Chapitre 3 : Analyses et interprétations des
résultats
Section 1 : Analyse descriptive des
résultats
Dans cette section on va essayer de décrire les
résultats de la statistique descriptive. Dans ce sens, on utilisera :
les moyennes, l'écart-type, le minimum et le maximum observés
afin de décrire les différentes variables.
1) La marge d'intermédiation bancaire
La marge d'intérêt bancaire au Liban :
d'après les 578 observations que nous avons pues collecter sur la
période allant de 1990 à 2004 , la marge d'intermédiation
bancaire est en moyenne égale à 4% avec un écart-type de
2%, cette variation a connu des valeurs maximales très
élevées en touchant la barre des 16% et des valeurs minimales
négatives de 1,6%, cette grande variation est due essentiellement
à un marché bancaire extrêmement dense avec ces 64 banques
et d'un environnement macroéconomique instable.
En effet, avec l'instabilité géopolitique, les
banques sont devenues averses aux risques, ce qui a engendré des
coûts d'intermédiation élevés. Cette marge n'a pas
vocation à être extrêmement développée en
raison de l'incertitude pesant sur le marché.
MaX1994_2005 NIM= 16,06% & Mill1994_2005 NIM= -1,6%
Moy1994_2005 NIM=3,93% & écart.
type1994_2005 NIM=2,09%
3) Ratio fonds propres/total des actifs
Pour un même nombre d'observations, la moyenne des
ratios fonds propres par rapport au total des actifs des banques affiche la
valeur de 9,04 avec un écart type moyen de 8,62 ce qui est conforme
à la norme de Bâle 2. Ce ratio a atteint les 67,41% comme une
valeur maximale et a connu une valeur négative de -0,11 pour d'autres,
ce résultat montre l'existence d'une différence assez importante
au niveau des performances financières des banques.
La quantité de fonds propres est une donnée
importante dans un établissement bancaire, même si leur montant
reste proportionnellement faible car ils sont la base de calcul de nombreux
ratios prudentiels et de maîtrise de risque.
MaX1994_2005 RFP= 67,41% & Mill1994_2005 RFP= -11,02%
Moy1994_2005 RFP=9,04% & écart. type1994_2005
RFP=8,62%
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3) Ratio de couverture financière :
La moyenne de ce ratio est de 28,75% avec un écart de
0,12, ainsi en moyenne, l'activité de prêt représente 28%
du total des actifs des banques libanaises, le grand nombre des banques et la
faible taille du marché ont eu des répercussions négatives
sur l'activité des crédits.
MaX1994_2005 RSF=80,97% & Mill1994_2005 RSF=0,1%
MOy1994_2005 RSF=28,75% & &art. type1994_2005
RSF=12,45%
5) Taille de la banque :
Statistiquement parlant, la taille de la banque
représente une moyenne de 5,94% sur les 15 ans, et un écart de
6%. Cette valeur varie d'une banque à une autre ce qui est montré
par la variation de l'extrema dans l'intervalle [1,44 ; 9,78]. Si cette
variable est obtenue par le calcul du logarithme des volumes de crédits
accordés, la part de marché et le ratio de couverture
financière joueront un rôle crucial dans son évolution.
MaX1994_2005 LG=9,78 % & Mill1994_2005 LG=1,44 %
MOy1994_2005 LG=5,94 % & &art. type1994_2005 LG=1,62 %
7) Part de marché
Concernant la structure de marché, en moyenne, la part
de marché d'une banque est de 8,33% du marché, cette part
à dépassé les 16%, tandis que la plus faible valeur est de
l'ordre 3,34%. Comme le nombre des banques est très important au Liban,
une moyenne de 8% semble être très normale. Economiquement
parlant, un pays comme le Liban, qui possède un marché financier
de taille réduite, toute marge d'intermédiation
élevée décourage l'emploi des ressources et freine ainsi
la croissance du marché.
MaX1994_2005 PM=77,03% & Mill1994_2005 PM=16,09%
MOy1994_2005 PM=8,33 % & &art. type1994_2005 PM=3,87
%
9) La concentration
Avec une part de marché raisonnable, on a pu
détecter une très forte concentration d'ordre 33,4% à la
moyenne avec un écart-type de 4%, de ce fait, les trois premières
banques possèdent en moyenne plus de l'1/3 du marché. Un autre
fait marquant figure dans la concentration qui a atteint 76% sur le
marché bancaire en 1993. Ainsi , malgré le grand
nombre des banques, seules trois d'entre elles
possèdent plus du 75% du marché.
MaX1994_2005 CO=76,78% & Mill1994_2005 CO=0,27%
MOy1994_2005 CO=33,4 % & &art. type1994_2005 CO=3,96%
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7) L'inflation :
Avec une moyenne de 8%, l'inflation est
généralement forte au Liban, cet environnement inflationniste ne
favorise pas l'évolution du secteur bancaire .En effet, les banques se
trouvent souvent avec des actifs financiers surévalués, ce qui
contribue à une hausse des marges. Le taux d'inflation à pu
atteindre les 80% comme valeur maximale en 1994 et une valeur minimale de 1,74%
en 1995. Ce taux d'inflation éprouve que l'environnement
macroéconomique est instable voire délicat.
MaX1994_2005 INF=80,74% & Mill1994_2005 INF=1,74%
Moy1994_2005 INF=7,97% & écart. type1994_2005
INF=18,86%
8) Taux de croissance de l'économie
Ce taux est indiqué par le PIB, en moyenne, la
croissance de l'économie libanaise est de 2,21% durant la
dernière quinzaine d'années. Cette croissance a atteint 34% en
1991, sa variation s'est limitée à un écart type faible de
2,75%. Avec une croissance jugée faible par rapport au taux d'inflation
qui persiste dans cette économie, le marché financier libanais
est ainsi vulnérable.
MaX1994_2005 PIB=34,61 % & Mill1994_2005 PIB=-1,96 %
Moy1994_2005 PIB=2,21 % & écart. type1994_2005
PIB=2,75 %
10) Frais d'exploitation
La moyenne de croissance des frais d'exploitation par rapport
au total des actifs, indique la valeur 2,73% et une variation moyenne de 1,59%
tandis que la valeur maximale enregistrée est de 16,51%. D'une
façon générale, on peut dire que les banques libanaises
maîtrisent parfaitement la gestion des frais généraux en
limitant leurs dépenses afin d'êtres profitables dans un
marché financier extrêmement dense. Avec des taux d'inflation
très volatils, le taux de croissance des frais d'exploitation semble
être très raisonnable.
MaX1994_2005 FE=16,51% & Mill1994_2005 FE=0,73%
Moy1994_2005 FE=2,73% & écart.
type1994_2005FE=1,59%
12) Les réserves des banques
En analysant les réserves obligatoires des banques
auprès de la banque centrale (banque de Liban), on a pu constater qu'en
moyenne la réserve est égale à 16,04 %des
bénéfices tandis que l'écart moyen est de 10%.
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En effet, dans une économie instable ou le
marché financier est très volatil, la constitution des
réserves constitue un élément crucial pour garantir
l'activité bancaire à l'échelle national. Or, des
réserves excessives impliquent un manque à gagner qui parait
important pour les banques et qui va se répercuter sur la marge
d'intermédiation.
MaX1994_2005 R0=77.03 % & Mir11994_2005 R0=0.1 %
Moy1994_2005 R0=16.04 % & &art. type1994_2005 R0=10%
Section 2 : Analyse de la corrélation
La matrice de corrélation (annexe 2, tableau n°1)
montre les degrés de corrélation entre les variables
exogènes et la marge de l'intermédiation bancaire qui est
introduite comme variable endogène dans le modèle et les
corrélations existantes entre les variables explicatives eux
même.
D'une part, cette matrice révèle l'existence
d'une forte corrélation positive entre le NIM et le ratio de couverture
financière d'ordre 53.29%, et le NIM avec les frais d'exploitation et le
coût des réserves. En revanche, on note une corrélation
positive mais faible concernant la part de marché et la croissance
économique. Cette corrélation est soutenue empiriquement par
Maudos et Guivara. En effet, toute augmentation des frais d'exploitation, ratio
de couverture financière, part de marché induit des charges
supplémentaires que la banque introduit dans sa marge.
D'autre part la matrice de corrélation montre une
corrélation fortement négative des variables comme la taille de
la banque, la concentration et l'inflation avec le NIM et une
corrélation négative de faible amplitude de ce dernier avec le
ratio fonds propres. L'effet de l'économie d'échelle est de
conduire à la diminution des coûts unitaires, c'est pour cette
raison que toute hausse des volumes de transactions permet à la banque
de varier sa marge à la baisse.
En outre, une augmentation de la concentration pousse les
banques à accroitre leurs efforts en diminuant la marge afin de garder
leurs parts de marché et leurs rentabilités. Une autre diminution
du NIM est nécessaire si l'environnement macroéconomique est
jugé inflationniste, en effet dans un tel environnement, la stagnation
persiste d'où la nécessité de promouvoir les
investissements en fournissant des capitaux à faible marge.
De plus, il est important d'observer des corrélations
relativement importantes et significatives entre certaines variables
explicatives.
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A ce titre, on notera particulièrement la forte
corrélation positive entre le taux d'inflation et les variables : taille
de la banque et la concentration, tandis que négativement avec et le
ratio de couverture financière. Une autre variable possédant une
corrélation fortement positive avec le ratio fonds propres et
négative avec la taille de la banque à savoir le coefficient
d'exploitation. Cette corrélation peut être expliquée ;
d'une part, quand la taille de la banque progresse, on assiste à une
économie d'échelle ainsi une baisse du coefficient
d'exploitation. D'autre part, une croissance des actifs bancaires conduit
à une diminution du coefficient d'exploitation.
Section 3 : Analyse économétrique
Après avoir étudié la corrélation
existante entre les variables et la marge d'intermédiation bancaire, on
va passer à une analyse plus profonde. Une analyse
économétrique est nécessaire afin de comprendre la
significativité que se soit globale ou individuelle avant de finaliser
notre étude avec les divers tests antérieurement cités.
Le tableau n°3 (annexe : B) présente les
résultats des estimations de notre modèle.
I. Significativité globale du modèle
Nous avons utilisé deux tests afin d'estimer la
significativité globale du modèle : test de Fisher et dont
découle à le coefficient de détermination
ajusté.
Les résultats fournis ont montré que le
modèle est globalement significatif, en effet, le test de Fisher
à montré que F5%(9,412)=299,24< Ttabulé=1,83
ainsi H0 est accepté. Ce résultat est soutenu par le coefficient
de détermination R2 ajusté en indiquant la
valeur 86,44%, en conséquence, le modèle est
caractérisé et il s'agit d'une bonne qualité d'ajustement,
le pouvoir explicatif des variables exogènes est très bon.
De ce fait, le coefficient de détermination ne
reflète que 86% de la variation totale de la marge
d'intermédiation et qui peut être expliqué par les
variables explicatives.
Afin de mieux déceler la relation entre la variable
dépendante et les variables indépendantes et meme d'expliquer la
variation de la marge d'intermédiation, on peut appliquer deux
régressions :
· 1er
régression : visant à expliquer le pouvoir
explicatif des variables macroéconomiques :
{Inflation & Croissance économique.
NIM=ait + /31 inflation + /32 cr0issance
économique + et (6)
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v' Le tableau n°4 présente les résultats des
estimations de cette régression.
Cette régression nous a fournis un coefficient de
détermination R2ajusté=33,78% F (2 ; 530)= 136,7 ainsi
on peut dire que les variables macroéconomiques peuvent expliquer 33,78%
de la variation de NIM.
· 2ème
régression : visant à expliquer le pouvoir
explicatif des variables spécifiques aux banques sans tenir compte de la
concentration qui est une variable de marché.
NIM=ait + ? f3i x Vs + et (7)
v' Le tableau n°5 (annexe B) présente les
résultats des estimations de cette régression.
Cette régression fournie un coefficient de
détermination R2ajusté=85,93% ;F(9 ;412)=429,40. Ainsi
les variables spécifiques contribuent à expliquer 86%de la
variation de la variable dépendante.
Enfin, on peut conclure que les variables spécifiques
donnent une meilleure explication de la marge d'intermédiation que les
variables macroéconomiques. La combinaison des deux types
améliore l'explication d'une façon remarquable.
II. Significativité individuelle des variables
Pour parvenir à déterminer la
significativité individuelle, on utilisera le test de Student :
N(o,1
H0 : âit * 0 : la variable est significative avec
Student=T=
.JX2(n /n
Si (Prob>F) < (seuil = 5%) alors H0 est accepté.
Le t-student et le p-value des variables explicatives: le
ratio des fonds propres : 7,41 ; 0,00 le ratio de couverture financière
: 2,47 ; 0,014 la concentration : -3,93 ; 0,00 l'inflation : 4.28 ; 0,00 les
frais d'exploitation : -3,93 ; 0,00 et les réserves obligatoires : 6.84
; 0,000 montre qu'elles ont une bonne significativité à 1% .
Les autres variables ne sont pas significatives dans
l'intervalle de confiance de notre travail (95% , représentant ainsi un
t de student et un p-value succesivement comme suit : la taille de la banque :
-1,84 ; 0,067 la part de marché : 1,50; 0,134 et le taux de croissance
économique : -0,87; 0,387.
De façon générale, les résultats
sont significatifs même si les signes obtenus des principales variables
ne soient pas ceux qui sont attendus. En fait, ces paradoxes semblent apparents
dès lors que l'on se réfère à la situation
financière des établissements de crédit au Liban.
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Nous analyserons respectivement l'impact individuelle des
différentes variables que se soient macroéconomiques (le taux de
croissance économique et taux d'inflation), spécifiques (ratio de
couverture financière, ratio fonds propres, la part de marché,
taille de la banque, les réserves obligatoires, frais d'exploitation) ou
encore de celle du marché (la concentration).
1) L'impact des variables macroeconomiques
Le taux d'inflation et le taux de croissance du PIB sont les
variables macroéconomiques qui expliquent la marge bancaire, le taux
d'inflation apparait avec un coefficient significatif et positif d'après
nos estimations, tandis que significatif mais négatif dans la relation
(6) indiquant par la suite que les coûts liés à l'inflation
ont été plus importants que les revenus
générés par les banques.
En terme général, l'inflation contribue
positivement à la marge d'intérêt ainsi, une hausse de 1%
induit la hausse de 0,054 point de pourcentage du NIM
Etonnamment, nous avons retenu un coefficient du taux de
croissance du PIB, négatif et non significatif dans notre
régression du modèle. Ce résultat peut être traduit
par la segmentation du système financier au Liban. Cette variable change
de signe et de signification quand on a essayé d'expliquer le NIM par
cette variable et par l'inflation dans la relation (6).
3) L'impact des variables spécifiques
Nos estimations montrent que la variable frais d'exploitation
est positivement liée à la marge d'intérêt, toute
hausse du coefficient d'exploitation de 1 % contribue à l'augmentation
de du NIM de 0,33 %, on pourrait penser que les frais d'exploitation
représentent un élément déterminant de la
profitabilité des banques surtout avec un coefficient important. Ce
résultat est conforme aux études de Anghbazo, 1997 ; Bashir, 2000
et Ben Naceur, 2003. Le ratio de couverture financière semble être
significatif et positivement lié à la marge bancaire, ce
résultat est contradictoire à l'étude empirique de
Dmirguc-Kunt & Huizingua (1999). Le résultat obtenu reflète
ainsi un marché économique globalement risqué où le
risque de liquidité s'est répercuté sur la marge
bancaire.
L'impact des fonds propres mesuré par le rapport des
fonds propres à tous les actifs (RFP) est significatif. Nos estimations
prouvent qu'une amélioration de 1 % de ce ratio induit une hausse de
0,09% de la marge d'intérêt. Ce résultat concorde avec les
études d'Anghbazo (1997) et Ben Naceur (2003).
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Ce résultat reflète la solidité et la
solvabilité des banques libanaises leurs permettant ainsi d'avoir une
économie d'échelle suite à un accès facile aux
fonds de financement du marché.
Les réserves bancaires, sont aussi positivement
significatives, une hausse de 1% des réserves favorise la marge
d'intérêt à une augmentation de 0,005. Ce résultat
renforce l'idée que les réserves coûtent beaucoup aux
banques libanaise dans un environnement macroéconomique très
volatil, la politique de respect des normes internationales en matière
de prévention contre le risque d'insolvabilité incite les banques
libanaises à augmenter leurs réserves afin de se prémunir
contre toute crise du marché.
Deux variables explicatives ont montré leurs non
significativité, à savoir : la part de marché et la taille
de la banque. Ces variables n'ont pas un effet significatif sur la marge
d'intérêt bancaire dans un intervalle de confiance de 5%.
3) L'impact de la variable de marché
La concentration est la seule variable de marché
utilisée dans notre modèle. En montrant la bonne
significativité, une hausse de concentration de 1 % induirait une
dégradation de la marge d'intérêt de 0,25 %. Ce
résultat est compatible à notre espérance, la
concentration est associée à des faibles taux de
dépôts et à des taux de crédit élevés,
ce qui limite l'extension des marges d'intérêts.
Conclusion
De façon générale, les variables
spécifiques ont contribué d'une façon considérable
la marge d'intermédiation bancaire en Liban, tandis que les variables
macroéconomiques possèdent un pouvoir explicatif de 30% , et
d'une façon moins importante la significativité de la variable de
marché à savoir la concentration.
Finalement, on peut dire que l'instabilité
macroéconomique ainsi que l'extrême densité du secteur
bancaire libanais ont influencé négativement cette marge.
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