CHAPITRE I: CADRE THEORIQUE SUR LE TAUX DE CHANGE ET
LA
BALANCE DES PAIEMENTS
I.1 LA NOTION DE LA BALANCE DES PAIEMENTS
I.1.1 Definition et presentation de la balance des
paiements
Selon JALLADEAU et DORBAIRE (1998 :91), la balance des
paiements est un état statique qui enregistre sous forme comptable
l'ensemble des flux d'actifs réels, financiers et monétaires
entre les résidents d'un pays et les nonrésidents, au cours d'une
période donnée. La présentation de la balance des
paiements suit le principe de la comptabilité en partie double. Ceci
signifie qu'une même opération est comptabilisée deux fois:
en tant que flux réel et en tant que flux monétaire, contre
partie exacte de ce flux réel. Il en résulte un nécessaire
équilibre de la balance des paiements. C'est donc par abus de langage
que l'on parle le déficit ou l'excèdent de la balance des
paiements. Il s'agit bien souvent de la somme du solde des transactions
courantes et du solde des flux financiers.
Sans trop entrer dans les détails de
présentation comptable, disons que la balance des paiements peut
être divisée en cinq balances partielles si l'on groupe les
paiements internationaux d'après leur nature (HEERTJE et Al,
2003 :309). Des paiements de l'étranger à notre pays, c'est
à dire les montants qui entrent au Rwanda sont inscrits à gauche,
au crédit de la balance; les paiements de notre pays à
l'étranger, c'est-à-dire les montants qui sortent du pays, sont
inscrits à droite au débit (Voir schéma d'une balance des
paiements,
p.9).
L'ensemble de la balance commerciale, la balance des services,
la balance des revenus du capital, qui peut inclure aussi les revenus du
travail, en y ajoutant les transferts courants, qui sont des flux qui n'ont
aucune contre partie comme les dons au profit des résidents, est
appelé balance des paiements courants ou encore balance des transactions
courantes. Le solde de
cette balance des paiements courants qui peut être
déficitaire, excédentaire ou nul, est appelé solde des
transactions courantes. La somme du solde de la balance des paiements courants
(Sc) et du solde de la balance des capitaux (Sk) met en lumière
l'excédent ou le déficit total de la balance des paiements avec
l'étranger. Un excédent de notre balance des paiements accroTt
nos réserves de devises, appelées encore réserves de
change, un déficit les diminue. Ces variations sont portées dans
la balance des réserves de change officielles détenues
principalement par la banque centrale (BREMOND et SALORT, 1986 :129).
Le solde global (S) de la balance des paiements est
égal a la variation des réserves de change (ARC), si nous
admettons pour simplifier que les agents privés ne détiennent pas
de devises. Le solde global est égal (au signe près) au solde de
la balance des réserves officielles (BRO). Ces réserves d'or et
de devises augmentent ainsi que la position auprès du FMI s'il y a
excédent de la balance des paiements, s'il y a déficit elles
diminuent. Donc S = Sc + Sk = ARC.
Après la balance des capitaux (appelé aussi le
compte capital et opération financière) vient la rubrique des
erreurs et omissions, pour tenir compte des transactions qui ont
échappé a la comptabilité nationale et des
éventuelles erreurs. Remarquons que l'accroissement de la position d'or
et de devises est inscrit au début alors qu'au contraire la diminution
est inscrite au crédit. La balance des paiements est toujours
formellement en équilibre, les débits sont égaux aux
crédits.
Cet équilibre formel ou comptable résulte de la
comptabilisation en partie double. Cet équilibre formel ne signifie pas
qu'il règne un équilibre matériel ou économique,
l'ensemble des mouvements courants et des mouvements des capitaux peut montrer
un déficit ou un excédent. D'après TAYEBWA (1996 :236), il
y a déséquilibre lorsqu'un déficit ou un excédent
de la balance de paiements persiste durant une période prolongée
et cause une diminution ou un accroissement continu des réserves d'or et
de devises.
Figure 1: Schema d'une balance des paiements
Crédit 1. Balance des biens ou balance commerciale
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Débit
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(Recettes)
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(Dépense)
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2. Balance des services Solde
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Crédit
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Débit
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Recettes résultant de services Paiements résultant
de service
rendus par le Rwanda. rendus par l'étranger au Rwanda
Solde
Crédit
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3. Balance des revenus du capital
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Débit
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Intérêts, dividendes, etc. recus.
Intérêts, dividende, etc. payés.
Solde
Balance des paiements courants
4. Balance des capitaux
Crédit Débit
Investissements directs et achats Investissements directs et
achats de
de valeurs mobilières par l'étranger valeurs
mobilières a l'étranger par le
au Rwanda, prêts recus. Rwanda, remboursement de dettes
antérieurement accordées par l'étranger
Solde
=Excédent ou déficit total
5. Balance des reserves officielles
Crédit Débit
Sortie d'or et de devises, diminution de la Afflux d'or et de
devises,
position auprès du FMI. augmentation de la position
au près du FMI.
Solde
=Balance des paiements totaux
Source: HEERTJE, A. et Al., Principes
d'Economie politique, Bruxelles 4éd, 2003, p.310.
1.1.2 Equilibre materiel de la balance des paiements et
la balance de base
L'équilibre matériel de la balance des paiements
peut être évalué à l'aide du solde de la balance des
paiements courants et du solde de la balance des capitaux. Comme le dit HEERTJE
et Al (2003 :312), il est possible que la balance des paiements soit
en équilibre matériel sans variation ni de la position de devises
ni de la position auprès du F.M.I. Un tel résultat ne peut
être obtenu que si le solde de la balance des transactions courantes est
compensé par un solde de la balance des capitaux d'un même
montant, par exemple un solde créditeur (excédent) des
transactions courantes suffit pour couvrir un solde débiteur
(déficit) des mouvements des capitaux.
Mais cette définition de l'équilibre de la
balance des paiements reste critiquable. En effet une situation dans la quelle
un déficit important des transactions courantes est comblé grace
à l'action des crédits commerciaux temporaires et à court
terme par l'étranger, est un équilibre authentique. Cet
équilibre n'existe cependant que grace à l'importation temporaire
des capitaux. Si éventuellement ces crédits étaient
subitement supprimés, le déficit des transactions courantes
devrait être réglé par une diminution des réserves
de devises du pays.
Pour rendre l'analyse de l'équilibre de la balance des
paiements moins dépendante de tels facteurs temporaires ou occasionnels,
on a introduit le concept de la balance de base. Cette dernière
représente l'ensemble des opérations à long terme de la
balance des paiements, c'est-à-dire la balance des transactions
courantes et les mouvements des capitaux publics et privés à long
terme (NAGLES et ROLAND, 1991 :96). De cette manière, ce ne sont pas les
facteurs occasionnels qui sont mis en relief, mais surtout les facteurs
structurels. C'est pourquoi les mouvements de capitaux sont divisés en
transactions de nature structurelle d'une part et de caractère plus ou
moins occasionnel d'autre part. On parle d'équilibre de la balance de
base si le solde
des transactions courantes est compensé par les soldes des
mouvements de capitaux structurels.
I.1.3 Les causes de rupture de l'equilibre de la balance
des paiements.
Les causes peuvent être de nature conjoncturelle,
liées a des événements accidentels ou la
conséquence de mouvements des capitaux. I.1.3.1 Les causes de
nature conjoncturelle
Les causes du déséquilibre de la balance des
paiements peuvent être de nature conjoncturelle, comme l'augmentation des
salaires dans le pays partenaire qui accroTt le revenu des étrangers. Il
s'en suit une augmentation des exportations du pays vers l'étranger. Les
importations dans le pays étranger dont le salaire a augmenté
peuvent devenir chères et les résidents choisissent de consommer
les produits locaux a la place des produits étrangers qui sont devenus
chers. Alors le déficit possible de la balance des paiements du pays
partenaire est accompagné d'un excédent de notre balance des
paiements (JALLADEAU et DORBAIRE, 1998:210).
Ceci fait que le pays partenaire a des obligations de
paiements envers notre pays, ce qui cause un afflux continu de devises vers les
banques des dépôts locales. La banque centrale ne peut alors
empêcher l'échange de ces devises, et par suite l'accroissement de
la quantité intérieure de la monnaie. Ce phénomène
est inflationniste notamment en cas de plein emploi de l'appareil productif.
L'accroissement de la demande étrangère mène a en
excèdent de la balance des paiements du pays. Inversement le
déficit de la balance des paiements peut se produire par suite d'une
diminution de la demande, diminution qui peut naltre par exemple d'une baisse
d'activité économique dans le pays étranger (NAGLES et
ROLAND, 1991:99).
I.1.3.2 Les causes ayant un caractère structurel
I.1.3.3 Les causes accidentelles
Les causent des déséquilibres de la balance des
paiement peuvent être des catastrophes naturelles, les mauvaises
récoltes, les révolutions et les guerres peuvent provoquer un
déficit persistant de la balance des paiements.
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