3-Epidémiologie
- la rage sauvage
Les virus de la rage se perpétuent dans deux grands cycles
naturels :
a- La rage des carnassiers sauvages [7].
Elle est présente sur tous les continents. Seuls
quelques pays sont préservés de leur insularité et de
mesures sanitaires draconiennes à leurs frontières : Grande
Bretagne, Japon, Australie, Ile du pacifique. Les vecteurs du virus varient
selon les régions.
- Europe c'est le renard roux
- Amérique du nord c'est le raton laveur et la
moufette
- Afrique c'est le chacal
- Moyen orient c'est le loup
- Afrique du sud c'est la mangouste
b- la rage des rues [7]
Elle s'attaque le plus souvent aux animaux domestiques plus
particulièrement au chien et est rependue partout où il y'a des
cas de rage dans le monde.
Le contrôle de la rage reste une priorité de
l'OMS. En effet, si la rage a régressé en Europe du fait de la
vaccination orale des renards il ne faut pas sous-estimer la gravité
de cette infection dans certaines parties du monde moins favorisées
[10,11]
La situation épidémiologique dans le monde reste
préoccupante. La rage est répandue dans le monde entier à
l'exception de quelque territoires isolés, en générale les
îles : l'Australie, la Nouvelle- Zélande, le Japon, l'Angleterre,
l'Irlande et quelques autres pays continentaux : Norvège,
Suède.
La rage canine reste encore très répandue en
Afrique, en Asie et dans certaines régions d'Amérique latine.
On distingue :
- La rage enzootique et la rage des rues, qui touchent les
chiens domestiques ou sauvages en ville ou à la campagne. Elles
sévissent surtout dans les pays en développement (PED) d'Afrique,
d'Asie et dans certaines régions d'Amérique latine. Elle est
à l'origine de plus de 90% des cas de rage humaine dans le monde[14]. En
Amérique du nord le réservoir du virus de la rage est
constitué par les coyotes, les chauves-souris vampires et de nombreuses
espèces insectivores qui sont responsables de nombreux cas de rage chez
les bovins et de contamination humaine [13.17].
- La rage des animaux sauvages ou selvatique dont le
réservoir est constitué par les renards. Elle sévit en
Europe, au Canada, aux Etats-Unis, en Ex-URSS et dans le nord de France.
Dans bien des régions de la planète, on manque de
données fiables sur la rage, d'où la difficulté de mesurer
son impact réel sur la santé humaine et animale [5].
L'OMS a demandé de procéder à une
réévaluation de la charge de la rage en 2004. Selon cette
étude, le nombre annuel estimatif de décès provoqué
par la rage est de 55000 dans le monde, pour la plupart dans les zones rurales
de l'Afrique et de l'Asie. Chaque année 10 millions de personnes
reçoivent un traitement après exposition à des animaux
chez lesquels on soupçonne la rage. L'évaluation montre que cette
charge pour la santé publique pèse en grande partie sur l'Asie
avec une estimation de 31000 décès bien que cette estimation pour
l'Afrique (24000) soit
beaucoup plus élevée que l'on pensait au
départ. C'est également l'Asie qui supporte 96,5% du poids
économique de la rage sur les PED en dépensant chaque
année 560 millions de dollars américains principalement pour la
prophylaxie post-exposition [24].
A la fin des années 90 et début des
années 2000, la rage a été éliminée chez les
animaux sauvages dans les pays d'Europe de l'ouest qui ont mené des
campagnes de vaccination orale (en Suisse en1999 ; en France en 2000 ; en
Belgique et Luxembourg en 2001 et en République Tchèque en 2004)
[19].
Sur le plan épidémiologique quatre notions sont
importantes :
- La rage humaine se contracte là où il y'a des
cas de rage animal. La vaccination des animaux sauvages constitue une
stratégie effective pour la protection des hommes.
- La contamination interhumaine est exceptionnelle, quoique
signalée, à l'occasion de greffe de cornée chez l'adulte.
Toute fois la transmission à partir d'un malade atteint de rage
clinique, au personnel soignant dans les unités de soins intensifs est
possible et impose la vaccination [13].
- La contamination aérienne n'a été
décrite que chez les personnes qui s'étaient introduites au Texas
dans les grottes, avec une pollution virale aérienne très
importante, occasionnées par les colonies de chauve-souris
infectées [13].
- Bien que toutes les classes d'âge soient
touchées, la rage frappe surtout les enfants, 35% des sujets
traités dans les centres antirabiques en France ont moins de 20 ans
[5].
4- Physiopathologie de la rage humaine
Dans l'organisme, l'infection va gagner le cerveau en
cheminant le long des nerfs, par voie axonale centripète : c'est la
neuroproblastie. Ce trajet correspond à la période de
l'incubation qui peut varier de 6 jours à 1 an ou plus. En effet le
virus de la rage est fortement attiré par les tissus nerveux, et se
réplique peu dans les muscles à proximité du site
d'inoculation. S'il n'a pas été inactivé par la
réponse immunitaire,
il progresse lentement vers le système nerveux central
de cellule nerveuse en cellule nerveuse et échappe ainsi à toute
reconnaissance immunitaire. Cette étape franchie, il est
considéré comme invulnérable à la réponse
immunitaire induite par la vaccination. Ultérieurement,
le virus diffuse à partir du cerveau par voie nerveuse centrifuge
à tout l'organisme : c'est la septinévrite qui fait que le virus
se retrouve alors au niveau de la peau, des muqueuses et des glandes salivaires
[9 ]. Ainsi, on peut subdiviser cette physiopathologie en 3 grandes
étapes à savoir :
a- La pénétration du virus :
Le virus de la rage est le plus souvent inoculé
à son hôte lors de la morsure par un animal contaminé. Il
se multiplie d'abord dans les cellules musculaires et pénètre
ensuite dans les cellules nerveuses par cytose au niveau des terminaisons
nerveuses libres et les jonctions neuromusculaires [13].
b- L'invasion centripète du système
nerveux :
Les virions sont transportés dans les axones par la
dynéine vers le corps cellulaire ou le virus se multiplie. Les virions
qui bourgeonnent du neurone infecté sont libérés dans
l'espace inter synaptique et infecte le neurone post synaptique suivant. Le
virus parvient au cerveau où il se réplique [13].
c- La diffusion centrifuge à partir du
cerveau
Le virus se dissémine ensuite dans tous les tissus par
voie centrifuge, infectant les glandes salivaires mais aussi l'oeil, les
follicules pileux, le pancréas et les reins [13].
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