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La gestion des ressources en eau dans le bassin conventionnel du Lac Tchad: état des lieux et perspectives

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par Mbodou Mbami ABDOULAYE
Université de Limoges - Master 2 en droit international de l'environnement 2006
  

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B- SUR LE PLAN INSTITUTIONNEL

A la reforme de 1989, la CBLT a dû supprimer certaines divisions pour ne laisser que la division de ressources en eau et transférer la compétence aux Etats membres concernant les autres divisions. Même si cette reforme peut s'expliquer sur le plan financier, dans la pratique il est important que ces divisions techniques soient gérées directement par la CBLT, car la sauvegarde des écosystèmes du bassin ne se résume pas seulement à la gestion des eaux. Le rétablissement de la division des forêts, de la pêche et de l'élevage aura le mérite d'avoir des données et des informations disponibles au niveau de la CBLT et lui permettre de suivre directement l'évolution sans passer par les Etats.

A l'instar des commissions du Rhin et du Léman ou de l'OMVS, il est nécessaire que la CBLT soit dotée d'organe consultatif ou d'organe intermédiaire qui aura pour mission de donner des avis sur certains projets de grandes envergures pouvant avoir d'impacts sur l'environnement.

Conclusion

Au début de ce troisième millénaire, la protection de l'environnement en général et celle des écosystèmes fluviaux et lacustres en particulier demeurent toujours des préoccupations réelles tant sur le plan national qu'international.

Malgré la prise de conscience généralisée des problèmes de l'environnement vers les années 1970 et la prolifération des instruments juridiques de portée universelle et régionale qui l'ont suivis, l'état de la biosphère devient de plus en plus catastrophique : diminution considérable de la biodiversité, l'avancement effréné du désert, détérioration de la couche d'ozone et rareté de l'eau.

Ce tableau macabre de l'état de la nature au niveau mondial reflète à quelques différences près certaines réalités qui se posent au niveau du bassin conventionnel du lac tchad.

En effet, quarante trois années après sa création, la CBLT qui était censée assurer la mise en valeur du bassin conventionnel n'a pu atteindre ses objectifs à cause des politiques de développement inappropriées, d'insuffisances de moyens financiers, matériels et humains, et surtout de l'inadaptabilité de la convention de 1964 aux réalités écologiques actuelles.

Bien que certaines réformes aient été initiées en 1989 et 1990 pour prendre en compte certaines préoccupations du moment, la situation de l'environnement dans le bassin du lac Tchad est alarmante.

Le lac Tchad qui est non seulement le patrimoine commun des six Etats membres, mais également de toute l'humanité est menacé de disparition et sa disparition emportera celle de tout son écosystème qui subit actuellement une grave perturbation.

Face à cette triste réalité, le lac Tchad mérite une attention particulière. Les Etats membres, les bailleurs de fonds et les organisations de protection des bassins versants doivent accourir à son chevet pour le sauver.

D'ailleurs, conscients de cet enjeu, la CBLT et les Etats membres, avec l'appui financier et technique des bailleurs de fonds ont élaboré des nouvelles stratégies pour une gestion concertée et intégrée des eaux du lac. L'essentiel de cette politique est contenu dans le plan d'action stratégique de 1994, le plan directeur de 1988 et la vision 2025 pour une gestion intégrée du bassin fluvial.

Cependant, dans l'immédiat le seul moyen pour sauver le lac Tchad est le transfert des eaux de l'Oubangui Chari vers le lac. Il s'agit d'un projet si ambitieux et porteur d'espoir, mais très coûteux. C'est pourquoi une mobilisation de masse de tous les bailleurs de fonds de la CBLT s'impose pour le financement de ce mega projet.

La sage gestion des ressources en eau du bassin conventionnel nécessite ainsi une redéfinition globale de la politique de l'eau, une sincère coopération entre les Etats membres et une participation plus active des habitants de la région. Cette participation nécessite au préalable une campagne d'information, d'éducation et de communication (IEC) à l'intention de toute la population et de tous les acteurs impliqués dans la gestion du bassin conventionnel du lac Tchad.

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