L'informatisation des bibliothèques universitaires algériennes : état des lieux et perspectives d'avenir( Télécharger le fichier original )par Hakim BENOUMELGHAR Université d'Alger - Magister en bibliothéconomie et sciences documentaires 2002 |
Sciences humaines et socialesSciences et techniquesSciences médicales et biologiques Les réponses données à ces trois premières questions, portant sur les établissements de rattachement des bibliothèques, l'année de leur ouverture et les domaines scientifiques couverts par leurs fonds documentaires sont présentées dans le tableau suivant : Figure 6 : Etablissements tutélaires des bibliothèques universitaires et les disciplines couvertes par leurs fonds documentaires
* SHS : Sciences humaines et sociales * ST : Sciences et techniques * SMB : Sciences médicales et biologiques Nous remarquons, d'après les données qui figurent sur ce tableau, que les bibliothèques universitaires sont de création assez récente. Hormis, deux établissements datent de l'époque coloniale : l'Université d'Alger et l'Ecole nationale polytechnique (ENP). Le reste des établissements universitaires est créé durant les années post-indépendance. A propos des spécialités universitaires couvertes, les collections que détiennent ces bibliothèques sont dans leur majeure partie diversifiées. Douze bibliothèques (8 BU et 4 BCU) déclarent qu'elles possèdent des collections dans les trois grands domaines : sciences humaines et sociales (SHS), sciences et techniques (ST) et les sciences médicales et biologiques (SMB). Quatre bibliothèques disposent de fonds documentaires dans deux domaines (Université d'Annaba, CU de Béchar, CU de Guelma, et l'ENP) et une bibliothèque (celle de l'USTHB) se trouve spécialisée dans les sciences et techniques. Ceci est dû à la vocation même de cet établissement qui dispense des programmes d'enseignement dans les sciences exactes et les sciences de l'ingénieur. Nous constatons également que les ressources documentaires dont disposent certaines bibliothèques ne correspondent pas d'une manière systématique aux filières universitaires enseignées par leurs établissements de rattachement comme signalée dans le Guide des établissements universitaires établi par le MESRS qui nous a permis de croiser les données communiquées par les responsables des bibliothèques et les données qui y figurent sur ces établissements là. Cette remarque s'applique sur la BU-Emir Abdelkader de Constantine qui possède des documents en sciences et techniques, mais l'Université tutélaire ne dispense pas de programmes que dans les sciences islamiques et les sciences humaines. Cette remarque s'applique aussi aux bibliothèques des centres universitaires de Béchar, Guelma, Oum-El-Bouaghi et Laghouat. Les sciences humaines et sociales sont couvertes par les bibliothèques des trois premiers CU, alors qu'aucune des filières dispensées dans ces établissements ne peut être classée dans les humanités. Cette situation engendre inéluctablement une sous-exploitation d'une partie des fonds documentaires des bibliothèques concernées. 4- De quels types de documents et en combien de titres est constitué votre fonds documentaire ? Les responsables des bibliothèques ont été sollicités de compléter un tableau qui présente plusieurs types de documents, ainsi qu'une catégorie ''Autre'' pour mentionner les autres formes de documents dont ils disposent et qui n'y figurent pas. Les données communiquées sont présentées dans le tableau ci-dessous. Figure 7 : Les ressources documentaires des bibliothèques universitaires
De ce tableau se dégage la composition des fonds documentaires que recèlent les 17 bibliothèques qui ont répondu à la question. La BU d'Alger s'avère être la mieux pourvue en nombre de titres d'ouvrages qui s'élève à 200 000 titres. Suivie de la BCU de Laghouat qui détient 61 103 titres, la BU-Mentouri de Constantine qui dispose de 52 525 titres. Les autres bibliothèques disposent de collections d'ouvrages moins importantes à celles qui viennent d'être citées. Le nombre de titres les concernant varie entre 46 888 (BCU-Djelfa) à 38 792 (BU de Boumerdès). Egalement pour les publications en série la BU d'Alger se trouve de loin la mieux dotée puisque elle dispose de 4 200 titres. Les autres bibliothèques d'université et de centres universitaires recèlent des collections maigres en comparaison avec la BU précitée. Elles oscillent entre 50 titres pour la BCU de M'Sila et 670 pour l'ENP. Des bibliothèques de centres universitaires se trouvent paradoxalement plus riches en périodiques que celles des universités. A titre d'exemple, la BCU-Béchar et la BCU-Djelfa qui disposent respectivement de 834 et 389 titres et de l'autre coté les BU de Blida et de Boumerdès qui détiennent respectivement 62 et 184 titres de périodiques. La bibliothèque centrale de l'Université d'Alger dispose aussi du plus grand nombre de thèses et mémoires (150 000 titres). Cela s'explique par le fait que cet établissement est le plus ancien du genre en Algérie. Sa création remonte au début du siècle dernier (1909), et les cycles de post-graduation ont été lancés très tôt par rapport au reste des établissements. Ajouté à ceci le fait que cette BU a acquis un nombre important de thèses étrangères, dans le cadre d'accords d'échanges avec ses homologues étrangères notamment européennes. Documents produits essentiellement par les universités de rattachement des bibliothèques, les thèses et mémoires sont signalés par la plupart des bibliothèques, toutefois avec des différences notables. La BCU-Béchar ne détient que 25 titres, même si cet établissement date de 1986. Est-ce que le dépôt de ces documents n'est pas toujours respecté par les étudiants ? Est-ce que le chiffre donné par le responsable de la bibliothèque est erroné ? Est-ce que la BCU de Béchar et les autres BU et BCU qui ont des fonds thèses de taille insignifiante ne manifestent pas d'intérêt à acquérir ces documents ? Cinq bibliothèques ont signalé qu'elles possèdent des microformes. Le nombre de titres varie entre 10 et 2 000. Les bases de données sur cédéroms sont des sources bibliographiques dont les bibliothèques universitaires doivent acquérir. Ces catalogues informatisés sont édités par des centres spécialisés en IST (ex. l'INIST français ou la British Library). Elles sont spécialisées ou multidisciplinaires. Elles répertorient généralement les articles de périodiques et les actes de séminaires. Ces supports sont très peu disponibles dans les bibliothèques universitaires algériennes. Six bibliothèques uniquement ont mentionné leur disponibilité qui va d'un seul titre à 25 (BU-Annaba). Cependant les bases de données bibliographiques sont largement utilisées par les universitaires et les bibliothèques universitaires au profit de leurs usagers. C'est ce qu'a montré l'étude259(*) que nous avons réalisée sur l'exploitation des BdD diffusées par les services compétents du CERIST. Les communautés universitaire (qui comprend : universités, centres universitaires, écoles supérieures, instituts, bibliothèques universitaires) et hospitalo-universitaire arrivaient en tête dans le classement des catégories d'usagers de ces sources d'information avec un taux global 84,02 %. Les conservateurs en chef des bibliothèques universitaires ont évoqué la disponibilité d'autres types de documents. Des cartes géographiques, manuscrits, cassettes, des cédéroms ou des articles. 5- Combien d'enseignants, d'étudiants et d'utilisateurs extérieurs sont inscrits auprès de votre bibliothèque ? Le tableau ci-dessous donne le nombre d'utilisateurs suivant ces trois catégories.
Figure 8 : Les publics utilisateurs des bibliothèques universitaires Nous constatons que le nombre d'enseignants et d'étudiants inscrits dans les bibliothèques universitaires (BU et BCU) est en deçà du nombre total de ces deux catégories. Pour l'Université d'Alger, seulement 39,7 % des enseignants qui y sont affiliés fréquentent la bibliothèque centrale de l'établissement. Leur nombre, pour l'année 2000/2001, indiqué dans le Guide des établissements universitaires s'élève à 2 770 enseignants. Même constat concernant le nombre d'étudiants inscrits à la bibliothèque. Il est de l'ordre de 12 000 sur 70 973 étudiants que compte cette université. Ce constat est presque le même pour les grandes universités (Annaba, Mentouri, Tizi-Ouzou). Des questions viennent à l'esprit en voyant ces chiffres : Ø pourquoi les bibliothèques universitaires n'attirent pas grand nombre d'étudiants et d'enseignants pour s'y documenter ? Ø est-ce que les capacités des bibliothèques universitaires en matière d'accueil et de satisfaction des besoins documentaires sont en deçà des attentes de leurs publics ? Les bibliothèques des centres universitaires accueillent par contre presque le même nombre d'étudiants et d'enseignants qui sont affiliés à ces établissements. Cette remarque s'applique à plusieurs établissements de ce type (M'Sila, Oum-El-Bouaghi, Laghouat). A titre d'exemple, sont inscrits au centre universitaire de M'Sila 8 205 étudiants en graduation, 48 en post-graduation et 176 enseignants, ce qui donne au total 8 429 utilisateurs potentiels. Le public réel de la bibliothèque du CU se chiffre à 8 000 utilisateurs, ce qui donne un taux d'inscription et de fréquentation considérable de l'ordre de 94,91 %. Concernant la catégorie ''utilisateurs extérieurs'' qui est composée de professionnels, anciens étudiants de l'université, lycéens préparant le baccalauréat ou des étudiants inscrits dans d'autres établissements universitaires, elle est indiquée dans bon nombre de bibliothèques : 2 000 utilisateurs extérieurs sont inscrits à la BU-Alger, 1 000 pour la BU-Mentouri de Constantine et rien que 12 pour la BCU-Béchar. 8 bibliothèques sur les 17 répondantes à notre questionnaire n'évoquent pas l'existence d'utilisateurs extérieurs à l'établissement de rattachement de ces dernières. Cette restriction au seul public issu de l'université mère peut s'expliquer par différentes raisons : manque d'espace d'accueil, pauvreté du fonds documentaire, ou par encore la non prise en considération des besoins exprimés par les lecteurs extérieurs à l'université. Cette situation fait que les bibliothèques universitaires concernées, institutions culturelles et du savoir, ne jouent aucun rôle et aucun impact sur le public extérieur en général, contrairement à ce qui est courant dans les BU du monde développé. Celles-ci, en effet, constituent un moyen de réussir une reconversion professionnelle pour des personnes voulant changer de métier, ou un réservoir de connaissances qu'on exploite à loisir pour préparer des recherches ou tout simplement pour se cultiver. En ratio par utilisateur (voir figure 9), la situation des collections documentaires dans les différentes bibliothèques est la suivante : Si on rassemble tous les types de documents (monographies, périodiques et thèses) que détient la BU d'Alger. Cela donne 27,03 documents, tous types confondus, pour un utilisateur. Cette bibliothèque est suivie par celle de l'ENP où le ratio documents par utilisateur est de 14,48. Ensuite viennent les bibliothèques centrales de Laghouat (13,57), de l'Emir Abdelkader (9,64) et de Djelfa (7,68). Dans les autres bibliothèques, l'offre de documents est insuffisante. Le ratio document/utilisateur dans celle-ci, y compris les bibliothèques des grandes universités (Annaba, Mentouri, USTHB), varie entre 1,1 (CU de Guelma) et 3,84 (CU de Béchar). Par type de documents, et concernant les ouvrages, la BU d'Alger arrive en tête avec 15,26 titres par utilisateur. Suivie de la BCU de Laghouat avec 13,37 et la BU de l'Emir Abdelkader avec 9,09 titres par usager. L'écart est très large entre ces bibliothèques et les autres démunies en ressources monographiques. La BU de Tizi-Ouzou enregistre même le taux le plus bas : 0,86 titre par utilisateur. Si on essaye de comparer la situation des ressources documentaires des BU algériennes à leurs homologues des pays industrialisés, ce qui n'est pas toujours évident vu les différences qui les séparent, le déficit en livres est criant. Pour les ouvrages, « En 1999, chaque étudiant allemand avait en moyenne à sa disposition 153 livres.»260(*). La situation est moins critique en comparaison avec un pays comme la France. « En France, en 1998, cette moyenne était de 18 livres. »261(*)
Figure 9 : Ressources documentaires des BU pour l'exercice 1999/2000 : ratios par utilisateurs 1) Il s'agit de l'ensemble des étudiants et des enseignants inscrits, les utilisateurs extérieurs ne sont pas comptés 2) C'est l'ensemble des titres de monographies, de périodiques et de thèses L'offre en publications en série, documents d'importance capitale notamment pour les étudiants avancés et les enseignants-chercheurs est insignifiante également, lorsqu'on a des ratios qui oscillent entre 0 et 0,86 titre par utilisateur. Avec presque un titre de périodique par utilisateur, la BU de Tizi-Ouzou semble être l'institution où l'offre est moins catastrophique. Les documents de type thèses et mémoires universitaires sont peu disponibles dans les bibliothèques universitaires algériennes. Exception faite de la bibliothèque centrale d'Alger qui assure le nombre de 11,45 titres à chaque utilisateur, la situation dans les autres bibliothèques n'est guère reluisante. La bibliothèque de l'ENP, classée deuxième, accuse une proportion d'une thèse et demie par usager. 6- Quel est l'effectif de votre bibliothèque ? Par cette question, nous avons voulu connaître le nombre de postes qualifiés dans chaque bibliothèque. Les responsables des bibliothèques ont été sollicités d'indiquer l'effectif du personnel bibliothéconomique suivant les catégories admises par les textes réglementaires qui régissent ce corps de professionnels. Les données obtenues sont présentées dans le tableau ci-dessous. * 259 -BENOUMELGHAR, Hakim.- Politique de communication et étude statistique sur l'exploitation des bases de données disponibles au DIST/CERIST : 1990-1998.- Mémoire de licence en bibliothéconomie, Université d'Alger, 1999. 63p. * 260 AROT, D.- Les bibliothèques des universités en Allemagne...Op. cit. p.17. * 261 Ibid. |
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