Etude des causes et conséquences socio-économiques de l'expansion des bidonvilles dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince( Télécharger le fichier original )par Eliccel PAUL CTPEA - DES 2002 |
SYNTHESE: VÉRIFICATION DES HYPOTHESESPour les besoins de compréhension du travail, nous procédons à la vérification des hypothèses: v la première partie de l'hypothèse fondamentale a été vérifiée aux chapitres II et IV où nous avons vu que 71.2% des chefs de ménage sont des migrants. Nous avons vu que l'exode rural est le principal facteur de la formation des bidonvilles dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince. Cette situation est due non seulement au faible niveau de revenu des paysans exprimé par la baisse du taux de croissance de la valeur ajoutée du secteur primaire et l'absence des principaux services sociaux de base dans les milieux ruraux, mais aussi à la disparité existant entre le salaire agricole et le salaire minimum offert dans les industries à Port-au-prince. Cela a créé un effet d'attraction et conduit la masse paysanne à migrer vers Port-au-Prince et doté celui-ci de presque tous les avantages socio-économiques qui font de lui la principale destination des paysans rongés par la misère . (voir le tableau # 4.1) v La première hypothèse spécifique a été vérifiée au chapitre II où nous avons vu que malgré l'augmentation du salaire agricole qui a même doublé en passant de 10 gourdes à 20 gourdes par jour en l'an 2000, le salaire industriel qui est égal à 36 gourdes par jour est nettement supérieur au salaire agricole. De plus, le tableau # 4.2 indique que c'est la recherche du travail qui pousse les 68.43% des gens à migrer vers Port-au-Prince. Nous avons vu aussi que l'aire métropolitaine de Port-au-Prince concentre à elle seule 70 % des industries manufacturières, 2/3 des banques, 80% de la capacité électrique, 35 % des écoles primaires et secondaires, 75 % des écoles supérieures et facultés, plus de 50% des centres hospitaliers9(*) et 67.34% des lignes téléphoniques disponibles pour tout le pays. Donc, le différentiel de salaire entre les deux secteurs et la concentration des services sociaux de base à Port-au-Prince constituent la principale motivation qui conduit les gens à abandonner le milieu rural au profit de la capitale. v La deuxième hypothèse a été vérifiée aussi au niveau des chapitres II et IV où il a été révélé dans le Tableau # 7 que 81% des ménages habitent dans le quartier "La Saline" en raison de l'accessibilité aux activités économiques du centre ville. Il a été aussi démontré que la plupart des ménages pauvres de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince qui possèdent leur propre habitat précaire occupent illicitement leur parcelle de terrain et le plus souvent de très faible qualité situés aux flancs de colline et dans les littoraux. Plus précisément, nous avons vu que parmi les ménages du quartier "La Saline" possédant leur propre habitat, 72.5% ont procédé par l'envahissement de terrains comme mode d'occupation foncière (cf. Tableau # 4.4.2). Le plus souvent, ces gens cherchent à habiter plus près que possible du centre ville afin de mener leurs activités économiques dans le secteur informel. Bien évidemment, c'est la question des prix de logement et du foncier qui contraint ces gens à habiter dans des espaces infra urbains de Port-au-Prince. En outre, le point 4.6.1 du chapitre IV nous permet de voir que 85% des ménages sont composés des gens ayant des liens de parenté entre eux, 96.5% des membres du ménage proviennent d'une même province, ce qui vérifie la dernière partie de la deuxième hypothèse (voir Annexe, tableau # 8). En effet, tenant compte de l'approche théorique retenue, nous avons vu que les gens aisés habitent dans des beaux quartiers situés dans les hauteurs comme La Boule et Montagne Noire. Pour des raisons économiques, de proximité et de la disponibilité du sol, certains bidonvilles se localisent à côté de ces quartiers car ce sont eux qui travaillent comme gardiens et servantes chez les gens aisés. Par contre, dès qu'il y a des activités industrielles ou commerciales dans une zone, les gens s'y agglomèrent. Et, étant donné que les revenus qu'ils y gagnent sont le plus souvent très faibles, cela crée de bidonvilles ou des zones de densification. Voilà pourquoi La Saline, un des plus grands bidonvilles de l'aire métropolitaine, se localise à côté du marché de la croix des bossales et à proximité de la zone industrielle qui commence depuis la HASCO jusqu'à l'Aéroport. De plus, il a été démontré que les habitants de La Saline sont des gens de très faible revenu, leurs habitats sont précaires et sont pour la plupart des migrants. La Saline présente effectivement les caractéristiques du type de bidonville qui correspond à notre approche théorique retenue, car elle se localise presqu'au centre des plus grandes zones commerciales et industrielles de l'aire m'aire métropolitaine de Port-au-Prince. * 9 Ernst Bernardin, La planification régionale en Haïti 1995 |
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