II.6. CONCLUSION
Il est humain qu'un parent ait des préférences
parmi ses enfants. Mais la sagesse veut qu'il n'en laisse rien
transparaître. Cela dans le but d'offrir à tous les mêmes
chances d'épanouissement et, surtout, d'éviter de créer
entre eux des jalousies qui pourront plus tard se révéler
fatales. C'est ce que témoigne l'histoire dramatique de cette famille
bourgeoise où l'infidélité a causé de grands
ravages.
D'un bout à l'autre du roman, il nous est
présenté « Folcoche » aux prises avec ses
enfants, Fred et Jean, en recourant à des méthodes perverses. Le
héros du roman, Jean, est en quête du bonheur. Mais comment y
parvenir dans cette famille où la mère s'est muée en
marâtre !
L'environnement semble avoir joué un rôle
très déterminant dans la maltraitance infligée à
Fred et à Jean par leur mère. Paule Rezeau ne serait pas ainsi
une simple victime, impuissante, des évènements. Aussi a-t-elle
sa part de responsabilité. Et cette part, qui est également la
vraie raison de ces maltraitances, c'est son infidélité.
Loin d'être dû aux multiples opérations
qu'a connues Folcoche dans son enfance ou aux dix-huit années de sa
jeunesse passées dans un pensionnat, le comportement de Paule Rezeau a
été influencé par son adultère. Une faute qu'elle
n'a pas voulu reconnaître ni avouer. La nostalgie de son amour perdu l'a
rendue cruelle, vengeresse à l'égard de ceux qui n'en faisaient
pas partie.
Cette femme de marbre, apparemment insensible, en cachait une
autre plus sensible à la joie et au bonheur. Une femme qui une fois de
sa vie a connu « le vrai bonheur » et n'a plus voulu le
lâcher. C'est ce qui explique son attachement à Marcel, son
bâtard de fils, qui représentait bien ce bonheur nostalgique.
Elle s'est cru le devoir de le protéger, lui qui ne tenait que d'elle et
dont le bonheur lui était intimement lié, en tout et pour tout.
Durant plus de vingt ans de vie conjugale, elle a caché cela
soigneusement à son mari et à ses autres enfants.
Seulement, l'environnement n'explique pas tout. Car
l'opiniâtreté avec laquelle Paule Rezeau a cherché à
miner et à casser l'avenir de ses enfants, Jean et Fred, ne saurait
s'expliquer uniquement par l'adultère. En pareil cas, d'autres
mères se comporteraient différemment. La cause de ces
maltraitances serait aussi à rechercher dans
l'hérédité. Déjà en lui-même, Jean
Rezeau a découvert la preuve de la fausseté de cette philosophie,
qu'il qualifie d'hérétique, selon laquelle « l'homme
est naturellement bon ». Jean connaît ses perversions,
certaines qui sont innées en lui et d'autres acquises.
Bien plus, l'évolution scientifique actuelle a su
prouver qu'un enfant pouvait hériter du tempérament de ses
parents. C'est ce que nous mentionnons dans le chapitre suivant quand nous
montrons l'influence de l'hérédité sur le caractère
de Fred, Marcel et Jean. Un enfant est susceptible d'hériter de la
brutalité, de la nervosité voire de la criminalité de ses
ascendants. Sur cela les découvertes au sujet de l'atavisme en disent
long.
Toutes ces maltraitances ont des conséquences
désastreuses sur l'avenir de la famille Rezeau, en
général, et plus particulièrement sur celui des enfants
Rezeau. C'est cela qui constitue l'objet du troisième chapitre.
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