REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR, UNIVERSITAIRE ET
RECHERCHE SCIENTIFIQUE
ARCHIDIOCESE DE KINSHASA
INSTITUT FACULTAIRE DE DEVELOPPEMENT
IFAD
B.P. 1800
KINSHASA 1.
Assainissement urbain par l'approche
« pollueur payeur » au Quartier Matonge, dans la Commune de
Kalamu
Augustin MUZUMBI MUKAMBA
Mémoire présenté et défendu
en vue de l'obtention du titre de Licencié en Sciences et Techniques de
Développement
Département : Gestion et Administration des
Projets
Directeur : Professeur BINZANGI
KAMALANDUA
Rapporteur : Assistant Jean-Marie BAAFO
Année Académique 2007-2008
INTRODUCTION GENERALE
0.1. Problématique
Au seuil du troisième millénaire,
l'humanité entière devrait intérioriser le fait
suivant : « Une révolution tranquille engagée
dans les années 1990 a mis progressivement la rationalité
écologique au premier rang des préoccupations de la politique
économique. Car l'homme doit savoir qu'il existe un lien fondamental
étroit qui peut d'ailleurs être positif entre le
développement et l'environnement » (A. STEER, 1996).
En outre, l'on doit aussi intérioriser le fait que le
développement et l'économie dépendent entre autres de la
qualité de l'environnement où se réalisent des processus
écologiques. Malheureusement, ce n'est pas encore globalement le cas
pour les hommes. Ainsi, est apparu un conflit entre l'homme et l'environnement,
en d'autres termes des problèmes. Cela étant, aujourd'hui, la
solution des problèmes de l'environnement peut se résumer par le
recul de toutes les formes de pollution, dont la pauvreté. La croissance
doit être humanisée et guidée par un système de prix
qui prenne en compte la qualité de l'environnement.
Il n'est pas inutile de faire remarquer que les
problèmes environnementaux ignorent les frontières, et une
collaboration mondiale ou régionale doit parfois compléter les
initiatives nationales ou locales. Plus grave, la plupart de problèmes
d'environnement continuent de s'aggraver et, dans bien de pays, il n'y a
guère de raisons de se montrer optimiste. Néanmoins, une certaine
prise de conscience débouche de plus en plus souvent sur l'action. Comme
l'avait déjà fait remarquer A. STEER (1996), une centaine de pays
disposent maintenant de leur propre stratégie d'environnement, et des
signes tangibles d'une nouvelle approche des problèmes d'environnement
sont perceptibles dans une cinquantaine d'entre eux.
Dans le vaisseau spatial Terre, l'urbanisation et
l'avènement des sociétés industrielles et de consommation
ont conduit à la production massive de déchets qui, faute
d'être traités, engendrent des nuisances, de la pollution et
diverses maladies.
Sous certains cieux, l'urbanisation est voulue,
souhaitée, planifiée et programmée, tout en tenant compte
des problèmes d'assainissement dans le temps et dans l'espace, qui
signifie, selon LAJARTRE et COUTURIER (2005-2006), que c'est le pollueur qui
doit, en principe, assumer le coût de la pollution, dans le souci de
l'intérêt public et fausser le jeu de commerce international et de
l'investissement.
En Afrique, l'urbanisation rapide et sauvage a causé la
détérioration de l'environnement dans tous ses grands
compartiments, et cause des problèmes les plus inquiétants dans
le monde urbain. C'est là que réside le problème de
gestion de déchets ménagers et industriels. Car le principe
« Pollueur - payeur », défini par la loi
française dite Barnier (cfr. Article L.110-1, II, 30 du code
de l'environnement selon laquelle les frais résultant des mesures de
prévention, de réduction de la pollution et de lutte contre celle
- ci doivent être supportés par le pollueur), n'est pas
d'application. Les citadins africains sont encore, en majorité,
enfermés dans la culture du « prêt à
jeter ».
En République Démocratique du Congo, dans la
Ville-province de Kinshasa en général et dans le quartier Matonge
en particulier, le principe « pollueur - payeur » n'est pas
d'application et n'est peut-être pas connu. Cet état de choses est
essentiellement dû à des problèmes de politique locale.
Corrélativement à ce qui précède
(l'ignorance du principe pollueur - payeur), la population, au lieu de
gérer les déchets ménagers, elle les jette tout
simplement, n'importe où. Il en découle ce que BINZANGI (2007)
appelle « poubellisation » de la Ville de Kinshasa.
La poubellisation n'est qu'une conséquence de la
négligence et du laisser-aller de la part des autorités
nationales, provinciales, locales et celles du quartier Matonge, qui devraient
chercher par tous les moyens de réglementer la gestion de déchets
et ordures ménagers, depuis leurs émissions, jusqu'à
tomber sous le coup des écotaxes.
En effet, si la population de Matonge subissait le coup des
écotaxes, à cause de la pollution liée à la
megestion de déchets ménagers dont elle est l'auteur, le
quartier recouvrirait sa plus belle robe et sa caisse du trésor
disposerait de recettes capables de financer le développement du
quartier. Mais pour que cela devienne une réalité, il faut, aux
niveaux national, provincial et local, une législation dont l'objectif
est la protection de l'environnement ayant pour corollaire mobilisation des
recettes publiques servant ainsi l'amélioration des conditions de vie
des citoyens.
Pour rendre opérationnel les actes de traitement qui
réduisent la pollution à la source, le citoyen doit être
impliqué dans tout le processus d'assainissement de son environnement
à la fois par l'Education Relative à l'Environnement (ERE) et
renforcement des capacités du citoyen en techniques managériales.
Car la participation des citoyens améliore grandement les chances de
succès d'un programme d'assainissement.
En fait, il ne fait l'ombre d'aucun doute que le
développement de la République Démocratique du Congo, de
la ville de Kinshasa en général, et du quartier Matonge en
particulier, est d'abord une question de changement de mentalité ;
car sans ce virage, toutes les actions amorcées seront un coup
d'épée dans l'eau ; surtout en ce qui concerne la
qualité de l'environnement biophysique qui influe sur la vie et tout ce
qui lui est connexe.
Dans ce domaine, l'Hôtel de ville de Kinshasa,
l'assemblée provinciale et surtout les ministres provinciaux en charge
de l'environnement, des finances et de l'économie devraient
suffisamment tourner leurs méninges pour faire de l'environnement un
secteur intégrateur de développement de la province.
Photo 0.1 : Abandon sauvage
de déchets urbains solides à Kinshasa, sur le site
« Tembe na tembe »,
Août, 2008
Dans le même ordre d'idées, la commune de Kalamu,
le Bourgmestre, le Conseil communal, les services spécialisés, de
concert avec les chefs des quartiers et les citadins doivent jeter un nouveau
regard sur les mesures d'hygiène collective qui doivent être
restaurées et effectivement mises en pratique, en vue de mobiliser plus
de ressources pour la relance de l'économie provinciale.
De ce qui précède, l'assainissement et le
développement de la ville province de Kinshasa, en général
et du quartier Matonge dans la commune de Kalamu, en particulier, est plus
qu'urgent et important.
A vrai dire, la création d'une structure privée
d'assainissement urbain par le principe pollueur-payeur est un moyen de
garantir le développement du quartier Matonge. Il y a une relation entre
l'environnement et le développement. Les deux se soutiennent et se
complètent. Mais, alors comment garantir et rendre opérationnel
cette relation ? En d'autres termes comment construire le
développement urbain à partir de l'assainissement de notre
environnement par le principe pollueur payeur ? Ou comment faire de
l'assainissement urbain un facteur privilégié de
développement durable. Et comment impliquer la population dans ce
processus ?
Ces questions ne semblent pas avoir reçues des
réponses appropriées dans la littérature en ce qui
concerne la RDC. Aussi, constituent-elles la problématique de notre
recherche.
0.3. Hypothèses de Travail
L'hypothèse de recherche est définie par RONGERE
(1971) cité par MUZUMBI (2003) comme étant : « La
proposition des réponses aux questions que l'on se pose à propos
du sujet de la recherche formulée, en de termes tels que l'observation
et l'analyse puissent fournir une réponse ».
De ce qui précède, nous partons de
l'hypothèse selon laquelle la création d'une structure locale
privée d'assainissement urbain par l'application du principe
« Pollueur - payeur » serait une approche efficace et
efficiente pour le développement durable du quartier Matonge. A cet
effet, le management participatif serait un mode de gestion approprié
pour rendre opérationnelle et effective cette réalité.
0.4. Intérêt de
l'étude
Pour que le développement devienne effectif ou
réalité, il faut que l'homme procède à la
transformation et à l'amélioration de ses espaces et cadres de
vie. Le problème d'assainissement nous affecte tous, et nous devons tous
participer à sa réalisation effective.
L'homme doit savoir qu'aujourd'hui, les déchets sont
des éléments à gérer, mieux à
valoriser ; avec les révolutions scientifiques et technologiques,
les déchets doivent être relativisés. Ce qui apparaît
déchet dans une communauté humaine, peut ne pas l'être chez
une autre. Il n'y a pas des véritables déchets, mais des
ressources méconnues disent les écologistes chinois. Il faut
transformer les utilités négatives en utilités positives,
en rendant le nuisible utile, poursuivent - ils. Toutes ces transformations
doivent être durables.
L'intérêt de notre étude se fonde sur le
fait que la structure que nous nous proposons de mettre en place à
Matonge, suscitera une impulsion d'une véritable coopération
entre partenaires, c'est-à-dire le pouvoir public et la
communauté, engagés dans un contrat de solidarité pour
appuyer les efforts communs de ce que ALBERTIT (1990) appelle dans son ouvrage
intitulé : « Pas de visa pour les
déchets », des « Bâtisseurs
d'Avenir ».
Notre structure aura comme mission :
- Intégrer la question des déchets dans le cadre
officiel des politiques d'environnement et de développement ;
- Développer le contrôle populaire au sein du
quartier Matonge et l'autogestion locale de déchets et leur
transformation, si possible.
- Accroître les moyens de dissuasion, de
détection et de contrôle des dépotoirs
« FULU » clandestins ;
- Mettre en place l'arsenal technique et juridique pour
empêcher et punir les contrevenants.
Les résultats et analyses faites dans ce mémoire
peuvent permettre à l'homme d'assurer la renouvellabilité et la
recyclabilité des ressources qui, à leur tour, peuvent permettre
l'habitabilité, la durabilité et la gouvernabilité de
l'espace communautaire.
0.5. Délimitation de
l'étude
Dans l'espace, le quartier Matonge dans la commune de Kalamu
nous servira de cadre de recherche et une période allant de 2008
à 2009, soit deux ans suffira pour apprécier
l'opérationnalité de la structure privée d'assainissement
urbain.
0.6. Objectifs de l'étude
0.6.1. Objectif global
Notre étude a comme objectif global d'amener la
population de Matonge à mobiliser les recettes à partir de
l'assainissement de l'environnement urbain par le principe pollueur payeur.
0.6.2. Objectifs spécifiques
Notre étude vise les objectifs spécifiques
suivants :
- chercher à connaître si le principe pollueur
payeur peut être un moyen de financement des activités
économiques pour le développement du quartier Matonge ;
- Montrer l'articulation qui existerait entre l'assainissement
urbain par le principe pollueur payeur et la mobilisation des ressources au
niveau communal;
- proposer la création d'une structure privée
d'assainissement qui applique le principe pollueur payeur dans le quartier
Matonge ;
- Définir une politique participative d'assainissement
entre le pouvoir public, le secteur privé et la communauté de
Matonge ;
- Conscientiser la communauté dans la nouvelle approche
d'assainissement, de gestion et de mobilisation des ressources
financières.
0.7. Difficultés
rencontrées
Il est important de rappeler que, tout au long de nos
recherches, nous avons rencontré quelques difficultés, notamment
celles liées à la maîtrise de la langue locale dont le
lingala, pour faire entendre notre message.
Mais, pour la surmonter, nous avons recouru à nos amis
du quartier qui nous ont aidés dans la traduction de certains mots qui
nous paraissaient difficiles.
Notre seconde peine fut celle liée à
l'accès à la documentation suffisante se rapportant à
notre thème de recherche. Mais en dépit de ces
difficultés, nous sommes parvenu à rassembler toutes les
informations nécessaires pour la réalisation de ce travail.
0.8. Structure du travail
Hormis l'introduction et la conclusion
générales, notre étude comprend quatre chapitres. Le
premier planche sur le cadre théorique de notre étude. Le
deuxième présente le champ d'application et la
méthodologie utilisée dans de ce travail. Le troisième
présente les résultats d'enquête. Le quatrième
concerne l'élaboration du dossier programme de développement.
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