II- Une politique de l'Etat en matière de sport
Le sport représente, selon Christophe Chiclet et ses
collaborateurs, un << phénomène de masse >> dans tous
les Etats et constitue l'un des secteurs ciblés révélateur
de leur développement. Cette importance majeure accordée au sport
a encouragé les Etats à mettre en place des plans d'actions pour
optimiser l'exploitation de ce secteur, notamment après la
deuxième guerre mondiale. En effet, << après la 2ème
Guerre mondiale et le mouvement de colonisation, le sport devient le porte
drapeau des nouveaux nationalismes en particulier dans le monde arabe
1>>. Le cas de la Tunisie s'inscrit bien dans la lignée
de cette logique adoptée à l'aube de l'indépendance.
En effet, l'idée d'une politique de l'Etat en
matière de sport en Tunisie n'a vu le jour qu'après
l'Indépendance acquise en 1956. Le Président Habib Bourguiba,
conscient que le sport est un vecteur de l'épanouissement social, a
essayé de le valoriser au même titre que l'éducation et
l'enseignement, afin de lutter contre le sousdéveloppement. Le chef de
l'Etat s'est basé à l'époque sur l'idée selon
laquelle : << Sans le sport, l'éducation de la jeunesse serait
incomplète >>. En ce sens, le sport est considéré
comme un phénomène qui contribue au relèvement de la
société et à son changement. Dans cette perspective, Le
Président Bourguiba affirme qu' << une pareille discipline
sainement conçue et loyalement appliquée est à la base du
relèvement et de la rénovation du peuple2 >>.
Une telle conviction a généré la
promulgation en 1960 de textes législatifs dans le but de
réformer le mouvement sportif en Tunisie. Ils ont porté sur
l'organisation et l'institutionnalisation du sport par la mise en place de
structures spécialisées pour sa gestion (administration de la
jeunesse et du sport, organisations sportives, fédérations,
associations...), l'élaboration de bases réglementées pour
la promotion des activités physiques et sportives que ce soit sur le
plan quantitatif (sport pour tous), ou encore sur le plan qualitatif (sport
civil et sport d'élite). On peut citer parmi ces textes la Loi n°
66-79 du 29/12/1966 portant sur la création de l'Institut National des
Sports, la loi n°76-92 du 4/11/76 portant sur l'infrastructure sportive,
la loi n°84-63 du 6/8/1984 portant sur l'organisation et le
développement des activités physiques et sportives.
1 Chiclet, Christophe et Eloshoj Kolë G.J.
(2004), Sport et politique en méditerranée, Paris,
L'Harmattan.
2 Bourguiba H. (1933), cité par Chahed,
Abdelwaheb, (1986), Pour une politique Tunisienne de sport pour tous,
Tunis, SAGEP.
Le sport a donc servi d'un vecteur pour la promotion
générale de la société tunisienne après
l'indépendance, afin de lutter contre le sous développement.
Malgré les conditions sociales défavorables
(société pauvre, ignorante, ...), la croyance politique a
adopté l'idée que le sport représente << un levier
de la construction de l'Etat1 » et un terrain favorable (vue la
vocation récréative du sport) pour atteindre des objectifs qui
n'ont pas forcément une relation directe avec le sport, notamment des
objectifs de redressement de la société.
Comme pour tous les secteurs sociaux, l'élaboration
d'une politique de l'Etat en matière de sport exige du
législateur la prise en considération des circonstances qui
entourent le phénomène sportif, son ancrage et son
développement. La politique de l'Etat tunisien relative au sport
féminin est aussi passée par un nombre d'étapes majeures
pour sa structuration en tenant compte de l'évolution du statut de la
femme en Tunisie.
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