situation critique de santé (cas d'épidémie par
exemple).
Les nouvelles perspectives qu'ouvre l'assainissement
écologique, sont une voie à explorer et à approfondir afin
de pouvoir agir de façon efficiente dans le milieu rural.
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TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE II
AVANT-PROPOS III
REMERCIEMENTS IV
SIGLES ET ABBREVIATIONS VI
LISTE DES TABLEAUX VIII
LISTE DES PHOTOGRAPHIES IX
INTRODUCTION 10
I.1- LA JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET 13
I.2- LA DELIMITATION DU CHAMP 14
I.2.1- LE CHAMP GEOGRAPHIQUE 14
I.2.2- LE CHAMP SOCIOLOGIQUE 15
I.3- LA REVUE DE LA LITTERATURE 17
I.3.1- Les paradigmes environnementalistes 17
I.3.2- LA PROBLEMATIQUE DE L'ASSAINISSEMENT 20
I.4- LA PROBLEMATIQUE 23
I.5- LES HYPOTHESES 28
I.6- LES OBJECTIFS 28
I.6.1- L'OBJECTIF GENERAL 28
I.6.2- LES OBJECTIFS SPECIFIQUES 28
I.7- LA DEFINITION DES CONCEPTS 29
I. 8- LA METHODE ET LES TECHNIQUES D'ENQUETE
34
I.8.1- LA METHODE D'ANALYSE 34
I.8.2- LES TECHNIQUES DE COLLECTE DE DONNEES 35
I.8.2.1- LA RECHERCHE DOCUMENTAIRE 35
I.8.2.2- L'OBSERVATION DIRECTE 36
I.8.2.3- LA PRE ENQUETE 36
I.8.2.4- L'ECHANTILLONNAGE 37
I.8.2.5- LES ENTRETIENS 40
I.8.2.5.1- L'entretien par questionnaire 40
I.8.2.5.2- Les entretiens semi-directifs 42
I.8.2.5.2.1- L'entretien individuel 42
I.8.2.5.2.2- Le focus group ou (l'entretien de groupe) 43
I.8.2.6- LE DEPOUILLEMENT 44
I.9- LES DIFFICULTES RENCONTREES 44
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DE PETIT BADIEN, DU CREPA
ET DU PROJET ECOSAN 46
II.1- LA PRESENTATION DE PETIT BADIEN 47
II.1.1- LA PRESENTATION GEOGRAPHIQUE ET DEMOGRAPHIQUE 47
II.1.2- L'HISTORIQUE ET LE PEUPLEMENT DE PETIT BADIEN 48
II.1.3- L'ORGANISATION SOCIOPOLITIQUE 49
II.1.3.1- LA HIERARCHIE DU VILLAGE 49
II.1.3.2- DE LA DESIGNATION DE LA CHEFFERIE TRADITIONNELLE 49
II.1.3.2.1- Le chef du village 49
II.1.3.2.2- Les notables 49
II.1.3.3- LE STATUT ET LES FONCTIONS DE LA CHEFFERIE
TRADITIONNELLE 50
II.1.3.3.1- Le chef du village 50
II.1.3.3.2- Les notables 50
II.1.3.4- LE SYSTEME DE CLASSE D'AGE 50
II.1.3.4.1- Le concept de classe d'âge 50
II.1.3.4.2- Le mode de recrutement 51
II.1.3.4.3- Le mode de fonctionnement 51
II.1.3.4.4- Les fonctions des classes d'âge 52
II.1.3.3- LES ACTIVITES ECONOMIQUES 52
II.1.3.4- LES ACTIVITES SOCIOCULTURELLES 53
II.1.3.5- LES INFRASTRUCTURES SOCIOECONOMIQUES 54
II.2- LA PRESENTATION DU CREPA 55
II.2.1- LA PRESENTATION DU RESEAU CREPA 55
II.2.2- LA PRESENTATION DU CREPA COTE D'IVOIRE 55
II.2.2.1- QU'EST CE QUE LE CREPA-CI 55
II.2.2.2- L'OBJECTIF DU CREPA-CI 56
II.2.2.3- LA MISSION DU CREPA-CI 56
II.2.2.4- LES STRATEGIES D'INTERVENTION 56
II.2.2.4.1- La formation 57
II.2.2.4.2- L'information et la documentation 57
II.2.2.4.3- La recherche, l'accompagnement et l'étude
57
II.2.2.4.4- L'Expertise, le Conseil et l'Appui 58
II.2.2.5- L'ORGANISATION DU CREPA-CI 58
II.2.2.6- LE PERSONNEL 59
II.2.2.7- L'EXPERIENCE DU CREPA-CI 59
II.2.2.8- LES PARTENAIRES 60
II.2.2.8.1- Les institutions partenaires 60
II.2.2.8.2- Le financement 61
II.2.2.9- LES PROJETS EN COURS 61
II.3- LA PRESENTATION DU PROJET ECOSAN 62
II.3.1- QU'EST CE QUE LE PROJET ECOSAN ? 62
II.3.1.1- LA PRESENTATION DES EQUIPEMENTS ECOSAN 62
II.3.1.1.1- Le bidur 62
II.3.1.1.2- La latrine EcoSan 62
II.3.1.2- L'OBJECTIF DU PROJET ECOSAN 64
II.3.1.3- Le PRINCIPE DU PROJET ECOSAN 64
II.3.1.4- LA STRATEGIE D'ACTION 65
II.3.1.5- LA GESTION DU PROJET 65
II.3.1.6- L'EQUIPE LOCAL D'ECOSAN 66
II.3.1.6.1- Le personnel 66
II.3.1.6.2- Les rôles et le fonctionnement 66
II.3.1.6.3- La rémunération 66
II.3.1.7- LES ACTIVITES 66
II.3.1.7.1- Les réunions de l'équipe EcoSan 66
II.3.1.7.2- L'acquisition de matériels et les
équipements divers 67
II.3.1.8- LES DIFFICULTES 67
TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES DONNEES RECUEILLIES
68
III.1- LES OBSTACLES SOCIOCULTURELS QUI FREINENT LA
DYNAMIQUE D'ECOSAN 69
III.1.1- LES DIFFICULTES RELATIVES A L'UTILISATION DES LATRINES
ECOSAN 69
III.1.2- LES DIFFICULTES DE GESTION DES OUVRAGES ECOSAN 70
III.1.3- LA PERSISTANCE DES « MAUVAISES » HABITUDES
71
III.1.4- LE TRANSPORT DES EXCRETA 73
III.1.5- L'INFLUENCE DE L'HEVEA CULTURE ET DE LA VILLE 74
III.1.6- L'EXISTENCE DE COMITE DE GESTION DE L'HYGIENE 75
III.1.7- LA TAILLE DES MENAGES 76
III.2- LES FACTEURS LIMITANT DU PROJET ECOSAN
77
III.2.1- LE FONCTIONNEMENT DU SYSTEME ECOSAN 77
III.2.2- LES CONTRAINTES DE TEMPS DUES AU CHRONOGRAMME DU PROJET
78
III.3- LA DYNAMIQUE DE L'APPROCHE ECOSAN 79
III.3.1- LE Bouleversement au sein de la cellule familiale 80
III.3.2- LE CHANGEMENT DE LOGIQUE DE PENSEE DANS LE PROCES DU
TRAVAIL 81
III.3.3- L'EVEIL DE CONSCIENCE DES CLASSES D'AGE 82
III.4- L'IMPACT DU PROJET ECOSAN 83
III.4.1- LA COMPARAISON DES ENQUETES SUR L'ETAT SANITAIRE AVANT
2003 ET AUJOURD'HUI
(2007-2008). 83 III.4.2- l'AMELIORATION DU CADRE DE L'ECOLE
ET DES CONNAISSANCES DES ENSEIGNANTS ET
DES ELEVES SUR LES QUESTIONS D'ASSAINISSEMENT 86
IV.4- LES RETOMBEES SOCIOECONOMIQUES ET L'APPROPRIATION
REELLE DE L'APPROCHE ECOSAN 87
IV.4.1- L'INTERET DES RURAUX ET LES RETOMBEES D'ECOSAN 87
IV.4.2- LES RURAUX ET LEUR DISPOSITION A FERTILISER LEUR CHAMP A
L'URINE 88
IV.4.3- L'APPROCHE ECOSAN ET LA VISION DES RURAUX SUR LES EXCRETA
EN TANT QUE FERTILISANT 89
CONCLUSION 91
BIBLIOGRAPHIE 94
II- OUVRAGES DE METHODOLOGIE 94
TABLE DES MATIERES 99
ANNEXES
ANNEXES
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