Centre d'Etudes et de Recherches sur le Développement
International
Année Universitaire 2007/2008 Magistère
2ème année Master 1 « Analyse Economique
et Développement International »
Rapport préparé par
COULIBALY AÏSSATA,
Sous la direction de
Monsieur COULIBALY SIAKA,
Economiste principal à la Banque Mondiale
Du 15 Mai au 15 Aout 2008
Bureau de la Banque Mondiale au Burkina
Faso
Table des matières
AVANT PROPOS ET REMERCIEMENTS
3
SIGLES ET ABREVIATIONS
4
RESUME DE l'ETUDE
5
I. INTRODUCTION
7
A. Contexte et problématique de
l'étude
7
B. Objectif de l'étude et
méthodologie
8
II. CADRE THEORIQUE DE LA BONNE GOUVERNANCE
AU NIVEAU DES DEPENSES PUBLIQUES
10
A. Aperçu historique de la bonne
gouvernance en économie
11
B. Cadre analytique de la gouvernance retenu
pour notre étude
12
C. Quelques obstacles pour la mise en oeuvre
des réformes dans les pays en voie de développement
13
D. La bonne gouvernance, un facteur
d'efficacité des dépenses publiques
14
1. Quelques raisons d'inefficacité
des dépenses publiques
14
2. L'efficacité des dépenses
publiques pour la réduction de la pauvreté n'est elle pas
conditionnée par une meilleure gouvernance ?
16
III. LA BONNE GOUVERNANCE AU NIVEAU DES
DEPENSES PUBLIQUES AU BURKINA FASO
18
A. La gestion budgétaire au Burkina
Faso
19
1. La phase d'élaboration et de vote
du budget
19
2. Analyse de la gouvernance au niveau de
l'élaboration du budget
22
3. La phase d'exécution du budget
23
4. Analyse de la gouvernance au niveau de
l'exécution du budget
28
5. Le contrôle budgétaire
29
6. Analyse de la gouvernance au niveau du
contrôle du budget
31
B. La réforme budgétaire au
Burkina Faso
33
1. Du PRGB à la SRFP
33
2. La création de l'Autorité
Supérieure de Contrôle de l'Etat
35
3. La réforme au niveau des
marchés publics
35
C. Facteurs institutionnels favorables
à la mise en oeuvre des reformes
36
D. Conclusions et recommandations pour les
réformes en cours
37
IV. EFFICACITE DES DEPENSES PUBLIQUES DANS
LE SECTEUR DE L'EDUCATION DE BASE ET BONNE GOUVERNANCE
41
A. Le contexte
42
B. Organisation du ministère de
l'éducation de base et de l'alphabétisation
42
C. La déconcentration au niveau de
l'éducation de base
43
D. La bonne gouvernance
44
1. La prédictibilité du budget
versus sa crédibilité.
44
2. La participation : ouverture des
prises de décisions aux acteurs non étatiques
45
3. La responsabilisation : l'obligation
de rendre compte
46
4. La transparence : diffusion de
l'information
48
E. Conclusion de la sous partie et
recommandations.
48
CONCLUSION
50
BILAN DE MON EXPERIENCE PROFESSIONNELLE
52
Bibliographie
52
ANNEXES
54
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Organigramme du MEBA
Tableau 2 : Répartition des crédits
délégués
Tableau 3 : Production de rapport d'activité
annuelle
Tableau 4 : Actions des APE par régions
AVANT PROPOS ET
REMERCIEMENTS
Crée en 1991, le Centre d'Etudes et de Recherches sur
le Développement International (CERDI) est situé à
Clermont Ferrand, en France; il est le principal centre de recherche
français associé au CNRS dans le domaine de l'économie
internationale. Il offre un ensemble d'activités de recherche et de
formations initiales à différents niveaux dont le cursus de
magistère de développement économique. Cette
dernière est une formation universitaire intensive de haut niveau,
ouverte sur concours après deux années d'études
supérieures, donnée en trois ans et à finalité
professionnelle et/ou de recherche.
A leur sortie, les économistes du CERDI sont
appelés à des postes de responsabilité dans les
différents secteurs du développement avec des carrières
passionnantes et variées tant au niveau des différentes
institutions internationales (FMI, UEMOA, Banque Mondiale...), des ONG, de
l'administration, que du secteur privé... Une telle mission demande
alors au centre de doter ses étudiants d'outils certes
académiques, mais surtout d'un certain bagage pratique à
même de leur permettre à ses étudiants d'être
opérationnels à la sortie de l'école.
Aussi, les étudiants sont' ils amenés dès
leur deuxième année de magistère à effectuer un
stage afin de mettre en application les connaissances théoriques
acquises de manière éparse, de se plonger dans les rouages du
monde professionnel et d'en jauger les difficultés.
Le stage que nous avons effectué au Bureau de la Banque
Mondiale du Burkina Faso du 15 Mai au 15 Aout s'inscrit dans cette optique sous
la supervision de Monsieur Coulibaly Siaka. Le thème sur le quel nous
avons travaillé s'intitule : Dépenses publiques et bonne
gouvernance, cas du secteur de l'éducation de base au Burkina
Faso.
Au terme de ce stage qui est le premier de mon parcours qu'il
me soit permis de remercier:
Monsieur Célestin BADO, Représentant
Résident par intérim de la Banque Mondiale au Burkina Faso,
Messieurs Siaka COULIBALY, Economiste Principal, Kofi NOUVE,
Agroéconomiste, Pierre KAMANO, responsable du secteur de
l'éducation qui malgré leurs multiples occupations n'ont
ménagé aucun effort pour m'accorder l'encadrement adéquat
pour l'achèvement de ce rapport.
Madame Annie Cuer; la responsable des relations
institutionnelles pour son soutien et ses conseils ainsi que tous les
enseignants du CERDI dont l'abnégation à la tâche garantit
la qualité de la formation dispensée.
Les structures du Ministère de l'Economie et des
Finances; l'ASCE, la Cour des comptes ; le CGD et le personnel de la
mission résidente de la Banque Mondiale et toutes les personnes qui, de
près ou de loin, ont contribué à son
élaboration.
SIGLES ET ABREVIATIONS
APE Association de Parents
d'Elèves
ARM Autorité de Régulation
des Marchés
ASCE Autorité Supérieure de
Contrôle de l'Etat
BP/CDMT Budget Programme/ Cadre de
Dépenses à Moyen Terme
CASRP Crédit D'appui à la
Stratégie de Réduction de la Pauvreté
CEB Circonscriptions d'Education de Base
CGAB -CSLP Cadre Général
d'organisation des appuis budgétaires en soutien au CSLP
CID Circuit Informatisé des
Dépenses
COMFIB Commission des Finances et du
Budget
CPAR Revue analytique du système de
passation des marchés
DAF Direction de l'Administration et des
finances
DGB Direction Générale du
Budget
DGMP Direction Générale des
Marchés Publics
DPEBA Directions Provinciales de
l'Enseignement de Base et de l'Alphabétisation
DREBA Directions Régionales de
l'Enseignement de Base et de l'Alphabétisation
IGE Inspection Générale
d'Etat
IGF Inspection Générale des
Finances
IGT Inspection Générale du
Trésor
INSD Institut National de la Statistique et
de la Démographie
MEF Ministère de l'Economie et des
Finances
OSC Organisations de le
Société Civile
PAP CSLP Programmes d'Actions Prioritaires de
Mise en OEuvre du Cadre Stratégique de Lutte contre la
Pauvreté
PAST-SRFP Plan d'Action Sectoriel Triennal
relatif à la SRFP
PDDEB Plan Décennal de
Développement de l'Education de Base
PEFA Public Expenditure Financial
Accountability
PRGB Plan de renforcement de la Gestion
Budgétaire
SRFP Stratégie de Renforcement des
Finances Publiques
UEMOA Union Economique et Monétaire
Ouest Africaine
RESUME DE l'ETUDE
Notre étude vise à étudier le lien entre
la bonne gouvernance et l'efficacité des dépenses publiques au
Burkina Faso. Pour mener à bien nos travaux, nous avons trouvé
plus pertinent de retenir comme cadre analytique de la gouvernance, la
définition de Fuhr Harald. Ce dernier décrit la bonne gouvernance
par le biais de quatre concepts que sont, la prédictibilité, la
transparence, la responsabilisation et la participation. La
prédictibilité se réfère à l'existence de
l'Etat de Droit et au respect des lois et textes édictés. La
transparence touche aux aspects de diffusion de l'information. La
responsabilisation se réfère à l'obligation faite aux
décideurs et à l'administration publique de rendre compte
auprès des institutions et des citoyens. Enfin, La participation
renvoie à l'ouverture des processus nationaux de prise de
décision et à la participation des acteurs non
étatiques.
De plus, les dépenses publiques peuvent s'avérer
inefficaces pour plusieurs raisons. Nous avons notamment le mauvais ciblage,
les fuites1(*), la non prise
en compte des besoins des populations... En outre comme l'ont montré des
auteurs tels que Mauro (1998); Rajkumar et Swaroop (2002), la bonne
gouvernance pourrait être appréhendée comme un facteur
d'efficacité des dépenses publiques. Dans la même
foulée, Delavallade (2007) va plus loin en montrant que la mauvaise
gouvernance en plus de porter atteinte à l'exécution des
dépenses publiques par le biais de fuites et de détournements
introduit également des distorsions dans la phase de préparation
du budget, affectant ainsi l'allocation des dépenses et leur
efficacité. La bonne gouvernance concerne donc tout le processus
budgétaire de la préparation du budget à son
contrôle. Aussi, nous sommes nous intéressés pour notre
étude à l'analyse de la gouvernance au niveau des
différentes phases budgétaires au Burkina Faso avant d'aborder le
cas du secteur de l'éducation de base.
Il ressort de notre analyse que plusieurs efforts ont
été faits dans le cadre du Burkina Faso. Néanmoins, les
différentes évaluations de l'appareil budgétaire ont mis
en évidence plusieurs lacunes. Nous avons entre autres les délais
très courts pour la préparation du budget, l'accès
très limité du public à l'information, le manque
d'indépendance des instances de contrôle et le suivi non
systématique de leurs recommandations, la faible participation des
acteurs non étatiques, le non respect des procédures au niveau de
la passation des marchés...Aux éléments
précédents s'additionne la lenteur des réformes
déjà en oeuvre qui pourrait être assimilé certes
à une faiblesses des institutions mais aussi à l'existence de
groupes d'intérêts particuliers «insiders» qui
s'opposent à la mise en oeuvre des réformes.
Aussi, avec la mise en place de son cadre stratégique
de lutte contre la pauvreté (CSLP) en 2000 dont la bonne gouvernance
constitue l'un des quatre axes clés, le Burkina Faso s'est il
engagé dans un processus de réformes au niveau des finances
publiques. Cela s'entrevoit dès 2002 par l'élaboration du Plan
d'actions pour la Réforme de la Gestion Budgétaire (PRGB) qui
sera suivi de la Stratégie de Renforcement des Finances Publiques (SRFP)
en 2007 avec pour objectif central «d'établir un système de
gestion des finances publiques performant, conforme aux standards
internationaux». Cette dernière vise à inscrire les
réformes déjà entreprises dans le long terme et prendre en
compte les recommandations qui ont été faites dans le cadre des
différentes évaluations de l'appareil budgétaire. Aussi,
avons-nous eu dans la même foulée, la mise en place de
l'autorité de régulation des marchés (ARM) au niveau de la
passation des marchés et la création de l'Autorité
Supérieure de Contrôle de l'Etat (ASCE) pour répondre aux
critiques précédentes.
Concernant le secteur de l'éducation de base, nous
pouvons noter une nette amélioration des taux de scolarisation
même si le taux d'abandon est encore élevé. Parmi les
obstacles à une meilleure gouvernance, nous avons entre autres, le
mauvais ciblage, la répartition non transparente des allocations, la
mauvaise circulation de l'information entre les différentes
entités déconcentrés et l'administration centrale
d'où sa mauvaise diffusion. Concernant le contrôle, le manque de
moyens financiers et matériels est à la base de son mauvais
fonctionnement. Nous avons en plus le fait que le MEBA n'opère pas de
suivi des recommandations faites par les différentes instances de
contrôle telles que la Cour des comptes, ce qui ne peut que constituer un
cadre favorable aux fuites.
Par conséquent, nos recommandations vont dans le sens
de l'application des principes de bonne gouvernance au niveau des
dépenses publiques au Burkina et vers une opérationnalisation
effective des institutions déjà en place à travers le
renforcement de leurs capacités. Au niveau du budget, nous mettons
l'accent pour une effectivité des réformes sur la notion de
«monopole focal de bonne gouvernance » avec la
création d'une autorité qui soit à même de canaliser
les différents intérêts des «insiders» dans le
sens d'une bonne marche des réformes. Concernant, le secteur de
l'éducation de base, des mesures sont nécessaires pour un
meilleur ciblage des ressources notamment par la mise en place au niveau de
chaque région de cadre de concertation entre les autorités
déconcentrées. Des enquêtes de suivi des dépenses
publiques qui permettent une traçabilité des fonds sont
également nécessaires pour déterminer le niveau des fuites
et les dysfonctionnements au niveau de la gestion des ressources publiques.
La bonne gouvernance apparaît ainsi comme
l'élément crucial en vue d'une meilleure efficacité des
dépenses publiques.
I. INTRODUCTION
A. Contexte et problématique de
l'étude
Depuis les années 1990, avec la stabilisation
macroéconomique, la bonne gouvernance s'est imposée comme un
impératif universel des politiques de développement. En effet,
les expériences passées et surtout le bilan tiré des
politiques d'ajustement structurel à la fin des années 80 ont mis
en exergue le fait que les réformes purement économiques ne
pouvaient conduire à des résultats durables sans une
réelle volonté politique et une efficacité minimum des
institutions politiques. D'où le rôle de la bonne gouvernance
définit par la banque mondiale comme " la manière par
laquelle le pouvoir est exercé dans la gestion des ressources
économiques et sociales d'un pays au service du
développement ". Aussi dans cette même lancée, nous
avons eu une recrudescence du rôle de l'Etat qui devient « un
Etat stratège » réducteur d'incertitudes, qui se fixe
une vision de long terme, qui finance les dépenses publiques tout en
exerçant un rôle de veille, d'évaluation de prospective et
qui doit aussi coordonner l'utilisation des ressources et les initiatives
privées. Le budget étant l'outil d'excellence par lequel l'Etat
met en oeuvre ses politiques pour atteindre les différents objectifs
qu'il s'est fixé, son exécution passe par des dépenses
publiques. De la même manière qu'il est conçu qu'il ne peut
y avoir de bonne gouvernance sans bon gouvernement, il en est de même du
fait qu'une action efficace et efficiente de l'Etat passe par des
dépenses publiques qui le sont également. Aussi, la bonne
gouvernance concerne t'elle le processus aussi bien en amont comme en aval de
la préparation du budget jusqu'à son contrôle en passant
par son exécution.
Dans le cas du Burkina Faso, Pays enclavé de l'Afrique
de L'Ouest, Il fait partie des pays les plus pauvres de la planète et
occupe le rang de 176ème sur 177 au niveau de L'Indicateur de
Développement Humain (IDH) dans le dernier classement du PNUD de
2007/2008. De plus, le pays est fortement dépendant de l'aide
extérieure. Aussi, le gouvernement burkinabé, au vu de la
pauvreté dont l'éradication est sa préoccupation
première et du peu de ressources financières dont dispose le
pays, doit oeuvrer dans le sens d'une plus grande efficience de ces
dernières donc des dépenses publiques. Le Gouvernement du Burkina
Faso conscient de ces faits a été l'un des premiers à
élaborer un cadre stratégique de lutte contre la pauvreté
où la bonne gouvernance fait partie des quatre axes clés. Il fait
également oeuvre de pionnier par l'adoption d'un Plan National de Bonne
gouvernance en 1998 qui à l'issu d'une évaluation devient La
Politique Nationale de Bonne Gouvernance (PNGB) en 2003 où La bonne
gouvernance est définie comme « l'exercice de
l'autorité économique, politique et administrative en vue de
gérer les affaires d'un pays à tous les niveaux. Elle englobe les
mécanismes, les processus et les institutions par le biais desquels les
citoyens expriment leurs intérêts, exercent leurs droits
juridiques, assument leurs obligations et auxquels ils s'adressent en vue de
régler leurs différends ». Ceci pour dire que
l'Etat accorde une place de choix à l'instauration d'une bonne
gouvernance à tous les niveaux qu'elle soit politique, économique
ou locale. C'est dans ce cadre qu' au niveau des finances publiques, plusieurs
réformes ont été engagées notamment Le Plan
d'action pour le Renforcement de la Gestion Budgétaire (PRGB)
adopté en 2002 qui suite à une évaluation ayant conduit
à l'identification de trois défis à savoir la faiblesse de
la mobilisation des ressources internes, du dispositif de contrôle et du
système de passation des marchés et dans le but d'inscrire les
réformes dans le long terme a aboutit en 2007 à la
stratégie de renforcement des finances publiques (SRFP)
accompagné d'un plan d'action sectoriel triennal glissant (PAST). Ces
différents programmes ont abouti à plusieurs changements assez
positifs (élaboration du CDMT, budget programme dans certains
ministères pilotes, bon suivi de l'exécution par le biais du
circuit intégré de la dépense...) mais les
différentes évaluations de l'appareil budgétaire telles
que le rapport PEFA « Public Expenditure and Financial
Accountability », CFAA « Country Financial Accountability
Assessment » notent qu'outre la lenteur des réformes
déjà en oeuvre, des progrès restent à faire en
matière de contrôle, de transparence et d'élaboration du
budget ce qui s'additionne à la faible efficacité des
dépenses publiques.
Aussi, s'avère-t-il nécessaire de s'interroger
sur les faiblesses des réformes, aux obstacles qui minent leur
instauration effective et les stratégies pour y faire face. C'est dans
cette optique que nous avons jugé pertinent d'étudier le lien
entre la bonne gouvernance et l'efficacité des dépenses publiques
dans une optique de réduction de la pauvreté. Dans le but
d'illustrer nos propos, nous nous intéresserons au secteur de
l'éducation de base du fait de son importance stratégique dans la
lutte contre la pauvreté et également pour l'instauration des
principes de bonne gouvernance au niveau de la société dès
la base.
B. Objectif de l'étude et
méthodologie
Notre étude tente de répondre aux
préoccupations précédentes et vise à étudier
dans quelle mesure la bonne gouvernance apparaît comme un facteur
d'efficacité des dépenses publiques notamment dans le secteur de
l'Education. De ce fait, nous avons jugé pertinent de retenir comme
concept opérationnel de la bonne gouvernance, celui définit par
Fuhr Harald 2(*)qui
distingue quatre composantes clés de la bonne gouvernance : la
responsabilisation (accountability), la prédictibilité, la
participation et la transparence. La responsabilisation se réfère
à l'obligation faite aux décideurs et à l'administration
publique de rendre compte auprès des institutions et des citoyens. La
prédictibilité se réfère à l'existence de
l'Etat de Droit et au respect des lois et textes édictés. La
participation se réfère à l'ouverture des processus
nationaux de prise de décision, à la participation des acteurs
non étatiques. Enfin, la transparence touche aux aspects de diffusion de
l'information.
Ainsi par le biais de divers entretiens avec des acteurs
nationaux de la bonne gouvernance tant au niveau de l'Etat que de la
société civile et en nous basant sur les rapports
précédents qui traitent de la gestion des finances publiques,
ainsi que l'enquête de suivi des dépenses publiques dans le
secteur de l'Education faite par l'Institut National de la Statistique et de la
Démographie (INSD), nous comptons organiser notre analyse comme suit.
Dans un premier temps, nous porterons notre attention sur le cadre
théorique de la bonne gouvernance et des dépenses publiques. Cela
afin de mieux appréhender la troisième partie qui porte sur la
gestion budgétaire analysée à la lumière des
critères de bonne gouvernance, les plus pertinents dans le contexte du
Burkina. La quatrième partie sera dédiée au cas sectoriel
de l'éducation puis nous terminerons par les conclusions et
recommandations qui découlent de nos travaux.
II. CADRE THEORIQUE DE
LA BONNE GOUVERNANCE AU NIVEAU DES DEPENSES PUBLIQUES
Dans cette première partie, nous instituons le cadre
théorique de l'analyse que nous ferons de la bonne gouvernance au niveau
des dépenses publiques au Burkina. Après un bref aperçu
historique de la bonne gouvernance au niveau économique, nous nous
intéressons en second lieu aux critères de bonne gouvernance que
nous avons retenu pour notre étude et aux obstacles que pourraient
rencontrer les pays en développement notamment en Afrique pour mettre en
oeuvre les différents changements institutionnels requis pour une
meilleure gouvernance. Enfin, le dernier volet de cette partie est
consacré au lien entre la bonne gouvernance et l'efficacité des
dépenses publiques dans une optique de réduction de la
pauvreté.
A. Aperçu historique de la bonne
gouvernance en économie
Les économistes dès le XIXème
siècle ont identifié le rôle des facteurs de production
à savoir le capital et le travail qui expliquent en partie la
croissance, reste un large facteur inexpliqué, qui a été
associé au progrès technique et à la façon dont
sont combinés les facteurs entre eux. Les modèles
économiques élaborés ultérieurement expliquent en
partie la croissance à long terme par la mobilisation de ces facteurs.
C'est ainsi qu'intervient l'économie institutionnelle dans le dernier
quart du XXème siècle pour ouvrir des voies nouvelles. En effet,
si l'augmentation des quantités de capital et de travail a un impact
positif sur la croissance, qu'est-ce qui permet (ou non) leur
mobilisation ? En outre, il ne suffit pas de mobiliser massivement ces
facteurs pour assurer une croissance durable: qu'est-ce qui rend cette
mobilisation efficace dans la durée ?
Pour Douglas North notamment, ce sont les règles du jeu
en vigueur dans les sociétés, reliant l'ensemble des acteurs
sociaux, y compris l'Etat, qui modèlent les comportements et les
anticipations et concourent (ou non) à la croissance. Ces règles
du jeu, ce système d'incitations, ce sont les institutions, qu'elles
soient formelles ou informelles qui créent le cadre essentiel permettant
à un agent de nouer (ou non) une transaction avec autrui, de s'engager
(ou non)dans un projet à long terme (investir, éduquer ses
enfants), actes au coeur de la création de richesse. Ce cadre procure
(ou non) l'élément fondamental du processus de création de
richesse qu'est la réduction de l'incertitude. Cette réduction de
l'incertitude, c'est la confiance que les individus ont dans
le respect des règles au niveau de l'ensemble de la
société. C'est elle qui
sécurise les transactions et les anticipations des
acteurs. Le questionnement se déplace ainsi vers les
facteurs qui génèrent cette confiance entre acteurs, qui
permettent de réduire l'incertitude dans les relations
économiques, sociales et politiques et comment les susciter ? Sur le
terrain des politiques de développement, les Institutions
Financières Internationales ont apporté une réponse de
facto à ces questions en proposant un outillage
opérationnel décalqué des institutions existantes dans les
pays développés. Cet outillage, c'est la bonne
gouvernance, droits individuels respectés, contrats
sécurisés, administration efficace, institutions
politiques démocratiques qui est présentée comme solution
universelle permettant de générer la confiance nécessaire
à la croissance économique ainsi qu'a la lutte contre la
pauvreté.
B. Cadre analytique de la gouvernance
retenu pour notre étude
Pour mener à bien notre étude, nous avons retenu
la vision de Fuhr Harald, (2000, p374) qui définit la bonne gouvernance
au travers de quatre concepts clés qui sont la responsabilisation
(accountability), la prédictibilité, la participation et la
transparence. Notons que ces concepts sont interdépendants notamment
avec la responsabilisation, l'obligation de rendre compte qui est une preuve
de transparence dans la gestion des affaires publiques. Ces concepts sont
également proches de l'approche de Kaufman et al (1999, p17) qui ont
défini la gouvernance à travers six dimensions :
liberté d'expression et la responsabilisation, stabilité
politique et absence de violence, efficacité du gouvernement,
qualité du cadre de régulation, état de droit et
contrôle de la corruption3(*).
Parmi ces notions, nous portons une attention
particulière à celle de la responsabilisation. Newell Peter et
Bellour Shaula, (2002, pp1-2) distinguent deux composantes de la
responsabilisation : l'obligation de rendre compte (answerabilty) et
l'application des règles et lois (enforceability) à travers
l'existence d'un système d'incitations appropriées (sanctions
positives ou négatives au regard des résultats). La
responsabilisation renvoie à la fois à une dimension politique et
managériale. Au plan managérial, elle concerne la performance du
service public et de la bureaucratie et l'usage efficient des ressources
publiques afin de produire les résultats attendus. Nous retiendrons
également l'hypothèse selon laquelle la transparence est certes
une condition nécessaire pour l'instauration d'une meilleure gouvernance
mais l'existence d'un système de contrôle efficace en est une
condition suffisante. En effet, si nous prenons le cas de la corruption,
l'observation conjointe d'indicateurs de résultat faibles et de
dépenses élevées, donc de dépenses peu efficaces,
ne permettrait pas nécessairement de distinguer ce qui relève
d'une gestion défaillante des ressources et des projets de ce qui
relève de la corruption. Ceci accroît la nécessité
de renforcer parallèlement les mécanismes de contrôle de la
corruption, de détection et de sanction (Delavallade, 2007).
Ainsi, c'est à l'aune de ces différents
critères que nous comptons mener notre étude sur la gouvernance
et l'efficacité des dépenses publiques que nous illustrerons au
travers du secteur de l'éducation de base. La bonne gouvernance concerne
le processus des dépenses publiques aussi bien en amont comme en aval
depuis la préparation du budget en passant par son exécution
jusqu'au contrôle de cette exécution. Avant de passer à
l'analyse de la bonne gouvernance au niveau des dépenses publiques, nous
avons donc jugé pertinent de nous intéresser un temps soit peu
aux freins que pourraient connaître les pays en développement
notamment en Afrique dans le cadre de la mise en oeuvre d'une gouvernance
meilleure.
C. Quelques obstacles pour la mise en
oeuvre des réformes dans les pays en voie de développement
L'essentiel des recommandations adressées aux pays en
développement insistent sur l'importance de se doter d'institutions de
gouvernance robustes, transparentes et responsables, fondées sur le
respect de règles de droit formelles (infrastructures légales et
judicaires, organismes de surveillance et de régulation, etc.). Depuis
50 ans, les décolonisations, la quasi-disparition des régimes
socialistes, la participation aux organisations internationales ainsi que les
programmes d'aide au développement ont répandu dans les pays en
développement un ensemble de règles et d'institutions formelles,
dans les champs politique, économique, et social (droit du travail, Code
civil,...). Ainsi la grande majorité de ces pays disposent aujourd'hui
de corpus de règles parfaitement écrites. Toutefois, ces
recommandations souffrent de trois problèmes qui expliquent la
résistance qu'elles suscitent dans leur application.
· Tout d'abord, ces recommandations faites aux pays en
développement méconnaissent le temps qui a été
nécessaire aux pays aujourd'hui développés pour
réaliser ces avancées institutionnelles (plusieurs
siècles) (Chang, 2001). Certes, le point d'aboutissement actuel de ces
processus dans les pays développés dessine finalement un ensemble
relativement stable, attractif et cohérent, mais le processus
lui-même, le chemin parcouru, restent encore mal compris. Les corpus
juridiques ont souvent suivi un long cheminement fait d'influences
multiséculaires (droit romain, droit canonique, etc.), d'apprentissage,
de luttes politiques et sociales qui ont jalonné leur découverte
et leur mise en oeuvre. Le droit de vote par exemple n'a été,
dans un premier temps, accordé qu'aux hommes, âgés, riches
et instruits. Etaient exclus les femmes, les jeunes, les pauvres et les
illettrés. Progressivement, et à des rythmes variables selon les
pays, ce droit a été ouvert à ces exclus, souvent au prix
de luttes politiques intenses, les femmes n'obtenant par exemple le droit de
vote en France qu'en 1945.
· Malgré ses avantages, un mode de gouvernance
fondé sur des règles formelles, dépersonnalisées,
implique des coûts fixes très élevés pour la
collectivité. Et les institutions formelles mises en place doivent elles
mêmes avoir fonctionné pendant des périodes assez longues
pour générer suffisamment de confiance en elles et transformer
les attitudes à leur égard. Etant donné la situation de la
plupart des pays en développement et les contraintes auxquelles ils
doivent faire face en termes de ressources financières, humaines et
temporelles, ils n'ont généralement pas les moyens de cet
investissement à court ou moyen terme.
· Une autre cause fondamentale de résistance au
changement dans les pays en développement est liée à la
prédominance de groupes d'intérêts
particuliers « insiders » agissant à travers
les sphères sociale, économique et politique et à tous les
niveaux de gouvernance (du niveau local au niveau international). Toute
transformation de l'ordre social qui pourrait remettre en cause leur
accès privilégié aux ressources économiques et
politiques suscite de fortes résistances de leur part : ils
résistent notamment à la mise en place d'institutions
impersonnelles qui garantiraient, dans les champs économique, social et
politique.
En fin de compte, nombre de prescriptions faites par les
agences d'aide aux pays en développement reviennent à leur
demander d'être déjà développés, ce qui
explique la difficulté de leur mise en oeuvre. Ainsi, derrière le
consentement apparent aux transformations institutionnelles
préconisées et l'adoption de façade de nombreuses
règles formelles importées, la résistance des
élites et des sociétés se traduit par un contournement
systématique de ces règles écrites et un
détournement des institutions. Dans les faits, les systèmes de
régulation sociale qui prévalaient avant l'adoption faciale de
ces règles écrites continuent donc de fonctionner. Dans nombre de
pays en développement, l'adoption à marche forcée de
règles formelles généralement financée sur des
fonds d'aide au développement s'effectue donc sans prise significative
sur la réalité, elle contribue à accroître la
complexité du système de régulation économique,
politique et social, sans en accroître l'efficacité. Ceci impacte
évidemment l'action de l'Etat qui se révèle moins efficace
dans l'atteinte de ses objectifs.
D. La bonne gouvernance, un facteur
d'efficacité des dépenses publiques
1. Quelques raisons d'inefficacité
des dépenses publiques
En général, les dépenses publiques
contribuent directement à la réduction de la pauvreté
principalement dans deux grands domaines du budget de l'Etat.
ü Les infrastructures économiques et les services
d'appui constituent des intrants pour augmenter les possibilités
d'amélioration du revenu des pauvres.
ü Les services sociaux (l'éducation de base,
santé et la planification rurale) sont des investissements essentiels
dans les ressources humaines en vue de relever la productivité de la
main d'oeuvre et de répondre aux besoins essentiels des pauvres, ainsi
que de renforcer leur capacité à évoluer vers d'autres
régions ayant un potentiel de croissance plus élevé.
Mais, des travaux plus récents nuancent le propos et
cherchent à démontrer que ces dépenses publiques sociales
pourraient s'avérer inefficaces en terme de résultats attendus
pour la délivrance de biens et services publics dans une optique de
réduction de la pauvreté et cela pour plusieurs raisons.
- Un déficit interne important :
si le financement des dépenses publiques nécessite un
déficit interne, notamment un déficit budgétaire
important, on peut s'attendre à un amenuisement, voire à une
annulation des bienfaits induis par les dépenses
engagées (Baldacci, Clements, Cui et Gupta ; 2005).
- Le mauvais ciblage des dépenses publiques
sociales : les études sur l'incidence des
dépenses publiques sociales dans les secteurs de l'éducation et
de la santé ont montré que les couches les plus
défavorisés de la population en profitent peu. C'est le cas de la
guinée où 48% des dépenses bénéficient au
quintile le plus riche de la population.
- Le problème de l'accès aux
infrastructures : plusieurs contraintes empêchent
également les pauvres d'accéder aux bienfaits des dépenses
publiques et d'en tirer profit. Notamment des contraintes en termes de revenu
et de disponibilité des infrastructures. En effet, la non-
gratuité de l'éducation primaire et des soins de santé de
base conjuguée notamment dans les zones rurales, au faible nombre
d'établissements sanitaires et éducatifs et à leur
éloignement des populations cibles constituent autant d'obstacles qui
dans de nombreux pays en développement empêchent les pauvres
d'accéder à ces services et donc de réduire la
pauvreté.
- Le manque de connaissances et ou d'incitations
en vue d'une utilisation plus efficace. même si les
dépenses publiques arrivent effectivement à destination, des
problèmes peuvent également avoir lieu au niveau local, au sein
même des écoles ou des hôpitaux. Les agents sur place
n'étant ou pas assez incités ou pas formés pour
réaliser efficacement les services demandés (problème
d'absentéisme, de manque de supervision...)
- La non-prise en compte des besoins des populations
joue négativement sur l'efficacité des dépenses
publique puisque l'offre ne correspond pas aux attentes des populations.
- L'instabilité économique :
Le lien entre la pauvreté et l'instabilité
économique a notamment été étudié par
Guillaumont et Korachais (2006). L'instabilité crée des
phénomènes de trappe à pauvreté. Ainsi les
dépenses publiques sociales vont s'avérer inefficaces si elles ne
sont pas contra cycliques, ce qui peut s'avérer difficile dans le cadre
des pays en développement et en transition qui voient leur
capacité de collecte de l'impôt, leurs ressources diminuer quand
la conjoncture est mauvaise.
- Les fuites « leakages » (Ablo et
Reinikka 1998) : en outre, des enquêtes sur le suivi des
dépenses publiques ont montré que dans certains pays, une part
importante des dépenses affectées par l'Etat n'arrivait jamais
à destination. Une étude réalisée en Ouganda a
permis de montrer que seul 13% des fonds destinées à
l'éducation parvenaient aux écoles du pays, alors que 87% des
fonds étaient au final capturés au niveau local à d'autres
fins.
Ainsi plusieurs sources comme le mauvais ciblage, les fuites
du système, l'instabilité, le manque de compétences
peuvent être à l'origine du non aboutissement aux objectifs
fixés par les dépenses publiques. Ces différentes sources
d'inefficacité pourraient notamment être à la base du
faible lien entre dépenses publiques et lutte contre la pauvreté.
2. L'efficacité des dépenses
publiques pour la réduction de la pauvreté n'est elle pas
conditionnée par une meilleure gouvernance ?
Comme nous l'avons souligné précédemment,
plusieurs facteurs sont à la base de l'inefficacité des
dépenses publiques. Aussi, Des travaux récents ont
identifié la bonne gouvernance comme un facteur d'efficacité des
dépenses publiques sociales sur les indicateurs sociaux et la croissance
(Mauro, 1998 ; Rajkumar et Swaroop 2002). Dans la même
foulée, Delavallade (2007) va plus loin en montrant que la corruption
affecte en plus la composition des dépenses budgétaires. Les
dépenses d'énergie, de défense, d'ordre et service public
sont préférées à des dépenses de
santé et d'éducation car les agents anticipent des captures de
rentes plus importantes dans ces secteurs. La mauvaise gouvernance en
plus de porter atteinte à l'exécution des dépenses
publiques par le biais de fuites et de détournements introduit
également des distorsions dans la phase de préparation, affectant
ainsi l'allocation des dépenses et leur efficacité.
Nous tenons à rappeler que pour notre étude sur
la bonne gouvernance et les dépenses publiques nous avons retenu les
quatre concepts que sont, la prédictibilité,
la participation, la transparence la
responsabilisation précédemment définis. La
gestion des ressources publiques est entravée par un ensemble de
défaillances institutionnelles qui englobent non seulement la corruption
mais aussi le déficit de transparence, la faible responsabilisation des
acteurs, la participation insuffisante de la population et le manque
d'indépendance des organes contrôlant l'élaboration et
l'exécution du budget de l'Etat.
Les dépenses publiques peuvent ainsi être rendues
plus efficaces dans leur objectif de réduction de la pauvreté par
une meilleure qualité institutionnelle. La bonne gouvernance devrait
permettre en l'occurrence un meilleur ciblage des dépenses par le biais
de la participation des différents acteurs non étatiques à
l'élaboration du budget. Le budget de l'Etat devant ainsi
représenter ses priorités en matière de
développement avec la prise en compte des besoins de la population. Par
la responsabilisation des acteurs, toutes les entités qui participent
à l'exécution du budget au niveau local comme national doivent
être en mesure de rendre compte des différentes actions qu'ils ont
menées. La transparence devrait permettre un accès pour tous
à ces différentes informations. Ainsi tous les acteurs
étatiques ou non que ce soit le parlement, la cour des comptes, la
société civile devraient être en mesure d'assurer le
contrôle du budget grâce à cette diffusion de l'information.
Un contrôle et une supervision plus pointue des actions de l'Etat et de
ses agents sur le territoire, et l'assurance d'un haut degré
d'indépendance de l'Etat à l'égard des différents
lobbies en présence joueraient clairement en faveur d'un effet positif
sur la réduction du niveau de pauvreté des dépenses
publiques.
La bonne gouvernance peut ainsi être
appréhendée comme un facteur d'efficacité des
dépenses publiques où les différents acteurs politiques
rendent compte de leurs actes et une hausse des dépenses publiques
devrait s'accompagner de mesures visant à améliorer à la
fois leur efficacité et leur ciblage, d'où la
nécessité d'avoir un Etat fort.
III. LA BONNE GOUVERNANCE AU NIVEAU DES DEPENSES PUBLIQUES AU
BURKINA FASO
Dans cette partie, nous ferons une description du cadre
budgétaire au niveau du Burkina Faso afin de mieux comprendre la
réforme entreprise par le gouvernement tout en élaborant une
critique constructive concernant les différents changements et processus
en cours à la lumière des critères de bonne gouvernance
que nous avons retenus à savoir la responsabilisation, la
prédictibilité, la participation et la transparence.
A. La gestion budgétaire au Burkina
Faso
La bonne gouvernance pour une meilleure efficacité des
dépenses publiques concerne le processus aussi bien en amont comme en
aval de la préparation du budget jusqu'à son contrôle en
passant par son exécution. Ceci justifie, l'attention que nous portons
aux différentes phases budgétaires.
1. La phase d'élaboration et de
vote du budget
Le budget de l'Etat est intégré dans la loi de
finances initiale qui prévoit et autorise pour chaque année
civile l'ensemble des ressources et des charges de l'Etat. En tant qu'acte de
prévision, le budget impose une préparation matérielle
avant son exécution selon un format prédéterminé.
Cette préparation relève exclusivement de l'exécutif, en
particulier autour du Ministre chargé des Finances et de la Direction
Générale du Budget. En tant qu'acte d'autorisation, le fruit de
la préparation budgétaire de l'exécutif doit être
approuvé par le législatif.
La préparation et l'exécution de la loi de
finances se fait dans le respect de certains principes budgétaires.
a) Les principes fondamentaux
Le principe de l'unité selon lequel
l'ensemble des recettes et des dépenses budgétaires doit
être présenté dans un seul document, exceptions faites aux
budgets annexes, aux comptes spéciaux du trésor, aux
procédures de fonds de concours et de rétablissements de
crédits.
Le principe de l'universalité
budgétaire qui consiste à présenter le budget
sous deux masses comprenant les ressources d'une part et les dépenses
d'autre part. Nous avons à ce niveau deux règles à savoir
la règle du produit brut qui commande que les recettes soient
recouvrées pour leur montant brut, sans déduction des
dépenses nécessaires à engager pour les frais de
recouvrement. Puis la règle de non affectation qui interdit
l'affectation d'une recette donnée à la couverture d'une
dépense précise.
Le principe de l'annualité
budgétaire qui dérive de la nécessité de
permettre un contrôle périodique de l'activité
gouvernementale par le parlement dans un délai raisonnable, le budget
est ainsi voté tous les ans et pour un an.
Le principe de la spécialité
qui signifie que les crédits budgétaires ne sont pas
accordés par bloc, mais par chapitres et sections budgétaires
selon la nature et la destination des dépenses à
réaliser.
Ces principes ont pour fondement et pour socle l'autorisation
budgétaire, qui définit le lien entre la démocratie et les
finances publiques, à travers le droit de consentir l'impôt, de
voter le budget et de le contrôler. Aussi, après les avoir
passées en revue, nous paraît-il utile de rappeler la
procédure suivie pour élaborer le budget qui est scindée
en deux phases : l'une administrative propre à l'exécutif et
l'autre, législative.
b) La phase administrative de la préparation
budgétaire
En matière de finances publiques, la législation
régionale au niveau de l'Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine (UEMOA), a des répercussions sur les structures
budgétaires internes au regard de la volonté affichée
d'harmonisation des législations et procédures budgétaires
des lois de finances et des comptabilités au sein des Etats Membres.
Cette supranationalité oblige les états membres de l'union
à appliquer les actes arrêtés par les organes de l'Union
nonobstant toute législation nationale contraire, antérieure ou
postérieure dans le cadre de l'internalisation des directives
dans la législation nationale.
L'élaboration du budget de l'Etat est soumise à
une procédure qui comporte les étapes suivantes.
(1) La parution de la circulaire
budgétaire
Il s'agit d'un document contenant les instructions du
président du Faso sur les modalités de l'élaboration du
budget de l'année à venir. Adressée à tous les
ministres et présidents des institutions, elle précise les
orientations du gouvernement et les modalités de présentation des
propositions de recettes et de dépenses. Elle a notamment pour objet
de :
§ fixer les normes et méthodes suivant lesquelles
seront présentées les demandes concernant les dépenses
ordinaires et les dépenses en capital.
§ définir les documents justificatifs à
fournir
§ inviter les ministres et présidents
d'institutions à fournir à travers une note synthétique,
l'état de réalisation du budget précédent et du
budget en cours ainsi que les difficultés rencontrées,
l'orientation future envisagée par le département
ministériel où l'institution et l'incidence des augmentations
proposées des dépenses en capital sur les dépenses de
fonctionnement.
Depuis 2000, la circulaire budgétaire intègre
les éléments du Cadre de dépenses à Moyen
terme ; ces informations permettent aux ministères et institutions
de disposer de plafonds de crédits par grandes catégories de
dépenses.
(2) L'élaboration des avant projets
de budget des ministères et institutions
Chaque département ministériel ou institution
élabore son avant projet de budget conformément aux instructions
contenues dans la circulaire. Pour ce faire, ils communiquent à leurs
services, la circulaire accompagnée si nécessaire de leurs
propres instructions. Ces services évaluent les besoins qui seront par
la suite centralisés et vérifiés par la Direction de
l'Administration Financière (DAF) à laquelle incombe
l'élaboration de l'avant projet de budget du ministère ou de
l'institution. Cet avant projet devra être transmis dans les
délais prescrits par la circulaire budgétaire.
(3) Les discussions devant la commission
budgétaire
Les avant-projets de budgets transmis au Ministère
chargé des Finances sont examinés par des équipes de
vérification de la Direction Générale du Budget (DGB).
Cette vérification est sanctionnée par un rapport soumis à
l'appréciation de la commission budgétaire. Cette dernière
est composée de représentants des directions centrales du
Ministères de l'Economie et des Finances, des représentants de la
Présidence du Faso et du Premier Ministère. Elle est
chargée de l'examen des propositions de recettes et de dépenses
faites par les ministères et de la formulation de l'intention du
gouvernement de toute mesure tendant à réaliser une meilleure
adéquation entre les ressources et les charges de l'Etat.
(4) L'adoption du projet de loi de
finances de l'année en Conseil des Ministres
Le conseil des Ministres examine l'avant-projet de budget et
finalise le projet de budget qui sera soumis à l'Assemblée
Nationale en une ou plusieurs lectures. La Constitution à son article
103 stipule que l'Assemblée Nationale est saisie du projet de loi de
finances dès l'ouverture de la deuxième session ordinaire qui a
lieu le dernier mercredi de septembre, ou le premier jour ouvrable qui suit si
celui-ci est un jour férié. C'est à ce moment que se
termine la phase administrative et que débute la phase
législative. Depuis 1993, le Gouvernement transmet dans les
délais le projet de loi de finances à l'Assemblée
Nationale.
c) La phase législative de la préparation
budgétaire
Cette phase porte sur l'examen du projet de loi de finances
qui précède son adoption. Afin de faciliter l'analyse par
l'Assemblée Nationale, le projet de loi de finances est
accompagné d'annexes explicatives. Le Régime Financier a
prévu des annexes faisant ressortir, par chapitre, le coût des
services votés (le minimum de dotations indispensable pour poursuivre
l'exercice des services publics dans les conditions approuvées
l'année précédente); la liste des comptes spéciaux;
la liste complète et l'évaluation des taxes parafiscales et
l'échelonnement sur les années futures des paiements
résultant des autorisations de programme.
L'examen du projet de loi de finances est effectué par
la Commission des Finances et du Budget (COMFIB) de l'Assemblée
Nationale, qui effectue des analyses et organise des débats avec les
Ministères et les institutions sous la conduite de leurs premiers
responsables. Ces échanges permettent d'éclairer davantage les
députés sur les politiques sectorielles et sur la justification
des dépenses.
Les travaux de la COMFIB sont soumis à la
plénière de l'Assemblée Nationale, qui après des
débats, vote la loi de finances et arrête le budget de l'Etat.
En matière budgétaire, le pouvoir du Parlement
est tout de même limité par la constitution, qui proscrit les
propositions et amendements déposés par les députés
lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des
ressources publiques, soit la création ou l'aggravation d'une charge
publique, à moins qu'ils ne soient accompagnés d'une proposition
d'augmentation de recettes ou d'économie équivalente.
La phase législative de la préparation
budgétaire se boucle avec l'adoption de la loi de finances de
l'année, qui peut être modifiée en cours d'année par
des lois de finances rectificatives adoptées par l'Assemblée
Nationale sur proposition du Gouvernement.
Une fois votée, la loi de finances est
promulguée dans les vingt et un jours qui suivent par le
Président du Faso.
2. Analyse de la gouvernance au niveau de
l'élaboration du budget
Au niveau de l'élaboration du budget, la Burkina Faso a
fait d'énormes progrès notamment par la mise en place des budgets
programmes dans six ministères pilotes et des cadres de dépenses
à moyen terme qui viennent rationnaliser la gestion budgétaire
avec une gestion plus axée sur les résultats. Néanmoins le
processus reste incomplet puisqu'aucun budget programme n'a été
analysé jusqu'à ce jour par le parlement.
De plus, la question de la fiabilité des
prévisions de recettes, le manque d'explication des hypothèses
économiques sur lequel repose le projet de loi de finances, l'analyse
détaillée des différentes mesures fiscales et leurs
conséquences d'une part. D'autre part, la question des délais
insuffisants pour la préparation des avant projets de budgets reste des
failles soulevées dans les différents rapports. Pour la
prévision des recettes, un modèle qui sera intégré
au circuit de la recette est en cours d'élaboration.
Il se pose également le problème de la
participation restreinte des acteurs non étatiques à la mise en
place du budget et aucune mesure ne prévoit l'accès du public aux
informations sur les documents pré-budgétaires. On comprend donc
mieux le faible score du Burkina au niveau de l'Open Budget Index (Indicateur
sur le budget ouvert) qui est de 11 sur 100 pour 2007.
La non-alternance au niveau du pouvoir depuis 1987 et sa place
prépondérante au niveau du parlement pose avec plus
d'acuité la question de l'existence réelle de contrepouvoirs pour
la mise en place du budget malgré une percée remarquable des
partis de l'opposition aux élections législatives de 2002.
Nonobstant toutes ces insuffisances, Le Burkina Faso reste un
bon exemple au niveau de la coordination entre Partenaires Techniques et
Financiers (PTF) quant à la prévisibilité au niveau des
ressources. Cela s'entrevoit par les négociations sur la matrice du
Cadre Général d'organisation des Appuis Budgétaires en
soutien au CSLP (CGAB-CSLP) entre les bailleurs de fonds et le gouvernement qui
permet une régularité des flux d'aide donc moins
d'instabilité, une appropriation de la mise en oeuvre par le
gouvernement (les appuis étant non ciblés) et un renforcement de
ses capacités institutionnelles et humaines nécessaire pour
améliorer son efficacité.
3. La phase d'exécution du
budget
L'exécution du budget fait suite à
l'autorisation parlementaire par le biais du vote de la loi de finance. Elle
est le fait de l'exécutif et s'effectue en principe du 1er
janvier au 31 décembre de l'année considérée,
complétée d'une période complémentaire au dernier
jour de février, compte tenu du caractère annuel de
l'autorisation parlementaire et du système de gestion en vigueur dans le
système budgétaire du Burkina Faso.
L'exécution des dépenses publiques constitue un
domaine fort complexe du fait de la diversité des procédures en
la matière et surtout du nombre d'acteurs impliqués dans le
processus.
a) Le circuit de la dépense
La législation financière soumet
l'exécution de la dépense à une procédure
comportant quatre (4) étapes matérialisées par les
opérations suivantes : l'engagement, la liquidation,
l'ordonnancement et le paiement. Les trois premières opérations
(l'engagement, la liquidation et l'ordonnancement) constituent la phase
administrative de la dépense. La quatrième qui relève de
la compétence exclusive du comptable public est le paiement.
§ L'engagement est l'acte par lequel un
agent de l'ordre administratif habilité à cet effet crée
ou constate à l'encontre de l'Etat, une obligation dont résultera
une dépense. Par exemple, en matière de dépenses de
personnel, les engagements sont constitués de la décision
d'engagement de l'agent, des arrêtés d'avancement ... Par contre,
lorsqu'il s'agit d'acquisitions de fournitures et d'équipement,
l'engagement se matérialise par la remise d'un bon de commande
revêtu du visa du contrôle financier auquel sont jointes les
pièces justificatives requises par la réglementation.
§ La liquidation a pour objet de
vérifier la réalité de la dette et d'arrêter le
montant de la dépense. Elle comporte deux opérations. La
première opération conduit l'administrateur des crédits
à s'assurer que la commande, objet de l'engagement, a été
livrée. C'est ce qu'on appelle « la constatation
du service fait ». La constatation du service fait se
matérialise par l'établissement d'une attestation de service fait
et le cas échéant par un bordereau de livraison et/ou un
procès verbal de réception. La seconde opération qui
intervient obligatoirement après la constatation du service fait vise
à arrêter le montant exact de la dette de l'Etat.
§ L'ordonnancement est l'acte
administratif par lequel l'ordonnateur donne au comptable l'ordre de payer une
créance à la charge de l'Etat. Il se matérialise par la
remise au comptable d'un mandat de paiement.
§ Le paiement est l'acte par lequel
l'Etat se libère de sa dette. Il relève de la compétence
exclusive du comptable et s'effectue par la remise d'espèces, d'un
chèque sur le Trésor, par virement bancaire ou postal. Le
virement est obligatoire pour tout règlement à effectuer au
profit des fournisseurs inscrits au registre du commerce et au profit des
personnes morales.
Avant tout paiement le comptable doit s'assurer de la
conformité de la dépense avec les lois et règlements. Si
la dépense est régulière, le comptable appose son visa sur
le titre de paiement. Par contre si le comptable décèle des
irrégularités, il adresse une note de rejet à
l'ordonnateur.
Il est important à ce niveau de souligner le principe
de séparation des fonctions d'ordonnateurs et de comptables qui
préside l'exécution des dépenses publiques.
b) Le principe de séparation entre ordonnateurs et
comptables
La séparation des ordonnateurs et des comptables est
présentée comme la transposition à la comptabilité
publique du principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs. Ce
principe repose sur une double justification.
§ L'une d'ordre matériel : la division des
tâches administratives facilite et améliore l'exécution du
budget.
§ L'autre d'ordre juridique : la séparation
permet un meilleur contrôle de l'exécution des opérations
budgétaires.
Bien plus, il n'est pas simplement une méthode
d'organisation des services chargés d'effectuer des opérations
financières, c'est une règle juridique munie de sanctions
susceptibles d'être appliquées aux autorités et agents qui
pourraient la méconnaître, qu'ils aient qualité
d'ordonnateur ou de comptable.
c) Les procédures d'exécution de la
dépense
Des procédures ont été adoptées
pour matérialiser le déroulement de la dépense publique
suivant les différentes étapes. En principe, la dépense
publique doit suivre la procédure dite « normale »
marquée par une succession des quatre (4) étapes. Outre cette
dernière, une pluralité de procédure coexiste si nous
faisons fi des procédures concernant les dépenses salariales.
- La procédure normale
En principe, la procédure normale constitue la
règle en matière d'exécution des dépenses. Cette
procédure repose sur les quatre (4) phases successives décrites
précédemment: 1. l'engagement, 2. la liquidation, 3.
l'ordonnancement et 4. Le paiement. Elle est utilisée la plupart du
temps pour les trois modalités que sont les bons de commande, les
lettres de commande et les passations de marché publics.
Néanmoins, la lourdeur de la procédure normale
pour certaines dépenses a favorisé l'institution de
procédures particulières facilitant l'exécution de ces
dernières.
- Les procédures
particulières
Ces procédures concernent la procédure
simplifiée et la procédure d'urgence.
ü La procédure
simplifiée
Dans cette procédure, les phases d'engagement et de
liquidation se font concomitamment, les autres phases restant inchangées
(ordonnancement et paiement). Elle permet de procéder à des
paiements à titre définitif ou non. Cela, surtout lorsqu'il est
difficile d'établir au préalable, la preuve du service fait ou
quand le règlement après l'établissement du service fait
peut déranger le bon déroulement de l'activité. Cette
procédure s'applique généralement aux transferts courants.
Mais elle peut être utilisée pour les dépenses de
fonctionnement et les transferts en capital afin de régulariser
certaines dépenses dont le service fait a précédé
l'engagement du marché (cas des fournitures livrées avant la
passation du marché).
ü La procédure d'urgence
Certaines catégories de dépenses peuvent faire
l'objet d'un ordonnancement de régularisation après payement ou
être payées sans ordonnancement»; elles sont de deux
ordres.
Les premières sont notamment des
avances consenties sur les crédits de fonctionnement aux
délégations burkinabé en déplacement à
l'intérieur ou se rendant en mission à l'étranger et des
dépenses occasionnées par les réceptions offertes à
des personnalités ou à des missions étrangères.
Pour les secondes, il s'agit de
dépenses, qui en exécution des lois et règlements,
présentent le double caractère d'être
déterminées sans contestation et d'être inévitables
à l'Etat. Le comptable public procède à leur imputation
définitive en ce sens qu'elles ne nécessitent plus de
régularisation.
d) La procédure de délégation de
crédits
La procédure de la délégation de
crédits consiste à donner l'initiative de certaines
dépenses aux responsables des structures déconcentrées des
ministères concernés par les crédits
délégués. Ces responsables reçoivent un avis
d'octroi de crédit permettant l'engagement et la liquidation des
dépenses au niveau déconcentré. Les pièces, qui
remontaient ensuite au niveau central pour l'ordonnancement et le paiement, le
font de moins en moins, la déconcentration de l'ordonnancement et du
paiement étant une réalité dans au moins dix
régions.
Après l'ouverture du budget, le DAF du ministère
concerné engage au titre de la délégation de
crédits, le montant du crédit ouvert au profit de la structure
déconcentrée. Le Contrôle financier vise les engagements de
délégation de crédit.
Les services bénéficiaires d'une
délégation de crédit la consomment dans le respect des
règles de la dépense. Après service fait, le gestionnaire
transmet le dossier pour établissement du mandat au service de
l'ordonnancement du matériel de la DGB, ou au service
déconcentré de l'ordonnancement.
La délégation de crédits est donc une
autorisation d'engager, donnée à un gestionnaire
déconcentré, dans la limite du montant des crédits
délégués.
Nous avons eu une déconcentration de la
délégation de crédits qui concernent les dépenses
de fonctionnement. La déconcentration de l'ordonnancement a
débuté depuis 2003 par dix régions, elle sera effective
cette année pour l'ensemble des 13 régions. La réforme
actuelle prévoit la déconcentration des actes administratifs, une
première expérience pilote devrait avoir lieu en principe en 2008
au niveau de Bobo Dioulasso. Quant à la déconcentration des
dépenses d'investissement, elle s'avère plus complexe car cela
requiert une plus grande maîtrise des finances publiques, elle devrait
être effective d'ici 2010.
e) Les régies d'avances (RA)
Certaines dépenses sont exécutées par
voie de régies d'avances en raison de leur nature ou de leur faible
montant (les menues dépenses de matériel pour fête
publique, les rémunérations des personnels sur la base des
horaires ou à la vacation, les achats de vivres pour les malades des
hôpitaux, les rationnaires de certaines écoles des services de
police ou des prisons, ...). Une fois l'avance payée au
bénéficiaire, son renouvellement est conditionné par la
justification de la précédente avance.
f) Une procédure extrabudgétaire : la
procédure d'avances de trésorerie
Les conditions et les modalités d'octroi des avances de
trésorerie sont fixées par un arrêté qui dispose que
« des dépenses imputables au budget de l'Etat peuvent
être avant la mise en place des crédits correspondants,
payées par le Trésorier Général sous forme d'avance
de trésorerie à régulariser sur le budget de
l'Etat ». Les avances de trésorerie sont ouvertes par un
arrêté du MEF, en l'absence de ligne budgétaire, ou par
lettre du MEF, lorsqu'une ligne budgétaire correspondant aux
dépenses prévues existe. Elles doivent être
régularisées dans un délai d'un mois. Les avances de
trésorerie sont de deux types :
- les dépenses n'ont pas été
prévues au budget - pas de ligne budgétaire ;
- les dépenses budgétaires ont
été prévues au budget - une ligne budgétaire - et
dans ce cas :
- des crédits sont disponibles ;
- des crédits ne sont pas disponibles.
Dans le premier cas ainsi que dans le deuxième
cas/deuxième sous-cas, la régularisation s'opère par
imputation à une ligne budgétaire existante et suffisamment
dotée, (réaménagement budgétaire).
Le comptable paye au vu de l'arrêté du MEF. Il
n'y a avant paiement ni engagement, ni liquidation, ni ordonnancement. Lors de
la régularisation, il inscrit sur le mandat de régularisation "ne
pas payer".
L'avance de trésorerie n'est donc pas, comme pourrait
le laisser croire son appellation une véritable avance de
trésorerie, mais une autorisation de dépenser en dehors des
règles de la chaîne de la dépense.
g) Les délégations de maîtrise
d'ouvrage
La délégation de maîtrise d'ouvrage n'est
pas irrégulière, mais présente, relativement aux autres
types de dépense, des risques particuliers. Quatre agences
principalement opèrent dans ces conditions. L'une d'entre elles occupe
une place prépondérante, FASO-BAARA qui est un bureau
d'études qui exécute des investissements, principalement dans le
domaine de l'éducation. Il s'agit d'une maîtrise d'ouvrage
déléguée, qui n'est pas nécessairement non conforme
aux règles de la comptabilité publique. Les fournisseurs sont
choisis selon des procédures internes d'appel d'offre, le maître
d'ouvrage délégué n'étant pas contraint par les
procédures du code des marchés publics. FASO-BAARA est
payé sur la base des contrats entre lui et les fournisseurs
L'objectif du gouvernement est de développer la
pratique des maîtrises d'ouvrages délégués et de les
encadrer par un texte en cours de préparation. Il viendra
compléter la loi N° 017-2006/AN du 18 mai 2006 portant Code de
l'Urbanisme et de la Construction au Burkina Faso. Selon cette Loi, à
part FASO BAARA et les entreprises privées, d'autres organisations, dont
les ONG peuvent être délégataires de maîtrise
d'ouvrage.
h) L'informatisation de la chaîne de la
dépense
Le Gouvernement s'est engagé depuis le milieu des
années 90 dans un processus de modernisation et de
généralisation d'applications informatiques pour le traitement
des opérations budgétaires et comptables. Cet engagement
caractérise indéniablement le souci de rendre plus efficace et
plus transparente la chaîne de la dépense. Ainsi, le Circuit
Intégré de la Dépense (CID), outil informatique
intégrant toutes les étapes de la dépense est un facteur
de fiabilité, de transparence et d'efficience pour l'exécution
des dépenses budgétaires. Il permet également une gestion
dynamique de la trésorerie et contribue à l'efficacité du
contrôle interne. Pour compléter ce système d'informations
des finances publiques; le Circuit intégré de la recette a aussi
été développé. Il permet notamment de
remédier aux difficultés de communication entre les régies
financières en créant une plateforme de communication automatique
entre les différents systèmes de gestion (SYDONIA4(*) pour les douanes, CIE et CICL
pour le Trésor et SINTAX pour les impôts). Quant au logiciel de la
Comptabilité Intégrée de l'Etat, il a contribué
à accroître la fiabilité des opérations comptables
et à en accélérer le traitement. Au niveau des
marchés publics, nous avons eu le 10 Juin 2008 le lancement officiel du
Système d'Information intégré des Marchés publics
(SIMP); ce logiciel comporte les cinq modules permettant de couvrir tout le
processus de passation des Marchés ; Il s'agit des modules
« plans de passation des marchés »,
« dossiers d'appel à
candidature », « offres et propositions »,
« gestion des contrats » et « gestion des
litiges ».
Aujourd'hui, le CID ne traite pas les salaires, les avances de
trésorerie et les financements extérieurs des projets.
4. Analyse de la gouvernance au niveau
de l'exécution du budget
La procédure d'exécution des dépenses
publiques est régie par un bon cadre institutionnel avec des
règles et des principes bien établis. La mise en place du CID
permet notamment un bon suivi des dépenses publiques.
Cependant les différents rapports et audits ont
relevé au niveau de la passation des marchés, une utilisation
abusive et non justifiée des procédures exceptionnelles comme la
procédure simplifiée qui permet de payer les dépenses
avant le service fait. Il existe ainsi des dépenses hors
procédures qui ne sont ni engagées, ni ordonnancées et non
payées et le fait que les salaires, les avances de trésorerie et
les financements extérieurs des projets ne sont pas couverts par le CID
constituent une limite vu leur place importante dans le budget de l'Etat. Nous
pouvons également noter les décaissements tardifs des appuis qui
entravent l'efficacité des dépenses publiques.
Concernant l'accès du public à l'information,
même quand la population participe à l'élaboration du
budget, son accès à l'information quant à son
exécution surtout au niveau des collectivités
déconcentrées est quasi inexistant. Une analyse plus pertinente
nécessite une approche plus sectorielle c'est ce que nous ferons au
niveau de l'éducation dans la cinquième partie de notre
étude. Du fait donc des difficultés notamment avec les
dépenses hors procédure, il se pose alors la question du
contrôle budgétaire.
5. Le contrôle
budgétaire
Cette partie a pour objet de présenter le rôle et
le fonctionnement des différents organes de contrôle intervenant
dans le domaine de la gestion des dépenses budgétaires.
L'exécution du budget de l'Etat et les opérations qui en
découlent sont soumises à un triple contrôle:
administratif, juridictionnel et parlementaire.
a) Le contrôle administratif
Le contrôle administratif est le contrôle interne
de l'administration sur ses agents. A cet égard, cette partie
s'intéressera plus particulièrement au Contrôle Financier,
qui constitue le contrôle à priori, et à l'Inspection
Générale des Finances et l'Inspection Générale
d'Etat, qui constituent le contrôle à posteriori.
(1) Le contrôle financier à
priori
Dans la pratique, le Contrôle Financier est une
direction centrale du Ministère de l'Economie et des Finances. Il
intervient dans deux principaux domaines: la gestion des actes administratifs
et la gestion des opérations de dépenses.
Au niveau des opérations de dépenses, ses
attributions peuvent se résumer comme suit.
- Il est chargé du contrôle de
l'exécution (i) du budget général, des budgets annexes et
des comptes spéciaux, (ii) des budgets des Collectivités
Territoriales et (iii) des budgets des établissements publics à
caractère administratif. A cet égard, il vérifie la
légalité, la régularité et la moralité de
chaque dépense pour ces budgets. Son visa est obligatoire pour
l'exécution de toute dépense.
- Il a une mission de surveillance et d'information. Aussi,
il produit mensuellement des rapports sur l'exécution du budget à
l'attention des ordonnateurs (comptabilité administrative des
engagements et des liquidations).
Le Contrôle Financier utilise comme support de gestion
le Circuit Informatisé de la Dépense pour enregistrer les visas
pour les engagements et les liquidations. Toutefois, il tient une
comptabilité manuelle des engagements et des liquidations par ligne
budgétaire.
(2) Le contrôle à
postériori
Le contrôle à postériori qui intervient
après l'exécution de la dépense est mené par
l'Inspection Générale de l'Etat (IGE) et l'Inspection
Générale du Trésor (IGT), l'Inspection
Générale des Finances (IGF) et les inspections techniques dans
tous les départements ministériels.
§ L'Inspection Générale d'Etat (IGE)
effectue un contrôle global de la qualité des services
administratifs et du respect de la réglementation depuis 1993. A partir
de 2003, elle s'est engagée dans la lutte contre la corruption en
proposant des mesures pour améliorer le fonctionnement de
l'administration publique dans un rapport rendu au Premier Ministre.
§ L'Inspection Générale des finances (IGF)
contrôle la gestion financière de toutes les structures qui
reçoivent, détiennent ou gèrent des deniers publics,
principalement au niveau (i) des services financiers, fiscaux et comptables de
l'Etat et Collectivités Territoriales [dont les Ambassades], (ii) des
administrations publiques, civiles et militaires, (iii) des projets, des
établissements publics et des entreprises publiques, des personnes
morales de droit privé recevant des concours financiers de la puissance
publique et (iv) joue un rôle de conseil.
§ L'Inspection Générale du Trésor
(IGT) est chargée de la vérification de la gestion des comptables
centraux et déconcentrés de la Direction générale
du trésor et de la comptabilité publique, ainsi que des autres
comptables publics (les receveurs des administrations
financières (Impôts, Douanes) ; les régisseurs
d'avances, de recettes (y compris ceux des collectivités territoriales
(communes) ; les agents comptables des EPE).
b) Le contrôle externe juridictionnel et
législatif
Le contrôle externe se manifeste par le contrôle
juridictionnel de la Cour des Comptes et par le contrôle de
l'Assemblée Nationale. Ces organes sont indépendants du pouvoir
exécutif.
ü La cour des comptes
Au regard de la Constitution, la Cour des Comptes (CC) est la
juridiction supérieure de contrôle des Finances publiques (article
127 de la Constitution). Elle comprend trois chambres, l'une chargée du
contrôle des opérations de l'Etat, l'autre du contrôle des
opérations des collectivités locales. Enfin, la dernière
chambre s'occupe du contrôle des entreprises publiques, des institutions
de sécurité sociale, des projets de développement
financés sur ressources sur ressources extérieures et tout
organisme soumis au contrôle de la cour.
Elle juge les comptes des comptables publics, sanctionne les
fautes de gestion et assiste l'Assemblée Nationale dans le
contrôle de l'exécution des lois de finances. Elle assure la
régularité des opérations de recettes et de
dépenses des organismes publics et sanctionne les manquements aux
règles qui régissent lesdites opérations. Elle
vérifie et apprécie le bon emploi des crédits et la
gestion de l'ensemble des organismes publics. IL est très important de
souligner que la CC ne juge pas les comptables mais les comptes, si elle
découvre des détournements notamment elle va saisir les tribunaux
de droits communs La cour des comptes n'a pour le moment relever aucune faute
de gestion et aucun détournement). Aussi en cas de fautes, la CC envoie
un rapport au ministère de tutelle qui désigne un correspondant
qui va suivre la mise en application des recommandations (le ministère
dispose de deux mois pour réagir au cas contraire la Cour saisit le
procureur général).
Ses missions visent à (i) déceler toute
irrégularité ou infraction aux normes juridiques et de gestion,
(ii) engager la responsabilité des personnes en cause, obtenir
réparation ou décider des mesures propres à éviter
le renouvellement de ces situations et (iii) à favoriser l'utilisation
régulière et efficiente des ressources, promouvoir la
transparence dans la gestion des finances publiques.
La cour des comptes publie également un rapport annuel
sur l'exécution des lois de finance et une déclaration de
conformité adressée à l'assemblée nationale. .
ü Le parlement
Les autorisations budgétaires ayant été
données par le Parlement, il apparaît logique que celui-ci puisse
exercer, à posteriori, un contrôle sur la manière dont le
budget a été exécuté. Le Parlement a de ce fait un
droit de regard sur l'exécution budgétaire.
L'article 256 du RF dispose que la nature et l'étendue
du contrôle parlementaire sont fixées par la Constitution, qui
confirme à son article 84 qu'en plus du vote de la loi et du
consentement à l'impôt, l'Assemblée Nationale
contrôle l'action du Gouvernement conformément aux dispositions
constitutionnelles. Elle effectue son contrôle de l'action
gouvernementale via les questions orales ou écrites au gouvernement, les
commissions d'enquête destinées à recueillir des
informations sur un certain nombre de faits et d'actes de gestion pour elle
même et, au delà, pour l'opinion publique. La création de
telles commissions peut s'avérer un outil efficace et utile de
contrôle parlementaire des finances publiques.
6. Analyse de la gouvernance au niveau
du contrôle du budget
Pour une meilleure gouvernance, la transparence est certes une
condition nécessaire mais un système de contrôle efficace
reste la condition suffisante.
Aussi au Burkina Faso, avons-nous plusieurs mécanismes
de compte rendu au niveau des dépenses tels que la revue du CSLP; le
discours sur « l'État de la nation qui est
présentée par le premier ministre devant les élus du
parlement »... Les PTF interviennent également au niveau sectoriel
avec le suivi des programmes qu'ils financent. Concernant la gouvernance, un
rapport a également été établit à travers le
Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs. Néanmoins,
les différents rapports ont noté que plusieurs lacunes subsistent
au niveau du contrôle de l'exécution du budget.
Tout d'abord, même si le contrôle à priori
est déconcentré il en est pas de même pour le
contrôle à postériori et au vu de toutes les tâches
dont elles ont la responsabilité, les structures tels que l'IGE ne
disposent pas de moyens humains, financiers et techniques suffisants pour
effectuer des audits fréquents. Lorsqu'ils sont effectués, les
contrôles interviennent la plupart du temps plusieurs années
après l'exécution de la dépense et le taux de couverture
des dépenses contrôlées est faible pour permettre une
exécution efficace de la dépense et une lutte effective contre la
corruption (20 à 30 structures sont contrôlées par an alors
que les nombre de collectivités locales et d'établissements
publics est de plus de 200). De plus, ces instances de contrôle n'ont pas
accès au CID et le suivi des recommandations qu'elles font n'est pas
systématique et rigoureux.
Il se pose également la question de
l'indépendance des instances de contrôle du fait de leurs rapports
qui ne sont pas rendus publics et sont portés à la
discrétion des autorités gouvernementales dont elles
dépendent. L'accès du public à l'information est donc
réduit.
Quant au contrôle de la cour des comptes
créée depuis 2002, Elle publie un rapport dont la diffusion est
assurée par le biais de conférence de presse, de distribution des
rapports (envoyé d'office à toutes les mairies, institutions, aux
gouverneurs et aux ministères). Cependant, on observe un retard
concernant la publication des rapports que la cour des comptes compte
résorber, elle travaille actuellement sur le rapport 2006 et le rapport
2007 est prévu pour Septembre. Il s'avère également
important de noter qu'en plus du manque de personnel dont elle souffre,
l'entrée à la cour se faisant par nomination avec un minimum de
15 années d'expérience requis, la cour des comptes n'a
relevé pour le moment aucune faute de gestion, ni détournement.
Cette situation nous pousse à nous interroger sur l'efficacité de
son contrôle, la cour des comptes se doit donc de d'élaborer une
définition claire de ce qu'elle qualifie de faute de gestion. En effet,
l'étude de son rapport 2005 et de différents audits nous permet
de relever de nombreux manquements aux règles et procédures en
vigueur. Ceci, notamment au niveau de la passation des marchés, ou nous
pouvons citer l'étude du cabinet Deloitte et Touche pour le PDDEB;
effectué en 2006 qui fait apparaître un montant de 1,5 milliards
de FCFA de services non faits.
Le parlement contrôle l'action gouvernementale via les
commissions d'enquête mais à cause des équilibres
institutionnels au Burkina son contrôle reste fictif. En effet,
l'efficacité des commissions est réduite car elles sont soumises
aux influences politiques du parti majoritaire et dissoutes dès que le
ministre de la justice fait ouvrir une information judiciaire sur un dossier.
Ceci pose la question de la séparation effective du pouvoir. Mohtadi et
Rose (2003) montre que la distribution asymétrique du pouvoir et des
privilèges isole les responsables politiques du contrôle public et
cela favorise les détournements pour intérêts privés
des fonds publics. Une séparation effective et un système
renforcé de freins et de contrepoids contribueraient à limiter
les abus. Nous avons aussi une haute autorité de coordination de la
lutte contre la corruption (HACLCC) mais vu le peu de moyens dont elle dispose
et du fait qu'elle ne peut saisir la justice pour aucun cas, son contrôle
ne reste qu'un effet de façade qui joue comme un signal donné par
le gouvernement dans le cadre de la lutte contre la corruption.
Ainsi, au Burkina Faso, des institutions existent pour le
contrôle budgétaire, mais leur opérationnalité reste
le problème de fond auquel il faudra remédier pour une meilleure
efficacité des dépenses dans le but de réduire la
pauvreté.
Après avoir passé en revue les
différentes phases budgétaires, nous allons dans la partie qui
suit nous intéresser à la réforme budgétaire en
oeuvre au Burkina Faso.
B. La réforme budgétaire
au Burkina Faso
1. Du PRGB à la SRFP
Le Burkina Faso apparaît comme un pays
intéressant du fait de l'acuité des réformes en cours que
ce soit au niveau des finances publiques, au niveau judiciaire... L'ensemble
des réformes menées par le gouvernement depuis l'année
2000 s'inscrit dans le Cadre Stratégique de Lutte Contre la
Pauvreté (CSLP) adopté en 2000 et révisé en 2004.
La réforme de la gestion des finances publiques est une composante
essentielle de l'axe IV du CSLP relatif à la promotion de la bonne
gouvernance.
En juillet 2002, le gouvernement a adopté un Plan
d'actions pour la Réforme de la Gestion Budgétaire (PRGB) dont
l'objectif global était « d'améliorer
durablement la transparence, la fiabilité et l'efficacité dans la
gestion budgétaire ». Initialement centré sur
le volet « dépenses », le PRGB a été
étendu à partir de 2004 à l'ensemble des composantes de la
gestion budgétaire, en particulier au volet
« recettes ». Il a été élaboré
à partir d'une évaluation réalisée selon un
processus participatif impliquant les responsables des divers services du
Ministère des finances et du budget, ainsi que ceux en charge de la
dépense dans d'autres ministères. L'élaboration du PRGB
s'est aussi appuyée sur les recommandations issues des Revues de
Dépenses Publiques et du Rapport sur l'Observation de Normes et Codes
(RONC) réalisés à la fin des années 1990 et au
début des années 2000. La poursuite, enfin, de l'adaptation des
Directives de l'UEMOA au cadre législatif et règlementaire
national a été intégrée au PRGB.
Le PRGB n'a connu un démarrage effectif qu'à
partir de 2004, avec la mise en place d'un cadre institutionnel et la
définition de Plans d'Actions Prioritaires sur des périodes
triennales glissantes. Il est appuyé par l'ensemble des PTF qui ont
décidé de coordonner dans ce cadre l'ensemble de leurs appuis en
matière de réforme de la gestion des finances publiques.
Les principaux résultats des réformes
entreprises depuis le lancement du CSLP ont porté sur5(*) :
- la mise en oeuvre de certains outils de pilotage :
production mensuelle du TOFE de gestion, élaboration du manuel du TOFE,
élaboration des budgets programmes, élaboration du CDMT global,
réalisation d'une Revue de dépenses publiques globale et
sectorielles;
- la formalisation du calendrier de préparation
budgétaire et la diffusion à bonne date de la circulaire
budgétaire ;
- Au niveau de la programmation budgétaire,
l'élaboration d'un calendrier et d'un plan d'actions pour que les
budgets programmes et les cadres de dépense à moyen terme soient
effectifs au niveau de tous les ministères en 2012.
- l'adaptation du cadre juridique et réglementaire des
finances publiques et de la nomenclature budgétaire de l'État aux
directives de l'UEMOA ;
- l'adoption du régime financier des
collectivités territoriales ;
- l'adoption d'une nouvelle réglementation des
marchés publics et la réalisation d'un CPAR ;
- l'adoption d'une nouvelle méthodologie de
recensement fiscal ;
- la réorganisation des compétences entre les
régies en matière de recouvrement ;
- la transposition au niveau national de la
réglementation en matière douanière et la mise en place de
dispositifs de contrôle douanier ;
- le démarrage du développement d'outils
informatisés intégrés de la gestion des recettes et le
lancement d'un plan d'actions pour l'amélioration des recettes de
service ;
- la mise en oeuvre de la procédure de
délégation de crédits au sein des départements
ministériels pour améliorer le fonctionnement des structures
déconcentrées ;
- la mise en oeuvre d'outils comptables informatisés
tels que le CIE (Comptabilité Intégrée de l'Etat) et le
CICL (Comptabilité Intégrée des Collectivités
Locales) ;
- la résorption des retards dans la production des
documents de fin de gestion (lois de règlement) ;
- la déconcentration effective du CID dans 10
régions qui sera effective dès cette année pour toutes les
13 régions.
Afin d'impulser la poursuite des réformes, le
gouvernement a adopté en février 2007 la
« Stratégie de Renforcement des Finances Publiques »
dont l'objectif global est
« d'établir un système de
gestion des Finances Publiques performant, conforme aux standards
internationaux ».
La mise en oeuvre de la stratégie se fera à
travers le Plan d'Actions Sectoriel Triennal (PAST), une structure de pilotage
unique dans laquelle se retrouveront les responsables de structures des
ministères directement impliquées, des représentants des
PTF ainsi que des représentants de partenaires sociaux.
Ces différents programmes ont abouti à plusieurs
changements assez positifs (élaboration du CDMT, budget programme dans
certains ministères pilotes, bon suivi de l'exécution par le
biais du circuit intégré de la dépense...) mais les
différentes évaluations de l'appareil budgétaire telles
que le rapport PEFA « Public Expenditure and Financial
Accountability » note que des progrès restent à faire
en matière de contrôle, de transparence et d'élaboration du
budget ce qui s'additionne à la lenteur des réformes
déjà mis en oeuvres. Néanmoins, plusieurs mesures ont
été prises pour pallier à ces faits, nous pouvons citer
entre autres l'élaboration d'un modèle de prévision des
recettes qui est en cours, la mise en place d'un calendrier afin que les BP
-CDMT soient effectifs au niveau de tous les ministères, ceci est
prévu pour 2012 et la mise en place de l'autorité
supérieure de contrôle de l'Etat et la réforme au niveau
des marchés publics sur lesquels nous nous attarderons
brièvement.
2. La création de
l'Autorité Supérieure de Contrôle de l'Etat
Une réforme majeure au niveau du contrôle
budgétaire est la mise en place de l'Autorité Supérieure
de Contrôle de l'Etat qui résulte de la fusion de l'IGE, de la
Haute Autorité de Coordination de la Lutte Contre La Corruption (HACLCC)
et hérite partiellement des attributions de la Commission Nationale de
Lutte contre la Fraude (CNLF).
Ce renouveau répond dans un premier temps à un
problème d'indépendance des instances de contrôle
relevés dans les différents rapports et audits, du manque de
suivi rigoureux des recommandations et du fait que la lutte contre la
corruption et pour la bonne gouvernance était quasi inexistante. De
plus, le corps des inspecteurs d'Etat était peu attrayant. Par
ailleurs, la multiplicité des organes de contrôle ainsi que la
redondance du contrôle avait été souligné. Il y
avait donc un besoin de les unifier afin d'en faire un organe plus puissant. Le
gouvernement a donc pris en compte toutes ces revendications qui vont aboutir
au décret portant création de l'Autorité supérieure
de contrôle de l'Etat en Novembre 2007 avec la nomination d'un
contrôleur général d'Etat (CGE) en Juin 2008.
Au niveau du statut du contrôleur général
d'Etat nous pouvons noter des avancées notables. Maintenant, il peut
faire carrière dans un corps, sa rémunération est
meilleure (de type P5 hors catégorie de la fonction publique). Le
rapport de l'ASCE est public et il est envoyé au président du
Faso avec des copies au premier ministre et au président de
l'assemblée nationale. En termes de transparence également, le
CGE peut faire des points de presse pour diffuser de l'information sur
l'état de la corruption et des finances publiques avant la publication
du rapport. L'entrée à l'ASCE peut se faire par voie de concours
avec un minimum de 10 ans d'expérience ou bien par nomination. Cela
permet de pallier au manque de personnel notamment au niveau des instances de
contrôle telles que la cour des comptes où les magistrats sont
nommés et doivent avoir une expérience d'au moins 15 ans.
3. La réforme au niveau des
marchés publics
Malgré un contexte règlementaire et
institutionnel assez bien défini, les différents rapports tels
que les rapports PEFA et CPAR et les audits externes de la procédure de
passation des marchés ont souligné de graves manquements aux
différentes règles en vigueur tels que des documents d'appels
à concurrence imparfaits, des procès verbaux d'ouverture et
d'attribution non règlementaires. C'est ainsi qu'après la mise en
place du Nouveau Code des Marchés Publics (NCMP) en 2003 dont la
critique principale était le fait de la séparation ambigu entre
les fonctions de contrôle et de conseil de la direction
Générale des Marchés Publics (DGMP) puis de
l'Autorité de régulation des Marchés (ARM), deux nouveaux
décrets viennent modifier le cadre réglementaire des
marchés publics. Le premier permet d'appréhender toutes les
personnes morales qui peuvent exercer dans la maîtrise d'ouvrages
délégués en définissant les conditions d'octroi et
de retrait des règlements. Le second décret quant à lui
consacre la séparation des fonctions de contrôle et de
régulation, les premières à la DGMP et les secondes
à l'ARM. Ce décret consacre également la
déconcentration de la DGMP et met un accent particulier sur la
responsabilisation des administrateurs de crédit. Il met en place une
nouvelle fonction à travers la création de la Personne
Responsable des Marchés publics (PRM).
Concernant l'ARM, comme la plupart des instances de
contrôle, elle n'est pas indépendante vis-à-vis du
gouvernement alors que cela était prévu dans les textes. Elle est
également, chargée de la mise en oeuvre des recommandations
faites pour l'amélioration de la procédure des marchés
publics. Son action reste limitée puisqu'elle n'est pas encore
déconcentrée.
C. Facteurs institutionnels favorables
à la mise en oeuvre des reformes6(*)
Mobilisation des responsables et appropriation des
réformes
La Stratégie de Réforme des Finances Publiques
(SRFP) met en exergue la démarche participative et privilégie la
« responsabilisation des acteurs ». Le cadre institutionnel
est précis en matière de procédures et de
répartition des responsabilités.
Coordination et conduite des
réformes
La SRFP prévoit une instance de pilotage unique pour
éviter les lourdeurs des processus de décision et de
contrôle. En se basant sur l'expérience du PRGB, les cadres de
concertation existants seront rationalisés et simplifiés.
L'implication des partenaires sociaux
La SRFP prévoit dans son dispositif institutionnel la
représentation de membres de la société civile dans le
Comité de pilotage.
La participation des partenaires techniques et
financiers
Au-delà de la représentation des PTF dans le
Comité de pilotage de la SRFP, c'est essentiellement à travers le
Cadre Général d'organisation des Appuis budgétaires en
soutien à la mise en oeuvre du CSLP (CGAB-CSLP) que le partenariat pour
l'appui à la réforme sera représenté pour
contribuer à l'identification des priorités, à la
coordination des réformes des pratiques des PTF et à la
fédération de leurs appuis pour les réformes des finances
publiques.
D. Conclusions et recommandations pour
les réformes en cours
Les réformes de la gestion budgétaire visent
à accroître l'efficacité des dépenses publiques par
un renforcement de la transparence du processus budgétaire et une plus
grande rationalisation de la gestion. La déconcentration d'une partie
des crédits rend plus visible au niveau local les choix d'affectation
des dépenses. La réforme du code des marchés publics
renforce la réglementation de la concurrence et clarifie les
procédures d'attribution des commandes publiques avec la
séparation des fonctions de contrôle et de régulation.
Enfin, la création de l'ASCE qui jouit du pouvoir d'enquêter sur
des organismes publics, de suivre les activités d'audit des services des
différents ministères et d'une meilleure indépendance
même si elle dépend du Premier Ministre.
Mais plusieurs difficultés sont apparues lors de la
mise en place de ces réformes en plus du manque de moyens humains,
techniques et financiers.
Tout d'abord, les réformes, en particulier celles
concernant la budgétisation programmatique, sont particulièrement
lentes à mettre en place sur le plan technique. L'amélioration de
la transparence se heurte ensuite à des défaillances persistantes
au niveau du système juridique, tant dans la production des lois et
réglementations que dans leur application, comme nous l'avons vu
à propos des procédures de passation des marchés publics.
Enfin, le contrôle et la sanction des pratiques de corruption par exemple
sont très insuffisants, du fait notamment du manque
d'indépendance des différents organes dédiés
à cette mission et du manque de suivi des différentes
recommandations qui devrait être corrigé avec la mise en place au
niveau de l'ASCE d'un comité de suivi des recommandations.
Par ailleurs, les premières réformes ayant
été mises en place en 1998 et la majorité d'entre elles
après 2000, il est certes encore tôt pour en dresser un bilan.
Mais les dysfonctionnements observés dans leur mise en oeuvre semblent
relever pour la plupart d'une trop forte concentration du pouvoir politique. Ce
déséquilibre provoque des résistances de la part d'acteurs
qui tirent profit du statu quo et cherchent à préserver leurs
rentes et privilèges économiques. Ceci peut également
expliquer que les instances de contrôle de la régularité de
la dépense ne soient pas plus indépendantes, et que
l'élaboration et l'application des lois soient encore trop peu
adaptées à la lutte contre la corruption. Des contrepouvoirs
renforcés - par une meilleure séparation des pouvoirs, un
« empowerment » de la population locale par le
biais de la décentralisation ou par des organes de contrôle
réellement indépendants et dotés de moyens suffisants
permettraient probablement un meilleur contrôle.
L'exemple de la réforme de la gestion budgétaire
au Burkina Faso fait ainsi apparaître la nécessité d'une
meilleure répartition du pouvoir politique. Accroître la
transparence et le contrôle facilite la détection des pratiques de
mauvaise gouvernance. Mais seul un contrôle efficace, qui suppose
l'existence réelle de contre-pouvoirs, peut permettre de limiter
fortement l'incidence et les méfaits de la corruption. La lutte contre
la corruption ne peut donc être réduite à
l'amélioration - certes nécessaire - de règles de
procédure : la corruption doit plutôt être envisagée
comme une manifestation d'une économie politique marquée par
l'inégale répartition du pouvoir.
Des critiques précédentes, nous pouvons
déduire les recommandations suivantes :
ü Une meilleure mobilisation des
ressources
Vu le montant important de ressources nécessaire pour
le financement des réformes, l'Etat se doit d'accélérer le
processus de diversification de ses recettes afin de pallier au manque de
moyens financiers mais aussi humains en proposant des salaires plus attrayants
notamment au niveau des différentes instances de suivi des
réformes tels que le Secrétariat Permanent pour le suivi des
Politiques et des Programmes Financiers (SP- PPF).
ü Une meilleure coordination entre les
Partenaires techniques et Financiers (PTF) d'une part et entre le
gouvernement et les PTF d'autre part. Aussi des cadres tels que les CGAB/CSLP
sont à encourager. Le financement des PTF devrait accorder une plus
grande priorité aux activités proposées par le
gouvernement comme le PAST SRFP. Dans la conditionnalité, les PTF
doivent tenir compte de la faiblesse et de la jeunesse des institutions dans le
pays.
ü Promouvoir l'équilibre des
différents pouvoirs en accordant plus de poids au
législatif et au pouvoir judiciaire. La séparation des pouvoirs
(exécutif, législatif et juridictionnel) est certes une
réalité mais l'équilibre des pouvoirs reste encore un
objectif à atteindre.
ü Renforcer les capacités des instances de
contrôle à postériori et mettre en place un plan
d'action en permettant l'entrée par voie de concours et régler au
plus vite la question du statut des magistrats de la cour des comptes.
ü Penser également à un plan d'action pour
la déconcentration du contrôle à
postériori et du contrôle de l'autorité de
régulation des marchés.
ü Créer un cadre favorable à la
synergie entre acteurs étatiques et non étatiques, la
société civile notamment ne doit pas constituer un contrepoids
face au parlement, elle doit plutôt passer par ce dernier pour faire
savoir son avis sur les questions budgétaires.
ü Renforcer les capacités des instances de
contrôle en leur accordant une véritable
indépendance comme celle de la Commission Electorale Nationale
Indépendante (CENI) notamment au niveau de l'ASCE qui continue de
dépendre du Premier Ministre. De plus, le mandat du CGE n'est pas
clairement défini pour un nombre précis d'années et il n'a
pas au niveau de l'ASCE, un officier de police judiciaire, son rapport peut
donc être repris par un autre officier de police judicaire et être
rejeté.
ü Effectuer des revues régulières
des dépenses publiques, chaque année par exemple ainsi
que des enquêtes de suivi des dépenses publiques pour
déterminer le niveau des fuites et diffuser l'information à ce
niveau.
ü Rendre l'information sur le budget disponible
et accessible à tous à toutes les phases
budgétaires du rapport préalable du budget au rapport d'audit
afin de promouvoir la transparence et l'obligation de rendre compte.
ü Publier les rapports, notamment ceux
de la cour des comptes, de l'ASCE régulièrement et en
respectant les différents délais afin que les autorités
et les différents acteurs tels que la société civile
puissent les exploiter.
ü Identifier les politiques de « best
practice ».
Il est utile d'identifier les facteurs de réussites des
pays ayant un niveau d'efficacité de la dépense publique en
matière de réduction de la pauvreté élevé
afin d'en dégager des politiques de « best
practice ». Il en est de même de la décentralisation ou
les résultats sont mitigés ; tirer profit des
expériences positives des autres pays serait un plus.
ü La notion de monopole focal de
gouvernance
Dans le cadre notamment de l'identification des politiques de
best practice, les études ont montré que les pays à faible
gouvernance qui ont pu générer des taux de croissance durablement
élevés et opérer une mutation de leur mode de
régulation au service de la bonne gouvernance, ont réussi
à mettre en place des systèmes de coordination des acteurs et de
sécurisation des anticipations qui ont permis de générer
plus de confiance dans la société. Il s'agit du monopole focal de
gouvernance (Meisel, 2004) qui permet de réguler le jeu des
intérêts particuliers dans le champ économique et social en
vue de réaliser un intérêt « le plus commun possible
». Nous avons plusieurs exemples Taiwan à partir de 1949, Singapour
sous Lee Kuan Yew à partir de 1959, la Corée du Sud sous Park
Chong Hee à partir de 1961 et la Chine à partir de 1978.
Aussi, dans le cadre de la mise en oeuvre de la PNGB,
l'étude diagnostique sur la bonne gouvernance et la corruption (Mission
CGAC) est réalisée afin d'analyser l'offre et la demande de
gouvernance et de mettre en exergue les relations entre les différents
acteurs exploitables qui pourraient jouer dans le sens de la bonne gouvernance.
Une telle étude qui porte sur l'économie politique de la
gouvernance devrait être généralisée à la
SRFP et exploité par le comité de pilotage de la
réforme.
Des dépenses publiques plus efficaces requièrent
donc la poursuite des efforts au niveau des systèmes en place, une
meilleure gouvernance et une coordination des incitations des groupes
d'intérêt au niveau des élites qui constituent des
obstacles à la mise en oeuvre des réformes. Cela, afin que les
populations puissent effectivement bénéficier des ressources
publiques qui leur sont affectées en totalité, dans le but d'une
réduction de la pauvreté.
IV. EFFICACITE DES DEPENSES PUBLIQUES DANS LE SECTEUR DE
L'EDUCATION DE BASE ET BONNE GOUVERNANCE
Dans cette partie, à l'aune des critères de
bonne gouvernance, nous analysons la bonne gouvernance au niveau du secteur de
l'éducation et en déduisons les recommandations pour une
meilleure efficacité des dépenses publiques. Notre analyse est
basée d'une part sur l'enquête de suivi des dépenses
publiques et d'autre part sur le rapport sur la gouvernance et
l'efficacité des dépenses publiques dans le secteur de
l'Education et nos propres recherches quant aux raisons d'inefficacité
des dépenses publiques.
A. Le contexte
Avec les Objectifs du Millénaire pour le
développement (OMD) dont l'objectif central est la lutte contre la
pauvreté, l'accent s'est beaucoup plus porté sur les services
sociaux. Aussi, Le Burkina Faso dans son Cadre Stratégique de Lutte
conte la Pauvreté (CSLP) place t'il l'accès des plus pauvres aux
services sociaux de base parmi ses quatre axes clés notamment en ce qui
concerne le secteur de l'Education. La pauvreté reste un
phénomène rural au Burkina, une politique en faveur des pauvres
devrait donc permettre de réduire les disparités
régionales et de réduire le biais urbain. Plusieurs politiques et
plans sectoriels tels que le Projet de Développement de l'Education de
Base (PDDEB) visent notamment à atteindre l'objectif d'éducation
pour tous, à satisfaire la demande en main d'oeuvre qualifiée...
Le processus budgétaire au niveau de l'Education reste le même que
celui suivi par les autres dépenses publiques avec la
particularité que le Ministère de l'Education de Base et de
l'Alphabétisation (MEBA) fait partie depuis 1998 des ministères
pilotes pour la mise en oeuvre des budgets programmes.
Aussi, la déconcentration est elle souvent
préconisée comme une mesure afin de permettre la culture de la
transparence en rapprochant la prise de décisions et le contrôle,
des populations concernées.
B. Organisation du ministère de
l'éducation de base et de l'alphabétisation
Le Ministère de l'Education de Base et de la
l'Alphabétisation (MEBA) est une structure complexe composée du
cabinet du ministre (regroupant le secrétariat particulier du ministre,
les conseillers techniques, l'inspection technique des services et le
protocole), du cabinet du ministre délégué qui
bénéficie d'une structure semblable à celle du ministre
à l'exclusion de l'inspection technique des services et d'un
secrétariat général qui regroupe les structures
centrales, les structures déconcentrées, les structures
rattachées et les structures de mission.
Tableau 1 : Organigramme du MEBA
C. La déconcentration au niveau
de l'éducation de base
Les structures déconcentrées comptent treize
(13) Directions Régionales de l'Enseignement de Base et de
l'Alphabétisation (DREBA), quarante cinq (45)
Directions Provinciales de l'Enseignement de Base et de
l'Alphabétisation (DPEBA) et trois cent vingt deux (322)
Circonscriptions d'Education de Base (CEB) et huit mille cent
cinquante deux (8152) écoles. Ces structures sont
chargées chacune à leur niveau d'exécuter, de coordonner
et de contrôler les activités d'éducation de base.
Depuis le 30 juin 2006, les compétences et les
ressources de l'Etat concernant l'enseignement primaire sont
transférées aux collectivités locales
(théoriquement). Ainsi, les communes assumeront les
responsabilités suivantes : prise en charge du développement
de l'enseignement primaire dans le ressort communal : construction ou
acquisition et gestion des écoles primaires, la prise en charge du
développement de l'alphabétisation par la construction,
acquisition et gestion des Centres d'Education de Base non Formelle et des
Centres Permanents d'Alphabétisation Fonctionnelle. Les communes
urbaines sont maintenant responsables des structures et infrastructures de
l'enseignement primaire.
D. La bonne gouvernance
Rappelons que pour notre étude de la gouvernance, nous
avons retenu la conception de Fuhr Harald qui décline la gouvernance en
quatre composantes que sont, la crédibilité, la transparence, la
participation, la responsabilisation et nous incluons aussi comme facteur de
bonne gouvernance, le fait que l'Etat établisse un cadre qui limite les
causes d'inefficacité des dépenses publiques que nous avons
décelé auparavant. En effet, la mauvaise gouvernance au niveau de
l'éducation va se matérialiser la plupart du temps par des
fuites, les populations ne bénéficiant pas de la totalité
des dépenses qui leur sont allouées.
Au niveau de l'éducation de base, nous observons une
nette tendance à l'amélioration des taux de scolarisation
toutefois les taux d'abandon restent encore élevés allant de 13 %
au CE à 23% au CM durant l'année scolaire 2006/2007.
Concernant l'enquête réalisée par l'INSD,
l'analyse est faite au niveau des DPEBA vers les écoles en passant par
les CEB car afin de raccourcir le circuit de gestion des crédits
délégués, les DPEBA en sont directement les
bénéficiaires au profit des CEB et des écoles sous leur
tutelle, notre analyse s'axera plus sur les DPEBA et les CEB et les
données portent sur l'année 2006.
1. La prédictibilité du
budget versus sa crédibilité.
Au niveau de l'Éducation, l'équité reste
l'un des objectifs principaux et afin de l'atteindre, l'accent sera beaucoup
plus mis sur l'éducation des filles, les incitations au niveau des
enseignants et la distribution de manuels scolaires.
La question du ciblage est donc cruciale. Si nous nous mettons
dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, une dépense sera
jugée pro pauvre si la part des avantages qu'en retirent les 20% les
plus pauvres de la population est supérieure à celle dont
profitent les 20% les plus riches. Or au Burkina, l'étude sur
l'accessibilité des services sociaux de base aux ménages a
démontré qu'au niveau de l'éducation de base 42% des
subventions reviennent aux deux derniers quintiles les plus riches contre 37 %
pour les deux premiers quintiles. Ceci entrave donc l'efficacité des
dépenses publiques et accentue les disparités entre les riches et
les plus démunis, le biais urbain est ainsi accentué du fait que
la pauvreté au Burkina reste en grande partie rurale.
Concernant la déconcentration, le mécanisme de
répartition du budget entre les différents services
déconcentrés doit tenir compte de critères précis
tels que les disparités entre régions, les effectifs
scolarisables... Dans la pratique, les enquêtes ont montré qu'ils
n'existent pas au niveau du ministère des règles de
répartition clairement définies, cela relève donc des
DPEBA et des CEB. La mauvaise circulation de l'information entre DPEBA et CEB
est toujours une réalité en 2006 (71% des CEB disent n'avoir
aucune idée quant au mode de répartition des DPEBA), nous pouvons
noter que les CEB se plaignent de dotations insuffisantes compte tenu de leurs
besoins et qui ne tiennent pas compte de leurs effectifs. De plus 40% des CEB
enquêtés se plaignent de l'arrivée tardive des dotations et
le problème de transport pour 35% d'entre elles. L'Étude sur
l'efficacité des dépenses montre également que le fait
d'appliquer un critère cohérent de répartition
préalable permet de limiter les fuites.
Tableau 2 : Répartition des crédits
délégués
|
Fréquence
|
Pourcentage écart
|
Répartition préalable des crédits
délégués entre les écoles
|
62,5
|
-53,20%
|
Non répartition préalable des crédits
délégués entre les écoles
|
37,5
|
-73,63%
|
Total
|
100
|
|
Source : INSD, données de l'enquête
Par ailleurs le secteur de l'éducation faisant partie
des hautes priorités de l'Etat burkinabé même si sa part
dans le budget total est en baisse (11, 47% en 2003 contre 9,35% en 2007), il
fait partie des secteurs qui sont privilégiés lorsque des
régulations budgétaires s'imposent à l'Etat, ce qui
l'expose moins à l'instabilité des ressources de l'Etat source
d'inefficacité des dépenses publiques.
2. La participation : ouverture des
prises de décisions aux acteurs non étatiques
A la lumière de l'enquête, 9 DREBA sur 13 ont
affirmé associer les DPEBA à l'élaboration du budget
alors que 7 d'entre elles associent même les CEB au processus
d'élaboration de leur budget.
Au niveau des DPEBA, une forte participation des CEB à
l'élaboration des budgets de la Direction provinciale de
l'éducation de base est indiquée (21/23). Toutefois,
l'élaboration du budget des directions provinciales ne semblent pas
être aussi participative que les Directions provinciales l'ont
laissé croire si l'on se réfère au CEB. En effet, 58% des
CEB interrogées affirment n'avoir pas pris part à
l'élaboration du budget 2006/2007 (52% en 2005/2006).
Parmi les DPEBA interviewées, 8 d'entre elles ont
procédé à des répartitions à priori des
crédits déléguées entre la Direction provinciale et
les CEB. Quant à celles qui affirment avoir
mené des consultations, on a la situation suivante :
- les cadres de la DPEBA ont été associés
à la répartition des crédits délégués
ou du matériel (13/15) ;
- les CEB ont été associés dans 9 DPEBA
sur 15 ;
- les écoles ont été associées
dans 5 DPEBA sur 15 ;
L'enquête montre que les écoles sont pour la
plupart ignorées du processus de décision au niveau du budget.
Les Associations de parents d'élèves (APE)
jouent également un rôle important. Les APE ont été
associées dans 6 DPEBA sur 15. Depuis 1995, il existe le Cadre de
Concertation des ONG et associations actives en Education de Base au Burkina
Faso (CCEB-BF). Il comporte aussi bien des ONG nationales que des ONG
internationales. La mission du CCEB-BF est d'optimiser la concertation et la
coordination entre les ONG/Associations intervenant dans l'éducation de
base formelle et non formelle afin de favoriser et de renforcer leur
contribution dans l'amélioration de la situation de l'éducation
au Burkina Faso. Elle est une force de proposition et de pression auprès
des autorités éducatives du Burkina. De plus en plus, les
difficultés qu'a connues le MEBA surtout à travers les
dysfonctionnements du PDDEB, qui est l'initiative phare du gouvernement en
matière d'éducation, ont montré la nécessité
d'avoir des Organisations de la Société Civile (OSC) et des
syndicats forts pour influencer la marche du ministère. La
participation communautaire est en nature et en espèces. En effet, les
OSC sont de plus en plus des répondants directs de l'école.
3. La responsabilisation :
l'obligation de rendre compte
L'obligation de rendre compte passe par l'élaboration
de rapport d'évaluation des activités et de rapports d'audits
fréquents. Au niveau des DPEBA, alors que la production de rapports
d'activités est effective, les rapports de gestion ne sont
effectués que par 17 DPEBA sur 23 au niveau de l'échantillon.
Tableau 3 : Production de rapport d'activité
annuelle
|
|
Fréquence
|
Ecart des dotations
|
Valide
|
Oui
|
73,91
|
-10,75%
|
|
Non
|
26,09
|
-19,34%
|
|
Total
|
100
|
|
Source : INSD, données de l'enquête
Le tableau indique que près de 74% des DPEBA produisent
des rapports d'activités annuels contre 26% qui ne le font pas. Pourtant
la production des rapports d'activités annuels fait partie des
attributions normales de chaque DPEBA. Ainsi, il est difficilement
compréhensible que les DPEBA (26%) ne rendent pas compte de leur gestion
tant pour les supérieurs hiérarchiques que pour les subalternes.
Cela semble avoir un impact sur les écarts de dotations entre les
écoles et les CEB. En effet, la production des rapports
d'activités annuels réduit les écarts de fuites de
dotations entre les écoles et les CEB.
Les rapports d'audits et de contrôle de gestion des
DREBA vers les DPEBA et des DPEBA vers les CEB sont très peu
fréquents en raison d'un manque de moyens matériels et
financiers.
Cependant au niveau des écoles, le rôle des APE
n'est pas négligeable.
Tableau 4 : Actions des APE par régions
Régions
|
Proteste auprès de la CEB
|
Proteste auprès de la DPEBA
|
Proteste auprès de la DREBA
|
Donne un complément de dotation à
l'école
|
Rien
|
Ne sait pas car jamais confronté à une
telle situation
|
Total
|
Boucle du Mouhoun
|
15
|
5
|
0
|
60
|
20
|
0
|
100
|
Cascades
|
11
|
0
|
0
|
67
|
22
|
0
|
100
|
Centre
|
21
|
7
|
0
|
71
|
0
|
0
|
100
|
Centre-est
|
11
|
0
|
0
|
72
|
17
|
0
|
100
|
Centre-ouest
|
28
|
10
|
3
|
52
|
7
|
0
|
100
|
Centre-nord
|
32
|
0
|
0
|
28
|
28
|
12
|
100
|
Centre-sud
|
6
|
6
|
0
|
76
|
12
|
0
|
100
|
Est
|
30
|
0
|
0
|
39
|
30
|
0
|
100
|
Hauts-Bassins
|
32
|
5
|
0
|
47
|
11
|
5
|
100
|
Nord
|
16
|
0
|
0
|
58
|
21
|
5
|
100
|
Sahel
|
0
|
0
|
0
|
44
|
50
|
6
|
100
|
Plateau central
|
0
|
0
|
0
|
100
|
0
|
0
|
100
|
Sud-ouest
|
25
|
0
|
0
|
50
|
25
|
0
|
100
|
Source : Gouvernance et efficacité des
dépenses publiques dans le secteur de l'éduction
Par le biais de réunions avec les directeurs
d'école, elles ont de l'information sur l'exécution du budget et
nous pouvons noter que dans les cas où les dotations reçues ne
sont pas celles attendues, les APE dans leur grande majorité (55%)
donnent un complément à la dite dotation, proteste (19%) ensuite
auprès de la CEB (19%) ou de la DPEBA (3%). Souvent, ils ne
réagissent pas (3%). Au niveau régional, il faut signaler que les
APE du Sahel donnent un complément (50%) ou restent passives (44%)
devant une telle situation. Au Plateau central par contre, devant un manque
à gagner dans le budget de l'école, tous les APE donnent le
complément à la direction de l'école.
Les partenaires techniques et financiers organisent
également un suivi des projets qu'ils financent et nous avons aussi un
cadre de concertation concernant l'éducation.
Cependant, nous relevons que dans son rapport de 2005, la cour
des comptes a effectué plusieurs contrôle au niveau du secteur de
l'Education notamment celui de l'Ecole Nationale des Enseignants du Primaire
(ENEP). Elle a constaté plusieurs manquements telles que des
dépenses injustifiées, le non suivi du manuel de
procédures et le manque de personnel au niveau de la
comptabilité. La cour des comptes reste encore aujourd'hui sans
réponse de la part du MEBA, des différentes recommandations
qu'elles avaient fait depuis 2005. Cela pose avec acuité le
problème de la transparence et du suivi des recommandations au niveau de
ce secteur qui reçoit un volume important de financement.
4. La transparence : diffusion de
l'information
La transparence, la diffusion de l'information est un point
clé au niveau de la bonne gouvernance. En effet, pour assurer un
meilleur contrôle, nous devons avoir une information sur les états
budgétaires, les résultats du secteur entre autres disponibles et
accessibles pour tous les acteurs.
Dans le secteur de l'éducation de base, malgré
une assez bonne transparence au niveau de l'élaboration du budget, celle
au niveau de son exécution reste insuffisante. En effet, nous avons une
absence de retour de l'information quant aux crédits finalement
allouées comme nous l'avons vu précédemment, alors que la
DAF tient à la disposition des DPEBA et des DREBA toutes les
informations dont elles ont besoin.
En outre, la complexité du système et la
multiplicité des acteurs crée une forte asymétrie de
l'information qui favorise les fuites. Même si les DREBA ont une
facilité d'accès à l'information auprès de la DAF,
l'information circule mal entre DREBA et DPEBA d'une part et les DPEBA et les
CEB d'autre part. Les DREBA n'affichent pas d'informations sur les allocations
budgétaires et les CEB n'ont aucune information sur les crédits
délégués. Ces derniers pour la plupart jugent la
répartition des fournitures et des équipements non transparente.
Néanmoins, les APE par le bais des directeurs d'écoles
accèdent à l'information sur les états budgétaires
au niveau de ces structures.
Pour ce qui concerne l'accès aux médias, la
distance reste un obstacle.
E. Conclusion de la sous partie et
recommandations.
L'analyse précédente de la gouvernance d'un
point de vue sectoriel au niveau de l'éducation, nous a permis
d'appréhender les forces et les faiblesses du système, de
déceler les situations à même de favoriser les fuites et de
comprendre le rôle important jouer par les acteurs non étatiques
ONG et APE notamment. Le secteur de l'éducation est assez bien
déconcentré même si la décentralisation au niveau
des communes reste un objectif à atteindre. Parmi les obstacles à
une meilleure gouvernance, nous pouvons retenir entre autres, la
répartition non transparente des allocations, la mauvaise circulation de
l'information entre les différentes entités
déconcentrés et l'administration centrale d'où sa mauvaise
diffusion. Concernant le contrôle, le manque de moyens financiers et
matériels est à la base de son mauvais fonctionnement et le fait
également que le MEBA n'opère pas de suivi des recommandations
faites par les différentes instances de contrôle telles que la
Cour des comptes, ce qui ne peut que constituer un cadre favorable aux
fuites.
De ces différentes failles, nous pouvons donc proposer
les recommandations suivantes,
ü La mise en place d'un cadre de concertation
entre les différents services déconcentrés et le
MEBA afin d'asseoir un système efficace de partage de
l'information, de sa diffusion ainsi qu'une règle de répartition
cohérente des allocations au niveau de chaque région qui seraient
suivi par eux.
ü Le gouvernement devrait renforcer les
capacités de l'inspection générale des services
en terme de capacités (moyens humains techniques et financiers) vu le
rôle stratégique de l'éducation de base pour la
réduction de la pauvreté qui n'est plus à
démontrer.
ü Le suivi des recommandations faites par les
différentes instances de contrôle.
ü Une meilleure coordination entre les
différents acteurs qui interviennent dans le financement de
l'éducation ainsi que l'Etat. Ces acteurs pourront essayer de
fédérer le contrôle de l'exécution des
dépenses.
ü Les PTF pourront notamment appuyer le
gouvernement en matière de contrôle et de suivi des crédits
délégués en temps que mesures d'accompagnement
à la déconcentration.
ü Finalement, il serait plus pertinent de mettre en
oeuvre en partenariat avec l'INSD des enquêtes de suivi des
dépenses au niveau de l'éducation fiables et de bonne
qualité qui permettent d'apprécier la traçabilité
des fonds telles que les PETS (Public Expenditure Tracking Survey), ce qui n'a
pas encore été fait et limite l'estimation des fuites.
CONCLUSION
La gouvernance et la lutte contre la pauvreté sont
intrinsèquement liées. Comme nous l'avons démontré
une mauvaise gouvernance peut en l'occurrence affecter l'efficacité des
dépenses publiques et empêcher l'Etat d'atteindre ses
différents objectifs. Elle compromet notamment la délivrance des
services à ceux qui en ont le plus besoin et l'influence des groupes
d'intérêt « insiders » biaisent les politiques
et les programmes de dépenses à la défaveur des
pauvres.
Le gouvernement burkinabé s'étant engagé
dans un processus de réformes au niveau des finances publiques à
travers la SRFP se doit d'être stratège afin de rendre les
intérêts des différents acteurs particulièrement les
« insiders » compatibles avec la réduction de la
pauvreté.
Aussi la bonne gouvernance au niveau des dépenses
publiques concerne t'elle le processus budgétaire dans sa
globalité et le gouvernement ainsi que les différentes
administrations doivent s'atteler à mettre en oeuvre à tous les
niveaux les principes de bonne gouvernance que sont la
prédictibilité, la transparence, la responsabilisation et la
participation. Au niveau de l'élaboration du budget la mise en place
effective des budgets programmes et des Cadres de Dépenses à
Moyen Terme vont dans ce sens en favorisant une meilleure efficacité des
dépenses publiques. Concernant l'exécution du budget, la nouvelle
règlementation des marchés publics avec l'autorité de
régulation des marchés publics permet une meilleure transparence
de la procédure de passation des marchés et la mise en place de
l'Autorité supérieure de contrôle de l'Etat constitue une
avancée majeure. Même si l'indépendance des
différentes instances de contrôle est quasi inexistante. La
diffusion de l'information reste également un défi que l'Etat se
doit de relever et le manque de moyens techniques, humains et financiers reste
un frein à la mise en oeuvre des réformes à tous les
niveaux. La jeunesse des nouvelles institutions qui ne sont pas encore
opérationnelle ne permet pas une réelle évaluation du
système. Néanmoins, afin de renforcer le processus de
réformes en cours et de pallier aux différentes failles que nous
avons relevé nos recommandations au niveau de l'efficacité des
dépenses publiques en général sont 7(*) brièvement les
suivantes :
ü Une meilleure mobilisation des ressources.
ü Une meilleure coordination entre les Partenaires
techniques et Financiers (PTF) d'une part et entre le gouvernement et les PTF
d'autre part.
ü Promouvoir l'équilibre des différents
pouvoirs en accordant plus de poids au législatif et au pouvoir
judiciaire. La séparation des pouvoirs (exécutif,
législatif et juridictionnel) est certes une réalité mais
l'équilibre des pouvoirs reste encore un objectif.
ü Créer un cadre favorable à la synergie
entre acteurs étatiques et non étatiques, la
société civile notamment ne doit pas constituer un contrepoids
face au parlement, elle doit plutôt passer par ce dernier pour faire
savoir son avis sur les questions budgétaires.
ü Renforcer les capacités des instances de
contrôle en leur accordant une véritable indépendance.
ü Effectuer des revues régulières des
dépenses publiques, chaque année par exemple ainsi que des
enquêtes de suivi des dépenses publiques pour déterminer le
niveau des fuites et diffuser l'information à ce niveau.
ü Rendre l'information sur le budget disponible et
accessible à tous à tous les niveaux, du rapport préalable
du budget au rapport d'audit afin de promouvoir la transparence et l'obligation
de rendre compte.
ü Publier les rapports, notamment ceux de la cour des
comptes, de l'ASCE régulièrement et en respectant les
différents délais afin que les autorités et les
différents acteurs tels que la société civile puissent les
exploiter.
ü Identifier les politiques de « best
practice ».
ü L'Etat doit mettre en place une structure de monopole
focal de gouvernance
Au niveau du secteur de l'éducation en particulier,
comme recommandations, nous avons proposé,
ü La mise en place d'un cadre de concertation entre les
différents services déconcentrés et le MEBA afin d'asseoir
un système efficace de partage de l'information, de sa diffusion ainsi
qu'une règle de répartition cohérente des allocations au
niveau de chaque région qui seraient suivi par eux.
ü Le gouvernement devrait renforcer les capacités
de l'inspection générale des services en terme de
capacités (moyens humains, techniques et financiers) vu le rôle
stratégique de l'éducation de base pour la réduction de la
pauvreté qui n'est plus à démontrer.
ü Une meilleure coordination entre les différents
acteurs qui interviennent dans le financement de l'éducation ainsi que
l'Etat.
ü Le suivi des différentes recommandations faites
par les différentes instances de contrôle
ü Les PTF pourront notamment appuyer le gouvernement en
matière de contrôle et de suivi des crédits
délégués dans le cadre de la déconcentration.
ü Mettre en oeuvre en partenariat avec l'INSD des
enquêtes de suivi des dépenses qui permettent d'apprécier
la traçabilité des fonds.
Des dépenses publiques plus efficaces requièrent
donc une réforme majeure des systèmes en place, une meilleure
gouvernance et une coordination des incitations des groupes
d'intérêt au niveau des élites qui constituent des
obstacles à la mise en oeuvre des réformes. Cela, afin que les
populations puissent effectivement bénéficier des ressources
publiques dans le but d'une réduction de la pauvreté.
BILAN DE MON EXPERIENCE
PROFESSIONNELLE
Ma première expérience professionnelle dans une
grande institution telle que la Banque Mondiale fut très enrichissante
et cela à plusieurs niveaux.
Tout d'abord sur le plan relationnel et humain, au sein de
l'institution, mon insertion fut très aisée d'autant plus que
dès la deuxième semaine de mon arrivée, j'ai eu la chance
de participer à une retraite de 3 jours à Tenkodogo avec tout le
personnel de la banque. Ceci m'a permis de sympathiser avec eux, d'attirer leur
attention sur le sujet de mon rapport et de mieux comprendre la culture au sein
de l'institution.
Par ailleurs, vu l'intérêt que portait les
différents acteurs à mon thème de recherche tant au niveau
du gouvernement avec le ministère de l'économie et des finances,
de l'éducation de base et de l'alphabétisation que de la cour des
comptes; ces derniers n'ont ménagé aucun effort pour me mettre en
contact avec les personnes ressources. J'ai ainsi pu être
confrontée aux difficultés de la recherche d'informations au
niveau de l'administration burkinabé avec la « culture du
secret » des administrés. Aussi, le soutien du responsable du
secteur de l'Education de la Banque Mondiale ainsi que de mon directeur de
stage m'ont été d'une grande nécessité. Ce stage
m'a ainsi permis d'approfondir mes connaissances en terme de gestion
budgétaire et de bonne gouvernance et d'acquérir une assez bonne
compréhension du système budgétaire en oeuvre au Burkina
Faso et des réformes qui y sont en cours.
J'ai également pu rencontrer divers acteurs de la
société civile tels que le Centre pour la gouvernance
démocratique (CGD) et le Réseau National de Lutte Anti-corruption
(RENLAC) par le biais de rencontre entre la banque et les acteurs de la
société civile.
Pour mes différents entretiens, j'ai pu
bénéficier de l'approche de la mission CGAC (Country Governance
and Anti-Corruption) à laquelle j'ai pu participée. Cette
dernière effectue une étude diagnostique sur la gouvernance et la
corruption, le Burkina faisant partie des 7 pays d'Afrique ayant
été retenus. Nos travaux se sont clôturés par
l'élaboration d'un atelier sur l'exigence sociale de la bonne
gouvernance avec les représentants de la société civile
dont les résultats furent très enrichissants pour la suite de mon
rapport.
Par ailleurs, en plus de mes travaux sur la bonne gouvernance
comme un facteur d'efficacité des dépenses publiques, j'ai pu
appréhender les questions de gouvernance au niveau des projets notamment
par des missions d'audits avec le financier de la banque et par les
contrôle de demande de remboursement de fonds (DRF) que j'ai eu la chance
d'effectuer.
Néanmoins, mon thème de travail est assez vaste
et une étude plus approfondie aurait nécessité plus de
temps et de moyens. Mon principal apport est donc d'avoir établi un
cadre théorique assez intéressant pour l'analyse de la bonne
gouvernance au niveau des dépenses publiques.
Ce stage m'a ainsi beaucoup apporté en termes
d'organisation de mon travail, de capacité d'analyse et de
synthèse, sur le plan relationnel, professionnel... Je retiens
également la place prépondérante accordée aux
bailleurs de fonds tels que la Banque Mondiale dans un pays aussi
dépendant de l'aide que le Burkina qui a certes réussi à
mettre en place un assez bon cadre de concertation et de coordination des
appuis extérieurs entre le gouvernement et les partenaires techniques et
financiers.
Bibliographie
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Budgets Really Matter? Evidence from Public Spending on Education and Health in
Uganda», World Bank Policy Research Working Paper No.1926, World Bank,
Washington D.C
Baladacci, Emanuele, Clements, Gupta, Cui
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Countries: Implications for Achieving the MDGs » IMF Working Paper
04/217
Baldacci, Clements et Gupta (2005).
« Que faire pour aider les pauvres ? », Finance et
Développement, Juin 2005.
Chang H. J. (2001), Institutional Development
in Developing Countries in a Historical Perspective. Lessons from Developed
Countries in Earlier Times, Faculty of Economics and Politics, University of
Cambridge.
Delavallade, C, 2007, Public expenditure in
developing countries: how corruption influences its amount and allocation,
Ministère de l'Economie et des finances, Document de la
Stratégie de Renforcement des Finances Publiques, version de
Février 2007
SIRPE G., SIKIKOU S., SIE TOYE A. M. et J.
ZANGA, « Dépenses publiques et accesibilité
des services sociaux de base aux ménages », Ambassade royale
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Burkina Faso, Janvier 2008
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Banque mondiale, Banque Africaine de développement,
Rapport analytique sur le système de passation des marchés
publics au Burkina Faso (CPAR deuxième génération),
Rapport public de la Cour des comptes; 2005
FMI, Rapport sur l'amélioration de la gestion
budgétaire au Burkina Faso,
OUEDRAOGO M., SAWADOGO S., ZONON A. et TAPSOBA
A., .Rapport sur la « Gouvernance et efficacité des
dépenses publiques dans le secteur de l'éducation »,
volumes 1 & 2 Version de Janvier 2008
Rapport sur « la Mesure de la performance de
la gestion des finances au Burkina Faso publiques selon la méthodologie
PEFA » parrainée par La Banque mondiale, Le Fonds
monétaire international, La Commission européenne, Le
Département pour le développement international du Royaume-Uni,
Le Ministère français des Affaires étrangères, Le
Ministère des Affaires étrangères du Royaume de
Norvège, Le Secrétariat d'État aux Affaires
économiques de la Suisse, Le Partenariat stratégique avec
l'Afrique, Avril 2007.
ANNEXES
PRESENTATION DE L'INSTITUTION
Les missions et les
activités de la banque mondiale
Les missions de la
Banque mondiale
La Banque mondiale est en fait un ensemble d'institutions.
Elle a commencé par porter le nom de Banque internationale pour la
Reconstruction et le Développement (BIRD), lorsqu'elle a
été créée en même temps que le Fonds
Monétaire International, à la fin de la deuxième guerre
mondiale. Initialement, le mandat de la Banque comportait deux volets : la
reconstruction dans les pays touchés par la guerre, principalement en
Europe, et, dans une perspective d'avenir, les besoins de développement
ultérieurs dans le reste du monde. Elle constituait un mécanisme
de financement qui reposait sur la garantie de la capacité
financière de ses principaux États partenaires,
c'est-à-dire les pays industrialisés développés.
Elle utilisait leur cote de solvabilité pour emprunter sur les
marchés privés et consentir des prêts à un taux qui
demeurait favorable du point de vue d'un pays en développement. En
effet, si ces pays avaient emprunté directement sur les marchés
financiers, on leur aurait imposé un taux d'intérêt plus
élevé. Il s'agissait donc, de l'arbitrage qui permettait à
la BIRD de fonctionner.
En plus de la BIRD, quatre autres institutions composent le
groupe de la banque mondiale à savoir la Société
Financière Internationale (SFI), qui a pour mandat de promouvoir
l'investissement privé par l'entremise d'investissements directs
étrangers dans les pays en développement, l'Association
Internationale de Développement (AID) qui constitue l'antenne de la
Banque mondiale offrant des prêts à des conditions plus
avantageuses et des dons pour 82 pays les plus pauvres de la planète
dont le Burkina Faso. Ces deux institutions accordent des prêts aux pays
en développement et aux pays les plus pauvres à des taux
d'intérêt favorables pour de longues périodes. La BIRD
consent aussi des prêts, mais elle traite avec une gamme plus
étendue de pays. Nous avons également, L'agence
Multilatérale de Garantie des Investissements (MIGA) qui est un service
d'assurance contre le risque politique et le Centre International pour le
Règlement Des Différends relatifs aux Investissements (CIRDI) qui
encourage les investissements directs à l'étranger par une offre
de services internationaux de règlement des différends relatifs
aux investissements par voie de conciliation et d'arbitrage.
La BIRD et L'AID forment la Banque mondiale dont les
principales missions de nos jours sont, de lutter contre la
pauvreté avec passion et professionnalisme pour obtenir des
résultats durables, aider les populations à se prendre en charge
et à maîtriser leur environnement par la fourniture de ressources,
la transmission de connaissances, le renforcement des capacités et la
mise en place de partenariats dans les secteurs public et privé.
Néanmoins, La reconstruction est demeurée un important objectif
des travaux de la Banque étant donné les besoins engendrés
par les catastrophes naturelles, les urgences humanitaires et les conflits dans
les pays en développement et les économies en transition.
Les activités de
la Banque mondiale
Le type d'activités menées par la Banque sont
passées par différentes phases. Au départ, pendant une
longue période qui a duré jusqu'à la fin des années
1960, les activités portaient principalement sur de grands projets
d'infrastructure, notamment dans les secteurs des routes, du transport et de
l'énergie qui représentaient alors la conception que l'on avait
du processus de développement.
À la fin des années 1960 et au cours des
années 1970, sous la direction d'un nouveau président, M. Robert
McNamara, les activités de la Banque ont commencé à
s'orienter davantage sur la réduction de la pauvreté, sur la
satisfaction des besoins fondamentaux. À partir de ce moment-là,
la Banque a concentré ses efforts sur des projets liés à
l'éducation et à la santé, tout en s'occupant de projet
d'infrastructure. Ce changement d'orientation a été maintenu
pendant plusieurs années.
Plus tard, au cours des années 1980, les
activités de la Banque mondiale ont pris une nouvelle orientation
lorsqu'elles ont mis l'accent sur les ajustements structurels. Cette
période a été l'une des plus controversées de
l'histoire de la Banque mondiale, qui a alors commencé, en collaboration
avec le Fonds monétaire international (FMI), à imposer dans la
pratique, des conditions relativement strictes aux pays emprunteurs. En effet,
au lieu d'être liés à des projets concrets, les prêts
étaient associés à des programmes au sein des pays
emprunteurs. Ils ont alors été utilisés pour appuyer les
efforts des pays bénéficiaires sur le plan budgétaire: les
prêts n'étaient alors plus consentis pour appuyer des projets,
mais essentiellement pour soutenir de vastes thèmes pragmatiques. Ils ne
servaient donc plus à construire un pont ou un barrage, mais
étaient plutôt utilisés pour exécuter des programmes
et des politiques d'ordre beaucoup plus général.
Toutefois, ce changement d'orientation a
entraîné, dans une certaine mesure, la perte d'autonomie politique
des pays à qui étaient accordés les prêts. Cette
réorientation peut s'avérer une bonne ou une mauvaise chose,
selon les positions dans le débat sur la politique des ajustements
structurels. Ces ajustements ont provoqué beaucoup de controverses et la
Banque mondiale a admis qu'elle était allée trop loin dans
certains cas et pas assez dans d'autres et qu'elle modifierait ces ententes.
Néanmoins, ces ajustements ont été perçus comme une
violation, jusqu'à un certain point, de la capacité des
États emprunteurs à formuler des politiques.
Aujourd'hui, l'action de la banque est beaucoup plus
centrée sur l'atteinte des objectifs du millénaire pour le
développement qui tendent vers l'élimination de la
pauvreté et la réalisation d'un développement durable
où l'Etat est reconnu comme un acteur central du processus. Ces
objectifs servent à la fois de cibles et d'étalons pour juger des
résultats obtenus. Dans ce sens, la Banque est engagé dans plus
de 1800 projets qui couvrent pratiquement tous les secteurs d'activité
et tous les pays en développement. Ces projets sont des plus divers
qu'il s'agisse de sensibiliser les populations à la lutte contre le Sida
en Guinée, d'aider à la reconstruction du Timor Oriental,
d'améliorer les prestations de soins de santé au Mexique...
Hiérarchisation de
la Banque Mondiale
Comment la Banque mondiale est-elle
organisée ?
La Banque mondiale est dirigée comme une
coopérative dont les pays membres sont également les
actionnaires. Le nombre d'actions dont dispose un pays est basé, plus ou
moins, sur la taille de son économie. Les États-Unis en sont le
plus gros actionnaire avec 16,41% des voix. Ils sont suivis par le Japon
(7,87%), l'Allemagne (4,49%), le Royaume-Uni (4,31%), et la France (4,31%). Le
reste des actions est divisé entre les autres pays membres. La Banque
est organisée en Vice-présidences (VP) qui ont chacune la
responsabilité d'une région particulière ou d'un secteur,
avec mandat d'y combattre la pauvreté et d'encourager le
développement économique. Elle est composée de 185 pays
membres. Chaque pays se fait représenter par un "gouverneur",
généralement son ministre des Finances ou le président de
sa banque centrale. Le Conseil des gouverneurs se réunit à
l'automne chaque année, lors de l'assemblée conjointe du FMI et
de la Banque mondiale pour décider des politiques de la banque.
Comme les Gouverneurs ne se rencontrent qu'une fois par an,
ils délèguent certains aspects de leur mandat à des
Administrateurs au nombre de 24 qui travaillent au siège même de
la Banque. Le système est conçu de telle sorte que les cinq plus
grands actionnaires, à savoir la France, l'Allemagne, le Japon, le
Royaume-Uni et les États-Unis, nomment chacun un Administrateur. Les
autres pays sont répartis dans 19 groupes, chacun ayant pour
représentant un Administrateur, qui représente donc plusieurs
pays.
Nous avons par ailleurs un groupe indépendant
d'évaluation (GIE)8(*), responsable devant le conseil des
administrateurs qui évalue la pertinence, la viabilité,
l'efficience et l'efficacité des opérations.
Le bureau du Président
Le président de la Banque est traditionnellement un
ressortissant du pays actionnaire le plus important, soit les
États-Unis. Elu pour cinq ans renouvelables, il assume la
présidence des réunions du Conseil des Administrateurs et est
responsable de la gestion de l'institution. Après la démission de
Paul D. Wolfwitz, le nouveau Président du groupe de la banque mondiale
est Monsieur Robert B. Zoellick depuis Juillet 2007. Sa nomination a
été reconnue à l'unanimité par le conseil des
administrateurs.
Le personnel de la Banque mondiale
La Banque mondiale emploie approximativement 10000
spécialistes du développement. Ses effectifs, autrefois
homogènes et composés essentiellement d'ingénieurs et
d'analystes financiers, tous basés à Washington, se
caractérisent désormais par la multiplicité de leurs pays
d'origine et de leurs domaines de spécialisation (économie,
politique publique, politiques et questions sectorielles et sciences sociales).
Actuellement, 33 % des employés de la Banque travaillent dans les 100
bureaux de représentation ouverts par l'institution dans certains pays
membres.
Le Groupe de la Banque Mondiale au Burkina
Les programmes d'ajustement
structurel
Installée depuis 1974 au Burkina Faso, le groupe de la
Banque Mondiale a entrepris diverses activités qui retracent
l'évolution de ses priorités notamment en termes de
développement. En effet, dès 1991, la Banque participe à
un vaste programme d'appui de réformes économiques et sociales en
partenariat avec le FMI et les donateurs avec une première phase de
mise en oeuvre des mesures d'ajustement définie pour la période
1991-1993 reconduit pour une seconde phase, laquelle couvre la période
1994-1996 avec pour objectif d'approfondir les réformes
déjà engagées. La première phase d'ajustement
(1991-1993) devait permettre la réalisation d'un taux de croissance
annuel du PIB réel de l'ordre de 4 %, la limitation du taux d'inflation
à environ 2,5 %, l'endiguement des déficits fiscaux et du compte
courant à 13,5 %-14 % du PIB. Pour la seconde phase, il s'agit de
parvenir à un taux de croissance annuel de l'ordre de 5 %,
réduire le déficit du compte courant de 16 % en 1993 et de 14 %
en 1994, limiter l'inflation à moins de 6 % après son
accélération par suite de la dévaluation, accroître
les exportations de 11,5 % en volume par an.
Aux réformes structurelles ont été
associées des réformes sectorielles comme Le Plan national de
l'Environnement (PANE), mis en place en 1991, vise l'amélioration des
conditions de vie en milieu rural et urbain tandis que celui sur la gestion des
terroirs (connu aussi sous le sigle PNGT) assure le lien entre la production
agricole et la protection des ressources naturelles. D'une manière
générale, les résultats enregistrés dès
l'application du premier programme ont montré l'utilité et la
nécessité de poursuivre et même d'approfondir les
réformes. Ce qui a justifié l'adoption de la seconde
génération de programmes, notamment le programme de la
période 1994-1996 et l'intention de lancer le troisième programme
triennal pour 1997-1999. Mais ce projet a suscité des réserves,
compte tenu des difficultés rencontrées lors de
l'exécution du précédent programme. Celle-ci a
été faite dans un contexte économique marqué par la
dévaluation du franc CFA et les retards des décaissements des
crédits distribués par les bailleurs de fonds.
Les Objectifs du millénaire pour le
développement (OMD)
Adoptée en Septembre 2000, les OMD ont surgi des
compromis et mesures établies lors des grands sommets des années
1990. Ils se composent de huit points clefs où les pays pauvres se sont
engagés à mieux gouverner et à investir dans leurs
populations, les pays riches à les appuyer par des aides
financières, l'allègement de leurs dettes et la mise en place de
règles de commerce plus justes. En tant que réponse aux
défis du développement, leur objectif central est de
réduire la pauvreté. Ainsi, le Burkina Faso, à la demande
des différents partenaires techniques et financiers (PTF) dont la Banque
Mondiale a fait partie des premiers pays à établir un cadre
stratégique de lutte contre la pauvreté dont la mise en oeuvre
est financée par l'AID. La Banque et les autorités
burkinabés réfléchissent sur les questions suivantes.
· Minimisation des risques de prix face à la
volatilité des prix, du taux de change et du climat.
· Identification des nouvelles sources de croissance et
amélioration du climat des investissements.
· Réformes en vue d'accroître
l'efficacité du secteur financier.
· Amélioration de l'efficacité de la
dépense publique en vue d'un ciblage pro pauvre.
· Décentralisation
· Bonne gouvernance et amélioration des
infrastructures
Les activités de l'AID au Burkina
Faso
Au Burkina l'AID a déjà
financé 72 opérations et 19 projets tels que le PRCA (Programme
de renforcement des capacités de l'administration) sont en cours dont 3
programmes régionaux. La stratégie d'aide pays avec le
crédit d'appui à la stratégie de réduction de la
pauvreté (CASRP) a été approuvée par le conseil
d'administration de la banque mondiale ; elle repose sur un cadre de
résultats définissant les liens entre les activités
financées par l'AID et leurs résultats directs en vue d'une
amélioration par le pays. A mi parcours le CASRP a fait l'objet d'une
revue dont les résultats s'avèrent satisfaisants dans l'ensemble
et les recommandations ont été de renforcer la résilience
du gouvernement et des différents donateurs à la crise
cotonnière de 2007, restructurer l'aide de la banque au secteur
privé pour un meilleur appui aux investissements dans le secteur minier
et des petites et moyennes entreprises, améliorer l'harmonisation, mieux
intégrer la parité homme femme dans les projets appuyés
par la banque, un meilleur suivi des processus fiduciaires et un diagnostic de
la gouvernance.
Par ailleurs, l'appui à la réduction de la
pauvreté financé par l'AID a permis le soutien des privatisations
et des cessions d'action dans le secteur du coton, la libéralisation du
secteur des télécommunications et la restructuration du secteur
de l'électricité, ainsi que les réformes du climat
d'investissement visant à réduire le coût de
l'activité économique au Burkina. La stratégie en cours de
l'AID met plus l'accent sur la diversification de l'économie, les
partenariats publics privés, le climat d'investissement, les
infrastructures, l'énergie et la décentralisation administrative
et budgétaire.
Les activités de la SFI et de la
MIGA
Quant à La société
financière internationale (SFI), sa stratégie pour le
Burkina est axée sur l'amélioration du climat
d'investissement et des capacités des petites et moyennes
entreprises, des micro-entreprises et des institutions qui les soutiennent et
le soutien aux projets dans le secteur financier, touristique et minier
(jeunes mineurs).
L'agence multilatérale de garantie des
investissements (MIGA) travaille sur deux projets dans le secteur
manufacturier et touristique. Ces projets sont financés par des
investisseurs français et maliens.
Le programme d'urgence pour l'année
2008
Le programme d'urgence engagé par la Banque mondiale en
collaboration avec le Gouvernement vise à aider le Burkina Faso à
surmonter la crise due essentiellement à la hausse des prix des
denrées alimentaires, sans inverser les récentes perspectives de
développement du pays. Crise ayant provoqué dans plusieurs villes
du pays des manifestations contre la « vie chère», le but
du programme est donc de faire en sorte que les enfants poursuivent leur cursus
scolaire, que les populations vulnérables ne voient pas leur
santé se dégrader davantage, et que les paysans de condition
modeste aient la possibilité de produire de la nourriture pour leur
famille. C'est dans cette perspective que sont intervenus :
· un appui supplémentaire au Plan
Décennal de Développement de l'Education de Base (PDDEB)
qui permettra d'étendre le programme de soutien aux cantines
scolaires dans 15 provinces, de continuer le financement du préscolaire
et d'apporter un appui à la scolarisation des filles et des enfants avec
des handicaps.
· Un financement complémentaire pour le
financement du Projet d'Appui au Secteur Santé et à la
lutte contre le SIDA (PASS) a permis
l'acquisition de 3.5 millions de doses de vaccins contre la méningite
d'une part, de contenir avec succès l'épidémie dans 7
provinces, et d'autre part, d'assurer un stock de sécurité. Il
permettra en outre le soutien aux actions de lutte contre la malnutrition des
enfants et des femmes enceintes.
· Un crédit additionnel au financement de la
Composante burkinabé du Projet Régional de Facilitation
des Transports et du Transit Routiers en Afrique de l'Ouest dont
l'objectif principal du programme est d'appuyer le plan d'action du Nouveau
Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) pour
améliorer les installations de transport et de transit.
· Une distribution de 3500 tonnes de
semences de mil, de sorgho, de maïs... pour faire face à
la crise alimentaire.
Ainsi par le biais de toutes ses activités, la Banque
Mondiale essaie d'oeuvrer pour un monde sans pauvreté en insistant sur
les principes de bonne gouvernance.
* 1 Les fuites concernent le
lissage des ressources allouées aux populations dues au fait qu'elles ne
bénéficient pas en totalité des fonds qui leur sont
affectées. En Ouganda, une étude a démontré que
seulement 17 % des fonds au niveau de l'éducation arrivaient
effectivement à destination.
* 2 (2000, p374)
* 3 Voice and
Accountability, Political stability and Absence of violence,
Government effectiveness, Regulatory quality, Rule of law and
Control of corruption
* 4
CIE : Comptabilité intégré de
l'Etat
CICL : Comptabilité Intégrée des
collectivités locales
SYNTAX : Système Informatisé de Taxation
* 5 Liste de
réalisations extraite du rapport « Document de
stratégie de renforcement des finances publiques »
Décembre 2006.
* 6 Source : le rapport
PEFA et auteur
* 7 Pour plus d'informations,
il faudra se référer aux parties du rapport qui traitent
spécifiquement des récommandations.
* 8 Le GIE est une
unité autonome qui évalue la pertinence et l'impact des actions
menées par le groupe pour réduire de façon substantielle
la pauvreté et améliorer durablement les conditions de vie des
populations. Ses objectifs sont d'établir les bases objectives pour
évaluer les résultats, de promouvoir le principe de
responsabilité dans la réalisation des objectifs de
développement et diffuser les enseignements tirés de
l'expérience.
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