INTRODUCTION GÉNÉRALE
L'aptitude à contextualiser permet de situer toute
information dans une relation avec son environnement culturel, social,
économique et politique
M.Wambach, Méthodologie des
langues en milieu multilingue. La pédagogie convergente
à l'école fondamentale, Bruxelles, CIAVER, 2001, p.123
Considéré comme puissant vecteur d'information,
structuration ou d'organisation des connaissances, et enfin grand moyen
d'appréhension du monde extérieur par l'élaboration de son
contenu, le manuel scolaire est l'une des questions à la fois des plus
importantes et des plus controversées de la pédagogie
contemporaine.1(*) En effet,
partant de quelques conceptions historiques, on remarque que le débat
sur ce dernier se situe au plan pédagogique, idéologique,
économique et politique. Dans la majorité des cas et des pays,
souligne F. RICHAUDEAU:
Le manuel scolaire reste le média le plus
économique, et il est toujours, de loin, le plus employé
puisqu'il absorbe à ce jour 85% des dépenses mondiales de
matériel pédagogique.2(*)
Par ailleurs, cette discussion sur le livre scolaire porte
aussi sur sa place, son rôle au sein du processus éducatif. Tandis
que les uns le considèrent comme un instituteur en chef,
d'autres prennent plutôt des positions méfiantes
vis-à-vis de celui-ci. Ainsi, J.-J. ROUSSEAU cité par G. MIALARET
affirme : Je hais les livres, ils n'apprennent qu'à parler de
ce que l'on ne sait pas.3(*)
On voit aussitôt naître le problème de
contextualisation des manuels ou méthodes scolaires, qui constitue ici
la toile de fond de notre travail de recherche. En réalité, ce
problème a été souligné dans les différents
textes fondateurs de la République du Cameroun. La présente
étude s'inscrit en droite ligne des recommandations des Etats
généraux de l'éducation au Cameroun4(*), qui suggèrent la
nécessité d'introduire dans les programmes des écoles de
formation des formateurs, des enseignements sur la conception, la
rédaction, l'analyse et l'évaluation des manuels scolaires.
Nous avons choisi pour notre travail les manuels de lecture
(textes et activités) vu l'intérêt et la diversité
dont fait preuve leur contenu, du point de vue de la variété des
textes et des écrivains utilisés. Bien plus, le choix du sujet a
été motivé par un bon nombre de constats, notamment :
le changement permanent des manuels de français aux programmes, la quasi
absence d'une édition locale, le décalage remarqué entre
le contenu des manuels et le contexte socio-culturel et national des
élèves camerounais, la précarité de l'aspect
matériel des manuels inscrits sur la liste officielle et enfin la
non-conformité totale entre ces manuels et les programmes de
français au premier cycle.
Ainsi, ce travail de recherche intitulé : la
contextualisation des méthodes d'enseignement/apprentissage du
français au Cameroun : les cas des méthodes Le
français en 6e et Français 6e
(Indigo), part de l'hypothèse générale selon laquelle les
manuels de français inscrits sur la liste officielle présentent
des insuffisances pour ce qui est de leur adaptation au contexte socio-culturel
et pédagogique national. Ceci étant, les questions que nous nous
posons sont les suivantes : comment parvenir de façon
concrète, au Cameroun à une nationalisation non seulement de
l'école mais aussi de l'éducation et du livre scolaire tout en
restant ouvert au monde extérieur ? Comment parvenir à
insérer les enseignants et les collectivités locales dans la
conception et le choix des manuels scolaires ? Quel doit être le
véritable rôle de l'administration dans la gestion de ce
matériel didactique ?
Cette étude a pour objectif majeur de trouver un moyen
pouvant contribuer à l'élaboration d'un manuel de français
contextualisé, dans lequel autant l'administration, les autorités
scolaires, les enseignants et les collectivités locales auront chacun un
rôle à jouer.
Ce travail se construira autour de trois grandes parties
comprenant deux chapitres à la première et la deuxième
partie et un seul chapitre à la troisième partie.
La première partie : cadre
théorique, portera sur la revue de la littérature et la
présentation du point d'ancrage politique de l'étude : les
textes fondateurs, et la théorie de référence : la
pédagogie convergente.
La deuxième partie : cadre
méthodologique et opératoire
constituera l'étape charnière de notre travail ; elle
consistera en la construction de l'outil d'analyse et à son application
au corpus de l'étude.
La troisième partie : propositions et
perspectives de renouveau s'attellera aux propositions
théoriques et à la construction d'une grille modèle pour
l'élaboration d'un manuel de français contextualisé.
PREMIÈRE PARTIE
LE CADRE THÉORIQUE
Une oeuvre scientifique ne peut créer de
rupture annulant le chemin qui l'a rendue possible, elle est donc à la
fois tournée vers le passé dont elle hérite et vers
l'avenir qu'elle propose
I .PRIGONINE et
I.STENGER, Entre le temps et l'éternité, Paris,
Fayard, 1998, p.12.
Dans cette première partie portant sur le cadre
théorique de notre recherche, il sera question pour nous, de faire
ressortir tout d'abord, dans un premier chapitre, un état des lieux sur
le phénomène de la contextualisation des méthodes suivant
différents points de vue. Cet état de la question sera suivi de
la problématique de l'étude et de l'élaboration des
hypothèses de recherche. Dans un second chapitre, nous essayerons de
présenter le point d'ancrage politico-juridique (les textes fondateurs)
et la théorie de référence sous-tendant notre
recherche : La pédagogie convergente ; puis la construction de
l'objet d'étude suivie de l'exposé de la méthodologie
générale.
CHAPITRE I : LA REVUE DE LA LITTÉRATURE
La revue de la littérature est l'ensemble des travaux
qui ont été réalisés sur un thème et pouvant
servir de point de départ à de nouvelles recherches. Elle porte
aussi sur les ouvrages généraux ou spécifiques ayant un
rapport direct ou non avec la recherche à effectuer.
Pour O. AKTOUF, la revue de la littérature est :
L'état des connaissances sur un sujet, c'est
en fait un inventaire des principaux travaux effectués sur un
thème, c'est une étape qui permet à partir des travaux
étudiés d'envisager de nouvelles orientations. 1(*)
On peut donc dire que cet état des lieux
théoriques permet de faire le point sur les réalisations
antérieures en vue d'apporter un plus à l'héritage des
connaissances établies, et surtout de fonder la recherche en cours.
Ainsi devons - nous, dans ce chapitre, partir d'une
clarification conceptuelle qui nous permettra de fixer certaines
notions-clés de notre travail, pour ensuite enchaîner avec une
lecture des différents points de vue sur la contextualisation des
méthodes dans un cadre général avant de la
spécifier dans le contexte camerounais.
De ce fait, cette revue de la littérature sans
toutefois prétendre à l'exhaustivité se limitera
uniquement aux différents travaux dont nous avons effectivement pris
connaissance. De même, pour plus de lisibilité, nous nous
proposons de faire suivre les différents points de vue par une critique
aussi positive que négative.
I CLARIFICATION CONCEPTUELLE.
Cette rubrique vise à proposer une définition de
certaines notions importantes dans la lisibilité de notre travail. Il
s'agit des notions de méthodologie, approche et méthode.
I.1. LA MÉTHODOLOGIE
Concept ayant fortement marqué la didactique des
langues vivantes, la méthodologie renvoie à l'étude des
méthodes. Il s'agit en fait des instructions, des articles, des
ouvrages, des tables - rondes et autres productions des responsables
(pédagogues, méthodologues, formateurs, professeurs, etc....) sur
le comment enseigner une langue vivante.
Bien plus, c'est un répertoire théorique
mettant en relief les options scientifiques à prendre en compte par les
concepteurs de méthodes d'enseignement-apprentissage.
C'est pourquoi R. GALISSON la considère comme
fondement de la mise en oeuvre des contenus
d'enseignement.1(*) ,
tandis que H. BESSE y voit un ensemble raisonné de
propositions et de procédés ... destinés à
organiser et à favoriser l'enseignement et l'apprentissage d'une langue
seconde.2(*)
I.2 L'approche
Plus ou moins semblable à la méthodologie selon
les méthodologues, ce terme paraît plus souple, plus
raisonné et moins rigide que le terme de méthodologie, dans ses
procédés et propositions en vue de faciliter l'apprentissage. Il
renvoie à des méthodologies diversifiées en fonction des
éléments externes aux apprenants : différents
objectifs, contenus, types de support, milieu socio-culturel de
l'apprentissage, etc.
Exemple : l'approche communicative.
I.3 Une méthode
Concept phare de notre travail de recherche, il convient de
noter que ce terme revêt trois sens distincts dans le discours
actuel :
§ Celui de matériel d'enseignement ou de
cours
Exemple : La Nouvelle méthode
de français 6e/5e ;
Le français en 6e.
De façon explicite, c'est le matériel didactique
ou manuel, comprenant le contenu d'apprentissage ainsi que les
procédures d'enseignement visant à faciliter son acquisition.
Il s'agit donc : du livre du maître, du livre de
l'élève, des cahiers d'exercices et des matériels audio -
visuels ;
§ Celui de l'ensemble des procédés et
techniques de classe visant à susciter chez l'élève un
comportement ou une activité déterminés. C'est le cas des
méthodes actives, de la méthode directe, de la méthode
orale ;
§ Celui enfin d'ensemble cohérent des
procédés techniques organisés en vue de faciliter
l'apprentissage. Il se confond ici à méthodologie.
Cependant, dans le cadre de notre travail nous retenons la
première acception qui est celle du manuel scolaire (livre de
l'élève.)
II. LES TRAVAUX ANTÉRIEURS
Nous entendons présenter ici les mémoires et
thèses, ainsi que les différentes réflexions
théoriques sur la contextualisation des méthodes d'enseignement -
apprentissage des langues vivantes.
II.1. Les travaux de recherche : mémoires
et thèses
Dans le cadre des travaux de recherche effectués
à L'E.N.S, de multiples réflexions sur l'analyse des
méthodes ou manuels scolaires ont suscité un intérêt
de la part des élèves - professeurs.
M.-C. MVENG ÉVINA5(*) fait une évaluation et analyse du
manuel scolaire Grammaire expression, en vue de vérifier
son adéquation aux programmes et pratiques de classe, et aboutit
à la conclusion selon laquelle, bien que répondant à
certaines préoccupations didactiques, ce dernier présente
toutefois des insuffisances à pallier.
A sa suite,
E.CHINDO6(*) analyse les méthodes de FLE, tandis
que NKENNE7(*) s'intéresse à la lecture des
programmes des manuels et méthodes d'enseignement de l'expression
écrite en 6e et en 5e. Ceux-ci soulignent en
recommandations qu'il serait nécessaire d'ancrer les différents
programmes et méthodes dans leur univers d'utilisation qui est ici la
zone francophone. Partant des limites de tous ces travaux et ceci à
travers une approche exogène, B.-D.
ÉLOUNDOU8(*) utilise la grille d'observation des manuels
de français proposée par MATHIS, pour effectuer une analyse
contrastive des manuels du Cameroun et de France. De ce fait, il dégage
la conclusion selon laquelle les manuels scolaires utilisés au Cameroun
ne sont pas adaptés au contexte socio - culturel des
élèves, du fait de leur inadéquation aux programmes
scolaires, de l'hétérogénéité des
élèves et enfin de la complexité du milieu camerounais qui
est multilingue.
G. MBA9(*) dans sa recherche sur l'évaluation du
matériel didactique en langues camerounaises, s'appuie sur les
critères d'évaluation proposés par RICHAUDEAU pour montrer
l'aptitude et l'efficacité de ces outils dans la préparation
à la lecture, bien qu'il faille accorder une place importante aux
exercices d'écriture.
Cependant, il convient de noter que ces travaux, quoique
prolixes et multiformes, se sont tous fondés sur des grilles d'analyse
déjà établies.
Ainsi, notre travail, sans toutefois nier la contribution
somme toute importante des précédents se propose d'explorer une
autre perspective. De ce pas, loin de nous contenter d'appliquer à la
lettre les grilles existantes, nous sommes en quête de la grille
idéale qui pourrait contribuer à l'élaboration d'un manuel
de français ancré dans les valeurs camerounaises tout en restant
ouvert à l'extérieur.
II.2 Économie des réflexions
théoriques effectuées autour de la contextualisation des
méthodes d'enseignement -apprentissage.
La question de contextualisation des méthodes
d'enseignement apprentissage s'est toujours posée avec acuité
dans l'environnement scolaire. C'est ce qui explique l'importance que lui ont
accordée les méthodologues, les concepteurs de manuels et surtout
les différents textes juridiques et autres instructions officielles
dans divers pays.
II.2.1 Contextualisation des méthodes
d'enseignement - apprentissage du point de vue de la
méthodologie.
Le terme de méthodologie, avons - nous dit, porte sur
l'ensemble des composantes de la classe et surtout sur le déroulement
pédagogique des contenus d'enseignement. La méthodologie est
à la fois un projet, un outil et une pratique et une pratique guidant le
processus d'enseignement dans le contexte des langues vivantes.
Pour C. PUREN10(*), l'élaboration des méthodes
dans l'histoire a été fortement marquée par une
réflexion préalable sur les méthodologies d'enseignement.
Celles-ci, comme il le souligne, sont des formations historiques relativement
différentes les unes des autres, parce que se situant à un niveau
supérieur où sont pris compte des éléments sujets
à des variations tels que :
§ Les objectifs généraux ;
§ Les contenus linguistiques et cultures avec un
privilège accordé à la langue parlée ou
écrite ;
§ Les théories de référence :
en particulier les descriptions linguistiques et culturelles, la psychologie de
l'apprentissage, la psychologie générale ;
§ et enfin la situation d'enseignement -
apprentissage : rythmes scolaires (nombre d'années de cours, nombre
d'heures d'enseignement par semaine, nombre d'élèves par classe
et hétérogénéité de leur niveau...)
C'est dans cette optique que les différentes
méthodologies effectuent des choix parmi les méthodes,
définissent des hiérarchisations et organisent des articulations
dotées d'une certaine cohérence.
Se situant dans la même logique de l'histoire, H. BOYER
et alï11(*) analysent les méthodes de FLE et
dégagent la conclusion selon laquelle il existe une forte influence des
options méthodologiques et leur implication sur les matériels
produits. Au demeurant, il ressort que cette réflexion théorique
sur les méthodes se situe au niveau de :
§ la recherche dans les disciplines mères (la
linguistique, l'anthropologie, les sciences de l'éducation, la
psychologie, la sociologie, les sciences du langage et de la
communication) ;
§ des hypothèses méthodologiques ;
§ des matériels « bruts » et
orientation méthodologique ;
§ de la programmation conceptuelle et / ou adaptation
des méthodes à travers les manuels, les programmes, les cours de
langue, les ouvrages, les dossiers et les modules pédagogiques
divers ;
§ des publics d'apprenants y compris la situation
d'enseignement apprentissage
(l'enseignant et la classe).
Cependant, ces deux précédentes
réflexions sont caractérisées par une idée de
cohérence, de rigidité et d'universalisme dans la conception. Or,
selon PUREN,
La méthodologie, a-t-on pu dire, est à la
fois une théorie de la pratique et une pratique de la théorie. Si
cela est vrai, le professeur de langue vivante étrangère doit
être idéalement un
« méthodologue » , c'est à dire
capable de prendre ses distances tout autant vis-à-vis de ces pratiques
(...) que vis-à-vis des théories...12(*)
Par ailleurs il souligne :
Puisque la cohérence est à la fois
nécessaire et impossible dans la conception des manuels, on peut jouer
sur les niveaux de cohérence, en proposant des cohérences
multiples, locales et partielles conçues et présentées de
telle sorte qu'elles invitent enseignants et apprenants à les
intégrer eux - mêmes à leur manière.13(*)
Dans cette perspective, les méthodologies, pour
être contextualisées doivent :
§ refuser la position universaliste, didactiquement
indéfendable ;
§ aider à la mise en place de stratégies
d'enseignement/apprentissage diversifiées et évolutives ;
§ abandonner toute prétention à la
cohérence globale et ne provoquer ni simplification, ni pré -
programmation des démarches d'enseignement pour qu'enseignants et
apprenants puissent se construire leurs propres cohérences.
C'est donc dans cette perspective que C.PUREN
pense que le statut et la conception des matériels didactiques
(méthodes) est à repenser.
Confirmant cette perspective, H. BESSE14(*) fait remarquer que
toute méthodologie de langue se heurte à la difficulté que
nombre de notions qui les sous - tendent sont ambiguës et souvent mal
explicitées. Il retient Tout de même que l'adoption d'un point de
vue méthodologique dans l'étude des pratiques d'enseignement des
langues implique la distinction entre trois niveaux :
1. Le niveau des hypothèses : mise en jeu d'ordre
linguistique, psychologique,
sociologique, technologique, etc. ;
2. Le niveau des manuels ou ensembles pédagogiques
servant à exemplifier ces
pratiques ;
3. Le niveau des pratiques de classe par un enseignant, pour
des élèves et étudiants
donnés.
Cette pratique, dans son application stricte des
démarches proposées, semble applicationniste ; car le manuel
ne saurait être en réalité le lieu d'application des
disciplines théoriques. Bien plus, cette démarche laisse en
suspens la question des réalités d'enseignement -
apprentissage.
Remettant donc en question ce cheminement, J.
GIRARDET15(*) note qu'en plus des connaissances en
linguistique, en psychologie, en sociologie, l'élaboration d'une
méthode doit être étayée par des expériences
d'enseignement variées, par un savoir dans le domaine de l'organisation
et de la programmation.
Plus loin, J. COURTILLON pense qu'en plus des
propositions théoriques, il faudrait avoir une capacité
de sentir les besoins du public.16(*)
Situant le débat au niveau de la qualité du
choix et de la problématique des situations d'enseignement,
G.PALMADE17(*) note qu'on
pourrait classer les méthodes en pédagogie en fonction de leur
efficacité, de leur réalisme et de leur impossibilité.
Bien plus, il ajoute que le choix d'une méthode devrait répondre
aux conditions économiques et socio - culturelles. Partant de cela, il
pense qu'il serait rationnel en pédagogie de confier le choix des
méthodes à une sorte de méthodologie
générale, servant de guide et prenant en compte :
§ Les fins que l'on entend poursuivre (objectifs de
formation plus restreinte.) ;
§ Le contenu de la formation (quel savoir faut - il
acquérir ?)
§ Les caractéristiques de la population à
former, de celles des formateurs et des éducateurs concernés;
§ Les moyens disponibles ;
§ Les caractéristiques et les
propriétés des méthodes de formation et
d'éducation.
Ces différents facteurs n'étant nullement
indépendants, il suffirait d'un processus d'aller et de retour suivi
d'aménagements successifs pour se rapprocher d'une solution optimale.
Solution éclectique ou contextualisation de la
méthodologie ?
Remettant en cause la notion de méthodologie qu'il juge
scientifique (...) utilitaire et doctrinale, F.
DEBYSER18(*) préconise la mort du
manuel et penche pour des interventions innovatrices d'une vaste
portée, prenant en considération les élèves, les
professeurs, l'institution scolaire et la société,
définissant et clarifiant les finalités.
Parallèlement à cette opinion,
D.ALLWRIGHT19(*) dans une perspective plus conciliante
remarque Tout d'abord que les manuels ne constituent pas une variable
indépendante pour mesurer l'efficacité des différentes
manières d'enseigner une langue seconde. Ses critiques portent sur le
fait qu'ils simplifieraient abusivement ce qui se passe en classe (le public
cible étant loin d'être homogène comme le pensent certains
auteurs.) Par ailleurs, il pense que ceux - ci déresponsabilisent les
enseignants, qu'ils prétendraient apporter la réponse à
Tout. Sans toutefois croire à la fin des manuels, D.ALLWRIGHT
considère qu'il serait préférable de donner aux
maîtres des principes qui les aideraient à prendre des
décisions motivées mais essentiellement locales au niveau de la
classe20(*)
Faut - il pour autant abandonner le manuel ? Loin s'en
faut. En réalité, le débat se situe plus au niveau des
contenus à enseigner qu'au niveau de la manière d'enseigner les
langues vivantes.
Ainsi, R. GALISSON pense que l'autonomie des enseignants
vis-à-vis des méthodes contextualisées se situerait plus
au niveau du quoi enseigner ? visant les contenus ; que du
comment enseigner ? Reposant sur la transmission : car
on sait, note GALISSON :
Qu'il est plus facile de rester performant dans la
transmission des contenus (l'entraînement est quotidien), que dans les
contenus eux - mêmes (la langue et la culture enseignées
évoluent très vite, et en milieu exolingue, le contact avec les
natifs fait défaut), de telle sorte que les outils d'enseignement -
apprentissage devraient privilégier le quoi sur le
comment ?21(*)
Ainsi, GALISSON propose-t-il des outils plus centrés
sur l'univers des apprenants, constitués des matériaux soustraits
au contexte la langue visée, soit à l'état brut
(enregistrement de conversation sur un marché, à la sortie du
cinéma, au bar, etc.) soit semi-ouvrés
(c'est-à-dire classés par catégories susceptibles de
traitements distincts ...)
Il conclut à cet effet que l'institution scolaire
manque tragiquement de ressources pour faire acquérir les langues -
cultures.
Cette position de R. GALISSON penchant vers une approche
communicative dans la construction des manuels, situe clairement le
problème de la relation entre l'enseignement (à partir des
manuels) et l'environnement culturel des apprenants, bien que la politique
d'édition reste moins définie pour une telle pratique.
Partant de cela, J. MONTREDON22(*)
pense que la pédagogie doit s'inscrire dans l'environnement de
l'apprenant pour mieux exposer la langue cible. Pour cela, elle doit utiliser
les ressources locales et humaines, réinvestissant l'enseignant dans sa
place de créateur et non de soumis vis- à-vis des
méthodes.
Ce point de vue revalorise la notion de l'environnement qui
est l'une des variables, sinon la plus importante dans la contextualisation des
méthodes et des méthodologies d'enseignement dans un pays
donné. Ceci étant d'autant plus vrai que les situations
didactiques varient et ne sont pas les mêmes dans tous les cas.
Dans son étude sociolinguistique pour l'enseignement
des langues, L. DABÈNE23(*) relève le fait
que les situations d'enseignement des langues étrangères tendent
à se diversifier et deviennent par ce fait même impossibles
à analyser. L'ambiguïté qui, selon DABÈNE
caractérise la didactique des langues aujourd'hui est due aux raisons
historiques tels que : la décolonisation, la re-émergence
des sentiments identitaires, le progrès de la communication et de
l'éducation, et enfin l'évolution des objectifs scolaires.
Cette situation laisse percevoir que les transferts de
méthodologies d'un contexte à un autre se heurteraient à
des obstacles d'ordre culturel autant que linguistique, difficultés
essentiellement dues à la méconnaissance des univers dans
lesquels celles-ci sont appelées à s'insérer.
Cette difficulté est due au fait que, la conception
actuelle n'est plus tournée vers des objectifs purement linguistiques,
bien au contraire, la tendance actuelle est orientée vers la mise en
oeuvre des objectifs et stratégies pédagogiques de type
communicatif, qui se heurtent aux différences
culturelles.24(*)
Partant de la coupure trop nette entre l'école
africaine et l'environnement socioculturel africain aux lendemains des
indépendances. J. TABI MANGA
affirme que :
La rénovation méthodologique est
actuellement nécessaire dans l'enseignement du français en
Afrique. Seulement, elle ne saurait se concevoir indépendamment des
langues nationales africaines. Pour ma part, cette nouvelle approche devrait
être interculturelle. Elle comprendrait deux composantes
essentielles : une composante contrastive et une composante communicative
ou pragmatique.25(*)
Cette remarque remet en question les résultats produits
par les manuels directs et structuro-globaux-audio-visuels qui ont fait la
pluie et le beau temps en Afrique. Par ailleurs, la nouvelle approche dite
communicative redéfinit la nouvelle didactique du français en
Afrique. Celle-ci devrait être destinée à fournir aux
élèves une véritable compétence de communication
c'est-à-dire une capacité d'aboutir à une réelle
libération linguistique et langagière. Toutefois pour être
plus concret, cette problématique nécessite d'être au
centre de la conception des méthodes ou outils d'enseignement, qui sont
les matériels les plus sensibles pour l'apprentissage des langues.
II.2.2. La contextualisation des méthodes du
point de vue de leur conception.
Pour G. CAPELLE26(*), la conception d'un manuel scolaire impose
la nécessité d'être au courant des multiples disciplines
convergeant vers le centre d'intérêt recherché. De ce fait,
elle doit prendre en compte la capacité d'adaptation et
d'évolution qui est aussi importante que l'expérience et la
connaissance.
Dans cette optique, l'élaboration d'un livre, selon
CAPELLE, est une forme de communication répondant à un triple
questionnement :
§ Pour qui ? enseignant ou apprenant ; dans le
cas des méthodes universalistes, il faudrait avoir une vision large et
diversifiée de l'apprenant ;
§ Pourquoi ? renvoyant aux objectifs
§ Comment ? qui est fonction des situations
sociales.
Par ailleurs, pour ce qui est de la mise au point du
matériel et de la part faite à l'analyse théorique, il est
important selon CAPELLE de se tenir au courant de la recherche
théorique, et la mise en pratique ne devant se faire qu'après
expérimentation transitoire, ceci afin d'intégrer les
éléments dans la méthode. C'est en fait dans ce sens qu'il
souligne qu'à chaque étape méthodologique correspondant un
type de matériel.
Cette position de CAPELLE donne plus de poids à la
théorie qu'au contenu pratique même du matériel. Or il ne
faut pas se leurrer ; car la méthode ne saurait se limiter à
cette recette magique où chaque théoricien intègre tout
sans au préalable partir des réalités existantes. C'est
pour cette raison que J. GIRARDET27(*) pense que la pratique devrait précéder
la théorie. En effet, pour lui, l'élaboration d'une
méthode ne s'inspire d'aucune théorie de départ.
J.COURTILLON remonte plus haut et affirme
l'idée selon laquelle la réalisation d'une méthode devrait
être précédée de l'interrogation sur Ce qu'est
apprendre la langue28(*) : car si cette dimension y est
absente, la méthode reste insuffisante. Il s'agit là de concevoir
un outil qui puisse être au coeur des manipulations pratiques, et non un
lieu de discours théorique n'ayant aucun rapport avec l'utilisateur.
Cette restriction est d'autant plus vraie que G.
MBA souligne :
S'il est donc primordial de concevoir un manuel qui
s'adapte aux exigences théoriques et méthodologiques, il est
aussi vital d'en concevoir qui reçoive l'agrément des enseignants
et des enseignés.3(*)
Cela se matérialise par le fait qu'en cas d'ignorance
de ces deux pôles, le sort réservé à la
méthode reste à désirer, surtout qu'ils sont les
principaux utilisateurs ou publics cibles de cet outil.
Ainsi, une méthode doit être fort claire, comme
le souligne G. MBA, dans sa présentation de
manière à ne point échapper totalement ni à
l'enseignant ni à l'élève. C'est pourquoi les guides
pratiques ou livres du maître, les conseils pédagogiques doivent
présider à la conception de tout manuel et surtout d'un
syllabaire. Dans cette optique, F. RICHAUDEAU affirme :
Il serait évidemment souhaitable que la
production des manuels et la formation des maîtres constituent, dans la
planification éducationnelle du pays, une véritable combinatoire.
On pourrait ainsi d'une part, former les enseignants, à l'utilisation
optimale des manuels scolaires, c'est à dire au plein emploi de toutes
les possibilités méthodologiques qu'ils offrent et, d'autre part,
adapter les manuels pour qu'ils laissent une marge de liberté
maximale.4(*)
Ceci permet donc de retenir que la production des manuels
scolaires devrait obéir aux réalités nationales, à
une conformité du point de vue de la méthodologie, mais surtout
de la variation du public des méthodes auxquelles elle devrait laisser
libre cours.
Pour G. VIGNER, les méthodes
obéissent à des lois nationales et varient avec le public, les
garants méthodologiques et les utilisateurs. En réalité
dit-il, une méthode ne saurait se réduire à un simple
outil d'enseignement ; et, prenant l'exemple des méthodes de FLE,
il remarque :
Une méthode de FLE intervient dans un espace
didactique réglé par un jeu complexe de contraintes multiples et
les activités qui y sont proposées font d'une certaine
manière écho à cet environnement. Sous des apparences
à première vue banales, une méthode de FLE cache une
construction extrêmement complexe29(*)
Ainsi, G. VIGNER distingue les méthodes selon les deux
grandes contraintes qui organisent ce vaste champ :
§ Selon leur origine et leur public, il distingue pour
ce qui est de l'origine les méthodes nationales (produits dans un pays
donné et répondant à ses besoins et à sa
culture ; avec les auteurs essentiellement nationaux ), les
méthodes généralistes (produites dans un vaste ensemble
linguistique pour un public de toutes nationalités : le cas des
méthodes produites en France) ; et pour ce qui est du public, il
note que les méthodes s'adressent soit à un public scolaire
(apprenant la langue dans une institution scolaire selon un programme
élaboré par l'autorité académique ) soit à
un public adulte ( apprenant sur la base des objectifs) ;
§ Selon le champ d'influence, il souligne les
descriptions et les théories linguistiques ; les grands courants
méthodologiques.
Toutefois, VIGNER note en revanche
que :
Ce secteur d'influence n'agit pas directement sur la
production des méthodes. Toutes ces influences sont filtrées par
les traditions nationales en matière d'enseignement des langues vivantes
qui effectuent un tri entre ce qui dans une innovation paraît compatible
ou non avec les usages en vigueur dans un pays qui procède à leur
adaptation quant elle est considérée comme globalement
acceptable.30(*)
Le point de vue de VIGNER illustre le choix singulier de
chaque pays pour ce qui est de l'élaboration et de la contextualisation
des méthodes sous l'angle des théories linguistiques formant son
contenu. Comment s'effectue en réalité cette contextualisation de
façon concrète ?
G. MBA et J. VAN. DYKEN proposent pour l'élaboration
d'un manuel (syllabaire) contextualisé, une certaine concertation
disciplinaire entre éducateurs (didacticiens) et les linguistes, chacun
fournissant des informations complémentaires relevant de son domaine
respectif.31(*)
Cette interdisciplinarité, proposent-ils, doit pour des
convenances de l'édition, être regroupée en trois
titres :
§ des articles relevant des principes et pratiques de
l'éducation ;
§ des articles relevant de la linguistique et de la
sociolinguistique ;
§ des articles relevant de l'apprentissage et de
l'enseignement de la langue seconde.
De ce fait, ils dégagent cette conclusion :
Chacune de ces trois composantes est fondamentale
pour asseoir une fondation solide permettant la compréhension des
principes et pratiques de la rédaction des manuels didactique32(*).
Cependant, ne paraît-il pas sommaire
d'expliquer la présentation et le fonctionnement d'un matériel
didactique à travers les seules influences d'une théorie
linguistique et une théorie de l'apprentissage ? Une autre
démarche serait encore à rechercher pour l'élaboration
d'une méthode.
Pour Ë. BËRARD33(*), il convient de
partir de l'écoute des besoins des apprenants, de la culture et de la
réalité de ceux - ci, pour construire une méthodologie
visant, à l'acquisition des compétences limitées. Bien
plus, relevant le problème économique, grand obstacle de la
production et diffusion des manuels dans des situations particulières
(en Afrique par exemple !), BERARD propose qu'il est nécessaire
d'utiliser les ressources locales dans la fabrication des manuels,
l'élaboration des contenus étant confiée à une
équipe locale (enseignants, attachés, linguistiques).
Toutefois, les méthodes contextualisées
n'offrent pas vraiment une approche méthodologique spécifique, il
est nécessaire selon BËRARD dans le cadre des manuels
entièrement élaborés pour un public donné, de
choisir l'une des options suivantes :
§ Une équipe mixte : experts locaux et
experts étrangers (français pour les pays francophones) soit dans
le cadre d'une maison d'édition, soit dans le cadre d'une collaboration
entre institutions. Le premier cas dit-elle, a été utilisé
au Cameroun, au Vietnam et en Thaïlande :
§ Une équipe étrangère
(française) : des concepteurs français ayant une bonne
connaissance d'un pays et s'appuyant sur des informations fournies par des
professeurs locaux.
Dans l'un ou l'autre cas, l'équipe devrait se mettre
d'accord sur plusieurs éléments de base :
1. conception de la langue à enseigner ;
2. traitement des aspects socio - culturels ;
3. conception méthodologique.
G. MIALARET va plus loin dans la conception des manuels
pour un pays donné ; il prend en compte l'importance du contenu
idéologique dans les manuels scolaires.
Ainsi note-il:
Sur le plan des idéologies, il est difficile -
sinon impossible - de trouver un pays dont les manuels scolaires ne
reflètent pas l'idéologie dominante. Pour des raisons
essentiellement politiques et économiques, les auteurs de manuels
scolaires vont chercher dans le réservoir des «idées
communes » ou des « idées acceptées
par tous » leurs exemples et illustrations.1(*)
Toutefois, comment concevoir de tels manuels dans des
sociétés où plusieurs idéologies coexistent ?
On comprend donc que les désaccords apparaîtraient comme le
souligne MIALARET lui - même.
Ces précédentes réflexions étant
centrées sur la contextualisation du matériel didactique selon
les besoins du public et les caractéristiques de l'environnement, il
semble aussi nécessaire d'intégrer la quête de l'innovation
et, de même, prévoir l'évolution des méthodes en
fonction changement didactique.
Pour P.BERRINGER2(*), la difficulté résiderait beaucoup plus
dans l'équilibre à atteindre entre l'innovation
pédagogique et les pratiques ordinaires d'enseignement. En effet, il
s'agit pour lui de voir comment faire avancer la méthode, sans toutefois
déstabiliser l'enseignant ayant toujours le dernier mot ; car par
son choix, il sanctionne le choix de l'éditeur.
Puisqu'il est nécessaire pour une méthode de
partir d'une option méthodologique et de l'appliquer à travers sa
conception, aux besoins des praticiens de celle-ci et pour une meilleure
adaptation et contextualisation dans l'environnement, il est aussi
nécessaire de s'interroger sur les caractéristiques internes et
sur les techniques de fabrication qui régissent une méthode dans
tel ou tel contexte.
II.2.3. La contextualisation des méthodes sous
l'angle de la progression interne et de la technique de fabrication
En plus du crédit porté à la
contextualisation des contenus du matériel scolaire par les concepteurs,
il convient de noter que plusieurs recherches ont aussi été
menées autour de la présentation matérielle de l'outil
d'enseignement. Ces recherches mettent en relief les caractéristiques
d'un manuel scolaire, mieux, les critères minimaux auxquels doit
répondre ce dernier. F. RICHAUDEAU34(*) définissant le
manuel comme un matériel imprimé, structuré,
destiné à être utilisé dans un processus
d'apprentissage et de formation concertée, remarque que celui - ci doit
répondre à un certain nombre de critères minimaux
notamment :
§ La valeur de l'information : quantité,
choix, valeur scientifique.
§ L'adaptation de cette information à
l'environnement et à la situation culturelle et idéologique;
§ L'accessibilité de cette information :
existence des tables, d'index, facilités de repérages,
intelligibilité de l'information, lisibilité matérielle,
lisibilité linguistique, etc. :
§ La cohérence pédagogique : une
cohérence interne (ordre de découpage des unités,
équilibre des apports d'information, des exercices, des instruments de
contrôle...) mais, aussi cohérence plus générale
avec les modèles pédagogiques préconisés par les
autorités scolaires et les enseignants, sans oublier la prise en compte
du niveau tant des apprenants que des enseignants.
Cette grille de RICHAUDEAU, il faut le
remarquer, souligne deux aspects fondamentaux du manuel contextualisé
à savoir la congruence entre l'information et l'environnement culturel
et aussi et surtout l'adéquation de ce manuel au niveau des deux
entités pédagogiques que sont l'apprenant et l'enseignant.
Toutefois, cette présentation semblant un peu générale,
il convient de mentionner celle de certains concepteurs, se voulant plus
détaillé, BESSE par exemple.
H. BESSE1(*) faisant une lecture des quatre
caractéristiques fondamentales du
manuel (« method » selon W. F.
MACKEY), présente dans sa traduction ce qu'il appelle les
procédures d'élaboration d'un manuel. Il en donne cinq à
savoir
§ La sélection : c'est tout ce qui motive le
choix d'un manuel parmi tant d'autres en langue seconde. Elle peut être
d'ordre social (quelle est la variété la plus utile, quelle est
celle qui convient le mieux aux apprenants, selon leur âge ou leur
profession ?) ; d'ordre linguistique (quelles normes enseigner,
privilégier l'oral ou l'écrit ?) ; ou d'ordre
didactique (enseigner ce qui est en contraste ou non par rapport à la
Langue première, considéré comme la plus ou moins à
enseigner, à apprendre.)
§ La progression : il s'agit de voir les
critères selon lesquelles est échelonné dans le manuel
scolaire la matière à enseigner, comment on décide des
groupages et des séquences ;
§ La présentation : selon quel type de
discours est présentée la langue seconde (L2) (description,
dialogue, exemple, récits...) ? Les discours sont-ils
élaborés par l'auteur du manuel ou extraits des discours ayant
été authentiquement tenus par des natifs de la langue seconde
communiquant entre eux (discours authentique ou non ?) sont-ils
présentés aux apprenants hors contexte d'origine ou tenant compte
de ceux - ci ?
§ L'exploitation : quelles techniques
préconise le manuel de façon explicite, pour permettre aux
élèves d'accéder au sens de la langue seconde(L2) d'en
maîtriser progressivement les sons et les lettres ainsi que les
régularités syntaxiques, d'en faire enfin un usage relativement
approprié selon leurs besoins et les circonstances ;
§ Et enfin la procédure de contrôle qui
renvoie à des tests, des épreuves des examens prévues dans
les manuels pour contrôler des élèves dans l'apprentissage
de la langue seconde.
Cette procédure d'élaboration selon
BESSE insiste sur trois principaux éléments que
sont le social, le linguistique, le didactique. En réalité, le
dernier élément semble être la conjugaison des autres,
parce que c'est celui - ci qui détermine la norme langagière
à retenir dans un manuel selon le milieu socio - culturel.
Dans la même perspective, G. MIALARET
considérant le manuel scolaire comme un moyen de transmission de
l'information, insiste sur l'importance qu'il doit accorder au message à
apprendre, surtout à ce que RICHAUDEAU, appelle la visualisation des
hiérarchies
Par ailleurs, MIALARET insiste sur la lisibilité (de
l'anglais <<readability>>) qui doit tenir compte du vocabulaire
à transmettre en fonction de l'âge de l'apprenant et de son niveau
d'étude. Ainsi, citant RICHAUDEAU il écrit :
Le vocabulaire de base de l'élève varie
naturellement avec son âge, mais il est aussi fonction de son milieu
culturel, de son ethnie ; il peut arriver qu'il soit réduit
à sa plus simple expression et que la langue d'enseignement soit alors
différente de la langue pratiquée dans la cellule familiale, elle
jouera alors le rôle d'une langue seconde35(*)
Cette assertion, bien que ressortant le problème de
l'adéquation du manuel et de son vocabulaire, au niveau psychologique de
l'élève, ressort en même tant une nouvelle
problématique. Il s'agit de la nécessité de distinguer
dans les situations multilingues, les notions de langue première (L1) et
langue seconde (L2) ; celles - ci comme on le voit, font du manuel un
outil, jouant le rôle de subtil balancier entre le milieu quotidien
(socio - culturel) et le milieu scolaire. Ceci pose donc le problème du
statut de la langue dans la contextualisation des méthodes
d'enseignement.
II.2.4. La contextualisation des méthodes du
point de vue du statut de la langue d'enseignant.
Le manuel scolaire, qui n'est pas un livre comme les autres,
mais un puissant vecteur des valeurs culturelles, scientifiques, techniques et
ethniques, relève à l'ère de la mondialisation de
l'exception culturelle. L'un des critères qui doit déterminer son
choix est du domaine linguistique. En fait, le manuel doit refléter le
statut linguistique de l'apprenant. Cela va au delà d'une simple
contextualisation de façade. Une parodie de conformité qui
consiste à adapter quelques textes, à changer de couverture...
Levant un pan de voile sur les statuts scolaires des langues,
L. DABÈNE36(*) note que les institutions éducatives
ont eu recours, tout au long de leur travail d'élaboration curriculaire,
à une assez grande variété de vocables pour
désigner les langues en tant que disciplines à enseigner, en
accord avec leur statut dans les différents cursus ; d'où
son importance dans la mise sur pied d'une méthode d'enseignement.
Pour O. ESSONO, le statut de la langue est
l'importance de cette langue dans une communauté
donnée37(*).
Cela suppose l'ensemble des données juridiques, politiques et
économiques relatives à la langue. Aussi, le statut suppose-t-il
l'existence d'une communauté homogène. C'est le cas du
français en France par exemple, où la situation linguistique est
telle que le Français a un statut unique.
S'il est pourtant facile d'identifier le statut d'une langue
dans ces situations, il n'en demeure pas moins vrai que celui - ci devient
problématique dans les contextes linguistiques
hétérogènes (le cas du Cameroun et d'autres pays
d'Afrique). Il résulte que plusieurs autres statuts notamment :
celle de langue officielle, de langue étrangère et de langue
seconde sont en conflit et ne sont pas clairement définis.
Pour L. DABENE38(*) en effet, il s'agit, parlant de statut, des
termes employés pour désigner une langue différente de
celle parlée sur le territoire national, et qui constitue dans la
plupart des cas le médium d'enseignement. Il s'agit donc dans ce cas
de :
§ La langue seconde (L2) renvoyant à une langue
étrangère qui est dotée par la suite
des circonstances historiques et de la situation
sociolinguistique qui en est corollaire, d'un statut particulier, et qui, selon
J. P.CUQ
Participe comme langue d'enseignement, au
développement psychologique et cognitif de l'enfant, puis de
façon privilégiée, aux capacités informatives de
l'adulte (média, documentation professionnelle et
administrative.)39(*)
Ce concept est surtout pertinent pour l'analyse de l'aire
d'extension du monde francophone où il constitue un moyen commode de
définition de la situation du français dans les pays
ex-colonisés ;la langue étrangère est
présentée par M. RAMBELO comme :
Une langue dont l'acquisition se fait le plus souvent dans
le cadre scolaire, qui est parlée sur une autre aire géographique
par une autre communauté différente de celles auxquelles
appartient l'apprenant40(*).
Cependant, M. RAMBELO remarque que la langue seconde, qui
s'oppose à la langue étrangère du fait qu'elle est une
langue des besoins de communication au sein d'une communauté
donnée, entre tout de même en concurrence avec la langue
maternelle de cette communauté, du fait de leur différence de
statut socioculturel et politique. Cette irrégularité de statut,
associée au fait que le contenu de l'enseignement d'une langue seconde
renvoie aux réalités quotidiennes de l'apprenant, font que cet
apprentissage se pose souvent en terme de conflit culturel
(phénomène de déculturation et d'acculturation).
Se situant dans la réalité africaine,
M. M NGALASSO41(*) pense que la crise à l'école
aujourd'hui est en partie due à l'inadéquation entre les deux
modèles culturels et éducatifs, toujours présents sans se
rencontrer, aux non prise en compte par l'institution scolaire de
l'identité profonde de l'enfant, de sa culture, de sa langue, de ses
besoins communicatifs et de ses aptitudes pré- scolaires, d'où le
fossé entre l'école et le milieu.
On relève de ce qui précède qu'il se pose
un problème de diglossie fondant une hiérarchie des langues
nécessairement favorables au médium scolaire, ceci pouvant
précipiter l'extinction des langues maternelles et surtout amener
l'apprenant à perdre son identité.
Penchant pour une cohabitation des différentes langues
dans le contexte de l'enseignement /apprentissage en Afrique,
G. MBA et J. VAN DYKEN affirment :
Nous avons la ferme conviction qu'une
alphabétisation formelle ou informelle en Afrique ne peut se
dérouler aisément et efficacement qu'en jouant sur le couple
langue maternelle puis, étrangère. Par une alphabétisation
initiale en langue maternelle (langue locale), on amène l'apprenant
à utiliser ses capacités naturelles pour trouver le rapport entre
le sens et la forme écrite. Pourtant de cette base, il est mieux
équipé pour découvrir le sens communiqué par la
forme écrite d'une deuxième langue.42(*)
Cette remarque, bien que se situant au niveau de
l'apprentissage de base, éclaircit tout de même le rapport entre
la politique linguistique et l'élaboration des manuels.
S'inscrivant dans cette mouvance, G. MBA
souligne dans sa thèse :
Du point de vue scientifique de l'enseignement des langues
premières ou secondes, il est généralement reconnu qu'une
préparation est d'abord nécessaire. Cette préparation
consiste en l'élaboration des manuels susceptibles d'amener les
apprenants à découvrir les formes qui s'enchevêtrent pour
donner lieu à un message dont eux aussi peuvent à long terme
détenir le secret43(*)
Ces différents points de vue sur l'importance du statut
de la langue dans l'élaboration du manuel permettent en effet de
visualiser les degrés de hiérarchisation des besoins langagiers
des élèves en fonction de leur niveau scolaire, de leur âge
et surtout de leur environnement socioculturel. Toutefois, l'atteinte d'un tel
objectif de façon planifiée ne peut passer que par
l'élaboration d'un programme copié sur le statut linguistique du
milieu.
II.2.5 La contextualisation des méthodes vues
par les programmes scolaires d'enseignement/apprentissage.
Se situant à la base de la conception de tout manuel
contextualisé, la mise au point des programmes dans le système
scolaire nécessite un regain d'intérêt, pour ce qui est du
rôle qu'il joue dans la mise au point des méthodes. En
réalité, G. MIALARET44(*) situe l'origine des programmes à
différents niveaux :
§ La nécessité pour certains pays de
reformer le système éducatif face à l'évolution
extraordinairement rapide de la société ;
§ L'influence des travaux des psychologues qui a
amené les constructeurs des programmes à examiner les contenus
sous l'angle de l'apprentissage et des difficultés psychologiques ;
§ L'influence de la pédagogie dite par objectifs
qui a en son temps attiré l'attention des constructeurs et des
utilisateurs sur cet aspect de la question.
Cependant, MIALARET note la complexité de la question
des programmes, et ressort les idées sans lesquelles on ne saurait
parler de ceux - ci ; à savoir :
§ Les finalités de l'éducation : qui
orientent toute la réflexion et donnent aux programmes leur
véritable signification ;
§ La situation historique, économique, technique
et politique du pays pour lequel ces programmes sont conçus.
Cependant, MIALARET relève la nécessité
d'accommoder les programmes à l'évolution, car ceux - ci dit - il
doivent répondre à :
La nécessité d'une révision constante
en vue d'une meilleure adaptation aux transformations du monde, il est
indispensable qu'un mécanisme de révision des programmes soit mis
en place pour assurer cette mise à jour nécessaire et
constante : il s'agit de ne pas tomber dans une
« manie » de changement mais les conditions de vie
évoluent avec une telle rapidité qu'il est
nécessaire de procéder à ces ajustements si l'on ne veut
pas que l'éducation soit en retard sur son temps.45(*).
Un tel point de vue nécessite une questionnement
fondamental : car, il est impossible de discuter du contenu d'un programme
sans savoir à qui il va s'adresser, et dans quelles conditions il va
être enseigné. Sur ce, G. MIALARET
dégage les questions suivantes :
§ pourquoi ? mis pour les finalités et les
objectifs
§ quoi? indiquant la matière ou le contenu du
programme qui doit prendre en compte
l'équilibre entre les différentes
matières enseignées au niveau considéré.
§ A qui ? posant le problème
pédagogique des individus, leur âge, leur motivation.
§ Comment ? mis pour les méthodes et
techniques pédagogiques.
§ Et enfin les résultats qui prennent en compte
l'évaluation.
Toutefois, ce questionnement tel que le présente
G. MIALARET laisse en suspens un point essentiel : le
«où » renvoyant ici au lieu, mieux au contexte
d'application des contenus. Car, le programme scolaire répondant
à un certain nombre d'objectifs n'est effectif que dans un milieu social
et culturel bien défini.
Pour G. MBA46(*) ; la spécification d'un
programme peut être fondée sur des raisons culturelles,
historiques, géographiques, linguistiques, etc. Le contenu devra donc
refléter ces raisons fondamentales par l'accent mis sur les composantes
du manuel. En revanche, il souligne qu'un programme peut être largement
spécifié sur le plan du contenu, mais vague sur les
compétences voulues.
Bien que déterminant les disciplines d'enseignement, le
lieu, le nombre d'heures d'enseignement, les contenus à acquérir
et les objectifs à eux assignés, les programmes, pour ce qui est
de la planification des contenus du manuel, paraissent trop squelettiques, ce
qui entraîne la nouvelle tendance vers le développement
curriculaire.
Pour DE LANSHEERE commenté par
MIALARET47(*), un curriculum porte sur l'ensemble
planifié d'actions suscitant l'instruction. De ce fait, il prend en
compte les objectifs d'enseignement, les contenus, les méthodes, les
manuels scolaires et les dispositions relatives à la formation
adéquate des enseignants. Bien plus, le curriculum définit les
différentes méthodologies génératrices des
méthodes.
D. COSTE48(*), l'oppose aux dogmes méthodologiques
et note que la tradition de celui - ci est d'abord liée à la
pédagogie générale et aux sciences de l'éducation.
Cette tradition permet en quelque sorte une approche plus holistique de
l'apprentissage, plus dynamique et moins centrée sur la matière
que sur les auteurs et les étapes d'un processus.
Ce curriculum tel que le présente COSTE focalise
l'ensemble du dispositif sur ce qui se passe en classe et sur l'articulation
à la source des actes d'enseignement et processus motivant les actes
d'apprentissage. Bien plus, elles laissent une grande ouverture aux
considérations pragmatiques (temps, ressources humaines et
matérielles.)
Ces observations des précédents auteurs mettent
en relief l'opposition programme/curriculum en matière de gestion des
processus de l'enseignement. En effet, leur analyse montrent la vision
parcellaire des programmes dans l'organisation de l'éducation ;
celles-ci laissant un grand vide quant - à la définition à
la longue portée des objectifs de l'enseignement ainsi que de la
révision adéquate de formation des acteurs de l'éducation.
Par contre, le penchant actuel pour le curriculum relèverait non
seulement de son efficacité pour ce qui est de la prise en compte de
tous ces éléments, mais bien encore du fait que celui - ci
intègre en matière d'enseignement / apprentissage des langues,
non seulement les performances attendues des élèves, mais surtout
les compétences de communication à travers sa démarche
pragmatique, dont la nécessité s'impose au contenu des manuels.
Toutefois, qu'il s'agisse du programme ou du curriculum, la
question importante demeure : celle de savoir quel sort l'un ou l'autre
réserve au contenu et à la question du manuel scolaire dans des
situations précises d'enseignement - apprentissage, surtout dans les
contextes multilingues comme le cas du Cameroun.
II.3 Observations générales et critiques
sur l'état de la question
Au terme de cette revue de la littérature, il convient
de remarquer combien les travaux antérieures effectués sur le
concept de contextualisation des méthodes d'enseignement par les auteurs
mentionnés supra sont d'autant plus importants que ceux-ci ont eu le
mérite pour la plupart de fustiger les méthodes ou manuel
universalistes, servant de recette magique à toutes les situations
didactiques.
En effet, tous ces auteurs sont unanimes sur le fait que, les
méthodes universalistes sont ignorantes, dans la plupart des cas, de
l'environnement dans lequel elles sont appelées à être
utilisées. Bien plus, celles- ci déresponsabilisent les
enseignants et laissent encore un pan de voile sur le contexte socioculturel et
émotionnel de l'élève, créant ainsi un
parallélisme entre l'école et le milieu quotidien des
apprenants.
Les objections faites sur l'utilisation de ces
méthodes, notamment par C. PUREN49(*) et L. DABÈNE50(*) témoignent de
l'intérêt de ces derniers pour une urgence de la contextualisation
des manuels scolaires en fonction du public cible (pour le premier) et de
l'environnement socioculturel et linguistique (pour la seconde).
Ces manuels contextualisés ou méthodes locales
comme on les appelle reposent sur un principe : la participation d'une
équipe d'auteurs locaux pour leur conception totale.
Par ailleurs, comme on le perçoit, dans chaque pays,
les méthodes tendent à vouloir se définir par rapport aux
objectifs que le politique assigne à l'école à travers
les textes fondateurs.
Toutefois, vu le fait qu'aucun des travaux consultés
n'aborde nullement de manière approfondie la question de la
contextualisation des méthodes dans un milieu précis, car se
contentant de faire des propositions générales non moins
importantes tout de même, il convient pour nous de partir de là
pour actualiser notre travail dans un contexte précis : celui du
Cameroun.
Ainsi, nous nous proposons de chercher un modèle
contextualisé de méthode d'enseignement / apprentissage du
français qui sera adaptable au système éducatif
Camerounais où le français occupe le statut de langue seconde.
III. PROBLÉMATIQUE
Nous entendons par problématique de l'étude,
l'ensemble des orientations, hypothèses et questions envisagées
dans le cadre d'une recherche. Pour M. BEAUD, elle est
L'ensemble construit autour d'une question principale, des
hypothèses de recherche et les lignes d'analyse qui permettront de
traiter le sujet choisi.51(*)
Elle circonscrit la question dans le cadre où elle est
amenée à être examinée. Ainsi, le problème
que pose notre étude est celui du rapport entre les travaux
théoriques sur les méthodologies, le statut de la langue, les
objectifs que la nation assigne à son école et le manuel
contextualisé dans notre pays, quand on sait que celui-ci dans la
définition des missions spécifiques de l'éducation
recherche un type d'homme à former : patriote,
éclairé, bilingue (français/anglais) et maîtrisant
au moins une langue nationale, enraciné dans sa culture et ouvert au
monde.
En clair, quel est l'apport du manuel contextualisé au
Cameroun, et comment partir des textes fondateurs et d'une pédagogie
convergente français / langue maternelle pour aboutir à
l'adaptation et à l'utilisation du matériel de proximité
dans la production du livre au Cameroun, afin qu'il reflète le milieu
local, culturellement et linguistiquement complexe ?
III.1. Question de la recherche
Avant d'entrer de plain- pied dans la question centrale de
notre recherche, il convient tout d'abord de noter que, dans le cadre du
développement de l'éducation en Afrique, les participants de la
conférence d'Addis-abeba en 1961 posaient déjà les jalons
d'une école africaine introvertie et ancrée dans les valeurs
nationales propres à chaque pays. Par ailleurs, cette
nécessité est confirmée en 1967 lors de la
CONFEMEN52(*), avec la
volonté des ministres de plusieurs pays africains d'adapter leurs
programmes aux réalités locales de leur pays respectif.
Cependant, le débat de nos jours semble focalisé
sur les enjeux politiques et financiers des manuels scolaires, faisant presque
fi des fondements pédagogiques, scientifiques et culturels de cet outil
didactique, tels que prévus par les différents textes. En
général deux réalités se posent : d'une part
comme le remarque J. OZELE OWONO
Des spécialistes (de France) concoctent dans un
seul «grand chaudron " pédagogique, la soupe unique qui
sera servie à toute la clientèle sans distinction de pays, de
cultures et de besoins53(*).
D'autre part, on note une sorte de politique du livre
portant les étiquettes par un groupe de pédagogues
africains ou par une équipe d'auteurs
africains qui ne seraient en réalité que des aspects
purement techniques et économiques du fait qu'il n'y a aucune
spécification au niveau des appartenances nationales ou
régionales de ces différents auteurs ou pédagogues. Ceci
étant, ces gymnastiques ont pour corollaires la fabrication des manuels
déphasés et folkloriques, ignorant dans le premier cas comme dans
le second les véritables réalités socioculturelles,
économiques et linguistiques des élèves.
Au regard de tout ceci, nos questions de recherche sont les
suivantes : comment se présentent les manuels scolaires inscrits
sur la liste officielle des manuels au Cameroun ? Quelle politique
adopter, que faire pour que ces derniers soient entièrement
adaptés au contexte socio- culturel et pédagogique nationale tout
en restant ouvert à l'extérieur ?
III.2. Formulation des hypothèses
Pour G. DE LANDSHEERE,
l'hypothèse est
Une conjecture douteuse, mais vraisemblable par la quelle
l'imagination anticipe la connaissance et qui est destiné à
être ultérieurement vérifiée soit par une
observation directe, soit par l'accord de toutes ses conséquences avec
l'observation... 54(*)
Ainsi, de façon générale,
l'hypothèse de recherche (HR) est une réponse anticipée
à la question spécifique de la recherche.
III.2.1 hypothèse générale de la
recherche.
C'est le guide générale de la réflexion.
Pour O. AKTOUF55(*) c'est
elle qui oriente la lecture du chercheur, Tout en l'aidant à
procéder à certains choix ayant trait aux objectifs que poursuit
la recherche.
Notre hypothèse générale de recherche est
la suivante :
Le manuel scolaire inscrit au programme de l'école
camerounaise connaît des insuffisances pour ce qui est de son adaptation
au contexte socioculturel et pédagogique national.
III.2.2 Hypothèses secondaires de la
recherche
Les hypothèses secondaires (HS) sont des affirmations
impliquant une relation entre deux variables au moins. Pour notre recherche,
nous avons retenu trois hypothèses secondaires :
HS1 : L'absence d'une véritable politique
d'édition entraînerait une faible consultation de personnes
ressources dans l'élaboration et le choix du manuel scolaire.
HS2 : La non évaluation ou régulation de
certains programmes scolaires entraînerait l'inadéquation entre le
manuel, les programmes et l'évolution didactique.
HS3 : Les effets pervers de la politique du livre
supplanteraient les préoccupations pédagogiques fixées par
les instructions officielles.
CHAPITRE II : PRÉSENTATION DU POINT
D'ANCRAGE POLITIQUE DE L'ÉTUDE ET THÉORIE DE
RÉFÉRENCE
Cette partie est en réalité consacrée
à la description de l'école sur laquelle nous nous sommes
appuyés pour mener à bien notre étude. Toutefois, il nous
a semblé nécessaire d'indiquer dans un premier temps les
objectifs poursuivis par les pouvoirs publics au Cameroun, ceux-ci
matérialisés par les textes fondateurs, et rendus
opérationnels par les programmes scolaires en vigueur. Ceci s'est fait
d'autant plus que la contextualisation des manuels scolaires n'a de sens que
dans le cadre d'une politique nationale donnée.
Ces textes, qui ne sont que des indications
générales, ont été théorisés au plan
didactique par M.WAMBACH56(*) à travers la pédagogie convergente,
retenue ici comme théorie de référence à la
présente étude dont nous présenterons le contenu en second
plan.
I. POINT D'ANCRAGE POLITIQUE DE
L'ÉTUDE : LES TEXTES FONDATEURS.
Il s'agit ici des différents textes juridiques et
réglementaires élaborés par l'État camerounais et
ses partenaires dans le but de construire un projet de société.
Quels sont-ils en fait ? Quelle est leur orientation ? Quelles
missions assignent-ils à l'école camerounaise ?
I.1. La loi fondamentale
La constitution de la République du Cameroun de 1996
stipule en son article 1er alinéa 3 que la République
du Cameroun garantit la promotion du bilinguisme sur toute l'étendue du
territoire national, elle adopte le français et l'anglais comme langues
officielles d'égale valeur. Elle oeuvre pour la protection des langues
nationales57(*).
I.2. Les états généraux de
l'éducation.
Définissant les missions dévolues à
l'école camerounaise, les États généraux de
l'éducation postulent la formation des citoyens respectueux du bien
commun, instruits, enracinés dans leur culture mais ouverts au monde
extérieur. Dans une telle perspective, le type d'homme à former,
recommandent-ils, est un citoyen maîtrisant au moins une langue
nationale, enraciné dans les valeurs du terroir et ouvert à
l'étranger, de même suggèrent-ils, le développement
du partenariat école /milieu socio-professionnel, entendu
comme l'apprentissage des langues et des cultures
nationales, dans le système socio-éducatif comme facteur
d'intégration d'une part et l'élaboration de programmes
adaptés aux réalités nationales d'autres part, de
manière que les deux langues officielles aient la place de choix
qu'elles méritent.58(*)
Relevant l'utilisation du matériel didactique comme
condition première de la performance de l'enseignement de
l'apprentissage, les États généraux recommandent la
participation des nationaux dans la production des manuels, l'adaptation de
ceux-ci au milieu local en conformité avec les programmes et
méthodes.59(*)
I.3 La charte camerounaise de la
culture.
La charte camerounaise de la culture dispose que toutes les
langues parlées au Cameroun sont parties intégrantes de notre
héritage, que le Cameroun s'engage à mettre en oeuvre les
réformes nécessaires à l'introduction des langues
camerounaises dans l'enseignement après consultation populaire
débouchant sur un consensus relatif aux modalités les plus
appropriées, que le programme d'alphabétisation fonctionnelle et
permanente en langue nationale sera développée.60(*)
I.4 La loi d'orientation de
l'éducation
Au titre de la mission générale définie
à l'article 5, l'éducation, précise ce texte, a pour
objectif : la formation des citoyens enracinés dans leur culture,
mais ouvert au monde et respectueux de l'intérêt
général et du bien commun ; la formation aux grandes valeurs
éthiques et universelles ; la promotion des langues maternelles,
ainsi que de l'intégration régionale et
sous-régionale.61(*)
I.5 La loi d'orientation de la
décentralisation
La loi portant sur la décentralisation consacre le
transfert aux collectivités décentralisées des
compétences suivantes naguère dévolues à
l'État :
§ s'agissant des communes,
La participation aux programmes régionaux de
promotion des langues nationales et à la mise en place, à
l'entretien d'infrastructures et d'équipements.
§ Quant aux régions :
La maîtrise fonctionnelle des langues
nationales et la mise au point de la carte linguistique
régionale ; la participation à la promotion de
l'édition en langues nationales ; la mise en place
d'infrastructures et d'équipements.62(*)
Ces textes fondateurs, disions-nous sont inscrits dans
l'articulation de la politique nationale et reposent sur le double paradigme de
l'enracinement culturel et de l'ouverture que tâchent de mettre en
oeuvre, du moins théoriquement, les programmes en vigueur, cas de ceux
sur français au premier cycle et plus loin ceux de langue
française et de littérature au second cycle dont voici
l'économie.
I.6. Orientation générales des programmes de
français
Les objectifs généraux de l'enseignement du
français au premier cycle visent à permettre à
l'élève d'exprimer en une langue correcte sa personnalité,
sa culture et de comprendre les cultures étrangères (d'où
l'importance des lectures et de l'étude des textes)63(*)
Par ailleurs, les programmes de français en vigueur au
second cycle dans l'enseignement général et technique
réitèrent ce qui suit :
Il s'agit de former un jeune camerounais
pétri des valeurs universelles, fortement imprégné des
valeurs socioculturelles de son pays, mais aussi apte à s'ouvrir au
monde extérieur et à s'y insérer harmonieusement ....Le
programme de littérature au second cycle distinguera d'une par la
littérature camerounaise de la littérature africaine en
général, d'autre part... Un dosage équilibré sera
fait entre ces groupes. Une importance particulière sera accordée
à la littérature camerounaise et à la littérature
française64(*)
I.7 Objectifs généraux de formation
Les objectifs généraux, à l'instar des
orientations générales, confirment la place centrale
accordée au double paradigme ainsi qu'il suit :
Dans un contexte socioculturel ou les langues exercent une
très grande influence sur les élèves ... l'enseignement du
français doit permettre à l'élève ... d'exprimer sa
culture et de comprendre celle des autres ... Il convient d'initier les
adolescents autant à la culture du passé qu'à celle qui
s'appuyant sur ce passé est en train de sa bâtir
aujourd'hui65(*).
Il ressort donc de ce qui précède, que tous les
textes proposés sont conçus dans ce même esprit, celui d'un
projet de société et de souveraineté à travers le
type d'homme à former. C'est à ce niveau qu'on pourrait relever
une certaine filiation au plan théorique avec la conceptualisation de la
pédagogie convergente qui constitue ici notre théorie de
référence.
II. PRÉSENTATION DE LA THÉORIE DE
RÉFÉRENCE : LA PÉDAGOGIE
CONVERGENTE
Proposée par M. WAMBACH66(*) dans ses travaux sur
l'école fondamentale, la pédagogie convergente est une approche
méthodologique de l'enseignement des langues en situation multilingue.
Elle considère l'apprentissage comme étant une donnée
sociale, se développant hors de l'école, du fait que l'individu
vit dans un milieu humain et physique, humanisé, riche et complexe, dans
lequel il construit ses connaissances. C'est pour ces différentes
raisons que la pédagogie convergente se présente comme une
solution concrète à la résolution du problème de
contextualisation tant de l'enseignement que de l'outil d'enseignement, pour ce
qui est des milieux multilingues comme le Cameroun : d'où notre
choix porté sur cette approche pédagogique comme théorie
sous-tendant la présente étude.
II.1 Définition et caractéristiques
Contrairement à la démarche adoptée dans
les milieux unilingues*(*), la pédagogie convergente est une
pédagogie de convergence méthodologique qui se construit dans un
milieu culturellement et linguistiquement complexe. Elle conduit d'une part
à développer une aptitude à intégrer les
connaissances dans leur contexte culturel, social, économique et
politique ; et d'autre part à faciliter la construction des
principes organisateurs de la connaissance.
En clair, elle a pour objectif d'encourager les
décideurs, les pédagogues et les chercheurs à
déscolariser les apprentissages, en ouvrant l'école à la
vie et en favorisant ainsi les apprentissages dans et pour la
communauté. Construite dans des contextes éducatifs variés
avec des apprenants de langues maternelles et de cultures différentes,
la pédagogie convergente constitue, comme le note son auteur, une
synthèse des courants actuels en sciences humaines et en sciences
naturelles.67(*)
II.2 Démarche à suivre
La pédagogie convergente préconise des
stratégies d'organisation des connaissances dans leur contexte et leur
ensemble global ; ainsi, elle développe les aptitudes à
contextualiser et à globaliser les savoirs.68(*) Pour ce faire,
§ Elle assure une cohérence méthodologique
pour l'acquisition des connaissances sur le monde ;
§ Elle favorise la construction de stratégies
diversifiées pour percevoir, comprendre et structurer les informations
de l'environnement ;
§ Elle fait appel aux capacités créatrices
de l'individu pour réaliser de nouvelles structures.
Les apprentissages se construisent grâce à la
même méthodologie appliquée dans la langue 1 comme dans la
langue 2, formant ainsi une méthodologie unique langue 1+ langue 2. La
langue maternelle est perçue ici comme la base et toute apprentissage
(acquisition des comportements nécessaires à la construction du
discours, à l'appropriation de l'écrit et à l'ouverture
vers d'autres disciplines).
Ensuite, la langue seconde s'apprend plus facilement et plus
rapidement grâce aux aptitudes acquises antérieurement.
Progressivement, la structure cognitive de l'élève
s'élargit, la connaissance du monde s'acquiert tantôt dans une
langue, tantôt dans l'autre, chacune des langues apprises jouant un
rôle important dans la formation des apprenants.
C'est en effet à partir des langues qu'un
élève élabore, structure et enrichit sa pensée,
construit sa vision du monde, participe à la résolution des
problèmes.
II.3 L'opérationnalisation de la
pédagogie convergente a travers le manuel
La pédagogie convergente vise à
révolutionner le système éducatif à travers
l'exigence des recherches - action longues et persévérantes, et
à intervenants multiples ; d'où l'affirmation de B. CIDI
CISSÉ
... L'extension hors de l'école de la
pédagogie convergente, agirait sur l'environnement à la
manière d'un influx ...Ainsi, la pédagogie convergente
apparaît-elle comme un levier potentiel dans la promotion culturelle de
la société.1(*)
Ainsi, partant de l'inadaptation des manuels scolaires aux
différentes cultures nationales, aux programmes et à la
méthodologie suivie, du manque de matériels et des
matériaux scolaires, la pédagogie convergente trace les pistes
suivantes qui visent à atténuer les difficultés
rencontrées en classe :
§ les matériaux élaborés par les
participants et les formateurs (textes, comptes-rendus théoriques,
fiches méthodologiques, instruments d'évaluation...) constituent,
d'une part des documents de référence pour d'autres enseignants
et assurent, d'autre part, le point de départ de nouvelles
théorisations ;
§ les actions dans les classes réelles - par
exemple l'application de la méthodologie différenciée)
conduisant à une organisation nouvelle des écoles en cycle au
lieu de classe ;
§ la mise en évidence de l'importance des langues
maternelles ou nationales dans l'élaboration du manuel de base ;
§ la proposition d'une méthodologie
cohérente, souple et fonctionnelle, dans laquelle l'école
élabore son propre projet, avec l'implication des parents à la
recherche - action, ce qui donne à l'école une autre image,
crée un nouveau pôle d'attribution ;
§ élaboration d'une transition naturelle vers le
français par le développement d'une
« convergence » des comportements, des attitudes et des
aptitudes pour l'apprentissage des deux langues et cultures, qui en s'associant
étendent largement le champ des investigations et conduisent à
une plus grande connaissance du monde ;
§ la prise en compte des résultats des recherches
les plus récentes en pédagogie de l'apprentissage, en
pédagogie des langues (orales, écrites) en méthodologie
différenciée et en pédagogie du projet dans
l'élaboration du manuel.
§ et enfin la formation continue des enseignants,
envisagée dans l'action, s'établit en fonction des objectifs
poursuivis : la méthodologie à suivre doit s'adapter aux
besoins de la pédagogie nouvelle.
En bref, la pédagogie convergente est une
pédagogie ouverte au milieu socio - culturel, centrée sur
l'apprenant et ouverte à la participation des parents
d'élèves, des enseignants et de la collectivité locale
dans la construction de l'éducation. Le manuel scolaire étant
l'élément concret et fondamental de tout enseignement de base,
les théories émises par cette pédagogie peuvent sans
ambages servir de guide pour l'élaboration de cet outil didactique.
III- LA CONSTRUCTION DE L'OBJET DE RECHERCHE
Au regard du point d'ancrage politique et de la théorie
de référence de notre étude, nous pouvons construire notre
objet de recherche ainsi qu'il suit :
III.1 Objectif de la recherche
Notre étude dans son ensemble porte sur la
contextualisation du manuel scolaire au Cameroun ; de ce fait, elle vise
un triple objectif. Premièrement, il s'agit pour nous de faire un
état des lieux du manuel scolaire camerounais au prisme des textes
fondateurs ; dans un second plan notre étude partira d'une
synthèse critiques des grilles de lecture existantes pour proposer une
grille d'analyse qui nous permettra d'évaluer le livre scolaire inscrit
sur la liste des manuels. En troisième et dernier lieu, nous essayons de
suggérer une démarche à suivre pour l'élaboration
et le choix du matériel didactique contextualisé.
III.2 Intérêt de la
recherche
Prise en compte par les États généraux
de l'éducation au Cameroun et bien avant par de multiples rencontres des
différents ministres de l'éducation des pays francophones, la
problématique du manuel contextualisé en milieu multilingue reste
toujours d'actualité, surtout en Afrique et au Cameroun en particulier
où les questions d'enjeu socio- politiques, pédagogique et
économique demeure.
Ainsi, souhaiterions - nous que notre travail soit utile aux
promoteurs des manuels, pour une confection sans cesse améliorée
de ce matériel didactique tant au niveau de son contenu (le fond) qu'au
niveau de sa qualité matérielle.
Par ailleurs, cette étude cherche à soulever le
problème de la prise en compte des personnes ressources dans
l'élaboration et le choix du manuel scolaire et enfin sur le plan
économique ce travail a pour ambition d'attirer l'attention des
pédagogues et concepteurs de manuels sur la mise sur pied des
stratégies visant à construire un seul manuel, unique, pour
chaque cycle, de façon à revoir à la baisse les
dépenses faites par les parents d'élèves et l'Etat (pour
ce qui est de l'importation du livre) .Ceci pouvant contribuer à
élaborer un contenu plus dense et plus riche dont l'exploitation devrait
varier selon le niveau des élèves.
III.3 Limites de l'étude
La réflexion suggérée par notre
thème de recherche est orientée vers l'analyse des manuels
scolaires utilisés dans le système éducatif camerounais.
Cependant, l'ampleur d'une telle étude étant très
considérable en temps et en argent, nous nous sommes retranché
dans la limite des moyens disponibles pour mener notre étude. Ainsi,
pouvons-nous ici souligner quelques limites de notre étude :
- au niveau du corpus ; à défaut de faire
une évaluation de tous les manuels inscrits aux programmes scolaires de
l'enseignement secondaire général, nous nous sommes circonscrit
aux deux manuels utilisés (au choix) en classe de 6e
notamment. Le français en 6e, Paris, Édicef,
1998 et Français 6e, Paris, Groupe Hatier
International, collection Indigo, 2001. Le premier étant beaucoup plus
utilisé dans les écoles dites satellites (CES de
Ngoa-Ekéllé, Lycée d'Efoulan...) tandis que le second
utilisé dans les écoles dites pilotes (Lycée Leclerc,
Lycée Bilingue d'Application, Collège Vogt...).
Par ailleurs, ces manuels sont analysés compte non tenu
de leur guide pédagogique que nous avons jugé comme étant
centré uniquement sur le pôle enseignant.
- Au niveau de l'outil d'analyse : un protocole de
questionnaire adressé aux enseignants, aux auteurs/éditeurs et
enfin aux élèves aurait été souhaitable pour rendre
l'étude plus complète. Cependant, vu la teneur d'une telle
ambition (suivie minutieux du dit questionnaire auprès de la population
d'étude qui est ici très étendue), et de la
modicité de nos moyens financiers et matériels, nous nous sommes
contentés d'élaborer une grille d'analyse prenant en compte
d'autres informations complémentaires fournies par certains manuels
jugés acceptables et par certains documents scientifiques dont nous
préciserons les sources chaque fois qu'il sera nécessaire.
Ainsi, souhaitons-nous que d'autres études soient
menées sur l'analyse de nos manuels prenant en compte toutes ces limites
pour avoir une vision plus large de la question du livre scolaire au
Cameroun.
III.4. Formulation des variables
Une variable est un élément dont la valeur peut
changer et prendre différentes formes. Notre étude distinguera la
variable indépendante et la variable dépendante qui seront
à leur tour déclinées en indicateurs.
III.4.1 La variable indépendante
(VI)
La variable indépendante désigne le facteur que
l'expérimentateur fait varier (manipule) afin d'observer (ou mesurer)
les effets sur d'autres facteurs qu'on nomme variables dépendantes.
Nos variables indépendantes sont :
-l'absence d'une véritable politique d'édition
-la non évaluation ou régulation de certains
programmes scolaires
- l'inadéquation entre la politique du livre et les
instructions officielles.
III.4.2 La variable dépendante
(VD)
Elle est liée à l'objet de recherche, et renvoie
à l'effet présumé du phénomène de recherche
à étudier. C'est la variable passive, encore appelée
variable réponse, parce qu'elle indique le phénomène que
le chercheur essaie d'expliquer.
Nos variables dépendantes sont :
-faible consultation de personnes ressources dans
l'élaboration et le choix du manuel scolaire.
-l'inadéquation entre le manuel, les programmes et
l'évolution didactique.
-confusion entre manuel et programmes
-supplantation des préoccupations
pédagogiques.
III.4.3 Les indicateurs
Ils résultent de la déclinaison des variables,
qui sont théoriques, en éléments plus visibles faciles
à repérer par le chercheur. Ils sont considérés
comme outils d'analyse du fait qu'ils permettent d'obtenir des informations
précieuses sur l'élément recherché.
Les différents indicateurs de notre recherche se
présente selon un regroupement lié aux différentes
hypothèses secondaires de l'étude ;
-Pour l'hypothèse secondaire n° 1
v La trop grande implication de l'administration dans la
gestion du livre
v La conception des manuels par les éditeurs
étrangers
v Minorité d'enseignant dans le choix du manuel
scolaire et ignorance des collectivités locales dans son
l'élaboration
-Pour l'hypothèse secondaire n°2
v Les programmes du premier cycle sont vieux de 23 ans
v Ces programmes visent une pédagogie par objectifs
v Conception d'un manuel pour chaque niveau
-Pour l'hypothèse secondaire n°3
v Libéralisation du livre scolaire : coût
élevé
v Absence de manuel chez la plupart des élèves
v Changement permanent des manuels aux programmes.
v Éclatement du manuel en livre de
l'élève et livret d'activités.
Tout ceci est représenté dans le tableau
infra.
Figure : Tableau synoptique des hypothèses,
variables et indicateurs.
Question de la recherche
|
Hypothèse générale
|
Hypothèses secondaires
|
variables
|
Indicateurs
|
Comment se présentent les manuels scolaires inscrits
sur la liste officielle au Cameroun ?
Quelle politique faut-il adopter pour orienter ceux-ci dans le
contexte socio-culturel et pédagogique national tout en restant ouvert
à l'extérieur ?
|
Le manuel scolaire inscrit au programme de l'école
Camerounaise présente des insuffisances pour ce qui est de son
adaptation au contexte socio-culturel et pédagogique national.
|
HR1 : l'absence d'une véritable politique
d'édition entraîne une faible consultation de personnes ressources
dans l'élaboration de et le choix du manuel scolaire.
|
VI : L'absence d'une véritable politique
d'édition
VD : faible consultation de personnes ressources dans
l'élaboration et le choix du manuel scolaire.
|
-Trop grande implication dans la gestion du livre.
-le manuel est en majorité conçu par les
éditeurs étrangers.
-Présence minoritaire voire absence des enseignants et
des collectivités locales dans l'élaboration et le choix du
manuel scolaire.
|
HR2 : La non évaluation ou régulation de
certains programmes scolaires entraîne l'inadéquation entre les
manuels, programmes et l'évolution didactique
|
VI : La non évaluation ou régulation de
certains programmes scolaire.
VD : L'inadéquation entre les manuels, les
programmes et l'évolution didactique.
|
-Les programmes du premier cycle sont vieux de 23 ans.
-ceux-ci poursuivent la pédagogie par objectif
-conception d'un manuel pour chaque niveau
-certains manuels portent l'inscription « Nouveaux
programmes » (confusion entre manuel et programme)
|
HR3 : Les effets pervers de la politique du livre
supplantent les préoccupations pédagogiques fixées par les
instructions officielles.
|
VI : Les effets pervers de la politique du livre
VD : supplantation des préoccupations
pédagogiques
|
-libéralisation du livre scolaire
-hausse des prix et absence du manuel chez la plupart des
élèves
-changement permanent des manuels au programme
- éclatement du manuel en livre de
l'élève et livret d'activités.
|
Tableau n°1 : Tableau synoptique des
hypothèses, variables et indicateurs.
IV- EXPOSÉ DE LA MÉTHODOLOGIE
GÉNÉRALE
Deux instruments scientifiques, convergents et
complémentaires vont nous permettre de mener cette étude ;
d'une part il s'agira d'une démarche descriptive et d'autre part, d'une
entrée documentaire.
La première consiste à élaborer une
grille de lecture sélective, ressortant les topiques majeurs
nécessaire pour l'analyse du corpus. Mais avant, nous partirons tout
d'abord d'une revue critique de certaines grilles existantes, à partir
desquelles nous essayerons de faire une synthèse des
éléments pertinents qui pourront nous permettre d'analyser nos
deux manuels.
La seconde consiste à nous appuyer sur des informations
complémentaires, rentrant dans le cadre des critères que nous
allons rassembler. Celles-ci nous ont été fournies par des
documents et publications scientifiques que nous avons consultés.
Par ailleurs, un ensemble de questions extrait des 216
questions pour évaluer l'élaboration d'un manuel
scolaire69(*),
conçu par RICHAUDEAU, a été consigné en annexes et
servant d'orientation à certains éléments de
réponse de notre grille.
DEUXIÈME PARTIE :
CADRE MÉTHODOLOGIQUE ET
OPÉRATOIRE
Cette deuxième partie de notre étude se
présente comme une étape charnière et pratique ; elle
se déroule en deux chapitres.
Le premier chapitre, qui se veut un peu théorique,
passe en revue certaines grilles de lecture à la base desquelles sera
construit l'instrument d'analyse et d'évaluation de notre corpus qui est
ici le manuel scolaire (livre de l'élève)
Le second chapitre, plus pratique cette fois-ci, a pour
objectif d'appliquer les éléments de la grille
élaborée à notre corpus pour pouvoir dégager
certaines interprétations.
CHAPITRE III : CONSTRUCTION D'UNE GRILLE DE
LECTURE ET D'ÉLABORATION D'UN MANUEL DE FRANÇAIS
CONTEXTUALISÉ.
Ce chapitre s'attelle à l'élaboration d'une
grille synthèse et contenant les éléments sélectifs
qui nous permettront d'extraire les points positifs et négatifs du
manuel de français au Cameroun. Pour ce faire, nous partirons tout
d'abord d'une lecture critique de certaines grilles existantes, desquelles nous
recueillirons certaines entrées pertinentes à la construction de
notre propre instrument d'évaluation. L'application de cette grille au
corpus choisi ainsi que les sources documentaires nous permettront de
dégager une interprétation et vérification des
hypothèses.
I. OBJECTIFS POSSIBLES DE L'EVALUATION D'UN
MANUEL
F. RICHAUDEAU70(*) propose cinq voies ouvertes à l'analyse
critique d'un ouvrage ou manuel didactique. Les dites voies ont
été révisées par G. MBA71(*) qui en propose
quatre :
- L'analyse d'un manuel peut se faire avant emploi : cet
exercice consiste, dans un contexte précis d'analphabétisme,
à scruter le manuel avec l'aide d'un nombre restreint de locuteur
natifs de la langue utilisée dans le manuel : c'est ce que K.
BANWELL appelle « Initial testing »72(*)
-On peut aussi partir des informations reçues, des
suggestions de certaines personnes ressources réviser le manuel avant
son utilisation.
- La consultation ou l'analyse d'un manuel peut, sous un autre
angle, être possible à travers un ensemble de critères
pédagogiques linguistiques, etc. soit pour le retenir soit pour le
rejeter.
-On peut encore et enfin analyser un manuel dans le cadre de
la formation des utilisateurs.
Nous nous limitons dans le cadre de notre étude
à la troisième voie ; mais avant nous partirons des exemples
élaborés par les précédents analystes.
II. PRÉSENTATION CRITIQUE DES GRILLES
EXISTANTES
L'importance accordée à la place du manuel
scolaire dans le processus éducationnel a suscité chez plusieurs
chercheurs et institutions la mise sur pieds de critères minimaux pour
l'élaboration et le choix de ce dernier selon les finalités
visées. Nous retenons ici trois principales grilles d'analyse à
savoir : celle de G. MATHIS, celle de RICHAUDEAU et enfin celle
élaborée par la commission Autonome d'Agrément des manuels
scolaires et matériels didactiques au Cameroun, mise sur pied par le
MINEDUC. Relevons tout de même en passant que plusieurs autres grilles
ont été élaborées, notamment celles d'E.COSTANZO et
BERTOLLETI, et celle de MAGNARD, applicables ici aux manuels de grammaire.
II.1. La grille de MATHIS
G. MATHIS73(*) dans sa grille d'observation des manuels de
français a mis sur pied une grille qui s'élabore en cinq
points :
§ la conception d'ensemble ;
§ les contenus ;
§ les textes ;
§ l'armature didactique
§ la présentation
Cette grille a le mérite qu'elle permet d'aborder le
manuel dans un double aspect. D'une part, il s'agit de faire une approche
d'ensemble à travers l'étude structurale du manuel qui recense
leurs contenus, caractérise la démarche mise en place ainsi que
les exercices qu'il propose. D'autre part, elle propose une étude
analytique des manuels à travers une approche ciblée des notions
essentielles relatives à chaque cycle.
Cependant, elle reste peu explicite pour ce qui relève
de la congruence entre manuel et I'instructions officielles (I.O), les
critères techniques sont peu perceptibles ainsi que le rapport entre
l'enseignant, l'élève et le manuel.
II.2. La grille de RICHAUDEAU
Pour F. RICHAUDEAU74(*), les manuels scolaires doivent satisfaire les
critères minimaux suivantes :
1. La valeur de l'information (quantité, son choix, sa
valeur scientifique).
2. Adaptation de cette information à l'environnement et
à la situation culturelle et idéologique.
3. Accessibilité de cette information : existence
des facilitateurs, intelligibilité de l'information, lisibilité
matérielle et linguistique.
4. Cohérence pédagogique : une
cohérence interne, cohérence plus générale avec
modèles pédagogiques préconisés par les
autorités scolaires et enseignants ; prise en compte tant du niveau
de l'élève que du maître.
Cette grille de RICHAUDEAU s'applique aux manuels habituels
dits manuels « programmés » qui proposent un ordre
pour leur apprentissage aussi bien en ce qui concerne l'organisation du contenu
qu'en ce qui concerne la méthode d'approche de ce contenu. En
réalité, RICHADEAU75(*) schématise ces critères dans une grille
prenant en compte quatre grandes dimensions importantes d'analyse du manuel
à savoir :
§ Le contenu
§ La méthode
§ La communication
§ et l'objet matériel.
Les critères présentés supra accordent
une importance capitale à l'adaptation du manuel à son
environnement et met en relief la place de choix qui doit être
accordée aux enseignants, aux apprenants et à l'autorité
scolaire en générale.
En revanche, les critères portant sur les valeurs
scientifiques et idéologiques de l'information demeurent sujets à
plusieurs interrogations : comment discuter des contenus scientifiques des
manuels (un livre de science contient-il des erreurs ou des retard...par
exemple ?)76(*).
Comment traduire dans un manuel les différentes idéologies d'un
peuple dans une société plurielle ?
III.3 La grille du MINEDUC
Conformément à la déclaration
gouvernementale sur la politique du livre scolaire (libération de
l'édition, de la production et de la distribution), le MINEDUC77(*) a mis sur pied une Commission
Autonome d'Agrément des manuels scolaires et matériels
didactiques au Cameroun (CAA). Celle-ci dégage une grille portant six
critères de choix à savoir :
§ les aspects matériels ;
§ le contenu ;
§ la structure ;
§ l'approche méthodologique ;
§ l'équité et l'éthique ;
§ le prix
Ainsi les livres scolaires retenus sur la liste officielle au
Cameroun répondraient à ces critères. Nous pouvons les
représenter dans le condensé ci-dessous :
Tableau n°2 : condensé des critères de
sélection des manuels scolaires et matériels didactiques
Éléments
|
Critères requis
|
1-Aspects matériels
|
-Couverture (cartonnée, papier glacé) format et
poids
-Papier, reluire et couleur
|
2- Contenu
|
-Cohésion avec les programmes
-Exactitude scientifique
-Activités
-Niveau de langue
-Exercices d'évaluation
|
3 -Structure : disposition des rubriques
|
-Facilitateurs
-Table des matières
|
4-Approche méthodologique
|
-Démarche identifiable et compréhensible
-Prise en compte des niveaux cognitifs, psychomoteurs et
affectifs.
-Développement de la capacité d'apprendre
-Progression adaptée
-Indication des objectifs
|
5-equilibre et éthique
|
-Equilibre entre milieu rural et milieu urbain
-Absence de toute sorte de discrimination
-Promotion des valeurs culturelles nationales, morales et
universelles.
|
6-Le prix
|
-Prix de vente appropriée par rapport à la
qualité des matériaux
-Prix de vente ne dépassant pas ce maximum
exigé.
|
La lecture de cette grille laisse découvrir
l'importance accordée au contenu et à l'approche
méthodologique. Par ailleurs, une valeur non moins significative est
allouée aux aspects matériels, à l'éthique et
l'équité. On voit bien un effort de couverture de tous les
critères qui rendent manuel viable et acceptable dans un contexte comme
le notre. Toutefois, il convient de remarquer qu'il s'agit ici d'une grille
(critère) de sélection et non d'élaboration d'un manuel,
le second pouvant bel et bien tenir lieu du premier. Ainsi, plusieurs
inquiétudes et questionnements restent sans réponses auxquels la
grille ne donne aucun éclaircissement. Qui conçoit le manuel
scolaire utilisé au Cameroun ? Quelle est la place accordée
aux autorités scolaires, aux enseignants et à la situation des
programmes ? Qui est le maître du jeu des manuels scolaires au
Cameroun ?
Cet ensemble d'observations nous permet de relever quelques
velléités qui entachent le fond du manuel au Cameroun. Ainsi
devons-nous construire une grille sélective et synthétique
ressortant les critères qui nous permettront d'évaluer les
manuels de français inscrits sur la liste officielle.
III. CONSTRUCTION DE L'INSTRUMENT D'ANALYSE :
GRILLE SÉLECTIVE POUR L'ÉLABORATION D'UN MANUEL
CONTEXTUALISÉ
La grille que nous nous proposons de construire est
composée en partie des entrées issues des variables
dépendantes que nous avons formulées supra.
III.1. Rappel des variables
indépendantes
Nous avons dégagé quatre variables
dépendantes pour notre étude :
a. La faible consultation de personnes ressources dans
l'élaboration et le choix du manuel ;
b. L'inadéquation entre le manuel, les programmes et
l'évolution didactique ;
c. La confusion entre manuel et programmes ;
d. Supplantation des préoccupations
pédagogiques.
III.2. Présentation et description des
éléments de la grille d'analyse
Notre grille se présente en quatre critères
ayant chacun plusieurs entrées qui doivent être
vérifiées dans les manuels à évaluer. Voici du
reste sa représentation :
Tableau n°3 : Présentation
tabulaire de la grille d'analyse.
Critères
|
Entrées
|
N°1Programmes et instructions
officielles
|
1. Examen des objectifs éducationnels
2. Spécification des programmes
|
N°2 Contenu
|
1. Prise en compte de l'environnement socioculturel et
national des apprenants et variétés des élèves du
contenu
2. Élargissement des éléments du
contenu, prise en compte du milieu extérieur.
3. Auteurs, éditeurs, et public cible
|
N°3Démarche pédagogique
|
1. Facilitateurs
2. respect de la liberté pédagogique du
professeur
3. l'unicité du manuel
4. niveau de langue : lisibilité linguistique
|
N°4 :Technique de
fabrication
|
5. Solidité et adaptabilité aux utilisateurs
6. l'image de la couverture
7. l'objet et la qualité des illustrations
8. le prix
|
III.2.1 Critère n°1 : programmes et
instructions officielles78(*)
Empruntant la définition du glossaire des termes de
technologies éducatives publiés par l'UNESCO, MIALARET
présente un programme scolaire comme :
Détermination des disciplines à enseigner et
l'établissement pour chaque discipline, d'un nombre d'heures
d'enseignement et de la liste des contenus à acquérir,
c'est-à-dire des connaissances exigées 79(*)
En réalité, il s'agit ici de l'ensemble des
actions, des opérations et objectifs à réaliser ou
à atteindre selon un ordre et une modalité
déterminée. Ils s'inscrivent dans l'orientation des I.O de chaque
pays.
II.2.1.1. Examen des objectifs
éducationnels
Un objectif se présente comme la finalité
à atteindre ; dans ce cas du but poursuivi par les auteurs du
manuel et s'inscrivant en droite ligne des objectifs généraux et
spécifiques programmes et I.O. Les objectifs du livre doivent être
clairement définis à la préface ou à l'avant propos
des manuels scolaires, permettant de vérifier leur filiation à la
politique éducative du pays
II.2.1.2 Spécification des programmes et
innovation
La spécification des programmes et I.O dans un manuel
se constate à sa lecture. Il s'agit de savoir si celui-ci est assez
élaboré pour répondre à l'acquisition des objectifs
ou des compétences escomptées. Bien plus c'est ici que se
vérifie la conformité entre les programmes et le contenu des
manuels scolaires, ainsi que les innovations pédagogiques en cours.
A ce sujet, G. MBA souligne :
La spécification d'un programme peut être
fondée sur des raisons culturelles, historiques, géographiques,
pédagogiques, linguistiques, etc. Le contenu devra refléter ces
raisons par l'accent mis sur les composantes du manuel. Un programme
peut-être largement spécifié sur le plan du contenu mais
vague sur les compétences voulues. 80(*)
Notons ici que la table des matières ou le sommaire des
manuels est un indicateur rapide pour une telle vérification.
III. 2. 2 Critère n°2 : le
contenu
C'est l'ensemble ou système articulé d'objectifs
et connaissances spécifiques d'un certain niveau ou d'une école
dans un pays donné.
Pour MILARET,
Les contenus de l'enseignement constituent un
ensemble des savoirs, de savoir-faire, de valeurs et comportements,
concrétisés sous forme des finalités et objectifs
assignés à l'école par chaque société. Ces
contenus, organisés par niveau ou type d'institution scolaire, par
classe et par discipline, sont le résultat d'une élaboration dans
un but pédagogique et font l'objet d'un processus
spécifique : l'apprentissage. 81(*)
III.2.2.1. Prise en compte de l'environnement
socioculturel et national des apprenants et variété des
éléments du contenu.
Les manuels doivent prendre en compte tous les
éléments exprimant les réalités du public
cible ; il s'agit des auteurs, des textes et des illustrations familiers
à l'apprenant et renvoyant à son quotidien. Bien plus, ils
doivent être variés au niveau des éléments pour
s'ouvrir à l'environnement africain en général.
III.2.2.2. Élargissement des
éléments du contenu au monde
extérieur.
En plus de l'environnement national ou sous- régional
mettant en exergue la culture africaine, les manuels considérés
comme premier outil d'information fiable doivent prendre en compte le concept
d'ouverture sur d'autres continents pour éviter une pédagogie en
vase clos.
III.2.2.3 Auteurs, éditeurs et public cible
des manuels
Il s'agit de vérifier qui sont les
auteurs et les éditeurs du manuel élaboré ; sont-ils
identifiés dans le manuel ? Si oui, précise-t-il leur
identité ? Tous ces éléments sont importants pour
évaluer la qualité interne du manuel et son degré
d'adéquation à son public.
III.2.3. Critère n°3 :
démarche pédagogique.
Avant d'être un outil par la classe, le manuel est avant
tout une « méthode », comprise ici comme un ensemble
raisonné et structuré, destiné à organiser et
à favoriser l'apprentissage. C'est pourquoi il est important
d'apprécier celui-ci sous l'angle de son fonctionnement
pédagogique. La tâche ici consiste à vérifier les
moyens mis sur pied par les auteurs du manuel pour faciliter
l'apprentissage.
III.2.3.1. Les facilitateurs
Le manuel présente-t-il un mode d'emploi ? Y
a-t-il dans le manuel des éléments qui facilitent son
exploitation et sa lecture ?
Enfin, le manuel possède-t-il un fil d'Ariane qui
conduit l'élève à un emploi judicieux du manuel ?
III.2.3.2. Respect de la liberté
pédagogique du professeur.
Le manuel offre-t-il une liberté d'exploitation aux
enseignants selon le contexte d'utilisation ou se comporte-t- il en
méthode rigide présentant une progression déjà
arrêtée aux enseignants ? Les indicateurs ici peuvent
être l'avant-propos et la progression du manuel.
III.2.3.3. L'unicité du
manuel
Le manuel est-il présenté sous forme d'un livre
unique s'adressant aux élèves et aux enseignants ? Le
contenu de ce dernier englobe-t-il à la fois les textes de lecture et
tous les activités et exercices complets d'apprentissage ?
III.2.3.4. Niveau de langue :
lisibilité linguistique.
Le niveau de langue utilisé dans le manuel doit
être correcte et en relation avec l'environnement culturel de
l'apprenant. Les mots et expressions doivent être connus de ce
dernier ; pour cela, il convient de vérifier si les textes du
manuel sont en conformité avec l'environnement culturel, ethnique,
politique et national de l'élève.
Par ailleurs, il convient aussi de vérifier la longueur
des phrases exprimées en mots et enfin le traitement des mots nouveaux
pour l'élève dans le manuel.
En effet, RICHAUDEAU définit cette lisibilité
linguistique comme :
L'aptitude d'un texte - indépendant de sa
transformation typographique - à être lu sans effort particulier,
tout en étant compris et mémorisé de façon
satisfaisante. La lisibilité linguistique d'un texte doit naturellement
être rapportée au niveau scolaire et aux caractéristiques
culturelles et ethniques du lecteur. La lisibilité est fonction du choix
des mots... 82(*)
III.2.4. Critère n°4 :
technique de fabrication
Cette technique porte sur l'objet matériel du livre
scolaire et concerne sa grosseur, sa durabilité, sa protection, son
poids et son adaptation à ses utilisateurs. Dans ce cas, un gros livre
est donc inadapté pour un enfant d'un niveau inférieur qui
éprouvera une fatigue instantanée vis - vis du volume. Pour G.
MBA :
Dans l'appréciation de l'objet
matériel s'associent le choix du matériel pour la reluire, le
choix du matériel pour la couverture, etc. ces deux
éléments jettent un discrédit sur un manuel
pourtant savamment conçu du point de vue pédagogique et
linguistique 83(*)
III.2.4.1. La solidité et
l'adaptabilité a l'utilisateur
Les aspects matériels du livre : papier, reluire,
impression, couverture semblent - ils satisfaisants et adaptés à
l'âge des apprenants ? Existe-t-il une feuille de garde vierge
protégeant les écrits du manuel à son
entrée ?
III.2.4.2. L'image de couverture
La couverture pique-t-elle la curiosité,
provoque-t-elle une émotion positive, une interrogation, une envie de
parcourir le livre ? Suffit-elle pour situer du manuel ?
III.2.4.3. L'objet et la qualité des
illustrations.
L'ensemble du livre est-il un bel objet pour
l'apprenant ? Les illustrations sont-elles faites en quadrichromie, ou
sont- elles des photographies exactes visant à satisfaire la
mémoire visuelle des élèves et à leur situer
davantage dans l'environnement décrit ?
III.2.4.4. Le prix
Le prix unitaire de l'objet cadre-t-il avec le contexte
socioéconomique national et plus particulièrement celle de la
population cible ? Ce coût peut-il permettre à tous les
élèves d'obtenir un manuel ? Est-il proportionnel à
la qualité des matériaux utilisés ? Il s'agit ici
d'un élément très sensible et susceptible les
préoccupations pédagogiques.
CHAPITRE IV : APPLICATION DES ENTRÉES DE LA
GRILLE D'ANALYSE À NOS DEUX MANUELS : LE FRANÇAIS EN
6e ET LE FRANÇAIS 6e
Ce chapitre qui se veut pratique, consiste en
l'évaluation de notre corpus au prisme de l'instrument d'analyse
construit au précédent chapitre. Notons en passant que la classe
de 6e a été choisie comme cible de l'étude
parce qu'elle représente dans l'enseignement secondaire le niveau de
base qui, nous le savons, est capitale pour l'avenir scolaire du jeune
apprenant. Par ailleurs, c'est le manuel indispensable et très utile qui
prévaut à ce stade. Au regard de ceci, tout insuffisance dans
l'élaboration du manuel serait dès le départ, responsable
des lacunes qui pourraient être difficiles à juguler plus tard
dans l'esprit de l'élève. Ainsi, le manuel destiné
à un public donné doit-il être conforme à la
réalité du milieu tant au niveau du fond que celui de la forme.
En fait, quelle est l'origine des manuels de notre étude ?
I- PRÉSENTATION SOMMAIRE DU CORPUS
Publiés conjointement sur la liste officielle des
manuels* scolaires de l'enseignement secondaire général
sous/système francophone, pour l'année scolaire 2004/2005, Le
français en 6e84(*)
et Français 6e85(*) sont destinés à être
utilisés aux choix par les différentes autorités scolaires
et selon l'option des enseignants pour l'un ou pour l'autre.
En effet, L.F 6e apparaît au programme de la
classe de 6e au début de l'année scolaire 2000/2001,
remplaçant ainsi La Nouvelle méthode de français
n'ayant eu qu'une durée d'une seule année scolaire au programme
de cette classe. Quant à F.6e, il a été
coopté au début de l'année scolaire 2003-2004 et est plus
utilisé dans les centres dits pilotes. Voici du reste la
représentation de ces manuels dans le tableau ci-après.
Tableau n°4 : Présentation
des manuels du corpus.
Auteurs (noms
|
Titres du manuel
|
Éditeurs
|
Lieu d'édition
|
Année d'édition
|
Nombre de pages
|
Aucune précision
|
L.F 6e
|
Edicef
|
Paris
|
1998
|
127
|
Par une équipe d'auteur africains
|
F. 6e
|
Groupe Hatier International
|
Paris
|
2001
|
127
|
II- ANALYSE DES MANUELS DU CORPUS.
Cette rubrique consiste à appliquer de manière
concrète les critères de notre grille aux deux manuels
présentés supra. Nous relèverons ici juste les
éléments observés dans les manuels et de même,
tâcherons-nous de souligner tous les points de la grille qu'aucun
indicateur rapide ne permet de vérifier dans les manuels,
l'interprétation de ces éléments ne devant se faire
qu'après l'analyse.
II-1 Vérification du critère
n°1 : programmes et I.O
Rappelons que celui-ci porte sur les programmes et I.O. En
fait, pour un manuel contextualisé, ces éléments devraient
être clairement définis en avant-propos ou avertissement, pour
souligner de manière spécifique l'esprit dans lequel ils
s'alignent ou pour définir les origines du public cible à qui
s'adresse le manuel.
II.1.1 Examen des objectifs
éducationnels
C'est ici que sont présentés les objectifs du
manuel en relation avec les politiques éducatives en vigueur dans le
public cible. Ces objectifs pointent du doigt et de façon
concrète l'origine (nationalité, culture) du public
concerné.
L'exemple du Français : textes et
activités 6e en est une illustration significative. Ses
auteurs affirment en avant-propos :
Le choix des thèmes, ainsi que celui des textes
(dont la moitié sont extraits d'oeuvres d'auteurs africains), tient
compte :
des instructions officielles en
vigueur dans les différents pays
des centres d'intérêt et des
préoccupations du public concerné...86(*)
Revenant donc à notre corpus, la première
surprise est que L.F. 6e ne souligne nulle part dans son
avant-propos le rapport entre les objectifs du manuel et ceux inspirés
par les I.O et définis pour la classe de 6e au cameroun. Il
présente plutôt un objectif en trois points et ceci de
façon générale sans aucune spécificité ou
indice qui pourrait témoigner que lesdits objectifs s'inscrivent dans un
quelconque esprit des programmes scolaires destinés à la classe
de 6e et s'inscrivant dans les préoccupations de son public.
Ainsi pouvons-nous lire :
Ce manuel de 6e a été
conçu pour accompagner les élèves enseignants [...]. Il
répond [...] à un triple objectif :
· entraîner les élèves à
la lecture de différents types de textes et les familiariser avec la
diversité des supports écrits [...]
· assurer, dans une perspective de
décloisonnement des apprentissages, l'articulation de la progression
entre la lecture, l'étude de la langue d'une part, et de l'apprentissage
des techniques d'expression d'autre part.[...]
· proposer de véritables canevas pour associer
les élèves au déroulement du cours [...]87(*)
On voit bien que l'origine du public cible n'est pas
spécifié, ces objectifs pouvant s'adresser à toute classe
de 6e par tout ailleurs.
En ce qui concerne F.6e, nous avons constaté
l'absence pur et simple de l'avant-propos à l'entrée du manuel,
ce qui permet de souligner qu'il n'y a aucune précisions des objectifs
éducationnels encore moins la détermination de la culture du
public concerné par ce manuel.
Reste à vérifier dans ce qui suit, si dans l'un
ou l'autre cas, les points des programmes du premier cycle ont
été spécifiés.
II.1.2 Spécification des programmes et
innovation
Il s'agit ici de vérifier si notre corpus est en
stricte conformité avec les programmes officiels du premier cycle ou
s'il évoque une innovation particulière.
II.1.2.1 Conformité aux programmes et
instruction officielles (I.O)
Elle devrait avant tout être soulignée de
façon théorique en avant-propos pour situer les utilisateurs,
comme on peut le lire en guise d'Exemple dans les manuels de
grammaire française inscrits aux programmes Français :
Le programme de français des classes de 4e et de
3e des collèges (Bulletin Officiel du 14 décembre
1978, reproduit en tête de notre volume de Documents pédagogiques
pour le professeur), reprend pour l'essentiel le programme de 6e,
5e88(*)
Ou encore
Tant dans son programme que dans sa terminologie,
Grammaire des collèges 3e est conforme aux
instructions officielles89(*)
Cependant, ni L.F. 6e, ni F.6e
n'évoquent ces instructions. Néanmoins, seule la lecture de la
table des matières pour le premier et du sommaire pour le second nous
permet de vérifier la mise en relief des éléments des
programmes du premier cycle tels que mis en exergue ici par les objectifs
généraux :
L'enseignement du français au premier cycle des
lycées et collèges a pour objectifs de donner à
l'élève la capacité de communiquer et de
s'exprimer avec clarté et d'aisance dans la langue
contemporaine, orale ou écrite
De mettre à la disposition de l'élève
des techniques et méthodes nécessaires dans les activités
pratique de la vie journalière (rédiger une lettre, faire un
compte rendu de lecture, établir un dossier, organiser un travail
individuel ou collectif, savoir téléphoner, utiliser les ouvrages
de référence utiliser un dictionnaire90(*).
Par ailleurs, dans les objectifs par niveaux, en 6e
particulièrement on aura :
À la fin de la classe de 6e,
l'élève doit être capable :
- de prendre par écrit lisiblement et sans erreurs
graves un message oral de compréhension aisée. De rédiger
dans les mêmes conditions un texte de longueur raisonnable et
d'inspiration personnelle (rédaction, articles...)
- de posséder un lexique permettant de
désigner les réalités de la vie quotidienne.91(*)
Comme nous l'avons annoncé supra, la
spécification ou conformité avec les programmes est à
vérifier au niveau de la table des matières dans L.F.
6e. Voici par Exemple un aperçu détaillé de
celle-ci, présenté dans une perspective de décloisonnement
ou de projet pédagogique. (N.B : les points spécifiés
des programmes sont marqués d'une étoile).
Tableau n°5 : Spécification
des éléments des programmes dans L.F en 6e.
Thèmes
|
Textes
|
Vocabulaire
|
Expression écrite
|
Pages
|
1- *Communiquer
|
*Lettre de Som-Nian
|
Les registres de langue
|
Informer parents et amis
|
4-15
|
2- Les livres
|
*Encyclopédie et dictionnaire
|
*Chercher dans un dictionnaire
|
Des outils pour mieux apprendre
|
16-27
|
3- S'informer
|
Télé-jeune
|
Le champ lexical
|
S'informer
|
28-39
|
4- Décrire
|
Le champ
|
Situer dans l'espace
|
Rédiger une publicité touristique
|
40-51
|
5- Les personnages
|
Roger Milla, une star du football mondial
|
*Les familles des mots
|
Le portrait
*Créerun personnage
|
52-63
|
6- Textes traditionnels
|
Proverbes et devinettes
|
Sens et étymologie
|
*résumer un conte
*inventer proverbes et devinettes
|
64-75
|
7-Récit
|
L'enfant et le serpent
|
Situer dans le temps
|
*Écrire un récit
|
76-87
|
8- Paroles, paroles
|
Père et fils
|
Les verbes du dialogue
|
*Rédiger un texte fonctionnel
|
88-99
|
9- L'image
|
L'image pour signaler
|
Les mots de l'image
|
Créer une affiche publicitaire
|
112-123
|
On observe donc la prise en compte des programmes
suivants :
- communiquer, s'exprimer avec clarté (1)
- rédiger une lettre, faire un compte rendu de lecture,
téléphoner, utiliser un ouvrage de référence (1,
2,6)
- rédaction d'un texte d'inspiration personnelle (4,
7,8)
- posséder un lexique (5, 6,8).
Cependant, on relève un fait curieux à
l'en-tête de la première page de couverture :
l'écriteau : Nouveaux programmes, qui suscite quelques
interrogations sur l'identification de ces programmes lorsqu'on sait que ceux
en vigueur du premier cycle date de 1984 et n'ont subis aucune
régulation. S'agit-il des programmes particuliers au manuel ?
Dans F. 6e. , cette spécification n'est pas
autant explicite que dans L.F.6e. Ce dernier présente un
sommaire qui ne ressort pas à première vue une lisibilité
de correspondance entre les thèmes, les lectures et les
éléments de la langue. Toutefois, il ressort plutôt les
objectifs séquentiels découpés en différentes
unités dont seul le parcours du manuel pourrait donner un
éclaircissement sur le reste. En revanche, le tableau ci-après
nous permet de visualiser les correspondances de certains
éléments du contenu avec certains points des programmes.
Tableau n°6 : Correspondance entre
les unités du manuel F.6e et les programmes du premier
cycle.
Séquences et unités du manuel
|
Point de convergence avec les programmes
|
Pages du manuel
|
Séquence 1 : J'acquiers des
méthodes
-Unité 1 : «je comprends les mots''
-Unité 2 : «Je m'appuie sur le texte pour
répondre'
|
-Posséder un lexique
-s'exprimer avec clarté et aisance dans la langue
contemporaine, orale et écrite
|
Pp.6-25
|
Séquence 2 : « je
repère à quel genre appartient le texte
-unité 3 : «j'écris une lettre''
-unité 4 : «je conte, tu contes, il
conte...''
|
-techniques et méthodes nécessaires dans les
activités pratiques de la vie journalière (rédiger une
lettre)
-rédiger un texte d'inspiration personnelle
|
Pp26-45
|
Séquence 3 : je raconte les
évènements.
Unité 4 : « j'enchaîne les
péripéties''
|
- rédiger dans les mêmes conditions un texte de
longueur raisonnable et d'inspiration personnelle
|
P.61
|
Séquence 4 : je rapporte des
paroles
-unité 3 : «je choisis un registre de
langue''
-unité 4 : «je construis un dialogue''
|
-permettre d'exprimer en une langue correcte sa
personnalité, sa culture et de comprendre les cultures
étrangères [...]
-une place importante sera accordée aux spectacles
(théâtres, cinéma) qui assurent complètement
l'ouverture de l'élève.
|
PP.56-61
|
Séquence 5 : Je compose une
description.
-unité 1 : j'organise une description
-unité 3 : je fais un portrait
-unité 4 : je décris les bruits, les
odeurs, les saveurs
|
-posséder un lexique permettant de désigner les
réalités de la vie quotidienne
|
PP.86-105
|
La lecture de ce tableau montre que les objectifs
séquentiels du manuel F.6e permettent tout de même de
mettre en exergue certains points des programmes de français au premier
cycle. Cependant, d'un manuel à l'autre, on peut observer quelques
nouveautés, absentes dans les programmes, et dont il convient de
décrire.
II.1.2 Innovation des manuels par rapport aux
programmes
Une lecture du programme de français au premier
cycle nous montre que celui-ci date de 1982-1983,issu plus
précisément des Instructions Ministérielles
N°135/D40/MINEDUC/SG/IGP fixant les objectifs, principes, méthodes
et programmes dans l'enseignement du français au premier cycle des
collèges. Ces instructions n'ayant pas été
révisées depuis lors, on note donc que les manuels ont connu une
démarcation de celles-ci en intégrant certains
éléments absents ici :
Ainsi, L.F.6e évoque parmi ses thèmes
celui de l'image qui s'étale des pages 112 à 123 incluant
plusieurs textes de lecture de l'image.
Exemple :
· l'image pour signaler, expliquer, se distraire...
(P.112)
· la bande dessinée ( p.116)
· décrypter la publicité
(p.120)
dans le même ordre d'idée, F.6e en
plus de la lecture de l'image (pp.126-127) ouvre tout une séquence
entière à la typologie des textes, un autre élément
qui n'est pas indiqué dans le programme ; on pourra donc lire dans
le manuel :
- le texte informatif : sur une branche
cassée (p.106)
- le texte argumentatif : comment sauver les
éléphants d'Afrique ? (pp.11-112)
- les types de textes dans un récit (narratif,
descriptif) Le forgeron et le diablotin (pp.121-122.)
II-2 Analyse du critère n°2 : le
contenu.
Il s'agit ici du critère portant sur le contenu.
L'évaluation à ce niveau porte sur les éléments
liés à la culture et à l'environnement des utilisateurs
des manuels, qui est ici le paysage camerounais dans toutes ses couleurs.
Remarquons que, pour de raisons d'identification de la variété
du contenu, la première entrée porte sur tout le contexte
africain. Toutefois, l'interprétation finale nous permettra de
vérifier quelle région du continent a été la plus
mise en exergue à travers les textes de lecture et la fréquence
des écrivains prise en compte dans les différents manuels.
II.2.1 L'environnement socioculturel des
apprenants et variété des éléments du contenu des
manuels.
Les manuels privilégient-ils les textes africains en
général et camerounais en particulier ? Les écrivains
camerounais sont-ils les plus utilisés dans les manuels ? Les
textes et morceaux choisis illustrent-ils fortement l'environnement national
des apprenants ? Peuvent-ils être compris sans difficulté par
les élèves ?
II.2.1.1 Fréquence des écrivains
africains et leur origine.
L'analyse ici s'oriente vers le relevé des
écrivains pris en compte à différents niveaux du manuel
(lecture principale, texte prévus pour les activités
d'apprentissage).
L.F.6e compte 14 écrivains africains
répartis entre l'Afrique centrale et l'Afrique Occidentale.
F.6e pour sa part convoque 16 écrivains du continent
répartis dans les mêmes sous-régions, en plus de la prise
en compte du Maghreb. Le tableau ci-dessous ressort le nombre et le pourcentage
pour chaque pays et plus bas il récapitule le pourcentage de
représentativité pour chaque sous-région d'afrique.
Tableau n°7 : récapitulatif
des écrivains africains et leur fréquence dans L.F.6e
et F.6e
Écrivains
|
Nombre L.F. 6e
|
Pourcentage %
|
Nombre F. 6e
|
Pourcentage %
|
Camerounais
|
4
|
28,57
|
4
|
25
|
Togolais
|
1
|
7,14
|
/
|
/
|
Ivoiriens
|
1
|
--//-
|
3
|
18,75
|
Guinéen (Conakry)
|
1
|
--//--
|
2
|
12,5
|
Congolais (RDC)
|
/
|
/
|
2
|
--//--
|
Maliens
|
2
|
14,28
|
1
|
6,25
|
Sénégalais
|
5
|
35,71
|
2
|
12,5
|
Burkinabé
|
/
|
/
|
1
|
6,25
|
Maghrébin
|
-
|
/
|
1
|
--//--
|
Total
|
14
|
100
|
16
|
100
|
Si nous essayons de ressortir le taux de
représentativité selon les sous-régions, on aura :
- pour L.F.6e ; Afrique Centrale : 4
écrivains soit 28,57%
Afrique occidentale 10 écrivains soit 71,43%
- pour F.6e Afrique Centrale : 6
écrivains soit 37,5%
Afrique occidentale 9 écrivains soit 56,25%
Maghreb : 1 écrivain soit 6,25%
II.2.1.2 textes et morceaux choisis des
écrivains africains et leurs illustrations dans les manuels.
L'une des caractéristiques essentielles des manuels de
lecture est le recoupement en leur sein de plusieurs textes et cultures
diversifiés. À cet effet, G. MBA affirme :
Assimiler une culture dans un manuel de lecture ou dans un
syllabaire, c'est lire des textes se rapportant exactement à cette
culture c'est-à-dire aux modes de vie des communautés
concernées. C'est ce qui conditionne la spécification du contenu
des syllabaires dans les langues particulières.92(*)
En ce qui concerne le choix des textes et extraits, les deux
manuels présentent une diversité de culture sous forme d'un
florilège que l'analyse essaie de ressortir dans un tableau
représentant les morceaux choisis de chaque manuel. Il s'agit ici d'un
ensemble de textes et illustrations décrivant chacun une culture
africaine particulière, bien que d'autres retracent des
réalités communes à plusieurs Africains.
- L.F.6e met en exergue des textes sur
l'éducation, le sport, les médias, les chansons, les traditions
comme l'indique ce tableau :
Tableau n°8 : Textes et morceaux
choisis contextualisés dans L.F 6e
Textes contextualisés
|
Sources
|
Illustrations
|
Pages
|
1. J'ai quitté l'école
|
Extrait de Planète jeunes n°15 août
1995
|
Dessin représentant un village où des gens sont
en train de communiquer entre eux de différentes manières
|
Pp.4-5
|
2. La lettre de Som- Niam
|
«Le premier libre commandé» in
Les jambes du fils de Dieu
|
Images d'un jeune homme enveloppant une lettre, et celle d'une
femme sur la route portant une cuvette remplie sur la tête.
|
Pp.8-9
|
3-Le monde internet
|
In planète jeunes, n°29, oct-nov, 1997
|
Image présentant les différents outils de
communication (radio, télévision, téléphone,
ordinateur)
|
Pp.12-13
|
4-L'afrique du Sud championne chez-elle
|
In Kouakou n°17 ; fév. 1996
|
Photo originale de la scène de remise de trophée
de la coupe d'Afrique 1996 (Blatter, Ayatou, Mandela...)
|
p.28
|
5-Télé-jeune
|
In Planète jeune Cameroun, juin-juillet
1996.
|
Photo originale présentant une salle de traitement
d'image des média.
|
Pp.32-33
|
6- Les leaders du RAP sénégalais
|
In Planète jeune n°31, fév.-mars
1998
|
Photo originale représentant une scène de
spectacle avec des rappeurs africains face à leur public
|
Pp.36-37
|
7- Le champ
|
In Le pagne noir, présence africaine, 1955, B.
Dadié
|
Dessin représentant un champ
|
Pp.40-41
|
8- Roger Milla une star du football mondial
|
/
|
Photo de Roger Milla en pleine action sportive
|
p.56
|
9- L'homme qui te ressemble
|
In Petites gouttes de chant pour créer l'homme,
R. Philombe
|
Image présentant une multitude d'individus de races
différentes
|
Pp60-61
|
10- Ngor-Niébé
|
Conte d'Amadou Koumba, Présence africaine,
1961, Birago Diop
|
Image d'un groupe de femmes vêtues d'habits
traditionnels africains ayant au milieu d'elle un homme en bubu
|
Pp.64-65
|
11- Proverbes de devinettes
|
In Dictionnaire des proverbes africains, l'harmattan,
1992, Proverbe Wolof, Edicef
|
Photo originale présentant une cérémonie
traditionnelle du peuple musulman.
|
Pp. 72-73
|
12- L'enfant et le serpent
|
In L'enfant noir, Plon, 1953, Camara Laye
|
L'image d'un enfant noir et le serpent devant une cour
où se trouvent plusieurs cases traditionnelles
|
Pp. 76-77
|
13- La bande dessinée
|
In Kouakou n°171, Avril 1995, B.
Dufossé
|
Image d'une page de bande dessinée représentant
les scènes de la vie quotidienne en Afrique de l'Ouest
|
Pp. 116-117
|
14-Décrypter la publicité
|
/
|
Photo de Manu Dibango prenant la forme de la carte
d'Afrique ; affiche de l'ancienne publicité d'Air Afrique.
|
p.120
|
Une forte quantité des textes est extraite des articles
de journaux et de certaines bandes dessinées notamment
Planète Jeune et Kouakou qui illustrent en
majorité le paysage africain. Ceux-ci représentent ici les 53,33%
des textes du milieu africain composé dans le manuel contre 46,67% de
textes littéraires.
-F.6e pour sa part insiste sur les textes
littéraires mettant en exergue la tradition, les faits de
société ; les illustrations peuvent se lire dans le tableau
ci-après.
Tableau n°9 : textes et morceaux
choisis contextualisés dans F.6e
Textes contextualisés
|
sources
|
Illustrations
|
Pages
|
1- comment Petit Bodiel trompe oncle
éléphant
|
Petit Bodiel et autres contes de la savane, A.
Hampaté BÂ
|
Dessin d'un éléphant et d'un petit animal
|
Pp16
|
2. Kasala
|
in Kasala et autres poèmes, C. Faid-Nzuji
|
Dessin d'une grande essence forestière
|
p.19
|
4-Bestiaire poétique : le Hibou
|
Petite goutte de chant pour créer l'homme, R.
Philombe
|
Dessin d'un hibou
|
p.31
|
5-Comment le chine perdit la parole
|
Conte camerounais
|
Photo d'un marché
camerounais
Dessin d'un chien en face d'un homme
|
P41-42
|
6-Où est l'os ?
|
Les nouveaux contes d'Amadou Koumba, Birago Diop
|
Dessin d'un homme et d'une femme vêtus de tenues
africaines
|
p.67
|
7-Le chant des rameurs
|
Leurres et lueurs, Birago Diop
|
Photo d'un cours d'eau où naviguent des rameurs
noirs
|
p.75.
|
8-La case de mon père
|
L'enfant noir, Camara Laye
|
Photo d'une case traditionnelle en terre battue, couverte de
paille
|
p.86
|
9-Un véhicule d'un autre temps
|
Le cercle des tropiques, Alioum
Fantouré
|
Dessin d'un vieux camion sur une route rocailleuse.
Photo d'un véhicule portant l'indice taxi-brousse
sénégalais
|
Pp92-93
|
10- Un homme étrange
|
Les fils de Kouretcha, Loba Aké
|
Dessin d'un individu en habit d'ancien combattant kaki et
coiffé d'un képi
|
p.96-97
|
11-Nuit et sine
|
«Chant d'Ombre» in OEuvre
poétique, Léopold Sédar Senghor
|
Photo d'une statuette traditionnelle représentant une
femme noire
|
p.104
|
12-Comment sauver les éléphants
|
TDC, n°557 article les»
éléphants»
|
Dessin de la carte d'Afrique dans laquelle se trouve l'image
d'un éléphant.
Photo originale d'un éléphant,
-photo originale présentant les braconniers avec une
antilope
|
P111
P112
P114
|
13-Le forgeron et le diablotin
|
Les contes du griot Kama Kamanda
|
-dessin d'un homme avec une pelle et une pioche,
habillé en paysan
|
pp-121-122
|
Le tableau montre que seul le texte n°12 comment
sauver les éléphants d'Afrique ? est tiré d'un
journal intitulé TDC, n°557 soit 7,69% des textes contre 92,31%
pour les textes littéraires du milieu africain.
II.2.2 élargissement des
éléments du contenu au monde extérieur.
L'analyse précédente avait pour objectif de
relever les éléments de proximité utilisés dans
les manuels. La présente évaluation a pour but de vérifier
le niveau de prise en compte des éléments de l'extérieur
dans le contenu du manuel. Nous insisterons ici juste sur la fréquence
des écrivains étrangers utilisés et n'appartenant pas au
contexte africains.
Ainsi, le tableau suivant nous permet d'établir une
lisibilité des écrivains étrangers pris en compte dans les
manuels L.F6e et F.6e
Tableau °10 : Récapitulatif des
écrivains étrangers dans L.F. 6e et F.6e de
façon globale, on peut avoir la représentativité
suivante :
Écrivains
|
Nombres dans L.F. 6e
|
Pourcentage
|
Nombre dans F.6e
|
Pourcentage %
|
Français
|
16
|
76,19
|
21
|
75
|
Américains
|
1
|
4,76
|
3
|
10,71
|
Allemand
|
|
/
|
2
|
7,14
|
Anglais
|
|
/
|
1
|
3,57
|
Suisse
|
1
|
4,76
|
|
/
|
Russe
|
1
|
4,76
|
|
/
|
Italie
|
1
|
4,76
|
|
/
|
Grèce
|
1
|
4,76
|
|
/
|
Pays bas
|
/
|
/
|
1
|
3,57
|
Total
|
21
|
100
|
28
|
100
|
- pour L.F en 6e : Europe : 20 soit les
95,24% de représentativité
Amérique : 1 soit les 4,76% de
représentativité
- pour F.6e : Europe : 25 soit les 89,29%
de représentativité
Amérique : 3 soit les 10,71% de
représentativité
L'analyse montre au niveau des chiffres qu'il y a une
supériorité des écrivains extérieurs notamment les
écrivains français comparativement aux écrivains africains
ou camerounais en particulier dans les deux manuels. Comme peut le justifier ce
tableau
Tableau n°11 : Tableau de
comparaison de la fréquence des écrivains africains et
étrangers dans les manuels.
Écrivains
|
Nombres dans L.F.6e
|
Pourcentage %
|
Nombres dans F.6e
|
Pourcentage %
|
Afrique
|
14
|
40
|
16
|
36,36
|
Extérieur (Europe + Amérique)
|
21
|
60
|
28
|
63,64
|
Total
|
35
|
100
|
44
|
100
|
II.2.3 Auteurs, éditeurs et public cible des
manuels
Tout manuel est une forme de communication utilisée
dans un système éducatif et véhiculant un message bien
défini. Par ailleurs, le manuel se démarque dans ce contexte par
les liens linguistiques et socioculturels que peuvent entretenir ses auteurs et
ses utilisateurs. On notera par exemple dans Grammaire des
collèges utilisés en France, la remarque de ses auteurs
identifiant leur public : Ce livre s'adresse en général
à l'ensemble de la population des CES (français) et en
particulier à la classe de 6e93(*)
Le cas n'est pas le même dans nos manuels. Dans
L.F.6e, on n'a aucune précision sur l'identité des
auteurs, ni sur leur origine.
Le seul indice visible ici est la mention» les
auteurs», portée à la base de l'avant-propos, laissant
apparaître que ledit manuel a été signé par un
collectif.
Comme nous l'avons signalé au II.1.1, les auteurs ne
précisent ni les origines, ni la nationalité de leur public
cible. Ils s'arrêtent juste à l'indication
«élèves et enseignants « sans aucune autre forme de
procès allant dans le sens de leur culture.
Au niveau de l'édition L.F.6e est
édité en France par Edicef.
D'un autre côté, nous avons F.6e qui
n'apporte pas un grand changement à ce niveau. Comme auteurs, il
souligne à l'entrée du manuel la signature « par
une équipe d'auteurs africains» sans spécification des
différents pays, ni des origines. Le public cible reste aussi dans le
même anonymat. Pour ce qui est de l'édition, ce manuel est le
fruit d'une coédition étrangère comme on peut le lire en
première de couverture : Groupe Hatier International, tous
situés à Paris (France).
II.3 Analyse du critère n°3
Démarche pédagogique
Cette analyse porte sur la démarche pédagogique
du manuel et vérifie les facilitateurs, la lisibilité
linguistique, l'unicité du manuel.
II.3.1 Les facilitateurs
Il s'agit ici de l'existence pour chaque manuel d'un guide
pédagogique, l'avant-propos ou avertissement, et enfin d'un mode
d'emploi.
II.3.1.1 L'avant-propos
Principale porte d'entrée dans un manuel ou tout autre
ouvrage, l'avant-propos donne des indications sur les objectifs des auteurs,
sur le contenu et enfin sur l'exploitation pédagogique des manuels.
Toutefois, ce qui nous intéresse ici c'est le troisième point
(l'exploitation pédagogique), les deux premiers ayant été
étudiés supra.
D'entré de jeu, il convient de souligner une fois de
plus (voir II.1.1) que F.6e ne dispose pas d'avant-propos, raison
pour laquelle on ne saurait faire ici une analyse de cette entrée.
Pour le cas de L.F.6e qui dispose d'un
avant-propos, ce dernier est présenté en un seul bloc sans
spécification visible des différents points (objectifs, contenu,
démarche pédagogique) comme c'est le cas dans la plupart des
manuels digne de ce nom.
Néanmoins, sa lecture nous permet d'identifier les
points suivants, servant de séquence pédagogique :
- le point sur la méthode
- « testez votre
compréhension»
- «pour approfondir»
- «observez, analysez»
- «exploitez,
réemployez»
Ces différentes orientations sont repérables
dans le manuel par la présence de certains pictogrammes qui permettent
de les identifier.
La démarche pédagogique est aussi
matérialisée dans un manuel par l'utilisation d'un mode
d'emploi.
II.3.1.2 Le mode d'emploi
Absent dans L.F.6e, il est présenté
de manière formalisée dans F.6e. Celui-ci, qui est
intitulé éventail de activités de la classe de
français en 6e présente de façon
miniaturisée, les différentes rubriques du manuel,
orientées par des flèches couleur verte indiquant la position de
chaque élément dans le manuel. La configuration est
consignée en annexes où on pourra lire entre autres :
- l'objectif de l'unité ; Exemple :
unité 3, «je choisis la situation initiale et la situation
finale » (p.56)
- des questions de compréhension ;
- des questions d'observation, etc.
II.3.1 Guide pédagogique
Outil complémentaire du livre de l'élève
et du livret d'activités, c'est un bréviaire prévu pour
l'enseignant. Nos deux manuels du corpus sont accompagnés chacun d'un
exemplaire de ce guide.
L.F.6e, en quatrième de couverture, le
considère comme un livre du professeur qui détaille le
contenu du livre et du livret pour aider l'enseignant dans son travail de tous
les jours.
F.6e note tout simplement qu'il s'agit d'un
guide pédagogique.
II.3.2 Respect de la liberté
pédagogique du professeur
Le manuel est une conception, une sorte de programme
d'apprentissage proposée ; son exploitation devant se faire de
manière éclectique selon les contextes d'enseignement/
apprentissage. C'est en fait la mise en évidence de la liberté
pédagogique du professeur.À cet effet, M. O. AGBA et alii
soulignent dans l'avant-propos de leur manuel :
L'ouvrage comporte 80 textes, parmi lesquels l'enseignant
pourra choisir thème par thème, ceux qui lui semblent les plus
adaptés à ses horaires et aux intérêts de sa
classe. [...]
Les enseignants auront d'autre part la possibilité
d'adopter, selon la longueur des textes, pour une lecture globale, ou au
contraire, d'en sélectionner certains passages qui feront l'objet d'une
lecture expliquée.94(*)
La réalité semble ne pas être la
même dans notre corpus. L.F.6e sans souligner une quelconque
possibilité de choix pour l'enseignant déclare juste que le
manuel a été conçu pour accompagner les
élèves et enseignants dans les multiples activités de la
classe de français. De même, au niveau de ses séquences
pédagogiques, il fait remarquer en avant-propos qu'il privilégie
«l'approche méthodique». Plus loin (p.124-127), il
présente une sorte de table de matières, construite sous forme
d'un projet pédagogique qui arrête pour chaque niveau
d'apprentissage les textes de lectures, les activités de grammaire,
vocabulaire, orthographe, conjugaison et expression écrite, ainsi que
les pages correspondantes.
F.6e s'inscrit dans la même logique. Il
prétend proposer une « démarche et active
«. Contrairement à ce H. Mitterand et alii soulignent dans
les généralités de leur avant-propos : ce
programme ne suggère aucune répartition des matières [...]
et laisse les professeurs libres d'établir eux-mêmes leur plan de
travail.95(*)
F.6e présente un sommaire plus ou moins
rigide, s'étalant sur six séquences ayant chacune un objectif
d'apprentissage. Chaque séquence étant à son tour
subdivisée en quatre unités chacune renvoyant à quatre
objectifs par séquence.
Bien plus, pour confirmer cette rigidité, on peut lire
la remarque des auteurs consignée en quatrième de
couverture : Élève et enseignant trouveront, dans ce
manuel organisé en six séquences de quatre unités chacune,
tout l'éventail des activités de la classe de français en
6e.96(*)
II.3.3 L'unicité du manuel
Le manuel pour l'élève est un outil pour
apprendre, et pour cela, il a besoin de clarté et doit être
complet dans l'ensemble pour favoriser l'acquisition d'un savoir total et
correspondant au niveau de l'élève pour cela, MIALARET
évoque dans son ouvrage une des circulaires selon laquelle Ils (les
manuels scolaires) ne sauraient exiger le recours à des livrets
imposés.97(*)
La réalité est tout autre dans L.F.6e
qui est complété par un livret d'activité où est
proposé la suite des exercices d'exploitation et de réemploi du
livre de l'élève. Qui plus est, ses auteurs soulignent en
quatrième de couverture qu'il s'agit d' un livret
d'activités qui suit la même progression que le manuel de
l'élève et propose des exercices complémentaires et
variés dans toutes les disciplines d'études de la langue.
F.6e par contre se présente sous forme d'un
manuel (livre unique) sans surplus d'un livret d'activité
II-3.4 Niveau de langue : lisibilité
linguistique
C'est un élément clé pour la lecture et
la composition du manuel. Il se situe dans le principe des anthropologues
(notamment SAPIR et WHORF) pour qui , apprendre une langue c'est assimiler
une culture. De ce fait, la réalité linguistique ainsi que les
comportements des locuteurs (élèves/enseignants) dans leur
environnement devraient être représentés dans les manuels
pour être adaptés au contexte.
L'analyse à ce niveau consiste à vérifier
ces éléments dans les manuels à partir des orientations
suivantes :98(*)
- le texte a-t-il été écrit et les
exemples choisis afin d'être conformes à l'environnement culturel,
ethnique, politique et national de l'élève ?
- la longueur des phrases (exprimée en mots)
parait-elle en moyenne trop longue pour qu'elles soient facilement comprises
par les lecteurs ?
- l'auteur utilise-t-il des exemples concrets visuels
pour mieux faire comprendre des notions abstraites ?
- les mots nouveaux pour l'élève sont-ils
toujours nettement définis soit par une définition, soit par le
contexte de la ou des phrases qui les accompagnent ?
II.3.4.1 Textes clés conformes à
l'environnement culturel, politique et national de l'élève
camerounais
Les textes relevés n'appartiennent pas forcément
aux écrivains camerounais. Il s'agit des textes qui ont un rapport
étroit au niveau culturel (langage utilisé et
réalité évoquée) avec l'élève
camerounais de toute origine et de toute ethnie.
Dans L.F. 6e, il s'agit pour la plupart des
articles de journaux sur :
- l'éducation :
Exemple : «j'ai
quitté l'école» (P.4) extrait de Planète
jeune n°15, août ,1995.
- La culture :
Exemples :
1. «Le monde Internet» extrait de
Planète jeune n°29, octobre-novembre 1997 (p12). Ici, on
peut souligner les mots tels que Yaoundé, réseau
informatique, net, modem, serveur, surfez, souris, email, etc. qui font
partie du répertoire linguistique des élèves
camerounais
2. «Télé-jeune» extrait
de Planète jeune Cameroun, juin-juillet 1996 d'où
on peut lire ce résumé : voici déjà trois
ans que» télé-jeune «, une émission de
la radio-télévision camerounaise (CRTV) essaie de
relever un grand défi : donner la parole aux jeunes
sur les problèmes qui les concerne... (p.32)
3. «les leaders du rap sénégalais»
extrait de planète jeune n°31, février-mars
1998. (PP36-37).
On peut y relever les mots comme Black soul, hip-hop,
jazz man, kora...
4. «la bande dessinée» extrait de
Kouakou n°171, av.1995 (Pp116-117)
- le sport
Exemple :
1. «L'Afrique du Sud championne chez-elle » in
Kouakou n°176, fév.1996
2. «Roger Milla, une star du football
mondial»
F.6e de son coté évoque certains
textes littéraires dont le contenu dégage quelques exemples
éléments culturels pouvant être repérés dans
l'environnement de l'élève camerounais, bien que la
majorité des textes expriment plutôt des faits plus liés
à d'autres pays (ceux de l'Afrique de l'Ouest en occurrence) que le
Cameroun. On peut cependant relever des textes suivants exprimant d'une
manière où d'une autre, à partir des exemples
utilisés, certaines réalités politiques, culturelles
camerounaises.
- «Le tribunal» (Pp.26-27) extrait de
Thôgo-gnini
- «Bestiaire poétique : le hibou»
(p.31) extrait de Petite goutte de chant pour créer
l'homme
-« comment le chien perdit la parole» (Pp.41-42)
extrait de Conte camerounais
-«Un véhicule d'un autre temps» (Pp.92-93)
extrait de Le cercle des tropiques.
Les éléments décrits ici ont un rapport
plus ou moins étroits avec l'environnement linguistiques (les termes
utilisés) de l'enfant camerounais.
II.3.4.2 La longueur des phrases utilisées
dans les différents textes et morceaux choisis.
R. FLESCH99(*) dans ses travaux sur les mesures de la
lisibilité a dégagé un élément visant
à calculer la longueur moyenne des phrases exprimée en mots,
ainsi que le nombre de syllabes pour 100 mots. Cet élément qu'il
appelle score de facilité permet de ressortir l'indice de
difficulté d'un texte.
Loin de procéder ici aux différentes formules de
calcul élaborées par FLESCH pour trouver les scores, nous avons
opté pour la technique de relevé «manuel «tel
que proposé par G. HENRY100(*) pour ressortir le nombre de mots par phrase dans la
plupart des textes choisis dans différents manuels.
Ainsi, qu'il s'agisse de L.F. 6e, ou de
F.6e, les textes et morceaux choisis de lecture sont de longueur
relativement moyenne pour faciliter la lecture chez un élève en
6e. De ce fait, la longueur des mots par phrase ici varie entre 8
à 10 mots d'une part et de 15 à 29 mots d'autre part,
conformément ici à l'âge des apprenants et au tableau de
lecture de FLESH.
II.3.4.3 Images visuelles et notions abstraites dans
les manuels
La mémoire visuelle est l'une des facultés qui
facilite les premiers contacts de l'enfant avec le monde et permet à
celui-ci de s'y accommoder et de développer son intelligence. Ainsi, les
notions abstraites pour être reconnues et mémorisées
doivent être représentées de manière concrète
et visible.
L.F.6e traite dans son contenu de plusieurs notions
abstraites (la communication, proverbes et devinettes, la forme des mots,
l'image, etc. qui sont tout de même lisibles par des images
concrètes.
Exemples :
1) «Mille et une manière de communiquer»
(p.4) : l'image ressort les outils de communication comme le
tambour, les gestes de la main, les regard...
2) «Proverbes et devinettes» (P.72) les
dessins sont utilisés chaque fois pour concrétiser l'idée
à transmettre (chien, feu, vache, arbre, savon, aiguille et fil, lampe
et mèche).
3) «Lentement mais sûrement !» (P.96) une
image est utilisée et représentant une rue ayant en
arrière plan des voitures qui roulent.
Dans F.6e nous avons relevé quelques
notions abstraites illustrées par des images visuelles.
Exemples :
1) «Le tribunal» (Pp.26-27), illustré par une
cour de justice où l'on peut identifier un président de tribunal,
un greffier, un soldat et un accusé.
2) «Le parfum» (P.103) le dessin ressort une longue
trace blanche allant d'un bout à l'autre et représentant le
parfum.
Ces éléments étant analysés, il
convient à présent de vérifier le traitement du
vocabulaire dans les différents manuels.
II.3.4.4 Le traitement du vocabulaire nouveau
Pour une meilleure lisibilité comme le souligne G.
MIALARET, le vocabulaire utilisé doit être adapté au
niveau des élèves [...]. La proposition des mots inconnus par
rapport aux mots connus de l'élève ne doit pas être trop
élevée.101(*)
Dans L.F.6e, le traitement des mots difficiles pour
l'élève se fait par un astérisque porté sur le mot
à expliquer. Ce mot est ensuite réécrit à la marge
du texte et en gras, suivant le même alignement, avant d'être
expliqué ; ceci pouvant faciliter son repérage par
l'élève de façon parallèle avec la lecture du
texte.
Exemple : texte des pages 8
à 9 : Lettre de Som-Nian
Explications :
Texte
-Vivace : durable, profonde
vivace* que celle du livre ... (ligne 2)
Fort accusés :
très gros avait eu le soin de... fort accusé* (ligne
8)
F.6e par contre, fait des appels de notes
numérotés en chiffres au-dessus des mots difficiles, les
explications de ceux-ci étant portées à la base du texte.
Remarquons qu'ici, l'élève s'il n'est pas attentif ne peut pas se
rendre compte de la présence de ces mots expliqués.
Par ailleurs, nous avons aussi remarqué dans ce manuel
certaines définitions incorrectes du fait de leur
généralisation par les auteurs à tout un large contexte
qui est celui de l'Afrique comme s'il s'agissait d'une seule tribu.
Exemple : p.74
Les auteurs donnent aux mot Bozos la
définition suivante : nom donné aux pêcheurs
africains
On remarque donc qu'il y a ici une ignorance totale de la
diversité des langues et ethnies voire même des pays que compte
l'Afrique.
II.4 Analyse des critère n°4 :
techniques de fabrication
Notre travail à ce niveau porte sur l'évaluation
de l'aspect matériel des manuels du corpus. Nous situant dans le niveau
de la classe de 6e avec l'âge moyen des élèves
qui est relativement bas, l'analyse essaiera d'établir le rapport
qualité de l'ouvrage/niveau de l'apprenant ainsi que la rapport
qualité/prix.
II.4.1 La solidité et l'adaptabilité
à l'utilisateur
Un coup d'oeil jeté sur les manuels utilisés
dans les pays occidentaux.102(*) Nous laisse découvrir les qualités
suivantes : couverture en carton dur, reliure à base
cartonnée, protégée d'une grande couche de colle forte et
cousue par la suite, utilisation d'une feuille blanche vierge au début
et à la fin de l'ouvrage pour protéger les écrits et
enfin l'utilisation des papiers glacés. À cet effet, qu'en est-il
des cas de nos deux manuels ?
L'aspect matériel de L.F. 6e et
F.6e n'est pas du tout fameux, contrairement aux
caractéristiques ci-dessus cités, leurs couvertures sont faibles
de papiers très fragiles qui sont loin d'être des cartons dignes
de ce nom. Par ailleurs, les qualités de la reliure ne donne pas du tout
satisfaction. Elle n'a pour simple protection qu'une infime couche de colle
ainsi qu'un ensemble de fil qui retient chaque groupe de feuille. Sa base
n'est recouverte que d'un papier très fragile pouvant se détacher
à la moindre violence. Le cas est identique pour les feuilles qui
peuvent se déchirer en cas de fausse manipulation de leurs utilisateurs.
Aucune présence d'une feuille vierge ni au début ni à la
fin du manuel pour protéger les écrits.
II.4.2 L'image de la couverture
Il s'agit de toute illustration pouvant situer le contenu de
l'ouvrage. L'élève peut-il imaginer le contenu à partir de
cette image ?
Dans l'exploitation pédagogique située en
avant-propos de leurs manuels H.Mitterand et alii affirment :
Par sa couverture, ce livre se place sous le signe de la
communication.103(*)
L.F. 6e ne présente aucune image visuelle
pouvant orienter ou situer le lecteur dans son contexte exacte, en dehors de
l'indication Le français en 6e.
Cependant, F.6e semble déployer un effort
de ce côté avec des illustrations significatives en
première et en quatrième de couverture. Ici et là, on peut
remarquer la représentation du monde urbain (immeubles alignées
le long d'une rue où circulent les véhicules ; paysage de
fleurs alentour d'un bâtiment) et d'un paysage rurale (image d'une
femme africaine en avant plan entrain de piler dans un mortier, avec un enfant
au dos ; représentation de cases traditionnelles coiffées de
paille). Tout ceci peut faire allusion à la dichotomie des paysages de
la majorité des pays du tiers-monde en général et
africains en particulier.
II.4.3 L'objet et la qualité des
illustrations.
L'analyse ici tourne autour de certaines questions qui nous
sont inspirés des 216 questions de RICHAUDEAU (certaines sont
consignées en annexes) dont les principales portant sur la
qualités des illustrations sont les suivantes :
- les illustrations sont-elles en majorité d'une bonne
qualité esthétique ?
- sont-elles pour la plupart imprimées en quatre
couleurs ?
- dans le cas des tirages en une couleur, la tonalité
du noir a-t-elle été soigneusement choisie afin qu'elle soit
agréable pour la vue ?
Notons d'entrée de jeu que, aucune illustration, ni
dans L.F. 6e ni dans F.6e n'est fait en quadrichromie.
Les illustrations varient entre de simples dessins à main levée
et quelques photographies traitées en une seule couleur (noir sur blanc
ou en couleur simple).
Dans L.F. en 6e, en dehors des illustrations des
pages 28, 32, 36, 38, 56, 72, 80, 112 et 116 qui paraissent acceptables au
niveau de la qualité, la majorité des images sont des dessins
caricaturés à la main simple et souvent pas facilement
identifiable pour un jeune de la classe de 6e.
En revanche, F.6e semble faire un effort notoire au
niveau ; les dessins paraissent beaucoup plus visibles par rapport
à ceux du précédent manuel. De même, les
photographies bien qu'étant dans un fond noir sont identifiables tout de
même.
II.4.4 le prix
Notons tout d'abord que, les différentes informations
obtenues auprès des librairies(Librairie Saint-Paul, librairie EUREKA)
nous ont permis de constater que le coût de nos manuels varie d'une
librairie à une autre, d'un milieu rural à un milieu urbain, le
premier subissant toujours la surfacturation due aux frais de transport. Ainsi,
l'enquête que nous avons menée nous permet de ressortir les
différents prix suivants pour ces manuels :
Tableau n°12 Grille des prix de vente
des manuels scolaires.
Manuels
|
Prix de vente maximum exigé
|
Prix récurent sur le marché
|
L.F.6e (livre de l'élève)
|
2200 frs
|
2750 frs
|
L.F.6e (livret d'activité
|
1300 frs
|
2000 frs
|
F.6e
|
2600 frs
|
3160 frs
|
Notons ici que les prix de vente sont de loin
supérieurs à ceux prévus sur le protocole des prix
Messapresse (voir annexes)
III. INTERPRÉTATION ET VÉRIFICATION DES
HYPOTHÈSES DE RECHERCHE
Après l'étape précédente qui a eu
pour objectif de faire une analyse de nos deux manuels sous la base de la
grille élaborée, cette nouvelle orientation consiste à
présent à dégager une interprétation plausible
à partir des données obtenues de l'évaluation. Celle-ci
nous permettra de vérifier nos différentes hypothèses de
recherche.
D'entrée de jeu, il convient de noter que tous les
points de notre grille n'ont pas été vérifiés de
façon positive dans l'analyse. En effet, les différents
critères appliqués au corpus ont montré à chaque
niveau certaines insuffisances flagrantes dans la conception desdits manuels.
On pourra signaler ici : la non contextualisation des objectifs
éducationnels dès l'avant-propos, le déséquilibre
notoire entre les éléments de l'intérieur et ceux de
l'extérieur. On citera par exemple la supériorité des
textes français, et la forte influence des éléments du
contexte Ouest africain dans le contenu des deux manuels ; ce qui
supplante de loin ceux du contexte camerounais. Tout ceci en plus de la
précarité des matériaux utilisés pour la
fabrication desdits manuels nous poussent à confirmer sans ambages notre
hypothèse générale selon laquelle les manuels scolaires
inscrits au programme de l'école camerounaise connaissent une
insuffisance pour ce qui est de leur adaptation au contexte socioculturel et
pédagogique national.
Par ailleurs, le flou qui demeure autour de l'identité
des auteurs des manuels scolaires de notre corpus suscite bien
d'inquiétudes qui pourraient nous amener à croire que ces manuels
sont conçus par les occidentaux d'une part (les français pour ce
qui est de L.F.6e) ou avec une certaines collaboration des auteurs
africains d'autre part (en majorité Ouest africain) pour le cas de
F.6e. D'une manière ou d'une autre, on note la dominance de
l'édition étrangère qui aurait eu une grande influence sur
le contenu des différents manuels.
Au niveau de l'hypothèse secondaire n°1 qui
portait sur l'absence d'une véritable politique d'édition, on
peut ici le vérifier à différents niveaux. Tout d'abord,
nous avons remarqué pendant l'analyse que les deux manuels
étaient totalement édités par les étrangers
(Edicef, Hatier international) sans grand lien signalé avec
l'environnement camerounais. D'autre part, l'on note qu'au Cameroun,
l'administration définit non seulement les critères de choix de
manuels au programme, mais aussi joue en même temps le rôle de
sélecteur des manuels à utiliser sur l'étendue du
territoire national. La publication annuelle d'une liste officielle des manuels
scolaires en est ici une pièce à conviction. Ceci permet de lever
le voile sur la non consultation des autorités scolaires ou conseil
d'établissement formé par les professeurs qui en
réalité élaborent pourtant le projet pédagogique,
guide de gestion des contenus des différentes disciplines, auxquelles
s'arriment les manuels.
Un autre élément majeur de notre analyse portait
sur la spécification des programmes en vigueur au premier cycle dans les
différents textes et exercices des manuels. On a pu relever que les
différents manuels décrivaient plusieurs points des programmes,
mais aussi contenaient des éléments absents dans les programmes.
Par ailleurs, certains manuels comme L.F.6e se comportant comme de
véritable programme ou bien comme des nouveaux programmes on
pourrait dégager un résultat mitigé à notre
hypothèse no 2. Car loin d'être en inadéquation
avec les programmes, nos deux manuels ont plutôt intégré
certains points de la nouvelle didactique du français (image, typologie
des textes) qui sont absents dans les programmes du premier cycle du fait de la
non régulation de ces derniers depuis leur mise sur pied.
Notre hypothèse n°3 portait sur les effets pervers
de la politique du livre scolaire qui supplanteraient les
préoccupations pédagogiques. Pour les vérifier, nous avons
analysé plusieurs aspects du manuel :
- la qualité du matériel (couverture, reliure,
mise en page, impression...) qui n'est pas assez fameux, encore moins
adaptée à l'âge de ses utilisateurs qui sont ici les
enfants de classe de 6e.
- l'éclatement du manuel de l'élève en
deux : livre de l'élève, livret d'activités qui est
ici plus une politique économique que pédagogique ;
- la variation (croissante) du coût d'un manuel sous le
fait de la libéralisation du marché qui laisse libre cours
à la décision du prix par les éditeurs et les libraires,
ceux étant le plus souvent en quête du profit, ignorant ainsi la
grille des prix maxima exigés pour chaque manuel (cf.annexes <<bon
de commande 2002-2003>>).
Tous ces éléments font donc du manuel scolaire
une marchandise où la réalisation des bénéfices
passe avant la portée pédagogique du produit.
TROISIÈME PARTIE
PROPOSITIONS ET PERSPECTIVES DE RENOUVEAU
CHAPITRE V : PROPOSITIONS THÉORIQUES POUR
L'ÉLABORATION ET LE CHOIX D'UN MANUEL DE FRANÇAIS
CONTEXTUALISÉ.
Ce chapitre, qui se situe juste après
l'évaluation et interprétation des données des deux
manuels scolaires de français inscrits en classe de 6e, a
pour objectif de proposer quelques solutions aux insuffisances
remarquées.
En réalité, l'analyse jusqu'ici nous a permis
d'avoir une vision plus large de l'aspect des manuels de français
publiés sur la liste officielle au Cameroun, notamment L.F.6e
et F.6e. Ayant remarqué quelques points positifs à
encourager, l'analyse s'est intéressé cependant à tout ce
qui dans ces manuels constitue encore un frein à leur entière
adaptation au contexte socio-culturel, pédagogique et économique
du Cameroun.
Remarquons avant tout que, dans le cadre des
précédentes études menées à l'E.N.S. sur
l'analyse des manuels scolaires, certaines suggestions avaient
déjà été dégagées, notamment celle
observées chez D.B. ELOUNDOU104(*) portant sur les éléments
suivants :
- l'utilisation optimale des conseils d'enseignement et la
responsabilisation des enseignants dans le choix de leur outil de
travail ;
- la congruence entre les programmes et les manuels
- l'accent sur les contenus fonctionnels et essentiels pour
les élèves
- la diversification des supports didactiques en classe.
Dès lors, le présent travail sans pour autant
avoir l'ambition de faire un tour exhaustif des différentes solutions
adéquates, pas plus que de se passer pour une panacée aux
problèmes du manuel au Cameroun s'efforcera modestement de proposer
quelques éléments jugés nécessaires pour une
réflexion sur le type de manuels à prendre en compte dans un
contexte camerounais dominé par une diversité linguistiques et
culturelle.
I. DE LA VULGARISATION DE LA RECHERCHE SUR LA
CONTEXTUALISATION DU MANUEL SCOLAIRE
L'éducation africaine en générale et
camerounaise en particulier a besoin d'être croissante, elle doit
évoluer au rythme du monde changeant tout en conservant son
originalité et son authenticité. Le manuel a-t-on
déjà dit reste ici l'un des véritables, sinon l'instrument
culturel par excellence pour un tel combat. Aussi faut-il pour l'atteinte d'un
tel objectif, penser à une somme de réflexions portant sur une
collecte de données et de masse critique sur l'étendue du
territoire nationale.
Au juste, il ne s'agit plus désormais de solliciter une
contextualisation pure et simple du manuel scolaire ; la question
adéquate qu'il conviendrait de se poser est la suivante :
faut-il contextualiser les manuels scolaires ? Si oui,
comment faut-il s'y prendre ? Ces interrogations sont d'autant
plus importantes que nous tenons ici à insister sur ce point capital.
Car faut-il le remarquer avec Richaudeau :
En ce qui concerne les manuels scolaires auxquels va
encore l'essentiel des ressources consacrées aux moyens didactiques, on
est surpris de constater que ce moyen traditionnel n'a donné lieu
qu'à de rares études [...]. Cette lacune regrettable en soi l'est
encore davantage si l'on considère que bien des pays qui n'auraient
encore ni tradition, ni expérience en la matière se
préoccupent désormais d'élaborer, en recourant uniquement
aux ressources locales, les manuels scolaires adaptés à leurs
besoins propres.105(*)
Cette affirmation, on le voit, met en garde contre
l'écueil d'une contextualisation qui consisterait en un repli sur soi
arbitraire, sans intégration des éléments
extérieurs, capital au développement spirituel et matériel
des élèves à qui s'adressent principalement les
manuels.
La réflexion sur la contextualisation du manuel de
français au Cameroun demande une sensibilisation à plusieurs
niveaux. M. TADADJEU dans ses travaux sur l'élaboration et
l'expérimentation du manuel évoque les quatre phases
suivantes :
- la phase de formulation d'une politique
générale
- la phase de conception d'une ou des procédures
techniques de mise en application de la politique
générale
- la phase de l'exécution effective
- la phase de l'évaluation106(*)
La formulation de la politique générale revient
dans ce cas aux organismes gouvernementaux ou aux institutions
spécialisées en la matière. Par ailleurs, il revient aux
institutions éducatives appropriées, d'établir les grandes
lignes du vouloir gouvernemental, vouloir qui, présenté aux
spécialistes, les amène à définir la
procédure technique viable. Ce stade comme l'a remarqué G.MBA est
purement conceptuel et comporte le choix des matériaux,
l'édification des hypothèses, le rassemblement des conditions
nécessaires et satisfaisantes pour le démarrage.
Pour ce qui est à présent du contenu même
du manuel, on pourrait par exemple pencher vers la proposition émise par
F. Richaudeau :
On peut agir à la fois sur le manuel
lui-même, en le structurant d'une certaine façon et en
complétant après le recours à d'autres sources
d'information, travaux d'enquêtes et observations sur le terrain,
manipulations, travaux pratiques, tec, te sur les autres composantes de
l'action pédagogique : modification du rôle du maître,
du rôle des élèves, de l'environnement pédagogique
etc.107(*)
Cette affirmation débouche sur un certain nombre de
questions qu'il conviendrait de se poser au préalable :
- quel type de comportement veut-on favoriser d'une
manière prioritaire ? Une connaissance de base ou un savoir-faire
immédiatement réinvesti dans la vie quotidienne, ou au
développement des activités créatrices ?
- souhaite-on favoriser les différenciations
régionales et individuelles, ou au contraire développer en
premier lieu la constitution ou le renforcement d'une identité
nationale ?
- souhaite-t-on s'adresser simultanément à
plusieurs pays voisins dans le cadre d'un accord de division du travail ou de
coproduction ?
Tout ce processus nous amène à proposer la
démarche représentée comme suit :
État des lieux recherche expérimentation
opérationnalisation
II. De la révision de la politique
d'édition : pour une consultation des personnes ressources
La politique du livre scolaire au Cameroun est encore
tournée vers l'édition étrangère (française
en l'occurrence), tandis que son choix se fait par la seule décision
d'une commission nationale mise sur pied par l'ex-MINEDUC, seul maître
dans la publication de la liste officielle des manuels.
Cette politique, on l'a vue, entraîne de lourdes
conséquences à savoir l'ignorance du contexte national et le
coût exorbitant de l'édition (les manuels de français sont
importés) pour le premier cas, la publication sur les listes
officielles, des manuels sans liens étroits avec les projets
pédagogiques pour le second cas. Cette observation devrait donc inciter
à une mise sur pied d'une nouvelle politique.
II.1 Du partenariat état, éditeurs et
collectivités locales.
Les états généraux de l'éducation
au Cameroun108(*) dans
leurs recommandations sur les méthodes et matériels scolaires
proposent :
- d'encourager les nationaux à produire les manuels
- d'adapter ou d'écrire des livres qui reflètent
le milieu local
- d'encourager l'utilisation du matériel de
proximité dans la production des auxiliaires didactiques
- de prendre des mesures financières motivantes pour
encourager les éditeurs nationaux
- de créer des centres de production des
matériels didactiques ; etc.
Nous pensons qu'à cette liste, il faudrait ajouter
l'esprit de partenariat entre l'état, les éditeurs et les
collectivités locales. Ceci permettra aux rédacteurs d'avoir une
bonne connaissance des différentes réalités locales, et
aboutir aussi au traitement thématique des aspects socio-culturels
liés à ce que les apprenants connaissent (conception de la langue
à enseigner, traitements des aspects socio-culturels, conception
méthodologique). Cette orientation a déjà
été soulignée par M. TADADJEU et E. SADEMBOUO dans leur
proposition d'une chaîne éditoriale du matériel
éducatif :
Le concepteur-rédacteur du livre doit travailler
selon la ligne politique préconisée par l'état. Les
producteurs du livre doivent tenir compte du contenu et de la forme des
ouvrages, des programmes arrêtés, des goûts, des aspirations
de la communauté. En D'autres termes, le contenu culturel du livre
partira des membres formés de la communauté qui maîtrisent
plus que quiconque leur langue et la culture qu'elle
véhicule ; les rédacteurs spécialistes et les
éditeurs auront à transformer les idées brutes fournies
par les membres de la communauté selon les principes
pédagogiques et méthodologiques qui permettront à
l'apprenant utilisateur d'acquérir aisément les connaissances
souhaitées.109(*)
Il se dégage donc la conception selon laquelle le livre
scolaire doit obéir à une politique et à une philosophie
générale, agréées par toutes les parties prenantes
du système éducatif que sont : gouvernements, parents,
éditeurs, collectivités locales, sans oublier la prise en compte
des langues du terroir que nous développerons plus bas.
II.2 De la considération du pouvoir des
enseignants
L'un des dangers que court la non prise en compte des
enseignants dans l'élaboration et le choix du manuel est sans conteste
l'usage subversif, voire la transgression de celui-ci. La remarque de
R.GALISSON vaut bien la peine qu'on s'y intéresse dans ce cas
précis :
Le choix de l'éclectisme se manifeste chez eux [les
enseignants] par un refus de l'emploi de la méthode ou du manuel tel que
l'auteur le préconise, ou que l'enseignant standard des
générations précédentes le pratiquent.
Contrairement à leur devanciers, ils n'adoptent plus le manuel, ils
l'adaptent et le transgressent [...] parce qu'ils s'en tiennent rarement
à la manipulation d'un seul.110(*)
Cette affirmation suffit pour montrer combien est
nécessaire le pouvoir enseignants dans l'élaboration et choix du
manuel scolaire, ceci à travers un conseil d'établissement sous
la tutelle de l'autorité scolaire. Notons ici que ce sont les
enseignants qui élaborent les projets pédagogiques, preuve pour
laquelle ils devraient également choisir le manuel susceptible de
répondre aux objectifs terminaux desdits projets. Cela rejoint la
remarque de RICHTERICH cité par C. PUREN
Je rêve ainsi, d'un matériel didactique,
conçu à partir de quelques principes simples, mais qui serait
diversifié de telle sorte que chaque enseignant et apprenant puissent
l'utiliser selon ses ressources et besoins personnels.111(*)
S'il faut ici saluer le pas fait au niveau du gouvernement
camerounais avec la déclaration du 26 avril 2000 sur la politique du
livre scolaire, il faut aussi opposer à cette avancée la
pérennité du rituel des listes officielles des manuels scolaires
qui demeure jusqu'ici le seul apanage des pouvoirs publics. En outre, la
lecture des travaux de B.D.ELOUNDOU112(*) nous montre que, des 30 personnes nommées
dans la commission autonome d'agrément des manuels et matériels
didactiques, il apparaît seulement 5 enseignants du terrain. Cette
remarque nous pousse à proposer la démarche suivante qui est
celle pratiquée en France et mise sur pied par la note de service
n°86-133 du 14 mars 1986 que cite ici MIALARET.
Les équipes pédagogiques réunies par
discipline sous la présence du chef d'établissement tiennent
compte des recommandations de la présente circulaire pour proposer des
critères de choix au conseil d'administration circulaire pour proposer
des critères de choix, au conseil d'administration [...] En fonction de
cet avis et de la liberté du professeur, réaffirmée par
les programmes et instructions, les équipes pédagogiques par
discipline opèrent, sous la responsabilité du chef
d'établissement les choix définitifs de manuels en tenant compte
du montant des crédits alloués.113(*)
III. DE LA PRISE EN
COMPTE DES LANGUES NATIONALES CAMEROUNAISES DANS L'ÉLABORATION DES
MANUELS DE BASES.
L'enfant africain n'est pas désarmé, il arrive
à l'école avec un bagage culturel, intellectuel et sentimental,
un moyen de communication : sa langue maternelle que l'école ne
prend guerre en compte et ne valorise point. Tout se passe comme si ce dernier
était une table rase où seule l'apprentissage (du
français) devait inscrire les premières traces.
M.N. NGALASSO114(*) sur ce point, pense d'ailleurs que la crise
observée aujourd'hui à l'école africaine est au moins en
partie due à cette inadéquation entre les deux modèles
culturels et éducatifs, toujours présents sans rencontrer,
à la non prise en compte par l'institution scolaire de l'identité
profonde de l'enfant, de sa culture, de sa langue, de ses besoins communicatifs
et de ses aptitudes préscolaires, d'où le fossé entre
l'école et le milieu culturel.
Cependant, il convient de remarquer que la véritable
lutte contre l'analphabétisme en Afrique et au Cameroun comme partout
ailleurs dans le globe ne peut mieux se réaliser qu'à travers la
prise en compte des langues du terroir, véritable voie de
décollage de l'enfant. Nous proposons ici la démarche de G. MBA
pour le manuel de français, qui stipule que :
Les rédacteurs de manuel devront tenir compte du
fait que le français doit être appris d'abord oralement, et ne
sera introduit sur le plan de la lecture et de l'écriture que lorsque
les apprenants auront maîtrisé assez suffisamment
l'écriture et la lecture de leur langue maternelle.115(*)
Cette démarche d'élaboration de manuel de
français, langue seconde devra suivre les techniques suivantes telles
qu'ils les exposent :
1. Dresser l'alphabet de la première langue.
2. Dresser l'alphabet de la deuxième langue : le
français.
3. Comparer les deux alphabets.
4. Dresser une liste de ce qui reste à introduire comme
éléments nouveaux.
5. Etablir un plan du livre complet.
6. Elaborer des leçons.
Rappelons qu'il s'agit ici d'un manuel pour l'éducation
de base qui pourrait faciliter le passage de la langue maternelle vers
l'acquisition de la langue seconde (langue officielle qui est ici le
français). Le cas de la méthode Rapidolangue du Gabon en
est ici une illustration significative, auquel nous pouvons ajouter celui du
Projet PROPELCA au Cameroun avec ses travaux sur le démarrage
expérimental des langues nationales du terroir à l'exemple du
Ghomala, le Lamnso'o, le Bassa'a, l'Ewondo, le
Fufuldé, le Duala et le
Fé'efé'e.
L'enseignement du français doit donc prendre en compte
les paramètres de la situation de communication et partir toujours du
contexte social.
IV. DES PROGRAMMES AUX CURRICULA
Notre étude nous a permis de relever le vieillissement
des programmes de français au premier cycle, qui datent de 1982/1983 et
n'ont subi aucune régulation jusqu'ici. Par ailleurs, nous avons
relevé en plus que la tradition de programme porte beaucoup plus sur les
savoirs, mieux la centration sur les contenus
d'enseignement-apprentissage ; surtout faut-il le rappeler, les programmes
(du premier cycle) en vigueur au Cameroun sont basés sur la
pédagogique par objectif, alors que le tendance actuelle est à
l'acquisition des compétences chez les élèves.
Par ailleurs, il convient désormais de contextualiser
les programmes, de les présenter désormais sous forme de
curricula ; ceux-ci prenant en compte la formation des formateurs, du type
de matériel à utiliser, du système d'évaluation
à mettre sur pied. C'est en fait ce que recommandent les états
Généraux de l'éducation lorsqu'ils soulignent :
Les programmes seront la traduction dans les faits de la
nouvelle politique éducative telle qu'elle sera redéfinie par
l'état. Ils seront adaptés aux réalités nationales,
tiendront compte des temps scolaires [...] Il se présenteront
désormais sous forme de curricula, avec des objectifs de formation bien
définis, des contenus adaptés, des pratiques et des
méthodes éprouvées, un système d'évaluation
en congruence avec les objectifs préétablis.116(*)
Ainsi, dans un contexte camerounais où les enfants
quittent très tôt l'école pour des raisons beaucoup plus
économiques, il conviendrait de sécuriser l'éducation,
mieux la formation de ceux en orientant la réflexion vers
l'élaboration d'un manuel par cycle. Cette politique du manuel unique,
nous le pensons, pourra non seulement faciliter l'atteinte des objectifs
curriculaires dans le parcours éducationnels des élèves,
mais contribuera aussi à la réduction du coût de
dépense chez les parents d'élèves qui sont habitués
à acheter un manuel chaque année.
V. DE L'AMÉLIORATION DE L'ASPECT MATÉRIEL DES
MANUELS DE FRANÇAIS
L'évaluation de nos deux manuels de français
nous a permis de remarquer que ceux-ci n'étaient pas assez solides pour
résister à l'usure du temps. De même, la qualité des
illustrations reste encore à améliorer pour susciter un
réel plaisir de lecture chez les jeunes du premier cycle qui sont plus
attirées par l'image.
Notons donc que, les petits enfants ne peuvent pas conserver
soigneusement un ouvrage plus d'une année scolaire. Si l'aspect
extérieur est donc négligé, l'ouvrage court le danger de
s'émietter avant de remplir sa fonction. Cette
détérioration précoce est une source de perte à la
fois pour l'enseigné et pour le parent qui achète les outils
scolaires.
Ainsi, souhaitons-nous malgré l'influence
économique que cela présuppose, que la confection des manuels de
français soit améliorée du point de vue de leur aspect
matériel : couvertures cartonnées, reliure adéquate,
papiers de qualité, pouvant résister aux différents
manipulations des enfants ainsi qu'aux intempéries, et assurer la en
même temps la longévité du manuel.
Au niveau des illustrations et de la présentation du
livre, on devrait cheminer vers une illustration plurichrome, pouvant susciter
la joie chez les élèves et le désir d'apprendre.
Considérant le coût financier et les influences que cela pourrait
entraîner sur les prix des manuels, nous proposons la conception à
part, pour une utilisation en groupe par les élèves en classe de
lecture, des illustrations : cartes schémas, photographies,
modèles et petits matériels pédagogiques en
adéquation avec les textes de lecture et renforçant le discours
textuel de ceux-ci.
En fin de compte, le prix d'achat des livres doit être
à la portée des parents pauvres, car le livre produit doit
atteindre son objectif, être lu par les élèves.
VI. POUR UNE GRILLE MODÈLE
D'ÉLABORATION DES MANUELS DE FRANÇAIS CONTEXTUALISÉS
Les manuels comme nous l'avons dit doivent répondre
à un programme d'études, à un devis pédagogique et
surtout à une grille d'élaboration qui déterminent et
constituent une part non négligeable dans la configuration de ces
derniers. Ainsi, proposons-nous la grille suivante :
- Critère
n°1 : contenu
1. Examen des objectifs et curricula éducationnels
2. prise en compte du statut de la langue
3. utilisation des matériaux locaux et ouverture
à l'extérieur
4. édition locale
- Critère
n°2 : Orientation pédagogique
1. Prise en compte des modèles pédagogiques
préconisés par les autorités scolaires
2. adéquation du contenu aux projets
pédagogiques dressés par les conseils d'enseignement
3. l'unicité du manuel : livre de
l'élève contenant toutes les activités d'apprentissage
4. adaptabilité du manuel à l'apprenant, prise
en compte de l'environnent socio-culturel, émotionnel, du niveau
psycho-cognitif de l'élève.
- Critère n°3 : techniques
de fabrication
1. Couverture cartonnée et expressive
2. production à par des illustrations liées aux
différents textes, pour une utilisation en groupe
3. typographie : lisibilité matérielle
4. prix adéquat au contexte économique des
utilisateurs
CONCLUSION GÉNÉRALE ET ORIENTATIONS
FUTURES DE LA RECHERCHE
Tout au long de notre étude, il était question
de faire une lecture de la contextualisation des méthodes scolaires pour
l'enseignement du français au Cameroun. Notre choix s'est porté
sur les méthodes ou manuels de lecture (textes et activités) pour
le simple fait que ceux-ci favorisaient une lisibilité globale des
activités de la classe de français. Bien plus, la
variété des textes et écrivains prise en compte dans ces
manuels nous a servi d'élément pertinent pour l'analyse.
Toutefois, cette étude s'est basée sur la trame des
précédents travaux de recherche dont l'importance n'est plus
à démontrer.
Ainsi, notre premier chapitre portant sur l'état de la
question a eu pour tâche d'examiner de façon éclatée
les différentes réflexions sur la contextualisation des
méthodes au cours de l'histoire. Il en ressort que, face à
l'échec de la tendance des méthodes ou manuels universalistes
dominés par les théories linguistiques et la psychologie
d'apprentissage, l'approche actuelle est orientée vers les visées
communicatives et socioculturelles des manuels scolaires, ancrés dans
l'environnement émotionnel des apprenants.
Par ailleurs, cet état des lieux nous a permis de
souligner la position actuelle des enseignants vis-à-vis des manuels,
ceux-ci se considérant désormais comme des créateurs et
non soumis à la démarche construite par les manuels.
Nous appesantissant donc sur le contexte camerounais avec pour
problématique la question de l'adaptation des manuels de français
à l'environnement des élèves du terroir, nous avons choisi
comme point d'encrage politique les textes fondateurs et pour théorie de
référence la pédagogie convergente qui pris ensemble ont
fixés les directives de notre recherche. Comme on peut le remarquer,
l'idée commune ici tournait autour de la formation d'un camerounais
enraciné dans sa culture, fier de son identité et ouvert au
monde.
Dans le troisième chapitre situé au cadre
méthodologique et opératoire de l'étude, la tâche a
consisté en l'élaboration d'une grille d'analyse inspirée
sur le modèle des grilles précédentes. Du reste, celle-ci
nous a permis au quatrième chapitre de procéder à
l'évaluation des deux manuels du corpus : L.F. 6e et
F.6e. De cette analyse, il s'est dégagé
l'interprétation selon laquelle les manuels analysés
connaissaient une forte influence des éléments de
l'extérieur ainsi qu'une précarité de leur aspect
matériel, non adapté à l'âge et au niveau es
apprenants.
Prenant en considération ces lacunes, le
cinquième et dernier chapitre est destiné à la formulation
de quelques propositions allant dans le sens de l'amélioration des
manuels scolaires de français au Cameroun du point de vue de leur
contextualisation. Ainsi, avons-nous consigné les suggestions
suivantes :
- vulgarisation de la recherche autour de la question du
manuel de français contextualisé ;
- la révision de la politique de l'édition
suivie de la collaboration avec des personnes ressources que sont :
enseignants et collectivités locales.
- La prise en compte des langues locales camerounaises dans
l'élaboration des manuels ou syllabaires de l'éducation de
base.
- La présentation des programmes sous forme de
curricula intégrant tous les partenaires de l'acte
éducatif ;
- Et enfin, l'amélioration de l'aspect matériel
de nos manuels de sorte qu'il suscite le goût de l'apprentissage chez les
jeunes apprenants.
Cette étude s'est refermée sur la proposition
d'une grille modèle pour l'élaboration d'un manuel de
français contextualisé, prenant en compte des
éléments soulignés tout au long de l'étude.
Dès lors, il convient de remarquer avec G. VIGNER
que :
L'échec scolaire en Afrique n'est pas toujours
dû comme le croient certains experts, à l'existence des
déficits matériels en livre [...] Le manuel en aidant à la
constitution d'une littérature scolaire adaptée, peut apporter
une contribution d'une littérature scolaire adaptée, peut
apporter une contribution précieuse à cette lutte contre
l'échec scolaire. C'est moins une affaire de crédits que
l'imagination créatrice.117(*)
Enfin de compte, un des domaines d'une recherche future
pourrait être l'orientation de la réflexion vers les raisons
concrètes du retard observé dans l'élaboration d'un
véritable manuel de français contextualisé au Cameroun.
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International,coll. « Français sans
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L'Education en Afrique,quels enjeux ?quels
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-NKOLO FOE (2002),
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Comprendre le traité de pédagogie et de
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-NUNAN, D.(1991),
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-ONGUENE ESSONO, L.M, (1993),
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-PALMADE,G.(1994),
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-PUREN,C.(1988),
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-PUREN,C.(1994),
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-WAMBACH,M.(2001),
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Méthodologies des langues en milieu multilingue. La
pédagogie convergente à l'école fondamentale.
Bruxelles, CIAVER
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2. Articles :
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- BESSE, H.(1995) ,
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pédagogie : petit dictionnaire des méthodes » in
Le français dans le monde, no spécial, Paris,
Edicef, pp. 96-108
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- COSTE,D. (1995) ,
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français dans le monde no spécial, Paris Edicef, pp.
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-GALISSON,R.(1995),
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-ONGUENE ESSONO, L.M,(1999),
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Essai de description des situations réelles du Français au
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VI. DOCUMENTS SUR L'ETUDE DES MANUELS
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1. Ouvrages
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BESSE, H.(1986),
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Langue,Paris, Didier-CREDIF,coll. « Essai »,
réédité en 1992.
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RICHAUDEAU,F.(1986),
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Conception et production des manuels scolaires :guide
pratique, Belgique, UNESCO,(1ère édit.1979).
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2. Articles
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-ALLWRIGHT,D.(1991),
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phonétique
appliquée,no99-100-101,pp.
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-BERRINGER,P.et alii(1995)
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« Editer des méthodes »in Le
Français dans le monde,Paris,Edicef, pp. 12-19.
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-BERARD, E.(1995),
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« Faut-il contextualiser les
manuels ? »in Le Français dans le monde,
no spécial, Paris, Edicef. pp 21-24.
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-CAPELLE,G.et alii
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« Profession auteur », Table ronde
animée Et synthétisée par G.Vigner, in Le
Français dans le monde, no spécial, Paris,
Edicef. pp 25-33.
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-DEBYSER,F.(1973),
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« La mort du manuel ou le déclin de
l'illusion méthodologique » in Le Français dans le
monde, no 100, Paris, Edicef. pp.
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-MATHIS,G.(1998),
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« Guide d'observation des manuels de
Français » in Les clés d'un
savoir-faire,Paris,Nathan,Pédagogie pp.157-160
|
-MBA,G et VAN DYKEN,(1994)
|
s« Formation et concertation pour la conception et
l'élaboration du matériel didactique pour
l'alphabétisation de base »in Séminaire/atelier
sous-régionale sur la conception et l'élaboration du
matériel didactique de base pour l'alphabétisation,SIL,pp.
7-11.
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-PUREN,C.(1995),
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« Des méthodologies et leur mise en
question » in Le Français dans le monde,
no spécial, Paris, Edicef. pp 36-41.
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-TADADJEU,M et SADEMBOUO,E.,
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« Vers une chaîne éditoriale du
matériel éducatif en langue nationale au Cameroun »in
Séminaire /atelier sur la politique du livre en langues
africaines, Dakar,UNESCO-BREDA. pp.1-12.
|
-MBA,G.(1994),
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« Démarche à suivre pour
l'élaboration d'un manuel de français comme seconde
langue »in Séminaire/atelier sous-régionale sur la
conception et l'élaboration du matériel didactique de base pour
l'alphabétisation, SIL, pp.
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-VIGNER,G.(1989),
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savoir »in Diagonales,no11,juillet,pp24-25
|
VII. THESES ET MEMOIRES DIDACTIQUES
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-ELOUNDOU,B.-D.(2000),
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La classe de grammaire en France et au
Cameroun :Analyse comparatives des manuels et pratiques au cycle
d'observation ,Yaoundé,E.N.S. Mémoire de DI.P.E.S.II.
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-CHINDO,E,(1995)
|
Analyse des méthodes en FLE : Le cas de
France-Afrique1 et Pierre et Sédou , Yaoundé,E.N.S.
Mémoire de DI.P.E.S.II.
|
-MBA,G.(1986),
|
Essai d'évaluation du matériel didactique en
langue camerounaise : les cas du pré-syllabaires et des syllabaires
en Ewondo et en Lamnso'o,Thèse de doctorat 3ème
cycle,Yaoundé,département de linguistique
générale appliquée
|
-MVENG EVINA,M.C.,
|
Analyse et évaluation d'un manuel scolaire
grammaire et expression
6e,5e,4e,3e,
Yaoundé,E.N.S. Mémoire de DI.P.E.S.II.
|
VIII. TEXTES ET INSTRUCTIONS OFFICIELLES
|
- La Constitution de la République du
Cameroun, janvier, 1996.
|
- Etats généraux de la culture : Charte
camerounaise de la culture, Yaoundé, 1991.
|
- MINEDUC, Etats généraux de
l'éducation au Cameroun,Yaoundé,22-27 mai 1995
|
- MINEDUC, Instructions Ministérielle
no135/D/40/MINEDUC/SG/IGP. Fixant les objectifs, principes,
méthodes et programmes dans l'enseignement du Français au
1er cycle des collèges, Yaoundé, 1982-1983
|
- MINEDUC, Loi no98/004 du 14 avril 1998,
d'orientation de l'éducation au Cameroun, Yaoundé.
|
- MINEDUC,
Arrêténo23/9/20/MINEDUC/IGP/ESG portant
définition des Programmes de langue et littérature second cycle,
enseignement secondaire général et technique,
Yaoundé, juin1994
|
- Loi no2004/17 du 22 juillet 2004
d'orientation de la décentralisation au Cameroun.
|
VIII. RÉFÉRENCES DES RECHERCHES SUR
INTERNET
|
-WWW.destocke.com/ ?livre-scolaire.html
|
-WWW.supers-tarifs.com/ ?livre-scolaire.html
|
-WWW .afristat.org/Afristat/publications/pdf/concepts/pdf.
|
* 1 G. Mialaret,
Pédagogie générale, Paris, PUF, fondamental, 1991
* 2 F. Richadeau, Conception
et production des manuels scolaires, guide pratiques, Paris, UNESCO, p.15
* 3 J.J.Rouseau, cité
par G. Mialaret, op.cit., p.496
* 4 MINEDUC, États
Généraux de l'éducation au Cameroun, Yaoundé, 1995,
p.37
* 1 O. Aktouf,
Méthodologie des sciences sociales et approches qualitatives des
organisations, P.U.Q., 1987, p.213
* 1 R. Galisson cité
par H. BESSE, «Méthodes, méthodologie,
pédagogie : petit dictionnaire de méthodes » in
Le Français dans le monde n° spécial, Paris,
Édicef, 1995, p.104
* 2 H.Besse,
Méthodes et pratique des manuels de langue, Didier - CREDIF,
1986, p.14 réédité en 1992
* 5
M.-C. Mveng Evina, Analyse et évaluation d'un manuel scolaire
Grammaire expression 6e, 5e, 4e, 3e,
Yaoundé, E.N.S, mémoire de DIPES II, 1978
* 6 E. Chindo, Analyse
des méthodes en FLE : le cas de France-Afrique1 et Pierre et
Sédou, mémoire de DIPES II, 1995
* 7 M.-N. Nkenne,
Lecture critique des programmes des manuels et des méthodes
d'enseignement de la lecture écrite au cycle d'observation,
mémoire de DI.P.E.S. II, 1994
* 8 B.-D.
Éloundou, la classe de Grammaire en France et au
Cameroun : Analyse comparative des manuels et des pratiques au cycle
d'observation, mémoire de DIPESII, 2000.
* 9 G. Mba,
Essai d'évaluation du matériel didactique en langue
camerounaise : Le cas du pré syllabaires et des syllabaires en
Ewondo et en Lamnso'o, thèse de Doctorat 3e cycle,
Yaoundé 1986
*
10 C. Puren, op.cit
* 11 H. Boyer et alïi,
Nouvelle introduction à la didactique du français langue
étrangère, Paris, CLÉ International 1990
*
12 C. Puren,
op.cit. p.14
* 13 C.
Puren, « Des méthodologies constituées
et leur mise en question » in Le Français dans le
monde, n° spécial, Paris, Édicef, 1995, p.39
* 14 H. Besse, op. cit.
* 15 J. Girardet,
intervenant à la table ronde animée et synthétisée
par G. Vigner, « profession auteur » in Le
Français dans le monde op. cit pp.25-33
* 16 J. Courtillon, ibid.
p.26
* 17 G. Palmade, Les
Méthodes en pédagogie, Paris, P.U.F., 1994, 15e
édition,(1ee en 1953)
* 18 F. Debyser,
« La mort du manuel ou déclin de l'illusion
méthodologique» in Le Français dans le monde 100,
oct.-nov., Paris, Édicef, 1973p.67
* 19 D.allwright, Op .cit.
P.85
* 20 Ibidem
* 21 R. Galisson,
« À enseignants nouveaux outils nouveaux », in Le
Français dans le monde, n° spécial, Paris,
Édicef, p71
* 22 J. Montredon, «
pédagogie en contexte : principes et exemples» in Le
français dans le monde n° spécial, Paris, Edicef, 1995,
pp94-95
* 23 L.
Dabène, Repères sociolinguistique pour
l'enseignement des langues, Paris, Hachette, 1994
* 24 Ibidem, p.5
* 25 J. Tabi Manga,
Francophonie et codéveloppement, Paris, CILF, 1989, P.14
* 26 J Capelle, intervenant
à la table ronde « profession auteur» animée et
synthétisé par G.Vigner in Le Français dans le
monde, no spécial, Paris, EDICEF, 1995. PP25-33
* 27 J.Girardet, Op. cit
* 28 J. Courtillon, idem,
P.26
* 3 G.Mba,
Op. cit. P.24
* 4 F. Richaudeau,
Conception et production de manuels scolaires : guide pratique,
Belgique, UNESCO, 1986, PP 60-61 (1ère édition 1979)
* 29 G. Vigner,
«présentation et organisation des activités dans les
méthodes », in Le Français dans le monde, op.
cit. p.122
* 30 Ibidem,
p123
* 31 G. Mba et J. Van Dyken,
« Formation et Concertation pour la Conception et
l'Élaboration du matériel didactique pour
l'alphabétisation de base » in Séminaire Atelier
sous-régional sur la conception et l'élaboration du
matériel didactique de base pour l'alphabétisation, SIL,
1994
* 32 . Ibidem. p10
* 33 E. Bérard,
« Faut-il contextualiser les manuels ? » in Le
Français dans le monde. op.cit pp. 21-24
* 1 G. Mialaret,
Pédagogie générale, Paris, PUF fondamentale,
1991, p.491
* 2 P.Berringer, intervenant
à la table ronde « Éditer des
méthodes» animée et synthétisée par G. Vigner
, in Le Français dans le monde, op.cit
* 34 F. Richaudeau,
op.cit
* 1 H. Besse, Op.cit.
* 35 Mialaret, op.cit
P.294
* 36 L. Dabène
op.cit
* 37 O. Essono, « Les
statuts du français au Cameroun. Essai de description des situations
réelles du français au Cameroun », in Le français
langue africaine, enjeux et atouts pour la francophonie, Paris,
Publisud, p.286
* 38 L. Dabène
op.cit
* 39 J. P.
Cuq, Le Français, langue seconde, Paris, Hachette,
1991, p.
* 40 M.
Rambello, <<Réflexions sur la situation linguistique
à Madagascar>>, in Etude de linguistique
Appliquée, no 65, Paris ,1987
* 41 M. M. Ngalasso,
L'Éducation en Afrique. Quels enjeux ? Quels
partenariats ? Strasbourg, P.9
* 42 G. Mba et J.Van
Dyken, op.cit p. 8
* 43 G. Mba, op.cit,
p.106
*
44 G. Mialaret, op.cit
* 45 G. Mialaret,
op.cit, P.199
* 46 G.Mba, Op cit.
* 47 Mialaret,
Op cit
* 48 D. Coste,
« Langue et curriculum » in Le Français dans le
monde, no spécial, Paris, Edicef, 1995, PP 79-93
* 49 C .Puren, «Des
Méthodologies constituées à leur mise en question »
in Le Français dans le monde no Spécial,
Op. cit.
* 50 Dabène, op.cit
* 51 M Beaud, l'Art de
la thèse, Paris, Découverte, 1997
* 52 CONFEMEN :
Conférence des Ministres d'Éducation Nationale
* 53 J. Ozele Owono,
cité par B.-D Eloundou, op.cit
* 54 G. De Landsheere,
dictionnaire de l'évaluation et de la recherche en éducation,
Paris, P.U.F. 1992, p.403
* 55 O. Aktouf,
op.cit.P213.
* 56 M.Wambach,
Méthodologie des langues en milieu multilingue. La pédagogie
convergente à l'école fondamentale, Bruxelles, CIAVER, 2001.
* 57 Constitution de la
République du Cameroun, janvier, 1996, p.19
* 58 MINEDUC, États
généraux de l'éducation au Cameroun, Yaoundé, mai
1995, p.36
* 59 Ibidem
* 60 États
généraux de la culture : charte camerounaise de la culture,
article, 7, 8 ,9,10 Yaoundé, 1991, p.11
* 61 Loi n° 98/004 du
14avril 1998, d'orientation de l'éducation au Cameroun, art.5,
Yaoundé, 1998.
* 62 Loi n° 2004-17 du
22 juillet 2004, d'orientation et de décentralisation, p.12
* 63MINEDUC, Programmes de
français, instructions ministérielles
n°135/D/40MINEDUC/SG/IGP, Yaoundé, CEPER, 1982-1983
* 64MINEDUC, Programme de
langue française et littérature au second cycle, Yaoundé,
1994, p.2.
* 65 Programme de langue
française et littérature au second cycle, Op.cit, p.3.
* 66 M. Wambach, op. cit.
* * Unilingue au cas
où la langue utilisée rempli les statuts de LM, LO, langue
d'enseignement et de communication pour toutes les couches sociales : cas
de la France.
* 67 M. Wambach, op.cit,
p.17
* 68 Idem
* 1 B.CIDI Cissé,
cité par M. Wambach, op.cit, p.122
* 69 Richaudeau, op. cit.
PP. 23-24
* 70 F.Richaudeau,
Conception et production des manuels scolaires : guide pratique, Belgique,
UNESCO, 1986, P.267. 1ere édition 1979
* 71 G. Mba, essai
d'évaluation du matériel en langues Camerounaises : Le cas
du pré-syllabaire et du syllabaire en Ewondo et en Lamnso'o,
thèse de doctorat 3e cycle, Yaoundé, 1986, P.46
* 72 K. Banwell,
citée par Mba, idem
* 73 G. Mathis,
« Guide d'observation des manuels de français » in
Les clés d'un savoir-faire, Paris, Nathan, Pédagogie,
1998, PP.157-160
* 74 F. Richaudeau, op. cit.
P.52
* 75 Ibidem, P.267
* 76 Remarque de G.
Mialaret, op.cit, P. 490
* 77 MINEDUC :
Ministère de l'Éducation Nationale, aujourd'hui MINESEC
(ministère des enseignements secondaires)
* 78 Désormais
abrégée I.O
* 79 Mialaret,
Op.cit.P.198
* 80 G.Mba, Op.cit. P.36
* 81 G. Mialaret, Op. Cit.
P.197
* 82 Richaudeau, Op.
cit.P.286
* 83 G. Mba, Op.cit. p.94
* 84 Désormais
abrégé L.F. 6e
* 85 Désormais
abrégé F. 6e
* 86 M. O. Agba et alii,
Français : textes et activités 6e,
Paris, Larousse, 1984, Avant-Propos.
* 87 Le français en
6e, Paris édicef, 1998, avant-propos
* 88 H. Mitterand, et alii,
Langue française 3e, paris, Fernand Nathan, 1984,
avant-propos
* 89 G. Niquet et alii,
Grammaire des collèges, Paris, Hâtier,
1989, avant propos
* 90 Programme de
français. Instruction ministérielles
n°135/D40/MINEDUC/SG/IGP, 1984, p.14
* 91 Idem
* 92 G. MBA, op.cit,
p.216
* 93 G. Niquet et alii,
Grammaire des collèges, Paris, Hatier, 1993, Avant-propos
* 94 M.O. Agba, op.cit,
avant-propos (III)
* 95 H. Mitterrand et alii,
op.cit, avant-propos.
* 96 F.6e,
op.cit, quatrième de couverture
* 97 Mialaret, op.cit,
p.497
* 98 Ces orientations sont
tirées des 216 questions pour évaluer l'élaboration d'un
manuel scolaire, questions élaborées par Richaudeau, op.cit,
pp/30-31
* 99 R.Flesch, How to test
readability? New York, NY, Harper et Row, 19499
* 100 G. Henry, Comment
mesurer la lisibilité ? Bruxelles, Labor, 1975.
* 101 G. Mialaret, op.ct,
p.494
* 102
Exemple : Littérature et
méthode : d'E. Amon et Y. Bomati, Paris, Hatier,
* Langue française, d'H. Mitterand, et alii, Paris,
Fernand Nathan.
* 103 H.Mitterand et alii,
op.cit.
* 104 DB. Eloundou,
op.cit
* 105 F. Richaudeau,
op.cit, Préface
* 106 M. Tadadjeu,
Perspectives d'études de planification linguistique, in,
recherche en langue linguistique, travaux et coulent de l'_I.S.H. n°27,
p.
* 107 Richaudeau, op.cit,
p.15
* 108 Les états
généraux de l'éducation au Cameroun, op.cit, p.37
* 109 M. Tadadjeu et E.
Sadembouo, vers une chaîne éditoriale du matériel
éducatif en langues nationales au Cameroun, in
Séminaire/Atelier sur la politique du livre en langue africaines, Dakar,
UNESCO-BREDA
* 110 R. Galisson,
à enseignants nouveaux outils nouveau, in Le
français dans le monde, Paris, édicef, 1995, p.71
* 111 Richterich,
cité par C. Puren, La didactique des langues
étrangères à la croisée des méthodes. Essai
sur l'électisme, Paris, Didier CREDIF, P.142
* 112 B.D. Eloundou,
op.cit, p.87
* 113 Mialaret, op.cit,
p.497
* 114 M.N. Ngalasso,
L'Education en Afrique, quels enjeux, quels partenariats ? Strasbourg,
1989, p.9
* 115 G. Mba,
Démarche à suivre pour l'élaboration d'un manuel de
français comme seconde langue, in Techniques d'élaboration
d'un syllabaire, SIL, Yaoundé, 1994, p.81
* 116 MINEDUC, Les Etats
Généraux de l'éducation du Cameroun, op.cit, p.36
* 117 G. Vigner,
Manuels : les portes du savoir, in, Diagonales
n°11, 1989, p.25
|