Impact de la "propriété foncière" des migrants sur la gestions des ressources naturelles : cas de Dibien dans la Province du Tuy( Télécharger le fichier original )par Bôbakebé Florent SOME Université de Ouagadougou; UFR/Sciences Humaines; Département de Sociologie - Maîtrise option Sociologie Rurale et du développement 2002 |
1.1.2.4. Dynamique de la population et gestion des ressources naturellesLe débat sur le rapport entre population et ressources est très ancien. Il remonte aux années 1770 avec l'analyse de la pensée économique sur les interrelations population /développement/ environnement. A cet effet, deux thèses principales ont été développées : la thèse des malthusiens et des néo-malthusiens et la celle des populationnistes. Un troisième courant appelé la théorie de la population optimale essaie de faire la synthèse de ces deux théories. F La thèse des malthusiens et des néo-malthusiens Pour les adeptes malthusiens et ceux des néo-malthusiens, la tendance constante de tous les humains est l'accroissement de leur espèce au-delà des ressources de nourriture dont ils peuvent disposer. Pour eux, les ressources naturelles croissent à un rythme arithmétique alors que la population a tendance à croître selon une progression géométrique. Cette thèse développée par Malthus et ses poursuivants a été revue et corrigée par d'autres penseurs comme DAVID RICARDO, qui ont eux aussi, abouti à la conclusion que l'accroissement de la population provoque inévitablement l'abaissement de la productivité car plus la même terre est cultivée, plus sa fertilité baisse et aussi son rendement. Cette théorie a été, dans les débuts des années 1980, fortement influencée par la thèse des populationnistes. F La thèse des populationnistes Les populationnistes refusent de croire que la croissance de la population retarde l'élévation des revenus individuels et vont jusqu'à soutenir qu'elle en est bénéfique. Les défenseurs de cette thèse sont surtout COLIN CLARK ET ESTER BOSERUP qui trouvent que la relation terre/homme est le déterminant décisif dans tout le système agricole. En effet, ce ratio critique influence les méthodes culturales et détermine le choix des outils à un moment donné de l'évolution d'une société. De ce fait, pour les populationnistes, la croissance démographique peut renforcer l'élévation des revenus individuels en suscitant une évolution technique et un accroissement de la demande d'investissement qui ouvre la voie des économies d'échelles et encouragent le changement (changement d'ordre technologique et institutionnel bénéfique au développement). F La théorie de la population optimale Cette théorie qui fait la synthèse des deux thèses estime pour sa part que chaque pays dispose de ressources (autre que le travail) et d'un seuil chiffre de population pour assurer la maximisation des revenus individuels. C'est dire que, quand les niveaux démographiques n'atteignent pas l'optimum, le niveau de revenu individuel est inférieur au niveau qu'il pourrait atteindre car les actifs ne sont pas suffisamment nombreux pour tirer efficacement partie des ressources autres que le travail disponible. En d'autre terme, n'étant pas en situation d'insuffisance de ressources, les populations ne chercheront pas à améliorer les moyens de production, ni les rendements. Par contre, lorsque les niveaux démographiques dépassent l'optimum, le revenu individuel diminue également en raison du nombre excessif d'actifs et de la baisse des rendements. Cette dernière analyse est à relativiser si l'on la rapproche à la théorie du capital humain développée en 1964 par l'économiste américain GARY BECKER10(*) qui estime pour sa part que le capital humain doit être définit comme l'ensemble des capacités productives qu'un individu acquiert par accumulation de connaissances générales ou spécifiques, de savoir-faire, etc. Et la notion de capital exprime l'idée que c'est un stock immatériel imputé à une personne (c'est-à-dire idiosyncratique) pouvant être accumulé, s'user. Il est un choix individuel, un investissement personnel. Comme tout investissement, il s'évalue par la différence entre des dépenses initiales, le coût des dépenses d'éducation et les dépenses afférentes (achat de livres...), le coût d'opportunité, c'est-à-dire le salaire qu'il recevrait s'il était entré dans la vie active, et ses revenus futurs actualisés. L'individu fait donc un arbitrage entre travailler et suivre une formation qui lui permettra de percevoir des revenus futurs plus élevés qu'aujourd'hui. Est pris en compte aussi le maintien en état de son capital physique (santé, nourriture, etc.). Il optimise ses capacités en évitant qu'elles ne se déprécient trop du fait soit de la dévalorisation de ses connaissances générales et spécifiques ou de la de la dégradation de sa santé physique et morale. Il investit de façon à augmenter sa productivité future et ses revenus. Comme tous les investissements, l'individu doit faire face à loi des rendements décroissants et au caractère irréversible de ces dépenses. * 10 Prix Nobel d'économie, ll a étudié la différence des "retours sur investissement" pour différentes classes de la population et l'implication de cette variable pour les politiques macroéconomiques. Son travail a aussi porté sur la distinction entre investissement général et spécifique en matière d'éducation et le rôle de cet investissement sur le marché du travail. |
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