Pratiques locales de développement urbain durable dans l'aglomération Dakaroise: cas de la commune d'arrondissement de NGOR( Télécharger le fichier original )par Mamadou DIOUF Ecole Nationale d'Economie Appliquée (ENEA) - DESS Aménagement du territoire, décentralisation et développement territorial 2007 |
IX.1.b. L'Association des Plagistes et Exploitants de la Plage (APEP)L'APEP (Association des plagistes et exploitants de la plage) est une structure qui n'a été portée sur les fonds baptismaux que récemment. Pour preuve, elle ne dispose même pas encore d'un récipissé officiel ce qui est le cas aussi du regroupement des piroguiers de NGOR et du groupe CELLIA. C'est en 2005 que les plagistes et exploitants de la plage et de l'île de NGOR ont été regroupés autour d'une association. Il s'agissait dans le cadre d'une démarche participative de les impliquer et de les associer au comité d'exploitation de la plage qui venait d'être mis sur pied. Essentiellement composé de jeunes, l'association était alors censée réunir tous ceux qui s'activent sur la plage en périodes estivales (gérants de tentes ou de cabanons, restauratrices...)86(*). Aujourd'hui presque en léthargie, l'APEP semble n'être qu'un cadre formel permettant à la mairie d'arrondissement d'avoir un interlocuteur direct auprès des exploitants et plagistes « on s'était dit qu'il fallait impliquer ces gens qui occupaient déjà le terrain au lieu de vouloir débarquer avec d'autres ce qui ne ferait que nourrir des tensions (....) c'est alors que nous avons essayé de les regrouper autour d'une association »87(*). Ce n'est d'ailleurs que récemment que les plagistes et exploitants ont, avec l'appui du CDL, constitué et introduit une demande de récipissé auprès des autorités compétentes. C'est dire que, pour l'heure, l'association n'a pour seule vocation que de représenter les intérêts des plagistes et exploitants au sein du comité d'exploitation de la plage. De par son statut encore peu établit, les pratiques portées par l'APEP ont essentiellement trait aux domaines d'activité de ses membres à savoir a location de tentes ou de cabanons, la restauration et le petit commerce sur la plage. Activités assez lucratives vu les niveaux de fréquentation de la plage, celles-ci n'ont cependant cours que pendant les périodes estivales. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui semble expliquer la léthargie avérée de l'association puisque neuf mois sur douze (9mois/12), l'APEP et les acteurs (membres) qu'elle regroupe en son sein, sont quasi absents de la plage. D'un autre côté même s'il ressort que l'APEP n'est pas effectivement impliquée dans les pratiques d'entretien, de gestion et/ou de préservation de la plage ; il reste toujours que certaines formes d'usage de ses membres, la restauration de plage en l'occurrence, ont un impact environnemental certain sur la plage. Il est clair en effet, que l'essentiel des déchets (organiques et non bio dégradables) laissés sur la plage proviennent de la nourriture consommée sur place sur place. A ce titre l'APEP devrait, à défaut d'organiser ses membres (restaurateurs et restauratrices) afin que ceux-ci se charge de collecter après chaque journée de travail les déchets provenant de leurs activités (restes de sandwichs, papiers d'emballage, sachets...), tenter au moins d'orienter sa démarche et ses activités sur la sensibilisation et l'incitation si possible. Il ressort aussi des résultats de l'enquête que dans le domaine des pratiques de gestion et même d'aménagement, l'APEP bien que ne s'impliquant pas de façon visible se retrouve, du fait des pratiques d'usage portées par certains de ses membres, au coeur de sérieuses problématiques touchant ce domaine. Il s'agit, par exemple, de la question des moeurs, c'est-à-dire que la société Lébou étant très conservatrice ; il n'est pas rare de voir les villageois reprocher aux plagistes (locataires de tentes et de cabanons) d'être les complices des pratiques amorale (vagabondage sexuel, usage de stupéfiants..) qui se passent sur la plage à l'abri des tentes et cabanons. Il s'agit aussi de la question de l'occupation et de l'aménagement de l'espace, ici il est surtout reproché aux restaurateurs, commerçants et plagistes de s'installer n'importe où et n'importe comment sur la plage « sans aucun soucis d'esthétique et d'harmonie du paysage »88(*). Sur toutes ces questions, il est clair que l'APEP devrait pouvoir dérouler un plan d'action passant par la sensibilisation (IEC), la réorganisation des différentes filières et, pourquoi pas ?, leur professionnalisation. Mais pour cela il faudrait d'abord que l'association sorte de sa situation de léthargie. L'analyse des moyens et contraintes d'action internes permet de se rendre compte du fait que cet état de léthargie est surtout lié à l'inorganisation et au manque de motivation des membres de l'association. Cela se traduit notamment à travers le fait que chacun des plagistes et exploitants « met en avant ses propres intérêts »89(*) . A titre d'exemple il est, nous semble t'il, illustratif qu'il arrive dans le domaine de la location de tentes et de cabanons que des accrochages très virulents opposent entre eux des membres de l'APEP, la cause de ces accrochages étant le plus souvent lièe à la concurrence déloyale à laquelle certains plagistes se livrent en cassant les prix de location. IX.1.c. Le regroupement des transporteurs de l'île de NGOR (RTIN) Cette association de type informel regroupe les deux familles de pêcheurs qui depuis le début monopolisent le transport maritime à NGOR. Pour qui connaît un tout petit peu l'histoire de NGOR, on se rappellera qu'avant le triste événement qui braqua les projecteurs sur cette activité obligeant ainsi ses praticiens à mieux l'organiser en rendant les mesures de sécurité en mer plus draconiennes, deux familles se distinguant par les couleurs qu'elles arboraient (les bleus et les verts) se disputaient les parts de marchés dans ce secteur d'activité très lucratif à NGOR. Ce sont ces deux familles qui se sont retrouvées autour d'une structure officieuse qu'elles ont dénommé le regroupement des transporteurs de l'île de NGOR (RTIN). Cette structure représente en théorie la voix des piroguiers partout où celle-ci doit être entendue notamment auprès des autorités municipales à qui les piroguiers paient des taxes sur la traversée (3 millions de FCFA par an) . Même s'ils sont peu structurés, les piroguiers représentent un groupe stratégique qui pèse lourd dans les rapports de force qui peuvent naître de l'usage, l'aménagement, la gestion, l'exploitation, l'entretien et/ou la préservation de la plage et de sa baie. Les pratiques d'usage ou d'exploitation portées par le RTIN touchent au transport maritime. Il faut comprendre que toute l'activité économique liée à la traversée (du continent vers l'île et vis versa) est contrôlée par le RTIN et par delà lui par les deux familles de pêcheurs qui ont toujours assuré la traversée à NGOR. C'est d'ailleurs le fait que c'est traditionnellement ces deux familles qui ont toujours monopolisé la traversée que personne à NGOR ne pense ni n'envisage se lancer dans la filière (malgré tout son caractère lucratif). Il faut aussi dire que le RTIN se montre très vigilant sur tout ce qui se passe sur la plage et qui pourrait éventuellement affecter leur filière (c'est dans ce sens qu'il faudra d'ailleurs comprendre, lorsque nous le verrons, l'opposition manifeste du RTIN au projet de gestion de la plage). Très concrètement les types d'activités développées par le RTIN dans ce domaine des pratiques d'usage ou d'exploitation sur la plage de NGOR village et sa baie portent notamment sur la professionnalisation de la filière par la sensibilisation des acteurs sur des thématiques comme la sécurité en mer, le port du gilet de sauvetage...). L'implication du RTIN dans les pratiques d'entretien, de gestion et/ou de préservation de la plage de NGOR se manifeste quant à lui à travers les contributions financières que l'association a l'habitude d'apporter aux activités d'investissement humain portant sur la plage. Il faut dire à la vérité que l'implication de l'association dans ce type de pratiques est très peu visible même si elle compte à son actif quelques participations financières symboliques à des activités de nettoiement et d'entretien de la plage. Au contraire l'implication de l'association dans les pratiques d'aménagement est plus que visible, il semblerait en effet que le RTIN soit un acteur central de l'aménagement et de la gestion de la plage puisque des questions telles le stationnement des pirogues se trouvent au coeur de la problématique de l'aménagement et de la gestion de la plage « le stationnement des pirogues et les travaux de charpente sous la BRAZZERADE par exemple posent un problème à Rémi JUTEAU »90(*) . IX.1.d. Le groupe CELLIA C'est le surnom que se sont donnés une bande de jeunes amis (sorte de groupe d'âge comme il est de coutume de voir à NGOR). Structure officieuse puisque ne disposant pas d'un récipissé, le groupe CELLIA s'implique surtout dans le nettoyage et l'entretien de la plage. C'est dire que les principales formes de pratiques portées par cette association de jeunes touchent à l'entretien et/ou à la préservation de la plage ; à la vérité le groupe CELLIA n'a d'autre objectif que de maintenir propre la plage de NGOR. C'est ainsi qu'il organise chaque mois et bénévolement des opérations d'investissement humain (SET SETAL) visant à nettoyer et à entretenir la plage L'analyse des contraintes d'action internes permet de mettre en évidence un certain nombre d'éléments qui en définitive semblent entraver l'efficacité d'action de l'association il s'agit : 1. des contraintes financières et de l'insuffisance des partenaires. Il faut comprendre que malgré leur profonde détermination à maintenir propre la plage de NGOR, les membres du groupe CELLIA se heurtent très souvent à des difficultés liées au manque de moyen financiers pour prendre en charge les frais que nécessite l'organisation de telles activités. Car même s'ils ont les moyens matériels et humains de nettoyer, il leur faut tout de même après avoir nettoyé, collecter et transporter les ordures vers les points de transite ce qui nécessite un certain nombre de dépenses (location de charrettes...). Par ailleurs, et c'est là où se fait ressentir l'insuffisance des partenaires, le groupe a besoin pour l'organisation de ce type d'activités de motiver les populations à participer et pour cela il leur faut assurer au moins les rafraîchissements et l'animation ce qui nécessite encore un certain nombre de frais. C'est pour toutes ces raisons que Moussa SAMB secrétaire général du groupe jurait qu'il suffirait qu'un partenaire s'engage à supporter les frais d'organisation des SET SETAL, pour que leur association « tienne propre la plage sans le concours ni le soutien de la mairie d'arrondissement »91(*). Il faut dire qu'à l'heure actuelle l'unique véritable partenaire du groupe CELLIA est l'association pour la protection de l'environnement et des ressources marines (ASPREM) qui a mis à sa disposition un important lot de matériels de nettoyage (pailles, brouettes, fourches, balais.....). 2. du caractère restrictif des interventions de l'association. C'est-à-dire que le groupe CELLIA ne nettoie pas toute la plage mais plutôt les parties donnant sur le village traditionnel. Même s'il est vrai que c'est en grande partie cette zone de la plage qui paraît la plus préoccupante du point de vue écologique et environnemental ; il reste tout de même qu'une telle attitude nous paraît dépourvue de tout sens. IX.1.e. L'Association pour la Protection de l'Environnement et des ressources Marines (ASPREM) L'ASPREM est une sorte d'ONG (organisation non gouvernementale) intervenant sur l'ensemble du territoire Sénégalais et plus particulièrement dans l'agglomération Dakaroise (YOFF, NGOR, HANN..). Ses axes privilégiés d'intervention touchent à l'environnement et à la protection des ressources marines. Sur la plage de NGOR village et sa baie l'intervention de l'ASPREM couvre, comme il ressort du tableau d'entrée par les pratiques des différents acteurs, le champ des pratiques d'entretien, de gestion et/ou de préservation de la plage. Cela passe surtout par des partenariats avec des OCB (ASPEN et groupe CELLIA) à la disposition desquelles l'ONG met du matériel de nettoyage pour l'entretien de la plage. En plus de cet appui logistique ou matériel, l'ASPREM apporte souvent un appui institutionnel à certaines de ces organisations à travers notamment des activités orientées sur renforcement des capacités et la sensibilisation sur les enjeux de la protection des ressources marines et de l'environnement côtier. IX.1.f. La Mairie d'Arrondissement de NGOR (MAN) Conformément à la législation sur la décentralisation territoriale et administrative la mairie est l'organe de gouvernance de la commune ou de la commune d'arrondissement. Il s'agit donc de l'exécutif local ou pouvoir public local. La mairie d'arrondissement de la commune d'arrondissement de NGOR (MAN) est composée d'un conseil municipal et d'un personnel administratif (secrétaire municipal, secrétaire du maire, police municipal, agents et officiers d'état civil..). Comptant trente (30) membres le conseil municipal est l'organe délibérant de la mairie ; il fonctionne selon des règles institutionnelles clairement édictées par les textes de loi sur la décentralisation « le conseil de la commune d'arrondissement délibère sur tous les objets intéressant la commune d'arrondissement relativement à ses compétences »92(*). Ses compétences ont trait à : § la gestion des marchés de quartier § les petits travaux d'assainissement et d'hygiène § la participation à la collecte des ordures ménagères § la surveillance et l'entretien courant de réseau d'éclairage public § le désensablement et l'entretien des rues, places et espaces verts § l'entretien des équipements scolaires, sanitaires, socioculturels et sportifs93(*) Le conseil municipal vote également le budget de la commune d'arrondissement et décide de ce fait des priorités d'investissement. Les principales contraintes d'action de la MAN semblent être liées à la modicité de ses ressources budgétaires et à l'insuffisance de ressources humaines de qualité et en nombre suffisant. La stratégie d'intervention de l'actuelle équipe à la tête de la mairie d'arrondissement semble être la proximité vis-à-vis des acteurs du développement local et des populations. Comme il ressort des données de l'enquête, les pratiques portées par la MAN sur la plage de NGOR ont surtout trait à la gestion, l'entretien et/ou la préservation. En matière d'entretien et de préservation le type de pratique porté a trait au nettoyage et à l'entretien. A cet effet des femmes ont été recrutées afin d'assurer quotidiennement le nettoyage de la plage. La seule entrave ou contrainte d'action identifiée à ce niveau semble être liée au fait que les ordures collectées ne sont pas aussitôt transportés vers les points de transite pour transfert. Cela fait que ce sont un peu partout sur la plage de petits tas d'ordures qui se constituent en attente d'être collectés et transportés. L'effet du vent aidant toutes ces ordures se retrouvent en quelques heures ré éparpillées un peu partout sur la plage ce qui fait que les choses semblent être chaque jour un éternel recommencement pour ces femmes ce qui contribue à les démotiver d'autant plus que les rémunérations qu'elles reçoivent de la mairie sont modiques. En terme de pratiques de gestion, il s'agit surtout du rôle de police que son statut de pouvoir local confère à la MAN. C'est dire donc que la gestion des conflits, la perception des taxes et le règlement des litiges sont entre autres les principales pratiques de gestion portées par la MAN sur la plage de NGOR village et sa baie.
IX.1.g. La Ville de Dakar En tant que collectivité locale la ville de Dakar, n'est acteur dans les pratiques d'usage, de gestion, d'exploitation, d'entretien et/ou de préservation de la plage de NGOR village et sa baie que dans le sens où la surveillance de la baignade sur cette plage est de son ressort. Comme il ressort en effet du tableau N°20, l'implication de la ville de Dakar est plus spécialement visible dans le domaine des pratiques de gestion avec l'envoi chaque année de maîtres nageurs (4) pour la surveillance de la baignade à NGOR. Les contraintes d'action que nous avons put identifier ont principalement trait à l'insuffisance du nombre de maîtres nageurs envoyés chaque année. Il faut comprendre, en effet, que vue l'affluence sur la plage de NGOR, beaucoup jugent que quatre (4) maîtres nageurs est un nombre insuffisant et c'est pourquoi, par exemple, le CGP a dès sa mise sur pied formé avec l'appui du groupement national des sapeurs pompiers vingt cinq (25) maîtres nageurs qui dès la seconde année d'expérimentation du comité de gestion, ont presque tous été recrutés pour assurer le volet sécurité des baigneurs en appoint aux quatre (4) maîtres nageurs envoyés par la ville de Dakar. IX.1.h. Les Hôtels MADRAC, BRAZZERADE et NGOR DIARAMA Ce sont des établissements hôteliers qui ont pignon sur la plage. Ces différents établissements sont, il faut le dire, très impliqués dans la vie de la commune d'arrondissement et plus spécialement dans celle du village puisqu'ils répondent présent à chaque fois qu'ils sont sollicités par les populations, les OCB ou la mairie. Il est d'ailleurs illustratif, nous semble t'il, de souligner à ce propos que le directeur de l'hôtel la Brazzerade est actuellement le président de l'Olympique de NGOR et qu'il a personnellement pris en charge le reconstruction du stade municipal ainsi que sa mise aux normes. Mais ce qu'il est surtout intéressant de retenir pour une étude comme la notre c'est que la préservation de la qualité de l'environnement de la plage et de sa baie est un enjeu vital pour ces structures (même si certaines d'entre elles ont fini par privatiser leurs parties de plage au vue de l'état de dégradation avancée qui menaçait de gagner toute la plage). Ces établissements hôteliers sont en fait à la fois impliqués dans les pratiques d'entretien, de gestion et/ou de préservation, mais en plus ils sont aussi impliqués dans les pratiques d'aménagement et dans celles d'usage ou d'exploitation de la plage. En analysant la chose de près, on peut se rendre compte que dans le fond c'est cette dernière implication qui justifie les deux (2) premières. En d'autres termes c'est parce qu'ils sont impliqués dans un type bien déterminé d'usage ou d'exploitation de la plage qu'ils sont quelque part aussi obligés de s'impliquer dans des pratiques d'aménagement et d'entretien (et/ou de préservation). Que ce soit en effet le NGOR DIARRAMA, la BRAZZERADE ou l'hôtel MADRAC ; tous ces trois (3) établissements tirent profit du tourisme balnéaire et ont à ce titre intérêt que la plage soit bien aménagée, bien entretenue et préservée. En terme de pratiques d'aménagement, le cas de l'hôtel NGOR DIARRAMA paraît le plus intéressant dans le sens où celui-ci a tout bonnement délimité et privatisé sa partie de plage alors que les deux (2) autres établissements n'ont fait qu'aménager quelques tentes devant leurs façades donnant sur la plage. Cela induit bien évidemment des pratiques d'entretien et/ou de préservation tout aussi différents puisque si le NGOR DIARRAMA assure lui-même et sans grandes difficultés le nettoyage et l'entretien de sa partie de plage ; les hôtels BRAZZERADE et MADRAC semblent malgré leurs énormes efforts d'entretien et de préservation, de plus en plus menacés par la disparition, par exemple, du sable fin qui a fini de gagner la plage du côté du village traditionnel. X.1.i. Le Comité de gestion de la plage (CGP) C'est en 2005 que l'expérience du comité de gestion a été initiée pour la première fois. Si l'on en croit M.GUEYE coordinateur dudit comité et président de la commission Environnement, Pêche et Tourisme « cette expérience s'inscrit dans le cadre plus global d'un plan d'aménagement de la baie de NGOR ». Ce plan actuellement en cours d'élaboration porte sur cinq composantes que sont : 1. la gestion de l'écosystème marin 2. l'assainissement 3. la gestion du plan d'eau 4. la lutte contre l'avancée de la mer 5. la gestion de la plage La mise en oeuvre de cette dernière composante étant apparue comme d'une urgente nécessité, le conseil municipal sous l'initiative de la commission Environnement, Pêche et Tourisme autorisa par délibéré en date du 13 Mai 2005 la mise sur pied du comité de gestion. Il faut dire que des situations telles l'insécurité sur la plage (viols, vols, agressions, troubles à l'ordre, usage de stupéfiants e t d'alcool...), la récurrence des cas de noyades, l'insalubrité permanente .....avaient été pris pour prétexte par la commission Environnement, Pêche et Tourisme pour entreprendre des consultations avec un certain nombre d'acteurs de la plage en vue de la mise sur pied d'un comité de gestion. C'est ainsi qu'en Février 2005, déjà, la commission avec l'aval du conseil municipal avait tenu une réunion d'information et de concertation avec l'ASPEN, les exploitants et plagistes (qui n'étaient alors pas encore constitués en association) et le collectif dit du 15 Août 2004 dirigé par l'imam du village. Suite à cela d'autres rencontres seront tenues avec des acteurs tels le CDL et le CCF. C'est au terme de ce processus que le conseil municipal a été convoqué le 13 Mai 2005 sur demande de la commission Environnement, Pêche et Tourisme ; avec comme seul sujet à l'ordre du jour la mise sur pied du comité de gestion de la plage de NGOR. Ayant délibéré favorablement le conseil municipal donna l'aval au maire pour prendre un arrêté autorisant la mise sur pied du comité de gestion de la plage de NGOR. C'est ainsi que la mesure entra effectivement en vigueur le 21 Mai 2005.
Réunissant la mairie d'arrondissement (MAN), l'ASPEN et l'APEP le comité de gestion fonctionne avec un bureau de 8 membres (Président -Mairie-, Secrétaire général -ASPEN-,Trésorier -ASPEN-, 2 Trésoriers adjoints -Mairie et APEP-,3 contrôleurs de terrain ) et se donne pour principaux objectifs : 1. d'assurer la sécurité des biens et des personnes sur la plage, 2. d'assurer la sécurité des baigneurs autrement dit la sécurité en mer 3. et enfin d'assurer l'entretien et la gestion de l'environnement de la plage Au travers de ces objectifs, il est possible de lire toute la volonté du CGP de s'impliquer très activement dans les trois (3) formes de pratiques que nous avons eu à identifier sur la plage à savoir : les pratiques d'usage ou d'exploitation ; les pratiques de gestion, d'entretien et/ou de préservation et les pratiques d'aménagement. Le type de pratique d'usage ou d'exploitation porté par le comité de gestion à trait à sa vocation lucrative. Le CGP fonctionne en effet sur la base de recettes d'exploitation tirées de la vente de tickets d'accès à la plage. La vente de ces tickets d'accès (200FCFA/personne) permet au CGP d'assurer ses différentes missions sur la plage en recrutant un personnel d'une quarantaine (40) de personnes chargé du nettoiement et de l'entretien de la plage (balayeurs), de la sécurité sur la plage (surveillants) et en mer (maîtres nageurs), de la vente des tickets d'accès (guichetiers) et du contrôle des accès à la plage (portiers). C'est ce personnel saisonnier, rémunéré à la semaine selon des tranches salariales pré définies, qui constitue le comité d'exploitation rattaché au comité de gestion. Les balayeurs assurent l'entretien et le nettoiement de la plage en moyenne deux (2) fois par jour (avant et après le passage des estivants) alors que les maîtres nageurs sont chargés de veiller à la sécurité des nageurs en prévenant et en luttant contre les cas de noyade. Les surveillants de plage et les portiers assurent par contre la sécurité des personnes et des biens sur la plage. Le CGP et son comité d'exploitation ne s'en limitent pas seulement à ces aspects puisque comme le révèlent les résultats de l'étude ceux-ci sont aussi impliqués dans les pratiques d'aménagement. C'est ainsi, par exemple, que chaque année depuis sa mise sur pied le comité de gestion procède à la délimitation des zones de baignade. Il est d'ailleurs intéressant de souligner à ce propos les divergences et oppositions qui ne manquent pas de survenir entre par exemple le RTIN et le CGP « (...) en écoutant les interventions de Alioune Gueye Ndiaré et Libass Seck, respectivement président du comité de gestion de la plage et président du RTIN, on a compris que la délimitation de la zone de baignade pose un problème de sécurité et affecte le trafic des pirogues qui assurent la liaison entre la baie et l'île. Les piroguiers souhaitent que la limite de la zone qui leur est réservée soit corrigée.... »94(*).
IX.2. Caractérisation et analyse des jeux d'acteurs Il ressort du schéma d'acteur ci contre un certain nombre d'éléments d'analyse et de caractérisation des jeux d'acteurs observables autour des pratiques d'usage, d'aménagement, de gestion, d'exploitation, d'entretien et/ou de préservation de la plage de NGOR village et de sa baie : 1. ces dites pratiques se dessinent et s'organisent, comme nous le présagions dans nos hypothèses, autour de deux groupes d'acteurs à savoir les acteurs publics locaux (MAN et dans une moindre mesure la Ville de Dakar), et le groupe peu homogène des acteurs locaux non publics (ASPEN, CELLIA, APEP, regroupement des piroguiers, ASPREM, Hôtels). 2. trois (3) types de logiques sont principalement à l'oeuvre dans les rapports entre acteurs gravitant autour de ces pratiques :
S'agissant des ristournes il faut comprendre que les recettes d'exploitation tirées de la plage sont divisées en deux part l'une, souvent plus importante, est destinée aux dépenses de fonctionnement (payement de personnel, achat de matériel....) et l'autre est répartie entre la mairie, l'ASPEN et l'APEP sous forme de ristournes. Par rapport au groupe CELLIA ce qu'il faut dire c'est que ce sont souvent ses membres qui sont recrutés par le CGP pour assurer le nettoiement de la plage et c'est à ce titre que ces derniers sont rémunérés chaque fin de semaine de même que les maîtres nageur, les portiers, les guichetiers.... 3. les différents acteurs non publics (ASPEN, APEP, CELLIA, Regroupement des piroguiers, Hôtels -BRAZZERADE, MADRAC, NGOR DIARAMA-) n'entretiennent entre eux aucune forme de relation formelle même si leurs membres et/ou personnels ne manquent pas de se connaître et d'entretenir entre eux des relations. C'est-à-dire q'en tant que structures associatifs l'ASPEN et le regroupement des piroguiers, par exemple, n'entretiennent aucune forme de partenariat même si leurs membres respectifs se connaissent très bien et partagent des affinités le contexte sociologique du village aidant. 4. le CGP joue un rôle central qui exploité à fond pourrait, à notre sens, faciliter l'émergence d'une logique d'apprentissage collectif autour des pratiques d'usage, d'aménagement, de gestion, d'exploitation, d'entretien et/ou de préservation durable de la plage de NGOR village et de sa baie. Au-delà de ces éléments indicatifs, les résultats et données recueillies sur le terrain nous permettent d'approfondir l'analyse et de mieux saisir la nature et l'intensité des rapports qu'entretiennent ces différents acteurs. Il faut dire que même si la majorité des personnes enquêtées préfèrent qualifier ces rapports de nature consensuelle ; il reste que sur les principaux indicateurs retenus afin de saisir la nature des jeux d'acteurs, aucun n'est de nature à autoriser une telle position. Il ressort en effet, que non seulement il n'existe au niveau local aucun cadre d'échange, d'harmonisation et/ou de coordination regroupant les différents acteurs impliqués dans les pratiques d'usage, d'aménagement, de gestion, d'exploitation, d'entretien et/ou de préservation de la plage de NGOR village et de sa baie. Mais mieux encore, presque tous ceux que nous interviewées sur cette question estiment qu'il n'y a ni convergence d'objectifs ni convergence de finalités entre ces derniers. Tableau N° 9.2: Répartition des acteurs gravitant autour des pratiques d'usage, d'aménagement, de gestion, d'exploitation, d'entretien et/ou de préservation de la plage de NGOR village et de sa baie selon les réponses de leurs personnels et/ou membres à la question de savoir si elles jugent qu'il y a convergence d'objectifs et de finalités entre les différents acteurs gravitant autour des pratiques d'usage, d'aménagement, d'exploitation, d'entretien et/ou de préservation de la plage de NGOR village et de sa baie ?
Source : Données d'enquêtes Graphique 9.1 : Répartition des acteurs gravitant autour des pratiques d'usage, d'aménagement, de gestion, d'exploitation, d'entretien et/ou de préservation de la plage de NGOR village et de sa baie selon les réponses de leurs personnels et/ou membres à la question de savoir si elles jugent qu'il y a convergence d'objectifs et de finalités entre les différents acteurs gravitant autour des pratiques d'usage, d'aménagement, d'exploitation, d'entretien et/ou de préservation de la plage de NGOR village et de sa baie ? Source : Données d'enquêtes Tous ces éléments nous permettent, en définitive, de conclure à l'isolement des différents acteurs et à la nature plutôt conflictuelle des jeux d'acteurs observables autour des pratiques d'usage, d'aménagement de gestion, d'exploitation, d'entretien et/ou de préservation de la plage de NGOR village et de sa baie. Il semblerait en effet, que les différents acteurs soient inscrits dans des logiques de conflits, de compétition et de luttes d'appropriation qui à la vérité ne révèlent que leurs divergences d'intérêts, d'objectifs et de finalités.
Ces conflits et luttes d'appropriation opposent plus exactement les acteurs non publics ; la mairie d'arrondissement étant comme qui dirait « au dessus » de tout cela. Dans sa mission de gouvernance locale la MAN entretient, en effet, des rapports (formels et/ou informels) avec tous ceux qui gravitent autour des pratiques d'usage, d'aménagement de gestion, d'exploitation, d'entretien et/ou de préservation de la plage de NGOR village et de sa baie. C'est pourquoi d'ailleurs nous restons convaincu que le CGP pourrait constituer un cadre idoine pouvant lui permettre (à la MAN) d'approfondir et de renforcer sa démarche d'implication des acteurs et par la même aider à instaurer durablement une logique d'alliance et d'apprentissage collectif entre les différents acteurs gravitant autour des pratiques d'usage, d'aménagement de gestion, d'exploitation, d'entretien et/ou de préservation de la plage de NGOR village et de sa baie. Mais pour cela il faudrait que soient levés un certain nombre de contraintes et d'enjeux liés notamment à la composition, au fonctionnement, au statut et à la gestion de cet organe. IX.3. Lever les contraintes du CGP pour en faire un organe permettant des jeux d'acteurs réellement consensuels autour des pratiques d'usages, de la gestion, de l'exploitation, de l'entretien et/ou de la préservation de la plage de NGOR village et de sa baie Pour mieux saisir les difficultés et contraintes auxquelles le CGP est confronté après deux années « d'expérimentation », il convient de revenir plus en détail sur la composition, le fonctionnement et le mode de gestion de cet organe. Du point de vue de sa composition, le CGP n'est pas tout à fait représentatif de l'ensemble des acteurs en présence puisque sur les dix (10) principaux acteurs gravitant autour des pratiques d'usage, d'aménagement de gestion, d'exploitation, d'entretien et/ou de préservation de la plage de NGOR village et de sa baie ; il n'en réunit que trois. Une telle situation explique le fait, par exemple, que certains acteurs remettent en cause la légitimité de l'organe et vont même jusqu'à montrer ouvertement leur opposition au projet « La gestion de la plage (pour ne pas dire privatisation) n'a pas fait que des heureux. Si les exploitants, les pêcheurs et la commune se frottent les mains, les piroguiers voient quant à eux, dans ce projet une porte ouverte à la concurrence..... »96(*) Sur le fonctionnement, nous notions que le CGP fonctionne grâce aux recettes d'exploitation tirées de la vente de tickets d'accès (200FCFA par personnes). Ces recettes assez substantielles « plus d'un million de francs de recettes par week end »97(*) lui permettent d'assurer son budget de fonctionnement (rémunération du personnel, achat de matériels, frais divers...) et en même temps d'intéresser, sous forme de ristournes sur les recettes d'exploitation, les organisations/institutions/structures qui la composent (ASPEN, APEP, MAN). Il semblerait cependant que ce mode de fonctionnement pose un certain nombre de questions auxquelles il convient d'apporter des réponses (solutions) définitives, légales, consensuelles et durables car il y va de la pérennité même du comité de gestion. Il s'agit :
1. de la question de la légalité: le fait que le CGP fasse payer l'accès à la plage pose indéniablement une question de légalité juridique. On peut en effet se demander au non de quoi le CGP et au delà de lui la MAN (puisque c'est elle qui a légitimé en les autorisant les activités du CGP), font payer l'accès à une plage qui appartient au domaine public maritime et qui ne fait pour l'heure l'objet d'aucun plan d'aménagement spécial approuvé par l'Etat.
C'est dire qu'une réponse définitive, motivée et légalement inattaquable doit être apportée sur la légalité de ce que certain on vite fait d'appeler « la privatisation » de la plage. Pour l'heure les autorités de la mairie et du CGP font valoir l'argument selon lequel ce projet n'est pas une tentative de privatisation mais qu'il s'inscrit plutôt dans le cadre d'un programme global visant à reprendre en main la plage et sa baie et qu'en ce sens, les 200FCFA ne sont prélevés qu'à titre de contribution pour l'entretien de la plage « d'autant plus qu'il y a deux principes que nous pourrions faire valoir : le principe du pollueur/payeur et celui qui veut que tout loisir soit payant »98(*). 2. de la question administrative : il s'agit ici de savoir comment qualifier les recettes tirées de l'exploitation de la plage et plus spécialement les ristournes que la MAN reçoit du CGP car en tant que collectivité locale la MAN est tenue par des règles de comptabilité publique. C'est dire que les recettes qu'elle reçoit ou perçoit doivent faire l'objet d'une ligne budgétaire clairement spécifiée dans la nomenclature budgétaire du code des collectivités locales tout comme les opérations de dépenses effectuées doivent satisfaire aux principes de finances publiques. De surcroît ces recettes doivent transiter par les caisses des services de la perception selon le principe de l'unicité des caisses. Il se trouve cependant qu'aucune de ces exigences n'est respectée par le comité de gestion. Les recettes ne transitent pas par la perception mais elles sont plutôt gérées par le trésorier qui n'est habilité par aucun démembrement des services de la perception; les opérations de dépenses sont exécutées sans aucun respect des procédures prévues en ce sens et pis il n'est inscrit nulle part dans le budget de la CA des lignes budgétaires (que ce soit à la colonne recettes ou à la colonne dépenses) relatives à l'exploitation de la plage. On peut donc dire sur la question administrative que le CGP est semble t'il depuis le début de son intervention dans une situation de totale illégalité puisque la façon dont les recettes d'exploitation sont gérées peut à tout moment être épinglée par les instances de contrôle des finances publiques (cours des comptes, inspection générale d'Etat....). A ce titre il urge de trouver une formule idoine qui puisse permettre au CGP tout en gardant son mode actuel de gestion « administrative » et financière, de se mettre en phase avec la loi. Il faut dire que le véritable dilemme face auquel se trouvent les responsables du CGP et par delà eux la MAN, c'est que ce mode actuel de gestion « administrative » et financière est le seul qui semble pouvoir garantir par sa flexibilité la viabilité du projet « vous vous imaginez si nous devions pour chaque dépense suivre la procédure administrative qui peut prendre des mois (...) et dieu sait que sur la plage il nous arrive de devoir faire des dépenses urgentes et peu prévisibles comme par exemple payer le taxi pour l'évacuation de quelqu'un qui a eu un accident sur la plage, payer une petite ordonnance... Par ailleurs les jeunes qui travaillent avec nous ne sont vraiment motivés que parce qu'ils ont la certitude qu'ils seront rémunérés en fin semaine, si nous respections les règles de finances publics il serait très difficile je pense de leur faire comprendre que l'argent est dans des caisses publiques et qu'il faut suivre des procédures de décaissement qui sont toujours très longues». 3. de la question de la motivation des acteurs : il s'agit de s'interroger sur les motivations réelles des acteurs qui sont engagés, aux côtés de la MAN car on se rend compte en remontant son histoire du comité de gestion, qu'à sa création cet organe n'avait pas pût mobiliser l'adhésion de tous les membres des associations qui la composent aujourd'hui (ASPEN et APEP). S'agissant, par exemple, de l'ASPEN seuls quatre membres sur les vingt que compte le bureau de l'association avaient répondus présent à l'appel de la commission Environnement, Pêche et Tourisme au moment de la mise sur pied du comité. Les autres prétextant « avoir mieux à faire avec la saison des poulpes ». Mais ce dont on s'est rendu compte c'est que dés que les premiers résultats financiers du projet ont pût se faire ressentir (40 emplois saisonniers créés, des recettes d'exploitation envoisinant le million par week end) tout le monde est revenu à la « rescousse ». Pour Mr GUEYE, cela est suffisamment révélateur des motivations profondes qui animent les membres de ces associations. Il faut dire que nous avons pût nous rendre compte par nous même, que l'aspect financier plus que tout autre aspect du projet suscite l'intérêt et l'adhésion des membres de ces associations. C'est-à-dire qu'au-delà des ristournes sur les recettes d'exploitation que le CGP fait à leurs associations respectives, ce qui intéresse et suscite beaucoup plus la mobilisation et l'adhésion des membres de l'ASPEN et de l'APEP ce sont les rémunérations assez conséquentes d'ailleurs (20.000FCFA/ semaine) qu'ils peuvent percevoir en travaillant pour le comité d'exploitation. Au delà du fait qu'une telle situation pousse à se poser de sérieuses interrogations sur les possibilités de pérennisation et d'appropriation future et désintéressée du projet par ces mêmes personnes; il y a lieu de souligner les effets pervers (en termes de conflits de personnes) qui peuvent en découler. Pour exemple il existe actuellement au sein de l'ASPEN un conflit latent entre les quatre personnes qui depuis 2005 représentent l'association au sein du CGP et le reste du bureau. Ces derniers reprochent à ceux-ci de n'être au CGP que pour leurs propres intérêts (ils sont rémunérés hebdomadairement) et de tout faire pour empêcher les autres membres de l'ASPEN de se faire recruter par le CGP. Ce à quoi les personnes incriminées répondent qu'elles ont été les premières à croire aux possibilités de réussite du projet et que par conséquent elles ne voient pas pourquoi elles ne devraient pas être les premières à bénéficier des résultats positifs obtenus « ils n'ont pas à se plaindre puisque cela aurait était plus frustrant pour eux si nous nous n'avions pas accepté de tenter l'expérience avec la mairie au nom de l'ASPEN. Au moins grâce à cela ils perçoivent aujourd'hui un pourcentage sur les recettes d'exploitation du CGP ». C'est dire que la question des motivations des acteurs peut se révéler être d'une incidence certaine sur la pérennité et la viabilité du projet de gestion de la plage. Si rien n'est fait, en effet, pour remobiliser l'intérêt des différents acteurs autour d'autre chose que l'aspect financier du projet ; il est fort à craindre que les conflits de personnes finissent par saper l'esprit et la dynamique qui, à notre sens, doivent soutendre le fonctionnement du CGP à savoir une logique de mobilisation citoyenne, participative et collective (pilotée par les autorités locales mais entretenues par les acteurs à la base et la société civile) autour des enjeux de gestion durable de la plage. 4. de la question du management: ce qui se pose c'est la question de la gestion financière du projet car on s'est rendu compte que la plupart des personnes avec qui nous nous sommes entretenus à propos du CGP ont déploré certaines formes de malversassions. Il faut comprendre qu'en matière de gestion financière et comptable, il semblerait que le système actuel connaît certaines failles ce qui donne cours à des formes de pratiques peu réglementaires. Si certains des responsables du CGP semblent vouloir minimiser la question en prétextant que ce sont là des choses que l'on retrouve partout « ce sont les hommes et pas le système en tant que tel, partout où l'on va il y a des gens honnêtes et consciencieux et d'autres qui ne le sont pas (....) c'est la nature humaine qui est ainsi faite » ; il reste néanmoins que le simple fait que les acteurs soupçonnent des pratiques de malversation peut avoir un effet démobilisateur qu'il faut à tout prix éviter. En dehors de ces difficultés et contraintes liées à la composition, au mode de fonctionnement et de gestion du CGP ; nos études sur le terrain nous ont permis d'identifier d'autres types de difficultés liées notamment à la façon dont le CGP rempli sa mission d'entretien et de nettoyage de la plage et à la perception que les membres des associations partenaires ont du projet. S'agissant de la façon dont le CGP rempli sa mission d'entretien et de nettoyage de la plage, beaucoup de nos enquêtés ont déploré ce qu'ils appellent un détournement d'objectif. Il faut comprendre que beaucoup parmi les personnes que nous avons rencontré se sont plaints du fait que non seulement le comité de gestion n'assure le nettoyage et l'entretien de la plage que pendant les trois mois que durent les vacances d'été mais en plus ce nettoyage ne concerne qu'une partie de la plage et de sa baie (la partie donnant sur le village étant laissée pour compte). Cette situation s'apparente de leurs avis à un détournement d'objectif de la part du CGP d'autant plus que « l'objectif principal en mettant sur pied cet organe était d'assurer le nettoyage et l'entretien de toute la plage sans exclusive douze mois sur douze ». Sur la question de la perception que les membres des associations partenaires ont du projet, il faut surtout retenir qu'ils sont nombreux à la mairie d'arrondissement à se plaindre du fait que ces personnes n'ont pas vraiment une vision à long terme du projet. Ce dont se plaignent des personnes comme M.GUEYE de la commission Environnement, Pêche et Tourisme c'est surtout le fait que les membres de l'ASPEN et de l'APEP n'envisagent le projet que sous son aspect financier ce qui fait qu'ils n'ont qu'« une vision restreinte du projet et de ses impacts ».
* 86 Ceux-ci étaient estimés à 32 en 2006 * 87 M. GUEYE CGP * 88 Propos de M. Rémie Juteau patron de l'hôtel la BRAZZERADE * 89 Propos de M. Adama KANE président de l'association * 90 O.SAMB, « Le coup de gueule des piroguiers » dans SOWU JANT N°10, mensuel d'informations générales, d'analyse et de réflexion de la jeunesse de NGOR, Juin Juillet 2005, p.5, 8 p. * 91 Propos de Moussa SAMB secrétaire général du groupe CELLIA * 92 Article 6, loi 96-09 * 93 Article 8, ibid. * 94 O. SAMB, op. cit, p.5 * 95 Code des collectivités locales (loi 96-06) article 3. * 96 Ousseynou SAMB, « le coup de gueule des piroguiers » dans SOWU JANT, Mensuel d'informations générales, d'analyse et de réflexions de la jeunesse de NGOR, N°10, Juin-Juillet 2005, p.5, 8 * 97 O.SAMB, « plus d'un million de francs de recettes par week end » dans SOWU JANT, ibid., p.5 * 98 M.GUEYE |
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