2.5.3 La perception de la relation entre le partenariat et
le mode de règlement des différends
L'acteur D-05 voit la médiation commerciale entre
Hydro-Québec et son fournisseur à partir d'un cadre de
référence issue de la médiation imposée souvent par
le gouvernement pour débloquer des négociations lors d'une
grève dans le secteur public entre le syndicat et l'employeur. Dans ce
cas, il s'agit dans la plupart des cas d'un exercice très
médiatisé et politisé où la pression de l'opinion
publique est omni présente dans le processus. Ainsi cet acteur semble
craindre les pressions qui pourraient provenir du public pour forcer la
société d'État à accepte des règlements
qu'elle juge contraires à une seine gestion en affaire : « Il ne
faut pas oublier qu'à partir du moment où vous l'avez à
l'intérieur d'un contrat, la clause de médiation, je devine de
l'impact qu'elle a sur Hydro-Québec. Comme société
d'État, on risque le plus souvent d'être perdant en termes d'image
médiatique. » (Acteur D-05)
Aussi il croit qu'une clause de médiation introduite
dans un contrat va diminuer la possibilité de régler les
réclamations en chantier entre les personnes directement
concernées. Une telle situation va faire en sorte que tous les conflits
seront peltés dans le court du médiateur et les administrateurs
des contrats ne seront pas incités à résoudre leurs
problèmes sur le terrain :
« Moi ce que je craindrais, c'est le fait de rendre les
clauses obligatoires pour chacune des parties, ce que je craindrais... ce qui
reste à la fin... que ce soit encore plus gros, alors que là
comme il y a une pression, les lois du marché d'une certaine
façon, font en sorte que chacun d'entre nous, on avance puis on en
règle et on en règle, alors que quand les gens voient qu'il y a
une autre possibilité de recours : T1Je ne réglera pas
tout de suite, je peux m'y prendre ailleursT1, alors ce que je
dis... ça prendrait plus de temps, c'est pas 100 % qui nous reste
à la fin
mais peut-être 7 % ou 8 %, c'est ma crainte.
Fondamentalement c'est ma crainte. » (Acteur D-05)
L'ensemble du discours de l'acteur D-05 dégage une
crainte que l'introduction d'une clause de médiation dans les contrats
va rendre obligatoire le passage par la médiation à chaque fois
qu'il se présente un conflit entre la société
d'État et son fournisseur. Selon lui une telle décision risque de
créer une lourdeur administrative dans le règlement de la plupart
des dossiers en litiges :
<< Nos fournisseurs nous dit, on sait que vous ne voulez
pas avoirs des clauses d'arbitrage on sait que vous ne voulez pas avoir des
clauses de médiation pourquoi vous ne mettez pas une clause en terme de
facilitation, c'est du pareil au même ou presque. On ne veut pas s'y
obligé. Bon, le fait d'essayer de faire appel sur une base
régulière à une clause de facilitation imagines-tu du
temps que ça prend? » (Acteur-D-05)
Il confirme que l'instauration d'une clause de
procédure de règlement en cas de différends incluant la
médiation a été revendiquée par les fournisseurs
d'Hydro-Québec à plusieurs reprises. Mais la
société d'État préfère garder le statu quo
car elle le juge satisfaisant et répond bien à ses besoins :
<< Oui ça a été demandé par
l'Association des entrepreneurs des grands travaux du Québec. Puis je
dirai que... eux autres ne jurent que par ça. [...] Je peux
comprendre... on en a besoin pour régler notre dernier petit 5 % mais
tout ce qu'on règle avant, ça je veux garder ça. Parce que
ça marche à date, ça marche, alors pourquoi je prendrais
le risque de changer quelque chose qui a fait ses preuves? Alors, de
considérer quelque chose de plus lourd à gérer, au moment
où on se parle, je ne sens pas l'urgence, le processus actuel marche.
» (Acteur D-05)
L'acteur D-05 croit qu'on peut utiliser la facilitation
à titre préventif surtout lorsqu'il y a un conflit de
personnalité entre le représentant de l'entrepreneur et celui
d'Hydro-Québec au chantier. Le recours à un facilitateur peut
contribuer à restaurer un climat positif dans ce genre du milieu du
travail qui s trouve souvent isolé :
<< La facilitation n'est pas seulement à la fin,
on peut juger opportun à un moment donné en cour du contrat
à titre préventif, pour des situations où ça nous
prendra peut être un facilitateur tout de suite, une animosité
entre le gérant de l'entrepreneur et le chef projet. On aura peut
être juste besoin que les deux se rapprochent un peu mieux ou tous les
deux apprendre à se parler, un facilitateur peut être aidant.
» (Acteur D-05)
De même, il perçoit que souvent dans les relations
d'affaires, le fournisseur ne partage pas les mêmes objectifs que ceux de
la société d'État :
<< On a rarement des objectifs communs, par
définition de part et d'autre on a des objectifs divergeant. Alors
lorsque ça va mal, il faut essayer de trouver des zones communes pour
essayer de régler le conflit qui est en train de s'envenimer. Mais on a
toujours quand même trouvé le temps de régler un conflit
où chacun était entrain de s'en aller dans sa direction
opposée ainsi va le monde. » (Acteur D-05)
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