2.2 - Limites des précédentes
études
Les études qui ont fait l'objet de notre revue de
littérature portent pour la plupart sur pays d'Europe de l'Est, les pays
d'Amérique latine et d'Asie orientale. Seules les travaux
réalisés par Battacharya (1997) et Kouadio Y. M. (2003) ont
porté exclusivement sur des pays d'Afrique subsaharienne. Mais ces
études n'ont pas intégré, à l'instar de celle
d'Agenor P.
-R. et al. (2000), l'indice risque politique
parmi les facteurs internes susceptibles d'expliquer les flux d'IDE en Afrique.
En même temps, ceci soulève la complexité d'une telle
étude dans la mesure où de nombreuses variables comme celle
reflétant par exemple les procédures administratives pour
l'installation d'une filiale d'entreprise étrangère sont
difficiles à mesurer. Nous essayerons dans la suite de prendre en compte
la variable reflétant la situation politique.
Une autre limite de ces études réside dans la
taille de l'échantillon d'étude. En effet, la plupart de ces
études sont très souvent réalisées à partir
d'échantillon de taille faible Iiconvient de rappeler que
lorsque l'échantillon est de grande taille, les résultats sont
plus
précis et on a la possibilité de réaliser
des tests asymptotiques (à distance infinie) lorsque les
hypothèses formulées ne marchent plus à distance finie.
CHAPITRE III : DONNEES, VARIABLES ET METHODES
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Dans ce chapitre nous procèderons à la
recherche factorielle des déterminants des flux d'IDE en Afrique
subsaharienne. L'avantage d'une telle approche réside dans sa
capacité à révéler, parmi les variables
suggérées par la théorie économique et compte tenu
de la qualité des données disponibles, celles qui pourraient
expliquer de façon significative le phénomène
étudié.
Pour y parvenir, nous adopterons une démarche
progressive qui consistera dans un premier temps à décrire
l'évolution des flux d'IDE ainsi que leurs destinations. Enfin, nous
sélectionnerons les variables explicatives grâce à
l'Analyse Factorielle Discriminante (AFD).
3.1 - Données et variables 3.1.1 - Les
données
L'analyse que nous effectuons s'appuie sur des données
de 23 pays d'Afrique subsaharienne et couvrant la période 1970-1998. Il
faut dire que les pays ont été choisis en fonction de la
disponibilité des informations statistiques sur les investissements
directs étrangers sur toute la période et les variables
susceptibles de les expliquer. La liste de l'échantillon des 23 pays
avec les symboles utilisés par la banque mondiale est la suivante : le
Bénin (BEN), le Burkina Faso (BFA), le Botswana (BWA), la
République Centrafricaine (CAF), la Côte d'Ivoire (CIV), le
Cameroun (CMR), le Ghana (GHA), la Gambie (GMB), le Kenya (KEN), le Madagascar
(MDG), le Malawi (MWI), le Mali (MLI), l'Ile Maurice (MUS), le Niger (NER), le
Nigeria (NGA), le Sénégal (SEN), le Swaziland (SWZ), le Tchad
(TCD), le Togo (TGO), l'Afrique du sud (ZAF), la République
démocratique du Congo (ZAF), la Zambie (ZMB) et le Zimbabwe (ZWE).
Les données de l'étude proviennent de
différentes sources ainsi qu'on le voit à travers le tableau 4.
Elles ont été compilées sous Excel avant leurs transferts
vers d'autres logiciels pour analyse.
3.1.2 - Les variables et leurs mesures
Les variables économiques ont été
choisies en rapport avec la théorie et les travaux antérieurs
concernant les déterminants des IDE et tenant compte de la contrainte
qu'impose la disponibilité des statistiques. On peut distinguer les
variables externes et internes. Les variables internes ne varient que selon les
années tandis que les variables externes sont fonction du pays et de
l'année. Les variables valeur ajoutée industrielle et agricole
sont exprimées en millions de $ US constant 1995 tandis que la variable
exportation de pétrole est exprimée en milliers de tonnes.
Concernant les variables politiques, nous en avons retenu une
seule en fonction de la disponibilité des données, à
savoir l'indice risque politique. L'indice risque politique est celui
élaboré par l'ONG Freedom House. Il s'agit d'un indice composite
qui permet d'établir un classement de pays selon leurs degrés de
liberté.
Encadré 2 : L'indice de risque politique
élaboré par Freedom House1
Freedom House est une Organisation non gouvernementale
américaine dont le siège est à Washington. Elle fût
créée il y a 60 ans par Eleanor Roosevelt, Wendell Willkie et
d'autres américains dans le but d'oeuvrer pour la paix et la
démocratie dans le monde.
Leur indice de risque politique tient compte de :
· La nature des élections politiques
(démocratique ou non) ;
· La liberté de la presse ;
· La liberté d'association ;
· La liberté du système judiciaire
;
· La liberté d'entreprise ;
· etc.
Lorsque la valeur de l'indice est comprise entre :
- 1,0 et 2,5, il y a liberté dans le pays ;
- 3,0 et 5,5, il y a liberté en partie dans le pays
;
- 5,5 et 7,5, on considère qu'il n'y pas de
liberté dans le pays.
|
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Pour que l'investissement étranger soit rentable dans
le pays bénéficiaire, il faut qu'il y ait des travailleurs
qualifiés au niveau des entreprises. La variable qui peut traduire le
niveau du capital humain est le taux d'alphabétisation des adultes (15
ans et plus). C'est pourquoi nous l'avons retenue parmi les variables
d'étude. Concernant le traitement des valeurs manquantes, nous avons
utilisé la méthode de l'imputation déterministe.
Cette méthode consiste à attribuer à la valeur manquante
la moyenne des valeurs disponibles. Le tableau 4 présente les variables,
les signes attendus et les sources.
Le niveau d'investissement direct sera par moment
normalisé en le divisant par le PIB. Ceci nous permet d'ajuster le
niveau d'investissement à la dimension de l'économie du pays
capturée par le produit intérieur. Cette transformation se
justifie par au moins deux raisons :
· Elle permet de meilleures comparaisons entre les pays.
Par exemple, comparer simplement le niveau d'IDE du Nigeria à celui du
Swaziland n'est pas correcte parce qu'il existe une extrême
différence dans les dimensions des deux économies.
· Deuxièmement, le niveau du PIB d'un pays est
probablement pertinent par rapport au montant d'IDE qu'il peut recevoir. A
l'inverse, une grande dimension de l'économie implique plus
d'opportunités d'investissement. Si le PIB est inclus comme une variable
indépendante, on aura des problèmes statistiques sur la
qualité des estimateurs.
Tableau 4 : Les variables
d'étude
Variables
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Définitions
|
Signes attendus
|
Source
|
Variable expliquée
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|
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Investissements directs étrangers en % du PIB
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|
Cnuced
|
Variables explicatives
|
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PIBIND
|
Taux de croissance du PIB réel des pays
industrialisés
|
-
|
Statistiques financières internationales, FMI
|
TIF
|
Taux d'intérêt du marché monétaire
français
|
-
|
|
Taux d'intérêt du marché monétaire
britannique
|
-
|
Yearbook, United Nation
|
VARIABLES INTERNES
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T_PIB
|
Taux de croissance économique
|
+
|
World Bank Africa Database 2000 CD ROM
|
T_DEMO
|
Taux de croissance démographique
|
+
|
|
Taux d'investissement
|
+
|
|
Crédit local fournit au secteur privé en % du
crédit total
|
+
|
|
Balance des opérations courantes en % du PNB
|
+
|
|
Taux d'ouverture de l'économie
|
+
|
|
Valeur ajoutée industrielle
|
+
|
|
Valeur ajoutée agricole
|
+
|
|
Exportations de pétrole
|
+
|
|
Taux d'alphabétisation des adultes (15 ans et plus)
|
+
|
|
Service de la dette en % des exportations
|
-
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Taux d'inflation
|
-
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Indice de risque politique
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-
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Freedom house
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