Pratiques locales de développement urbain durable dans l'aglomération Dakaroise: cas de la commune d'arrondissement de NGOR( Télécharger le fichier original )par Mamadou DIOUF Ecole Nationale d'Economie Appliquée (ENEA) - DESS Aménagement du territoire, décentralisation et développement territorial 2007 |
VI. 3. b. 2. L'assainissementPour un diagnostic complet des systèmes d'assainissement il convient de distinguer deux dimensions fondamentales : 1. la gestion des déchets liquides (eaux usées, eaux de ruissellement, eaux de pluies, eau de cru) 2. la gestion des déchets solides (ordures ménagères.....) VI.3.b.2.a. Gestion des déchets liquides S'agissant de la gestion (collecte et évacuation) des eaux usées constituées principalement des eaux usées domestiques provenant des habitations (WC, cuisine, lessive et bain) et des eaux usées générées par les installations publiques (écoles, dispensaires) et/ou privées (petites entreprises, commerces...) ; on retiendra que l'on retrouve à NGOR trois types d'équipements ou systèmes d'assainissement : 1. Des systèmes semi collectifs : Mis en place dans le cadre du Projet Eau à Long Terme (PLT) et plus spécifiquement dans le cadre du PAQPUD (programme d'assainissement des quartiers péri urbains de Dakar) financé par la banque mondiale, il est prévu qu'ils soient étendus à l'ensemble du village traditionnel. Les études techniques ont d'ailleurs déjà été réalisées et ont dénombré 518 ménages qui devraient pouvoir bénéficier de ce projet d'extension. Il faut saluer à ce propos l'engagement sans faille des autorités municipales qui ont fait une prise en charge de 15000F CFA pour chaque ménage ce qui fait que ces derniers n'auront à payer que 7000 F CFA pour se connecter au système avec ou sans fosse. 2. Des réseaux individuels ou systèmes autonomes : C'est ici aussi grâce au PLT et au concours de l'Etat, de la commune d'arrondissement et de quelques uns de ses partenaires (ONAS, AGETIP, ENDA/RUP) que plusieurs ménages ont pu bénéficier d'ouvrages autonomes (bacs à laver, fosses septiques à réservoir de décantation étanche, fosses étanches, TCM...). Antérieurement à ce programme cependant, la zone résidentielle et quelques habitations du village traditionnel étaient déjà équipées. De fait, les ouvrages d'assainissement d'eaux usées qu'il est plus fréquent de rencontrer dans la commune d'arrondissement sont des ouvrages individuels ou autonomes « fosses septiques à réservoir de décantation étanche et les fosses étanches constituent les ouvrages d'assainissement les plus utilisés dans la commune »55(*). Les fosses septiques à réservoir de décantation étanche sont généralement couplées avec des puits perdus alors que certains ménages évacuent directement leurs eaux vannes dans la mer. 3. Les systèmes à égouts : A la vérité, ce système d'assainissement est très peu développé dans la commune d'arrondissement ; en fait ils n'existent que dans la zone résidentielle et déversent à la station de Cambéréne « le manque d'infrastructures dans ce village qui s'est construit de manière anarchique fait que les égouts sont inexistants et les canalisations d'eau rares»56(*). Aujourd'hui les deux principales ambitions de la municipalité dans ce domaine de la gestion des eaux usées sont d'une part d'étendre et voire même de généraliser le système d'assainissement semi collectif dans le reste du noyau traditionnel (puisque non seulement les systèmes autonomes ne peuvent prospérer pour cause d'incompatibilité des sols mais en plus à l'heure actuelle le système semi collectif d'évacuation ne couvre pas les versants Nord et maritime du village) et, d'autre part, d'aménager des systèmes d'assainissement des eaux usées sur l'île surtout si l'on sait que cette partie du territoire communal en est encore dépourvu. Outre les eaux usées, la gestion des déchets liquides dans la commune d'arrondissement de NGOR passe aussi par la gestion des eaux de pluies et/ou de ruissellement d'autant plus qu'il n'est pas rare de voir certaines zones de la commune d'arrondissement régulièrement inondées au courant de l'hivernage. L'inondation qui concerne, en fait, certains quartiers du village traditionnel pose de sérieux problèmes de santé publique (paludisme) dans un environnement où l'habitat se densifie et où la promiscuité dans les habitations constitue un trait caractéristique. Tableau N° 6.4 : Estimation des zones d'inondation
Source : Profil environnemental de la commune d'arrondissement de NGOR, ENDA/RUP Les principales canalisations dont dispose la commune d'arrondissement pour la collecte et l'évacuation des eaux de pluies et de ruissellement sont : 1. Le grand canal à ciel ouvert qui reçoit les eaux venant de l'aéroport et de OUAKAM. Déversant sur la mer, ce canal évacue surtout les eaux de la commune de OUAKAM.
Photo N°6.5 : Vu du canal à ciel ouvert 2. le petit canal d'eaux pluviales qui se trouve à l'enceinte du village (TALLY BOU BESS) déverse aussi à la mer ; il a été réalisé en 2005, 3. l'ancien canal qui n'est plus fonctionnel parce que supprimé du fait de sa faible capacité. L'entretien de tous ces équipements (curage) est pris en charge par la municipalité. VI.3.b.2.b. Gestion des déchets solides A l'instar de toute l'agglomération Dakaroise, la gestion (collecte, transfert, traitement) des déchets solides, celle des ordures ménagères plus particulièrement, pose de sérieuses difficultés dans la commune d'arrondissement de NGOR et cela malgré le fait que le cadre institutionnel soit désormais bien posé avec la création en 2000 de l'APRODAK devenue depuis lors APROSEN. En plus des causes d'ordre structurel (rupture de contrat entre l'Etat du Sénégal et la société de ramassage d'ordures AMA Sénégal chargée du nettoiement à Dakar) ; cette situation s'explique notamment par l'inaccessibilité de certains quartiers comme ceux du village traditionnel. En fait il faut reconnaître que, même à l'époque où AMA Sénégal assurait correctement le ramassage avec des fréquences de passage des véhicules de l'ordre de 3 jours/7, la gestion des ordures posait déjà de sérieuses difficultés du fait de la morphologie de l'habitat au sein du village traditionnel (l'étroitesse des ruelles). D'un autre côté, certains comportements des populations en matière d'hygiène et d'assainissement ne font qu'aggraver et complexifier le problème (dépôts sauvages dans l'espace communautaire, défécation dans la nature....). A l'heure actuelle, deux systèmes de ramassage se côtoient. D'un côté, un camion de ramassage qui assure une à deux fois par semaine la collecte sur les grandes artères de la commune d'arrondissement ainsi que dans les zones résidentielles où le réseau routier assez développé permet un accès facile et, de l'autre, des charrettes qui font la collecte au niveau du village et de la baie de NGOR. Les ambitions de la municipalité en ce sens sont de mettre en place un système efficace de collecte des ordures ménagères, en rapport avec l'ONAS, d'augmenter les bacs d'ordures et enfin de réglementer la fréquence du camion de ramassage. VI. 3. b. 3. L'hygiène et la santé Les questions d'hygiène et de santé publique sont d'une importance capitale pour les autorités de la commune d'arrondissement ; on n'en veut pour preuve que le simple fait que sur un budget d'investissement de 45. 004 .002 FCFA prés de 32% soit14. 625.324 FCFA est consacré au secteur de la santé. Tableau N°6.5 : Investissements publics par secteur
Source : PLD NGOR Malgré ces efforts, le secteur semble encore être confronté à un certain nombre de difficultés liées notamment à l'insuffisance des structures sanitaires, à l'absence d'un plateau médical minimum, à l'insuffisance d'un personnel qualifié....... La commune d'arrondissement de NGOR ne dispose que d'un centre de santé dont la zone de couverture s'étend du virage à la clinique des mamelles et prend en charge les populations du village traditionnel, des Almadies et de l'extension de NGOR. C'est dire qu'il est censé assurer la couverture médicale d'une population de prés de 11.600 habitants ce qui est totalement pléthorique. Par ailleurs, ce centre de santé ne semble pas tout à fait répondre aux normes de l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) dans le sens où il ne compte que huit (08) lits pour le service de médecine générale et cinq (05) pour celui de maternité. En plus, il ne dispose ni d'un laboratoire, ni d'une ambulance, ni d'un service bucco dentaire. C'est pour toutes ces raisons, d'ailleurs, que l'on parle dans le PLD « d'absence d'un plateau médical minimum »57(*). Le personnel médical est composé d'un médecin gynécologue, d'un pharmacien, de deux (2) sages femmes, de quatre (4) femmes de garde, d'une assistante sociale, de dix neuf (19) agents de santé communautaire et de douze (12) aides soignantes. Sur cette question, le diagnostic établi révèle trois (3) principales contraintes qui ont pour nom : 1. insuffisance d'un personnel qualifié 2. manque de moyens financiers et didactiques 3. plateau technique inadapté à la demande Sur un autre registre, les statistiques disponibles révèlent que les pathologies les plus fréquentes sont les maladies du troisième âge (rhumatisme, arthrose...), les infections respiratoires aiguës (tuberculose, bronchites), les maladies cardio-vasculaires (hypertension artérielle, insuffisance rénale, diabète....). Le paludisme constitue également (en période hivernale) l'une des premières causes de consultations. En matière d'hygiène et de prévention, la promiscuité et l'insalubrité induites par la forte densité de population notamment dans le noyau traditionnel mettent les populations dans des situations sanitaires très précaires. * 55 ENDA/RUP, op. Cit. * 56 ENDA/RUP, op. Cit. * 57 PLD |
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