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La politique budgétaire et la lutte contre la pauvreté en Côte d'Ivoire

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par Elisee Borid Barnard Gnamoy GNAMOY
Université d'Abomey Calavi - Maitrise en sciences économique 2004
  

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1.2) PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE L'ETUDE.

1.2.1) Problématique

A l'instar des pays en voie de développement, les pays africains au sud du Sahara ont tous connu de graves et profondes crises économiques. Partout nous avons une similarité des caractéristiques telles que la détérioration des comptes extérieurs, les déficits publics élevés, une croissance économique très faible, voire souvent négative, bref un grand nombre de déséquilibres économiques.

Ces caractéristiques suscitées s'expliquent toutes par des conditions internes et externes défavorables. Les sources importantes de ces déséquilibres sont les chocs pétroliers((*)5) des années 1970, la hausse des taux d'intérêt internationaux, la chute des prix des produits d'exportation, la dépendance vis-à-vis des prêts extérieurs et la mauvaise gestion des deniers publics. Ces conditions défavorables combinées à une instabilité politique et parfois à la guerre, ont entraîné un effet de réaction en chaîne, des difficultés pour les Etats à honorer certains de leurs engagements auprès de la population (mission d'assistance sociale) et vis-à-vis des partenaires au développement.

En vue d'améliorer ces économies, les institutions de Bretton Woods, que sont le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM), ont mis en place des programmes de stabilisation et d'ajustement structurel. Ces réformes ont eu des effets mitigés, tant dans le domaine économique que social. Entre 1980 et 1989, plus de 240 programmes de stabilisation et d'ajustement (PAS) ont été mis en place en Afrique.

La Côte d'Ivoire, longtemps pays phare de la sous-région ouest africaine, n'a pas échappé à cette mode du moment. En effet, le premier PAS du pays remonte en 1981 ; il fait donc partie des premiers Etats à y avoir adhéré. Le pays a tenté alors, tout au long des années 80, de rétablir les équilibres externe et interne essentiellement par la mise en place de réformes macroéconomiques et structurelles. Pendant ces années, les autorités se sont préoccupées principalement des questions de croissance et de réformes structurelles, considérant les problèmes de répartition des revenus et de pauvreté comme secondaires((*)3)

L'application des PAS a engendré d'énormes distorsions sociales((*)4). On a assisté à une dégradation des conditions de vie des populations et une aggravation du phénomène de pauvreté. C'est à travers le débat sur les effets de la dévaluation et la diffusion des fruits de la croissance qu'a été mis en avant l'analyse de la pauvreté. Il apparaît dorénavant que la pauvreté n'est plus considérée comme étant seulement un phénomène rural, mais de plus en plus un problème urbain. En effet, durant les dernières années, la progression de la pauvreté en milieu urbain a été plus rapide que dans les campagnes. Par exemple, GROOTAERT a mis en évidence en 1994 une multiplication par 4 de la pauvreté à Abidjan, et par 2 dans les autres villes ivoiriennes entre 1985 et 1994, alors que la pauvreté au niveau national a seulement augmenté d'un facteur de 1,5.

Après plusieurs années d'ajustement, les Institutions de Bretton Woods ont adopté de nouvelles stratégies d'assistance au pays en développement axées sur la croissance et la réduction de la pauvreté, au vu des limites et faiblesses constatées au niveau des PAS et des effets de distorsions sur la pauvreté, malgré l'ajout d'un volet social dénommé Dimension Social de l'Ajustement (DAS) aux PAS dans les années 90.

Eu égard à l'acuité du problème de la pauvreté, les autorités ivoiriennes ont adopté un programme de réduction de la pauvreté traduit par le Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP) généré par le cadre de l'initiative PPTE, dont la Côte d'Ivoire est le cinquième pays admis à en bénéficier. L'initiative PPTE donne lieu à une action coordonnée de la communauté internationale, y compris les institutions multilatérales, en vue de ramener à un niveau soutenable le fardeau de la dette extérieure des pays pauvres lourdement endettés qui poursuivent des programmes de réforme et d'ajustement appuyés par le FMI et la Banque Mondiale, mais pour lesquels les mécanismes d'allègement de la dette habituels ne suffisent pas. Ayant un objectif de réduction de la pauvreté de 33,6% à 30% en 2005, il est à se demander comment est ce que le gouvernement ivoirien compte financer sa lutte contre la pauvreté ? Surtout avec l'arrêt des aides extérieures. La seule alternative du gouvernement reste sa politique budgétaire à travers ses dépenses publiques. Mais est ce que les dépenses publiques, dans leur établissement, et dans le cadre de cette lutte sont-elles adaptées ?

Depuis l'application de son programme de lutte contre la pauvreté, la Côte d'Ivoire a initié d'importants projets (Assurance Mutuelle Universelle, l'école gratuite pour tous, la libéralisation du secteur café-cacao) qui visent à améliorer les conditions de vie des populations, à donner une chance à tous d'être instruits et de redistribuer à la classe paysanne la richesse qu'elle crée. Tous ces programmes nécessitent d'énormes crédits budgétaires pour leur réalisation. Les dépenses sont donc le point d'appui du gouvernement pour juguler la pauvreté. Il faut se demander dans quelle mesure les dépenses effectuées permettent-elles de lutter contre la pauvreté.

De façon générale, il s'agira d'analyser la politique budgétaire de l'Etat au cours des quatorze dernières années et voir son influence sur les principales mesures d'éradication progressive de la pauvreté. La véritable question est de savoir: « quel est l'impact de la politique budgétaire sur les conditions de vie des populations ivoiriennes? »

L'examen de l'impact de chaque compartiment du budget sur les secteurs sociaux (nutrition, revenu, alphabétisation, scolarisation, santé, etc.) et les propositions de mesures pour l'amélioration de cette politique économique comme instrument de lutte contre la pauvreté, sont les motivations de cette étude.

* (5) un choc pétrolier est une hausse (baisse) massive et brutale du prix du pétrole. Les chocs pétroliers résultent de la conjonction de deux phénomènes, à savoir un déséquilibre durable et important de l'offre et de la demande ainsi qu'un choc catalyseur. Les deux principaux chocs ont été enregistrés en 1973 et 1979.

* (3) COGNEAU, MESPLE-SOMPS, DIAL, 2001

* (4) Sur la base du seuil de pauvreté respectivement à 75 000 franc par an et par tête en 1958, 101 340 en 1993, et 144 800 en 1995, le taux de pauvreté qui était de 10% en 1985 est passé à 32,3% en 1993 pour s'établir à 36,8% en 1995.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand