CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS :
Au vu des résultats de notre travail, la
première hypothèse formulée au départ est
confirmée pour l'accessibilité. Les femmes enceintes des zones
de santé urbaines de Bukavu et de la ZSR de Katana ont un taux faible
d'accessibilité avec un taux d'acceptabilité élevé.
Cela se concrétise par :
- 11,6% seulement des femmes enceintes dans les ZSU de Bukavu
contre 31,8% en milieu rural avaient passé le test de dépistage
au cours de leurs grossesses.
- Pour toutes les femmes enquêtées, seules 68,8%
à Bukavu et 85,7% des femmes enceintes de Katana ont accepté le
test de dépistage du VIH/Sida.
- Quant à l'accessibilité au test : nous
avons constaté que certaines femmes ne connaissaient même pas
où se trouvait le centre de dépistage volontaire. Cette
catégorie des femmes représentait en ville 38% et en rural 19%.
Ceci constitue déjà un premier obstacle à
l'acceptabilité du test.
- Un taux non négligeable de 24,8% des femmes
enceintes à Katana contre 11,4% en ville sont à plus d'une heure
du CDV.
- Le test de dépistage n'est pas gratuit dans cetaines
formations sanitaires en ville : seules 69% des femmes enceintes de la
ville de Bukavu et 35,3% de la ZSR de Katana le reconnaissent.
- Les centres qui font encore payer le test appliquent pour la
plupart un tarif de 2$ comme c'est reconnu par 39,5% des femmes enceintes
à Bukavu contre 13,9% à Katana. Ce coût est estimé
non abordable par 85,8% des femmes dans la ville de Bukavu contre 98% à
Katana. Ceci constitue un obstacle de taille au dépistage volontaire du
VIH/Sida.
En effet, si l'on tient compte de notre première
hypothèse, les facteurs responsables probables de faible niveau
d'accessibilité au test de dépistage du VIH/Sida sont :
1) L'ignorance de ces femmes sur le SIDA : 45,9% des
femmes enceintes dans la ville de Bukavu et 48,2% de la ZSR de Katana n'ont pas
passé le test VIH au cour de la grossesse car elles étaient
ignorantes vis-à-vis de la question. Il en est de même des modes
de transmission, des moyens de prévention dont le taux des femmes
enceintes les connaissant est inférieur à notre valeur de
référence de 70% et l'existence du médicament PTME connue
seulement par 19,1% à Bukavu et 57,3% à Katana.
2) Insuffisance des centres de dépistage volontaire du
VIH : nous avons constaté qu'il y avait une proportion non
négligeable des femmes enceintes qui ne connaissent pas un centre de
dépistage du VIH/Sida ; soient 38% en ville de Bukavu et 19%
à Katana.
3) La peur d'un éventuel résultat
positif : ceci se confirme par 11,3% à Bukavu et 4,1% à
Katana qui avaient refusé le test pour cette cause.
Ceci s'explique aussi par le refus de retirer les
résultats du test pour 33,6% des femmes de la ville de Bukavu et 18,5%
pour la ZSR de Katana et pourtant, toutes celles qui ont accepté les
tests devraient aussi retirer leurs résultats.
4) L'inaccessibilité financière 39,5% des
femmes enceintes de la ville de Bukavu et 13,9% à Katana confirment que
le test est payable et 85,8% à Bukavu et 98% à Katana confirmant
que ce coût n'est pas abordable. Celui-ci constitue alors un obstacle au
dépistage volontaire du test de VIH/Sida.
Quant à la 2è hypothèse, elle est aussi
confirmée :
1) Les femmes enceintes de Katana sont plus ignorantes que
celles de la ville de Bukavu en matière de VIH/SIDA, connaissance modes
de transmission et modes de prévention 55,2% et 52,1% à Bukavu
et 31,1% et 24,8% à Katana. Cependant cette faible connaissance
n'influence pas l'acceptabilité et l'accessibilité au
dépistage du VIH, elles sont à 85,7% d'acceptabilité
contre 68,8% dans les ZSU de Bukavu.
De même 31,8% des femmes enceintes en milieu rural
avaient réalisé un test contre 11,6% à Bukavu au cour de
la grossesse.
- 71% connaissaient un centre de dépistage du VIH/Sida
contre 62% à Bukavu
- 64,7% sont informées de la gratuité du
dépistage contre 31% dans la ville de Bukavu
- elles sont à 4,1% à avoir peur du
résultat positif contre 11,3% à Bukavu
Tous ces éléments portent à croire
que des femmes enceintes de la zone de santé rurale de Katana ne
sont pas ignorantes vis à vis du programme PTME.
2) La population de Katana est plus pauvre que celle de
Bukavu, 98% des femmes enceintes ont estimé que le coût de 2$ pour
un test VIH n'était pas abordable contre 85,8% à Bukavu, la
différence retrouvée est significative et elle s'explique par la
pauvreté ressentie par la population de la ZSR de Katana.
3) L'inaccessibilité géographique : 24,8%
des femmes enceinte de la ZSR de Katana sont à plus d'une heure d'u CDV
contrairement à celle de Bukavu qui sont à 11,4%.Le constat qui
se dégage de cette situation est qu'il y a inaccessibilité
géographique. Pour les femmes enceintes de la ZSR de Katana.
Pour résoudre les problèmes relevés par
notre étude c'est-à-dire :
- Un faible taux d'accessibilité des femmes enceintes
au dépistage du VIH, celles qui ont déjà
réalisé le test VIH au cour de la grossesse (11,6% à
Bukavu et 31,8% à Katana),
- L'inaccessibilité financière et
géographique pour la ZSR de Katana,
- L'insuffisance des centres de dépistage volontaire du
VIH dans les ZSU de Bukavu,
- L'insuffisance dans la connaissance de mode de
prévention, de transmission et du programme PTME par les femmes
enceintes de toutes ces Zones de santé ;
- Les obstacles socio-culturels présentés par
les femmes enceintes surtout celles de la ZSR de Katana ;
- Et pour améliorer le taux d'acceptabilité qui
est satisfaisant pour les ZS concernées par notre étude mais pas
celui qui est souhaité(100%) afin de permettre à toute femme
enceinte de réduire le risque de transmission du VIH à son
enfant.
Nous recommandons ce qui suit :
1. Au gouvernement de la RDC via le Ministère de la
santé de :
- Réorienter le programme de lutte contre le VIH/SIDA
du pays en tenant compte des aspects socio-culturels des populations
congolaises.
- D'implanter des centres de dépistage volontaire et
gratuit du VIH et du programme PTME dans toutes les ZS du Pays en veillant
à la distance à parcourir et au temps pour atteindre ces
services.
2. Aux autorités sanitaires de la province et des Zones
de santé de Bukavu et de Katana :
- D'intensifier le programme de sensibilisation pour la
prévention du VIH et pour le programme PTME au près des femmes
enceintes en y associant leurs maris.
- De veiller à la gratuité des centres de
dépistage volontaire.
3. Aux responsables des formations sanitaires de renforcer les
séances de sensibilisation sur le sida pendant les CPN et y inviter
les maris des femmes concernées.
4. Aux femmes enceintes de fréquenter
régulièrement la CPN, de mettre en application les enseignements
reçus et d'accepter le dépistage volontaire et gratuit du VIH
pour leur intérêt et pour la protection de leurs enfants et de
leur entourage.
5. Aux hommes ( maris) : de s'informer davantage sur le
VIH/SIDA, d'accompagner leurs femmes à la CPN lorsqu'ils sont
invités par les centres de santé et de faire le dépistage
volontaire et gratuit ensemble avec leurs femmes pour leur intérêt
et pour l'intérêt de leurs familles.
6. Aux associations et organisations locales et
internationales impliquées dans la lutte contre le VIH/SIDA dans la
région :
D'étendre leurs activités de lutte contre le
VIH/SIDA à tous les milieux ruraux et d'évaluer l'impact de leurs
actions en respectant la culture de chaque milieu.
7. Aux églises et confessions religieuses :
d'intégrer dans leurs programmes de prédication et
d'évangélisation des enseignements sur la prévention du
VIH/SIDA, sur l'importance d'un test de dépistage volontaire et sur le
programme PTME pour toutes les catégories de la population(hommes,
femmes et jeunes).
8. Aux maisons de presse écrite, parlée et
télévisée : de renforcer l'intégration des
programmes en rapport avec la prévention du VIH/SIDA et
spécialement pour le programme PTME dans leurs activités.
9. Aux autres chercheurs : Nous ne prétendons pas
avoir épuisé ce sujet qui est d'une importance capitale pour la
prévention de la transmission du VIH/SIDA de la mère à
l'enfant ni avoir trouvé toutes les solutions aux problèmes
posés, c'est ainsi que des études complémentaires sont
souhaitables comme :
1° L'évaluation de la qualité de
l'éducation sanitaire en matière du VIH/SIDA au sein des
formations sanitaires de la ville de Bukavu et de la ZSR de Katana.
2° D'étendre cette étude à d'
autres zones de santé de la province du Sud-Kivu.
3° De mener une étude approfondie aux obstacles
socio-culturels vis-à-vis du dépistages volontaires associant les
femmes enceintes et leurs maris.
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