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Problématique de l'étude
La population urbaine de l'aire métropolitaine de
Port-au-Prince est estimée à un million neuf cent dix neuf mille
six cent soixante dix huit (1919678) habitants, alors que pour l'ensemble du
pays elle est estimée à deux millions huit cent trente cinq
milles quatre cent trente trois (2835433). En d'autres termes la population de
l'aire métropolitaine représente 67.70% de la population urbaine
totale du pays et elle croit à un rythme annuel de l'ordre de 4.16%
(IHSI, almanach 2002). Cet accroissement de la population
disproportionné par rapport au taux de croissance de l'économie,
à la fourniture des services sociaux de base et aux infrastructures
conduit à l'expansion des bidonvilles de l'aire métropolitaine de
Port-au-prince et la création de certains autres.
L'absence des services sociaux dans les milieux ruraux
engendre l'exode rural qui est à la base de la "bidonvilisation" de nos
principales villes en particulier la ville de Port-au-Prince. Ces services
sociaux de base, considérés d'ailleurs par le paysan comme
symbole de la vie urbaine, n'étant pas rendus disponibles dans les
milieux ruraux, on voit les paysans laisser la campagne pour aller vivre en
ville. Le pire, c'est que la migration de ces gens ne leur procure pas une
promotion sociale. Confrontés au chômage et aux exigences de la
vie urbaine, ils seront forcés d'aller grossir les bidonvilles. Loin de
résoudre leurs problèmes, l'exode rural ne fera que changer le
milieu de leur misère et exacerber le dilemme de la "bidonvilisation".
Ainsi, régulièrement chaque année, un flux de migrants des
zones rurales estimé à environ 13.000 sont arrivés dans
l'aire métropolitaine de Port-au-Prince en provenance de toutes les
régions du pays, ce qui fait que dans certains bidonvilles, la
densité de la population est estimée à environ 40 000
habitants au km². Il en résulte une pression insupportable sur les
infrastructures sociales de la ville, des problèmes de transport
difficiles à gérer, et des phénomènes
d'insécurité et de pollution grandissants. L'exode rural
contribue également de manière importante à l'urbanisation
effrénée de la région métropolitaine de
Port-au-Prince et à l'augmentation du taux de chômage qui gravite
autour de 65% (rapport de la Banque Mondiale de 1998).
L'explosion démographique des gens à faible
revenu dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince a engendré
des zones de peuplement à haute densité et exercé
d'importantes pressions sur les rares services de base et l'infrastructure
limitée. Ainsi, une étude du comité de coordination
Inter-agences santé, réalisée en 1995, a
révélé que moins de 40% des habitants de Port-au-Prince
ont accès à l'eau potable et celle-ci est contaminée par
des micro-organismes infectieux. Les systèmes d'assainissement des eaux
usées sont extrêmement limités en Haïti et les canaux
de drainage charrient des excréments humains et d'autres déchets
à l'air libre. Une large proportion de la population n'a pas
accès aux latrines, généralement trop utilisées et
mal entretenues.
L'occupation spontanée et illicite des terrains et la
faiblesse des institutions publiques ainsi que l'absence de cadastre font qu'il
est très difficile de protéger les propriétaires
légitimes et les terrains publics. Ces migrants, à cause de leur
faible niveau de revenu, procèdent soit par l'invasion des terrains
écologiquement déficients dans les zones
périphériques, ou dans les littoraux, ou bien ils
procèdent par affermage des terrains pour se constituer des espaces
insalubres où les logements sont de bas standard, sans hygiène et
surpeuplés. La plupart des familles habitant dans ces bidonvilles,
vivent dans une pièce.
Ces modes d'occupation des terrains encouragent
également les modes déréglés de construction.
Aujourd'hui, assistons-nous à l'expansion anarchique de l'aire
métropolitaine de Port-au-Prince qui est devenue un ensemble de
bidonvilles très insalubres. Presque tous les beaux quartiers sont
couronnés de bidonvilles, c'est la dégradation du genre de vie
des habitants de Port-au-Prince.
La non application d'un plan d'urbanisme et
l'insécurité foncière ont facilité la construction
anarchique des habitats précaires, sans respecter les normes d'urbanisme
et de salubrité. Cette grande proportion de gens
défavorisés n'ont pas bénéficié d'un
système de promotion immobilière qui leur permettrait de vivre
décemment dans un logement normal. Cet état de faits anime le
processus de bidonvilisation de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince
qui se révèle très préoccupant. On a vu que non
seulement les bidonvilles les plus anciens sont surdensifiés, mais aussi
presque tous les espaces verts de Port-au-Prince sont en train d'être
bidonvilisés par des migrants de faible revenu. Port-au-Prince
déborde actuellement vers les zones périphériques plus
précisément dans les hauteurs, dans les littoraux et dans les
flancs de colline, ce qui engendre la dégradation de l'environnement et
rend vulnérable l'avenir des habitants de Port-au-Prince.
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