CONCLUSION GÉNÉRALE
Au terme de ces trois mois de stage passés à la
Direction Nationale de la BEAC, nous en sortons grandement édifié
en ce qui concerne l'environnement de notre politique monétaire et
particulièrement pour ce qui est du maintien de la stabilité
monétaire par la maîtrise de l'inflation. La gestion
monétaire est un univers fascinant et un terrain particulièrement
fertile pour la statistique. Du fait des spécificités et des
techniques complexes qu'elle met en jeu, la gestion monétaire ne
laisserait indifférent aucun statisticien.
À la suite de la prise de conscience des échecs
de leur politique monétaire, les pays de la zone CEMAC ont adopté
des nouvelles stratégies de politique monétaire. Ces nouvelles
orientations de la politique monétaire, se sont
caractérisées par l'institution de la Programmation
Monétaire, le renforcement du dispositif de surveillance bancaire et la
promotion d'un système financier intégré. Ces nouvelles
orientations de la politique monétaire font que le bien-être des
populations en devient largement tributaire. L'influence de la nouvelle
politique monétaire sur le bien-être peut être
appréhendée par un effet direct à travers sa
capacité à maîtriser les prix. L'inflation étant
reconnue par plusieurs auteurs comme un facteur perturbateur de la vie
économique, une maîtrise de l'inflation aurait ainsi un effet
positif sur le bien-être social. Nous nous sommes donc interrogé
lors de notre stage sur les causes majeures de fluctuation des prix au
Cameroun.
L'objectif principal de notre travail était de
déterminer quelles ont été les principales sources
d'inflation au Cameroun sur la période 1995-2006.
Afin d'atteindre nos objectifs, nous avons dans un premier
temps fait un certain nombre de rappels théoriques en ce qui concerne la
définition de l'inflation, ses principales sources théoriques et
quelques études similaires que nous avons rencontrés dans la
littérature.
Nous avons ensuite introduit une présentation de la
modélisation vectorielle autorégressive structurelle (SVAR) dont
nous avons eu recours pour déterminer les principales sources
d'inflation au Cameroun sur la période 1995 :1 à 2006 : 4.
Les principaux enseignements tirés de cette
modélisation se résument en ces
termes :
· A très court terme, le choc pétrolier
à l'effet le plus important sur
l'inflation puisqu'une variation d'un point de pourcentage des
prix pétroliers induit un
trimestre plus tard, une réaction positive de
près de 25% de l'inflation. De plus les prix pétroliers
contribuent pour environ 10% dans la dynamique de long terme de l'inflation au
Cameroun. le pétrole est donc une source principale d'inflation au
Cameroun.
· A très court terme, l'effet du choc sur le
niveau d'activité est déflationniste mais devient très
fortement inflationniste au deuxième trimestre. Le niveau
d'activité contribue fortement à la formation de l'inflation
puisqu'il explique globalement près de 25% de la dynamique de long terme
de l'inflation au Cameroun. Il est donc clair que la surchauffe dans
l'économie camerounaise porte les prix à un niveau plus
élevé.
· Les effets de la croissance de la masse
monétaire sont de très faible ampleur sur l'inflation et la
monnaie ne contribue que pour moins de 8% dans la dynamique de long terme de
l'inflation. Les effets de la monnaie jouent d'ailleurs en sens contraire avec
le niveau d'activité, preuve que la Banque Centrale joue de façon
efficace son rôle de régulateur de la quantité de monnaie
par rapport aux besoins de l'économie camerounaise. L'inflation
monétaire est pratiquement absente au Cameroun.
· L'inflation a une très forte composante
autorégressive puisque, l'essentiel de la dynamique de long terme de
l'inflation est le fait de ses propres innovations. De façon
instantanée, 82% de la détermination de l'inflation est le fait
d'innovations autonomes. Cette tendance se maintient mais en décroissant
progressivement pour se situer à près de 38% à long terme.
C'est-à-dire qu'au Cameroun, dans la détermination des prix, l'on
se base fortement sur la valeur précédente des prix des
marchandises et très peu sur les forces du marché.
· Le niveau d'activité international explique
tout de même 11% de la dynamique de long terme de l'inflation. Ceci est
tout à fait plausible puisque la majorité des pays sous
développés dont le Cameroun dépendent fortement de leurs
partenaires commerciaux qui pour la plupart sont du G7. L'inflation
importée n'est donc pas à négliger.
· Le niveau des dépenses gouvernementales
n'influence que très peu la dynamique de l'inflation au Cameroun et n'a
donc pas constitué une principale source d'inflation sur la
période sous revue.
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