Section II : Management stratégique.
I.2.1. Notions
Comme dit antérieurement, l'IE est l'arme
maîtresse du management stratégique de l'entreprise au sens
où celui - ci a pour but d'appréhender l'entreprise dans le cadre
de son environnement, en relation avec ses ressources et compétences
internes, ainsi qu'avec les attentes et influences des groupes
d'intérêt. Le management stratégique permet ainsi d'avoir
une vision globale du marché et des opérateurs, et d'expliquer le
fonctionnement des organisations en considérant les jeux de pouvoir des
acteurs individuels et collectifs que n'épuisent pas des
stratégies rationnelles.
Le management stratégique (M.S) est une nouvelle donne
et preuve de l'évolution du management. Il prend en compte toutes les
techniques de gestion qui ont fait leur preuve comme la comptabilité
générale et analytique, le contrôle de gestion, les
techniques des ratios, les statistiques, l'analyse financière, la
recherche opérationnelle etc., mais s'appuie plus sur le
développement exponentiel des technologies de l'information et de la
communication ainsi que sur les méthodes de
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gestion proactive et prospective. Le MS s'intéresse
essentiellement aux missions stratégiques de l'entreprise.
Aujourd'hui, dans la littérature en management
stratégique, il existe un large consensus pour affirmer qu'un avantage
concurrentiel pérenne s'appuie sur un système de management
intelligent au sein de l'entreprise, au sens où SIMON (1980) parle de
comportement ou de système intelligent, capable de s'adapter
à un environnement complexe. L'entreprise s'appréhende comme
un système collectif de traitement de l'information pour la prise de
décision et organise la connaissance pour l'action.
Des auteurs comme KOENIG (1990) soutiennent que la veille
stratégique se rattache au management stratégique dans le sens
où il le définit ainsi : le management stratégique
consiste à mobiliser, combiner et engager des ressources à des
fins d'efficience, d'efficacité et de réduction d'incertitude.
Pour ce faire l'organisation doit mobiliser de nombreuses ressources et
s'attacher plus spécifiquement au management des individus. Les auteurs
en management stratégique mettent en avant la nécessité
d'un processus de veille stratégique pour les organisations. Le tableau
ci-dessous illustre la position de certains de ces auteurs :
Tableau N°4: Quelques auteurs en MS
PORTER (1982)
|
D'un point de vue défensif, il est possible de
raccourcir les délais de perception (d'une menace) en disposant d'un
système de surveillance de la concurrence qui rassemble en permanence
les données émanant de la force de vente sur le terrain
|
THIETART (1984)
|
L'un des points clés d'une formulation efficace de
la stratégie est le développement et l'utilisation d'un
système de surveillance de l'environnement concurrentiel
|
ANSOFF (1989)
|
Ce qu'il nous faut, c'est une méthode permettant
une activité de renseignement permanente et le diagnostic des situations
dans lesquelles il importe de prendre des décisions
stratégiques
|
Equipe du STRATEGOR (1991)
|
La vigilance ou surveillance active de l'environnement est
un élément crucial de la décision stratégique. Elle
est la base de la reconnaissance des problèmes
|
Source : LESCA, H., 1994
Pour certains auteurs le M.S. peut faire intervenir le
management par processus et le mangement par projet mais a comme pilier
essentiel la planification stratégique.
II.2.2. Processus de management
stratégique.
C'est un processus en neuf étapes intégrant
planification, implémentation et évaluation. A elle seule, la
planification stratégique regroupe les sept premières
étapes, les deux suivantes restant néanmoins indispensables pour
obtenir un résultat
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satisfaisant. Dans ce processus, les membres d'une
organisation doivent commencer par identifier la mission, les objectifs et les
stratégies actuelles de cette dernière. A travers sa mission
stratégique, toute organisation expose ses fins ainsi que les
activités auxquelles elle se prête (étape1), puis le
management doit par conséquent analyser son environnement (étape
2). Cette deuxième étape prend fin lorsque le management a une
vision précise de ce qui se passe autour de l'organisation et des
tendances pouvant avoir des répercussions sur ses activités. Ce
qui implique une veille à tous les niveaux et une analyse de
l'environnement.
Au terme de cette analyse, le management se doit
d'évaluer les données en termes d'opportunités
(stratégiques) à exploiter et de menace à affronter
(étape 3). L'étape 4 consiste à oublier l'extérieur
pour observer l'intérieur de l'organisation, à savoir
évaluer les ressources internes dont elle dispose Ó
compétences des effectifs, trésorerie, capacité à
développer des produits innovants, perception par la clientèle de
l'image renvoyée et de la qualité des produits et services
proposés. A l'issu de cette étape, les ressources internes telles
que le capital, les compétences du personnel ou brevets doivent
être très clairement recensées, tout comme les fonctions
des départements formation, marketing, comptabilité, ressources
humaines, R&D ou systèmes d'information. Toutes ces ressources ou
capacités représentent des forces stratégiques), parmi
lesquelles la compétence clé va garantir l'avantage
concurrentiel.
L'absence de certaines ressources ou de l'existence
d'activités pour lesquelles une organisation n'est pas efficace,
correspondent à des faiblesses (stratégiques aussi).
L'étape 5 concerne principalement l'assimilation de la culture
d'entreprise et l'évaluation des forces et faiblesses qu'elle
présente. Apres, on passe à une opération qualifiée
de SWOT (cf. Point II.1.3.4) car mettant en commun les forces ( Strenghts), les
faiblesses ( weaknesses), les opportunités (opportunities ) et les
menaces (Threats) afin de trouver un créneau à exploiter. Au
terme de cette analyse, l'organisation repense sa mission et ses objectifs
(étapes 6) en se demandant s'ils sont réalistes et s'ils ont
besoin d'être modifiés. Tous les niveaux de l'organisation ont
besoin de stratégie (étape 7). Pour ce faire, le management en
élabore plusieurs avant de choisir celle s'adressant à chaque
niveau et annonçant la meilleure exploitation des ressources et
opportunités à disposition dans l'environnement. Une fois les
stratégies formulées, l'avant dernière étape (8) du
processus consistera à les mettre en oeuvre. Enfin, les résultats
doivent être soumis à l'évaluation (étape 9) pour
savoir à quel point les stratégies ont - elles porté leurs
fruits ? Quelles rectifications éventuelles s'imposent - elles ? Dans la
figure qui suit, on retrouve le condensé du processus de management
stratégique.
Intégration de l'Intelligence Economique (IE) dans
les pratiques managériales des Entreprises Congolaises
FIG. 6Ó PROCESSUS DE MANAGEMENT
STRATEGIQUE.
|
Mettre en
oeuvre
|
|
Evaluer les
résultat
|
|
Analyser l'environneme
|
|
Identifier
les Possibilités
|
|
|
|
|
Identifier la mission, les objectifs et les
stratégies
Réviser la mission et
les
Formule r les
stratégie
Analyser les ressources
de
Identifier les forces et les
Source : DECENZO et ROBBINS (2006).
II.2.3. Management stratégique dans
l'environnement Technologique
Le management stratégique est le mode de pilotage le
mieux adapté à cette nouvelle donne économique. Les
entreprises deviennent plus que jamais ouvertes sur l'extérieur, ce qui
oblige les gestionnaires à monter des stratégies et des
mécanismes pour trouver une adéquation entre les facteurs
externes et internes, A ce titre, l'information constitue le nerf de la guerre.
L'organisation pyramidale, le pouvoir hiérarchique des managers ne sont
plus adaptés à cette évolution. Les entreprises sont
soumises à une double contrainteÓ elles doivent chercher les
informations porteuses de sens, dans leur environnements et émettre
l'information susceptible d'influencer ces mêmes environnements.
Dans un monde désormais régi par les lois du
chaos et du néo - darwinisme économique, la gouvernance des
entreprises ne peut plus se contenter d'intuition ou de la
pérennité des modèles traditionnels de mangement. En
particulier, ce débat émerge avec acuité, surtout avec
l'émergence de toutes ces nouvelles pratiques managériales et
concepts nouveaux d'organisation et de stratégie telsÓ Le
management de l'information , l'organisation transversale, l'organisation
apprenante, les stratégies émergentes, la gestion
stratégique , la gestion par les processus. Bref, toutes les nouvelles
formes organisationnelles induites par une culture informationnelle dont les
nouvelles technologies de l'information et de la communication jouent un
rôle de levier et l'intelligence économique en est la colonne
vertébrale.
Quant au management des ressources technologiques, ce courant
est celui qui regroupe pour une large part les travaux de « management
technologique ». L'objet à gérer est ici la ressource
technologique qui fait partie du portefeuille à rationaliser. Le travail
le plus emblématique et le plus systématique de ce courant est
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les pratiques managériales des Entreprises Congolaises
né celui de Jacques Morin (1985, 1986, 1989). Celui-ci met
en avant six fonction clé qui serait celle de management de ressource
technologiques :
L'inventaire du patrimoine technologique de l'entreprise,
l'évaluation, l'optimisation, l'enrichissement (par acquisition ou
développement interne), la surveillance (ou veille technologique) et la
sauvegarde des ressources technologiques. Fonction transversale à
l'ensemble de l'entreprise, ce volet du management stratégique
permettrait d'anticiper les éventuelles ruptures technologiques, et
d'adopter des stratégies former a partir du potentielle technologique de
l'entreprise.
Ces approches ont un point commun : Elles se concentrent sur
des artefacts technologiques où des compétences que les
gestionnaires vont devoir rationaliser. Des façons de très
caractéristique dans le cas de NTIC, la technologie est un objet
univoque que l'utilisateur peut interpréter de façon
limitée. Elle permet d'effectuer certaines opérations, est d'une
façon générale, correspond a des capacités nouvelle
pour l'organisation, que se soit en matière de traitement de
l'information, d'échange des données, des communications,
où d'automatisation du processus de gestion.
On pourrait rapprocher cette conception de la pensée
stratégique que C. DEJOUX (1997) qualifie de classique par opposition au
courant s'appuyant sur la « théorie des ressources >>. De
façon générale, PORTER et MILLAR (1985) affirment
qu'il aurait cinq manières d'utiliser la technologie informatique
comme avantage concurrentiel :
- en tirant avantage des modifications dans la nature de
l'industrie,
- en changeant la nature de la compétition (cf. les
forces concurrentielles et structure du secteur),
- en créant un avantage concurrentiel (des coûts
oil des différenciations),
- en modifiant l'étendue concurrentielle, -
en développant des nouvelles activités.
Ici, la technologie informatique est une variable qui doit
permettre d'atteindre le plus grand avantage concurrentiel possible, un
élément qui peut être intégré dans la
chaîne de valeur (PORTER, 1986). Le stratège va devoir
suivre la courbe de vie de la technologie, gérer les éventuelles
discontinuités (FOSTER, 1982 ; 1986 ; PORTER, 1986 ; CHRISTENSEN et
ROSENBLOOM, 1998), évaluer « l'espace de compétence >>
de l'entreprise et d'une façon générale, voir en quoi
les outils disponible sous le marché ou développables par
l'entreprise peuvent aider celleci a se différencier des concurrents, ou
a obtenir des coûts inférieurs. La technologie en tant que telle
est considérée comme un actif stratégique (HAMILTON,
1997).
Mettre au point un dispositif de l'IE ou opter pour le
mangement stratégique pour le pilotage de son organisation exige des
investissements colossaux en termes d'énergie, du temps, de l'argent,
des compétences, d'expertise et le recours à des
Intégration de l'Intelligence Economique (IE) dans
les pratiques managériales des Entreprises Congolaises
moyens les plus divers pour affronter l'intensification de la
compétition économique et l'accélération des
mutations de l'environnement des affaires. Force est de constater que la prise
en compte de cette réalité n'a pas la même amplitude dans
tous les pays du monde et chez tous les opérateurs économiques,
particulièrement dans nos pays africains comme les lignes qui suivent le
démontrent assez suffisamment.
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