III.2 DISCUSSION
III.2.1 Caractérisation
de l'ombrage
S'il est possible de contrôler les conditions
expérimentales pour essais entrepris en station et au laboratoire
à travers la stabilisation des valeurs des différents facteurs
étudiés, les paysans qui travaillent en milieu réel par
contre sont confrontés à une toute autre
réalité.
Les évaluations successives du pourcentage de
couverture de la canopée ont permis de mettre en évidence la non
stabilité du niveau d'ombrage sous Terminalia
ivorensis. Les facteurs propres à cette espèce tels que
sa dynamique de croissance et l'élagage naturelle de branches ne peuvent
à eux seuls justifier cette instabilité. L'influence des
facteurs externes serait d'une importance indéniable dans ce
phénomène. Il a En effet été constaté que
le pourcentage d'ombrage fourni par la canopée des arbres en saison
sèche était moins important que celui observé pendant la
saison pluvieuse dans les différentes classes, ce qui permet d'affirmer
le rôle prépondérant du climat sur le niveau de protection
du sol par la canopée. Cette saisonnalité prononcée dans
la chute de feuilles des arbres en zone tropicale humide a également
été observée dans le sud-ouest du Nigeria où la
biomasse de litière produite pendant la grande saison sèche
était 10 fois plus importante que celle obtenu lors de la petite saison
sèche, la chute des feuilles pendant les mois humides étant moins
importante (Madge, 1969, cit. Norgrove, 1999). L'adaptation des arbres à
la détérioration des conditions du climat ne semble pas
être de moindre importance car T. ivorensis qui perd une
proportion importante de ses feuilles en saison sèche et les
régénère assez facilement avec l'arrivée des
premières pluies (Tableau VI). Il a également été
observé une présence de chenilles défoliatrices au niveau
du houppier des arbres pendant petite saison sèche. Ces
défoliateurs, identifiés dans le même site comme
étant Epicerura sp. (Lépidoptère :
Notodontidae) sont capables de conduire à une perte complète du
feuillage de T. ivorensis si les premières pluies ne
parvenaient pas à provoquer leur chute du sommet des arbres (Norgrove,
1999).
III.2.2 Canopée,
performance des cacaoyers et distribution des mauvaises herbes
III.2.2.1 Canopée et
performance des cacaoyers
Un pourcentage important de pertes en plants installés
à racines nues (87 %) a été observé 20 jours
après plantation, ces pertes seraient une conséquence non
seulement de la période de mise en place (juillet 2004) mais aussi de la
technique de mise en terre des cacaoyers. Un autre facteur expliquant la
faiblesse du pourcentage de cacaoyers de ce type établis 20 jours
après plantation serait lié à l'absence d'acclimatation
qui a contribué à l'exposition des semencaux. Le pourcentage de
plants installés par semis direct retrouvé vivant 70 jours
après plantation a été de 67 %. Les pertes en plants
installés à racines nues ont été à chaque
fois plus important que celui observé chez les plants installés
par semis direct dans les différentes classes de la canopée (Fig.
9). L'approche adoptée pour la mise en place des cacaoyers semble de ce
fait être un facteur important pour accroître les chances de
succès à la création d'une jeune cacaoyère, la
plantation à racines nues passant pour être moins recommandable
que l'établissement par semis direct des jeunes cacaoyers. Ceci
témoigne également de la délicatesse des jeunes cacaoyers
et des exigences de protection dont ils font l'objet, les tentatives
d'établissement d'une jeune cacaoyère en pleine lumière ne
pouvant fournir des résultats positifs que si un supplément en
fertilisant et en eau est assuré (Murray, 1975, cit. Wessel, 1987).
Chez les plants installés à racines nues, les
variations des paramètres de croissance qu'étaient la hauteur, le
diamètre et le nombre de feuilles ont été plus importantes
dans la classe 0-15 % lorsque les cacaoyers étaient sous l'ombrage
fourni par le plantain alors que dans les classes 15-30 % et 30-45 % les
variations étaient moins importantes (fig. 12, 15 et 18). L'augmentation
observée dans la classe 45-64 % pour ces paramètres confirme la
nécessité de compensation de toute réduction de l'ombrage
par un apport en fertilisants (Murray, 1975. cit. Wessel, 1987). L'effet
significatif de l'interaction ombrage/plantain n'a été
observée dans la classe 0-15 % que pour les plants installés
à racines nues, et confirme l'idée selon la quelle l'ombrage du
bananier plantain sans être d'excellente qualité peut être
utilisé pour la protection des jeunes cacaoyers en l'absence des arbres
d'ombrage (Lachenaud, 1987 ; Wood et Lass, 1987).
Chez plants installés par semis direct les
paramètres de croissance (diamètre, hauteur et nombre de
feuilles) n'ont pas montré de grandes différences entre les
classes. La classe 45-64 % a été la mieux indiquée pour
favoriser la croissance aérienne des jeunes cacaoyers ce qui semble
mettre en évidence la nécessité de l'acclimatation des
jeunes cacaoyers avant leur établissement en champ tout en restant
conforme aux recommandations usuelles qui demande de fournir aux jeunes
cacaoyers un ombrage se situant autour de 50 % environ de l'éclairement
incidente (Wood et Lass, 1987).
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