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Les déterminants de la marge d'intermédiation bancaire ( cas du liban)

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par Haythem Bouabsa Matoussi
E.S.S.E.C de Tunis - Maitrise en Finance 2009
  

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Chapitre 3 : Analyses et interprétations des résultats

Section 1 : Analyse descriptive des résultats

Dans cette section on va essayer de décrire les résultats de la statistique descriptive. Dans ce sens, on utilisera : les moyennes, l'écart-type, le minimum et le maximum observés afin de décrire les différentes variables.

1) La marge d'intermédiation bancaire

La marge d'intérêt bancaire au Liban : d'après les 578 observations que nous avons pues collecter sur la période allant de 1990 à 2004 , la marge d'intermédiation bancaire est en moyenne égale à 4% avec un écart-type de 2%, cette variation a connu des valeurs maximales très élevées en touchant la barre des 16% et des valeurs minimales négatives de 1,6%, cette grande variation est due essentiellement à un marché bancaire extrêmement dense avec ces 64 banques et d'un environnement macroéconomique instable.

En effet, avec l'instabilité géopolitique, les banques sont devenues averses aux risques, ce qui a engendré des coûts d'intermédiation élevés. Cette marge n'a pas vocation à être extrêmement développée en raison de l'incertitude pesant sur le marché.

MaX1994_2005 NIM= 16,06% & Mill1994_2005 NIM= -1,6%

Moy1994_2005 NIM=3,93% & écart. type1994_2005 NIM=2,09%

3) Ratio fonds propres/total des actifs

Pour un même nombre d'observations, la moyenne des ratios fonds propres par rapport au total des actifs des banques affiche la valeur de 9,04 avec un écart type moyen de 8,62 ce qui est conforme à la norme de Bâle 2. Ce ratio a atteint les 67,41% comme une valeur maximale et a connu une valeur négative de -0,11 pour d'autres, ce résultat montre l'existence d'une différence assez importante au niveau des performances financières des banques.

La quantité de fonds propres est une donnée importante dans un établissement bancaire, même si leur montant reste proportionnellement faible car ils sont la base de calcul de nombreux ratios prudentiels et de maîtrise de risque.

MaX1994_2005 RFP= 67,41% & Mill1994_2005 RFP= -11,02%

Moy1994_2005 RFP=9,04% & écart. type1994_2005 RFP=8,62%

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3) Ratio de couverture financière :

La moyenne de ce ratio est de 28,75% avec un écart de 0,12, ainsi en moyenne, l'activité de prêt représente 28% du total des actifs des banques libanaises, le grand nombre des banques et la faible taille du marché ont eu des répercussions négatives sur l'activité des crédits.

MaX1994_2005 RSF=80,97% & Mill1994_2005 RSF=0,1%

MOy1994_2005 RSF=28,75% & &art. type1994_2005 RSF=12,45%

5) Taille de la banque :

Statistiquement parlant, la taille de la banque représente une moyenne de 5,94% sur les 15 ans, et un écart de 6%. Cette valeur varie d'une banque à une autre ce qui est montré par la variation de l'extrema dans l'intervalle [1,44 ; 9,78]. Si cette variable est obtenue par le calcul du logarithme des volumes de crédits accordés, la part de marché et le ratio de couverture financière joueront un rôle crucial dans son évolution.

MaX1994_2005 LG=9,78 % & Mill1994_2005 LG=1,44 %

MOy1994_2005 LG=5,94 % & &art. type1994_2005 LG=1,62 %

7) Part de marché

Concernant la structure de marché, en moyenne, la part de marché d'une banque est de 8,33% du marché, cette part à dépassé les 16%, tandis que la plus faible valeur est de l'ordre 3,34%. Comme le nombre des banques est très important au Liban, une moyenne de 8% semble être très normale. Economiquement parlant, un pays comme le Liban, qui possède un marché financier de taille réduite, toute marge d'intermédiation élevée décourage l'emploi des ressources et freine ainsi la croissance du marché.

MaX1994_2005 PM=77,03% & Mill1994_2005 PM=16,09%

MOy1994_2005 PM=8,33 % & &art. type1994_2005 PM=3,87 %

9) La concentration

Avec une part de marché raisonnable, on a pu détecter une très forte concentration d'ordre 33,4% à la moyenne avec un écart-type de 4%, de ce fait, les trois premières banques possèdent en moyenne plus de l'1/3 du marché. Un autre fait marquant figure dans la concentration qui a atteint 76% sur le marché bancaire en 1993. Ainsi , malgré le grand

nombre des banques, seules trois d'entre elles possèdent plus du 75% du marché.

MaX1994_2005 CO=76,78% & Mill1994_2005 CO=0,27%

MOy1994_2005 CO=33,4 % & &art. type1994_2005 CO=3,96%

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7) L'inflation :

Avec une moyenne de 8%, l'inflation est généralement forte au Liban, cet environnement inflationniste ne favorise pas l'évolution du secteur bancaire .En effet, les banques se trouvent souvent avec des actifs financiers surévalués, ce qui contribue à une hausse des marges. Le taux d'inflation à pu atteindre les 80% comme valeur maximale en 1994 et une valeur minimale de 1,74% en 1995. Ce taux d'inflation éprouve que l'environnement macroéconomique est instable voire délicat.

MaX1994_2005 INF=80,74% & Mill1994_2005 INF=1,74%

Moy1994_2005 INF=7,97% & écart. type1994_2005 INF=18,86%

8) Taux de croissance de l'économie

Ce taux est indiqué par le PIB, en moyenne, la croissance de l'économie libanaise est de 2,21% durant la dernière quinzaine d'années. Cette croissance a atteint 34% en 1991, sa variation s'est limitée à un écart type faible de 2,75%. Avec une croissance jugée faible par rapport au taux d'inflation qui persiste dans cette économie, le marché financier libanais est ainsi vulnérable.

MaX1994_2005 PIB=34,61 % & Mill1994_2005 PIB=-1,96 %

Moy1994_2005 PIB=2,21 % & écart. type1994_2005 PIB=2,75 %

10) Frais d'exploitation

La moyenne de croissance des frais d'exploitation par rapport au total des actifs, indique la valeur 2,73% et une variation moyenne de 1,59% tandis que la valeur maximale enregistrée est de 16,51%. D'une façon générale, on peut dire que les banques libanaises maîtrisent parfaitement la gestion des frais généraux en limitant leurs dépenses afin d'êtres profitables dans un marché financier extrêmement dense. Avec des taux d'inflation très volatils, le taux de croissance des frais d'exploitation semble être très raisonnable.

MaX1994_2005 FE=16,51% & Mill1994_2005 FE=0,73%

Moy1994_2005 FE=2,73% & écart. type1994_2005FE=1,59%

12) Les réserves des banques

En analysant les réserves obligatoires des banques auprès de la banque centrale (banque de Liban), on a pu constater qu'en moyenne la réserve est égale à 16,04 %des bénéfices tandis que l'écart moyen est de 10%.

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En effet, dans une économie instable ou le marché financier est très volatil, la constitution des réserves constitue un élément crucial pour garantir l'activité bancaire à l'échelle national. Or, des réserves excessives impliquent un manque à gagner qui parait important pour les banques et qui va se répercuter sur la marge d'intermédiation.

MaX1994_2005 R0=77.03 % & Mir11994_2005 R0=0.1 %

Moy1994_2005 R0=16.04 % & &art. type1994_2005 R0=10%

Section 2 : Analyse de la corrélation

La matrice de corrélation (annexe 2, tableau n°1) montre les degrés de corrélation entre les variables exogènes et la marge de l'intermédiation bancaire qui est introduite comme variable endogène dans le modèle et les corrélations existantes entre les variables explicatives eux même.

D'une part, cette matrice révèle l'existence d'une forte corrélation positive entre le NIM et le ratio de couverture financière d'ordre 53.29%, et le NIM avec les frais d'exploitation et le coût des réserves. En revanche, on note une corrélation positive mais faible concernant la part de marché et la croissance économique. Cette corrélation est soutenue empiriquement par Maudos et Guivara. En effet, toute augmentation des frais d'exploitation, ratio de couverture financière, part de marché induit des charges supplémentaires que la banque introduit dans sa marge.

D'autre part la matrice de corrélation montre une corrélation fortement négative des variables comme la taille de la banque, la concentration et l'inflation avec le NIM et une corrélation négative de faible amplitude de ce dernier avec le ratio fonds propres. L'effet de l'économie d'échelle est de conduire à la diminution des coûts unitaires, c'est pour cette raison que toute hausse des volumes de transactions permet à la banque de varier sa marge à la baisse.

En outre, une augmentation de la concentration pousse les banques à accroitre leurs efforts en diminuant la marge afin de garder leurs parts de marché et leurs rentabilités. Une autre diminution du NIM est nécessaire si l'environnement macroéconomique est jugé inflationniste, en effet dans un tel environnement, la stagnation persiste d'où la nécessité de promouvoir les investissements en fournissant des capitaux à faible marge.

De plus, il est important d'observer des corrélations relativement importantes et significatives entre certaines variables explicatives.

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A ce titre, on notera particulièrement la forte corrélation positive entre le taux d'inflation et les variables : taille de la banque et la concentration, tandis que négativement avec et le ratio de couverture financière. Une autre variable possédant une corrélation fortement positive avec le ratio fonds propres et négative avec la taille de la banque à savoir le coefficient d'exploitation. Cette corrélation peut être expliquée ; d'une part, quand la taille de la banque progresse, on assiste à une économie d'échelle ainsi une baisse du coefficient d'exploitation. D'autre part, une croissance des actifs bancaires conduit à une diminution du coefficient d'exploitation.

Section 3 : Analyse économétrique

Après avoir étudié la corrélation existante entre les variables et la marge d'intermédiation bancaire, on va passer à une analyse plus profonde. Une analyse économétrique est nécessaire afin de comprendre la significativité que se soit globale ou individuelle avant de finaliser notre étude avec les divers tests antérieurement cités.

Le tableau n°3 (annexe : B) présente les résultats des estimations de notre modèle.

I. Significativité globale du modèle

Nous avons utilisé deux tests afin d'estimer la significativité globale du modèle : test de Fisher et dont découle à le coefficient de détermination ajusté.

Les résultats fournis ont montré que le modèle est globalement significatif, en effet, le test de Fisher à montré que F5%(9,412)=299,24< Ttabulé=1,83 ainsi H0 est accepté. Ce résultat est soutenu par le coefficient de détermination R2 ajusté en indiquant la valeur 86,44%, en conséquence, le modèle est caractérisé et il s'agit d'une bonne qualité d'ajustement, le pouvoir explicatif des variables exogènes est très bon.

De ce fait, le coefficient de détermination ne reflète que 86% de la variation totale de la marge d'intermédiation et qui peut être expliqué par les variables explicatives.

Afin de mieux déceler la relation entre la variable dépendante et les variables indépendantes et meme d'expliquer la variation de la marge d'intermédiation, on peut appliquer deux régressions :


· 1er régression : visant à expliquer le pouvoir explicatif des variables macroéconomiques :

{Inflation & Croissance économique.

NIM=ait + /31 inflation + /32 cr0issance économique + et (6)

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v' Le tableau n°4 présente les résultats des estimations de cette régression.

Cette régression nous a fournis un coefficient de détermination R2ajusté=33,78% F (2 ; 530)= 136,7 ainsi on peut dire que les variables macroéconomiques peuvent expliquer 33,78% de la variation de NIM.


· 2ème régression : visant à expliquer le pouvoir explicatif des variables spécifiques aux banques sans tenir compte de la concentration qui est une variable de marché.

NIM=ait + ? f3i x Vs + et (7)

v' Le tableau n°5 (annexe B) présente les résultats des estimations de cette régression.

Cette régression fournie un coefficient de détermination R2ajusté=85,93% ;F(9 ;412)=429,40. Ainsi les variables spécifiques contribuent à expliquer 86%de la variation de la variable dépendante.

Enfin, on peut conclure que les variables spécifiques donnent une meilleure explication de la marge d'intermédiation que les variables macroéconomiques. La combinaison des deux types améliore l'explication d'une façon remarquable.

II. Significativité individuelle des variables

Pour parvenir à déterminer la significativité individuelle, on utilisera le test de Student :

N(o,1

H0 : âit * 0 : la variable est significative avec Student=T=

.JX2(n /n

Si (Prob>F) < (seuil = 5%) alors H0 est accepté.

Le t-student et le p-value des variables explicatives: le ratio des fonds propres : 7,41 ; 0,00 le ratio de couverture financière : 2,47 ; 0,014 la concentration : -3,93 ; 0,00 l'inflation : 4.28 ; 0,00 les frais d'exploitation : -3,93 ; 0,00 et les réserves obligatoires : 6.84 ; 0,000 montre qu'elles ont une bonne significativité à 1% .

Les autres variables ne sont pas significatives dans l'intervalle de confiance de notre travail (95% , représentant ainsi un t de student et un p-value succesivement comme suit : la taille de la banque : -1,84 ; 0,067 la part de marché : 1,50; 0,134 et le taux de croissance économique : -0,87; 0,387.

De façon générale, les résultats sont significatifs même si les signes obtenus des principales variables ne soient pas ceux qui sont attendus. En fait, ces paradoxes semblent apparents dès lors que l'on se réfère à la situation financière des établissements de crédit au Liban.

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Nous analyserons respectivement l'impact individuelle des différentes variables que se soient macroéconomiques (le taux de croissance économique et taux d'inflation), spécifiques (ratio de couverture financière, ratio fonds propres, la part de marché, taille de la banque, les réserves obligatoires, frais d'exploitation) ou encore de celle du marché (la concentration).

1) L'impact des variables macroeconomiques

Le taux d'inflation et le taux de croissance du PIB sont les variables macroéconomiques qui expliquent la marge bancaire, le taux d'inflation apparait avec un coefficient significatif et positif d'après nos estimations, tandis que significatif mais négatif dans la relation (6) indiquant par la suite que les coûts liés à l'inflation ont été plus importants que les revenus générés par les banques.

En terme général, l'inflation contribue positivement à la marge d'intérêt ainsi, une hausse de 1% induit la hausse de 0,054 point de pourcentage du NIM

Etonnamment, nous avons retenu un coefficient du taux de croissance du PIB, négatif et non significatif dans notre régression du modèle. Ce résultat peut être traduit par la segmentation du système financier au Liban. Cette variable change de signe et de signification quand on a essayé d'expliquer le NIM par cette variable et par l'inflation dans la relation (6).

3) L'impact des variables spécifiques

Nos estimations montrent que la variable frais d'exploitation est positivement liée à la marge d'intérêt, toute hausse du coefficient d'exploitation de 1 % contribue à l'augmentation de du NIM de 0,33 %, on pourrait penser que les frais d'exploitation représentent un élément déterminant de la profitabilité des banques surtout avec un coefficient important. Ce résultat est conforme aux études de Anghbazo, 1997 ; Bashir, 2000 et Ben Naceur, 2003. Le ratio de couverture financière semble être significatif et positivement lié à la marge bancaire, ce résultat est contradictoire à l'étude empirique de Dmirguc-Kunt & Huizingua (1999). Le résultat obtenu reflète ainsi un marché économique globalement risqué où le risque de liquidité s'est répercuté sur la marge bancaire.

L'impact des fonds propres mesuré par le rapport des fonds propres à tous les actifs (RFP) est significatif. Nos estimations prouvent qu'une amélioration de 1 % de ce ratio induit une hausse de 0,09% de la marge d'intérêt. Ce résultat concorde avec les études d'Anghbazo (1997) et Ben Naceur (2003).

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Ce résultat reflète la solidité et la solvabilité des banques libanaises leurs permettant ainsi d'avoir une économie d'échelle suite à un accès facile aux fonds de financement du marché.

Les réserves bancaires, sont aussi positivement significatives, une hausse de 1% des réserves favorise la marge d'intérêt à une augmentation de 0,005. Ce résultat renforce l'idée que les réserves coûtent beaucoup aux banques libanaise dans un environnement macroéconomique très volatil, la politique de respect des normes internationales en matière de prévention contre le risque d'insolvabilité incite les banques libanaises à augmenter leurs réserves afin de se prémunir contre toute crise du marché.

Deux variables explicatives ont montré leurs non significativité, à savoir : la part de marché et la taille de la banque. Ces variables n'ont pas un effet significatif sur la marge d'intérêt bancaire dans un intervalle de confiance de 5%.

3) L'impact de la variable de marché

La concentration est la seule variable de marché utilisée dans notre modèle. En montrant la bonne significativité, une hausse de concentration de 1 % induirait une dégradation de la marge d'intérêt de 0,25 %. Ce résultat est compatible à notre espérance, la concentration est associée à des faibles taux de dépôts et à des taux de crédit élevés, ce qui limite l'extension des marges d'intérêts.

Conclusion

De façon générale, les variables spécifiques ont contribué d'une façon considérable la marge d'intermédiation bancaire en Liban, tandis que les variables macroéconomiques possèdent un pouvoir explicatif de 30% , et d'une façon moins importante la significativité de la variable de marché à savoir la concentration.

Finalement, on peut dire que l'instabilité macroéconomique ainsi que l'extrême densité du secteur bancaire libanais ont influencé négativement cette marge.

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