CONCLUSION
Cette étude se proposait de relater les causes
socio-économiques expliquant l'expansion des bidonvilles dans l'aire
métropolitaine de Port-au-Prince avec une étude de cas sur le
quartier "La Saline". En toute modestie, elle n'a pas la prétention
d'être exhaustive. Toutefois, l'approche analytique et descriptive qui a
été utilisée nous permet de parvenir aux conclusions
suivantes eu égard aux hypothèses qui ont été
formulées.
Nous venons de présenter certaines causes ayant
entraîné la prolifération des bidonvilles dans l'aire
métropolitaine de Port-au-Prince dont l'exode rural, et analyser les
conséquences de l'existence des quartiers insalubres sur la vie
économique et sociale de la population de Port-au-Prince en
général et sur celle de la Saline en particulier. Et, nous avons
vu que les bidonvilles qui se sont localisés dans l'aire
métropolitaine de Port-au-Prince se sont constitués à
partir de la détérioration du niveau de vie de la population
tant en milieu urbain qu'en milieu rural. C'est que les différents flux
de migrants, exercent une pression considérable sur l'aire
métropolitaine de Port-au-Prince en termes de demande de logement et du
foncier. Cette situation a développé un nouveau mode d'occupation
foncière débouchant sur un morcellement effréné du
sol urbain et conduit à la prolifération des bidonvilles.
Toujours est-il que le phénomène de
bidonvilisation de l'aire métropolitaine de Port-au-prince mérite
une attention particulière. A cet effet, il est d'extrême urgence
de restructurer l'économie paysanne en dynamisant le secteur agricole et
de pratiquer une politique de décentralisation en vue d'améliorer
la fourniture de services sociaux de base dans les milieux ruraux. Il ne s'agit
pas tout simplement de faire des propositions ponctuelles qui ne peuvent pas
attaquer véritablement le problème. Il est temps qu'on opte pour
une approche proactive dans la gestion urbaine. Poser des actions visant
à éradiquer le phénomène de bidonvilisation c'est
aller en amont, c'est- à- dire, essayer de résoudre les
problèmes qui ont motivé les gens à migrer vers
Port-au-prince. Car, bon nombre d'analystes du développement urbain et
régional se sont mis d'accord pour soutenir que le
phénomène de bidonvilisation est une urbanisation
dénaturée et due surtout à l'exode rural.
Il va falloir résoudre tout d'abord le problème
du marasme économique dans lequel patauge toute la population rurale
haïtienne. Une fois qu'on serait parvenu à atténuer le
déséquilibre régional en matière de
développement socio-économique, les gens ne seront plus
intéressés à migrer vers Port-au-Prince puisque leur
véritable cause d'abandon du milieu rural est de trouver un mieux
être économique. D'autant plus que nous l'avons
démontré, tant que les chances de trouver un emploi en milieu
urbain sont supérieures à celles de trouver ce même emploi
dans les milieux ruraux, le phénomène migratoire
s'accélèrera et il y aura toujours du chômage dans les
milieux urbains.
A rappeler qu'on avait déjà essayé de
résoudre certains problèmes de logement dans l'aire
métropolitaine de Port-au-Prince, mais on n'a pas abouti aux
résultats escomptés. Le problème n'est pas une simple
crise de logement, c'est l'une des conséquences du marasme
économique qui sévit dans le pays au cours de l'histoire qu'il
faudra combattre afin de résoudre véritablement le
problème de l'expansion des bidonvilles dans l'aire
métropolitaine de Port-au-Prince.
On devrait être plus réaliste face aux
conséquences d'un tel phénomène de bidonvilisation
résulté d'une forte agglomération et de concentration des
principales activités économiques dans l'aire
métropolitaine de Port-au-Prince. Comme conséquence, on a eu une
capitale insalubre composée d'un ensemble de quartiers infects. En vue
d'arriver à une solution du problème, nous suggérons que
soient prises les mesures suivantes:
v Qu'on entreprenne tout d'abord des travaux d'assainissement
du milieu ambiant en envisageant des activités de réhabilitation
et de canalisation pour l'évacuation des eaux pluviales et usées.
Dans un second temps, on devra trouver d'autres espaces pouvant être
utilisés dans le cadre des projets de logements sociaux pour la
population montante.
v Élaborer des politiques de logement en utilisant les
terrains appartenus à l'Etat pour construire des unités de
logement afin de loger les gens les plus démunis avec un plan de suivi,
v Inciter le secteur privé formel à investir
davantage dans les villes de province, élaborer des politiques de
micro-crédit en faveur des paysans, ce qui permettra l'
amélioration de leur situation économique. Dès lors, on
pourra Combattre la migration et l'exode rural par la dynamisation du secteur
agricole, la déconcentration des services publiques dans les villes de
province et la décentralisation du pouvoir central,
v Élaborer des politiques de promotion immobilière
accessibles même aux petites bourses,
v Qu'on revisite la législation foncière
haïtienne afin permettre l'évolution du secteur logement,
v Élaborer des stratégies et politiques
économiques visant à résorber le chômage en appuyant
directement le secteur privé informel par le biais des programmes de
formation, d'appui technique et du financement de manière à
promouvoir les petites et moyennes entreprises, ce qui faciliterait les gens
à faire face aux exigences des marchés du foncier et de logement
et améliorer leur mieux être,
v Élaborer des projets de construction de latrines
publiques dans les bidonvilles de l'aire métropolitaine de
Port-au-Prince, en particulier dans le quartier La Saline,
v Envisager un projet d'adduction d'eau potable au profit des
zones défavorisées.
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