6.2.
Contraintes liées à l'adoption des techniques GRN
Dans un environnement naturel fragile et très souvent
menacé de dégradation, avec une population croissant de
façon continue, bien gérer les ressources naturelles, en les
exploitants de façon viable et en se souciant de leur
productivité future, est une option qui s'impose en premier lieu aux
producteurs et partant, à tous les acteurs de développement.
L'adoption des techniques de gestion des ressources naturelles est alors
considérée comme une innovation majeure dans le processus de
cette gestion. Ces techniques sont un paquet de pratiques et de comportements
qui intègrent les savoirs paysans locaux. Toutefois, il faut souligner
qu'à Dibien, l'analyse de nos données nous permet de recenser un
certain nombre d'obstacles qui constituent des freins à l'adoption de
ces techniques de gestion des ressources naturelles. Ces obstacles sont
essentiellement d'ordre économique, social et institutionnel.
6.2.1. Contraintes d'ordre
économique
L'adoption des techniques de gestion des ressources naturelles
est avant tout une question d'environnement économique dans la mesure
où cette adoption exige l'existence de technologies rentables et
accessible à la grande majorité des producteurs. C'est dans ce
sens que le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP)
établit un lien étroit entre lutte contre la pauvreté et
gestion durable de l'environnement et des ressources naturelles.
Ce document cadre de politique précise par ailleurs que
la précarité matérielle des producteurs favorise en effet
les comportements humains préjudiciables à la durabilité
des ressources naturelles, de la même manière que la croissance
démographique, entraîne une pression accrue sur les terres et les
ressources naturelles, contribuant à leur dégradation et donc,
à la paupérisation d'une large majorité de producteurs
ruraux. Et tout cela se justifie par l'accès limité au
financement en corrélation avec la question foncière et au niveau
de pauvreté de ces populations. Cet état de fait produit comme
conséquence la faible mécanisation du secteur agricole qui est
encore sous-équipé et sous l'emprise des pratiques culturales
ancestrales.
Les résultats de notre enquête atteste ce sous
équipement au niveau des producteurs de Dibien, au regard de la
distribution de la possession des équipements agricole en fonction des
ménages (cf. graphique 6 ci-dessus). En effet, les faibles revenus d'une
grande partie des paysans de Dibien et leur faible pouvoir d'achat sont des
contraintes majeures par rapport aux stratégies d'intensification de
l'agriculture et partant de la mise ne oeuvre des techniques de Gestion des
Ressources Naturelles (GRN). L'acquisition d'équipement et la
consommation des engrais sont limitées, malgré l'existence des
besoins, parce que les paysans ne disposent pas de ressources
financières suffisantes pour s'en procurer. Par exemple, pour
réaliser une technique de cordon pierreux, il faut posséder une
brouette, une charrette etc.
De plus, l'adoption des techniques GRN et d'intensification
agricoles est aussi fortement soumise à la fluctuation des prix relatifs
des intrants achetés et des produits vendu.
Toutefois, ce sont les cotonculteurs qui détiennent
les équipements les plus élaborés. Ce qui témoigne
que le niveau de revenu financier est très déterminant dans
l'acquisition des équipements. L'analyse de nos données montre
également, que les producteurs ont également un accès
limité aux structures de financement. En effet, parmi ceux qui
possèdent un équipement, très peu (5,4%) disent l'avoir
acquis un appui quelconque. En outre, les cotonculteurs ont l'avantage d'avoir
l'aval de leur groupement qui traitement directement avec la Banque Agricole et
Commerciale du Burkina (BACB) pour accéder facilement à certains
intrants et matériels agricoles. Précisons que cette institution
financière, a un protocole de partenariat avec la SOFITEX pour appuyer
en crédits agricoles, les groupements de producteurs de Coton dans un
système de Marché Auto-Géré (MAG).
A l'analyse, il nous semble que les producteurs de Dibien,
comme bon nombre des terroirs ruraux du Burkina, sont pris dans un cercle
vicieux « pour acquérir l'équipement agricole, il
faut produire suffisamment, et pour produire suffisamment, il faut avoir un
équipement agricole approprié »,
qui annihile leurs efforts. Pour sortir de ce cercle vicieux, il faut une
intervention extérieure. C'est pourquoi, La mise en place d'un
système de crédit adapté pourrait résoudre ce
problème.
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