III.3. CONCLUSION
C'est bien là autant des conséquences
majoritairement néfastes auxquelles aboutissent les maltraitances
infligées aux enfants. Il s'agit notamment de : la division de la
famille, l'individualisme, l'échec scolaire et professionnel, la fugue,
la paranoïa, la tiédeur spirituelle voire l'athéisme,
l'inversion des valeurs et même l'inaptitude à comprendre la vie
normale, la haine de la famille, la difficulté de s'intégrer
à la société et à tisser des relations amicales,
simples et naturelles, et quelque fois, l'influence héréditaire
sur le caractère de la progéniture. Plusieurs personnes aigries,
frustrées et révoltées résultent des maltraitances
familiales.
Par ailleurs, toutes ces conséquences ne vont pas sans
rejaillir sur la société toute entière et sur le
développement socio-économique de celle-ci. Suite aux
maltraitances subies, Fred ne parvient pas à accéder à
l'indépendance économique et financière. Il vit dans la
forte dépendance à l'égard de sa famille. Non seulement il
constitue un poids pour celle-ci, mais aussi pour toute la
société, dont il refreine l'élan pour le
développement. Car il mène une vie vagabonde,
désoeuvrée et parasite.
Eu égard à ce qui précède, ne
pourrait-on pas considérer les maltraitances infantiles comme l'une des
nombreuses causes du sous-développement des peuples ? Le
développement des nations du tiers-monde, entre autres, ne passerait-il
pas nécessairement par une lutte acharnée des gouvernants
politiques contre ces maltraitances ? Cette lutte que mènent
déjà l'UNESCO et l'UNICEF ?
Cependant, il sied de souligner que le cas de Jean constitue
bien une exception aux conséquences des maltraitances. Devenu un
révolté suite aux maltraitances subies. Toutefois, il en garde
quelques traces. Les mauvais traitements lui infligés par Folcoche ont
ravivé en lui la soif de l'indépendance financière. Mal
à l'aise sous le tout parental, Jean ne rêve que d'une
chose : s'évader pour vivre le bonheur sous son propre toit et
réaliser toutes ses volontés.
Mieux encore, ces maltraitances ont aiguisé en Jean une
allergie contre l'injustice. Dans sa vie conjugale, Jean est un père
totalement acquis à la cause de la justice, puisque lui-même a
vécu dans sa chair les affres de l'injustice.
Peut-être toutes les victimes des maltraitances
devraient-elles s'inspirer de l'exemple de Jean. Plutôt que de
perpétrer le cercle vicieux de ces mauvais traitements (cf. le
mécanisme opprimé-oppresseur), Jean décide de briser un
maillon de cette chaîne. Il cherche à offrir à sa
descendance un monde différent de celui qu'il a connu, un monde
meilleur. Etre parent, signifierait peut-être cela.
Seulement, il n'est pas facile d'échapper au spiral des
maltraitances. Même Jean y parvient au prix d'énormes efforts.
Comme pistes de solution aux conséquences de la maltraitance des
enfants, Hervé Bazin nous propose la révolte, l'amitié,
l'amour vrai et le mariage, sans oublier l'expérience d'une famille
chaleureuse. Pour lui, la famille est non seulement le lieu de la frustration,
mais aussi de l'épanouissement, à condition que l'on soit
déterminé à mettre fin au cycle de violences et que l'on
se résolve à prendre en main sa vie, à travers ses
études, son travail et ses relations humaines.
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