II.4.3 L'objet et la qualité des
illustrations.
L'analyse ici tourne autour de certaines questions qui nous
sont inspirés des 216 questions de RICHAUDEAU (certaines sont
consignées en annexes) dont les principales portant sur la
qualités des illustrations sont les suivantes :
- les illustrations sont-elles en majorité d'une bonne
qualité esthétique ?
- sont-elles pour la plupart imprimées en quatre
couleurs ?
- dans le cas des tirages en une couleur, la tonalité
du noir a-t-elle été soigneusement choisie afin qu'elle soit
agréable pour la vue ?
Notons d'entrée de jeu que, aucune illustration, ni
dans L.F. 6e ni dans F.6e n'est fait en quadrichromie.
Les illustrations varient entre de simples dessins à main levée
et quelques photographies traitées en une seule couleur (noir sur blanc
ou en couleur simple).
Dans L.F. en 6e, en dehors des illustrations des
pages 28, 32, 36, 38, 56, 72, 80, 112 et 116 qui paraissent acceptables au
niveau de la qualité, la majorité des images sont des dessins
caricaturés à la main simple et souvent pas facilement
identifiable pour un jeune de la classe de 6e.
En revanche, F.6e semble faire un effort notoire au
niveau ; les dessins paraissent beaucoup plus visibles par rapport
à ceux du précédent manuel. De même, les
photographies bien qu'étant dans un fond noir sont identifiables tout de
même.
II.4.4 le prix
Notons tout d'abord que, les différentes informations
obtenues auprès des librairies(Librairie Saint-Paul, librairie EUREKA)
nous ont permis de constater que le coût de nos manuels varie d'une
librairie à une autre, d'un milieu rural à un milieu urbain, le
premier subissant toujours la surfacturation due aux frais de transport. Ainsi,
l'enquête que nous avons menée nous permet de ressortir les
différents prix suivants pour ces manuels :
Tableau n°12 Grille des prix de vente
des manuels scolaires.
Manuels
|
Prix de vente maximum exigé
|
Prix récurent sur le marché
|
L.F.6e (livre de l'élève)
|
2200 frs
|
2750 frs
|
L.F.6e (livret d'activité
|
1300 frs
|
2000 frs
|
F.6e
|
2600 frs
|
3160 frs
|
Notons ici que les prix de vente sont de loin
supérieurs à ceux prévus sur le protocole des prix
Messapresse (voir annexes)
III. INTERPRÉTATION ET VÉRIFICATION DES
HYPOTHÈSES DE RECHERCHE
Après l'étape précédente qui a eu
pour objectif de faire une analyse de nos deux manuels sous la base de la
grille élaborée, cette nouvelle orientation consiste à
présent à dégager une interprétation plausible
à partir des données obtenues de l'évaluation. Celle-ci
nous permettra de vérifier nos différentes hypothèses de
recherche.
D'entrée de jeu, il convient de noter que tous les
points de notre grille n'ont pas été vérifiés de
façon positive dans l'analyse. En effet, les différents
critères appliqués au corpus ont montré à chaque
niveau certaines insuffisances flagrantes dans la conception desdits manuels.
On pourra signaler ici : la non contextualisation des objectifs
éducationnels dès l'avant-propos, le déséquilibre
notoire entre les éléments de l'intérieur et ceux de
l'extérieur. On citera par exemple la supériorité des
textes français, et la forte influence des éléments du
contexte Ouest africain dans le contenu des deux manuels ; ce qui
supplante de loin ceux du contexte camerounais. Tout ceci en plus de la
précarité des matériaux utilisés pour la
fabrication desdits manuels nous poussent à confirmer sans ambages notre
hypothèse générale selon laquelle les manuels scolaires
inscrits au programme de l'école camerounaise connaissent une
insuffisance pour ce qui est de leur adaptation au contexte socioculturel et
pédagogique national.
Par ailleurs, le flou qui demeure autour de l'identité
des auteurs des manuels scolaires de notre corpus suscite bien
d'inquiétudes qui pourraient nous amener à croire que ces manuels
sont conçus par les occidentaux d'une part (les français pour ce
qui est de L.F.6e) ou avec une certaines collaboration des auteurs
africains d'autre part (en majorité Ouest africain) pour le cas de
F.6e. D'une manière ou d'une autre, on note la dominance de
l'édition étrangère qui aurait eu une grande influence sur
le contenu des différents manuels.
Au niveau de l'hypothèse secondaire n°1 qui
portait sur l'absence d'une véritable politique d'édition, on
peut ici le vérifier à différents niveaux. Tout d'abord,
nous avons remarqué pendant l'analyse que les deux manuels
étaient totalement édités par les étrangers
(Edicef, Hatier international) sans grand lien signalé avec
l'environnement camerounais. D'autre part, l'on note qu'au Cameroun,
l'administration définit non seulement les critères de choix de
manuels au programme, mais aussi joue en même temps le rôle de
sélecteur des manuels à utiliser sur l'étendue du
territoire national. La publication annuelle d'une liste officielle des manuels
scolaires en est ici une pièce à conviction. Ceci permet de lever
le voile sur la non consultation des autorités scolaires ou conseil
d'établissement formé par les professeurs qui en
réalité élaborent pourtant le projet pédagogique,
guide de gestion des contenus des différentes disciplines, auxquelles
s'arriment les manuels.
Un autre élément majeur de notre analyse portait
sur la spécification des programmes en vigueur au premier cycle dans les
différents textes et exercices des manuels. On a pu relever que les
différents manuels décrivaient plusieurs points des programmes,
mais aussi contenaient des éléments absents dans les programmes.
Par ailleurs, certains manuels comme L.F.6e se comportant comme de
véritable programme ou bien comme des nouveaux programmes on
pourrait dégager un résultat mitigé à notre
hypothèse no 2. Car loin d'être en inadéquation
avec les programmes, nos deux manuels ont plutôt intégré
certains points de la nouvelle didactique du français (image, typologie
des textes) qui sont absents dans les programmes du premier cycle du fait de la
non régulation de ces derniers depuis leur mise sur pied.
Notre hypothèse n°3 portait sur les effets pervers
de la politique du livre scolaire qui supplanteraient les
préoccupations pédagogiques. Pour les vérifier, nous avons
analysé plusieurs aspects du manuel :
- la qualité du matériel (couverture, reliure,
mise en page, impression...) qui n'est pas assez fameux, encore moins
adaptée à l'âge de ses utilisateurs qui sont ici les
enfants de classe de 6e.
- l'éclatement du manuel de l'élève en
deux : livre de l'élève, livret d'activités qui est
ici plus une politique économique que pédagogique ;
- la variation (croissante) du coût d'un manuel sous le
fait de la libéralisation du marché qui laisse libre cours
à la décision du prix par les éditeurs et les libraires,
ceux étant le plus souvent en quête du profit, ignorant ainsi la
grille des prix maxima exigés pour chaque manuel (cf.annexes <<bon
de commande 2002-2003>>).
Tous ces éléments font donc du manuel scolaire
une marchandise où la réalisation des bénéfices
passe avant la portée pédagogique du produit.
TROISIÈME PARTIE
PROPOSITIONS ET PERSPECTIVES DE RENOUVEAU
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