La théorie des cycles dans la controverse entre Keynes et Hayek( Télécharger le fichier original )par Ousmane Thiané DIOP Paul Cezanne Aix en Provence - Master II Philosophie Economique 2007 |
Section II : Biographie de HayekFrederich Hayek est né en 1899 à Vienne. Il fera des études en droit (diplômé en 1921), en Sciences Politiques et s'adonnait à la psychologie avec enthousiasme. Il portera un intérêt à d'autres disciplines telles que l'économie, la philosophie. Deuxième génération de l'école autrichienne avec Mises, Hayek fut marqué par Carl Menger (1840-1921), par Eugène Von Bohm Bawerk et Von Wieser qui fut son maître à penser malgré le fait que ce dernier n'était pas un ardent défenseur de la cause libérale. C'est auprès de ce Wieser que Hayek trouvait paix et pleine satisfaction, ainsi que la personne qu'il put respecter et prendre pour modèle tandis que Mises qu'il connut plus tard l'honora de son amitié et lui soumettait des sujets économiques que Hayek fut capable de traiter à sa satisfaction et de prolonger de façon autonome, souvent 20(*)indépendamment de lui... Hayek est un pur produit de l'école de Vienne. Probablement, il représente la synthèse de tout ce qu'elle a produit de meilleur. Le Professeur Bornier, rendant compte sur l'ouvrage de Bruce Caldwell consacrée à une biographie intellectuelle de Hayek en fait allusion en présentant la première partie : « Cette première partie constitue une introduction précieuse aux idées autrichiennes et aux débats auxquels ont participé les pères fondateurs de l'école, c'est-à-dire non seulement Carl Menger mais aussi ses élèves Boehm Bawerk et Wieser, puis la troisième génération, celle de Schumpeter (un apostat selon Caldwell- qu'on ne contredira pas sur ce point) et Mises. Elle ne contient pas d'innovations spectaculaires mais situe de manière très adéquate le terrain sur lequel l'esprit de Hayek va se former. » Les sources principales de documentation pour les travaux de Hayek en économie furent les oeuvres de Mandeville, de Mises, de Boehm Bawerk ,Wieser, Menger qui furent une mine de théories et de points de vue aussi précieux les uns que les autres. Meme Sraffa lui reconnaît cette vertu: « Dr Hayek himself, in an excellent introductory lecture, in which he traces in the history of thought the source of his own doctrine, is a model of clearness. [1932, p.42] D'ailleurs c'est sur la recommandation de Wieser que Hayek sera embauché par Mises dans un organisme gouvernemental. Il le convaincra de se rallier à la philosophie libérale de l'école de Vienne. Ensemble, ils publieront la théorie des marchés en affirmant que le socialisme ne pouvait pas perdurer car les planificateurs se sont privés du système d'information. Dans cette même période, vers les années 1923-4, il se rendit aux Etats-Unis d'où il revint s'inquiétant du fait que la phase d'expansion et de stabilité des prix ne peut perdurer et qu'une crise naîtrait de la politique d'argent facile. Il s'opposera à Keynes à travers une correspondance à laquelle ce dernier mit fin en convoquant la nécessité de se focaliser sur l'essentiel, c'est-à-dire user de son temps pour affiner ses théories... Dans le journal de la London School of Economics, il dit : la pensée de Keynes a pour principal défaut d'éliminer systématiquement la prise en compte des multiples interrelations de prix que constitue le monde réel Un autre dira :«Hayek disagreed with Keynes on both theory and policy. But it was Keynes's methodological approach; specifically his use of aggregates, that Hayek came to view in retrospect as being his opponent's most dangerous contribution. (...) Aggregates mask the movement of relative prices, and relative price movements are the central foci of Austrian theory» (Caldwell 1995, p. 42-43). D'origine autrichienne, il est nommé en 1931 Professeur à la London School of Economics (LES) après la série de conférence qui fut à l'origine de Prix et Production. Pour certains analystes, la venue de Hayek à la LSE avait pour objet de contrebalancer l'influence de Keynes. En 1938, il obtient la nationalité anglaise. Tout à fait fidèle au caractère dispersé de ces premières années d'étude, Hayek maintenait cette tradition à concentrer ses recherches dans tous les domaines de la réalité sociale. A ce propos, il indiquait : « Personne ne saurait être un grand économiste en étant seulement économiste et je suis même tenté d'ajouter qu'un économiste qui n'est qu'économiste peut devenir une gêne si ce n'est un danger. » Cette tendance devint institution et il devait être assez rare très certainement que l'humanité affronte des problèmes majeurs pour lesquels Hayek ne pouvait proposer une solution digne d'attention. C'est ainsi qu'il proposa une théorie de l'evolution culturelle, une théorie sur la justice distributive, une philosophie politique, des considérations épistémologiques, méthodologiques... Steele fera le commentaire suivant: In the postwar decades, Hayek's work in political theory, jurisprudence and liberal philosophy broadened his economics into a rich social theory of human action, and he took time to expose the dangers that he believes are inherent in the enlargement of the state activity to the detriment of liberalism.» Tandis que le Professeur Bornier renchérira en ces termes:« D'économiste praticien, spécialiste de la conjoncture, il devient avec des travaux de méthodologie et de philosophie morale un touche à tout des sciences sociales21(*). » Personne prestigieuse, mais aussi solitaire à l'époque dans ses efforts de défendre l'ordre spontané malgré l'absence de conditions favorables à l'écho de ses écrits, Hayek mit en bandoulière sa dimension extrémiste en poursuivant ses analyses et en y reniant le moindre iota jusqu'à ce que l'échec des politiques keynésiennes au milieu des années 70 n'exhumassent l'esprit critique aussi bien des académiciens que des praticiens des affaires de l'Etat. Une maxime venait d'être vérifié. Freud au début du XXeme siècle alors que sa pensée était source de méfiance disait : « il est inutile qu'une science ayant quelque chose à offrir recherche auditeurs et partisans. Ses résultats doivent parler pour elle, et elle peut attendre qu'ils aient fini par forcer l'attention. » . Toutefois, dans ce débat, Keynes en sortit momentanément vainqueur car la Théorie Générale fut un véritable succès et Hayek qui regrette de ne l'avoir pas critiqué sombra dans l'oubli. C'est ainsi qu'il justifia cet état de fait : « Mes idées pouvaient difficilement être acceptées tant par les hommes politiques que par leurs conseillers puisqu'elles conduisaient à dénoncer le caractère pernicieux de toute politique de management monétaire ou budgétaire. À l'inverse, les théories de Keynes avaient pour principal attrait de promettre un nouvel âge d'or dont l'artisan serait l'économiste. » Après la mort de Keynes en 1946, une année plus tard, il créa en Suisse la Société Mont Pèlerin qui est à bien des égards assimilable à un gendarme du libéralisme. Cette société compta parmi ses membres plusieurs lauréats du prix Nobel d'économie tels Gary Becker, James Buchanan,George Stigler...En 1974, Hayek reçut à Stockholm le prix Nobel d'économie en même temps que le suédois Myrdal22(*) et mourut en 1992. Oeuvres Price and production 1931 Monetary theory and the trade 1933 Economics and knowledge 1937 Road of serfdom 1944 The use of knowledge in society 1948 Individualism and economic order 1948 The sensory order 1952 The constitution of liberty 1960 Competition as a discovery procedure 1978 Law, Legislation and liberty 1973 Denationalisation of money 1976 The fatal conceit 1988
* 20 En développant les travaux de Mises, Menger et autres, Hayek nous indique que la connaissance n'est pas statique. Elle est constamment mobile, en évolution. Ce développement s'exprime par le mouvement qui va de l'intuition vivante à la pensée abstraite et d'elle à la pratique. Tel est le chemin nécessaire de la connaissance du vrai, de la réalité objective que notre cerveau a pour mission de refléter grâce au caractère sélectif de la réflexion par opposition aux velléités de généralisation abusive de l'inconscient.
* 21 Le seul terrain qu'il ne semble n'avoir jamais essayé de conquérir semble être l'économie du développement et cela devrait être lié au rôle primordial qu'y joue la puissance publique. Il ne serait pas surprenant de voir l'émergence de faculté où on enseignerait que la pensée de Hayek and Co. * 22 Ils se sont laissés aller à des diatribes qui ne font vraiment pas la fierté de notre discipline : « On se souvient que Gunnar Myrdal, co-laureat avec Hayek du Prix Nobel d'économie en 1974, avait déclaré peu aimablement que ce dernier n'ait « certainly never been much troubled by epistemological worries », provoquant d'ailleurs chez l'interessé une riposte aussi peu civile que l'attaque : « I don't think he has ever been a good economist. » Bornier, J.M (Recension d'ouvrage). |
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