UNIVERSITÉ FRANÇOIS RABELAIS
UER DE DROIT ET SCIENCES ÉCONOMIQUES
TOURS
LE P.C.F. ET L'ALTERNANCE Sous la Vème
République
Mémoire de DEA de droit public
Présenté par : 1. THALINEAU
Sous la direction de : Monsieur A. GORGUES
"Et de même que dans la vie privée,
on distingue entre ce qu'un homme dit et pense de lui et ce qu'il est et fait
réellement, il faut distinguer encore davantage, dans les luttes
historiques, entre la phraséologie et les prétentions des parfis
et leur constitution et leurs Intérêts véritables, entre ce
qu'ils s'imaginent et ce qu'ils sont en réalité.
K. MARX
- Le 18 Brumaire -
"Le peuple a perdu la confiance des dirigeants ? Il
n)/ a qu'a en élire un autre !"
B. BRECHT
SOMMAIRE
- Avant-propos.
- Introduction P. 1
- Première partie : L'ALTERNANCE IMPLIQUE LE MAINTIEN DE
L'ETAT BOURGEOIS P. 5
· Section I L'ETAT DU C.M.E P. 5
n Section II- "L'ETAT DU CHANGEMENT" P. 10
L Briser l'Etat 7 P. 10
II. La question de la dictature du prolétariat P. 15
- Deuxième partie : L'ALTERNANCE IMPLIQUE LE MAINTIEN DE
LA SOCIÉTÉ BOURGEOISE P. 21
· Section I - SOCIALISME, COMMUNISME ET ALTERNANCE P.
22
· Section II- LE RESPECT DES FORMES ET PRATIQUES POLITIQUES
BOURGEOISES P. 27
I. Le respect des formes politiques bourgeoises P. 27
II. Le respect des pratiques politiques bourgeoises
rélectoralisme P. 31
A) L'électoralisme P. 32
B) Des différents buts de l'électoralisme P.
35
- Conclusion P. 41
AVANT PROPOS
Lorsque nous avons sollicité notre
Directeur d'Etudes, pour lui proposer ce sujet, nous pensions détenir
déjà quelques informations. Il nous a fallu rapidement
"déchanter', car de l'apparente connaissance que nous avions, à
la connaissance scientifique que nous avons tenté d'aborder, il y avait
un gouffre.
Préjugés, lacunes théoriques,
historiques, .., etc...., constituaient notre lot. Aiguillonnés par le
temps, nous nous sommes appliqués à pallier notre ignorance.
L'ésotérisme de nos lectures ne nous facilitait pas la
tâche.
Nous espérons que la synthèse de nos
recherches ne sera pas affectée par nos carences initiales. Cette
synthèse, nous l'avons voulue vivante, aussi lui avons-nous
donnée, parfois, un accent polémique.
Avant d'examiner les rapports que peut entretenir
le P.C.F. avec l'alternance, il convient de préciser le sens que l'on
donne à celle-ci et de présenter brièvement ce
parti.
On définit communément l'alternance,
notion apparue récemment (1970-71) et bruyamment dans la vie politique
française, comme étant la succession PACIFIQUE d'équipes
différentes, voire opposées, au pouvoir. Elle exdut donc le coup
d'État IhsuirecUon ou la guerre civile. Les résultats
électeraia constituent son moteur. L'alternance impose-t-elle le respect
de l'ex constitution sacrale, c'est-
conceine-t-elle la succession d'hommes proposant
des politiques différentes mais respectant la même base sociale ?
Ou au contraire l'alternance de sociétés, c'est-à-dire
l'alternance des modes de production qui caractérisent chaque formation
sociale ? On ne peut répondre à ces questions sans
hypothéquer gravement nos développements. Réfrénons
notre impatience et examinons le P.C.F. et sa doctrine.
Part marxiste-léniniste (1), a pour but
fondamental, pour le commun des mortels, l'instauration d'une
société communiste (2) qui historiquement doit remplacer la
société capitaliste fondée sur/exploitation de l'homme par
l'homme.
En effet; la
société capitaliste repose sur la division de la
société en dao( classes fondamentales et antagonistes : la
bourgeoisie, propriétaire des moyens de production et d'échange,
et la classe ouvrière dont les membres sont obligés de vendre
leur face de travail pour vivre. Au cours du procès de travail, les
bourgeois capitalistes extorquent une plus-value sur le travail des ouvriers
producte. Les rapports de production sont déterminés par le plus
fondamental d'entre eux : le rapport d'exploitebn.
(1) - Dans le préambule des statuts de 1964, il
était écrit :"Le P.C.F. fonde son action sur le
marxisme-léninisme ..." Dans ceux adoptés en Mai 1979, lors du
XXIIIème congrès, on peut lire dans le préambule : "... le
P.C.F. s'appuie sur le socialisme scientifique fondé par Marx et Engels,
puis, développé par Lénine et d'autres dirigeants et
théoriciens du mouvement ouvrier". Nouvelle formule littéraire
où marque d'une nécessaire appréciation contingente du
léninisme ? Nos développements pourront peut-être
répondre.
(2) - Nous admettrons ce postulat pour le moment, mais vu
le discours du P.C.F. (nouveaux statuts par exemple), ce n'est pas toujours
évident. Voir développements ultérieurs.
Les communistes teillent abolk bute ffitme
d'evploitatio" n, et éâblir ainsi une sodété sans
classe dams »quelle le travail est souroe d'épanouissement de
h? peisonne et non plus source d'aliénaeon. Cela
nécessite la suppression de la propriété es* des moyens de
production et d'édenge, la fin de la searation du travail manuel et du
travail intellectuel, » fin de à séparation de la
sodété civile et de lElat.. Cela ne peut se elle du jour au
hendemain, aussi une période transitoire caractérise le passage
du capitalisme au communisme. Période qui débutera par la prise
du pouvoir par la classe ouvrière et ses alliés et qui connakra
une lutte de classe aiguë. Pour que /a révolution puisse poser les
bases de la nouve» sodée il est nécessaire de
brise- l'État capitaliste dictature bourgeoise, et de lui
substituer un État ptolétarien la dictature du
prolétariat. Cet État prolétarien est voué au
dépérissement parallèlement à la dispaneon des
classes.
Même aussi grossièrement déalt
apparaît que capftaligne et communisme sont exdusie l'un de l'autre.
Seule la période transitoire du capitalisme au communisme peut voir
subsister des éléments du premier jusqu'à complète
dispatition, et se développer des éléments du second
jusqu'à complète "mortopoketion". Un pouvoir bourgeois peut-il
succéder à un pouvoir prolétarien ? Te/ apparais le
contenu de l'alternance que nous envisageons id.
Le P.CF. développe actuellement une
stratégie pacifique de passage au socialisme : la démoaatie
avancée ou la "démocratie jusqu'au boue' (3). Le pilier de cette
stratégie, c'est l'union de la gaude, c'est-à-cire l'union des
socialistes et des communistes autour d'un programme commun, que le P.C.F.
proposait dès 1959 (4) et qui a été adopté en 1972
(5). Dès la signature de cette alliance, la dmitea v u une menace
sérieuse à son pouvoir; et e agité devant
l'électorat la menace ; qua-- permanente à l'égard du
P.C.F. ; du non-respect de la démocratie par ce parti et
pareulièrement sa non acceptation de rendre » pouvok É
d'atenture ll le gagnait puis le permit
(3) - Manifeste du Comité Central du 5-6
décembre 1968 "Pour une démocratie avancée, pour uni:
France socialiste". Supplément au bulletin de propagande n 7 - Novembre
- Décembre 1968.
(4) - Thèses adoptées au XVème
congrès du P.C.F. du 24 au 28 Juin 1959. Supplément au bulletin
de propagande n°23 - Mai-Juin 1959 p.30 : "L'union que nous
préconisons devrait être fondée sur un programme de
rénovation démocratique et nationale, discuté et
accepté par tous".
(5) - Programme commun de gouvernement du P.C.F. et du
P.S.
Éd. Soc. - 1972.
Le P.CF., sétantjetéà caps
peser dans la bataille du programme commun, s'est empressé de
démentir ces propos, cgii portaient atteint' » à l'image de
marge ce désirait mon&er. Cest ainsi qu'il a reconnu et
accepté k pn»dpe de Paltemance (6). D'aucuns trouveront à
cette reconnaissance, un parfumélectoralisle, rappelons-leur que deux
rois déjà k P.C.F a soutenu ou
participé au pouvoir (1936 -1945), sans que le retour de ce dernier
à la droite ou à une autre majore fasse problème. Donc
implicitement, le prindpe était c reconnu puisqu'il avait
été appliqué,
Cependant que cette reconnaissance date de 1936,
1945 ou d'aujourd'hui, cela importe peu sur le fond du problème qui nous
préoccupe. L'alternance est-elle compatible avec la théorie
marxiste- léniniste, donc a priori avec son application dans le projet
du P.C.F. ? En effe4 si ce dernier est "conffirme"à la théorie de
Marie Engels et Lénine, on peut se demander si communisme et capitalisme
peuvent se succéder ainsi; alors qu'ils reposent sur des principes
inconaliables. L'alternance de sodétés peut-elle être
envisageable pour un mare-léniniste ? Cela egniferait que l'on puisse
passer sans problème de l'état de non État a celui
dÉtat capitaliste.
.9 cela n'est pas possible, l'alternance de
sociétés, peut-elle concerner le communisme dans sa
première phase, c'est-à-dire k communisme en construction sur les
mires du capitalisme, et ce dernier ? Est-ce que l'État
prolétarien peut céder la place à l'État
capitaliste après lui avoir prise ?
Si cela n'est pas envisageable, l'alternance
reconnue et acceptée par les communistes ne peut- être que
l'alternance des hommes. Alors il importe de savoir dans quelle
sociétéaura lieu cette alternance ? Capitaliste ? Communiste ?
Cest-à-dire avec un État bourgeois ou avec un État
prolétarien ? Quel que soit le lieu de cette alternance, apparat qu7l
devra être le cadre dans lequel, tour à tour, domineront les
inters de a bourgeoisie et ceLey de la dame ouvrière. S cela obit
produire dans la sociéW
capitaliste, cela signifie que l'Etat bourgeois'
'servira" aussi bien les keret s' de classe de la bourgeoisie que cetcr du
prolétariat La rédproque ne peut-être totalement vraie. En
effet dans la sodété communiste, il ny a plus de classe donc plus
d'État puisque les marxistes ont démontré que l'existence
de l'État était consubstantielle de celle des dames et de leurs
luttes.
( 6 ) - Voir notamment G. MARCHAIS à "Armes
Égales" émission télévisée le 21.9.1971.
Voir aussi le "Défi démocratique" G. MARCHAIS p.116 - GRASSET
1973
Dès lors l'alternance des hommes ne
pourrait se faire que dans la première phase du communisme, là
où sont en lutte le communisme naissant et le capitalisme agonisant,
c'est-à- dire /a dictature du prolétariat. Donc la
réciproque ne pourrait jouer que dans cette période, dans le
cadre de l'État prolétarien.
On constate que l'essentiel du problème tourne
autour du caractère successible ou non des deux sociétés,
centré sur la question de l'État.
Selon nous, la théorie
marxiste-léniniste ne permet ni l'alternance de sociétés
car contraire au matérialisme historique, ni l'alternance
d'équipes bourgeoise et prolétarienne dans une
société déterminée car cela conduit à une
conception non située de l'État.
Nous démontrerons que l'alternance implique
que l'État peut "servir" indistinctement les intérêts de la
classe ouvrière et ceux de la bourgeoisie. Or cette affirmation est en
contradiction avec la conception marxiste de l'État. Nous verrons alors
que l'État de la transformation sociale dans le projet communiste n'est
rien d'autre que l'État bourgeois. (1 ère partie). Avec un tel
État, on ne peut construire la société sans classe,
dès lors accepter l'alternance c'est respecter les formes et pratiques
politiques bourgeoises (2ème partie).
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