Décentralisation et programmes de développement en Guinée: la stratégie de communication des agents de développement communautaires dans la CRD de Diari dans la préfecture de Labé (Guinée)( Télécharger le fichier original )par Sékou Chérif Diallo Université Général Lansana Conté de Sonfonia - Maîtrise 2008 |
SECTION III : PERCEPTION DES POPULATIONS LOCALES DE LA STRATEGIE DE COMMUNICATION DES ADC DU PACV DANS LA CRD.L'objectif visé par cette section est de ressortir ce que les répondants pensent de la stratégie de communication des ADC dans la CRD de Diari. A cet effet, nous avons recueilli les perceptions des élus locaux, des membres des comités du PACV de la CRD, des femmes et des jeunes. Selon les données recueillies, il ressort aussi que, la stratégie de communication de l'ADC est perçue par les populations locales comme efficace, par le fait qu'elle favorise la concertation avec les populations locales pour chaque action de développement à entreprendre dans la CRD. Toutefois, les élus locaux, pensent que cette stratégie de communication tient surtout sa réussite de l'appui et de la disponibilité des animateurs villageois, car disent-ils, l'ADC seul ne peut pas mobiliser la communauté sans l'appui des animateurs villageois (AV). A cet effet, un élu déclare : « Il est très difficile de travailler avec les villageois car ils sont très méfiants quand un étranger vient leur demander quelque chose ». Dans le même ordre d'idées, un autre élu poursuit : « Dans certains districts toutes les informations sont annoncées dans les mosquées par les chefs religieux. Dans ces districts, l'ADC est obligé de passer par les chefs religieux » ; un troisième élu déclare : « Les animateurs villageois ont acquis une certaine notoriété auprès de la communauté. Ils sont des interlocuteurs privilégiés pour les ADC ». Cependant, certains élus, quant à eux, lient la stratégie de communication au comportement des ADC dans la communauté. Ils disent que les ADC sont très respectueux à l'égard des notables. Ils affirment que si tel n'était pas le cas, la communication ne serait pas possible avec les populations. A propos un sage qui est membre du conseil communautaire dit : « Si tu viens dans une communauté qui n'est pas la tienne, dans le cadre d'un travail, il faut toujours se laisser guider par certains membres de cette communauté ». Par ailleurs, d'autres élus pensent que la stratégie de communication de l'ADC souffre d'une imperfection due à la faiblesse des moyens alloués pour cette tâche. Pour argumenter cette idée, ils affirment que le fait de ne pas rémunérer le travail des animateurs villageois, diminuerait leur degré de motivation à la longue. A propos, un élu déclare : « Si l'animateur villageois suspend de temps en temps ses occupations pour se consacrer au travail d'animation et de sensibilisation pour le compte de l'ADC, il serait judicieux de penser à maintenir cette disponibilité moyennant un salaire ». A l'instar des élus, les membres des comités du PACV de la CRD, quant à eux, pensent que la stratégie de communication de l'ADC est surtout marquée par l'organisation des réunions d'informations et de restitution avec les populations. Ils trouvent que cette stratégie est bonne dans la mesure, disent-ils, où la parole est donnée à tous les représentants de la communauté. Un membre de comité déclare : « Je dirais que la stratégie de communication de l'ADC est très bonne parce que les populations répondent massivement à toutes les réunions convoquées par l'ADC ». Toutefois, certains d'entre eux pensent que la communication entre l'ADC et les populations locales est facile. Ils soulignent le fait que les ADC partagent la même langue de communication avec les populations. Un membre de comité déclare : « Tous les agents qui sont affectés dans notre CRD parlent le poular. Personnellement je ne parle aucune autre langue, donc si les ADC ne parlaient pas ma langue, difficilement on allait se comprendre ». Comme les membres des comités, les jeunes ont une bonne perception de la stratégie de communication de l'ADC. Pour eux, elle est bonne parce qu'elle se traduit par la méthode dite de « bouche à oreille ». Toutefois, certains jeunes reconnaissent que cette stratégie de communication de l'ADC repose essentiellement sur la prestation des animateurs villageois. Une affirmation partagée par les ADC eux-mêmes. Par ailleurs, d'autres estiment que l'ADC reçoit l'appui de toute la communauté mais surtout des jeunes. A cet effet, un jeune déclare : « Nous avons une association de jeunes dans notre CRD, c'est grâce aux ADC qu'on a eu notre agrément. Depuis lors, nous les assistons dans le cadre de la mobilisation et de la sensibilisation des populations ». En ce qui concerne leur perception des supports de communication utilisés par l'ADC, tous pensent que l'animation villageoise et l'exploitation des points d'information et de communication à la base, sont mieux adaptées pour établir une meilleure communication entre les agents et les populations. Ils soutiennent qu'avec les réunions qu'organisent les ADC, les jeunes participent activement aux débats pour exprimer leur préoccupation. A l'instar des jeunes, les femmes quant à elles, pensent que le partage de l'information suscite une participation des populations aux actions de développement. Cependant, elles disent qu'elles sont lésées dans le dispositif communicationnel du PACV, du fait de l'absence de femmes comme animatrices villageoises3(*)2. A propos, une femme affirme : « Moi je suis membre du comité FIV (fonds d'investissement villageois) du PACV dans notre CRD, mais je pense qu'on devrait aussi impliquer les femmes dans l'animation villageoise car elles sont capables comme les hommes d'animer des débats et d'organiser des manifestations d'information ». C * 32 Il faut signaler qu'il n'y a pas de femmes comme agents de développement communautaire (ADC) du PACV dans la CRD de Diari. |
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