PREMIERE PARTIE:
DIMENSIONS THEORIQUES DE LA
PAUVRETE
CHAPITRE I :
CADRE CONCEPTUEL
ET THEORIQUE
La bidonvilisation et la pauvreté restent des
phénomènes complexes. Au cours de ces dernières
décennies, elles ont fait l'objet de nombreuses recherches, très
souvent complémentaires les unes des autres. Les chercheurs constatent
assez souvent que les deux augmentent de manière simultanée. La
crise de bidonvilisation qui prévaut en Haïti, notamment à
Shada, au Cap-Haïtien, a entraîné des manifestations de
certaines situations socio-économiques vraiment néfastes à
la survie de la population défavorisée. Au sein d'un même
pays (Haïti) ou de la même ville (Cap-Haïtien), une
minorité détient toutes les richesses (détenteurs du
pouvoir politique, propriétaires de grands commerces, de grands revenus
adéquats afin de jouir des grands modes de vie), tandis qu'il y a une
grande majorité pour qui la vie sur terre devient un enfer. Cette
dernière vit dans l'instabilité économique, dans la
pauvreté, dans l'insatisfaction des besoins de bases ou primaires. Les
points de vue sont nombreux, concernant les approches sur la pauvreté.
La mesure du niveau de vie des ménages ou des individus ou du seuil de
pauvreté s'opère à travers un certain nombre de
critères et d'indices qui varient d'une Ecole à l'autre. C'est
très souvent à partir de ces critères que se construisent
les stratégies de lutte contre la pauvreté. Il s'agit pour nous,
dans ce présent chapitre de présenter le cadre conceptuel et
théorique de la pauvreté.
SECTION 1- DES CONCEPTS
1.1 - Définition du mot Concept :
Un concept économique, selon Docteur Mokhtar LAKEHAL,
est un terme forgé par un théoricien ou un mot courant
vidé de son sens habituel auquel le théoricien donne un autre
sens, il est une boîte à outil mis à la disposition de
l'économiste pour analyser des situations ou des
problèmes1. Le sujet s'intitule : «Le problème de
la pauvreté dans les bidonvilles en Haïti, le cas de `Shada' au
Cap-Haïtien, Crises et Perspectives.» Après avoir
défini le mot concept, il est important, pour nous aussi, de
définir d'autres concepts qui feront partie intégrante du
développement de notre recherche.
1.2- Problème: Ce mot vient du latin,
problema et du grec, problêma qui signifie ce qu'on
a
devant soi. Question à résoudre par des
méthodes logiques dans le domaine scientifique ou situation difficile
à laquelle on est confronté (embarras, ennui)2.
Question à résoudre, d'après un ensemble de
données, dans une science ou encore c'est une difficulté ; une
situation compliquée3. On peut voir aussi que les
problèmes sont toujours mis à nu à partir des crises.
1.3- Crises : Paroxysme d'un sentiment, d'un
état psychologique, disons entre autre, c'est un moment difficile et
généralement décisif dans l'évolution d'une
société, d'une institution. Ou, c'est un ensemble de
difficultés qui se manifestent dans cinq domaines principaux - la
croissance, l'investissement, les prix, l'emploi et le pouvoir d'achat -qui ont
des répercussions sur l'ensemble des structures politiques,
économiques, sociales et culturelles du pays, au point d'engendrer et
d'entretenir de nouveaux problèmes aux agents économiques. Ces
derniers les subissent de manières bien différentes, car
certaines activités prospèrent en période de crises,
tandis que d'autres en pâtissent4. Ici nous voulons parler
directement de crise sociétale qui sont des résultats des
différents problèmes de la société dont les
principaux « responsables » font semblant ne pas comprendre. Prenons
à titre d'exemple le cas des problèmes socio-
1 Lakehal, p.141
2 Larousse Pratique, p.1186
3 Hachette, p. 1186
4 Hachette, pp.468-469
économiques que confrontent les habitants des quartiers
défavorisés dans les milieux urbains ou à la campagne.
Assez souvent quand les paysans ne trouvent rien à faire ou ne
possèdent pas de terre, les propriétaires terriens les oblige
à accepter des compromis à travers des conditions très
difficiles comme celui du système métayage.
1.4- Métayage : En fait, cette tenure consiste
en une « association entre un propriétaire et un travailleur, le
propriétaire apportant la terre , les bâtiments et une grande
partie tout au moins du cheptel et de l'outillage, le travailleur fournissant
la main-d'oeuvre et parfois une partie du capital d'exploitation » . Les
produits de l'exploitation sont partagés généralement de
deux moitiés entre le propriétaire et le travailleur, d'où
le nom de métayer que prend ce dernier. Le métayer est aussi
appelé colon partiaire. Dans notre législation, le
bailleur apportera pour moitié les frais d'exploitation, à moins
qu'il n'ait été stipulé par écrit que le
métayer aurait en compensation au moins les deux tiers des produits
d'exploitation5. Cette façon de procéder, le plus
souvent, décourage les paysans. Nous constatons assez souvent que ces
derniers n'ont que deux choix normaux ou bien de laisser le pays, ils disent
que tous les moyens sont bons, ou bien de fuir la campagne pour venir
s'installer en ville, en pratiquant ce nous que appelons l'exode rural.
1.5- Exode rural : «
Départ en masse d'une population rurale ou c'est la migration
définitive des habitants des campagnes vers la ville
»6.
De l'avis de l'écrivain François Latortue, le
phénomène de l'exode rural exprime la tendance à
l'équilibre des revenus et des productivités dans tous les
secteurs de la production. Il apparaît comme un corollaire du
développement de l'industrie. C'est aussi un des plus grands
problèmes de l'agriculture.
L'exode rural est caractérisé par le
déplacement de la population proprement agricole (agriculteurs,
éleveurs) vers la ville, s'explique par les difficultés
inhérentes à l'exploitation agricole, où le
problème du système de métayage, en particulier rend la
vie des paysans vraiment difficile et les conditions particulièrement
défavorables du travail salarié agricole par
5 François Latortue, pp. 96-97
6 Larousse Pratique, p. 579
rapport au travail salarié industriel :
rémunération moins élevée, travail plus
irrégulier, assujettissement plus étroit à l'entreprise,
etc.7
Avec une structure difficile déjà entretenue
dans les villes, les gens venant de la campagne ont du mal à
s'intégrer, notamment en ce qui a trait à un logement
décent. C'est ainsi, qu'ils se mettent, eux-mêmes, à
chercher un endroit favorable, gratuit ou moins cher, afin de s'abriter.
Malheureusement, ces lieux sont souvent inappropriés, vues leurs
conditions hygiéniques et autres qui ne répondent pas. On appelle
ces lieux assez couramment bidonville. 1.7- Bidonville : est un terme
utilisé, pour la première fois, en 1950, par Yves Lacoste, pour
nommer un quartier de Casablanca (Maroc) où les maisons étaient
construites avec les gros bidons découpés pour servir de
baraquement à la population. Depuis, le terme désigne un habitat
insoluble où la population vit dans la promiscuité8.
Nous pouvons dire aussi que, selon le dictionnaire Larousse pratique, c'est une
agglomération d'abris de fortune en matériaux de
récupération, dont les habitants vivent dans des conditions
précaires, à la périphérie des grandes
villes9. D'autre étude approfondie avance à dire que
c'est une forme d'habitat précaire, dépourvu d'un
équipement élémentaire (eau, électricité),
et dont la construction est réalisée initialement avec des
matériaux de récupération. Les bidonvilles, qui forment
des quartiers urbains et périurbains considérables, sont assez
généralisés dans les métropoles des pays en
développement (favelas au Brésil, barriadas au
Pérou, gourbiville en Afrique du Nord, médina en Afrique noire).
Cet habitat traduit les conditions de la croissance urbaine dans une
société inégalitaire.
L'exode rural amène dans les villes une population
pauvre, dont les pouvoirs publics sont dans l'impossibilité d'assurer
l'accueil et le logement. Ces néocitadins occupent illégalement
des terrains souvent inconstructibles (en raison de la pente ou de
problèmes d'eau, ou parce qu'ils sont grevés de servitudes) selon
les normes habituelles. La construction se fait selon l'opportunité
d'une place libre pour minimiser les coûts, et souvent en un temps
très court (maison d'une nuit en Turquie) pour éviter une
éventuelle procédure d'expulsion. Ce scénario a
été fréquent pendant le dernier quart du XXe
siècle et a été l'une des formes de l'explosion urbaine.
Les bidonvilles qui n'ont pas été rasés brutalement et
dans des délais courts par les autorités ont connu un processus
d'« urbanisation » par un équipement minimal en eau potable et
en électricité ; les habitants se sont organisés pour
assurer des services (enlèvements des ordures). Des
7 François Latortue, p. 52
8 Lakehal, p.67
9 Larousse Pratique, p. 149a
matériaux en dur ont peu à peu remplacés
ceux de récupération ; les plus anciens des bidonvilles ont
accédé à la reconnaissance administrative et
transformés en quartier avec une représentation de type
municipal, des écoles, des services sociaux, en Haïti, nous avons
l'exemple de Cité Soleil. Les bidonvilles peuvent être
envisagés dans un cycle de l'urbanisation particulier aux
sociétés en développement, mais ils ont aussi
été observés localement, dans des périodes de
crise, dans les pays industrialisés10.
Les habitants de ces quartiers souffrent des problèmes
multiples et sont dans une lutte
perpétuelle afin de subvenir aux besoins quotidiens
dits de bases. Nous évoquons, entre autres, le problème de
nourriture qui a des répercussions assez grave sur l'état
sanitaire de la population, en particulier avec des cas de maladies comme la
malnutrition chez les enfants.
1.8- Malnutrition :
Etat physiologique pouvant devenir pathologique dû
à une carence ou à une consommation excessive d'un ou plusieurs
éléments nutritifs. Un sujet court le risque de souffrir de la
malnutrition lorsque l'apport calorique ou l'équilibre nutritionnel ne
sont pas conformes à ses besoins. Si l'alimentation est trop pauvre en
calories, les réserves de graisses de l'organisme, puis celles de
protéines des muscles sont utilisées pour fournir de
l'énergie. En cas de carence prolongée, le corps devient trop
faible pour avoir un métabolisme normal et combattre les infections. Les
enfants, en particulier ceux de moins de cinq ans, sont plus sensibles aux
conséquences d'une malnutrition que les adultes. Ils souffrent notamment
de carences protéiques, dont les formes les plus courantes sont le
marasme et la kwashiorkor, des maladies mortelles rencontrées dans tous
les pays en voie de développement. Le rachitisme survient lorsque les
nouveau-nés sont sevrés trop rapidement et consomment une
nourriture pauvre en énergie et en éléments nutritifs. Ces
enfants souffrent également d'infections chroniques (notamment des
gastro-entérites) dues à de mauvaises conditions
d'hygiène, soignées de manière purement symptomatique par
de l'eau ou de l'eau de cuisson de riz. Les enfants souffrant de marasme ont un
poids très inférieur à la normale et ne possèdent
ni graisses ni muscles. La kwashiorkor survient aussi après un sevrage
tardif lorsque le lait maternel est remplacé par une alimentation
traditionnelle, riche en féculents mais pauvre en protéines. Il
se manifeste souvent à la suite d'une infection aiguë. La maigreur
des enfants est souvent masquée par une rétention d'eau qui leur
donne un visage en forme de lune et un ventre gonflé. Les
symptômes d'une carence en vitamines ou en sels minéraux
dépendent de la fonction de cet élément dans l'organisme.
Ainsi, un déficit sévère en vitamine A entraîne une
cécité. Certains de ces nutriments ont plusieurs fonctions, si
bien que des carences prolongées peuvent avoir des effets multiples sur
la santé de l'individu11.
10 Encyclopédie Microsoft ®
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11 Ibidem
La présence de cette maladie est un signe palpable de
la domination de la pauvreté sur la vie de ces personnes. Compte tenu de
la complexité qui règne autour de l'étude concernant la
pauvreté, dans la section qui suit, nous allons essayer de
présenter la multidimensionnalité de la pauvreté.
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