L'efficience informationnelle du marché financier Marocain; L'impact d'un profit warning sur les cours boursiers( Télécharger le fichier original )par Rachid RAHAOUI Université Hassan I er Casablanca - Diplôme des Etudes Superieures Approfondies 2007 |
I.2.1. Le système de cotation boursière :La cotation désigne les opérations nécessaires à la fixation des cours de bourse (sociétés cotées seulement). La cotation permet de fixer le prix de telle sorte que le maximum d'acheteurs et de vendeurs soient satisfaits. Dans le but d'atteindre un marché financier efficient, la bourse des valeurs de Casablanca (BVC), tente toujours d'améliorer son système d'information donnant lieu à des cours reflétant l'information disponible à tout instant, issus d'une confrontation de l'offre et de la demande sur des titres en temps réel. 1997 est l'année qui marque le démarrage du système de cotation électronique à la bourse de Casablanca, en 2001 la négociation électronique a été délocalisée dans les locaux des sociétés de bourse, à partir des stations mises à leur disposition. Le système de cotation électronique NSC est une plate forme de gestion automatisée des séances de bourse13(*). NSC permet l'acheminement automatique des ordres de bourse et la conclusion des transactions selon des règles de marché préalablement définies. Ainsi, ce système permet aux spéculateurs de bien exploiter des informations pertinentes qui reflètent une image claire sur l'ensemble du marché (valeurs et acteurs), en tenant compte la dimension temps dans la réalisation de leurs transactions14(*).
I.2.2. Le système d'information :La Direction des Systèmes d'Information a pour mission la gestion du système d'information de la Bourse de Casablanca, elle veille à son développement et son efficacité grâce au contrôle de la transparence de l'information concernant les valeurs mobilières, et à la promotion de l'utilisation de l'informatique pour faciliter da diffusion de l'information et l'accès de tous les acteurs à celle-ci, en adoptant des systèmes informatisés bien développés à l'instar de toutes les places boursières internationales.
Acheminement des flux informationnels entre les acteurs de la bourse de Casablanca Sociétés de bourse & OPCVM La bourse de valeurs de Casablanca
Fournir aux clients des résultats des analyses Financières des sociétés cotées Diffusion en temps réel des cours, quantités échangées ...pour toutes les valeurs
Clients (Spéculateurs particuliers & institutionnels Lancement des ordres d'achat et de vente (Ce sont des informations qui vont affecter les cours des titres)
Source : « Fact Book 2006 » BVC D'après ce schéma, nous constatons que les spéculateurs lancent leurs ordres d'achat et de vente sue la base de l'analyse et l'interprétation de toutes les informations disponibles sur les titres objets de leurs transactions, qui sont produites par la bourse des valeurs de Casablanca, par les intermédiaires ou par les sociétés cotées elles-mêmes. Ainsi, les flux informationnels s'acheminent à toutes directions entre ces acteurs. En effet la société de bourse des valeurs de Casablanca tente toujours de renforcer le système d'information boursier à travers la diffusion de manière claire et permanente de plusieurs informations pouvant servir les intervenants à prendre leurs décisions sur le marché financier. De leur part, les intermédiaires boursiers comptent beaucoup sur le développement de l'utilisation des nouvelles technologies de l'information (Internet, téléphone mobile...), pour améliorer le fonctionnement du marché, et atteindre une position d'efficience informationnelle permettant une diffusion rapide et immédiate de l'information à moindre coût. Les résultats des efforts fournis en matière de développement du système d'information dans le marché financier Marocain, par les deux acteurs précités (la BVC et les sociétés de bourse), constituent un avantage pour les spéculateurs qui cherchent toujours plus d'informations, surtout celles issues de l'analyse la conjoncture économique, de la situation financière et des performances des sociétés cotées en bourse. Les indicateurs suivants sont ainsi diffusés en temps réel durant la séance: o Le MASI15(*) est un indice large, calculé sur la base de la capitalisation flottante. Il est composé de toutes les valeurs de type « action » cotées à la bourse de Casablanca et reflète l'évolution du marché boursier dans son ensemble. o Le MADEX16(*) est un indice compact, il intègre les valeurs les plus actives de la cote en terme de liquidité mesurée sur le semestre précédent. les actions des MADEX font objet d'une masse importante de transactions, d'où la nécessité d'en fournir plus d'informations. o Autres informations quotidiennes sur les transactions réalisées durant la séance de cotation, dont on cite le nombre de valeurs en hausse et en baisse par rapport à la veille, le nombre de valeurs dont le cours reste inchangé, la capitalisation des valeurs traitées durant la séance... En publiant ces informations, la bourse de Casablanca devient par excellence la source de toutes les informations sur les cours de toutes les actions des sociétés cotées. Le degré de la rationalité des spéculateurs rend différente la manière de l'exploitation du stock des informations disponibles. Ainsi on se retrouve face à deux catégories de spéculateurs en matière de l'information constituant la base de leurs opérations d'achats ou de ventes des actions. Une première catégorie qui fait recours seulement aux informations passées pour prévoir l'évolution future des cours, un tel comportement est qualifié d'irrationnel par la théorie des anticipations rationnelles, du fait que les agents se référent au passé, alors qu'une anticipation rationnelle tient compte de toute l'information passée et rend le marché faiblement efficient. La deuxième catégorie s'intéresse, pour prévoir la tendance des cours, aux informations disponibles en se préoccupant par l'interaction des agents Ceci conduit à une situation où leurs comportements tracent des tendances un peu proches au lieu d'agir d'une manière indépendante. Ce type de spéculation psychologique permet sortir du cadre du hasard vers l'efficience de forme semi-forte basée sur l'information publiquement disponible. Cependant, un marché fortement efficient ne va pas favoriser aucune de ces deux catégories tant qu'elles ne tiennent pas compte l'information privée susceptible d'affecter les cours boursiers.
II. LES TESTS D'EFFICIENCE INFORMATIONNELLE DU MARCHÉ FINANCIER MAROCAIN : Pour l'application des tests d'efficience informationnelle des marchés financiers, il est nécessaire de tester dans un premier temps la normalité des séries de distributions des rendements des cours boursiers. Les valeurs objet de notre étude sont les valeurs du MADEX cotées sur la bourse de Casablanca sur la période de Janvier 2003 à Décembre 2006, ce qui correspond à 48 observations mensuelles que nous utiliserons dans les tests d'efficience. Notons que les valeurs que nous allons traiter sont les 12 valeurs constituant le MADEX en 2004 (date intermédiaire de notre série d'étude), et qui le constituent encore jusqu'en Décembre 2006. Ces valeurs sont les suivantes : ATW, BCE, BCP, CIH, HOL, LAC, MNG, ONA, SAM, SID, CNI, WAA. (Voir Annexe 1) Depuis la création des marchés boursiers, les théoriciens tentent d'en donner une représentation théorique. Les mathématiciens, ont essayé de montrer que le caractère Gaussien de ces marchés devait neutraliser toute tentation spéculative (Jean-Pierre Galavielle 2003). L. Bachelier a essayé de formaliser stochastiquement l'apport de la théorie d'efficience informationnelle en ajustant l'allure des cours boursiers par une loi normale, il affirme qu'à un moment donné, les prix qui sont fondés sur les paris des intervenants, ont autant de chance de monter que de baisser. Cela veut dire qu'un spéculateur a autant de chance de gagner que de perdre. Donc, écrit Bachelier, «l'espérance mathématique du spéculateur est nulle ».C'est bien à ses yeux le signe d'un «jeu équilibré ». Autrement dit, les prix du marché ne varient que lorsqu'un événement pousse le marché à changer d'opinion sur ce que sera le prix le plus probable. Donc le marché est régi automatiquement par une loi normale. J.M. Keynes17(*) évoque le recours à la loi normale comme étant le résultat d'une convention de normalité qu'il baptise lui-même « convention financière », laquelle établit que « le prix du marché est une évaluation pertinente de la valeur des titres, au moment considéré et au vu des informations disponibles » (A.Orléan 1999). Vérifier la validité de la représentation des fluctuations boursières par une loi normale constitue une première étape d'estimation de l'efficience informationnelle du marché financier Marocain.
* 13 Toues les valeurs cotées sur la bourse de Casablanca sont négociées sur le système de cotation électronique. * 14 Les ordres d'achat ou de vente sont automatiquement classés par limite de cours et par ordre chronologique sur la feuille de marché. * 15 MASI (Moroccan All Shares Index) intègre les valeurs les plus liquides, dites aussi de forte capitalisation. * 16 (Moroccan Most Active Shaires Index), c'est un instrument adapté à la gestion de portefeuille. * 17 J.M. Keynes dans son « Traité sur les probabilités » (1921) |
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