DES ENSEIGNEMENTS
BURKINA FASO
SECONDAIRE, SUPERIEUR ET DE LA
Unité - Progrès - Justice
RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU
Unité de Formation et de Recherches en
Sciences Humaines (UFR/SH)
Département de GEOGRAPHIE
Option : DEMOGRAPHIE
Thème :
L'universalité de l'état civil : cas
de l'enregistrement des Naissances dans le Département de Pô au
Burkina Faso
Présenté par : ILBOUDO Yelba
Patrice
Présenté
par : ILBOUDO Yelba Patrice
Année académique 2007-2008
Sous la direction de : Mr. BAYA BANZA
Maître assistant
DEDICACE
6
REMERCIEMENTS
7
LISTE DES TABLEAUX
8
LISTE DES FIGURES
9
LISTE DES CARTES
10
SIGLES ET ABREVIATIONS
11
RESUME
12
INTRODUCTION GENERALE
13
I-LA PROBLEMATIQUE
16
II-LES OBJECTIFS DE L'ETUDE
22
II.1- Objectif principal
22
II.2- Objectifs spécifiques
22
III-LES HYPOTHESES DE RECHERCHE
22
III.1- Hypothèse principale
22
III.2- Hypothèses secondaires
23
IV- DEFINITION DE QUELQUES CONCEPTS
23
IV.1- Enregistrement à la naissance
23
IV.2- L'acte de naissance
23
IV.3- Le jugement supplétif d'acte de
naissance
24
IV.4- L'officier d'état civil
25
V- LA METHODOLOGIE DE COLLECTE ET L'ANALYSE
DES DONNEES
25
V.1- La lecture documentaire
26
V.2- L'Observation Directe
26
V.3- L'enquête de terrain
26
V.3.1- L'échantillonnage
27
V.3.2- Les instruments de collecte des
données
27
V.3.3- Les difficultés
rencontrées
28
30
CHAPITRE I : PRÉSENTATION DU
DÉPARTEMENT DE PÔ
32
1.1- Aspects physiques
32
1.1.1- Situation géographique
32
1.1.2- Cadre administratif
32
1.2- Aspects humains
35
1.3- Aspects socioculturels
35
1.3.1- L'ethnie
35
1.3.2- La religion
35
1.3.3- Le niveau d'instruction
36
1.3.4- Les mouvements de la population
36
1.3.5 - Situation actuelle des déclarations
des naissances à Pô
37
CHAPITRE II : FACTEURS ENTRAVANT
L'ENREGISTREMENT DES NAISSANCES ET IMPACTS DU NON ENREGISTREMENT
38
2.1- les facteurs entravant l'enregistrement des
naissances
38
2.1.1- les barrières d'ordre
administratif
38
2. 1.2- Les barrières
socioculturelles
43
2. 1.3- Les barrières
législatives
45
2. 2 - impacts du non enregistrement des
naissances
47
2. 2.1- Impact social du non enregistrement des
naissances
47
2. 2.2- Impact économique du non
enregistrement des naissances
48
52
CHAPITRE III : PRESENTATION ET ANALYSE
DES RESULTATS
54
3. 1- Importance de l'acte de naissance
54
3. 2- L'enregistrement des naissances dans le
département de Pô
55
3. 3- Quelques obstacles à l'enregistrement
des naissances à Pô
56
3. 3.1- La déclaration des naissances
58
3. 3.2- Analphabétisme et ignorance :
connaissance des droits de l'enfant
61
3. 3.3- Sous équipement et rareté des
ressources humaines
63
CHAPITRE IV : RECOMMANDATIONS DES
ACTEURS POUR UNE UNIVERSALITÉ DE L'ENREGISTREMENT.
65
4. 1- Affirmation d'une volonté
politique
65
4. 2- Mobilisation sociale
65
4. 2.1- Niveau vertical : Les gouvernants
(préfets, maires, haut Commissaires, gouverneurs, ministres)
66
4. 2.2- Niveau horizontal : Les coutumiers et
religieux
66
4. 2.3- Les associations et partenaires au
développement
66
4. 2.4- Les médias
66
4. 2.5- Les membres des TD et des TA
66
4.3- Plus d'engagement des autorités
publiques pour valoriser les acteurs de l'état civil : Renforcement
des Capacités des acteurs et des centres d'état civil
67
4. 3.1- Augmentation des crédits
destinés aux centres d'état civil
67
4. 3.2- Renforcement de capacité des
ressources humaines des centres d'état civil
68
4. 3.3- Modernisation de l'état civil
68
4. 4- Effectivité et application des textes
relatifs à l'enregistrement des naissances
69
4. 4.1- Le calendrier des audiences
69
4. 4.2- La gratuité de la justice
69
4. 4.3- La transcription des jugements
déclaratifs d'acte et Supplétifs d'acte de naissance dans les
registres de l'année
70
4. 4.4- La présentation matérielle
des actes de naissance
70
4. 4.5- Clôture, vérification et
conservation des registres
71
4. 4.6- Garantir la gratuité de la
déclaration et de l'acte de naissance
71
4. 4.7- Les déclarants
72
4 .5- Décentralisation de l'état
civil : Réduction du rayon d'action théorique des centres
d'état civil et exploitation des données administratives
pour la création de centres secondaires d'état civil
72
CONCLUSION GENERALE
75
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
79
DEDICACE
Nous dédions le présent mémoire
à toute notre famille ; Particulièrement à notre
père et à notre mère dont nous ne saurons trouver les mots
justes pour leur exprimer notre profonde gratitude.
A nos soeurs qui nous ont été d'un soutien
inestimable que Dieu le leur rende au centuple
Nos hommages à tous les enfants qui aujourd'hui
n'ont pas cette preuve de leur naissance.
Que tout un chacun retrouve en ce document la force et le
courage de persévérer et de faire de l'universalité de
l'enregistrement à la naissance une réalité.
REMERCIEMENTS
« L'homme n'est rien sans l'homme »
a-t-on coutume de dire.
L'accomplissement d'une oeuvre humaine se présente donc
dans une certaine mesure comme étant le fruit de la contribution de
plusieurs acteurs.
C'est ainsi que pour le bon déroulement de cette
étude, de nombreux acteurs sont intervenus.
Nécessité impérieuse s'impose donc
à nous de remercier tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre,
ont fait de cette étude une réalité. Cependant, nous
tenons à exprimer singulièrement notre reconnaissance à
certaines personnes :
Nous voudrions tout d'abord, formuler nos
remerciements à tout le corps enseignant du département de
géographie qui a assuré notre formation.
Ensuite à monsieur Baya Banza notre directeur de
mémoire, nous traduisons toute notre gratitude pour l'attention
particulière exprimée pour notre encadrement tout au long de
l'étude.
Nous remercions également le maire Koubi Zara,
le personnel de la mairie de Pô, les responsables des différents
centres secondaires d'état civil, les chefs de ménage et
l'ensemble de la population de Pô qui ont accepté et
facilité nos travaux d'enquêtes lors de la collecte des
données.
Nous avons une pensée très
particulière à toute notre famille qui nous a toujours soutenu
dans nos études. Qu'elle trouve en ce document une preuve de
satisfaction pour tous les sacrifices consentis pour la bonne marche de nos
études, mais aussi un motif de plus pour continuer à nous
épauler. A notre père et à notre mère ainsi
qu'à nos soeurs nous ne saurions assez dire merci.
Enfin, à monsieur Richard Yameogo, Paul
Doyigbé, Appolinaire Tapsoba et à madame Urcile Kaboré
nous vous renouvellons nos remerciements. Ces mêmes égards vont
à l'endroit de tous nos amis qui nous ont aidé dans la collecte
des données, tous les étudiants du département de
géographie particulièrement nos camarades de promotion et
à tous ceux qui ont oeuvré pour la bonne conduite de cette
étude.
Puisse chacun se reconnaître à travers nos
pensées.
LISTE DES TABLEAUX
Page
Tableau 1.1 : Données administratives de la
province du Nahouri .......................24
Tableau 1.2 : Déclaration des naissances dans le
département de Pô .................29
Tableau 3 .1 : Situation du matériel de bureau
dans les centres d'état civil ............55
Tableau 3 .2 : Situation du personnel de la mairie de
Pô ...................................56
LISTE DES FIGURES
Page
Figure 3.1 : Répartition des ménages selon
l'importance
accordée à l'acte de
naissance ..............................................47
Figure 3.2 : Répartition des enfants selon la
situation à l'état civil .................47
Figure 3.3 : Répartition des enfants selon la
raison de l'établissement
d'un JSAN
.........................................................................48
Figure 3.4 : Répartition des enfants selon les
raisons de la non
existence de l'acte de naissance
............................................49
Figure 3.5 : Répartition des ménages selon
la distance séparant le lieu de
Résidence du centre d'état
civil et l'enregistrement
de la naissance
............................................................... ...50
Figure 3.6 : Répartition des ménages selon
le coût habituel
d'une déclaration de naissance
.............................................51
Figure 3.7 : Répartition des ménages selon
l'appréciation du coût
de la déclaration
.................................................................52
Figure 3.8 : Répartition des ménages selon
le type de déclarant ....................53
Figure 3.9 : Répartition des ménages selon
les visions sur les
droits de
l'enfant ................................................................54
Figure 3.10 : Répartition des ménages selon
les principales
sources d'information
........................................................54
LISTE DES CARTES
Page
Carte I.1 : Carte administrative de la province du Nahouri
..............................25
Carte I.2 : Carte administrative de la commune de Pô
...................................26
SIGLES ET ABREVIATIONS
CPF : Code des Personnes et de la Famille
CDE : Convention des Droits de L'enfant
DEP: Direction des Etudes et de le Planification
FESPACO: Festival Panafricain du Cinéma de
Ouagadougou
ICAAC: International Conference for Assistance for African
Children
INSD : Institut National de la Statistique et de la
Démographie
ISSP : Institut Supérieur des Sciences de la
Population
MASSN : Ministère de l'Action Sociale et de la
Solidarité Nationale
MATD : Ministère de l'Administration Territoriale
et de la Décentralisation
MEBA : Ministère de l'Enseignement de Base et de
l'Alphabétisation
ONU : Organisation des Nations Unis
OUA : Organisation de l'Unité Africaine
PF : Procureur du Faso
RGPH : Recensement Général de la Population
et de l'Habitat
TA : Tribunal d'Arrondissement
TBN : Taux Brut de Natalité
TD : Tribunal Départemental
TGI : Tribunal de Grande Instance
UFR/SH : Unité de Formation et de Recherche en
Sciences Humaines
RESUME
Le respect des droits de l'homme, fondé sur la
valeur égale et la dignité de chaque être humain est la
clé de voûte du bien-être et de l'élimination de la
discrimination ; c'est la base de la protection sociale et d'une
véritable participation dans la société.
L'enregistrement à la naissance est l'un des
droits fondamentaux de l'enfant. Ainsi non enregistré à sa
naissance, l'enfant risque d'être exclu de la société, de
se voir refuser le droit à une identité officielle, à un
nom, à une nationalité.
Ainsi le présent mémoire se propose
d'identifier les obstacles à l'enregistrement à la naissance dans
un contexte général et dans le contexte particulier du
département de pô.
L'insuffisance d'une volonté politique, les
tracasseries et lourdeurs administratives, le sous équipement et la
rareté des ressources humaines des centres d'état civil,
l'éloignement des centres d'état civil, l'analphabétisme
et l'ignorance sont les principales causes du non enregistrement à la
naissance que ce document identifie.
Il fait ressortir ensuite l'impact du non
enregistrement sur le pays et sur l'individu, tant sur le plan social
qu'économique.
Ce mémoire propose enfin des recommandations
faites par différents acteurs de l'état civil pour un
enregistrement universel des naissances. Entre autres recommandations, nous
avons l'affirmation de cette volonté politique, la mobilisation sociale,
le renforcement des capacités des acteurs et des centres d'état
civil, la transcription des jugements déclaratifs et supplétifs
d'acte de naissance dans les registres de l'année et enfin la
décentralisation de l'état civil.
INTRODUCTION GENERALE
L'enregistrement à la naissance est la
déclaration de la naissance d'un enfant, enregistré
officiellement à un niveau quelconque par une branche
déterminée de l'administration publique. C'est un document
officiel permanent attestant l'existence de l'enfant. L'enregistrement à
la naissance se fait au moyen de la déclaration de la naissance à
l'état civil ; le certificat établi est alors
désigné sous le nom d'acte de naissance, les copies en
étant appelées bulletin ou extrait de naissance. La
déclaration de naissance doit mentionner d'une part, l'identité
de l'enfant et d'autre part, celle des parents. Ainsi, l'acte énoncera
l'année, le mois, le jour, l'heure et le lieu de la naissance, le sexe,
le nom de l'enfant et les prénoms qui lui sont donnés ainsi que
les noms, prénoms, âges, professions et domiciles du père
et de la mère et s'il y a lieu, ceux du déclarant.
L'enregistrement de sa naissance établit
l'identité de l'enfant, et c'est en règle générale
une condition indispensable à la délivrance d'un acte de
naissance. L'enregistrement et l'acte de naissance établis dans les
règles aident l'enfant à assurer son droit à ses origines,
à sa filiation, à une nationalité ou souvent aussi
à l'exercice d'autres droits humains. Pour beaucoup d'enfants, le non
enregistrement conduit de façon insidieuse, progressive et à long
terme à une perte de potentiel par manque d'éducation. Il y
aurait, selon les estimations actuelles, près de 120 millions d'enfants
d'âge à fréquenter l'école primaire qui ne sont pas
scolarisés ; notamment des enfants au travail, des
handicapés, des enfants affectés par le VIH/SIDA ou des conflits
armés, des enfants appartenant aux classes pauvres ou à des
minorités ethniques et, régulièrement, des filles1(*) ; il s'agit souvent
d'enfants vivant dans des situations où il est difficile de faire
enregistrer les naissances. L'enregistrement et l'acte de naissance ou leur
défaut peuvent n'être que l'un des facteurs qui vont
déterminer la scolarisation de l'enfant, mais leur importance risque
d'être cruciale. Aussi, l'éducation n'est pas le seul service
fermé aux enfants non enregistrés ; les soins
médicaux peuvent leur être moins facilement accessibles, ou leur
coûter davantage qu'à un « citoyen », et de
manière générale il est plus difficile aux campagnes et
programmes sanitaires de vaccination par exemple d'identifier et de toucher les
enfants non enregistrés. De même, il est peu probable qu'un enfant
non enregistré puisse obtenir une protection sociale de l'Etat. Un
système complet d'état civil, délivrant un acte de
naissance au moment même de l'enregistrement de
l'enfant, peut aider à protéger les enfants contre des
changements illicites d'identité, par exemple un changement de nom ou
une falsification des liens familiaux. Une question particulièrement
préoccupante ici est l'établissement de faux papiers en vue d'une
adoption illégale.
L'importance de l'enregistrement de la naissance et de
l'acte qui l'atteste subsiste au delà de l'enfance. Un bulletin de
naissance sera demandé pour obtenir un passeport ou un permis de
conduire, pour se marier, pour ouvrir un compte en banque, solliciter un
emploi, hériter. Ce document est indispensable aussi pour faire
établir une carte d'identité plus complète (et donc plus
sûre), comportant éventuellement outre la photographie,
l'empreinte digitale, le numéro individuel, la mention du groupe
sanguin, etc. Il peut aussi être nécessaire de fournir un extrait
de naissance pour bénéficier des allocations familiales, des
prestations d'assurance et de sécurité sociale d'une retraite.
Par ailleurs, un acte de naissance prouvant l'âge
et l'identité est la clé d'une participation démocratique
à la société civile; c'est lui qui permettra à
l'individu de participer à des élections par son vote, mais aussi
comme candidat.
Malgré un très large engagement à
protéger les droits de l'enfant, et la ratification quasi universelle de
la convention relative aux droits de l'enfant, abus et exploitation paraissent
en augmentation, et sont considérablement favorisés par le non
enregistrement des naissances. Une tendance de plus en plus manifeste dans
l'exploitation des enfants est le trafic d'enfants aux fins de prostitution et
autres formes contemporaines d'esclavage, souvent déguisées en
travail domestique ou de maison.
La traite des enfants a atteint des niveaux
alarmants : plusieurs millions d'enfants sont actuellement pris dans des
réseaux de trafiquants. Si l'on ne dispose pas encore de statistiques
solides sur les liens entre non enregistrement des enfants et trafic de
ceux-ci, il est aisé de comprendre qu'un enfant qui n'a pas
d'identité officielle ou de nationalité prouvée ; que
l'on peut donc garder caché, sans protection, est une proie plus
attrayante pour un trafiquant. Cela signifie aussi que les trafiquants vont
vraisemblablement s'intéresser davantage aux zones géographiques
où le taux d'enregistrement des naissances est faible.
Cette étude a l'avantage donc de
s'intéresser au non enregistrement des naissances. Ainsi, non
enregistré à la naissance, un enfant risque d'être exclu de
la société, de se voir refuser le droit à une
identité officielle, à un nom, à une nationalité.
On estime que des quelques 50 millions d'enfants nés dans le monde en
l'an 2000, plus de deux sur cinq n'ont pas été enregistrés
(UNICEF, 2001). Ces enfants n'ont pas d'acte de naissance, cette
« carte de membre » de la société qui est la
clé de toute une série de droits y compris ceux à
l'éducation, aux soins de santé, à la participation et
à la protection.
Ainsi pour une meilleure compréhension de
ce document, nous l'avons scindé en deux principales parties ;
chacune constituée de deux chapitres. Une première
partie «contexte et cadre théorique de l'étude«
comprend un premier chapitre qui présente le département de
Pô et un second chapitre qui traite des causes et impacts du non
enregistrement des naissances. La deuxième partie concerne l'analyse des
résultats dont un troisième chapitre qui présente et
analyse les résultats et un quatrième chapitre consacré
aux propositions de solutions des différents acteurs de l'état
civil pour enrayer ce phénomène du non enregistrement des
naissances.
I-LA
PROBLEMATIQUE
Situé au coeur de l'Afrique subsaharienne, le
Burkina Faso est un pays où l'on enregistre un taux de croissance
démographique de l'ordre de 2,37% par an et un taux brut de
mortalité(TBM) de l'ordre de 14.8 o/00 (INSD 1996). En effet,
selon les statistiques produites par l'INSD en 1996, chaque femme a en moyenne
6,8 enfants. Etant donné l'importance de ces naissances, il y'a lieu
d'accorder davantage d'attention à la protection de cette frange de la
population sur laquelle repose l'avenir du pays.
De nos jours, la protection des enfants est un
problème préoccupant et d'actualité. De par le monde, des
journées de réflexions et des activités sont entreprises
pour trouver des voies et moyens afin d'assurer le mieux être et
l'épanouissement des enfants. Cela se traduit par des prises de
décisions aux niveaux international, continental, et national.
Sur le plan international, l'assemblée
générale de l'Organisation des Nations Unies (ONU) a
adopté à l'unanimité en novembre 1989, la Convention
relative aux droits de l'enfant (CDE). Elle a pour but de changer la situation
des enfants partout où ils se trouvent en leur reconnaissant les
mêmes droits et en leur assurant la même protection afin de
favoriser le développement et l'épanouissement de l'enfant. 111
Etats dans le monde ont ratifié la convention relative aux droits de
l'enfant.2(*) Cela veut dire
que les Etats reconnaissent les droits contenus dans la Convention, qu'ils
acceptent de les respecter et s'engagent à les faire connaître.
Sur le plan Continental, l'Organisation de
l'Unité Africaine (OUA) a adopté en juillet 1990 à Addis
- Abeba (Ethiopie) la charte africaine des droits et du bien être de
l'enfant. En 1992, les pays de l'OUA ont tenu à Dakar une
conférence internationale sur l'assistance aux enfants africains
(ICAAC).2
Il s'en est dégagé un consensus dit
« consensus de Dakar » sur l'urgence impérative
d'améliorer les conditions de vie des enfants africains. L'OUA a aussi
consacré le 16 juin comme « journée de l'enfant
africain ». Elle est célébrée chaque
année dans tous les pays africains. En 2007, cette journée a
été célébrée sous le thème :
« La politique de prise en charge d'enfants au Burkina
Faso ».
Sur le plan national, le Burkina Faso a signé la
Convention relative aux droits de l'enfant en Janvier 1990 et adopté un
décret portant ratification de la convention en Août 1990. Le
Burkina Faso a ratifié la charte africaine en Août 1999 et cela en
application partout en Afrique en Novembre 1999. En Février 2005 a eu
lieu le lancement officiel de la campagne régionale pour
l'enregistrement des naissances en Afrique de l'Ouest et du Centre par
l'UNICEF, PLAN et l'UNFPA en collaboration avec le FESPACO.3(*)
Depuis l'entrée en vigueur de la convention, le
gouvernement burkinabé a adopté un plan d'action national pour
l'enfance et a crée un comité de suivi et d'évaluation
SP/PAN Enfance, chargé d'assurer entre autre, une large diffusion de la
Convention relative aux droits des enfants sous une forme d'extrait
aéré et plus accessible.
Mais malgré tous les multiples efforts tant sur
le plan international que national et le souci d'assurer la protection, le
suivi et le développement des enfants, l'enfance demeure l'une des
couches sociales la plus vulnérable dans la plupart des pays du Tiers
monde et spécifiquement au Burkina Faso.
Les enfants sont a priori ceux qui sont
confrontés aujourd'hui aux multiples problèmes qui minent la
société, notamment les problèmes d'éducation, de
santé et ceux sociaux dont le non enregistrement des naissances qui est
l'un des principaux problèmes et non des moindres qui est
d'actualité chez nous. Mais qu'est donc l'enregistrement à la
naissance ?
En effet, l'enregistrement à la naissance c'est
la déclaration de la naissance d'un enfant enregistré
officiellement à un niveau quelconque par une branche
déterminée de l'administration publique. C'est un document
officiel permanent attestant l'existence de l'enfant. Dans l'idéal,
l'enregistrement des naissances doit faire partie d'un système
d'état civil efficace qui reconnaît l'existence d'une personne
devant la loi, établit les liens communautaires de l'enfant, lui donnant
tout droit sur un territoire géographique bien défini et garde
trace des évènements principaux de la vie d'un individu de sa
naissance à sa mort, en passant par son mariage.
Aussi, c'est un droit fondamental reconnu par l'article
7 de la convention sur les droits de l'enfant et qui stipule qu'un enfant doit
être « immédiatement enregistré après sa
naissance et ainsi obtenir une identité vis- à - vis de la loi du
pays ». C'est une convention ratifiée par 193 pays qui se sont
engagés à fournir à leurs enfants cette preuve essentielle
de leur identité. En Afrique de l'ouest et du centre, seulement un
enfant sur trois est enregistré à la naissance et trois nouveaux
nés sur dix en Afrique subsaharienne4(*). Sans certificat de naissance, les enfants ont plus de
contraintes pour accéder aux services sociaux de base :
Santé, éducation, etc. Ils sont par ailleurs sans protections
juridiques et vulnérables à toute forme d'exploitation. En
privant ces enfants des documents juridiques auxquels ils ont droit, on les
prive de leur nom, de leur identité et on hypothèque leur avenir
de citoyen.
De par leur nature même, les données
concernant les enfants non enregistrés sont approximatives. En fait, le
problème a sans doute dans le monde une ampleur beaucoup plus grande
qu'on pourrait le penser au vu des estimations actuelles, ne serait-ce qu'en
raison du nombre des naissances qui se produisent chaque jour en marge de la
société, à domicile, dans des régions difficilement
accessibles ou au sein de groupes coupés de la population
générale par leur origine ethnique, leur pauvreté ou
l'éloignement géographique.
Si la plupart des enfants non enregistrés se
trouvent dans des zones en développement, le problème existe
à des degrés divers dans tous les pays, les riches comme les
pauvres. Dans une perspective statistique, l'enregistrement de 98% des
naissances survenues dans un pays (niveau atteint en l'an 2000 par les Etats
industrialisés) peut être défini comme une couverture
universelle, mais dans la perspective des droits de l'homme,
l'universalité ne sera réalisée que lorsque chacun des
enfants naissant dans le ressort du pays sera enregistré.5(*)
Selon les estimations de l'UNICEF, 41% des naissances
intervenues dans le monde en l'an 2000 n'ont pas été
enregistrées, sapant le droit de plus de 50 millions d'enfants à
une identité, un nom et une nationalité.
Tous ces chiffres suscitent donc un certain nombre
de questionnements :
Quelle est alors la place de l'enregistrement des naissances
dans notre système d'état civil ? Quelles sont les
barrières qui s'opposent à l'enregistrement ? Quels sont les
impacts du non enregistrement ? Et enfin quelles sont les solutions
à envisager pour rendre universel l'enregistrement des
naissances ?
Autant de questionnements qui posent toute la
problématique du développement de l'état civil en
matière d'enregistrement des naissances au Burkina Faso et
particulièrement dans le département de pô.
La revue de littérature montre que très
peu de recherches ont été menées sur ce sujet.
Pour Quivy R et Campenhoudt L. « Tout travail de
recherche s'inscrit dans un continium et peut être situé dans ou
par rapport à des courants de pensées qui le
précèdent et l'influencent. Il est donc normal qu'un chercheur
prenne connaissance des travaux antérieurs qui portent sur des objets
comparables et qu'il soit explicite sur ce qui rapproche et sur ce qui
distingue son travail de ces courants de pensées ». (1995,
page 43)
Fort de cette réalité, nous avons
essayé de situer notre étude dans la gamme des
réalisations déjà existantes.
Très peu de recherches ont été
menées en effet sur l'enregistrement des naissances dans le contexte
général africain et particulier du Burkina Faso. Les quelques
documents rencontrés sont pour la plupart du PLAN, de L'UNICEF et de
L'UNFPA dans le cadre de leur plan d'action lancé en 2005 sur
l'enregistrement des naissances en Afrique de l'Ouest et du Centre. De cet
ensemble donc, quelques études semblent se rapprocher de celle que nous
envisageons. Ainsi, c'est sur ces dernières que nous avons
portées notre attention afin de donner une singularité à
notre approche.
Il est évident aujourd'hui que l'état
civil revêt une importance cruciale dans le développement d'un
pays. C'est du moins ce que Aimé Gérard Yameogo administrateur
civil/MATD (2005) nous révèle. Il présente l'état
civil de façon générale ; ses fonctions, ses acteurs
ainsi que les différents documents qui le constituent. Il définit
l'état civil comme étant un service important dont les
prestations touchent divers domaines et intéressent toutes les couches
sociales de la population sans distinction de nationalité, de sexe et de
religion et ce, depuis la naissance de l'individu jusqu'à son
décès. Il lui confie deux fonctions : l'une administrative
et l'autre statistique. Pour Aimé Gérard donc il convient de
reconnaître au regard de toutes ses fonctions que l'état civil
joue un rôle très important dans la vie du citoyen.
Vu son importance, comment expliquer alors le fait que
des milliers d'enfants dans le monde n'aient pas accès à
l'état civil et précisément à ce document qu'est
l'acte de naissance ?
L'acte de naissance est en effet le premier acte de
l'état civil ; c'est l'acte fondamental de la preuve du
commencement de la personnalité. C'est autour de lui que se construiront
toute la vie juridique de l'individu et tous les autres actes de l'état
civil dont la nationalité, attribut de l'exercice de la
citoyenneté. La déclaration donc des naissances étant une
obligation légale, son respect par le citoyen est une expression de sa
citoyenneté. Ains,i de l'étude réalisée par
L'UNICEF en 2002, on retient que l'enregistrement à la naissance est un
droit fondamental mais aussi la clé et le point de départ
d'autres droits tels le droit à l'éducation, aux soins de
santé, à la participation et à la protection. Cette
étude explique les raisons qui font que chaque année, plus de 50
millions de naissances ne sont pas enregistrées. Elle insiste sur
l'importance cruciale de l'enregistrement de tous les évènements
à l'état civil, examine les obstacles à un enregistrement
universel et met en lumière quelques actions, sensibilisations,
changements dans la législation, allocations de ressources et
constitution de capacités qui devront être prises pour garantir
l'enregistrement de tous les enfants.
Mais il apparaît d'après nos
investigations, que la problématique de l'accès à
l'enregistrement est une question qui touche toutes les couches sociales de la
population. Cette situation a été évoquée par les
instances nationales et internationales comme ce qui est présenté
dans le rapport de la conférence tenue en Février 2004 à
Dakar par PLAN, UNFPA et UNICEF. Il en est ressorti de cette conférence
qu'une grande majorité des personnes ressources se trouve en marge de
cet enregistrement.
En effet, face à la quête permanente de
l'enregistrement pour tous, tout le mérite est de comprendre les hauts
et les bas du système afin d'envisager des solutions favorables à
un enregistrement qualitatif et quantitatif. Au-delà du constat que
grand nombre d'africains sont en marge d'une déclaration universelle des
naissances, il est d'intérêt pour notre étude de faire cas
des responsabilités des différents acteurs de ce système.
Si ces ouvrages ne font pas cas de la situation des frontières comme une
difficulté à l'enregistrement, il va sans dire qu'elle est un
obstacle à envisager. C'est du reste l'un des paramètres que
notre étude veut expliquer. C'est aussi dans le but d'atteindre les
mêmes objectifs que Ismail Thioye (2005) fait cas dans son rapport sur la
cérémonie de lancement officiel de la campagne régionale
pour l'enregistrement des naissances en Afrique de l'Ouest et du Centre. Il
présente l'objectif de cette campagne qui est de permettre
l'enregistrement de tous les enfants de la région et fait le point sur
différentes allocutions dont celle de Sika KABORE épouse du
président de l'Assemblée nationale burkinabé qui dit
que : « Chaque enfant doit avoir un acte de
naissance ».
Ismail Thioye retient l'attention sur une chose ;
Il s'agit d'une solution proposée par Sika qu'est le renforcement de
l'approche sectorielle de la question de l'enregistrement des naissances avec
la conjugaison des efforts des secteurs de la santé, de
l'éducation, de l'administration territoriale et de la
décentralisation, de l'action sociale et de la solidarité
nationale, justice et droits humains ainsi que la présence des premiers
concernés que sont les enfants.
A travers donc nos recherches bibliographiques sur la
question, nous nous rendons compte que très peu de chercheurs y ont
marqué leur intérêt. Cet engouement même pour la
question de l'enregistrement des naissances est assez récent et les
quelques rares écrits rencontrés sont pour la plupart des ONG et
des organismes internationaux qui oeuvrent pour le bien être de l'enfant.
Ces écrits nous parlent de l'importance de l'acte de naissance,
évoquent de façon superficielle les causes de ce non
enregistrement et proposent quelques solutions.
Il devient donc impérieux de s'appesantir sur
les causes du non enregistrement et mieux d'étudier l'impact de ce
phénomène sur le pays en général et sur l'individu
en particulier. Mais, les causes n'étant pas les mêmes dans toutes
les régions et pour mieux cerner la variable spatiale du
phénomène, nous avons choisi comme thème d'étude
« L'universalité de l'état civil : cas de
l'enregistrement des naissances dans le département de Pô au
Burkina Faso ».
Notre étude concerne une partie du pays
où le taux de sous enregistrement est parmi les plus élevé
selon une enquête réalisée par le MATD en Avril 2004 ;
il s'agit de la province du nahouri. Mais, compte tenu de nos moyens
matériels et financiers limités et du nombre précaire des
centres d'état civil dans les autres départements de la province,
nous avons choisi d'étudier un département, d'où le choix
du département de Pô.
II-LES
OBJECTIFS DE L'ETUDE
II.1-
Objectif principal
L'objectif principal que nous poursuivons est de contribuer
à un meilleur enregistrement des naissances au Burkina Faso. Pour ce
faire, nous nous appuyons sur quelques objectifs spécifiques.
II.2-
Objectifs spécifiques
Cinq objectifs spécifiques sont visés dans
cette étude :
1. Déterminer le taux de couverture de l'enregistrement
des naissances dans le département de pô.
2. Identifier les principaux obstacles à
l'enregistrement des naissances dans le département de Pô.
3. Evaluer la connaissance des populations sur les droits de
l'enfant et particulièrement sur l'enregistrement des naissances, et
leurs principales sources d'information.
4. Déterminer l'effet des frontières sur
l'enregistrement des naissances.
5. Mesurer l'impact du non enregistrement des naissances sur
le pays en général et sur l'individu en particulier.
III-LES HYPOTHESES DE RECHERCHE
En vue d'atteindre les objectifs ci-dessus
énumérés, nous avons formulé quelques
hypothèses :
III.1-
Hypothèse principale
Plus les services décentralisés en
matière d'enregistrement des naissances sont faibles plus il y aura un
nombre élevé de non enregistrés.
III.2-
Hypothèses secondaires
Nos hypothèses secondaires se déclinent
comme suit :
1. Plus la distance entre les centres d'état civil et
les zones de résidence de la population est grande moins elle
a tendance à enregistrer ses enfants.
2. L'ignorance ou la méconnaissance de l'obligation et
de l'importance de l'enregistrement de la part des familles et des
communautés constitue un frein à l'enregistrement des
naissances
3. Les populations des zones frontalières sont souvent
inscrites dans les registres d'état civil de deux pays voisins.
4. Pour l'enfant, l'absence de l'acte d'état civil est
souvent une contrainte à l'accessibilité à certains de
ses droits.
IV-
DEFINITION DE QUELQUES CONCEPTS
IV.1-
Enregistrement à la naissance
L'enregistrement à la naissance c'est
l'inscription officielle d'un enfant à la naissance. Il s'agit d'une
procédure administrative de reconnaissance permanente et officielle de
l'existence d'un enfant. Celui-ci, comme le stipule l'article 7 de la
convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant, doit être
enregistré dès sa naissance. De ce fait, il a les droits
d'acquérir un nom, une nationalité et dans la mesure du possible
de connaître ses parents et d'être élevé par eux.
IV.2-
L'acte de naissance
L'article 106 du CPF exige que toute naissance survenue
sur le territoire burkinabé soit déclarée à
l'officier d'état civil du lieu de naissance dans les deux (2) mois
à compter du jour de naissance.
La déclaration est faite par les parents ou par
toute autre personne ayant assisté à l'accouchement. La
déclaration de naissance est une obligation pour les père et
mère.
Pour être valable, la déclaration de
naissance doit obéir à quatre (4) conditions qui sont :
- La déclaration de naissance doit être
faite dans les deux (2) mois qui suivent la naissance. Lorsque l'accouchement a
eu lieu à domicile, les parents doivent présenter l'enfant
à une formation sanitaire pour qu'on leur délivre une attestation
d'accouchement ; à défaut, ils peuvent faire noter les dates
et heures de naissance par une personne capable de le faire.
- La déclaration doit être sincère,
c'est-à-dire qu'elle doit être conforme à la
réalité.
- La déclaration de naissance doit être
faite par une personne habilitée à le faire.
- La déclaration de naissance doit être
faite auprès d'une autorité habilitée à la
recevoir.
L'acte de naissance doit sous peine de nullité,
contenir les éléments suivants : l'année, le mois, le
jour, l'heure de naissance, le lieu de naissance, le sexe de l'enfant, les noms
et prénoms de l'enfant, les noms, prénoms, âges, profession
et domiciles des père et mères et s'il y a lieu du
déclarant, l'année, le mois, le jour et l'heure où l'acte
sera reçu, les noms , prénoms et qualité de l'officier de
l'état civil.
L'acte de naissance ainsi rédigé et
signé ne peut être modifié ou rectifié que par une
décision administrative ou judiciaire.
IV.3-
Le jugement supplétif d'acte de naissance
Lorsqu'une naissance n'a pas été
déclarée dans le délai de deux (2) mois prévu par
les textes, l'officier d'état civil ne peut le relater sur ses registres
qu'en vertu d'un jugement rendu par un tribunal.
Il existe différents cas de figures :
- Le cas d'enfant né dans une formation sanitaire
et pour lequel il existe une attestation d'accouchement, mais qui n'a pas fait
l'objet d'une déclaration dans les délais.
- Le cas d'enfant né à domicile et pour
lequel il n'existe pas de preuve écrite de la naissance (date, heure,
lieu de naissance non connus et nécessité de recourir à
des témoignages...).
- Lorsque les registres ont été perdus ou
détruits (incendie, inondation...).
- Le cas d'enfant dont la filiation a été
contesté jusqu'à ce qu'il ait deux (2) ans.
Dans les trois (3) premiers cas, le tribunal
compétent est le TD ou le TA du lieu de la naissance. Le tribunal rend
un jugement supplétif d'acte de naissance qui supplée à
l'absence de déclaration.
Dans le quatrième cas, le tribunal compétent
est le tribunal de grande instance (TGI) ; celui-ci rend un jugement
déclaratif qui va suppléer à l'absence de
déclaration.
IV.4-
L'officier d'état civil
Selon le lexique de termes juridiques, l'officier
d'état civil est un officier public chargé de la tenue et de la
conservation des actes de naissance.
L'article 62 du CPF stipule que les fonctions
d'officiers de l'état civil sont remplies par les chefs de
circonscriptions administratives et par les maires ou leurs adjoints. Dans les
centres principaux d'état civil (préfectures et mairies), ces
autorités peuvent déléguer à un ou plusieurs de
leurs agents titularisés dans un emploi permanent, leurs fonctions
d'officiers d'état civil pour la tenue des registres de naissances. Mais
elles doivent surveiller l'exercice de ces compétences
déléguées.
V- LA
METHODOLOGIE DE COLLECTE ET L'ANALYSE DES DONNEES
Dans le but de mener à bien cette étude,
des données et informations ont été recueillies sur
l'enregistrement des naissances dans le département de Pô. Le
traitement et l'analyse de ces données ont permis de tester les
hypothèses émises autour de la question principale.
L'approche méthodologique suivante a
été utilisée pour pouvoir disposer des données
pertinentes en vue d'éclaircir le sujet traité.
V.1-
La lecture documentaire
Elle est une étape fondamentale en
matière de recherche en sciences humaines. Elle nous a permis d'ores et
déjà d'avoir des connaissances théoriques sur notre
thème d'étude mais aussi nous assurer de l'originalité de
la recherche.
Cette lecture documentaire s'est déroulée
dans les centres de documentation de Ouagadougou. Elle a essentiellement
été menée à la bibliothèque centrale
universitaire, dans celle de l'Unité de Formation et de Recherche en
Sciences Humaines (UFR/SH), à l'Institut National de la Statistique et
de la Démographie (INSD),l'Institut supérieur des Sciences de la
Population (ISSP), au Ministère de l'Action Sociale et de la
Solidarité Nationale (MASSN), au Ministère de l'Administration
Territoriale et de la Décentralisation (MATD), à PLAN Burkina,
à l'UNICEF, à l'UNFPA....
V.2-
L'Observation Directe
C'est un exercice qui a permis de constater
personnellement certaines réalités sur l'enregistrement des
naissances. Pour ce faire, nous avons effectué des sorties dans la
localité concernée par notre étude à savoir
Pô, afin de recueillir les informations nécessaires. C'est un
travail qui s'est accompagné d'un exercice pratique de terrain.
V.3-
L'enquête de terrain
Elle s'est déroulée du 08 au 29 Mai 2007
dans le département de Pô ; donc au lendemain de la
communalisation intégrale où l'établissement de l'acte
d'état civil n'est plus partagé entre la préfecture et la
mairie. C'est donc dire que la délivrance de tous les actes (mariages
civil, déclaration de naissance..) est de la compétence des
mairies.La préfecture établit uniquement les jugements
supplétifs et déclaratifs d'acte.
Selon l'article 61 du CPF, le service de l'état
civil est organisé en centres principaux (les chefs lieux des
départements et des communes) et centres secondaires (notamment dans les
villages éloignés). Le fonctionnement des centres principaux et
des centres secondaires est placé sous l'autorité des officiers
de l'état civil. Pour les centres secondaires, les fonctions d'officiers
de l'état civil sont remplies par une personne instruite et
résidant dans le village.
Dans la localité de Pô où s'est
déroulée notre étude, on dénombre deux (2) centres
principaux (la mairie et la préfecture) et quatre (4) centres
secondaires (Tiakani, Dakola, Fanian et Pounkouyan).
Cette recherche de terrain a donc eu pour objectif de
recueillir des informations sur :
- Le nombre annuel de naissances enregistrées dans le
département de Pô,
- Les principales sources d'information des populations en
matière des droits de l'enfant,
- Les difficultés rencontrées dans
l'enregistrement des naissances,
- Les conséquences du non enregistrement des
naissances,
- Les appréciations et suggestions des personnes
ressources pour un meilleur fonctionnement de l'état civil en
matière d'enregistrement des naissances.
V.3.1-
L'échantillonnage
Il a tenu compte de la
distribution géographique des centres d'état civil du
département ciblé, de la situation socioprofessionnelle des
agents, de la situation matrimoniale des enquêtés etc.....
Nous nous sommes intéressés à
plusieurs publics cibles dont 120 chefs de ménage, 07 agents
d'état civil et 03 officiers d'état civil. Ainsi, nous avons pu
recenser 385 enfants résidents de 0-15ans dans des ménages que
nous avons sélectionnés par une méthode aléatoire
tenant compte de la base de données du recensement administratif
réalisé par le MATD en Avril 2004. Ce dernier nous
dénombre 06 centres d'état civil dont 02 principaux et 04
secondaires. Pour notre étude, nous avons sélectionné 20
ménages aux alentours de chaque centre d'état civil, tout en
prenant le soin de choisir des ménages dans des villages proches du
centre (environ 3km) et dans ceux éloignés du centre (environs 25
km). En ce qui concerne les 07 agents et les 03 officiers d'état civil,
ils ont été retenus uniquement pour les entretiens ; 01
agent au moins pour chaque centre. Les 03 officiers d'état civil sont
essentiellement le préfet, le maire et son adjoint.
V.3.2-
Les instruments de collecte des données
Deux (2) principaux types d'instruments ont
été privilégiés : le questionnaire et le guide
d'entretien.
Le questionnaire ménage est surtout
destiné aux chefs de ménage et plus précisément aux
parents ; c'est un questionnaire individuel.
Le questionnaire centre d'état civil est
formulé à l'égard des responsables des centres
d'état civil.
Le guide d'entretien a permis de réaliser des
entretiens avec les agents et les officiers d'état civil. C'est une
approche qualitative qui nous a renseigné sur l'organisation, le
fonctionnement et les difficultés des centres d'état civil dans
l'enregistrement des naissances mais aussi les suggestions
d'amélioration de ce domaine.
La méthodologie de collecte des données a
utilisé deux (2) types d'approche à savoir une approche
quantitative et une approche qualitative.
En ce qui concerne le traitement des données
collectées, nous avons utilisé Windows 98, EXCEL a
été utilisé pour les graphiques, WORD pour la saisie du
commentaire et ARCVEW 3.3 pour le traitement des cartes.
L'analyse des données a été
subdivisée en deux. Une première quantitative où nous
avons fait une analyse descriptive en comparant les modalités des
différentes variables et une deuxième qualitative où nous
avons repris les propos des personnes interrogées lors de notre
enquête.
V.3.3-
Les difficultés rencontrées
Les difficultés rencontrées au cours de
nos enquêtes sont de différentes natures. Ainsi, si nous n'avons
pas rencontré de méfiance de la part des autorités qui
étaient imprégnées grâce aux travaux
antérieurs d'autres chercheurs, certains chefs de ménage ont
marqué quelques réticences, voyant dans notre travail des
objectifs politiques. Il fallait prendre du temps pour leur expliquer et les
convaincre de l'objet de notre étude. A cela s'ajoute le problème
de la langue où Il a fallu parfois chercher un interprète pour
aider au remplissage du questionnaire qui était administré
seulement en deux langues (le mooré et le français).
Au-delà des difficultés qui se sont présentées
pendant la phase des enquêtes, d'autres contraintes non moins importantes
se sont posées dans le cadre de cette étude. En effet, le fait
qu'il n'existe pas beaucoup d'écrits sur le sujet ne nous a pas
facilité la tâche. Ce qui nous a souvent amené à
multiplier les efforts pour cerner certains paramètres du
problème, faisant ainsi un travail de `' pionnier''. Il faut
ajouter aussi les difficultés d'ordre matériel et financier du
fait que nous avons mené cette étude sans bourse ni aide
spécifique.
Tous ces problèmes sont directement ou
indirectement à l'origine de certaines insuffisances que comporterait ce
travail.
Introduction
Dans cette première partie de notre
étude, nous présentons dans le premier chapitre le contexte de
l'étude, notamment le département de Pô qui est notre zone
d'étude en ne faisant cas uniquement que des aspects qui interviennent
dans cette étude. Ensuite nous abordons un deuxième chapitre qui
concerne les obstacles et les impacts liés au non enregistrement des
naissances.
CHAPITRE I : PRÉSENTATION DU DÉPARTEMENT DE
PÔ
Département situé dans la limite sud du
Burkina, Pô est une localité sur laquelle a porté notre
choix pour cette étude, non seulement parce que c'est une région
frontalière et ayant une diversité ethnique, mais aussi parce que
Pô fait partie des zones ayant les plus faibles taux d'enregistrement des
naissances dans notre pays selon une étude menée par le MATD en
Avril 2004. Il s'avère donc nécessaire pour nous de
présenter ce département.
1.1-
Aspects physiques
1.1.1-
Situation géographique
Avec une superficie de 1013 km2, Pô
représente une portion de la limite sud du Burkina. Le
département est limité à l'est par le département
de Tiébélé, à l'ouest par le département de
Guiaro et au nord par la province du Zoundweogo. Il se situe entre les
latitudes 11° et 11°30' Nord et longitudes 1°40' et 0°40'
ouest.
1.1.2-
Cadre administratif
Le département de Pô jouxte au sud le
territoire ghanéen, le long du 11ème
parallèle ; au nord il est limité par les provinces du
Bazèga et du Zoundweogo, à l'ouest par le département de
Guiaro et à l'est par le département de
Tiébélé (voir Carte 1.1). Il compte en outre 26 villages
(voir carte 1.2).
Le département de Pô ensemble avec les 4
autres départements, constitue la province du Nahouri. Les
caractéristiques de ces départements sont résumées
dans le tableau I.1.
Tableau 1.1 : données administratives de la
province du nahouri
Départements
|
Population en 1996
|
Population en 2006
|
Superficie en km2
|
Nombre de villages
|
Nombre de communes
|
Tiébélé
|
48858
|
58504
|
302
|
65
|
1
|
Pô
|
37897
|
50775
|
1013
|
26
|
1
|
Ziou
|
16837
|
21925
|
181
|
26
|
1
|
Zecco
|
8778
|
9345
|
42
|
11
|
1
|
Guiaro
|
7369
|
18950
|
2363
|
19
|
1
|
Province du Nahouri
|
119739
|
159499
|
3901
|
147
|
5
|
Source : Mairie de Pô (2007)
Carte 1.1 : carte administrative de la
province du nahouri
Source : insd
Carte 1.2 : carte administrative de la
commune de pô
Source : insd
1.2-
Aspects humains
Pour une étude sur l'enregistrement des
naissances à Pô, un bref aperçu sur l'évolution de
sa population indique que cette localité présente une situation
de croissance continue car au recensement de 1985, la population de Pô
était estimée à 31.502 habitants et à celui de 1996
à 37.897. Selon les estimations du RGPH 2006 la population de Pô
est passée à 50.775 habitants avec 26 villages.
1.3-
Aspects socioculturels
1.3.1-
L'ethnie
Le Burkina Faso compte une soixantaine de groupes
ethnolinguistiques. Le département de Pô par contre apparaît
comme relativement homogène, puisque 75% de sa population en 1996
appartenait à l'ethnie majoritaire et première occupante du
territoire : l'ethnie Kassena. On a ensuite noté la présence
par ordre d'importance numérique, des Nakanas, ethnie autochtone
représentant 20% de la population totale ; des Mossi 3%, des Bissa,
des Lélé, des Fulfuldes 2%, des Samos, Gourmantché,
Haoussa, Dioula, Bobo et Dagara.6(*) La majorité de ces groupes ethniques vivent en
zone urbaine. La présence de ces groupes quoique minoritaire,
révèle le caractère de zone d'immigration attribué
au département. Ceci pourrait être par conséquent une
barrière à l'enregistrement des naissances ; chaque groupe
ethnique ayant ses cultures et ses traditions propres. Ainsi, dans le milieu
kasséna par exemple la femme n'est pas habilitée à faire
l'enregistrement d'une naissance.
1.3.2-
La religion
Le recensement général de la population
de 1996 a révélé l'existence de quatre religions dans le
département de pô. Par ordre d'importance, on a environ 70% de la
population qui restent animistes. C'est-à-dire qu'elles ont une
conception de la vie basée sur des phénomènes naturels et
le culte des ancêtres. C'est aussi une religion qui confère au
chef de terre un rôle prédominant dans toutes les
sociétés ; c'est pourquoi il serait plus réaliste de
dire que la population de Pô est animiste malgré la proportion de
personnes qui s'affichent comme musulmanes soit 17% de la population de
Pô alors qu'elle était de 3% en 1985 ; Comme catholiques soit
8% de la population départementale, alors qu'elle était de 6% en
1985 ; ou comme protestantes soit 5% de la population de Pô alors
qu'elle ne concernait en 1985 qu'environ 1% de la population.7(*)
Ce facteur ne saurait être négligé
dans cette étude ; les pratiques religieuses étant aussi
différentes l'une de l'autre. Chez les animistes de cette
localité par exemple, l'enfant issu d'une union qui n'a pas
été consacrée par les ancêtres ne saurait porter le
nom de son père géniteur.
1.3.3-
Le niveau d'instruction
Cette notion correspond à la dernière
classe du cycle d'enseignement primaire suivi avec ou sans succès par
une personne.
En 1985, le taux d'instruction à Pô
était de 10,8% soit plus élevé que celui de
l'alphabétisation qui était de 4,6o/00. En 1996,
environ 80% de la population n'avaient aucune instruction. Il faut encore noter
que les femmes sont moins instruites que les hommes. Cette sous
représentation du sexe féminin est liée à certaines
mentalités surtout en milieu rural, qui ne perçoivent pas
souvent l'utilité d'envoyer leurs enfants à
l'école ; ceci pourrait par conséquent jouer sur
l'enregistrement des naissances.
1.3.4-
Les mouvements de la population
Le Burkina Faso affiche un taux de natalité de
49,6 0/00. Le département de Pô bien que peuplé
majoritairement par l'une des ethnies classée parmi les groupes
ethniques à forte fécondité, offre un taux brut de
natalité (TBN) inférieur à la moyenne nationale soit 41,7
0/00.8(*) Cette
faiblesse pourrait s'expliquer soit par une surestimation de la population ou
par un défaut de déclaration des naissances.
Le nombre moyen d'enfant par femme était de 6,1
en 1985. Alors qu'il est passé à 6,4 au recensement
général de la population de 1996.
1.3.5
- Situation actuelle des déclarations des naissances à
Pô
Tableau 1.2 : déclarations des naissances
dans le département de Pô (2006)
Centres d'état civil
|
Nombre d'enfants enregistrés
|
Commune de Pô
|
649
|
Fanian
|
84
|
Dakola
|
168
|
Pounkouyan
|
144
|
Tiakani
|
74
|
Total
|
1119
|
Source :
résultats d'enquête
Selon les données estimatives du RGPH 2006, la
population de Pô est de 50.775 habitants. Alors que le TBN observé
dans la province du Nahouri au RGPH de 1996 était de 45 0/00.
Supposons que ce taux n'a pas évolué au RGPH de 2006 et
considérons que ce taux est pratiquement le même que celui de
Pô ; le nombre de naissances attendues en 2006 serait de 2285. Ce
qui est nettement supérieur au nombre de naissances enregistrées
prouvant ainsi un sous enregistrement des naissances dans cette
localité.
Le nombre total d'enfants enregistrés
étant de 1119, le taux d'enregistrement des naissances dans le
département de Pô serait sensiblement de 49%.
CHAPITRE II : FACTEURS
ENTRAVANT L'ENREGISTREMENT DES NAISSANCES ET IMPACTS DU NON ENREGISTREMENT
2.1-
les facteurs entravant l'enregistrement des naissances
2.1.1- les barrières
d'ordre administratif
2.1.1.1- Insuffisance d'une
volonté politique, tracasseries et lourdeurs administratives
Ø Insuffisance d'une volonté
politique
En 2004, lors d'une conférence organisée
à Dakar sur l'enregistrement à l'état civil et à
laquelle participait le Burkina Faso, des délégués ont
exprimé l'opinion selon laquelle « les autorités des
pays en développement ne jouent pas un rôle suffisamment central
pour la promotion de l'enregistrement des actes d'état civil dans leurs
pays respectifs ».9(*)
Cette carence des autorités a entre autres pour
conséquences l'absence d'une législation ou s'il en existe une,
sa mauvaise application, ainsi qu'un manque de coordination et de
coopération entre les divers ministères et secteurs
intéressés dans cet enregistrement. Il peut y avoir des cas de
mauvaise gestion, avec par exemple une définition trop floue des
responsabilités, ou une décentralisation qui ne s'accompagne pas
des allocations de ressources nécessaires. Le défaut d'une
volonté politique conduira à des allocations de crédits
inadéquates, à une insuffisance numérique et qualitative
du personnel, à des bureaux mal équipés, et à la
pénurie du matériel nécessaire pour mener à bien
l'enregistrement. Ce défaut fait que les autorités responsables
n'accordent pas les bureaux et /ou le matériel voulus pour
l'enregistrement des naissances, qu'elles ne s'occupent pas de lancer des
campagnes d'information et de sensibilisation, qu'elles ne stimulent pas la
demande de ce type de service par la population. Au pire même, le manque
de volonté politique se traduit par l'absence de tout système
d'état civil dans le pays.
Tout à l'opposé, il peut se faire que
certains dirigeants politiques n'aient que trop conscience de l'importance de
l'enregistrement des naissances comme porte d'accès à d'autres
droits de l'homme. On peut alors voir dresser délibérément
des barrières politiques à cet enregistrement dans le but par
exemple d'exclure un groupe et de lui bloquer l'accès à ses
droits humains, pendant que l'on favorisera les intérêts d'un
groupe prédominant. Cette exclusion pourrait être un moyen
efficace de manipuler des données démographiques, en niant
l'existence officielle de membres d'une minorité ethnique ou d'une
religion déterminée, ou de les empêcher de participer
à la vie politique de la nation.
Bien que de tels problèmes soient
fréquemment rapportés, peu de recherches ont été
menées pour déterminer les raisons de leur persistance.
En effet, le budget alloué par l'Etat au compte
de l'état civil est très insuffisant pour des besoins de plus en
plus croissants. Cette éclipse des autorités a entre autres
conséquences la mauvaise application de la législation et une
mauvaise gestion de l'état civil. Ce défaut fait également
que les autorités ne stimulent pas la demande de ce type de service par
la population. Ainsi l'Etat n'accorde pas suffisamment de valeur à
l'enregistrement à la naissance. Le carnet de famille incite la
population à ne pas enregistrer les naissances des enfants car il peut
servir à accomplir certains devoirs comme le vote. L'Etat dans ce sens
donc a dévalorisé la déclaration à l'état
civil en rendant l'acte de naissance contournable.
Nombreux sont les pays où la crainte de voir
arriver en masse des demandeurs d'asile, des réfugiés ou des
immigrants économiques pousse à faire barrière à
l'enregistrement des naissances des non nationaux et l'appartenance nationale
qui en découle.10(*)
Par ailleurs, les contrôles administratifs,
techniques et juridiques prévus dans le cadre de la gestion de
l'état civil se font timidement ou pas du tout. Il en est aussi du
contrôle des actes de naissances émis par les centres
d'état civil par les procureurs du Faso (PF) et les supérieurs
hiérarchiques.
En l'absence donc de supervisions ou de surveillances
adéquates pour assurer le respect des lois sur l'état civil, il y
a toujours un risque non seulement que des informations essentielles ne soient
pas enregistrées (cas des registres de jugements supplétifs
d'acte de naissance), mais aussi que des inscriptions frauduleuses ou des
changements illégaux soient insérées dans des registres
(cas des rectifications d'identité, d'âge ou de filiation etc..)
ou que des registres disparaissent vers d'autres fins.
Ø Les tracasseries et les lourdeurs
administratives
Il existe une confusion des responsabilités de
nombreuses collectivités territoriales ou de circonscriptions
administratives, où enregistrement à l'état civil et
recouvrement des taxes se confondent.
En effet, les communes et les départements qui
doivent garantir en premier lieu le droit à l'enregistrement contribuent
à éloigner l'immense majorité des populations indigentes
des centres d'état civil en leur imposant le paiement de diverses taxes
contre le droit d'obtenir l'acte de naissance. Cette pratique qui constitue une
sorte de « redevance pour le civisme des parents » contribue
considérablement à réduire l'enregistrement des
naissances.
Notre étude fait également état du
problème de la lourdeur administrative dans les procédures de
l'enregistrement des naissances qui ne contribue pas à encourager la
fréquentation des centres d'état civil.
Cette lourdeur se caractérise par les
délais souvent trop longs pour obtenir les déclarations,
nécessitant des va et vient incessants. Dans les centres secondaires
où les agents d'état civil transmettent les registres de
déclaration à l'officier de l'état civil de leur ressort
pour être côtés et paraphés, Il arrive bien souvent
que ce dernier mette du temps pour accomplir son devoir. Toutes choses qui
causent préjudices aux tiers qui risquent de recourir aux jugements
supplétifs pour les naissances parce que étant dans
l'impossibilité de déclarer l'évènement par manque
de registres.
2.1.1.2- Le sous équipement
et la rareté des ressources humaines des centres d'état civil
Confronté au problème de demandes
concurrentes pour des ressources financières limitées, l'Etat ne
manifeste pas un enthousiasme débordant pour consacrer une partie de ses
crédits à la création d'un système d'état
civil efficace, d'autant plus qu'une fois le système mis en place, il
faudra continuer à lui allouer des ressources si modestes soient-elles
pour fonctionner ; si l'Etat n'a pas pleine conscience de la valeur de ce
système, le coût pourra lui paraître dissuasif.
A tout ce qui précède s'ajoute la
dotation irrégulière en fournitures de bureau pour assurer le
fonctionnement des centres d'état civil. Certains agents d'état
civil sont obligés de recevoir les déclarations de naissances
dans des cahiers confectionnés à cet effet en attendant
d'être ravitaillés ; par ailleurs, le faible rang de
priorité accordé à l'état civil amène l'Etat
à ne pas marquer d'enthousiasme pour leur affecter des ressources
humaines nécessaires.
Dans les centres où cela s'est
avéré, ces ressources sont tout simplement insuffisantes. Pour
éviter alors leur paralysie, l'officier de l'état civil est
obligé de faire recours à des bénévoles pour
assurer le fonctionnement du service. Mais la médiocrité de leur
rémunération et leur manque de motivation, n'étant pas
sûrs d'être recrutés plus tard dans un emploi permanent,
ouvre la porte à la corruption.
2.1.1.3- L'éloignement des
centres d'état civil
Il résulte du constat du rayon d'action
théorique des centres d'état civil que la distance qui
sépare le lieu de résidence de la population du bureau le plus
proche est grande. Et plus cette distance est grande, plus il sera difficile et
coûteux pour les usagers d'y aller pour réclamer des prestations.
Le lieu où se fait l'enregistrement a donc son
importance. Dans l'idéal, un enfant devrait être enregistré
aussi près que possible de son lieu de naissance, mais il peut arriver
dans certaines localités, qu'une mère traverse la
frontière pour accoucher dans un centre de santé du pays voisin
s'il n'y a pas d'établissement adéquat près de chez elle.
De ce qui précède, on appréhende
pourquoi le fonctionnement de l'état civil n'est pas effectif dans
beaucoup de centres.
2.1.1.4- Le coût
d'expédition des actes de naissances
La forte spéculation sur les coûts
d'expédition des actes de naissances est considérable. En effet,
certaines autorités des collectivités territoriales et des
circonscriptions administratives perçoivent le service de l'état
civil comme un service lucratif d'où elles peuvent tirer une grande
partie de leurs ressources. Les collectivités territoriales en
l'occurrence ont franchi le rubicond en augmentant la valeur faciale des
timbres à apposer sur les actes de naissances.
D'autres ont institué des taxes dites de
« retrait » dont les usagers doivent s'acquitter avant
d'entrer en possession de leurs actes. Eu égard aux difficultés
liées à la pauvreté des populations, ces attitudes ne sont
pas de nature à favoriser la fréquentation des centres
d'état civil.
2.1.1.5-La saisine des tribunaux
départementaux et des tribunaux d'arrondissements
L'article 51 de la loi 10/93/ADP du 17 mai 1993 portant
organisation judiciaire au Burkina Faso et modifiée par la loi
28/2004/AN du 08 septembre 2004 dispose que les citoyens peuvent
requérir gratuitement le tribunal départemental pour
connaître de toutes les situations contentieuses relevant de leur
état. Or dans la pratique, on constate que cette disposition est
foulée du pied par certaines de ces juridictions de proximité. En
effet, les requêtes visant à constater un évènement
à inscrire, en l'occurrence la naissance pour suppléer le
défaut d'acte de naissance ne sont recevables qu'après le
versement d'une somme de 1.500 FCFA.
Toutes ces pratiques sont antinomiques avec l'esprit du
législateur burkinabé et contribuent à favoriser la sous
déclaration des naissances.
2.1.1.6- Le cas spécifique
des frontières
En l'absence d'une politique volontaire et
affirmée des frontières, on constate de nombreuses inscriptions
frauduleuses de part et d'autre de deux pays frontaliers. En effet, on constate
souvent l'existence de deux systèmes d'enregistrement
parallèles ; l'un officiel et l'autre non officiel qui permettent
aux gens d'autres nationalités de se faire inscrire dans les centres
d'état civil burkinabé. En outre, la non démarcation
franche et nette des limites territoriales du pays notamment avec ses voisins
ne facilite pas la tâche des officiers de l'état civil qui
éprouvent de véritables difficultés pour déterminer
l'appartenance territoriale des usagers. Ce faisant, il n'est pas difficile
dans ces contrées, pour une quelconque personne de se procurer des
extraits d'actes de naissance frauduleux. Conséquence, bon nombre de
personnes peuvent posséder la double nationalité et ne se
priveront pas de l'exploiter en fonction des circonstances.
Une enquête minitieuse devrait être
menée sur la nationalité des demandeurs d'acte avant
d'accéder à toute requête afin de limiter et de
circonscrire la délivrance de faux actes de naissance.
2.
1.2- Les barrières socioculturelles
2. 1.2.1- Le poids des traditions
et les pratiques discriminatoires
Ø Le poids des traditions
Une série de pesanteurs sociales et culturelles
influe négativement sur l'enregistrement des naissances. En effet, la
présence de certaines pratiques, croyances et habitudes contribue
à faire que certaines couches de la société ne
déclarent pas leurs enfants à la naissance.
Dans les milieux
« islamisés » par exemple, l'enfant naturel est le
premier signe de la fornication et du péché. Sa reconnaissance
est le plus souvent liée à la légitimation (mariage de ses
parents). Lorsque cette union n'est pas constatée, la communauté
entière rejette l'enfant et le prive ainsi de son droit à
être enregistré. Le statut social de l'enfant (légitime,
naturel ou abandonné) ne doit pourtant pas être un obstacle
à l'obtention de son acte de naissance qui est un droit. Il en est de
même également pour les enfants issus d'une union incestueuse.
Ø Les pratiques discriminatoires
Dans certaines localités, l'enregistrement des
naissances est souvent entravé par une discrimination sexiste qui
interdit l'intervention des femmes dans ce processus. De ce fait, si le
père est absent, l'enregistrement court un grand risque d'être
retardé ou de ne pas se faire. Selon certaines pratiques patriarcales,
seul l'homme le plus âgé de la famille est habilité
à déclarer une naissance ; toutes choses qui enlèvent
par là tout pouvoir à la mère et empêche les femmes
vivant seules de faire enregistrer leurs enfants.
Il y a aussi cette discrimination sexiste qui ferme
l'école aux filles. Celle-ci peut avoir deux impacts directs sur
l'enregistrement des naissances ; d'abord dans les localités
où la fréquentation de l'école est aussi un
mécanisme pour l'enregistrement, cela peut priver d'un seul coup les
filles de deux chances précieuses. Ensuite, lorsque les filles qui
n'ont pu recevoir d'éducation scolaire ont à leur tour des
enfants, il est moins probable qu'elles les fassent enregistrer. Cela semble
donc bien démontrer que l'éducation pour tous est l'une des
clés de l'enregistrement des naissances.
Souvent, les problèmes auxquels doit affronter
une mère célibataire pour faire enregistrer la naissance de son
bébé sont pratiquement insurmontables lorsque la paternité
est contestée par l'homme.
2. 1.2.2- L'incivisme
L'incivisme est un comportement en faveur du non
enregistrement des naissances. Peu de parents réalisent l'obligation que
leur impose la loi en ce qui concerne l'enregistrement des naissances. Dans
certains milieux sociaux (surtout en campagne), le chef de concession est
supposé être le seul décideur qui, selon son
intérêt ou volonté accorde ou prive tout enfant du droit
d'être enregistré à la naissance. Le manque de
réaction (sanctions) face à ces comportements contribue à
accentuer l'incivisme des parents.
2. 1.2.3- L'analphabétisme
et l'ignorance
C'est la barrière la plus importante qui affecte
l'enregistrement des naissances. En effet, la population ne comprend pas
l'importance de l'enregistrement ; pour bon nombre de parents qui ne font
pas enregistrer leurs enfants, c'est soit qu'ils « ne savaient pas
que l'enfant devrait être enregistré » ou « ne
savaient pas qu'il fallait l'enregistrer ». En outre, les populations
n'accordent pas un poids suffisant à l'acte de naissance en tant que
document légal prouvant l'âge de l'enfant et permettant à
ce dernier de jouir des droits qui sont les siens. C'est ainsi que dans
beaucoup de centres d'état civil, des milliers d'originaux d'actes de
naissances sont en souffrance dans les registres de déclarations ;
faute d'avoir été retirés par les parents des enfants
concernés.
Par ailleurs, certains parents confondent l'attestation
d'accouchement avec la déclaration de naissance. C'est
généralement à la faveur de l'inscription d'un enfant
à l'école que la confusion se révèle aux yeux des
parents.
2.
1.3- Les barrières législatives
2. 1.3.1- La durée du
délai de déclaration
Les articles 106 et 107 du CPF disposent que les
naissances doivent être déclarées à l'officier de
l'état civil du ressort où l'évènement s'est
produit dans un délai de deux (2) mois.11(*)
Si cette disposition a l'avantage de permettre
l'enregistrement de l'évènement dans un délai
« raisonnable » sans risque majeur que les informations ne
s'altèrent, elle ne correspond pas par contre aux réalités
actuelles et aux habitudes socioculturelles de nos localités.
En effet, dans la plupart des localités de notre
pays, on note une sous déclaration des naissances et faits juridiques
qui constituent ou qui modifient l'état des personnes là
où existent des centres d'état civil. Si déclarer par
exemple un enfant à sa naissance est devenu souvent automatique dans les
milieux urbains, ce réflexe par contre est lent, voire inexistant pour
la grande majorité des ruraux qui détiennent la preuve de leur
existence juridique par jugement.
En somme, c'est lorsque le besoin de disposer d'un acte
de naissance se manifeste à lui que le citoyen décide de s'en
procurer avec son corollaire de procédures coûteuses et
compliquées.
L'ignorance et la méconnaissance de l'importance
de l'acte d'état civil, conjugué au délai relativement
court (60 jours) pour se faire enregistrer dans le délai légal,
favorisent cette sous déclaration des naissances. Lorsque l'on
répercute sur ces deux facteurs ceux de la géographie du terrain
et de l'accessibilité des services de l'état civil, on se rend
compte très rapidement que le délai légal de 60 jours est
court.
2. 1.3.2- La qualité du
déclarant
Aux termes de l'article 107 du CPF, la
déclaration de naissance incombe au père, à la mère
ou à l'un des ascendants ou des proches parents ou à toute
personne ayant assisté à l'accouchement.11
A travers cette disposition, les rédacteurs du
CPF ont entendu élargir le cercle des personnes habilitées
à faire les déclarations de naissances et ce, dans le but
d'augmenter le taux d'enregistrement des naissances. Cette initiative est bonne
et à soutenir dans la mesure où elle peut aboutir à
atténuer le phénomène de sous enregistrement des
naissances.
Cependant, la pratique administrative en cours et
relative à l'application de cette disposition édulcore
légèrement l'esprit initial des législateurs. En effet,
les officiers de l'état civil exigent selon le cas
d'espèces :
- Que les parents du nouveau né soient munis d'un
acte de mariage, leurs actes de naissances ou jugement supplétifs
d'acte de naissance en tenant lieu lors de la déclaration devant
l'officier de l'état civil.
- En ce qui concerne l'enfant né d'un couple non
marié, seul le père ou son représentant muni d'une
procuration peut déclarer la paternité.
Ces exigences des praticiens qui, sommes toutes
légales, visent essentiellement à éviter les risques
d'erreurs lors de l'inscription de l'identité des parents et les
contestations de paternité ; contribuent toutefois à
favoriser le non enregistrement des naissances.
En effet, dans un pays où la grande
majorité de la population ne possède pas d'acte de naissance, ces
exigences peuvent paraître incongrues.
2. 1.3.3- La fréquence de
tenue des audiences
En réalité, nul n'ignore
l'importance considérable que revêt l'état civil dans un
Etat moderne. L'importance de l'état civil est attestée par le
fait qu'il s'agit d'une matière d'ordre public. Certes, l'état
civil est d'abord de la compétence du centre d'état civil.
Toutefois, les TD et les TA ont cependant un rôle essentiel à
jouer dans ce domaine puisqu'ils sont chargés de rendre les jugements
déclaratifs d'état (naissance, mariage, décès) et
des jugements supplétifs d'acte d'état civil (actes de
naissances, actes de mariages, actes de décès).
Cette importance est amplifiée au Burkina Faso
par les dysfonctionnements de l'état civil dus entre autres causes
à la non déclaration des faits d'état civil que sont les
naissances. Ceci entraînant la multiplication des jugements
déclaratifs ou supplétifs de naissance de sorte que de facto, les
TD et les TA sont devenus les principaux centres d'état civil des
Burkinabé.
Cependant, et ce nonobstant son rôle
prépondérant dans le dispositif institutionnel de l'état
civil, sa saisine par les justiciables n'est pas bien souvent aisée. En
effet, la fréquence hebdomadaire de tenue des audiences est en moyenne
de 1,5 pour l'ensemble des juridictions du pays.12(*)
En considérant donc leur rayon d'action
théorique très élevé, on aboutit à la
conclusion que ces dispositions administratives règlementant les
audiences desdites juridictions constituent une barrière à
l'enregistrement des naissances.
2. 2 - impacts du non enregistrement des
naissances
2. 2.1- Impact social du
non enregistrement des naissances
2. 2.1.1- Impact sur
l'individu : La non jouissance de droit et privilège
Non enregistré à la
naissance, un enfant risque d'être exclu de la société, de
se voir refuser le droit à une identité officielle, à un
nom, à une nationalité. Ces enfants qui n'ont pas d'acte de
naissance, cette « carte de membre » de la
société, sont ainsi privés de toute une série de
droits y compris ceux à l'éducation, aux soins de santé,
à la participation à la vie sociale, à la protection,
etc.
En effet, La personnalité juridique est la
reconnaissance à tout être humain d'être titulaire de droits
et d'être soumis à des obligations. Selon l'article 2 du CPF, elle
commence avec la naissance et finit avec la mort.
Si toutes les personnes qui vivent sur le territoire
d'un Etat sont soumises aux mêmes obligations, elles ne jouissent pas
toujours des mêmes droits. Cette différence se fonde sur les
droits civils et les droits politiques. C'est cette dernière
catégorie de droit qui confère la nationalité, donc la
citoyenneté.
La citoyenneté est liée à
l'ensemble des droits qu'un Etat reconnaît à son national. La
nationalité est le lien qui unit un individu à un Etat. C'est la
reconnaissance par un Etat qu'une personne qui est sa ressortissante jouit des
droits politiques. Les droits politiques sont l'ensemble des droits à la
gestion des affaires de l'Etat (droit d'être électeur,
éligible..). C'est ainsi que le national, le citoyen, se distingue de
l'étranger à qui il n'est pas reconnu les droits politiques.
La relation entre la déclaration et
l'enregistrement des naissances et la promotion du droit à la
personnalité, à la citoyenneté est donc évidente.
En outre, la déclaration des naissances
étant une obligation légale, son respect par le citoyen est une
expression de sa citoyenneté.
2. 2.1.2- Impact sur l'Etat :
La souveraineté en danger
L'état civil participe à asseoir la
souveraineté d'un pays dans ses limites territoriales. C'est à
partir de l'acte de naissance que se déclinent tous les
éléments d'identification prouvant la nationalité d'un
individu. De ce fait, un système d'état civil inefficace et
poreux favoriserait l'inscription d'autres nationalités dans les
registres. Le citoyen donc se distingue de l'étranger à qui il
n'est pas reconnu les droits politiques. En usurpant donc une
nationalité qui n'est pas la sienne, un étranger peut se
retrouver à la magistrature suprême avec les risques de mettre
ainsi la nation en danger.
On pourrait penser que ce raisonnement relève de
l'absurde mais des cas similaires pourraient se produire surtout en Afrique
où l'état civil n'en est pas encore une priorité des
gouvernants et mettraient du même coup certains pays dans des situations
de déliquescence totale.
2. 2.2- Impact
économique du non enregistrement des naissances
2. 2.2.1- Le recours aux
recensements pour renseigner certains indicateurs et pour planifier les
politiques du gouvernement
La mise en oeuvre de certaines réformes
politiques, économiques et sociales a révélé les
insuffisances de l'appareil statistique national ; quant à sa
capacité à satisfaire la demande d'information de plus en plus
importante.13(*)
En effet, avant que le Burkina Faso ne s'engage dans le
processus d'élaboration d'un schéma directeur de la statistique,
l'appareil statistique se composait essentiellement d'un ensemble de
producteurs indépendants les uns des autres que sont l'INSD et les
services statistiques des ministères, des institutions publiques et
parapubliques, du secteur privé etc. Parmi ces services, les plus
importantes et les plus constantes directions productrices de données
statistiques après l'INSD sont les directions des études et de la
planification (DEP) du MEBA et de la santé.
En l'absence donc de statistiques de l'état
civil complètes et désagrégées, c'est à la
faveur du recensement général de la population et de l'habitat,
que l'INSD établit la population des différentes circonscriptions
administratives et les statistiques de base de la population.
Nonobstant son coût très exorbitant pour
de maigres ressources budgétaires, le RGPH occupe une place
prépondérante et incontournable dans le système à
cause de la non disponibilité des données de l'état civil
en qualité et en quantité.
En effet, l'état civil constitue l'une des
principales sources de données sur les évènements
démographiques. Il permet de :
· connaître la dynamique de la population,
· calculer des statistiques sur la mortalité, la
natalité, la nuptialité, la fécondité,
l'espérance de vie de la population, etc.,
· faire des projections démographiques,
De plus, les données d'état civil ont une valeur
inappréciable dans l'approche du cycle vital du développement
humain. On peut s'en servir afin :
· de connaître les causes de
décès,
· de procéder à un suivi
épidémiologique de la population,
Pour la planification des politiques sociales et
économiques, les données de l'état civil
permettent :
· de déterminer les services de santé
nécessaires à la population,
· de connaître la population scolarisable pour
mettre en place les structures et les moyens adéquats,
· de connaître la taille de la population d'une
ville pour mieux estimer les besoins en assainissement, logement, en services
sociaux de base, etc.,
· de connaître la structure de la population afin
d'adapter les projets de développement aux besoins des
différentes couches,
Enfin, la disponibilité des données de
l'état civil favorise la limitation des coûts de la recherche de
l'information et permet de faire des économies substantielles sur les
recensements et autres enquêtes par sondage. En effet, le traitement
desdites données aboutit notamment :
· à une gestion moins coûteuse du fichier
électoral,
· à un calcul correct des statistiques issues des
élections (taux de participation, d'abstention, etc.),
· à une limitation des besoins en matière
de recensements administratifs et démographiques.
2. 2.2.2- La non application de
pratiques de bonne gouvernance
Au-delà des questions touchant au
développement, l'état civil contribue à améliorer
la façon d'administrer un pays. En effet, les données fournies
par un état civil fonctionnel renforcent l'aptitude du pays à
contrôler et à évaluer l'impact de ses politiques et aident
les gouvernements à allouer les ressources appropriées à
ceux qui en ont le plus besoin, réduisant par là les
disparités.
Les recensements qui se font généralement
une fois tous les dix (10) ans, donnent un portrait statistique de la nation
à un moment déterminé.
Par contre, les données de l'état civil
enregistrant les évènements au fur et à mesure, permettent
aux autorités de repérer les tendances à des intervalles
beaucoup plus courts de l'ordre de l'année, du trimestre, voire du mois.
Les études spéciales, enquêtes ponctuelles et autres
techniques d'échantillonnage pourraient aisément s'en servir
comme base de sondage.
Conclusion partielle
Cette première partie de notre travail nous a
permis non seulement de mieux connaître notre zone d'étude, mais
aussi nous a fournis des informations sur la question du non enregistrement des
naissances telles que les barrières auxquelles pourraient se heurter
l'état civil quant à l'enregistrement des naissances. Elle nous a
permis en outre de connaître les impacts de ce non enregistrement pour
l'individu et pour l'Etat.
Tout ceci nous permettra de mieux cerner cette
problématique dans le département de Pô à travers
l'analyse des résultats et les perspectives de solutions à
proposer, ce qui sera l'objet de notre deuxième partie.
Introduction
Dans la deuxième partie de notre étude
nous présentons d'abord dans un troisième chapitre les
résultats de notre recherche menée dans le département de
Pô et ensuite dans un quatrième et dernier chapitre nous
présentons des solutions proposées par les différents
acteurs de l'état civil pour enrayer ce phénomène du non
enregistrement des naissances.
CHAPITRE III : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS
Dans un souci de clarté et pour permettre une
meilleure compréhension de notre étude, nous avons
effectué une sortie de recherche dans le département de pô.
Ainsi dans les 120 ménages enquêtés, nous avons pu recenser
890 personnes résidentes dont 385 enfants de 0 à 15 ans. Pour ce
qui est de l'activité des chefs de ménage, les enquêtes ont
révélées que 95% sont cultivateurs ou éleveurs, 2%
sont des commerçants, 2% des salariés et seulement 1% sont
retraités. Ainsi c'est auprès de ces derniers que nous avons
recueillis les informations concernant notre étude que nous
présentons sous forme de tableaux et figures avec des valeurs
numériques ; le tout accompagnés d'une brève analyse.
3. 1-
Importance de l'acte de naissance
L'acte de naissance est un document permanent attestant
l'existence de l'enfant.
Des entretiens réalisés avec les agents
d'état civil dans le département de Pô, il ressort que
l'enregistrement des naissances se heurte à un obstacle très
important, à savoir l'insuffisance de volonté politique. Elle est
passive, découlant de ce que les autorités, les politiques et les
fonctionnaires n'ont pas effectivement saisi l'importance des enregistrements
des naissances en tant que droit de l'homme, ou le rôle fondamental de
l'état civil dans une société moderne.
En effet 36% des chefs de ménage
interrogés dans la localité trouvent que c'est le
caractère social de l'acte qui est perçu. Mais pour près
de 1/4, l'importance de l'acte réside dans le fait que sans ce papier on
ne peut voyager ni travailler. Tout le monde est unanime sur l'importance
capitale que revêt ce document. A cet effet, Un chef de ménage va
jusqu'à dire que « l'acte de naissance est la mère de
tous les papiers ».
Figure 3.1 : répartition des ménages
selon l'importance accordée à l'acte de naissance
Source : résultats d'enquête mai
2007
3. 2-
L'enregistrement des naissances dans le département de Pô
Parmi les 385 enfants recensés dans le
département de Pô, près de la moitié (47%) ont un
acte de naissance, 21% ont comme preuve un jugement supplétif d'acte de
naissance et 32% n'ont aucune preuve de leur naissance.
Figure 3.2 : répartition des enfants selon la
situation à l'état civil
32%
21%
47%
Acte de naissance
Aucune preuve de son
Existence
Jugement supplétif
d'acte de naissance
Source : résultats d'enquête mai
2007
Le jugement supplétif d'acte à
défaut de l'acte de naissance est un document qui jouit tout aussi des
mêmes droits que l'acte s'il est transcrit dans le registre par
l'officier d'état civil. Mais bon nombre ignore l'existence de ce
document ou ne perçoivent pas souvent son caractère légal.
Mais pour la majorité de ceux qui font recours au JSAN la raison en est
que le délai de deux (2) mois pour la déclaration est
expiré. Pour au moins 12% des enfants qui ont des JSAN, ceci est
dû au manque de moyens financiers ou que l'acte n'est plus
récupérable.
Figure 3.3 : répartition des enfants selon la
raison de l'établissement d'un jsan
0%
26%
12%
62%
Delai de déclaration
expiré
Acte de naissance
perdu
Autres raisons
Absence de registre
Source : résultats d'enquête mai
2007
3. 3-
Quelques obstacles à l'enregistrement des naissances à
Pô
Pour un peu plus de la moitié des enfants qui
n'ont pas la preuve de leur naissance, la raison en est que les parents n'ont
jamais songé à établir cette preuve. Alors que pour
environs 1/4 des enfants, l'acte de naissance est perdu. 19% n'en ont pas pour
des raisons toutes autres; Soit que l'acte a été établi
mais n'a jamais pu être retiré, soit par manque de moyens
financiers pour le faire.
La langue est une sérieuse barrière
à l'enregistrement des naissances dans notre localité
d'étude car la majeure partie des infirmiers qui y travaillent comme
bénévoles au compte de l'état civil ne comprennent pas le
Kassena, principale langue de la localité.Il arrive donc que ceux qui
parlent une langue différente de celle des agents d'état civil se
trouvent dans l'impossibilité de communiquer avec ces derniers et
risquent d'avoir à payer souvent une aide pour remplir les formulaires
nécessaires.
Aussi, une confusion est souvent faite entre la
déclaration de naissance et l'acte lui-même. Mais ces raisons sont
loin d'être les seules.
Dans certaines localités du département
de Pô, le nom d'un enfant issu d'une union incestueuse ne lui sera
donné qu'après que les parents aient consulté les
ancêtres à cet effet. Ces rites peuvent durer trois (3) mois,
affirme un chef de circonscription. Une durée qui va au-delà des
deux (2) mois prévus par les textes.
Figure 3.4 : répartition des enfants selon la
raison de la non existence de l'acte de naissance
Source : résultats d'enquête mai
2007
La plupart des chefs de ménages
enquêtés trouvent que la distance qui sépare leur lieu de
résidence du centre d'état civil le plus proche est grande, ce
qui contribue à les démotiver quant à
l'établissement des actes de naissance. Dans certains villages comme
Bourou et Pighyiri par exemple,
Les populations sont obligées de parcourir une trentaine de
km pour bénéficier des prestations du centre.
Figure 3.5 : répartition des ménages
selon la distance séparant le lieu de résidence du centre
d'état civil et l'enregistrement de la naissance.
45%
31%
24%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
0 - 4 km
5 - 9 km
10 km et plus
Série1
Source : résultats d'enquête mai
2007
Outre le déficit d'ordre institutionnel qui
accentue la sous déclaration des naissances, il arrive que des usagers
se déplacent en vain, car les bureaux ont souvent des horaires qui ne
s'accommodent pas toujours aux coutumes des populations. A ce propos, un agent
d'état civil nous fait remarquer que « c'est à la
faveur des jours de marchés du chef lieu du département que les
populations des villages environnants se présentent à la
préfecture pour solliciter les services de l'état civil ;
peu importe que la journée soit ouvrable ou pas ».
3.
3.1- La déclaration des naissances
3. 3.1.1- Coût de la
déclaration à la naissance
Dans la localité de Pô, le budget
alloué à la municipalité au compte de l'état civil
pour l'année 2006-2007 s'élève à exactement
1.896.000FCFA. Lequel s'avère très insuffisant pour des besoins
de plus en plus croissants (fournitures et mobiliers de bureau) tel que
exprimé par le maire.
Ainsi, des enquêtes réalisées, l'on
démontre que le coût de la déclaration joue un rôle
important dans l'enregistrement des naissances.
Dans la plupart des centres d'état civil de
Pô, la somme qui semble officielle pour une déclaration de
naissance est de 200FCFA. Mais des informations recueillies auprès des
ménages, il arrive parfois que certains agents vont jusqu'à en
réclamer plus de 300FCFA.
Mais, faut-il souligner que la perception faite de ce
coût varie d'une personne à une autre.
Figure 3.6 : Répartition des ménages
selon le coût habituel d'une déclaration de naissance
Source : résultats d'enquête mai
2007
Plus de la moitié des chefs de
ménage approchés trouvent que le coût de la
déclaration est élevé. Pour la minorité qui trouve
ce coût faible, ce sont ceux là qui prétendent
connaître l'importance réelle de la déclaration d'un enfant
à l'état civil.
Figure 3.7 : répartition des ménages
selon l'appréciation du coût de la déclaration
31%
13%
56%
Elevé
Raisonnable
Faible
Source : résultats d'enquête mai
2007
En plus du coût apparemment dissuasif pour la
déclaration de la naissance,Il faut dire que dans cette localité,
il a été instauré une taxe dite de
«retrait « dont l'usager doit s'acquitter avant d'entrer en
possession de son acte de naissance. Cette taxe s'élève à
100 FCFA pour deux extraits de naissance (le tout revient donc à 500
FCFA pour les deux extraits dont deux timbres de 200 FCFA et 100 FCFA de taxe
de retrait).
3. 3.1.2- Le type de
déclarant
Pour des discriminations sexistes ou pour toute autre
discrimination, des enfants n'ont pas souvent cette chance d'être
déclarés à l'état civil et par conséquent
n'ont pas accès à certains droits.
Dans le département de Pô, dans la plupart
des cas, c'est le chef de ménage qui est habilité à faire
la déclaration des enfants du ménage ; Mais il peut arriver
qu'une autre personne le fasse à son absence. Cette dernière peut
être l'infirmier qui a effectué l'accouchement ou un quelconque
individu du village ; pourvu qu'il sache lire et écrire.
La probabilité que la femme fasse la
déclaration de son enfant est très négligeable (0,01).
Surtout s'il s'agit d'une femme célibataire, les problèmes
auxquels elle doit faire face pour l'enregistrement de la naissance de son
bébé sont presque insurmontables lorsque la paternité est
contestée par l'homme. Aussi, dans le département de Pô
dans la province du Nahouri, tout enfant issu d'une union qui n'est pas
consacrée par la coutume ne porte pas le nom de son père
géniteur.
Figure 3. 8 : répartition des ménages
selon le type de déclarant
2%
24%
74%
Père
Autres
Mère
Source : résultats d'enquête mai 2007
3.
3.2- Analphabétisme et ignorance : connaissance des droits de
l'enfant
Le premier droit de l'enfant est son enregistrement
à sa naissance. Les populations ne perçoivent pas souvent ce
droit de l'enfant qui est la clé d'autres droits. Les droits de l'enfant
que les chefs de ménage connaissent sont plutôt le droit à
la nourriture, à l'habillement, et aux soins. Près de 1/3 des
enquêtés pensent qu'en plus du droit à la scolarisation et
à la nationalité, l'on peut se voir priver le droit de travailler
ou de voyager si l'on ne possède pas d'acte de naissance.
Si l'accomplissement des droits de l'enfant doit
être une obligation pour certain, pour d'autres, ceci n'est pas
perçu de la même façon.
Plus de la moitié des parents interrogés
trouvent que le respect des droits de l'enfant est un devoir et non une
obligation comme les textes le disent. D'autres(20%) trouvent que le fait de
nourrir l'enfant, de l'habiller de le soigner et de le scolariser c'est tout
simplement pour qu'il puisse les entretenir à l'avenir en retour; ceci
pour eux est considéré comme une dette de l'enfant envers ses
parents.
Figure 3.9 : répartition des
ménages selon les visions sur les droits de l'enfant
1%
20%
20%
59%
Devoir
Obligation
Autres Visions
Simple Formalité
Source : résultats d'enquête mai
2007
Ainsi la majorité des chefs de ménages
approchés disent connaître les droits de l'enfant à travers
la radio. Certains (9%) disent que c'est à travers ce que leurs parents
leurs ont appris qu'ils lèguent aussi à leurs enfants.
Figure 3.10 : répartition des ménages
selon les principales sources d'information sur les droits de l'enfant
25%
9%
4%
4%
58%
Radio
Campagnes de
sensibilisation
Autres Sources
Télévision
Amis
Source : résultats d'enquête mai
2007
3.
3.3- Sous équipement et rareté des ressources humaines
A Pô, dans cinq (05) des centres d'état
civil, outre la promiscuité ambiante qui règne dans les locaux,
on note également un manque affligeant d'équipements et de
fournitures de bureau nécessaires au fonctionnement normal et assidu du
service. Quatre (04) desdits centres ne possèdent pas d'infrastructures
(locaux) et de mobilier de bureau pour les besoins d'archivages. Ainsi, on
constate l'absence de registres pour des générations
entières (voire tableau 3.1).
Tableau 3. 1 : situation du matériel de
bureau dans les centres d'état civil
Articles Centre d'état
civil
|
Mairie
|
Préfecture
|
Dakola
|
Fanian
|
Pounkouyan
|
Tiakani
|
Armoires
|
1
|
1
|
0
|
1
|
0
|
0
|
Etagères
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Classeurs
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Ordinateurs
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Registres des naissances
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Table alphabétique des actes
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Source : résultats d'enquête mai
2007
Le manque de priorité accordée à
l'état civil dans le département de Pô amène les
autorités à ne pas marquer d'intérêt pour lui
affecter des ressources humaines nécessaires pour assurer le
fonctionnement de ses centres. Dans tous les centres secondaires d'état
civil à Pô, le fonctionnement est assuré par les infirmiers
sous forme de bénévolat. Ces bénévoles ont souvent
comme rémunération les frais de 200 FCFA pour la
déclaration d'une naissance ; ceci pour la gestion de leur
fourniture de bureau et de leur carburant puisqu'ils doivent fréquemment
faire signer les déclarations par l'officier d'état civil.
Tableau 3. 2 : situation du personnel de la mairie
de Pô
Titre Année
|
2006
|
2007
|
Cadres supérieurs
|
1
|
1
|
Agents municipaux
|
16
|
23
|
Personnel détaché par l'état
|
-
|
1
|
Contractuels
|
5
|
6
|
Total effectif
|
22
|
31
|
Source : résultats d'enquête mai
2007
NB : Dans ces effectifs, les
bénévoles des centres secondaires ne sont pas pris en compte.
CHAPITRE IV : Recommandations des acteurs pour une
universalité de l'enregistrement.
Des entretiens réalisés auprès des
différents acteurs de l'état civil, nous avons recueilli
différentes propositions formulées par ceux-ci pour enrayer les
facteurs entravant l'enregistrement des naissances que nous présentons
dans ce dernier chapitre.
4. 1-
Affirmation d'une volonté politique
Le Burkina Faso a choisi de faire de la
décentralisation l'instrument de la participation effective des
populations à l'exercice du pouvoir et à la gestion des affaires
locales. Ainsi amorcé, ce processus va contribuer à la promotion
d'un développement humain durable à la base.
Fort de ce qui précède, ces acteurs
trouvent que l'Etat burkinabé devra opérer des choix
stratégiques qui viseront à renforcer la libre administration des
collectivités territoriales en assurant le transfert des ressources et
des compétences. Ainsi, il est fondé sur l'évidence que
sans un engagement actif du politique en faveur de la promotion de
l'état civil, les communes ne parviendront jamais à garantir un
enregistrement universel des actes de naissances. Cette volonté
politique devra s'affirmer à travers la place
prépondérante que le système de l'état civil occupe
dans la politique générale du gouvernement. Si l'on se rapporte
à l'importance de l'état civil pour les individus et pour l'Etat,
cette démarche sera essentielle pour une bonne administration des
collectivités et une garantie du processus démocratique.
4. 2-
Mobilisation sociale
Il est ressorti à travers notre entretien avec
le maire que la non fréquentation des services de l'état civil
par une frange très importante de la population de Pô
procède pour l'essentiel d'une méconnaissance de son importance
de la part des familles. Pour ce dernier, si les autres facteurs entravant
l'enregistrement des naissances peuvent être solutionnés par des
mesures d'ordre législatif, institutionnel, matériel, etc....Il
reste entendu que seules des séances de sensibilisation et
d'information des populations cibles peuvent amener ces dernières
à recourir aux services de l'état civil. Pour ce faire, une
mobilisation et un engagement des gouvernements s'imposent. Mais pour toucher
les foyers, il est important que la forme et le contenu des messages soient
adaptés à chaque niveau des couches de la société.
A ce propos le responsable de la mairie pense que la sensibilisation peut se
faire à plusieurs niveaux.
4.
2.1- Niveau vertical : Les gouvernants (préfets, maires, haut
Commissaires, gouverneurs, ministres)
A la faveur de la célébration de
certaines manifestations d'envergure nationale comme les journées de
l'enfant, de la femme etc., les autorités administratives et politiques
au plus haut niveau disposent d'une tribune appropriée pour faire la
promotion de l'état civil et encourager les populations à
fréquenter les services de l'état civil.
4.
2.2- Niveau horizontal : Les coutumiers et religieux
Ces derniers pourraient sensibiliser leurs
congrégations et leurs adeptes à adopter des attitudes à
la déclaration des naissances aux niveaux individuel et collectif en
incluant ces thèmes dans leurs prédications. Ces acteurs,
traditionnellement à forte audience auprès des populations,
peuvent susciter un impact positif s'ils sont engagés dans le processus
de sensibilisation.
4.
2.3- Les associations et partenaires au développement
Dans le cadre de leurs activités de
développement, ces structures peuvent contribuer à promouvoir des
initiatives de sensibilisation sur l'enregistrement des actes de naissance
à tous les niveaux.
4.
2.4- Les médias
Les médias, sous toutes leurs formes jouent un
rôle irremplaçable dans la sensibilisation du grand public. Les
médias traditionnels, populaires exercent une influence profonde,
rassemblent la communauté et encouragent la participation de
l'auditoire. Ils peuvent participer activement à la promotion de
l'état civil.
4. 2.5- Les membres des TD
et des TA
Les membres de TD et ceux des TA ne doivent pas se
contenter de prononcer des jugements déclaratifs ou supplétifs de
naissance. Ils doivent également sensibiliser la population sur la
nécessité de déclarer les naissances dans les
délais légaux. Il y a lieu de procéder à cette
sensibilisation, particulièrement à l'endroit des personnes en
âge de procréer.
4.3-
Plus d'engagement des autorités publiques pour valoriser les acteurs de
l'état civil : Renforcement des Capacités des acteurs et des
centres d'état civil
Pour améliorer l'enregistrement des naissances,
il est indispensable pour l'Etat de faire en sorte que les capacités
nécessaires existent à chaque niveau. C'est du moins ce que les
responsables de l'état civil à Pô préconisent.
4. 3.1- Augmentation des crédits
destinés aux centres d'état civil
Confronté pour la répartition du budget
de l'Etat à des choix déchirants entre priorités toutes
aussi pressantes, il peut être difficile au gouvernement de
réserver des ressources suffisantes pour asseoir durablement un
système d'état civil parfaitement fonctionnel, universel,
permanent et continu qui assurerait la confidentialité et la
fiabilité des données.
Toutefois, il est indispensable que les
décideurs politiques chargés des allocations budgétaires
dégagent des crédits assez substantiels et conséquents qui
puissent assurer le fonctionnement des centres d'état civil. Ces
crédits devraient être suffisants pour l'acquisition
d'équipements appropriés (fournitures de bureau, mobilier,
registre et imprimés, machines à taper et ordinateurs si
possible).
En matière de dépense budgétaire
(de l'Etat), Il faut bien souvent développer des arguments de poids pour
convaincre les ordonnateurs sur la pertinence d'une dépense. Dans ce
contexte, il serait inopportun d'insister sur la nécessité
d'acheter un matériel sophistiqué tels que des ordinateurs pour
équiper l'ensemble des centres d'état civil.
En effet, sans des investissements permanents et une
maintenance assidue, le système informatique risque de se retrouver
dépassé et donc inutilisable.
D'autres moyens adaptés aux besoins de certains
centres et peu coûteux à l'installation, à l'usage et
à la maintenance peuvent se révéler fort utiles pour
élargir la couverture et les capacités opérationnelles des
centres d'état civil.
4.
3.2- Renforcement de capacité des ressources humaines des centres
d'état civil
« Pendant longtemps, le peu d'importance
accordée à l'enregistrement des naissances s'est
reflété dans l'insuffisance du soutien apporté aux
officiers de l'état civil », constate un chef de
circonscription administrative. « Le manque d'un tel appui est un
obstacle majeur à l'enregistrement des naissances » a- t-il
renchéri.
Pour que le système fonctionne correctement, les
acteurs de l'enregistrement des naissances préconisent que les
autorités fournissent en premier lieu les ressources humaines
compétentes, des agents d'état civil régulièrement
recrutés et formés, pour assurer la gestion quotidienne des
centres principaux et secondaires d'état civil.
Mais dans l'immédiat, il faut donner au
gestionnaire de l'état civil une formation et une orientation concernant
les lois et procédures applicables en matière d'état
civil. Cette formation quoique dispensée aux responsables et agents de
l'état civil devra être appuyée par des moyens
adéquats tels que les supports (documents) de références
appropriées, faciles à comprendre et régulièrement
mis à jour.
Pour ces derniers, la formation technique doit
intéresser non seulement les agents de l'état civil, mettant
l'accent sur les aspects opérationnels si l'on veut que le
système fournisse des données valables pour toute la nation, mais
également au personnel des services statistiques qui doit être
tenu constamment au courant des questions concernant par exemple la
compilation, la présentation et la diffusion des données.
Toutefois, pour améliorer les capacités
du personnel, il faut aussi les sensibiliser sur les questions des droits de
l'homme.
Enfin, une formation de tous les acteurs du
système de l'état civil sur la conservation des archives ne
serait pas superflue ; c'est même une nécessité.
4.
3.3- Modernisation de l'état civil
De nos jours, les outils obsolètes de gestion de
la quasi-totalité des centres d'état civil du pays ne sont plus
adaptés pour répondre aux besoins administratifs et de gestion
desdits centres.
Dans le but donc d'améliorer les services rendus
à la population en matière d'établissement des actes de
naissance, « il est impératif que dans le cadre de
l'informatisation de la gestion opérationnelle et stratégique des
communes pilotées par la direction du projet inforoute des
collectivités locales du Burkina Faso (DPICOL), le gouvernement
procède à l'informatisation des services de l'état civil
en favorisant l'installation de logiciels de gestion de l'état civil
(GESTEC) dans l'ensemble des centres principaux de l'état civil pour
répondre aux exigences d'un système moderne », explique
un agent à Plan Burkina.
En effet, la mise en oeuvre d'une telle disposition
favoriserait :
- Une sécurisation, une fiabilité et une
disponibilité des données ;
- Une gestion efficace des registres ;
- Une disponibilité des statistiques ;
- Une amélioration de la qualité des documents
fournis aux citoyens ;
- Une réduction du traitement des actes de
naissances ;
- La reconstitution du passif des actes de
naissances ;
4. 4-
Effectivité et application des textes relatifs à l'enregistrement
des naissances
L'enregistrement universel des actes de naissance ne
peut être réalisé que dans un cadre légal et
efficace, harmonisant cet enregistrement avec les lois qui protègent
les droits des citoyens.
4.
4.1- Le calendrier des audiences
Selon les textes, les audiences des tribunaux ont lieu
au siège de ces juridictions aux dates fixées par voie
règlementaire sur proposition des assemblées
générales desdites juridictions. Le principe de la fixation des
calendriers des audiences participe entre autres de la volonté du
législateur de crédibiliser cette juridiction de proximité
et de la rendre accessible à tous en déterminant
précisément les jours d'audiences. Eu égard au rayon
d'action théorique des TD et des TA, l'application de cette mesure a
l'avantage d'éviter aux usagers des déplacements inutiles et
souvent coûteux.
4.
4.2- La gratuité de la justice
Les membres des tribunaux départementaux
reçoivent des indemnités de sessions payées par l'Etat. Ce
faisant, « ils ne doivent pas recevoir des requérants des
honoraires de quelque nature que ce soit », affirme le responsable de
l'état civil à la mairie de pô. En outre, il n'appartient
pas non plus aux requérants d'équiper les tribunaux
départementaux en matériel et fournitures de bureau. Du reste, la
loi dispose que les TD et les TA agissent en qualité de juridiction
gracieuse.
4.
4.3- La transcription des jugements déclaratifs d'acte et
Supplétifs d'acte de naissance dans les registres de l'année
L'établissement et la délivrance de
jugements supplétifs ou déclaratifs tenant lieu d'acte de
naissance pour combler le sous enregistrement des naissances par les TD et les
TA sont contraires aux dispositions de la loi.
En effet, l'article 123 du CPF dispose que lorsque le
délai pour faire la déclaration a expiré ou qu'il
n' a pas existé de registres, ou qu'il s'est avéré
impossible de retrouver l'acte , le défaut d'acte de naissance peut
être suppléé par jugement. Dans son dispositif, le
jugement déclaratif ou supplétif ordonne la transcription
sur le registre de l'état civil.
En somme, pour le 1er adjoint au maire,
lorsqu'une naissance n'est pas déclarée dans les délais
légalement prévus, le jugement qui supplée le
défaut d'acte ne constitue pas un acte de l'état civil. En effet,
le juge n'est pas habilité à dresser des actes de naissance. En
d'autres termes, si par exemple un jugement déclaratif de naissance est
rendu, l'individu qui l'intercepte avant sa transcription sur le registre ne
dispose pas d'un acte de naissance. Si l'on procède à une
comparaison, on peut indiquer que la déclaration de naissance n'est pas
l'acte de naissance en tant que tel. C'est lorsque l'officier de l'état
civil la reçoit et la porte sur son registre qu'est créé
l'acte de naissance.
Pour ce dernier donc, l'application de ces dispositions
est particulièrement nécessaire, voire incontournable si l'on
veut instaurer un service d'état civil efficace et crédible qui
permettra à l'administration de se débarrasser du fardeau de
jugements supplétifs, base de nombreux faux en matière
d'état civil.
4. 4.4- La présentation matérielle des
actes de naissance
L'exploitation des registres de naissance a
révélé quelques irrégularités. En effet,
elles ne sont pas toujours instrumentées conformément aux
dispositions du CPF.
Ainsi, les actes doivent être transcrits
immédiatement sur les registres (article 79 du CPF). La pratique qui
consiste à inscrire les déclarations des comparants sur un
registre provisoire, à faire signer en blanc sur les registres de
naissance et à recopier l'acte ultérieurement est
illégal.
4. 4.5- Clôture, vérification et
conservation des registres
Les registres doivent être clos et
arrêtés à la fin de chaque année par l'officier de
l'état civil. Il est responsable de la bonne tenue et de la conservation
des registres.
Il y a lieu de respecter l'obligation légale qui
veut que les registres soient établis en double exemplaires dont l'un
est conservé au centre principal d'état civil et l'autre
destiné aux greffes du tribunal. Dans le cadre de la surveillance du
service de l'état civil, les procureurs du Faso sont chargés de
s'assurer de la tenue régulière des registres de l'année
en cours et de veiller à ce que les registres des années
antérieures soient classés et déposés dans les
meilleures conditions de conservation.
Selon toujours ces acteurs, dans la pratique ce
contrôle est rarement exercé. Il est certain que les procureurs ne
disposent pas de moyens matériels et humains suffisants pour
effectivement exercer leur contrôle sur les centaines de registres qui y
sont tenus par les centres principaux d'état civil sans compter ceux des
centres secondaires.
Mais cet argument ne saurait justifier la situation
actuelle qui consiste à abandonner purement et simplement cette
attribution. Le procureur du Faso est garant de l'ordre public. Or l'ordre
public est toujours intéressé à ce que toute personne soit
pourvue au moins d'un acte de naissance régulier. Cet objectif ne peut
être atteint qu'avec la bonne tenue des registres de naissance. Le
procureur du Faso, constituant l'autorité supérieure en
matière d'état civil, doit veiller à la bonne tenue des
registres en exerçant effectivement son contrôle.
4. 4.6- Garantir la
gratuité de la déclaration et de l'acte de naissance
« La loi doit garantir la gratuité de
l'enregistrement et de la délivrance d'une copie de l'acte de naissance,
un point essentiel pour parvenir à un enregistrement
universel » selon le 1er responsable de la mairie.
L'administration, qu'elle soit locale ou nationale, doit résister
à la tentation de considérer l'enregistrement des actes de
naissance comme une activité génératrice de revenu. Car,
l'enregistrement des naissances bien que gratuit, fait souvent l'objet de
beaucoup de spéculations depuis la maternité jusqu'au centre
d'état civil.
4. 4.7- Les déclarants
En incluant «l'expression toute personne ayant
assisté à l'accouchement « poursuit le maire, le
législateur a entendu élargir le cercle des personnes
habilitées à faire les déclarations des naissances et ce,
dans le but d'augmenter le taux d'enregistrement des naissances. Cette
initiative est à soutenir dans la mesure où elle peut aboutir
à atténuer le phénomène de sous enregistrement des
naissances. Toutefois et ce, dans le but de renforcer cette mesure, la loi ne
devait pas omettre l'obligation qu'ont les chefs d'établissements
hospitaliers de déclarer les naissances survenues dans leurs
établissements.
Il faut par ailleurs revoir la pratique discriminatoire
qui consiste à ne pas recevoir les déclarations des femmes
célibataires (sans l'aval du géniteur).
En effet, enregistrer une naissance est une obligation
pour l'agent de déclaration, sauf si la
déclaration elle-même est fausse ou faite par une personne qui n'a
ni la qualité, ni la capacité de la faire, auxquels cas, c'est le
déclarant qui devra répondre pour les déclarations fausses
et non l'agent de déclaration.
En outre, la situation matrimoniale des parents de
l'enfant n'a aucune incidence sur la déclaration de la naissance de
l'enfant. Si l'agent doute de la paternité de l'enfant, il lui est
loisible, comme la loi le lui autorise, de porter sur la déclaration la
filiation du parent qui le reconnaît (la mère) et un tiret devant
le nom du parent inconnu (père).
4 .5- Décentralisation de l'état
civil : Réduction du rayon d'action théorique des centres
d'état civil et exploitation des données administratives
pour la création de centres secondaires d'état civil
Nombreux sont ces acteurs qui pensent que la
multiplication des centres secondaires d'état civil est une condition
nécessaire pour l'amélioration de l'accès des populations
à ce service. Cette stratégie pour eux consiste à
considérer la disponibilité des ressources humaines et
administratives locales pour élaborer une carte communale des centres
secondaires d'état civil. L'objectif visé est de réduire
autant que possible la distance qui sépare les usagers desdits centres
en élargissant la couverture de l'état civil dans la
collectivité.
Ainsi, tous les centres de santé pourront
d'office être érigés en centres secondaires d'état
civil et la réflexion se mènera au niveau local pour identifier
les autres démembrements de l'Etat susceptibles d'assurer cette
tâche. Pour le maire, si cette option était retenue, il serait
souhaitable, dans le cas où les enseignements secondaires et primaires
seraient cooptés, de tenir compte de la disponibilité du
personnel pendant les périodes des vacances et des congés
scolaires.
En effet, ces périodes ne doivent pas servir de
prétexte pour fermer les centres d'état civil au détriment
des usagers.
Selon la majorité de ces acteurs de
l'enregistrement des naissances rencontrée sur le terrain, le
regroupement de villages très proches à couvrir par un centre
d'état civil géographiquement situé en médiane est
également une alternative pour faire face à un éventuel
déficit de ressources. Tout le personnel qui sera commis pour assurer le
fonctionnement de ces centres devra au préalable subir une formation
adéquate et bénéficier d'une motivation financière
car le bénévolat est facteur d'incertitude quant à la
pérennité de ces centres.
Conclusion partielle
Cette deuxième et dernière partie nous a
permis de prendre connaissance de l'enregistrement des naissances dans le
département de Pô et mieux, de détecter les
différentes barrières à cet enregistrement. Les
principales sont entres autres l'ignorance et la méconnaissance de
l'importance de l'acte, la distance séparant le lieu de résidence
du centre d'état civil, le type de déclarant et le coût de
la déclaration et enfin le sous équipement et la rareté
des ressources des centres d'état civil. Elle nous présente en
outre, des recommandations que les différents acteurs de l'état
civil proposent pour faire de l'universalité de l'enregistrement des
naissances une réalité.
CONCLUSION GENERALE
L'enregistrement de sa naissance est un droit
fondamental de l'être humain. Non seulement il donne à l'enfant
une existence et une identité légalement connues, mais il est le
signe de son appartenance à une famille, une communauté, une
nation où l'enfant a sa place, et droit de participation ; Il est
la clé de certains autres droits, celui par exemple de
bénéficier des services de santé ou d'éducation,
offre une protection contre la discrimination et l'abandon, détermine le
traitement de l'enfant dans le système judiciaire. Il garantit à
l'individu, pendant toute sa vie, le droit de prendre part à la vie
sociale et politique de son pays.
On pourrait croire que le droit à
l'enregistrement de la naissance perd de son importance là où bon
nombre de familles sont implantées depuis des générations,
chaque individu étant bien connu dans sa communauté. Mais, avec
la mondialisation et la décentralisation qui s'accélèrent,
accompagnées des mouvements croissants de population tant sur le
territoire national qu'au- delà des frontières, posséder
une identité légale reconnue se révèle d'une
importance cruciale.
Dénier ce droit fondamental revient non
seulement à dénier le droit à une identité
énoncée dans l'article 7 de la convention relative aux droits de
l'enfant mais beaucoup d'autres droits auxquels peut prétendre chaque
citoyen. C'est pour faire face aux nombreux problèmes liés au non
enregistrement des naissances que notre étude s'est fixée comme
objectif principal de contribuer à un meilleur enregistrement des
naissances au Burkina Faso. Cet objectif nous a permis toutefois d'identifier
les principaux obstacles à l'enregistrement des naissances
particulièrement dans le département de Pô et
d'évaluer les connaissances des populations sur les droits de l'enfant
et particulièrement sur l'enregistrement des naissances et leurs
principales sources d'information. Il a en outre permis de déterminer
l'effet des frontières sur l'enregistrement des naissances et de mesurer
l'impact du non enregistrement des naissances sur le pays en
général et sur l'individu en particulier.
De l'étude réalisée donc, il
ressort que plus de la moitié des enfants identifiés n'ont pas
d'acte de naissance et la cause principale en est que l'acte de ces enfants n'a
jamais été établi. Tout le monde est unanime sur
l'importance du document mais les distances que doivent souvent parcourir
certains parents pour l'obtenir sont dissuasives. L'on note également le
coût élevé de la déclaration à la naissance
ajouté aux pratiques discriminatoires, (les femmes étant dans
l'incapacité de déclarer elles mêmes les naissances de
leurs enfants), toutes choses qui ne stimulent pas la fréquentation des
services d'état civil. De ce qui est des droits de l'enfant, il est
ressorti de l'étude que les populations connaissent la plupart de ces
droits, la principale source étant la radio. Toutefois, ils
considèrent ces droits comme un devoir et non comme une
obligation ; mais ils ignorent complètement le droit selon lequel
l'enfant doit être enregistré à sa naissance.
Cependant, pour nous résumer, l'on retiendra que
cette étude sur le département de Pô nous permet de dire
que la distance constitue un obstacle majeur à l'enregistrement des
naissances. C'est donc affirmer que l'hypothèse selon laquelle plus la
distance entre les centres d'état civil et les zones de résidence
de la population est grande, moins elle a tendance à enregistrer ses
naissances est vérifiée.
Les familles et les communautés n'ignorant pas
l'importance de l'enregistrement, méconnaissent de ce fait l'obligation
et l'importance de cet acte. Cette hypothèse qui disait que l'ignorance
ou la méconnaissance de l'obligation et de l'importance de
l'enregistrement de la part des familles et des communautés constituait
un frein à l'enregistrement des naissances serait donc partiellement
vérifiée.
Ensuite, des entretiens réalisés
auprès des différents acteurs, il ressort que les populations des
zones frontalières ont d'énormes difficultés en
matière d'enregistrement, étant confrontée à deux
systèmes d'état civil différents. Ainsi, notre
hypothèse qui dit que les populations des zones frontalières sont
souvent confrontées à deux systèmes d'état civil
différents est confirmée.
Non enregistré, l'enfant aura des
difficultés d'accès à une identité, une
nationalité, une éducation et à une scolarisation c'est ce
qui en est du moins ressortie lors de nos enquêtes
réalisées auprès des populations. Cette
réalité nous permet enfin de confirmer la dernière
hypothèse de notre étude selon laquelle, pour l'enfant, l'absence
de l'acte d'état civil est souvent une contrainte à
l'accessibilité à certains de ses droits.
En somme, l'hypothèse principale selon laquelle
plus les services décentralisés en matière
d'enregistrement des naissances sont faibles, plus il y aura un nombre
élevé de non enregistrés serait donc confirmée.
Il est essentiel que l'Etat ne néglige aucun
effort pour ouvrir le service de l'état civil à tous les
individus, quels que soient leur origine ethnique, leur opinion politique, leur
situation économique, leur langue, le lieu de leur résidence,
leur sexe, ou encore la situation maritale des parents. Il faut déployer
des efforts tous particuliers pour atteindre les enfants les plus
vulnérables : les orphelins, les enfants de femmes veuves,
célibataires ou divorcées, les enfants de parents
illettrés, ceux qui vivent dans des conditions économiques
précaires, ceux qui sont atteints du VIH/ SIDA ou d'autres maladies,
etc. L'Etat devra veiller aussi à ce que le droit à une
identité légale et complète ne soit pas refusé aux
enfants de réfugiés ou de travailleurs saisonniers nés sur
son territoire.
Les causes profondes du non enregistrement
identifiées dans la localité de Pô sont souvent d'ordre
économique ou politique ; c'est un point crucial en matière
de développement, auquel il faut s'attaquer en même temps
qu'à la lutte contre la pauvreté et pour l'accès universel
aux services de santé. Comme une planification réaliste du
développement visant à réduire la pauvreté et
à ouvrir à tous les services de base exige que l'on dispose de
données crédibles couvrant tous les groupes marginalisés,
l'enregistrement universel des naissances est essentiel non seulement pour
l'enfant, mais pour toute la nation.
Notre pays ne pourra améliorer la couverture de
son état civil que s'il a une volonté politique de changement
dans l'intérêt des enfants. Les mesures adoptées pour
augmenter la demande d'enregistrement de la part de la population doivent
s'accompagner des mesures qui permettront aux services de répondre
à cette demande. On peut stimuler la demande en faisant prendre au grand
public conscience des avantages de l'enregistrement et de l'acte de naissance,
en simplifiant les démarches et en permettant aux femmes, mariées
ou non, de faire enregistrer elles mêmes la naissance de leur enfant. Il
est essentiel enfin, que l'enregistrement de la naissance et la
délivrance du document si important qu'est le certificat, le bulletin ou
la copie de l'acte de naissance soient libres de toute taxe.
On peut répondre à la demande en
améliorant la coordination administrative, en privilégiant des
approches verticales faisant intervenir les acteurs à tous les
niveaux ; mais plus particulièrement à la base, dans la
communauté ; en adoptant ou modifiant des textes légaux, en
instaurant les moyens nécessaires, et dans les communes qui emploient
beaucoup les matrones, en formant celles-ci à promouvoir
l'enregistrement des naissances. On peut aussi maximiser le rendement des
ressources en jumelant l'enregistrement des naissances avec des services tels
que l'éducation ou la vaccination.
La mise en place d'un service d'état civil
opérationnel et la délivrance d'un bulletin de naissance à
chaque enfant sont des mesures à la portée de toutes les communes
de notre pays. Il ne faut pas laisser l'économie et la politique faire
obstacle à la délivrance systématique à chaque
individu de l'un des documents les plus précieux qu'une personne puisse
posséder. C'est important parce que l'enregistrement de chaque naissance
sur le territoire d'un pays est un pas vers le développement d'une
administration nationale à part entière, et aide à
consolider les fondements de la société civile. C'est important,
surtout, parce que c'est l'unique moyen de garantir à chaque enfant la
jouissance de son droit à une identité et une nationalité,
avec tout ce que cela implique.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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de langue française (AIDELF), décembre 2002, enfants
d'aujourd'hui, diversité des contextes, pluralité des
parcours : Colloque Internationale de Dakar vol 1 168p.
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enfants : honorer les promesses du sommet mondial pour les enfants.
Rapport du Secrétaire général de l'Organisation des
Nations Unies UNICEF, New York.
3- Dénis Hubert, Bertrand Desjardins, Jacques
Légaré, Nicole Marcil Gratton, les enfants de la
monoparentalité hier et aujourd'hui, 22p.
4- Dow, Unity (1998), L'enregistrement de la
naissance : le « premier » droit, dans UNICEF (1998),
le progrès des nations 1998, UNICEF, New York.
5- Eliwo Akoto, (2001), « Recording of
Births in Sub-Saharian Africa : What Stratégies can be Adopted to
improve on coverage ? » document préparé pour la
consultation sur l'enregistrement des naissances, avril 2001, centre de
recherche innocenti, Florence (Italie).
6- Hacheme, Françoise et Laourou, Martin
(1995), `Rapport du Bénin sur les systèmes
d'enregistrement des faits d'état civil et d'établissement des
statistiques d'état civil', Cotonou, contribution à l'atelier
organisé par la division des statistiques des Nations Unies sur les
stratégies pour accéléré l'amélioration des
systèmes d'état civil et de statistiques sanitaires, Maroc,
décembre 1995.
7- Boursin Frédérique, 1996,
les enfants du compromis entre logiques de survie et logiques
communautaires : Le cas des enfants et jeunes de la rue à
Ouagadougou, Mémoire de DEA option sociologie du développement,
133p.
8- MASSN, Mars 2002, la convention relative
aux droits de l'enfant en exercice pratique, 119p
9- MASSN, 1990, code des personnes et de la
famille, 215p.
10- MATD, Direction des études et de la
planification, Avril 2005, Atelier sur l'importance des statistiques
de l'Etat-civil, 14p.
11- Ministère de l'intérieur, Direction
de l'Etat-civil et de la population juillet 1990, l'état -civil
au Niger depuis la reforme de 1985, 44p.
12- Ministère de la Famille, du
Développement Social et de la Solidarité Nationale
(république du Niger), juin 2004, Rapport de l'enquête de
couverture de l'enregistrement des naissances, 44p.
13- Saka Adjowa Joséphine, 2003,
stratégies d'intégration des enfants de la rue : cas de la
ville de Ouagadougou, Mémoire de maîtrise, 184p.
14- Pakoun Lacina, 2003, déterminants
sociopolitiques de la pratique du travail des enfants : Etude de cas des
enfants travailleurs dans la menuiserie métallique et bois dans la ville
de Ouagadougou, Mémoire de Maîtrise, 92p.
15- Quivy Raymond et Luc Van Campenhoudt,
1995, Manuel de recherche en sciences Sociales, 286p.
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développement dans la province du nahouri, 112p.
17- Thioye Diene Ismail, 2005,
Cérémonie de lancement officiel de la campagne régionale
pour l'enregistrement des naissances en Afrique de l'Ouest et du Centre,
11p.
18- UNICEF, Carol Bellamy, 1999, la situation
des enfants dans le monde (éducation), 141p
19- UNICEF, FNUAP, OMS, Septembre 1996
Enquête à Indicateurs multiples : La situation des
enfants au Burkina Faso, 283p
20- UNICEF, Mars 2002, L'enregistrement
à la naissance : un droit pour commencer (Digest innocenti
n°9), 32p.
21- PLAN, UNFPA, UNICEF, Février 2004,
Enregistrement des naissances : La marche à suivre, 64p
22- UNICEF (2001), Progrès accomplis
depuis le sommet mondial pour les enfants, niveaux d'enregistrement des
naissances, estimations pour 2000, UNICEF, New York.
23- UNICEF, 2005, « The
Rights » Start to life, a statistical analysis of birth registration,
32p.
24- Zongo Sylvie, 2004 - 2005, Approche
anthropologique des accouchements à domicile dans le district sanitaire
du secteur 30 de Ouagadougou : Les cas du CMA du secteur 30 de Ouagadougou
et du CSPS de Koubri, Mémoire de Maîtrise, 130p.
ANNEXE 1
Questionnaire ménage
1.Région............................................................................. ...................
2. Province
............................................................................................
3. Commune Rurale
...............................................................................
4. Nom du village
.................................................................................
5. Nom et prénom du chef de
ménage............................................................
6. Niveau d'instruction du chef de ménage
1 aucun 2 CM 3 secondaire 4
supérieur
7. Taille du ménage (nombre de personnes
résidentes dans le ménage) /__/__/
8. Nombre d'enfants résidents (0-15ans) dans le
ménage /__/__/
9. Activité du chef de ménage
1 Cultivateur / éleveur
2 Commerçant 3 Salarié
4 Entrepreneur / profession libérale 5
Retraité 6 Autre (à préciser)
10. Tous les enfants ont-ils la preuve de leur
naissance ?
1 oui (passez à 13) 2 Non
3 N C (non concerné passer à 15)
11. Combien n'en ont pas ?
/__/__/
12. Pourquoi ? 1 perdu /__/__/ 2 n'a jamais
été fait /__/__/ 3 autres (à préciser)
13. Y a-t-il parmi ces preuves des jugements supplétifs
ou déclaratifs d'acte?
1 oui /__/__/
2 Non (passer à 15)
14. Pourquoi un jugement supplétif ou
déclaratif d'acte de naissance ?
1 délai de déclaration expiré
/__/__/ 2 absences de registre /__/__/
3 actes perdus /__/__/ 4
autres (à préciser)
15. Quelle est selon vous l'importance d'un acte de
naissance ? (Plusieurs réponses possibles)
1 avantages sociaux 2 accomplissement
de certains droits
3 preuve de son existence 4 autre (à
préciser)
16. Comment trouvez-vous la distance entre le lieu de
résidence et le centre
D'état civil le plus proche ?
1 grande 2 moyenne 3
petites
17. A combien de KM l'estimez-vous ?
1 (0 à 4km) 2 (5 à 9km)
3 (10km et plus)
18. Payez-vous des taxes ? 1 oui
2 non (passez à 21)
19. Citez-en quelques-unes.
1 taxes de résidence 2 taxes de
jouissance
3 autre (à préciser)
20. L'obtention de l'acte est-elle conditionnée par le
paiement de certaines de ces taxes ?
1 oui 2 non
21. Y a-t-il un délai pour le retrait d'un acte ?
1 oui 2 non (passer à 24)
3 Ne sais pas (passer à 24)
22. Quelle est à peu près cette
durée ?
/__/__/jours /__/__/semaines
/__/__/mois
23. Comment trouvez-vous ce délai ?
1 long 2 raisonnable 3
court
24. A combien estimez-vous le coût
d'établissement d'un acte de naissance ?
/________/FCFA
25. Comment trouvez-vous ce coût ?
1 élevé 2
raisonnable 3 faible
26. y a-t-il un délai pour l'enregistrement d'une
naissance ?
1 oui 2 non (passez à 29)
3 NSP (passer à 29)
27. Quel est le délai légal pour
l'enregistrement d'une naissance ?
/__/__/jours /__/__/semaines
/__/__/mois
28. Comment trouvez-vous ce délai ?
1 long 2 raisonnable
3 court
29. Qui fait généralement la déclaration
de naissance de vos enfants ?
1 père 2 mère (passer
à 32) 3 autres (à préciser)
5 toute personne ayant assisté à
l'accouchement 6 autres (à préciser)
30. La femme peut-elle enregistrer la naissance d'un
enfant ?
1 oui (passez à 32)
2 non
31. Pour quelles causes ?
1 tradition 2 religions
3 pratiques discriminatoires
4 autres (à préciser)
32. Sans acte ou jugement supplétif d'acte de naissance
peut-on se voir privé de certains de ses droits ?
1 oui 2 non
(passez à 34)
33. Quels sont ces droits ? (Possibilité de
plusieurs réponses)
1 soins de santé primaire 2
scolarisations
3 nationalité
4 autre (à préciser)
34. Avez-vous déjà entendu parler de droit de
l'enfant ? 1 oui 2 non (fin)
35. Citez-en quelques-uns.
36. Comment percevez-vous ces droits ?
1 une obligation 2 un
devoir
3 simple formalité 4
autre (à préciser)
37. Quelles sont vos principales sources d'information ?
(Possibilité de plusieurs réponses)
1 télévision 2 radios
3 amis
4 campagnes de sensibilisation
5 autre (à préciser)
ANNEXE 2
Questionnaire centre d'état
civil
I) Identification centre d'état
civil
1.
Région...........................................................................
2. Province
.........................................................................
3. Commune Rurale
...............................................................
4. Village /
secteur...................................................................
5. Type centre d'état civil.
1. centre principal 2. centre
secondaire
II) données générales sur le
centre d'état civil
6. le centre d'état civil est-il accessible à la
population en toute saison ?
1. oui 2.
Non
7. le centre d'état civil est-il alimenté en
électricité ?
1. oui 2.
Non (passer à 9)
8. Quel type d'électrification utilise t-il ?
1 central électrique 2 groupe
électrogène 3 autres (à préciser)
9. le centre d'état civil a-t-il une
clôture ?
1. oui 2.
Non (passer à 11)
10. Matériaux de construction (nature des murs)
1. banco 2. Banco amélioré
3. Semi dur
4. dur 5. Autre (à
préciser)
11 L'état général des bâtiments
1. bon 2. Acceptable 3.
Délabré
III) Equipements du centre d'état
civil
12. Avez-vous une armoire ? 1. oui
2. Non
13. Avez-vous une étagère ?
1. oui 2. Non
14. Avez-vous des classeurs ? 1. oui
2. Non
15. Avez-vous des ordinateurs ? 1. oui
2. Non
16. combien ? /__/__/
fonctionnels /__/__/ non fonctionnels
17. Existe-t-il un registre des naissances ?
1. oui 2. Non
18. Avez-vous une table alphabétique des
actes ? 1. oui 2. Non
19. Où rangez-vous vos archives ?
1. armoire 2.
Étagère 3. Cartons
4. à même le sol 5. Autre
(à préciser)
IV) Personnel du centre d'état
civil
20. Combien d'agents Votre centre d'état civil
compte-t-il?
/__/__/ agents municipaux /__/__/ agents de
l'état
21. Existe-t-il des bénévoles dans
votre centre ? 1. oui 2. Non (fin)
22. combien sont-t-il ? /__/__/
23. Reçoivent-ils une compensation ?
1. oui 2.non (fin)
Quelle est la nature de cette compensation ?
1 nature 2 espèce
25. A combien s'élève cette
compensation ? /_______/ FCFA
ANNEXE 3
Guide d'entretien agents d'état civil et
officiers d'état civil
1) Quel est l'importance que revêt l'acte
d'état civil qu'est l'acte de naissance ?
2) Pouvez-vous nous donner les procédures
d'établissement de l'acte de naissance de la déclaration à
l'enregistrement avec tous les frais qui l'accompagnent ?
3) Quelles sont selon vous les principales
barrières à l'enregistrement des naissances ?
4) Quelles sont les implications du non enregistrement
des naissances pour l'Etat en général et pour l'individu en
particulier ?
5) Etant dans une zone frontalière, pouvez-vous
nous dire les problèmes que vous rencontrez dans l'établissement
de l'acte de naissance avec l'effet des frontières ?
6) Quel est le budget annuel alloué par
l'état au compte de votre service d'état civil ?
(Officier).
7) Quelles solutions proposez-vous vous qui êtes
l'un des principaux acteurs de l'état civil pour un meilleur
enregistrement des naissances ?
* 1 Annan Kofi A, 2001
* 2 Plan, UNFPA, Unicef, 2004,
Enregistrement des naissances : la marche à suivre
* 3 Plan, UNFPA, Unicef, 2004,
Enregistrement des naissances : la marche à suivre
* 4 UNICEF, mars 2002,
innocenti n°9
* 5 UNICEF, 2002, Birth
Registration-Right From the Start
* 6 SP-CONAPO, 1993, Population
et développement à Pô
* 7 INSD, 1996, Rapport RGPH
* 8 INSD, 1985, Rapport RGP,
* 9 Ismail Thioye Diene, 2005
* 10 MED, 2006, Evaluation de
la situation des données administratives et de l'état
* 11 Code des personnes et de
la famille, MASSN, 1990
* 12 Evaluation de la situation
des données administratives et de l'état civil, MED, 2006
* 13 MED, 2006, Evaluation de
la situation des données administratives et de l'état civil
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