Introduction
Dans les pays développés en
général, les travaux sur les comptes économiques locaux se
sont focalisés sur la ville. Ces travaux se sont
intéressés à la mesure de la contribution des villes au
développement économique. Ils peuvent être classés
en trois grands groupes : ceux qui se sont focalisés sur la
caractérisation des échanges notamment par type d'agents dans la
ville ; ceux qui privilégient l'élaboration
d'agrégats économiques locaux pour déterminer ensuite la
contribution de ces espaces infranationaux à la création de
richesse nationale ; ceux qui privilégient une analyse
systémique prenant en compte les effets de rétroaction des
activités économiques urbaines sur les agrégats
macroéconomique nationaux.
Les résultats sont significatifs et pertinent avec
moins de problèmes conceptuels et de disponibilité statistique.
La prise en compte de l'espace dans les travaux de planification nationale
s'est imposée depuis grâce à la mise en place des
politiques d'aménagement du territoire et de développement
régional.
Dans le Tiers-monde en générale, la question des
indicateurs du développement économique local est de plus en plus
d'actualité depuis la mise en place des politiques de
décentralisation. L'information socio économique à
l'échelle locale est indispensable pour la conduite de politiques
économiques locale axées autour du marketing territorial, de la
compétitivité des territoires et de la génération
des revenus préconisés par le contexte institutionnel de la
décentralisation. De plus l'Etat dans sa mission de stabilisation et de
redistribution nationale se doit de disposer d'indicateurs de
développement économique local et ce d'autant plus que les
divergences dans les structures et les évolutions des espaces
infranationaux vont de plus en plus s'affirmer.
Or les informations socio-économiques dans les pays en
développement et en Afrique en particulier, n'ont aucune dimension
spatiale. Elles recouvrent le pays en entier et concerne les indicateurs de
gestion macroéconomique. Les entités décentralisées
disposent rarement d'un système d'information économique et
sociale permettant de développer des stratégies locales,
basées sur une bonne connaissance des tissus économiques locaux.
Les Recensements Généraux de la Population et de l'Habitat (RGPH)
sont réalisés au mieux tous les dix ans et les comptes
économiques nationaux encore perfectibles ne peuvent se prêter
à un exercice de désagrégation.
Par ailleurs, les chercheurs sont confrontés à
la difficulté de quantification de la contribution du secteur
informel ; sa contribution à la production de richesse est peu ou
pas prise en compte. Cette contrainte est majeure dans le cas
d'élaboration de compte des villes d'autant plus que le secteur informel
est principalement urbain. Cette production du secteur non structuré
concerne une grande partie de la production de la ville. Sa sous-estimation
biaiserait fortement la production de villes.
Nous nous proposons, dans le cadre de ce papier, d'apporter
des éléments de réponse pour la prise en compte du secteur
informel dans l'élaboration des comptes économiques locaux
à travers l'expérience de la démarche Ecoloc. La
démarche ECOLOC est un programme de relance des économies locales
qui vise à appuyer les collectivités locales dans
l'élaboration et la mise en oeuvre des stratégies de
développement économique et local. Elle a été mise
en oeuvre sur une trentaine d'économies locales au
Sénégal, au Mali, au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire.
On applique les même principes de la comptabilité
nationale afin d'élaborer les agrégats économiques
similaires à ceux qui sont habituellement construits au niveau national.
Le secteur informel et des aspects des comptes de certains secteurs
institutionnels sont appréhendés à travers les
enquêtes de type 123. On arrive ainsi à mesurer l'importance
relative des secteurs et la production locale brute des villes secondaires et
de leurs hinterlands. Une schématisation des résultats montre
qu'une ville côtière de 150 000 habitants avec un hinterland
de 250 000 habitants produit une richesse locale d'environ 75 milliards de
FCFA dans la ville et 38 milliards de FCFA dans l'hinterland alors qu'une ville
sahélienne de même poids produit seulement 60 milliards de FCFA
dans la ville et 30 milliards dans l'hinterland.
Le reste du papier est organisé comme suit. La
première section définit le secteur informel et le mode de mesure
adopté dans le cadre de la démarche Ecoloc. La seconde section
expose la méthodologie d'élaboration des comptes avec la prise en
compte du secteur informel. Avant la conclusion, la troisième section
présente les principaux résultats des comptes de la ville et de
sa zone d'influence à partir des expériences en Afrique de
l'Ouest.
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