SECTION 4- CAUSES ET TYPOLOGIE DE LA PAUVRETE A SHADA
+ ETRE ISSU D'UNE FAMILLE PAUVRE :
A SHADA, notamment au numéro 2, il y a une
pauvreté chronique qui fait rage. 43 personnes sur 70
questionnées déclarent avoir vécu leur enfance dans la
pauvreté. Précisément, ceux qui à la campagne
n'avaient pas eu de parents possédant de terre, bétail ou autres
biens. D'autres
qui naissent dans le bidonville, avaient des parents qui ne
possédaient rien en terme de propriété (maison, terrain,
voitures, ...). Ils soulignent, également, leur limitations à la
non scolarisation.
Conséquences : Ces personnes n'ont
presque aucune éducation de base qui aurait pu leur permettre d'avoir un
métier ou une activité économique rentable en vue de les
aider à survivre.
Rares, sont ceux qui déclarent avoir eu de richesse et
devenus pauvres, sauf dans le cas des gens qui gagnaient de l'argent dans la
loterie et en faisaient de mauvaise gestion.
· · Absence ou manque d'encadrement:
Dans tous les pays, le rôle premier de l'Etat est
d'assurer la sécurité des citoyens. Notre observation à
SHADA nous amène à constater la faillite de l'Etat Haïtien
à ce point de vue où toute la population est laissée pour
compte. Il y a une insatisfaction totale des besoins fondamentaux. Au cours de
ce travail, nous avons été mis en face d'une
réalité, celle de la polarisation de la société
haïtienne. L'inégalité sociale, la mauvaise
répartition des biens et services est criante. Les disparités se
manifestent notamment dans le pouvoir d'achat, l'alimentation et la nutrition,
logement, le niveau de l'éducation, l'accès à l'eau
potable et autres services de bases. En constatant ce qui se passe dans ce
bidonville, l'étude nous pousse, justement, à demander où
est l'Etat Haïtien? Pour reprendre le professeur Kern, « on reste de
façon impuissante à constater que le niveau du pouvoir d'achat
des groupes sociaux désavantagés continue d'être plus
dérisoires. Sa régression est la règle: elle est à
l'origine d'un appauvrissement croissant qui ne permet pas aux masses
populaires urbaines et rurales de se procurer les biens de consommation et les
services indispensables. A l'inverse, l'accroissement du pouvoir d'achat reste
la norme pour les minorités dirigeantes, qui s'enrichissent
continuellement »82. On peut facilement remarquer dans beaucoup
de zones dans le pays, en particulier à SHADA où des gens ne
peuvent pas arriver à se procurer le strict minimum indispensable pour
apporter à l'organisme la somme d'énergie nécessaire pour
le bon fonctionnement du corps, faute de moyen économique.
Tableau 3.5- Evolution de la consommation des
ménages sur l'ensemble du pays
|
1986-1987
|
1999-2000
|
Alimentation
|
48.00 %
|
55 %
|
Logement, transport, habillement
|
29.8 %
|
30 %
|
Santé
|
2.2 %
|
3 %
|
Education
|
5.3 %
|
3 %
|
Autres
|
14.7 %
|
8%
|
Total
|
100 %
|
100 %
|
Source : IHSI, Enquête budget consommation,
1986-87 ; 1999-2000
+ ÉDUCATION :
« L'instruction est fort peu répandue dans le pays
qui ne dispose pas d'un système d'enseignement national
généralisé, contrairement au Costa Rica ou à Cuba
par exemple. L'ensemble des effectifs scolaires aux différents niveaux
de l'enseignement reste inférieur à 1 500 000. Les taux de
scolarisation nets comptent les plus faibles du continent américain 48.3
% pour l'enseignement primaire, 10.1% pour l'enseignement secondaire et 1.1%
pour l'enseignement supérieur. L'inefficacité du système
se mesure notamment à la grave déperdition d'effectifs
résultant de l'importance des taux de départ
prématuré : seulement
10% des élèves complètent le cycle
d'études auquel ils sont régulièrement inscrits.
L'analphabétisme atteint plus de 50% de la population de plus de 15 ans
»83 . Comme nous l'avons vu au point 1,
concernant l'historique de SHADA, on a pu constater que les gens venaient dans
la zone en vue de trouver un mieux être. Au point de vue éducatif,
on voit que le milieu rural est marginalisé par les décideurs. A
titre d'exemple, du total de 2.5% du PIB dépensé par le
gouvernement, en 1993, seulement 20% étaient destinées aux zones
rurales où vivent 70% de la population. Le coût direct moyen par
étudiant varie considérablement par
région et type d'école et met en évidence de
grandes inégalités dans les opportunités
d'éducation84.
Notre enquête révèle que 30 % des adultes
de la population de Shada ont un niveau primaire, 34.48 % des hommes et 15.71 %
des femmes. Les chefs de famille analphabètes atteignent jusqu'à
35.71% de l'ensemble, soit 3 1.04 % au sein des hommes et 39.02 % des femmes
chefs de famille. Ils ont aussi, un niveau très bas en classe
secondaire, soit un pourcentage représentant un total de 21.43 %, soit
20.7 % chez les hommes et 21.96 % chez les femmes. Le niveau supérieur
est atteint jusqu'à 2.86 %, soit 3.45 % Chez les hommes et 2.44 % chez
les femmes. 10 % des chefs de familles fréquentent l'école
professionnelle.
Tableau 3.6- Distribution du niveau d'éducation
des chefs de ménage
|
Hommes
|
Femmes
|
Ensemble
|
Niveau d'instruction
|
Effectif
|
%
|
Effectif
|
%
|
Effectif
|
%
|
Aucun
|
9
|
31.04
|
16
|
39.02
|
25
|
35.71
|
Préparatoire
|
5
|
17.24
|
7
|
17.07
|
12
|
17.14
|
4e - 6e AF
|
5
|
17.24
|
4
|
9.76
|
9
|
12.86
|
7e - 9e AF
|
3
|
10.35
|
5
|
12.20
|
8
|
11.43
|
3e Sec. -Philo
|
3
|
10.35
|
4
|
9.76
|
7
|
10
|
Université
|
1
|
3.45
|
1
|
2.44
|
2
|
2.86
|
Professionnelle
|
3
|
10.35
|
4
|
9.76
|
7
|
10
|
Total
|
29
|
100
|
41
|
100
|
70
|
100
|
Source : Notre enquête, 2006
84 Notes de cours Economie haïtienne,
Haïti : Lutte contre la pauvreté
Tableau 3.7- Coût direct annuel de scolarisation
par étudiant et par type d'école (1993)
PROVINCE
|
ECOLES CATHOLIQUES
|
ECOLES PROTESTANTES
|
ECOLES NON-
CONFESSIONELLES
|
|
75
|
83
|
125
|
Artibonite
|
|
|
|
|
43
|
41
|
55
|
Centre
|
56
|
59
|
53
|
Grand-Anse
|
170
|
89
|
111
|
Nord
|
67
|
64
|
105
|
Nord-est
|
76
|
86
|
129
|
Nord-ouest
|
226
|
191
|
341
|
Ouest
|
76
|
79
|
75
|
Sud
|
49
|
64
|
74
|
Sud-est
|
|
|
|
Total
|
108
|
100
|
167
|
Source : FONHEP, 1994
Selon la constitution, il est clairement dit que «
l'État garantit le droit à l'Éducation, il veille à
la formation physique, intellectuelle, morale, professionnelle, sociale et
civique de la population. »85. Toutes les grandes
sociétés font de l'alphabétisation de masse, le
développement de l'enseignement supérieur et de la formation
scientifique une des priorités majeures, vu leur importance dans le
développement. Ici, en Haïti, c'est le contraire qui se pratique.
N'est-ce pas l'une des bases de la pauvreté ? ). « En 1995, selon
un rapport publié par le PROGRAMME DES NATIONS UNIS POUR LE
DEVELOPPEMENT (PNUD), l'analphabétisme des adultes était
évalué à 55%. En Haïti, indique la Banque Mondiale
(1998 : 3), la dotation en capital humain et matériel est faible.
Quelques 58% des chefs de ménage ne savent ni lire ni écrire, 34%
ont suivi six années de scolarisation, 6% ont terminé le cycle
supérieur et 0.4% ont obtenu un diplôme universitaire
»86. Pour des raisons strictement économiques, les
élèves issus de classes ou couches sociales
différenciées ne bénéficient pas de chances
égales en matière d'accès au système
éducatif. « On observe que les groupes sociaux
défavorisés, dont les ressources exiguês ou incertaines ne
peuvent financer les
85 Constitution de 1987, Article 32
86 Fred Doura, p.162
dépenses d'éducation, sont victimes d'une
discrimination de fait sanctionnée d'ailleurs par les pouvoirs publics.
Par contre, les taux d'accès aux différents niveaux
d'enseignement sont relativement élevés pour les enfants en
provenance des couches sociales aisées disposant de revenus
substantiels. Ici, l'origine sociale de l'élève produit son effet
dès l'age de scolarité élémentaire
»87.
De nos jours, le problème de l'éducation est
quasiment le même à travers tout le pays. Des écoles
situées au coeur de Port-au-Prince, la capitale du pays, ne sont pas
à l'abri des problèmes rencontrés aux autres écoles
des provinces, notamment dans les bidonvilles. Nous pouvons considérer
le cas de l'Ecole Nationale Claire Heureuse qui a fait la une au niveau de la
presse, quand le journaliste Gaspard Dorélien a mis nu l'état
exécrable dans lequel se trouve l'école nationale. Selon les
propos du journaliste « la vie dans cette école n'est ni claire, ni
heureuse pour les professeurs, encore moins pour les trois groupes
d'élèves qui fréquentent l'établissement
»88. Cette école souffrance de la négligence de
nos dirigeants au niveau du Ministère de l'Education Nationale et de la
Formation Professionnelle (MENFP) qui ne font rien pour redresser la situation
des écoles, notamment celles appelées « école
nationale », destinées surtout à recevoir les enfants les
plus pauvres de la société. L'exemple de l'école Claire
Heureuse que nous venons de citer, abritant « environ un millier
d'élèves, du préscolaire à la
6ème année fondamentale, en trois vacations,
hébergée dans deux bâtiments différents. Le premier
qui compte six chambrettes mal aérées et mal
éclairées est une ancienne maison qui pourrait s'écrouler
à la moindre secousse. Le second bâtiment, plus récent et
en béton comprenant deux salles, abrite les classes septième
année.
Le nombre de bancs est insuffisant et sont en majorité
en piteux état... Une chambre est convertie en quatre salles de classe.
Chacune est séparée par des contreplaqués troués et
qui manque par endroits. Deux élèves de deux classes
différentes peuvent aisément communiquer entre eux. Imaginons la
cacophonie et/ou l'interférence qui doivent quotidiennement
régner quand plusieurs classes font à haute voix, lecture ou
récitation de tables de calcul, comme cela se fait,
généralement, en Haïti dans les écoles
primaires89. De l'avis de plus d'un, le maire de cette ville devait
classer cette maison comme danger public et la fermer pour rénovation.
Elles sont légions, les écoles nationales situées au coeur
de Port-au-
87 Kern, p267-268
88 Le Nouvelliste, Une année académique
ni claire ni heureuse, No 37474, mercredi 30 août 2006
89 Idem
Prince se trouvant dans le même état que Claire
Heureuse. On retrouve des problèmes similaires dans d'autres endroits du
pays, à titre d `exemple, « dans le Bas comme dans le Haut Plateau
central, les problèmes du systèmes éducatif sont presque
identiques. Avec force d'exemples, les professionnels de l'éducation ont
dressé un tableau plutôt sombre de l'enseignement dans cette
région. Professeurs non payés, état pitoyable des
écoles nationales, élèves qui doivent marcher plus de 10
kilomètres, écoles « borlettes » et personnel souvent
incompétent, mauvaise gestion, incapacité des responsables
à contrôler le nombre et le fonctionnement réel des
écoles du département, le système éducatif est
manifestement malade dans le plateau centrale »90. Les
écoles n'ont pas les moyens de bases pour fonctionner, tels : bancs,
bibliothèque, papiers, absence de toilette ou latrines etc. Les
professeurs travaillent dans des conditions vraiment difficiles et la situation
des élèves est pire. A SHADA, au Cap-Haïtien, l'état
piteux du système éducatif. Considérerons, l'enseignement
du premier cycle fondamental. Il en existe seulement 5 Écoles primaires,
dont une école nationale où sa cour sert aussi comme
marché public. Chacune possède en moyenne 3 enseignants,
c'est-à-dire, 1 enseignant pour 2 classes, en moyenne. Ces enseignants-
là, pour la grande majorité n'atteignent pas une étude
jusqu'au 2ème cycle fondamental. Les bâtiments qui sont
plus en piteux états se trouvent à Shada II où l'on a 3
chambrettes pour 6 classes. On est obligé de les séparer en deux.
Les élèves s'entassent, certains sont obligés de rester
débout à la fenêtre. Cette situation est le résultat
des salles trop éxiguies ou manque de bancs. Les professeurs n'ont pas
même un espace pour placer leur bureau. Le directeur de l'école
nationale de Shada déclare qu'il pourrait faire mieux, malheureusement
il ne trouve pas le soutien du Ministère de l'éducation Nationale
et de la
Formation Professionnelle (MENFP). C'est la direction de
l'école qui doit elle-même se procurer les matériels
didactiques, la craie, papiers, etc.
Avec cette maigre présence d'école à
SHADA, on a pu constater seulement 2 enfants sur 10 vont à
l'école. Les causes sont dues notamment du niveau élevé du
chômage qui sévit trop longtemps dans ce quartier. A ce point, en
se référant à l'enquête de l'IHSI (2001), il y a un
rapport assez étroit entre la pauvreté et l'éducation.
Selon ce rapport, de plus fortes incidences de la pauvreté sont
associées aux niveaux d'éducation les plus faibles (primaires,
P.E :51%) où à l'absence de tout bagage scolaire (aucun niveau,
P.E : 68%).
La qualité de l'éducation à Shada est
dramatiquement faible. Selon une enquête du Ministère de
l'Education Nationale, « seulement 43% des élèves entrant en
première année arriveront à la cinquième, et 29%
seulement arriveront à la sixième année. La moitié
des élèves du primaire ont passé l'age. La proportion
atteint 89% en cinquième année, où l'age moyen est de 15,3
par rapport à un age théorique de 11 ans. La mauvaise
qualité provient du grand nombre d'enseignants non qualifiés et
non motivés, du manque de manuels scolaires, du développement non
coordonnés de programmes scolaires et de matériels
pédagogiques, et des mauvaises installations »91. Sans
une éducation saine, on n'arrivera jamais au développement.
Aujourd'hui l'éducation n'est pas seulement une question d'ordre
sociale, mais elle est aussi économique. Comme le démontre
MICHAEL Porter, lors d'une conférence destinée à des chefs
d'entreprises latino-américains « l'éducation est une
question de compétitivité économique et pas seulement une
question sociale »92. Le fait que les gens n'ont pas de moyens
financiers pour envoyer leurs enfants a l'école, ils sont
condamnés dans une sorte de cercle vicieux ou les mêmes causes
produiront dans les temps à venir les mêmes effets. Avec moins de
34 à 40 gourdes par jour. Ces familles se composent, aussi, avec 3
à 6 enfants. Les personnes appartenant à cette tranche ont comme
principale activité la cordonnerie et le petit commerce. La
dernière tranche se composant de
plus de 20 % des chefs de famille pratiquant comme
activité maçon, ferronnerie et la charpenterie. Leurs revenus se
situent entre 1201 et 1400 gourdes. Ils doivent s'efforcer également
pour prendre soin, peu qu'il soit, avec moins de 41 gourdes à 47 gourdes
par jour.
EAU POTABLE :
Un spécialiste du PNUD, déclare l'absence
d'accès à l'eau potable, est à l'origine de la mort de
près de deux millions d'enfants tous les ans et contribue à
creuser le fossé entre les pays riches et pauvres, affirme le Programme
des Nations Unies pour le développement. A la lumière de ce
rapport, on peut sans aucun ambages déclarer que le problème de
l'accès à l'eau potable devient une préoccupation
mondiale. « Les causes profondes de la crise de l'eau sont liées
à la
91 Notes de cours de l'Economie haïtienne,
Haïti, La lutte contre la pauvreté, p.29
92 CLED, p.30
pauvreté, aux inégalités, aux relations de
pouvoir déséquilibrées ainsi qu'à des politiques
inadaptées de gestion de l'eau qui exacerbe de
ressources»93.
Les infrastructures en eau et assainissement d'Haïti sont
pour une large part déficientes, notamment en zone urbaine. En 2005,
l'UNICEF estime à « 45% le pourcentage de la population
haïtienne ayant accès à l'eau potable. Ceci conjugué
à une forte croissance démographique et à un très
fort exode rural, les installations existantes (points d'eau, pompes, canaux de
drainages, latrines, etc.) sont souvent sur-sollicitées et en l'absence
d'entretien souvent dans un état déplorable »94.
L'enquête que nous avons menée à SHADA nous décrit
des scènes stupéfaites, encore. L'institution qu'on appelle
Service National d'Eau potable (SNEP) paraît être inconnue pour
beaucoup de gens questionnés. Sur 50 personnes, 10 d'entre elles savent
le rôle de l'institution, 14 avouent avoir l'habitude d'en entendre
parler vaguement et 26 déclarent l'ignorer. Tout cela, c'est juste pour
montrer la quasi-absence de ce service dans ce bidonville. L'eau potable y est
acheminée par bidon acheté en petite quantité. On y fait
un recyclage intensif de l'eau qui est constamment
récupérée et réutilisée. Comme ce qu'a
révélé le rapport 2006 du PNUD, où « chaque
jour des millions de femmes et de jeunes filles vont chercher de l'eau pour
leurs familles, un rituel qui renforce l'inégalité des sexes face
à l'emploi et l'éducation. », les habitants de Shada se sont
livrés à eux-mêmes. Ils sont obligés de parcourir
des kilomètres, de s'abonner avec des marchands ambulants, ou se creuser
un puits afin de se procurer de l'eau. Le PNUD met aussi en exergue la
situation sanitaire déplorable dans nombre de bidonvilles en Afrique et
cette situation n'est pas différente à ce qui se passe dans les
bidonvilles en Haïti, notamment à Shada.
Conséquences : Diarrhées,
typhoïde et autres...
Selon Guillaumont, les besoins fondamentaux ont des
caractères communs, leur satisfaction peut être mesurée
grâce aux indicateurs sociaux et elle est susceptible d'accroître
la productivité humaine. Ils sont nombreux, des chefs de famille
résidant à Shada II, à déclarer être venus
des zones rurales en quête de meilleures conditions de vie. Mais au lieu
de trouver un logement décent et sûr, ils sont confrontés
à une dure réalité ne leur permettant pas d'élever
leurs enfants, considérés comme leur « seul bien ». Il
n'y a quasiment aucune infrastructure de
93 Kema Dervis, PNUD, 2006
94 Action contre la Faim, Haïti, p.3
base à Shada II. Toutes les conditions sont réunies
pour dire que le Shada est en état d'extrême pauvreté.
SECTION 5. ANALYSE ECONOMIQUE DES RESULTATS DE
L'ENQUETE :
Le gros de la population est condamné à des
niveaux de vie médiocres, qui tendent à s'empirer. Cette
réalité est claire à SHADA, où la population se
demande, chaque jour, quoi faire ? Les enfants, pour la grande majorité,
ne peuvent pas aller à l'école et prendre un repas normal par
jour ; promiscuité ; maladies ; délinquance, développement
des « Banks » de borlette et autres jeux de hasard, etc. Bref, ils ne
voient où s'en aller. C'est le désespoir. Pourtant, en
dépit de leur triste réalité, selon l'observation de SIMON
M. Fass, spécialiste en urbanisation, « ces gens ordinaires sont,
en fait, extraordinaires au moins sur un point. Leurs revenus sont bas, si bas
que la moindre erreur sérieuse de jugement ou le moindre accident peut
souvent menacer la survie de tout un foyer en tant que tel ou celle des
individus qui le composent. Ce qui est extraordinaire ce n'est pas tant la
pauvreté elle-même que la capacité de ces gens à
survivre malgré elle. D'ailleurs, ils ne se contentent pas de survivre.
Ils s'engagent eux-mêmes de façons actives et agressives dans ce
qui peut apparaître comme un processus constant de production-
reproduction au minimum, au niveau de revenu qui leur permet de survivre...
»95.
En fait d'une manière globale, les problèmes de
revenus qui est le résultat direct de la baisse de la
productivité du secteur primaire ont porté beaucoup de paysans
à se tourner le dos à la campagne et à venir gonfler les
rangs des bidonvilles. Pour eux, les centres urbains constituent leur espoir
ultime. Pour mieux présenter l'aspect économique de notre
enquête, nous allons surtout mettre l'emphase sur le chômage et
emplois, le revenu, la consommation des familles vivant dans ce bidonville.
EMPLOIS ET ABSENCE DE TRAVAIL
Les chefs de famille sont ceux qui ont la
responsabilité de prendre soin de la famille du point de vue
éducationnel, sanitaire, logement, nutritionnel,... Une majorité
d'entre eux, questionnée déclare n'avoir pas de travail à
faire. 40/70 sont des professionnels de petits métiers (cordonniers,
maçons, ferronnier, charpentier, ...) et les autres n'en ont pas. Pour
bien remplir sa mission, le chef de famille doit avoir une occupation. Ce qui
est anormal, selon tout ce qu'on a remarqué à Shada I et II, plus
de 61 % des responsables de familles sont en situation de chômage, soit
environ 58 % de la condition des hommes et 63 % de celle des femmes. Seulement
38 % de l'ensemble, soit environ 41 % des hommes et 36 % en moyenne dans le cas
des femmes chef de famille, ont quelques choses à faire. Cette situation
oblige beaucoup d'entre eux à pratiquer de la pêche occasionnelle
ou de portefaix. Ce sont alors majoritairement des personnes isolées ou
de familles monoparentales et dans une moindre mesure des couples avec 3
à 6 enfants. Ici, la pauvreté prend un sens monétaire qui
est lié surtout du taux élevé du chômage dans la
zone. Selon l'étude, les femmes sont les premières victimes du
chômage (63.41%) et cette situation crée leur situation de
dépendance par rapport aux hommes qui sont occupé à plus
de 41 %.
Tableau 3.8- Nombre de familles en situation de
chômage ou occupé
|
Hommes
|
%
|
Femmes
|
%
|
Total
|
%
|
Occupés
|
12
|
41.38
|
15
|
36.59
|
27
|
38.57
|
Chômeurs
|
17
|
58.62
|
26
|
63.41
|
43
|
61.43
|
Total
|
29
|
100
|
41
|
100
|
70
|
100
|
Source : Notre enquête, 2006
Le chômage transforme leur espoir en désespoir.
L'absence d'emploi, d'éducation, et d'encadrement transforme ce lieu en
un « enfer sur terre ». SHADA est dépourvue de richesse, sauf
la mer en situation normale aurait pu permettre aux habitants de la zone
d'avoir la possibilité de subsister (pêche, tourisme,...).
Hélas ! les gens l'ont mal utilisées notamment
avec la pratique déboisement des palétuviers,
les dépôts d'ordures, ... En constatant cette situation, on se
demandait: Quelle stratégie utilisée par ces habitants faisant
partis du groupe de plus de 61 % de la population en situation de chômage
? L'enquête révèle que plus de 30 % de cette entité
reçoit du transfert venant des parents vivant notamment à
République Dominicaine ou Providenciales « Turks and Caicos »
; plus de 25 % vivent au dépend des voisins ou amis ; 13 % environ
vivent de la mendicité ; plus de 23 % fonctionnent avec l'aide de
l'église et les autres, soit près de 7 % subsistent avec des
moyens divers.
Tableau 3.9- Moyen de subsistance des gens en Situation
de chômage
|
Quantité
|
%
|
Transfert
|
13
|
30.23
|
Solidarité des voisins/ amis
|
11
|
25.5 8
|
Mendicité
|
6
|
13.95
|
OEuvres Ecclésiales
|
10
|
23.26
|
Autres
|
3
|
6.98
|
Total
|
43
|
100
|
Source : Notre enquête, 2006
Il est important de faire remarquer que les 38 % des chefs de
familles qui déclarent être occupés, travaillent dans des
activités différentes du métier appris, le plus souvent.
Voyons les différents types d'activités.
Tableau 3.10- Type d'activités des personnes dites
occupées
Activités
|
Quantité
|
%
|
Charpentier
|
3
|
11.11
|
Portefaix
|
4
|
14.81
|
Journalier
|
4
|
14.81
|
Pêcheur
|
4
|
14.81
|
« Bonne » / Lessiveuse
|
3
|
11.11
|
Gardien
|
2
|
7.40
|
Maçon
|
2
|
7.40
|
Ferronnier
|
1
|
3.70
|
Petit Commerçant
|
3
|
11.11
|
Cordonnier
|
1
|
3.70
|
Total
|
27
|
100
|
Source : Notre enquête, 2006
Selon le tableau précédent, on voit que cette
population occupe surtout des petites activités pouvant juste leur
permettre de subsister. Les activités de portefaix, la pêche et
journalier « vann jounen », comme on l'appelle en créole,
représentent à chacun respectivement un total de 14.81 % ; il y a
aussi les charpentiers, les servantes ou lavandières, ainsi que les
petits commerçants qui représentent tour à tour 11.11 % ;
il s'en suit des gardiens des maisons ou boutiques et les maçons qui
occupent une valeur de 7.40 % et enfin, les ferronniers et les cordonniers qui
représentent 3.70 % du total.
Revenu Produit Par les Activités des Habitants de
Shada
L'étude nous a révélé des situations
pires de ce qu'on aurait pensé. Il y a une situation de chômage
déguisé qui se répand grandement dans ce bidonville. On se
demande
que fassent ces chefs de familles pour répondre à
leur responsabilité, vu leur maigre revenu. Le tableau ci-dessous nous
donne une idée quantitative pour mieux apprécier cet état
de fait.
Tableau 3.11- Revenu produit par Habitant
TRANCHE REVENU Par Mois en gourdes
|
NOMBRE DE CHEFS DE FAMILLE
|
POURCENTAGE
|
500 - 600
|
4
|
14.82 %
|
601 - 700
|
5
|
18.51 %
|
701 - 800
|
3
|
11.11 %
|
801 - 900
|
3
|
11.11 %
|
901 - 1000
|
4
|
14.82 %
|
1001 - 1100
|
2
|
7.41 %
|
1101 - 1200
|
3
|
11.11 %
|
1201 - 1300
|
2
|
7.41 %
|
1301 - 1400
|
1
|
3.70 %
|
TOTAL
|
27
|
100 %
|
Source : Notre enquête, 2006
Notre attention se porte surtout par le fait que les revenus
des habitants de Shada disant être occupés se situent entre 500 et
1400 gourdes. Au niveau de la répartition de cette tranche, on peut
constater que près de 60 % de cette population vivent avec un revenu
inférieur ou égal à 1000 gourdes par mois. Nous nous
sommes demandés quelle marge de manoeuvre a un chef de famille avec 16.7
gourdes à 33.33 gourdes par jour, pour offrir les besoins de bases
à sa famille composée le plus souvent de 4 à 6 enfants.
Cette catégorie fait partie des personnes ayant comme activité de
portefaix, vendeur de journée, la petite pêche, servantes ou
lavandières et gardien de maisons ou de magasins. Il y a aussi
près de 20 % de chefs de famille qui ont un revenu mensuel se trouvant
entre 1001 et 1200 gourdes. Ces chefs de familles, quoiqu'ils soient mieux par
rapport à la première catégorie, eux aussi doivent
consentir des efforts considérables pour vivre.
Faible alimentation:
« Il est hors de doute que le volume global de
la consommation privée reste faible par rapport à l'importance de
la population. Les niveaux de consommation varient en effet avec le montant de
ressources monétaires qui leur donnent naissance. La demande est
fonction du pouvoir d'achat et du niveau des prix. La médiocrité
du revenu, aggravée par l'inflation, a pour effet de maintenir la
demande à des niveaux très bas. La faiblesse de la consommation
moyenne se manifeste dans tous les domaines... Parmi les dépenses des
ménages, le plus important est celui de l'alimentation, qui absorbe
environ 50% du budget. La modicité des dépenses alimentaires
n'autorise qu'une consommation moyenne de 1700 calories par jour, d'où
le déficit de 25% par rapport aux besoins minima. En dehors d'une
insuffisance globale de calories, le régime alimentaire se
caractérise par une forte consommation de céréales et de
tubercules. Par contre, la consommation de viande, de légumes, de
produits laitiers, de graisses, d'oeufs et de poissons, reste trop faible
»96. Dans la grande majorité, la population est
gravement mal nourrie, conséquence directe de la faim qui sévit
dans le pays de manière chronique. On constate que le plus grand nombre
de la population haïtienne a de jours en jour de très grandes
difficultés à se nourrir, ce qui entraîne de graves
incidences sur leur état de santé, notamment des cas de
malnutritions fréquentes.
« La situation alimentaire demeure particulière
alarmante. Plus d'un, pourtant, reste convaincus que le problème
alimentaire haïtien n'est pas à rechercher du coté de la
disponibilité de la nourriture, puisque selon ces personnes les
marchés locaux sont en règle générale bien
achalandés. Mais les Haïtiens citadins les plus vulnérables
souffrent d'un manque frappant de revenus et donc d'accès à une
nourriture en quantité et en qualité suffisante. En Haïti,
plus de 70% de la population serait en chômage »97.
L'état nutritionnel des habitants est très faible. Selon
l'enquête menée à SHADA, en voici le sombre tableau sur 70
personnes questionnées:
6 déclarent avoir la possibilité de prendre 2
plats chauds par jour;
26,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,,
,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,,,,,,, 1 , ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, , ,, ,, ,,
,,,,,;
38 déclarent avoir l'habitude de passer une
journée, assez souvent, sans rien prendre. Cette situation occasionne
fréquemment des cas de maladies. Cette situation conduit le plus
souvent
96 Kern, p.264
97 Action Contre la faim, p.5
à la malnutrition. On sait pertinemment que quand cette
dernière apparaît sous forme de malnutrition
protéino-énergétique chez les enfants d'age scolaire, en
particulier de 5 à 15 ans, cela dérange énormément
la capacité intellectuelle de bien appréhender les choses. «
A cinq ans, les enfants ont pratiquement la même alimentation que les
adultes. Elle est donc souvent insuffisante en qualité et en
quantité. Dans les cas de pénuries alimentaires
saisonnières (période de soudure), on note chez les enfants de
paliers dans leurs courbes de poids, mais ces stagnations alternent avec une
période de croissance accélérée après la
récolte. L'insuffisance globale de la ration alimentaire résulte
d'une mauvaise répartition des repas dans la journée. Souvent les
restes de la veille sont insuffisants. L'enfant va à l'école et y
passe la journée sans manger. A cela, s'ajoutent les longues distances
parcourues pour atteindre l'école : les besoins
énergétiques de l'enfant sont donc majorés.
Conséquences : Les alternances
de sous-alimentation et de suralimentation sont préjudiciables au
développement physique harmonieux de l'enfant. Il présente un
retard de croissance ainsi que certaines difficultés d'attention et
d'apprentissage à l'école »98.
La continuité de la régression de
l'économie nationale menace la viabilité de la formation sociale
haïtienne. Elle crée une situation anormale qui deviendra difficile
à maintenir, à mesure que le rétrécissement du
niveau de vie porte sur les biens alimentaires indispensables99.
Comme nous l'avions déjà dit, les faits économiques ne
peuvent pas démontrer, à eux seuls, le caractère
monstrueux de la pauvreté dans ce bidonville. C'est pourquoi, notre
étude s'est intéressée aussi à l'analyse
sociale.
SECTION 6. ANALYSE SOCIALE DES RESULTATS DE
L'ENQUETE EN TERMES D'INCIDENCES DE LA PAUVRETE ET DE
COUVERTURE SOCIALE.
En analysant le phénomène de la pauvreté,
nous aurions pu nous concentrer uniquement sur l'aspect économique du
problème. Cependant la science économique étant une «
science sociale qui a pour objet l'étude et la recherche de « lois
» permettant d'expliquer les
98 LE NOUVELLISTE, 14-05-07, Les différentes
formes de malnutrition, p.21
99 Kern Delince, p.228
mécanismes qui gouvernent la production, la
consommation et l'échange de biens et services ou encore, sur la
manière dont les individus décident d'affecter, au meilleur
coût possible, telle ressource au système productif en vue de
satisfaire des besoins de consommation individuels et collectifs,
présents et futurs »100, selon la définition
donnée par l'économiste américain Samuelson. Vue sous cet
aspect, la science économique ne peut pas se dissocier des faits sociaux
quotidiens et, c'est cette constatation qui nous pousse à analyser
l'aspect social de la pauvreté à Shada. En fait, il s'agit pour
nous de mettre en évidence la nature de logements occupés et
l'habitat, de la vie au foyer, les loisirs, etc., des habitants de Shada.
Nature des logements occupés :
La localité de Shada répond théoriquement
aux différentes caractéristiques des bidonvilles, notamment sur
les formes d'habitat précaire, dépourvu d'équipement
élémentaire (eau, électricité), et dont la
construction est réalisée initialement avec des matériaux
de récupération. Cette situation est due par le fait que ces gens
venant des campagnes, résultat de l'exode rural, n'ont pas de l'argent
nécessaire pour se payer un bail normal. Ils se voient dans l'obligation
d'avoir recours à des terrains à proximité de la mer.
L'exode rural ajoute dans les grandes villes, en Haïti, une population
pauvre, dont les pouvoirs publics sont dans l'impossibilité d'assurer
l'accueil et le logement. C'est pour cela qu'ils occupent illégalement
des terrains souvent inconstructibles selon les normes habituelles. La
construction se fait selon l'opportunité d'une place libre pour
minimiser les coûts Ses unités de logement sont environ de 6
m2 pour une famille de 6 personnes en moyenne. Cet habitat traduit
les conditions de la croissance urbaine dans une société
inégalitaire. Nous devons aussi souligner le poids de la nourriture dans
leur budget, les obligeant d'habiter que ce quartier.
L'étude nous a permis de questionner les gens afin d'avoir
des réponses claires et nettes concernant leur état foncier. La
situation se présente ainsi :
100 Encyclopédie Microsoft ® Encarta ® 2004.
Tableau 3.12- Nature d'occupation des
logements
Nature
|
Quantité
|
Pourcentage
|
Locataire
|
42
|
60
|
Héritier
|
7
|
10
|
Propriétaire
|
15
|
21.43
|
Autres
|
6
|
8.57
|
Total
|
70
|
100%
|
Source : Notre enquête 2006
On constate bien qu'une très grande majorité des
occupants des maisonnettes sont en situation de location soit un total de 60 %.
En suite vient ceux qui ont leur propre unité de logement sont
estimés à 21.43 %. Puis 10 % jouit une à deux chambres de
maisons comme héritage d'un parent ou autre. Enfin, d'autres qui
habitent avec tiers ou jouissent d'une faveur d'une personne.
En fait le problème du logement ne peut se poser
isolément. En effet, on doit le contempler dans un contexte
général de développement urbain planifié incluant
les services de base, le transport, etc. Un partenariat du secteur privé
et de l'Etat s'avère nécessaire.
La vie au foyer :
Les habitants de Shada connaissent des situations difficiles
qui sont liés avec leur niveau économique tellement
précaire. Ils habitent des chambres de maisons coincées, ce qui
les pousse à vivre dans des conditions de promiscuités
avilissantes. Nous devons souligner aussi l'état de délabrement
des latrines, quand elles existent. Ils cohabitent avec la présence de
déchets (ordures ménagères). Les marres stagnantes
renforcées par des ordures ménagères à cause des
canaux obstrués constituent une menace pour la vie au foyer. Elles sont
aussi les sources de différentes maladies courantes, telles : la
malaria, la diarrhée, la typhoïde, etc. Une très grande
majorité des habitants de cette zone dit ne se sent pas à l'aise
avec le genre de vie qu'ils mènent à la maison. Ils sont
obligés d'y rester faute de moyen nécessaire pour trouver une
autre maison. Une fois que leur condition économique change, selon leur
avis,
ils laisseront la zone. On constate aussi qu'une très
grande quantité d'enfants se livrent à eux- mêmes. Ceci est
le résultat des activités des parents qui sont obligés,
malgré les vents et marrées de chercher le pain quotidien pour
leurs enfants. Ainsi, voit-on, une montée grandissante de la
délinquance juvénile. Beaucoup d'entre eux passent leur
journée à la station de Pont-neuf, à la mer ou à
travers les rues.
Le système de loisirs :
Selon l'Encyclopédie Microsoft Encarta 2004, les
loisirs sont des « activités, pratiques dites de « temps libre
», qui se définissent par opposition au temps passé au
travail. Les loisirs sont en général associés à des
notions telles que le plaisir ou le divertissement. La définition des
loisirs est fonction de l'époque dans laquelle ils s'inscrivent, mais en
règle générale ils ont toujours été le
reflet des sociétés et de leurs inégalités. Les
différentes catégories sociales
peuvent plus ou moins facilement se dégager des
servitudes du travail et ont un accès plus ou moins aisé aux
loisirs en fonction de leurs revenus »101. En tout temps,
l'homme a toujours divisé son temps en trois parties, à savoir :
le temps pour prendre son sommeil, pour faire son travail et, enfin, pour
prendre ses loisirs. Ces derniers constituent toujours un sujet de
préoccupation pour la très grande majorité des habitants
de grand bidonville. Le loisir est comme le plus grand des luxes. Nous avons
posé des questions relatives aux modes de divertissements pris par les
gens comme loisirs. Voici les réponses trouvées :
101 Encyclopédie Microsoft ® Encarta ®
2004. (c) 1993-2003 Microsoft Corporation.
Tableau 3.13- Les types de loisirs
Divertissements
|
Quantité
|
Pourcentage
|
Football
|
6
|
8.57
|
Vaudou
|
7
|
10
|
Eglise
|
10
|
14.29
|
Télévision
|
6
|
8.57
|
Cinéma de quartier
|
17
|
24.29
|
Musique (radio)
|
20
|
28.57
|
Autres
|
4
|
5.71
|
Total
|
70
|
100 %
|
Source : Notre enquête 2006
Le résultat de cette enquête nous montre que la
musique et les activités de cinéma réalisées
grâce aux initiatives de quelques personnes en vue d'en faire profit en
retour, occupe un très grand pourcentage dans le partage du temps des
loisirs, soit respectivement à 28.57 % et 24.29 % des
interviewés, ensuite, nous avons les activités ecclésiales
avec une valeur relative de 14.29 %. Les gens pour se libérer de
certains problèmes, notamment celui de la faim, passent beaucoup de
temps à jeûner, dans les réunions de prières et les
veillées de nuit. Puis, viennent ceux qui pratiquent le vaudou comme
divertissement, ils représentent 10 %, les amants ou pratiquants du
football et ceux qui ont un poste téléviseur sont à 8.57
%, tour à tour. Enfin, les autres divertissements comme jeu de hasard,
domino, carte, etc. représentent 5.71 %.
|
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