B- SUR LE PLAN INSTITUTIONNEL
A la reforme de 1989, la CBLT a dû supprimer
certaines divisions pour ne laisser que la division de ressources en eau et
transférer la compétence aux Etats membres concernant les autres
divisions. Même si cette reforme peut s'expliquer sur le plan financier,
dans la pratique il est important que ces divisions techniques soient
gérées directement par la CBLT, car la sauvegarde des
écosystèmes du bassin ne se résume pas seulement à
la gestion des eaux. Le rétablissement de la division des forêts,
de la pêche et de l'élevage aura le mérite d'avoir des
données et des informations disponibles au niveau de la CBLT et lui
permettre de suivre directement l'évolution sans passer par les
Etats.
A l'instar des commissions du Rhin et du Léman
ou de l'OMVS, il est nécessaire que la CBLT soit dotée d'organe
consultatif ou d'organe intermédiaire qui aura pour mission de donner
des avis sur certains projets de grandes envergures pouvant avoir d'impacts sur
l'environnement.
Conclusion
Au début de ce troisième
millénaire, la protection de l'environnement en général et
celle des écosystèmes fluviaux et lacustres en particulier
demeurent toujours des préoccupations réelles tant sur le plan
national qu'international.
Malgré la prise de conscience
généralisée des problèmes de l'environnement vers
les années 1970 et la prolifération des instruments juridiques de
portée universelle et régionale qui l'ont suivis, l'état
de la biosphère devient de plus en plus catastrophique : diminution
considérable de la biodiversité, l'avancement
effréné du désert, détérioration de la
couche d'ozone et rareté de l'eau.
Ce tableau macabre de l'état de la nature au
niveau mondial reflète à quelques différences près
certaines réalités qui se posent au niveau du bassin
conventionnel du lac tchad.
En effet, quarante trois années après sa
création, la CBLT qui était censée assurer la mise en
valeur du bassin conventionnel n'a pu atteindre ses objectifs à cause
des politiques de développement inappropriées, d'insuffisances de
moyens financiers, matériels et humains, et surtout de
l'inadaptabilité de la convention de 1964 aux réalités
écologiques actuelles.
Bien que certaines réformes aient
été initiées en 1989 et 1990 pour prendre en compte
certaines préoccupations du moment, la situation de l'environnement dans
le bassin du lac Tchad est alarmante.
Le lac Tchad qui est non seulement le patrimoine commun
des six Etats membres, mais également de toute l'humanité est
menacé de disparition et sa disparition emportera celle de tout son
écosystème qui subit actuellement une grave perturbation.
Face à cette triste réalité, le lac
Tchad mérite une attention particulière. Les Etats membres, les
bailleurs de fonds et les organisations de protection des bassins versants
doivent accourir à son chevet pour le sauver.
D'ailleurs, conscients de cet enjeu, la CBLT et les Etats
membres, avec l'appui financier et technique des bailleurs de fonds ont
élaboré des nouvelles stratégies pour une gestion
concertée et intégrée des eaux du lac. L'essentiel de
cette politique est contenu dans le plan d'action stratégique de 1994,
le plan directeur de 1988 et la vision 2025 pour une gestion
intégrée du bassin fluvial.
Cependant, dans l'immédiat le seul moyen pour
sauver le lac Tchad est le transfert des eaux de l'Oubangui Chari vers le lac.
Il s'agit d'un projet si ambitieux et porteur d'espoir, mais très
coûteux. C'est pourquoi une mobilisation de masse de tous les bailleurs
de fonds de la CBLT s'impose pour le financement de ce mega projet.
La sage gestion des ressources en eau du bassin
conventionnel nécessite ainsi une redéfinition globale de la
politique de l'eau, une sincère coopération entre les Etats
membres et une participation plus active des habitants de la région.
Cette participation nécessite au préalable une campagne
d'information, d'éducation et de communication (IEC) à
l'intention de toute la population et de tous les acteurs impliqués dans
la gestion du bassin conventionnel du lac Tchad.
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