SOMMAIRE
Introduction
Chapitre I : Présentation
A./ Contexte
1. Géographie,
population et découpage administratif
2. Contexte
économique
3. Contexte social
3. contexte financier
B./ Typologie des institutions de
micro-finance
C./ Analyse de la clientèle
1. Comment identifier les clients à faibles revenus
2. Comment susciter l'intérêt des clients
à faibles revenus
3. Comment exclure ou dissuader les riches ?
4. Quelle est la nature des risques encourus par le
client ?
Chapitre II : Fonctionnement des institutions de
micro-finance
A./ Ressources et sources de
financement
B./ Analyse du crédit
C./ Politiques de crédit
Chapitre III : Analyse des risques dans les
institutions de micro-finance
III- 1./ Contexte d'évaluation du risque
III- 2./ Les différents risques dans les
institutions de micro-finance
III- 2- a./ Risques internes
1./ Risques institutionnels
1.a/ Risques sur la mission sociale
1.b/ Risques sur la mission commerciale
1.c/ Risques sur la dépendance
2./ Risques opérationnels
2.a/ Risques de crédit ou de contrepartie
2.b/ Risques humains
2.c/ Risques technologiques
2.d/ Risques juridiques
2.e/ Risques métiers
2.f/ Risques de gouvernance
3./ Risques de gestion financière
3.a/ Risques de taux d'intérêt
3.b/ Risques de change
3.c/ Risques d'inefficience
3.d/ Risques sur l'intégrité du système
d'informations
III- 2- b./ Risques externes
1./ Risques sur la réglementation
2./ Risques sur concurrence
3./ Risques sur démographie
4./ Risques sur l'environnement physique
5./ Risques sur macroéconomie
III- 3./ Avantages de la gestion du risque
III- 4./ Les faiblesses dans la gestion du risque
Chapitre IV : Etudes de cas - PAMECAS
Chapitre V : Propositions
Conclusion
BILBILOGRAPHIES
Introduction
Avant 1995, les populations à faibles revenus
étaient presque exclus du système financier. Maintenant, on parle
de la micro-finance qui vient apporter une solution à ce
problème. C'est ainsi que des institutions de micro-finance sont mises
en place pour jouer un rôle social et/ou commercial.
La micro-finance donne accès à des services
financiers et non financiers à des personnes qui ont de faibles
ressources et qui désirent obtenir de l'argent pour démarrer ou
développer une activité rémunératrice.
Pour se pérenniser et être viables, les
institutions de micro-finance doivent mettre en place des instruments de
gestion des risques à lesquelles elles seront confrontées.
Notre travail consiste à analyser la gestion des risques
dans les institutions de micro-finance. Il comporte un ensemble de recherches
qui s'inscrivent dans le cadre d'une problématique portant sur la
gestion des risques.
A cause de la nécessité pour les institutions de
micro-finance de mettre en place des systèmes de gestion des risques
performants, nous voulons posé une problématique à
laquelle nous apporterons des solutions.
Dans un premier temps, nous chercherons à
établir un contexte d'études, à étudier les
différents types d'institutions de micro-finance et puis à
analyser la clientèle ciblée.
Dans un deuxième temps, nous
étudierons le fonctionnement des institutions de micro-finance par leur
source de financement, l'analyse et leur politique de crédit.
Dans un troisième temps, nous ferons
l'analyse proprement dite du risque en déterminant son contexte
d'évaluation puis en étudiant les différents risques. Nous
donnerons aussi les avantages et les inconvénients de la gestion des
risques.
Dans un quatrième temps, nous
étudierons le cas du PAMECAS au niveau de sa politique de crédit
et analyse des risques en énumérant les différents
risques.
Dans un cinquième temps, nous proposerons
une solution au problème du coût élevé de la gestion
des risques.
Nous finirons enfin par la conclusion
I./ Présentation
La micro-finance fait référence à l'offre
de services financiers aux populations pauvres et à faibles revenus, qui
ont peu ou n'ont pas accès aux services financiers bancaires, dans le
but de satisfaire les besoins de leur ménage ou de leurs
activités économiques et professionnelles. Les services
financiers dont il s'agit ici sont principalement de deux types, épargne
et crédit, auxquels s'ajoutent maintenant les assurances et les services
de transfert.
Une institution de micro-finance est une entreprise
financière qui doit, à terme, couvrir ses dépenses et
dégager une marge sans appui extérieur pour être viable et
continuer à offrir ses services. Par ailleurs, les clients des
institutions de micro-finance ont besoin des services financiers pour, entre
autre, sécuriser leurs disponibilités et mener principalement des
activités économiques.
Cependant, au-delà de leur fonction
d'intermédiation financière, de nombreuses institutions de
micro-finance jouent un rôle d'intermédiation sociale à
travers notamment les modalités suivantes : groupes de
solidarité, formation des clients, renforcement de la confiance en soi,
participation à la gestion.
La Micro-finance désigne l'activité de collecte
d'épargne et de financement des petits producteurs ruraux et urbains
[1].
La micro-finance est définie comme un outil de lutte
contre l'exclusion, la pauvreté et les inégalités. Elle
devient un phénomène de plus en plus important, aussi bien dans
les pays du sud que les pays du nord [2].
A l'école d'Affaires Internationales et publiques,
Université de Columbia, Lauren Kesner [3] définit la finance
comme étant la science de la gestion et de la création de
patrimoine et suggère que si les pauvres peuvent gérer et
accroître leur patrimoine, ils ont besoin de services financiers leur
permettant de le faire, en déclarant : " La micro-finance est " micro "
uniquement parce que le patrimoine de ceux qui vivent dans la pauvreté
est " micro ". Alors que le secteur privé considère la
micro-finance comme de la charité, Mme Barrineau avance qu'elle doit
être considérée comme une vraie question commerciale.
La micro-finance offre de services financiers à des
individus ou des groupes d'individus pauvres, qui n'ont pas accès aux
services financiers formels, dans le but de satisfaire les besoins de leur
ménage ou de leur micro-entreprise [4].
La micro-finance consiste à offrir des services
financiers aux populations pauvres et très pauvres, composées
notamment des petits travailleurs indépendants ou organisés en
groupements. Elle s'est développée en tant qu'approche de
développement économique qui s'intéresse
spécifiquement aux populations à faible revenu. Les services
financiers comprennent généralement le micro-crédit et
l'épargne. Certaines Institutions de micro-finance (institution de
micro-finance) ou Structure de financement décentralisé (SFD)
proposent également des services d'assurance et de paiement [5].
Par le vocable « Institutions de Micro-finance »
(IMF) ou « Structure de financement décentralisé »
(SFD) on désigne une multitude d'institutions composées de
coopératives d'épargne et de crédit (COOPEC), de
crédit solidaire (inspiré du modèle Grameen Bank du
Bangladesh), de caisses villageoises et des banques communautaires etc. Les SFD
sont plus ou moins implantées en milieu rural et interviennent à
des degrés divers en agriculture. Elles se caractérisent par leur
proximité par rapport à leur clientèle et par la
flexibilité de leurs procédures d'octroi et de recouvrement qui
sont peu contraignantes pour les populations pauvres. Au-delà de leur
fonction d'intermédiaire financier, un grand nombre d' institutions de
micro-finance ou SFD jouent un rôle d'intermédiation sociale
à travers le groupement de personnes, le renforcement de la confiance en
soi, la formation dans le domaine financier et la gestion des
compétences au sein d'un groupe. Ainsi, la micro-finance se
définit souvent par les deux fonctions d'intermédiation sociale
et financière. Loin d'être une simple affaire de banquier, la
micro-finance est un outil du développement.
La gestion des risques est un aspect très important de
la gestion d'une institution de micro-finance. Il est absolument indispensable
pour une structure de micro-finance de connaître ses faiblesses et les
risques qu'elles engendrent afin de pouvoir développer des
systèmes de gestion dans le but d'être pérenne.
La gestion des risques est le processus par lequel les risques
sont évalués en utilisant une approche systématique qui
identifie et organise par priorité les risques, et qui ensuite met en
place les stratégies pour atténuer les risques. Cette approche
comprend à la fois la prévention des
problèmes potentiels et la détection au plus
tôt des problèmes actuels. C'est un processus itératif qui
demande la participation du personnel à tous les niveaux de
l'organisation.
La gestion des risques est une prise de risques
calculés. Elle réduit la probabilité de réaliser
des pertes et minimise le degré de perte. Elle consiste ainsi à
mettre en place des systèmes de prévention des problèmes
potentiels, de détection et de correction des problèmes subis.
Dans cette optique, l' institution de micro-finance va devoir
évaluer sa vulnérabilité liée à certains
types de risques, élaborer des systèmes de contrôle ainsi
que des techniques d'atténuation des risques et des stratégies de
gestion de ces risques.
La gestion des risques comprend trois étapes que
sont :
- identification des faiblesses, des limites et des menaces
actuelles et potentielles
- conception et mise en oeuvre des systèmes de
contrôle (garantie, caution etc....)
- suivi de l'efficacité des systèmes de
contrôle (tableaux de bord des indicateurs et ratios)
Identifier les vulnérabilités actuelles et
futures
Concevoir et mettre en oeuvre les contrôles pour mitiger
les risques
Suivre l'efficacité des contrôles
Figure 1 : Processus de gestion des
risques
La gestion des risques varie suivant l'étape de
développement de l'institution de micro-finance.
La maîtrise des risques est au coeur de la
problématique de pérennisation de la micro-finance.
A./ Contexte
Bien que l'on ait assisté, ces dernières
années, à une forte croissance des institutions de micro-finance
(institution de micro-finance) de par le monde, la demande de services de
micro-finance reste largement insatisfaite. En effet, sur une demande globale
estimée à 500 millions de familles, seules 30 millions seraient
touchées en 2002. Sur les continents, la couverture est très
inégale. En Asie : 9,3% des familles les plus pauvres seraient
touchées contre seulement 6% en Amérique Latine et en Afrique.
Dans la région de l'UEMOA, les pratiques
d'épargne et de crédit (tontines, clubs d'épargne, caisses
de solidarité, fonds rotatifs, coopératives d'épargne et
de crédit) ont des origines lointaines. Cependant, la micro-finance, en
tant que secteur organisé, et sa contribution au développement
économique ne sont reconnues qu'il y a une quinzaine d'années.
Dans la zone UEMOA, le secteur de la micro-finance est
régi par une loi sur les structures mutualistes d'épargne et de
crédit, adoptée au niveau de chaque pays sur la base du cadre
général de la législation dite loi "PARMEC", et ses
décrets d'application. Dans le cadre de cette réglementation, les
structures mutualistes peuvent être agréées et leurs
institutions de base reconnues par les ministères des finances, sur la
base de demandes examinées par les cellules de suivi des SFD desdits
ministères avec la collaboration de la BCEAO.
Cette loi a pour objectifs :
- la protection des déposants en vue d'accroître
la crédibilité des institutions et partant, d'augmenter leur
capacité de mobilisation de l'épargne ;
- la sécurité des opérations par
l'instauration de règles prudentielles propres à prévenir
des abus pour préserver la viabilité des institutions ;
- le renforcement de la capacité et de l'autonomie
financière de ces institutions par leur regroupement en
réseau.
Elle a été depuis son adoption un outil majeur
de développement de la micro-finance en Afrique de l'Ouest en
sécurisant la collecte de l'épargne, en aidant à la
maîtrise de la gestion de crédit et en contribuant à la
professionnalisation des institutions de micro-finance.
Les structures non mutualistes peuvent signer des conventions
avec le ministère chargé des finances pour mener leurs
opérations. Afin d'exercer le suivi, le contrôle et la tutelle des
SFD, les ministères des finances des pays membres se sont dotés
de cellules de suivi et de contrôle.
Le cadre réglementaire a été
complété par les instructions de la BCEAO relatives au contenu et
aux modalités de collecte et d'organisation de l'information
financière concernant les SFD. Cependant, il suscite des controverses
relatives notamment à l'orientation mutualiste et ses incidences
institutionnelles d'une part, et au taux d'usure et ses conséquences sur
la viabilité des institutions de micro-finance d'autre part.
L'approche dite sectorielle du développement de la
micro-finance a pour objectif principal de renforcer le système
financier global par l'intégration du secteur de la micro-finance afin
de garantir pour les pauvres et les ménages à faibles revenus, un
accès durable aux services financiers. L'intégration de tous les
sous-segments du secteur financier est une condition nécessaire du
développement, mais elle n'est pas suffisante. D'où la
nécessité que le système financier intégré
puisse être constitué d'institutions viables et pérennes
fournissant des services aux populations de toutes catégories.
Cette approche s'appuie sur le développement d'une
politique et d'une stratégie nationales reflétant la commune
vision de tous les partenaires d'une intégration du secteur de la
micro-finance dans le secteur financier formel et commercial. Elle prend en
compte la situation socio-économique et politique. Elle est
centrée sur le développement de la capacité locale
concernant l'environnement plus particulièrement le cadre légal
et réglementaire, les institutions, les mécanismes de
financement, les services d'appui au secteur tels que les structures
juridiques, de comptabilité et d'audit, les centrales de risques, les
possibilités de formation et de renforcement institutionnel, le
degré de structuration de la profession, afin que les services
financiers aux populations pauvres et à faibles revenus intègrent
sur une base non subventionnée et permanente le secteur financier
formel.
En visant à faire de la micro-finance non pas un
secteur en marge du système financier global mais une partie
intégrante de ce système, l'approche sectorielle est au coeur du
développement. En effet, elle favorise, à travers son objectif et
sa démarche, la jonction entre la micro-finance et le
développement aux trois niveaux suivants :
- l'accès des pauvres et ménages à
faibles revenus aux services financiers durables ;
- la création d'institutions de micro-finance viables
et pérennes;
- l'insertion des institutions de micro-finance dans le
système financier global.
Les produits et services de micro-finance entraînent
notamment par le crédit, un effet de levier sur l'activité
économique des ménages. De façon générale,
ces services financiers (crédit, épargne, assurance...)
constituent des outils de gestion, de réduction et de partage de
risques. Ils contribuent également au renforcement des liens sociaux.
L'accès permanent des populations pauvres à des
services financiers les aides à réduire leur
vulnérabilité. Mais la micro-finance n'est pas une
panacée. Elle n'est pas la solution miracle capable à elle seule
d'éliminer la pauvreté. Dans un contexte économique
favorable, la micro-finance constitue un outil adapté pour
améliorer les conditions de vie des pauvres qui ne sont pas en mesure
d'exploiter les opportunités économiques faute de moyens
financiers.
En contribuant à l'augmentation des revenus, à
la création des revenus et en réduisant les dépendances
vis-à-vis des prêteurs informels, la micro-finance contribue
à la réduction de la pauvreté.
Les besoins en services financiers des populations
étant permanents, les institutions de micro-finance doivent veiller
à la viabilité et à la pérennité de leurs
opérations ; cet objectif n'étant pas contradictoire avec
celui de la lutte contre la pauvreté.
Avant 1995, les relations banques - SFD étaient timides
voire inexistantes. Par la suite, avec la mise en place d'un cadre légal
et réglementaire des institutions de micro-finance et les instructions
de la BCEAO, ainsi que le développement et la bonne santé du
secteur bancaire, les relations des institutions de micro-finance avec le
système bancaire se sont améliorées.
De façon générale, les banques
s'intéressent à la captation des épargnes
mobilisées par Les institutions de micro-finance , jouant pour les
institutions de micro-finance le rôle de gage de sécurisation des
dépôts.
Plus de 70% des institutions de micro-finance ont ouvert des
comptes dans des banques. S'agissant des relations continues entre institutions
de micro-finance et banques, la CNCAS occupe la première place avec des
liens très anciens et suivis avec près de 40% des institutions de
micro-finance, aussi bien en milieu urbain que rural.
1. Géographie, population et découpage
administratif
Le Sénégal, pays plat situé entre le
Sahel au Nord et la grande forêt tropicale, s'étend sur une
superficie de 196.720 Km² et compte une population estimée en 2006
à 11,4 millions d'habitants. La densité de population est de
57,95 habitants au Km² [11].
La population connaît une croissance très rapide.
Les moins de 20 ans représentent 55% de cette population dont le taux
annuel de croissance est de 2,8%. Dakar la capitale compte environ 2,5 millions
d'habitants soit le quart de la population totale. L'urbanisation se
développe rapidement avec le phénomène de l'exode
rural.
Le pays est subdivisé en 14 régions, 43
départements, 76 communes, 130 arrondissements et 320 communautés
rurales.
2. Contexte socio-économique et politique
Le Sénégal est un pays membre de l'Union
Economique et Monétaire Ouest - Africaine (UEMOA) et de la
Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO).
Le PIB en 2006 est de 353 019 FCFA par habitant.
En 2001, 53,9% des ménages vivaient en dessous du seuil
de pauvreté. Le PIB nominal s'établissait à cette date
à 3 881,1 milliards FCFA. En 2001, la structure de la PIB reste
fortement dominée par les services (55,2%) suivis de l'industrie (26,9%)
et de l'agriculture (17,9%). Le taux d'inflation annuel a augmenté de
1,8% en 1997 à 2,3% en 2002 et 2,1% en 2006 [8].
Le Sénégal a entrepris très tôt la
libéralisation de sa vie politique et jouit d'une réelle
stabilité dans une région en proie à des turbulences
politiques entravant le développement économique régional.
En matière de bonne gouvernance, le Gouvernement du
Sénégal a décidé de lutter contre la corruption en
renforçant l'indépendance de la justice et en améliorant
son fonctionnement. Il s'est également engagé à assurer
une grande transparence dans la gestion publique.
3. Politiques macro-économiques
Les reformes économiques entreprises au lendemain de la
dévaluation du franc CFA survenue en 1994 ont placé
l'économie sénégalaise sur le sentier de la croissance.
Ces réformes qui constituent la suite du processus d'ajustement
structurel engagé depuis 1979 ont visé le rétablissement
des conditions d'une croissance économique durable :
viabilité de l'économie, réduction de la taille du secteur
public, promotion du secteur privé et maîtrise de l'inflation [8].
Les résultats de ces réformes sont perceptibles
au niveau de la croissance économique qui suit une trajectoire de
l'ordre de 5% l'an, permettant une progression du PIB par habitant de 2,5% en
termes réels avec une maîtrise de l'inflation. Cependant, cette
croissance demeure vulnérable à plusieurs aléas
(socio-politiques, climatiques...).
Au niveau du secteur agricole, les réformes mises en
oeuvre dans le cadre des politiques d'ajustement structurel se sont traduites
par le désengagement de l'Etat, la privatisation et la restructuration
des entreprises publiques chargées du développement rural et
agricole, la responsabilisation des agriculteurs avec un transfert de certaines
fonctions anciennement dévolues aux organismes publics,
l'élimination des subventions sur les intrants et le crédit
agricole, la libéralisation des prix, des marchés et du commerce
des produits agricoles.
L'effet cumulatif des politiques macroéconomiques
prudentes et des réformes structurelles fondées sur les principes
de l'économie de marché a permis un développement stable
du secteur financier au cours de ces dernières années.
4. Pauvreté et
politiques mises en oeuvre
Malgré les avancées en terme de croissance
économique, la lutte pour la survie et l'accès aux services
sociaux de base constitue un défi majeur pour plus de la moitié
de la population.
Le Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté (DSRP) sert de cadre de référence
d'élaboration des plans sectoriels de développement et des
programmes d'investissement.
5. Situation du secteur
financier et bancaire
Les mesures de restructuration prises à la fin des
années 80 ont permis d'assainir le secteur financier et bancaire
sénégalais. Ce dernier compte aujourd'hui 13 banques et 2
établissements financiers avec 103 agences et environ 1800
employés.
Depuis 2001, la stabilité du secteur financier s'est
renforcée. Le gouvernement du Sénégal, la BCEAO et les
principaux acteurs institutionnels des banques et établissements
financiers conduisent régulièrement des réflexions visant
le renforcement de la contribution des institutions financières au
financement de l'économie.
Les réflexions menées dans le cadre du Programme
d'Evaluation du Secteur financier (PESF) ont mis en exergue les atouts suivants
du secteur financier et bancaire :
- rentabilité structurelle du système
bancaire : les opérations de crédit représentent
environ 75%
du produit net bancaire ;
- diminution des créances en souffrance brutes au cours
de ces dernières années ;
- importance des crédits à l'économie
passant de 486 milliards FCFA en 1999 à 784 milliards
FCFA en décembre 2003 ;
- bancarisation de la population la plus élevée
de la sous région UMOA avec un taux de 2,55%
et un ratio dépôts sur masse monétaire
de près de 76% considéré également comme le plus
élevé de la zone UMOA ;
- élargissement par les banques commerciales de leur
clientèle par l'ouverture des guichets PME
et des réflexions visant à la constitution
des départements ou filiales de micro-finance.
Cependant, le secteur financier et bancaire doit relever un
certain nombre de défis parmi lesquels :
- le coût élevé des crédits aux PME
par rapport aux conditions offertes aux grandes entreprises ;
- les difficultés à satisfaire certaines normes
prudentielles.
B./ Typologie des institutions de
micro-finance
La concertation entre les différents intervenants dans
la micro-finance a permis de mettre en place un cadre juridique servant de
support à l'activité de micro-finance. C'est ainsi que la loi
9503 du 05 janvier 1995 a établi son champ d'application dans les
articles 3 à 8, en donnant la typologie des institutions de
micro-finance pouvant opérer au Sénégal. , à
savoir :
- les Mutuelles d'Epargne et de Crédit (MEC),
- les Groupement d'Epargne et de crédit
- les Organisations et Structures signataires de la convention
cadre (structures mutualistes).
1.) Les Mutuelles d'Epargne et de Crédits
(MEC)
Au sens de la loi, une mutuelle d'épargne et de
crédit est un groupement de personne doté de la
personnalité morale, sans but lucratif et à capitale variable,
reposant sur les principes d'union, de solidarité et d'entraide mutuelle
et ayant principalement pour objet de collecter l'épargne de ses membres
et de leur consentir du crédit (Article 2 de la loi) [11].
Ici l'épargne constituée devient
l'élément essentiel qui sert à alimenter le crédit.
On y trouve les organisations mutualistes et coopératives de
crédit inspiré de modèles de Centre International de
crédit mutuel et du mouvement Desjardins.
Ces MEC sont regroupées dans sept structures
faîtières dont les plus importantes sont : le Crédit
Mutuel du Sénégal (CMS), l'Alliance de Crédit et d'Epargne
pour la production (ACEP) et le Partenariat pour la Mobilisation de l'Epargne
et du Crédit au Sénégal (PAMECAS).
Cependant, même si beaucoup de MEC renforcent leurs
capacités d'autres en conservent à peine leur
crédibilité vis-à-vis de la Cellule AT/CPEC, soit du fait
d'une mauvaise gestion ou de multiples contraintes compromettant leur survie,
leur viabilité.
2.) Les Groupements d'Epargne et de Crédit
(GEC)
Au terme de la loi, « un groupement d'épargne et
de crédit » ou « groupement » est un regroupement de
personnes qui, sans remplir les conditions exigées pour être
reconnu comme institution de base, effectue des activités
d'épargne et/ou de crédit en s'inspirant des règles
d'action de la mutualité.
L'institution de base est une institution principalement
constituée de personnes physiques et obéissantes aux
règles d'actions précitées. Pour ces structures, ayant
comme référence le modèle de la Grameen Bank,
l'épargne n'est pas préalable. Le crédit est
alimenté par des capitaux en provenance, pour la plupart, de
l'extérieur.
Toutefois, le nombre de GEC va rapidement se stabiliser, du
fait de la chute du rythme de progression des attributions d'agréments
par la cellule AT/CPEC du Ministère des Finances.
3.) Les Structures ou Organisations sous convention
Cadre
La structure au terme de la loi est « une
organisation sans but lucratif et a pour objet d'effectuer sur le territoire du
Sénégal, la collecte de l'épargne et /ou des
opérations de crédits ». En outre, la structure
favorise la formation et l'éducation de ses dirigeants ainsi que ses
membres. L'évolution du nombre d'Organisations sous Convention Cadre et
retracé dans le tableau ci-dessous.
C./ Analyse de la clientèle
· Comment identifier les clients à
faibles revenus
Tous les groupes ciblaient, à l'intérieur d'une
région particulière, des collectivités ayant des
caractéristiques de revenu bien définies. Diverses techniques,
par exemple enquêtes ou recensements, étaient utilisées
pour identifier les collectivités répondant aux critères.
Une fois cela fait, on tentait de classer les niveaux de richesse des membres
de la collectivité et de trouver comment à la fois inclure les
pauvres et exclure les personnes non ciblées. Des critères
tantôt fondés sur des moyennes de revenu, tantôt que les
caractéristiques du logement, ont été employés
à cette fin. Souvent, les programmes ont ciblé
particulièrement les femmes, car les recherches indiquent que celles-ci
sont plus susceptibles de canaliser les ressources au profit de la famille et
qu'elles se situent dans les plus basses catégories de revenus [14]
· Comment susciter l'intérêt
des clients à faibles revenus
Les techniques utilisées pour livrer les programmes
d'épargne et de crédit doivent tenir compte des contraintes et
besoins particuliers des pauvres. Les pauvres ont un accès limité
aux services financiers formels en raison notamment de la manière dont
ces services sont offerts. Les institutions de micro-finance ont recours
à un éventail de techniques qui évitent ces
écueils, donc: l'élaboration de méthodes innovatrices de
prestation des services; le remplacement des garanties traditionnelles par une
responsabilité de groupe; un processus de demande simplifié; des
limites peu élevées pour l'épargne et les prêts.
· Comment exclure ou dissuader les riches
Deux principaux moyens sont utilisés pour exclure les
non pauvres des collectivités cibles ou les dissuader de participer. Le
premier est l'auto exclusion. De nombreux aspects des programmes des
institutions de micro-finance sont sans attrait pour les non-pauvres. Par
exemple, les taux d'intérêt élevés, le faible niveau
des prêts et la fréquence des réunions du groupe
contribuent à repousser les non-pauvres, qui voient dans ces exigences
un coût trop élevé pour les services. Le deuxième
consiste à établir des critères d'admissibilité
fondés, par exemple, sur les niveaux de revenus, la qualité
observable du logement ou la possession d'autres biens.
L'argumentation opposée est centrée sur les
problèmes de la pauvreté. Ses défenseurs font valoir que
les plus pauvres ne peuvent se permettre de payer des taux
d'intérêt élevés. Pour que le programme s'adresse
aux plus pauvres, Les institutions de micro-finance doivent continuer de
prendre appui sur le financement de bailleurs de fonds. Ce groupe exprime des
critiques à l'égard de nombreuses institutions de micro-finance
qui tendent vers l'autosuffisance en soulignant que ces institutions
s'adressent à une vaste représentation de clients ayant un
accès insuffisant aux services financiers - depuis les pauvres jusqu'aux
plus pauvres. Bien sûr, ces institutions de micro-finance ont une
proportion de leurs clients parmi les plus pauvres, mais elles comptent aussi
des clients qui se sont hissés dans la moitié supérieure
de la catégorie des « pauvres », voire dans la
catégorie des non-pauvres, grâce à des prêts
antérieurs. L'argument défendu est généralement que
les programmes de petite taille, à vocation exclusive, sont
préférables aux programmes de vaste envergure,
financièrement viables. [14]
En vue de développer des produits qui
réussissent, il est important de comprendre les besoins financiers de
ses clients (et clients potentiels) et le rôle de l'emprunt et de
l'épargne dans leurs stratégies de gestion de budget. À ce
jour, le comportement des clients a été considéré
dans le cadre plus étroit de la satisfaction de la clientèle en
ce qui concerne un produit donné, et mesuré par les taux de
remboursement et le nombre de nouveaux emprunts faits par les mêmes
clients. On a peu prêté attention à la façon dont
les gens utilisent vraiment les services financiers en relation à leurs
besoins financiers.
Du fait que de nombreuses institutions de micro-financement
(institutions de micro-finance) se concentrent essentiellement sur la
viabilité, le comportement des clients (au-delà du remboursement)
n'a pas été une considération essentielle.
Comprendre le comportement des clients, c'est aller bien
au-delà d'une simple étude de la façon dont ils utilisent
et remboursent l'argent qu'ils ont emprunté. Cela requiert une
considération des objectifs économiques des ménages
pauvres, de la façon dont les gens gèrent les ressources et
activités dans le contexte de leurs portefeuilles économiques
ménagers et de la façon dont ils font face aux risques dans leur
vie quotidienne. Sur cette base, nous pouvons commencer à voir la place
que les services financiers peuvent (ou pourraient) prendre dans ce processus
et si oui ou non ils y occupent déjà une place. Tous ces facteurs
affectent la capacité des clients de se charger d'une dette, d'assumer
des risques et d'utiliser efficacement leurs ressources financières en
vue de générer un mouvement de revenus stable et d'accumuler des
biens.
Quelle est la nature des risques encourus par le client
?
Les clients du micro-financement, quel que soit leur niveau de
pauvreté, sont exposés à
des risques fréquents et de natures multiples.. Il
existe de nombreuses sources de risques - les facteurs structurels, tels que
les cycles saisonniers, l'inflation ou les aléas climatiques ; les
urgences inattendues, telles que la maladie ou le décès d'un
membre de la famille, la perte d'emploi, les incendies et les vols ; et les
dépenses élevées associées aux
événements du cycle de la vie tels que les noces, les
funérailles et l'éducation des enfants. Il y a des risques
associés à la gestion d'une entreprise. Il y a des risques
associés aux emprunts financiers.
Bien que les risques systémiques, tels que les
désastres naturels, puissent être dévastateurs, la maladie,
le décès ou la perte du soutien économique du
ménage ont été les risques les plus dominants. Les
accidents, les cambriolages et les actes criminels ont aussi tenu une place
considérable. On a trouvé une variance extrêmement
importante au niveau des risques entre les entreprises dirigées par des
clients du micro-financement. Le manque d'accès aux informations
concernant le marché, la concurrence et les pratiques de travail
constituent des sources importantes de risques pour les entreprises des
clients, mais ils ne conduisent pas nécessairement à des
comportements défavorables aux risques. Les divers taux de
rentabilité des différentes entreprises ont indiqué que
les pauvres ne limitent pas leur investissement à des activités
à faible risque.
Le risque inhérent à un emprunt financier est
considérable. Pour les ménages pauvres à revenus
variables, un emprunt peut être très risqué. Le risque d'un
emprunt est lié à la capacité d'un ménage
donné à le rembourser et à absorber le stress
supplémentaire associé à ce remboursement. Si les
rendements du capital investi sont négatifs, ou si la personne ou le
ménage a été victime d'une autre perturbation ayant
affecté ses revenus, il sera peut-être nécessaire de
réduire ses éléments d'actif ou son niveau de consommation
afin de rembourser l'emprunt. Si un client fait défaut de paiement, il
risque de perdre accès à des marchés financiers de grande
valeur. Un tel échec peut mener à des pertes d'estime de soi, de
confiance et d'actif social.
Pour les clients ayant accès à des prêts
plus importants, cela peut vouloir dire des investissements encore plus
risqués, mais à rendement potentiellement plus
élevé.
Pour les clients, le maintien d'un accès à un
crédit de micro-financement est une stratégie essentielle de
gestion des risques. En mettant des sommes d'argent à la disposition des
clients, les services de micro-financement leur fournissent, ainsi qu'à
leur ménage, des occasions de profiter des opportunités qui se
présentent, de gérer les mouvements d'argent et de maintenir
l'accès à une gamme de services financiers officiels et officieux
leur permettant de gérer les crises [14].
Dans de nombreux pays, au milieu de cette concurrence
croissante dans le domaine du Micro-financement, du fait que Les institutions
de micro-finance cherchent à multiplier ou à raffiner leurs
produits et services, il est important de comprendre comment le client utilise
les services financiers. Notre concentration sur l'actif, le risque et la
vulnérabilité a permis d'identifier l'importance des revenus et
des mouvements d'actif.
Des recherches supplémentaires sur le comportement des
clients amélioreront notre compréhension de leurs
préférences et sont nécessaires si les institutions de
micro-finance veulent être plus efficaces pour approfondir et
élargir la sensibilisation sur une base durable.
II./ Fonctionnement des institutions de micro-finance
A./ Ressources et sources de
financement
Les ressources des institutions de micro-finance proviennent
essentiellement des dépôts des membres, des subventions et des
emprunts.
À l'heure actuelle, la majorité des investissements
étrangers en micro-finance d'origine privée provient de sources
à vocation sociale, notamment d'organisations professionnelles, d'ONG et
de philanthropes fortunés. Les investisseurs commerciaux qui cherchent
à maximiser leurs profits, comme les investisseurs socialement
responsables (soucieux de rentabilité commerciale, mais qui
évitent certains secteurs jugés indésirables), n'ont
jusqu'ici que relativement peu investi dans le secteur de la micro-finance.
Une étude faite par la banque mondiale montre que
environ 50 % des ressources des institutions de micro-finance proviennent de
bailleurs de fonds, 34 % de la collecte de dépôts, 8% de
crédits commerciaux, 4% de l'État et 4% d'autres origines, y
compris leurs fonds propres. Dans chacune des cinq régions
étudiées, les bailleurs de fonds représentent la
principale source de financement. Il est intéressant de constater qu'en
Afrique de l'Ouest et du Centre-Ouest les dépôts
représentent 34 % du total des ressources des institutions de
Micro-finance.
a) Dépôts
Les dépôts peuvent être de deux
sortes :
- L'épargne volontaire
L'épargne volontaire est constituée de deux
types :
- Les dépôts à vue constituent la
catégorie la plus utilisée des produits d'épargne. Ils
sont caractérisés par la souplesse des conditions d'accès
: faible montant exigé pour l'ouverture d'un compte, proximité et
accessibilité des caisses, possibilité d'effectuer de petits
versements et liberté de retraits à tout moment, facilité
d'exécution des opérations. Les dépôts à vue
permettent aux populations de garder leurs économies en lieux
sûrs, à l'abri des pressions familiales. Le livret de compte remis
au déposant lui permet de vérifier les opérations
effectuées et le solde disponible dans le compte
- Les dépôts à terme sont des
dépôts bloqués pendant une période minimum de trois
mois et qui sont rémunérés par un taux
prédéterminé. Les dépôts à vue sont
très peu développés pour au moins deux raisons. D'abord,
les populations ont des revenus très faibles. Ensuite il s'avère
que la motivation essentielle de l'épargne demeure l'accès au
crédit, même si d'autres motivations comme la
sécurité et la précaution existent.
- L'épargne obligatoire
L'épargne obligatoire est en relation directe avec le
crédit.
On trouve deux types d'épargne obligatoire :
- L'épargne préalable suit le postulat selon
lequel un demandeur de crédit doit fournir un effort financier minimum
consistant à épargner régulièrement une certaine
somme pendant une période à déterminer. Ce qui devra
prouver qu'il est capable d'apporter au moment de sa demande de crédit
une part des besoins de financement (au minimum 10 %). Cette épargne est
bloquée et parfois non rémunérée
- L'épargne de garantie sert à garantir le
crédit consenti généralement à un individu ou
à un groupe. L'épargne de garantie est parfois utilisée en
combinaison avec d'autres formes de garanties (cautions solidaires de groupe).
La mobilisation de l'épargne de garantie (ou selon les appellations :
fonds de garantie, fonds de groupe, épargne nantie) se fait selon trois
procédés différents :
- Une constitution préalable de l'épargne par
les moyens propres des demandeurs
- Un prélèvement sur le montant du crédit
au moment de la mise en place du prêt. Ce montant prélevé
est bloqué comme garantie
- Une constitution de l'épargne au fur et à
mesure que l'on rembourse le prêt. Ceci ne constitue plus une garantie
mais suppose une incitation à l'épargne.
b) Subventions
Les dons ou les prêts sur réescompte à
faible taux d'intérêts émis par les gouvernements et les
organismes donateurs se substituent souvent à la mobilisation de
l'épargne par les institutions financières. Mais même
lorsque ce type de fonds externes vient compléter l'épargne,
l'expérience a montré de manière convaincante que plus ils
sont importants, moins l'institution est durable. L'une des raisons en est que
l'accès à des sources de fonds bon marché affaiblit la
volonté de l'institution de parvenir à l'efficacité
opérationnelle. En outre, comme expliqué ci-dessus, le recours
à ce type de fonds risque de provoquer un comportement de remboursement
plus médiocre, et d'inciter l'institution à proposer pour ses
prêts des taux d'intérêts inférieurs au
marché, politique qui engendre d'autres pièges.
La tâche principale des bailleurs de fonds devrait
être d'identifier et de prendre le risque de traiter avec des
institutions de micro-finance prometteuses, quoique présentant un
niveau de risque plus élevé, afin de laisser les investisseurs
commerciaux traiter avec les institutions bien établies et
sûres.
c) Emprunts
Recours à lignes de refinancement et/ou des fonds de
garantie. La mise à disposition des institutions de micro-finance de
fonds de garantie par les bailleurs de fonds et ou les Etats,
généralement domicilié dans les banques de la place, est
devenu au fur et à mesure des années, une pratique de plus en
plus répandue (davantage que les lignes de refinancement). Certains
opérateurs de micro-financement, ou encore certaines banques ne sont
prêts à s'engager dans les activités de micro-financement
dans des contextes risqués que sous couvert d'un fonds de garantie. Si
ces fonds peuvent effectivement aider les institutions de micro-finance
à s'engager dans des financements plus risqués et/ou, dans une
certaine mesure, aider les institutions de micro-finance à atteindre
plus rapidement leur autonomie financière, on tend, cependant, à
observer des « abus » dans les situations où la prise de
risque par l'opérateur ou la banque est quasi-nulle, le risque de
crédit étant pris en charge par les emprunteurs et les
propriétaires du fonds. Dans de nombreux cas, cette répartition
inégale des risques conduit rapidement à la disparition des
fonds, car ceux qui distribuent les crédits sont peu incités
à maintenir une politique stricte de recouvrement des prêts.
Les institutions de micro-finance réglementées se
tournent de plus en plus vers les sources de financement locales. Les
ressources en monnaie nationale présentent au moins deux avantages
importants. Premièrement, elles ne créent pas de risque de change
pour Les institutions de micro-finance . Deuxièmement, et plus important
encore, les dépôts, les emprunts et les fonds propres en monnaie
nationale ont plus de chances de provenir de sources à vocation
commerciale, autrement dit, de porter sur de plus gros volumes et d'être
plus fiables que les financements extérieurs à vocation
sociale.
B./ Analyse du crédit
Le défi actuel de la plupart des institutions de
micro-finance est celui de l'institutionnalisation et de la
pérennité. Cette dernière n'est réalisable que si
les institutions de micro-finance parviennent à offrir des services
adaptes aux besoins de leurs membres que sont l'épargne et le
crédit.
Le crédit joue un rôle fondamental dans le
fonctionnement d'une institution de micro finance. Le lexique d'économie
le traduit comme un acte se traduisant par un prêt consenti en contre
partie d'une promesse de remboursement dans un délai
généralement convenu à l'avance. Cette définition
reflète mieux la notion de crédit dans nos localités. Dans
son sens étymologique, octroyer du crédit a quelqu'un signifie
lui faire confiance. Ceci est dû au fait que les populations
bénéficiaires de ces crédits ne disposent pas de toutes
les conditions et garanties nécessaires pour accéder aux services
financiers des banques classiques. En effet, les caisses sont
généralement fondées sur les principes que sont l'union,
la solidarité et l'entre aide mutuelle. Elles ont pour objectif de
collecter l'épargne des adhérents afin de pouvoir mettre à
leur disposition des services de crédit contribuant à
l'amélioration de leurs conditions de vie économique et sociale.
L'octroi de crédits doit être accompagné d'un suivi
régulier et d'un encadrement dans le but d'engendrer un impact positif
sur la situation économique de ces membres. Les investisseurs qui
considèrent la micro finance comme un placement rentable sont davantage
susceptibles de s'engager durablement dans ce secteur.
Par ailleurs, il faut noter que même si les institutions
de micro-finance distribuent du crédit aux populations à faible
revenu en vue de leur faciliter l'accès aux services financiers pour
développer des activités génératrices de
revenus ; elles sont également tenues à suivre et à
recouvrer entièrement l'ensemble des crédits distribués.
Ceci contribue à assainir la qualité du portefeuille et d'assurer
la viabilité, voire la pérennité de l'institution.
Cet objectif est assigné en général au
comite de crédit qui a pour rôles et responsabilités
de :
- assurer le suivi des prêts en cours et des prêts
en retard
- participer au recouvrement des prêts en retard
- contrôler et d'adopter des pratiques de
crédit
Les critères d'analyse d'un crédit sont :
Objet, délai de capitalisation, durée de crédit, montant
du crédit, taux d'intérêt, différé, ratios,
échéancier, garanties.
L'analyse financière porte sur un ensemble
d'informations qui, lorsque isolées, n'ont qu'une signification
limitée. Il est donc nécessaire de les comparer pour leur donner
un sens.
- Analyse horizontale
Lorsqu'on compare les données dans le temps, on
parle d'analyse horizontale, c'est-à-dire l'analyse de
l'évolution de certaines variables (ex. les ventes) d'une année
à l'autre. Ce type d'analyse chronologique peut être
facilité par le calcul du taux de croissance. L'analyse graphique est
aussi utilisée.
- Analyse verticale
Lorsqu'on compare les données financières
d'une même année, on parle d'analyse verticale. Ce type d'analyse
se fait principalement à partir des ventes pour l'état des
résultats et de l'actif total ou le passif total pour les postes
bilan.
- L'analyse par les ratios
Les ratios sont des rapports entre deux ou plusieurs
quantités. Un ratio permet de rendre comparables des données
provenant d'entreprises de tailles différentes. Quatre types de ratio
sont souvent utilisés pour les activités
génératrices de revenu:
- Ratios de
rentabilité
Les indicateurs de rentabilité aident le gestionnaire
à déterminer si l'institution génère suffisamment
de produits pour couvrir ses charges et assurer sa viabilité à
long terme, sans recourir à l'aide extérieure. Ces ratios sont
d'une grande importance pour évaluer l'autonomie financière de
l'institution.
Rendement ajusté sur l'actif
(RAA) :
(Produits d'exploitation ajustés - Charges
d'exploitation ajustées) x 100/Actif moyen de l'institution.
Le RAA est un indicateur de performance qui permet à
une institution de micro finance de juger de sa viabilité et de son
autonomie. Il est nécessaire d'effectuer les ajustements analytiques
avant de procéder à sa détermination « Charges
et produits ajustés ».
Autosuffisance opérationnelle (AOP) :
Produits ajustés reliés aux
opérations x 100/Charges ajustées reliées aux
opérations.
Cet indicateur nous indique si l'institution
génère suffisamment de produits de ses opérations
(après ajustements pour tenir compte des subventions) pour couvrir les
charges que celles-ci engendrent. Ainsi, un ratio inférieur à
100% nous indique que le réseau nécessite des injections externes
de fonds pour continuer à opérer.
Autosuffisance financière (AFI) :
Produits ajustés reliés aux
opérations x 100/Charges totales ajustées reliées aux
opérations.
Cet indicateur indique si l'institution génère
suffisamment de produits de ses opérations (après ajustements
pour tenir compte des subventions) pour couvrir la totalité des charges
financières et opérationnelles ajustées reliées
à ses opérations (soit les charges totales ajustées).
L'autosuffisance financière nous renseigne sur le nombre d'unités
de produits qui sont générés pour chaque unité de
charge. Ainsi, l'institution sera autonome financièrement lorsque le
total de ses produits ajustés reliés aux opérations aura
dépassé le total de ses charges ajustées reliées
aux opérations, donc que l'indicateur est supérieur à
100%.
- Ratios de
gestion
Rendement du portefeuille de crédit :
Produits reliés au portefeuille de crédit x
100/Portefeuille de crédit net moyen de la période.
Cet indicateur renseigne l'institution sur le rendement qui a
été réalisé sur ses activités de
crédit. Les produits reliés aux prêts tiennent compte des
intérêts et des frais payés par l'emprunteur (par exemple
les frais de dossier ou de gestion) ou de tout autre produit perçu
relié à l'émission d'un crédit. Le Rendement du
portefeuille de crédit révèle une information
extrêmement utile, puisque l'un des facteurs les plus importants pour
mener une institution vers l'autonomie est le rendement réel qu'elle
réalise sur ses actifs générateurs de revenus,
principalement représentés par son portefeuille de crédit.
Pour calculer le rendement réel après inflation, on utilise la
formule suivante : ((1 + Rendement du portefeuille de crédit) / (1
+ taux d'inflation)) -1
Écart de rendement (yield gap) :
Produits d'intérêt réel du
portefeuille de crédit x 100/Produits d'intérêt
théorique du portefeuille de crédit.
Il s'agit d'un indicateur sur lequel il est important
d'effectuer un suivi puisqu'il peut s'avérer déterminant dans la
détection de disparités entre le rendement que devrait
générer le portefeuille de crédit de l'institution et
celui qui a effectivement été réalisé.
L'écart de rendement est un outil de gestion utile qui permet aux
gestionnaires d'identifier et de visualiser certaines situations
irrégulières typiques d'une institution de micro finance.
Crédit moyen par emprunteur :
Portefeuille de crédit brut moyen/Nombre de
bénéficiaires emprunteurs en cours.
Produits totaux ajustés d'opération sur
actifs moyens :
Produits ajustés reliés aux
opérations x 100/Actifs moyens de l'institution.
Ce ratio permet de voir la capacité des actifs
à générer des revenus. L'augmentation des produits totaux
ajustés d'opération sur actifs moyens peut provenir d'une hausse
des taux d'intérêt sur les crédits aux membres ou encore
sur les placements de l'institution; d'une meilleure perception des revenus;
d'un changement dans le type d'actif (par exemple, augmentation du
crédit); d'une amélioration de la qualité du
crédit, etc.
Ratio de charges totales ajustées sur actif
moyen :
Charges ajustées reliées aux
opérations x 100/Actifs moyens de l'institution.
Les charges totales ajustées sur actifs moyens sont un
indice des charges nécessaires pour supporter les actifs. Une
augmentation de cet indicateur peut, en autre, être l'indice d'un manque
de contrôle des coûts, d'une diminution de l'efficience, d'une
augmentation du coût des ressources, etc.
Charges de dotations aux provisions sur actifs
moyens :
Dotation aux provisions x 100 / Actifs moyens de
l'institution.
Des charges de dotation aux provisions pour pertes sur
prêts sont passées lorsque la qualité des actifs est
affectée. Ainsi, des charges de dotation aux provisions sur actifs
moyens élevées indiquent une faible qualité des actifs.
Toutefois, lorsque le portefeuille de crédit ne varie pas et le risque
non plus, aucune provision n'est prise. Le ratio tombe alors à 0. Un
ratio de 0 ne correspond donc pas nécessairement à des actifs de
haute qualité. Le ratio donne une indication des coûts
engendrés par la mauvaise qualité des actifs à une date
donnée.
Charges de personnel sur actif moyen :
Charges de personnel ajustées x 100 / Actifs
moyens de l'institution.
Ce ratio indique les coûts en personnel
nécessaires afin de maintenir les actifs. Les charges en personnel
constituent généralement la principale dépense des
institutions de micro finance, ce qui explique qu'on s'attarde plus longuement
à ces charges. Ce ratio diminue lorsque des gains d'efficience sont
réalisés, l'inflation sur les salaires est moindre que sur les
actifs, etc.
Charges financières ajustées sur Actifs
moyens :
Charges financières ajustées x 100 / Actifs
moyens de l'institution.
Ce ratio peut être interprété comme
étant le coût de financement des actifs.
Coût par unité
prêtée :
Charges ajustées reliées aux
opérations x 100 / Portefeuille de crédit brut moyen.
Ce ratio nous informe sur ce qu'il en coûte en moyenne
à l'institution pour chaque unité de prêts. Un Coût
par unité prêtée de 17% signifie que l'octroi de 100
unités de crédit coûte 17 unités de charges
d'opérations totales à l'institution. Cet indicateur mesure donc
la performance de l'institution au chapitre du contrôle des coûts
et de son efficacité.
Il s'agit d'une information très pertinente qui nous
renseigne sur la tarification minimale que l'institution devrait appliquer
(tout autre facteur demeurant constant) sur les produits de crédit pour
atteindre une autosuffisance opérationnelle de 100%. C'est en quelque
sorte le point mort requis pour atteindre l'autonomie au niveau des
opérations.
Charges de personnel sur portefeuille brut :
Charges de personnel x 100 / Portefeuille de
crédit brut.
Les charges de personnel sur portefeuille brut mesurent le
coût du personnel par unité de crédit en cours.
Idéalement, ce ratio devrait être le rapport entre les
dépenses de personnel impliqué dans le crédit sur le
portefeuille de crédit. Toutefois, les dépenses en personnel
étant généralement agrégées, il n'est pas
possible de faire cette distinction. Par conséquent, cette mesure est
pertinente principalement pour les institutions dont la fonction crédit
a beaucoup d'importance. Une augmentation du ratio peut indiquer une baisse
d'efficience de l'institution (plus d'employés sont nécessaires
pour produire une unité de crédit); une hausse du coût des
ressources (la productivité est restée la même mais les
salaires ont augmenté); ou une combinaison de ces possibilités.
L'augmentation ne signifie pas automatiquement qu'il existe des
problèmes au niveau de la gestion du crédit. Par exemple, pour un
portefeuille donné, l'ajout d'une caissière augmente les charges
de personnel sur le portefeuille brut.
- Ratios de
structure financière
Liquidités sur Actifs :
Liquidités de l'institution x 100 / Actif total de
l'institution.
Il s'agit d'un ratio de structure et indique le niveau de
liquidité de l'institution. Un niveau trop élevé de
liquidité a en général un impact négatif sur la
rentabilité de l'institution puisque les actifs sont investis dans des
véhicules à faible rendement, voir à rendement nul.
Toutefois, un niveau trop faible de liquidité n'est pas
sécuritaire, puisque l'institution doit être prête à
survenir à une forte vague de retraits des dépôts des
membres.
Crédits sur Actifs :
Portefeuille de crédit net de l'institution x 100 /
Actif total de l'institution.
Le crédit sur actifs est un ratio de structure du
bilan. Les crédits constituent normalement la source principale de
revenus de l'institution. Le crédit sur actifs juge donc de l'effort de
la caisse à optimiser son bilan afin de générer
suffisamment de revenus. Une caisse ayant un ratio très faible ne
contribue pas à l'accomplissement de sa mission. Le ratio donne aussi
une indication sur le risque de l'institution. En effet, un ratio
élevé avoisinant les 100% signifie que la majorité des
actifs sont risqués (un prêt étant normalement plus
risqué que des liquidités, placements à la banque ou des
immobilisations). De plus, lorsque le crédit dépasse
l'épargne, on peut s'attendre à ce que l'institution emprunte
afin de fournir à la demande de crédit.
Épargnes sur Actif :
Épargne totale de l'institution x 100 / Actif total
de l'institution.
L'épargne sur actif fournit une multitude
d'informations. Premièrement, elle indique la portion des actifs
financés à partir de l'épargne. De plus, un niveau faible
d'épargne sur actifs pour une coopérative bancaire peut indiquer
une déficience au niveau de la mobilisation de l'épargne ou
simplement une stratégie basée sur l'emprunt plutôt que la
mobilisation de l'épargne. Ce ratio est aussi un indicateur du risque
financier puisque le financement par épargne est moins risqué que
le financement par emprunt.
Immobilisations et autres actifs sur Actifs :
Immobilisations et autres actifs x 100 / Actif total de
l'institution.
Ce ratio permet de juger de la structure du bilan. Les
institutions financières ne sont pas spécialistes en gestion
d'immeubles et ont souvent avantage à laisser cette gestion à des
personnes ou firmes externes. En général, une institution voudra
réduire ses investissements en immobilisation.
Emprunts et autres passifs sur Actif :
Emprunts et autres passif x 100 / Actif total de
l'institution.
Cet indicateur calcule la part des sources de financement
autres que les fonds propres et l'épargne. Il peut s'agir de lignes de
crédit, de crédit auprès de fournisseurs, etc. Rappelons
que les emprunts ne sont en soi pas mauvais, même si emprunter augmente
le risque de l'institution.
Capitalisation brute :
Fonds propres totaux (capitalisation) à la fin de
la période x 100 / Actif total à la fin de la
période.
La capitalisation brute est composée de plusieurs
éléments, dont les principaux sont les suivants : Capital
souscrit versé et non versé, Surplus (déficit)
d'exploitation des années antérieures, Surplus (déficit)
de l'année en cours, Subventions reçues des années
antérieures ou en cours, Fonds de capitalisation ou provisions
constitués à même les opérations, Fonds de
capitalisation externes, Réserves. La capitalisation nette n'inclut pas
les éléments suivants : Capital souscrit versé et non
versé, Subventions reçues des années antérieures ou
en cours.
La capitalisation constitue l'assise financière de
l'institution. C'est ce qui lui resterait si l'actif (ce qu'elle
possède) était liquidé pour rembourser le passif (ce
qu'elle doit). La capitalisation représente aussi une réserve
sécuritaire pour parer aux imprévus financiers (exemple :
crise économique). De façon sommaire, nous pouvons dire que le
bilan d'une institution nous informe sur la façon dont les ressources
financières sont mobilisées (passif et fonds propres) et sur la
façon dont ces ressources sont utilisées (actif). L'actif peut
être décomposé en trois catégories principales, soit
: les liquidités et les placements; les prêts; les immobilisations
et les autres actifs.
Pourcentage d'épargne en crédit :
Portefeuille de crédit brut x 100 / Épargne
mobilisée totale.
Ce ratio nous indique la quantité d'unités de
crédit qui ont été octroyées à partir d'une
unité d'épargne. Il évolue habituellement selon les stades
de développement de l'institution.
Un Pourcentage d'épargne en crédit
élevé indique que l'institution maximise ses actifs en octroyant
des prêts, ces derniers étant générateurs de
revenus. Par contre, il est important de considérer la qualité de
gestion des prêts (voir indicateur suivant : Pourcentage
d'épargne en crédit) pour juger de la réutilisation
adéquate et optimale de l'épargne. En effet, un taux
d'utilisation élevé combiné à un ratio de
portefeuille à risque (Pourcentage d'épargne en crédit)
élevé nous informent sur le risque encouru par les
épargnants. Il s'agit donc d'atteindre un équilibre (emplois
versus ressources) et de maximiser la productivité des actifs en
fonction de la capacité de gestion des crédits et du risque que
présente le portefeuille.
- Ratios de qualité du portefeuille
Portefeuille à risque (PAR 1 jour) :
Encours des crédits affichant un jour et plus de
retard x 100 / Portefeuille de crédit total.
Cet indicateur est déterminant pour la
santé financière (pérennité) de
l'institution. Ce ratio est aussi communément
appelé « ratio de l'encours contaminé » ou « ratio
des prêts en retard ». Il est à préciser que c'est le
total du solde des prêts en retard qui est considéré et non
uniquement les paiements en retard. En effet, un ratio
calculé avec les paiements en retard n'informe pas les gestionnaires sur
la totalité des risques futurs encourus par l'institution.
Il est important que les partenaires détaillent, selon
l'âge, la totalité des prêts affichant un retard. En effet,
un prêt affichant plus de 90 jours de retard représente un risque
plus élevé qu'un prêt affichant moins de 30 jours de
retard.
Portefeuille à risque (PAR 30 jours) :
Encours des crédits affichant 31 jours et plus de retard x
100 / Portefeuille de crédit total.
Portefeuille à risque (PAR 90 jours) :
Encours des crédits affichant 91 jours et plus de
retard x 100 / Portefeuille de crédit total.
Ce ratio fournit aux gestionnaires un portrait de la situation
du portefeuille de prêts à un moment précis en plus de
renseigner sur les possibilités futures de délinquance. Il est
donc déterminant pour la santé financière
(pérennité) de l'institution. En effet, le souhait de tout
gestionnaire est de connaître la situation actuelle et un aperçu
de la situation à venir. Le ratio Pourcentage d'épargne en
crédit fournit toutes ces informations aux gestionnaires. Il est aussi
communément appelé « ratio de l'encours contaminé
» ou « ratio des prêts en retard ».
Provision pour mauvaises créances sur
portefeuille de crédit brut :
Montant de la provision pour créances douteuses x
100 / Portefeuille de crédit brut.
Toutes les institutions de micro finance se doivent
d'établir une provision pour mauvaises créances qui soit
réaliste en fonction des performances passées. Ainsi, si une
institution connaît historiquement une performance de 3% au chapitre des
pertes sur prêts, elle devra prévoir une provision pour mauvaises
créances de 3%. Ce ratio reflète donc le pourcentage que
l'institution provisionne pour faire face aux mauvaises créances.
Il faut par contre être prudent dans
l'interprétation de cet indicateur car une provision pour mauvaises
créances inadéquate (trop petite) par rapport aux risques
potentiels camouflerait une partie des risques pour les gestionnaires.
Les ratios ne permettent pas, dans bien des cas, de
donner des explications complètes aux anomalies décelées.
Ils permettent toutefois d'orienter les recherches et de poser des questions
pertinentes. Les ratios ont donc un rôle avertisseur. L'analyse des
ratios permet de formuler des hypothèses qui doivent être, par la
suite, validées par des discussions avec les gestionnaires.
- Analyse de la capacité de remboursement
Pour déterminer la capacité de
remboursement d'un salarié, la quotité cessible de 30% s'applique
pour l'ensemble des dettes. Si le ratio est supérieur à 30%, le
prêt doit être refusé.
La capacité de remboursement d'une entreprise
sert à déterminer les fonds générés par
l'entreprise et disponibles pour le remboursement de la dette. Cette
étape est cruciale puisque c'est le critère le plus important
à considérer dans l'autorisation du crédit.
Les entreprises doivent fournir des états
prévisionnels pour obtenir du crédit. Le calcul de la
capacité de remboursement peut s'établir à partir des
états prévisionnels.
Pour mener à bien une bonne analyse de crédit,
il faut mettre en place une bonne politique de crédit.
C./ Politiques de crédit
La politique de crédit est l'ensemble des règles
et procédures d'octroi, de suivi et de recouvrement du crédit
[10]:
- Elle vise à ce que les opérations cadrent avec
la mission et les objectifs de l'institution de micro-finance.
- Elle permet de définir et de faciliter les
tâches des gestionnaires de portefeuille (agents de crédit), du
Comité interne de crédit, du Comité élu de
crédit ou de toute autre personne intervenant dans l'organisation du
crédit.
- Elle permet de s'assurer que tous les membres verront leurs
dossiers de demande de crédit traités de la façon
similaire.
Pour bénéficier d'un crédit dans une
institution de micro-finance, il faut en général remplir des
conditions générales d'éligibilité de crédit
dépendant de la politique de crédit mise en oeuvre. Ces
conditions peuvent être :
- Eligibilité
- Demande de crédit
Avant l'octroi d'un crédit, le dossier du demandeur doit
être analysé par les différents services concernés (
agent de crédit, comité de crédit ...). Une fois le
dossier analyser, le crédit est débloqué après les
différentes approbations. Le suivi commence dès le
déblocage du crédit. Chaque semaine, les gestionnaires sortent la
situation de leur portefeuille afin de vérifier le respect des
engagements pris.
La politique de crédit permet de définir
les tâches des différents intervenants dans la gestion du
crédit. Elle assure l'équité dans l'organisation du
crédit. Elle doit être souvent révisée afin
d'être en harmonie avec les changements qui interviennent dans la gestion
du crédit.
Une politique de crédit met en exergue l'ensemble des
types de crédit que l'institution offre a ses membres et les conditions
qui y sont rattachées
Une politique de crédit peut réussir grâce
à une bonne politique de mobilisation de l'épargne
endogène, d'administration et de recouvrement du crédit. Elle est
imputable à la pratique de taux d'intérêt réels
positifs inférieurs à celle du marché financier
parallèle, la facilitation de l'accès au crédit,
l'obligation d'épargne et une discipline financière dissuasive et
punitive. En effet, toute dégradation de la qualité du
crédit risque d'affaiblir la solidarité financière de la
caisse par l'augmentation du coût du crédit, le coût de
recouvrement, la diminution de l'avoir à travers les pertes sur les
prêts. La politique de crédit constitue un dispositif mis en place
permettant de mener à bien les services de crédit. L'octroi de
crédit étant lié à un risque, les institutions de
micro-finance sont tenues de gérer le portefeuille de crédit. Les
conditions de mise en place d'une bonne politique de crédit passent par
ces points suivants :
- la diversification du portefeuille de crédit en
répartissant le risque entre différents emprunteurs et
différents secteurs
- la réglementation du crédit en limitant le
pourcentage de l'épargne recyclable en crédit et le montant des
prêts par membre
- l'encadrement et le suivi du crédit en
bénéficiant d'un appui conseil
En général, beaucoup d'institutions de
micro-finance basent leur politique de crédit sur celle d'un
modèle existant sans prendre en considération les
différences culturelles, sociales ou économiques existants. Cela
pourrait être une cause d'abandon des clients.
Certaines d'institutions de micro-finance qui sont
confrontées à une disparité actifs/dettes doivent
d'être conservateur dans leur politique de crédit. Dans ce cas, la
liquidité devient un problème, puisque les actifs à court
terme ne couvrent les dettes à court terme de manière
satisfaisante.
La micro finance fortement développée sur ces
vingt dernières années, se trouve confrontée aujourd'hui
au défi de la pérennité qui requiert non seulement la
viabilité mais aussi la pérennité financière et
juridique.
Les institutions de micro-finance doivent mettre en place des
politiques de crédit pour améliorer la qualité de leur
portefeuille et prévenir les risques qui peuvent émaner du
crédit. Pour cela, ils mettent en oeuvre trois systèmes :
Système d'octroi des
crédits
Ce système s'appuie sur les informations concernant les
clients et les conditions du contrat.
Pour cela, l'agent de crédit doit :
- identifier le client
- définir les conditions du prêt établies
dans le contrat (taux d'intérêt, durée du prêt)
- communiquer le tableau d'amortissement au client
Système de suivi des
crédits
Ce système s'appuie sur les informations concernant les
prêts individuels. Son objectif est de fournir les informations
nécessaires à l'administration du portefeuille de
crédit.
Pour mieux gérer le portefeuille de crédit, les
informations suivantes doivent être à la disposition du
responsable de crédit :
- échéancier de remboursement
- montant et date des remboursements perçus
- crédits en retard (y compris les crédits
passés en perte)
- encours de crédits
Système de gestion des
crédits
Ce système se compose de l'ensemble des
procédures et des politiques qui régissent les opérations
de crédit.
Il contient ainsi :
- une évaluation des clients et des prêts
- la taille et les conditions du prêt
- la supervision des clients
- la politique de recouvrement des prêts en retard
- le rééchelonnement des prêts en
retard
- le traitement et les enregistrements des
décaissements effectués par les agents de crédit et les
caissiers.
- les contrôles internes
Une bonne politique de crédit doit prendre en compte
l'ensemble des besoins de ses membres pour que ces derniers puissent
développer des activités génératrices de revenus
contribuant à l'amélioration de leurs situations
socio-économiques. Une politique de crédit doit faire l'objet
d'un suivi régulier par les dirigeants dans le but de l'adapter au
contexte économique afin de satisfaire pleinement les membres. Il est
ainsi impératif d'effectuer des changements pour que la politique de
crédit puisse connaître une évolution favorable a la
satisfaction des populations.
III./ Analyse des risques dans les institutions de
micro-finance
III- 1./ Contexte d'évaluation du risque
L'importance des événements risques varie selon
leurs fréquences et impacts. La gestion des risques doit
déterminer la priorité avec laquelle une institution de
micro-finance attribue ses ressources à sa gestion. Si le risque est
considéré comme un problème au sein de
l'établissement ou non, cela dépend de son évaluation et
le seuil qui lui est attribué.
La bonne mise en oeuvre de ces procédures
d'évaluation des risques et leur pertinence doivent être
testées en permanence. Pour cela les institutions de micro-finance
développent des mécanismes de gestion du risque.
On peut citer trois mécanismes de gestion des
risques:
- contrôles internes
- audit interne
- audit externe
Le contrôle interne est le premier mécanisme de
gestion des risques et il est mis en oeuvre par tout le personnel de l'
institution de micro-finance. De plus, s'il est efficace il va permettre
d'identifier, de mesurer et d'atténuer les risques opérationnels.
Le contrôle interne est un outil mis en place et utilisés par les
dirigeants afin de contrôler les activités de l' institution de
micro-finance. Ce contrôle doit permettre d'atteindre les objectifs
fixés par l'institution en corrigeant les contradictions des
systèmes mis en oeuvre et en détectant les anomalies.
Le contrôle interne est composé de trois
types:
- contrôle de prévention : permet d'éviter
les incidents avant qu'ils ne se produisent,
- contrôle de détection : identifie les incidents
lorsqu'ils surviennent c'est à dire après qu'ils se
sont produits,
- contrôles de correction : mesures correctives prises
afin de réparer les incidents et d'éviter
qu'ils ne se reproduisent.
Un audit externe est un examen formel et indépendant
des états financiers et opérationnels d'une structure, il
effectue par un organisme extérieur à l'institution. Il donne de
la crédibilité aux états financiers, garantie une
transparence de l'utilisation des fonds vis à vis des bailleurs. Il
permet également d'identifier les faiblesses dans les systèmes de
contrôles internes.
Les audits ne donnent pas toujours les résultats
escomptés en matière d'aide aux organismes.
Ceci est dû au fait que ces audits proviennent
d'exigences extérieures à l'institution, comme celles des
bailleurs et des investisseurs. Ils sont ainsi perçus comme ayant peu de
valeur.
L'audit interne et externe ont pour but de produire des
rapports dont leur objectif est que les institutions de micro-finance, et plus
particulièrement les dirigeants, prennent des mesures correctives afin
d'atténuer les risques repérés.
Les provisions pour créances douteuses sont une notion
très importante pour une institution de micro-finance.
Un provisionnement bien adapté donne une bonne
indication sur la capacité de l' institution de micro-finance à
gérer les impayés qui sont le risque principal de son
activité.
Il est important que la politique de provisionnement soit
reliée à la fois à l'historique des pertes et à la
situation actuelle du portefeuille de crédit et notamment au
Portefeuille à Risque (PàR). En d'autres termes il est
nécessaire d'ajuster les provisions à l'état du
portefeuille.
Ainsi, le provisionnement doit se fonder sur les pertes des
dernières années et sur l'encours moyen de l'année. Dans
le cas où l' institution de micro-finance n'a pas de politique
d'abandon de créance, il faut alors relier le pourcentage de
provisionnement à la part des crédits qui se sont
avérés irrécouvrables.
Certaines institutions de micro-finance ne gardant pas
l'historique de leur activité, ils peuvent faire une estimation du
provisionnement à partir du taux de recouvrement dont la
définition est la suivante: (Montant recouvré sur une
période) / (Montant décaissé sur cette même
période).
On trouve dans certaines institutions de micro-finance
manquent de politique d'abandon de créance. Ceci est dû au fait
que les institutions de micro-finance ont le sentiment que reconnaître
un crédit comme étant une créance douteuse peut signifier
vis à vis des agents de crédit et des emprunteurs que
l'institution ne se soucie plus du remboursement de ce prêt. Les
conséquences de cette absence de politique sont une baisse de la
qualité de portefeuille et une surestimation des produits et des actifs
de l'institution.
Certaines institutions de micro-finance ont
développé une politique d'épargne obligatoire ou
volontaire, c'est à dire une épargne sans prêt.
L'épargne peut malheureusement poser des problèmes de
sécurité et de gestion mettant en difficulté à la
fois les épargnants et les institutions de micro-finance. Pour palier
à ces risques, les réglementations locales imposent
généralement une agrégation aux institutions de
micro-finance. Ces agrégations sont des systèmes conformes aux
normes comptables.
La pratique de l'épargne fait apparaître de
nouveaux risques pour l' institution de micro-finance. Le risque le plus
important est le risque d'illiquidité qui empêche des
décaissements immédiats. La gestion des disponibilités est
donc très importante au sein d'un institution de micro-finance
pratiquant l'épargne.
Les impayés sont le problème central des
institutions de micro-finance s c'est en effet à cause d'impayés
qu'un institut peut être amené rapidement à ne plus
maîtriser la situation. C'est pourquoi il faut faire attention à
ses causes, dont principalement les rééchelonnements. Voici
quelques principes énoncés par le CGAP:
- Le rééchelonnement et le refinancement ne sont
pas recommandés.
- Lorsqu'ils sont utilisés pour réduire les
impayés, ils peuvent avoir des effets désastreux sur le
portefeuille.
- Une fois que les clients ont l'option de
rééchelonnement, ils ont tendance à arrêter les
paiements.
- Le rééchelonnement et le refinancement sont
des mesures qui cachent un problème, ils ne le
résolvent pas : quelles que soient les mesures
employées pour les cacher, ces prêts sont
toujours en impayés avec tous les coûts
associés.
- En se cachant le problème en tant que dirigeant vous
risquez de vous retrouver avec un
problème d'impayés encore plus
sérieux.
Les emprunteurs ont un comportement de remboursement rationnel
basé sur un calcul d'avantages et de coûts. Les institutions de
micro-finance doivent créer plus d'incitations au remboursement des
prêts, et réduire les inconvénients qui y sont
associés.
Les institutions de micro-finance doivent lier le
contrôle interne à la gestion des risques. Par le passé, la
plupart des organisations considéraient le contrôle interne comme
une composante annexe, distincte des opérations, et le confondaient
souvent avec l'audit interne. Les dirigeants voyaient dans le contrôle
interne un outil servant à détecter les erreurs et les cas de
fraude après leur réalisation, plutôt qu'un outil
permettant d'anticiper les problèmes potentiels et de prévenir
les pertes financières de manière proactive [6].
Le cadre de gestion des risques présente une nouvelle
approche du contrôle interne, supérieure car
intégrée à tous les niveaux de l'institution. Le processus
itératif de gestion des risques implique le conseil d'administration et
les dirigeants dans le processus d'identification et d'évaluation des
risques, ainsi que dans l'élaboration de politiques, procédures
et systèmes opérationnels sains. Ensuite, les mécanismes
de contrôle interne testent et évaluent la capacité de l'
institution de micro-finance à réduire le risque. La mise en
oeuvre et l'amélioration de ces politiques, procédures et
systèmes impliquent le personnel opérationnel dans le processus
de contrôle interne, ce qui permet à l'institution d'avoir un
retour sur sa capacité de gestion des risques sans nuire au service
client ni causer de difficultés opérationnelles. Le conseil
d'administration et la direction sont informés des résultats de
l'évaluation et y répondent comme il se doit, poursuivant ainsi
le processus continu d'évaluation des risques et de mise en oeuvre des
contrôles.
Pour remplir leur double mission de pérennisation et
d'aide aux populations à faibles revenus, les institutions de
micro-finance doivent être doter d'un cadre d'évaluation des
risques qui comporte deux composantes majeures :
- La viabilité financière
- Le développement institutionnel
Une norme d'évaluation des risques d'une institution
financière traite seulement du premier point. Pour évaluer le
diagnostic financier d'une banque ou d'une institution financière, il
est nécessaire de prendre en compte la gestion des actifs et passifs, en
intégrant le risque sur crédit ainsi que les risques
opérationnels comme la fraude et l'inefficacité.
L'évaluation des risques en micro-finance
nécessite également la prise en compte des perspectives de
développement institutionnel. Comme les institutions de micro-finance
se soustraient de plus en plus de la dépendance vis-à-vis des
bailleurs de fonds au profit d'une autonomie financière durable ; une
vision claire, des systèmes de gouvernance fiables et efficaces, et un
personnel compétent deviennent des déterminants cruciaux pour une
meilleure gestion des risques.
Ce cadre cohérent d'évaluation de risques des
institutions de micro-finance présente une analyse objective des
problématiques de développement institutionnel et de
viabilité financière, en distinguant quatre types de risques
à savoir : risques institutionnels, risques opérationnels,
risques de gestion financière et risques externes (Cf. Figure 2)
[12][13].
Risques institutionnels
Mission Sociale
Mission Commerciale
Dépendance
Risques opérationnels
Crédit
Humains
Technologiques
Juridiques
Gouvernace
Métiers
Risques Gestion Financière
Taux
Change
Intégrité système
Inefficience
Risques externes
Réglementation
Concurrence
Démographie
Environnement physique
Macroéconomie
Figure n° 2 : Les différents risques
en micro-finance
Cet outil constitue, finalement, un outil évolutif
flexible d'évaluation de la vulnérabilité globale de
l'organisation des institutions de micro-finance.
III- 2./ Les différents risques dans les
institutions de micro-finance
Les institutions de micro-finance doivent identifier les causes
des risques, car ces causes doivent être abordées. Un
symptôme peut avoir plusieurs cas dont chacun peut avoir une cause
différente. Chaque cause appelle une stratégie différente
pour l'atténuer. Par exemple, fortifier les procédures de
recouvrement des impayés ne réduira pas le risque d'une baisse de
prix dans une industrie où l' institution de micro-finance a fait des
investissements trop importants.
III- 2- a./ Risques internes
1./ Risques institutionnels
1.a/ Risque sur la mission sociale
S'il est admis que toutes les institutions de micro-finance
n'ont pas les mêmes déclarations de mission, on reconnaît
cependant qu'elles ont en commun une mission sociale. Leur mission sociale est
de fournir des services financiers abordables à un nombre important de
personnes à faibles revenus afin de les aider à améliorer
leurs conditions de vie. La mission sociale des institutions de micro-finance
les expose à des risques importants si les groupes cibles ou les parts
respectives de clientèle ne sont pas bien définis, et si des
mécanismes de suivi ne sont pas mis en place pour assurer une meilleure
adéquation des services financiers fournis aux besoins réels de
leur clientèle actuelle et potentielle.
1.b/ Risque sur la mission commerciale
La mission commerciale des institutions de micro-finance est
de fournir des services financiers de manière à permettre
à l'organisation de se pérenniser et de devenir autosuffisante.
Les institutions de micro-finance seront exposées au risque commercial
si leurs taux d'intérêt ne sont pas assez élevés
pour couvrir leurs charges et si elles ne sont pas gérées
efficacement comme une entreprise commerciale.
Il existe des fois un conflit entre la mission sociale et la
mission commerciale. Par exemple, si on offrait des crédits assez
importants, la durabilité peut être facilement affectée.
Or, il se pourrait que la raison d'être de la mission sociale, qui est de
fournir des services financiers à la couche de population à
faible revenu et difficile à atteindre, qui demande le plus souvent de
petits crédits, soit affaiblie. Le défi pour la micro-finance est
de réaliser, en permanence, l'équilibre entre les missions
sociale et commerciale pour atteindre son but final.
1.c/ Risque sur la dépendance
Le risque de dépendance est semblable à celui du
risque de la mission commerciale. Les institutions de micro-finance qui sont
soutenues par des organisations internationales comme CARE, sont les plus
affectées, surtout en ce qui concerne les activités de
micro-finance qui sont gérées comme un projet et qui ne sont pas
des institutions indépendantes. Ces institutions de micro-finance sont
vulnérables à la dépendance par le soutien des
organisations internationales. Bien que ce soutien paraisse avantageux au
début, il pourrait affaiblir davantage les efforts vers une institution
indépendante à long terme.
2./ Risques opérationnels
Le risque opérationnel est la
vulnérabilité à laquelle est confrontée l'
institution de micro-finance dans sa gestion quotidienne ainsi que la
qualité de son portefeuille (risque de crédit), le risque de
fraude et le vol (risque de sécurité).
2.a/ Risque de crédit ou de contrepartie
Comme pour toutes les institutions financières, le plus
grand risque en matière de micro-finance est d'octroyer un crédit
et ne pas se le faire rembourser. Le risque de crédit est une
préoccupation particulière dans les institutions de micro-finance
dans la mesure où la plupart des micros crédits ne sont pas
garantis. (C'est à dire qu'ils ne sont soumis à aucune garantie
formelle, classique ou bancaire).
C'est le risque correspondant au non remboursement par
l'emprunteur de la totalité de son emprunt. Nous pouvons souligner que
ce problème de non remboursement peut apparaître très
rapidement. Ainsi, il est nécessaire d'avoir un système de
gestion et de contrôle dédié aux remboursements.
Les institutions de micro-finance sont rarement
exposées au risque de concentration du crédit que l'on trouve
dans les banques commerciales. Étant donné le grand nombre de
petits crédits caractérisant les institutions de micro-finance,
les crédits à un même client ou à des emprunteurs
proches représentent rarement un pourcentage dangereux de l'encours ou
du capital. Cependant certaines institutions de micro-finance rencontrent des
problèmes lorsqu'elles octroient des crédits plus importants pour
lesquels leur méthodologie de crédit est inadaptée.
Pour déterminer la vulnérabilité d'une
institution au risque de crédit, on doit revoir les politiques et les
procédures à chaque niveau dans les processus d'octroi de
crédit pour déterminer si les risques de défaillance et de
pertes sur créances sont réduits à un niveau suffisamment
raisonnable. Ces politiques et procédures comprennent les
critères d'éligibilité, le processus d'étude des
dossiers de prêts et les niveaux d'approbation, le dispositif de garantie
ou exigences de sécurité ainsi que les systèmes ou
mécanismes de « la carotte et du bâton » utilisés
pour la motivation du personnel et des emprunteurs défaillants. En plus
il va falloir analyser si les procédures et les politiques sont bien
fondées et savoir si elles sont appliquées. Les meilleures
politiques dans le monde n'ont pas de sens si le personnel n'est
pas bien formé pour les exécuter ou s'il choisit
de ne pas les suivre.
Pour gérer ce risque, il est important de surveiller
les impayés et les créances irrécouvrables.
Les impayés sont définis comme étant les
crédits présentant un retard de remboursement. Les
créances irrécouvrables sont des sommes qui ne sont pas
remboursées par l'emprunteur et dont l'institution n'a plus d'espoir
d'en percevoir le remboursement. Dans le cas où l'institution peut faire
jouer une garantie, ce montant peut être différent du montant
irrécouvrable. Ce dernier sera passé en perte mais cela ne veut
pas dire que l' institution de micro-finance va cesser d'essayer d'obtenir le
remboursement.
Il apparaît alors différents coûts
financiers qui ont pour objectif de gérer ces impayés. Nous
pouvons en retenir deux importants:
- les provisions pour créances douteuses qui vont avoir
comme effet de diminuer les bénéfices
- les abandons de créances impliquent une
décapitalisation du portefeuille, ce qui entraîne une
diminution des prêts octroyés
Il est important de souligner que le taux de remboursement
n'est pas une mesure de la qualité du portefeuille. En effet, les
crédits ré-échelonnés sont comptabilisés
dans le taux de remboursement, puisqu'à ce moment l' institution de
micro-finance ne les considère pas comme perdus, ce qui va l'augmenter.
Il est important d'analyser ce taux avec d'autres ratios de mesure de
qualité du portefeuille comme le Portefeuille à Risque.
Pour une prévention plus efficace des risques
d'impayés l' institution de micro-finance doit :
- Comprendre les causes du problème entraînant ce
non remboursement.
- Sélectionner et bien informer les emprunteurs
- Adapter au mieux les montants et les conditions de
remboursement pour chaque emprunteur
- Mettre en place des incitations au remboursement
2.b/ Risques humains
N'importe quelle organisation qui gère une importante
somme d'argent est extrêmement vulnérable à la fraude.
Cette vulnérabilité est souvent prédominante dans les
milieux économiquement démunis. La vulnérabilité
à la fraude est particulièrement plus grande dans des contextes
où l'argent change de mains. Cette vulnérabilité est
encore plus critique dans des institutions de micro-finance qui disposent d'un
Système d'Information de Gestion (SIG) peu fiable ou peu
cohérent, des politiques et procédures non clairement
définies, un taux élevé de renouvellement du personnel
technique, ou encore si l' institution de micro-finance atteint
précocement un fort taux de croissance.
Une mauvaise séparation des tâches (par exemple
entre décaissement et enregistrement), des contrôles internes
faibles, des agences géographiquement dispersées, et des
processus d'approbation décentralisés sont autant de facteurs
favorisant la fraude. Les auditeurs externes doivent s'assurer que leurs
clients comprennent bien que, même si le processus normal des
activités d'audit peut permettre d'identifier certains cas de fraude, la
détection de la fraude ne constitue pas l'objectif premier de l'audit.
Par exemple, les institutions de micro-finance constatent souvent
que :
- les remboursements de crédits sont
détournés avant d'avoir été enregistrés ;
- un agent de crédit crée des groupes ou des
emprunteurs fictifs et effectue des décaissements
à leur nom ;
- le prêt octroyé est effectif mais une partie du
montant décaissé revient à l'agent de crédit
sous
forme de pot de vin ;
- les prêts sont délivrés à des amis
ou à la famille des employés de l'institution.
La gestion des dépôts d'épargne,
particulièrement des épargnes libres augmente la
vulnérabilité dans la mesure où toute défaillance
dans la détection de fraude interne pourrait conduire à la perte
d'actifs liquide circulant de la clientèle, et à la rapide
détérioration de la notoriété de l'institution. En
cas de détection de fraude interne, il est crucial de circonscrire et de
résoudre le plus tôt possible le problème à la
source, en prenant les mesures et sanctions subséquentes en direction du
personnel concerné avant qu'il ne soit trop tard. Les institutions de
micro-finance qui manipulent l'argent sont grandement exposées aux
vols. Ce constat se justifie par le fait que les institutions de micro-finance
opèrent souvent dans des contextes ou zones où, du fait de la
pauvreté dominante, sont des sites à hauts risques de
criminalité, où la tentation est tout au moins très forte.
Par exemple dans des Agences à fort volume de transactions, le montant
total de remboursements quotidiens collectés pourrait aisément
excéder le revenu moyen annuel des ménages dans une
communauté donnée.
2.c/ Risques technologiques
Ce sont des risques physiques ou logiques liés au
système d'informations et au support informatique. Les principaux
risques observés sont : l'inadaptation de l'architecture
informatique, l'indisponibilité du système,
fonctionnalités non sécurisées et réseau mal
sécurisé.
2.d/ Risques juridiques
Il s'agit des risques liés à l'insuffisance dans
la formulation des contrats de prêts entre l' institution de
micro-finance et ses clients. Des clauses contractuelles insuffisantes pour
protéger les intérêts peuvent générer des
préjudices à l'institution de micro-finance.
2.e/ Risques métiers
Ce sont les risques qui s'attachent à la
cohérence dans la gestion des projets et la gestion des changements,
à l'intégrité physique des biens et des valeurs, aux
manquements sur le plan commercial dûs à des procédures pas
adaptées ou incohérentes ou non prise en compte dans les
procédures de normes réglementaires, à la mauvaise gestion
de l'information et des ressources humaines, à l'absence d'un
schéma de contrôle pour détecter ou anticiper les
problèmes.
2.e/ Risques de gouvernance
Le risque inhérent à la gouvernance se
présente lorsque les propriétaires et les directeurs d'
institutions de micro-finance ne possèdent pas les compétences
nécessaires pour assurer une surveillance adéquate de
l'entreprise. Ceci peut constituer un problème en raison de la nature
des institutions et des personnes qui détiennent ou administrent
habituellement une institution de micro-finance. Les directeurs d'une
organisation à but non lucratif n'ont pas toujours les
compétences et l'expérience nécessaires pour gérer
une institution financière. Structures d'organisation et de
propriété: Dans certaines institutions de micro-financement, les
accords d'organisation et de propriété impliquant les
organisations non-gouvernementales ou les institutions publiques qui ont
joué un rôle dans l'établissement d'une nouvelle
institution de micro-finance réglementée, ne sont pas toujours
clairs.
3./ Risques de gestion financière
3.a/ Risque de taux d'intérêt
Ce sont les pertes pouvant être enregistrées sur
la variation des taux d'intérêt. Les risques se présentent
lorsque les références de taux sont différents pour une
créance et une dette associée. Il pose un problème de
gestion des actifs et passifs selon leur degré de maturité et de
transformation des actifs, pouvant entraîner un risque de refinancement
lorsque l'institution détient des actifs de long terme alors que les
passifs sont de court et moyen termes, ou inversement à un risque de
ré-investissement.
3.b/ Risques de change
Ce risque est lié aux pertes qui surviennent du fait
d'un changement de la parité de la monnaie. Les institutions de
micro-finance sont plus vulnérables au risque de change
si elles doivent rembourser de l'argent emprunté en devises
étrangères pendant que le refinancement du prêt a
été fait en monnaie locale ; les revenus d'intérêts
générés localement étant généralement
maigres pour couvrir les charges financières y compris la perte de
change.
3.c/ Risques d'inefficience
L'efficience reste l'un des plus importants défis pour
les institutions de micro-finance. Elle
traduit la capacité de l'organisation à
minimiser les coûts marginaux d'exploitation/production, et dépend
subséquemment de la maîtrise des coûts et du seuil de
rentabilité. Les institutions de micro-finance très peu
efficientes gaspillent des ressources et fournissent irrésistiblement
des services et produits peu performants aux clients avec des taux
d'intérêt et coûts d'opérations exorbitants.
3.d/ Risques sur l'intégrité du
système d'informations
L'intégrité du système de gestion
comptable et le dispositif de gestion du portefeuille de crédit est un
risque non négligeable. L'évaluation de ce risque suppose la
vérification permanente de la qualité de l'information fournie au
système, un mécanisme de contrôle garantissant un
traitement correct de l'information entrant dans le système, et un
dispositif assurant la production périodique de rapports utiles, ou base
de données pertinentes pour les rapports d'activités de l'
institution de micro-finance.
4./ Risques externes
Une institution de micro finance peut disposer d'un personnel
et d'un système de gestion et de contrôle très performant,
mais elle pourrait cependant être confrontée à
d'énormes problèmes provenant de son environnement. Les risques
externes échappent le plus souvent au contrôle interne de l'
institution de micro-finance concernée, cependant il est
nécessaire que ces risques soient perçus comme des défis
auxquels l' institution de micro-finance doit faire face au risque
d'être exposée à de faibles performances.
4.a/ Risques sur la réglementation
Les dispositions réglementaires pouvant créer
une vulnérabilité au sein d'une institution de micro-finance sont
le code de travail, la loi sur l'usure, la déréglementation et
les interférences politiques.
4.b/ Risques sur concurrence
Les risques de concurrence proviennent notamment de la
méconnaissance des services et des
concurrents afin de bien définir son propre plan
marketing en terme de produits ou services, de prix, de concurrence et de part
de marché. Cibler ses propres services, fixer ses prix et vendre ses
prestations. Le risque de la concurrence peut s'aggraver si les institutions de
micro-finance en présence n'ont pas un système d'information et
de référence sur les dossiers de crédits en instances et
les performances antérieures des candidats aux prêts au sein
d'autres institutions de crédit.
4.c/ Risques sur démographie
Puisque la plupart des institutions de micro-finance cible
des individus à revenus faibles, les directeurs des institutions de
micro-finance doivent savoir que la vulnérabilité de
l'institution augmente selon les caractéristiques du marché. En
évaluant les risques démographiques, à savoir les taux de
morbidité et de mortalité, le taux de scolarisation, le
passé entreprenarial, la mobilité de la population, la
cohésion sociale au sein des communautés, les expériences
des programmes de crédit antérieurs, la rigueur locale à
l'égard de la corruption.
4.d/ Risques sur l'environnement physique
Certaines localités sont astreintes à des
calamités naturelles (inondations, cyclones ou sécheresse) qui
affectent les ménages, les entreprises, les flux de revenus et la
prestation de services de micro-finance. En plus, l'infrastructure physique -
telle que le transport, la communication et la disponibilité des
infrastructures bancaire dans la localité de l' institution de
micro-finance - peut l'exposer à une vulnérabilité
accrue.
4.e/ Risques sur macroéconomie
Les institutions de micro-finance sont particulièrement
vulnérables aux changements macroéconomiques comme la
dévaluation et l'inflation. Ce risque a deux facettes :
l'influence directe de ces facteurs sur l' institution de micro-finance et
l'influence directe de ces facteurs sur les clients de l' institution de
micro-finance, leurs affaires et leur capacité de remboursement de
prêts.
III- 3./ Avantages de la gestion du risque
En faisant le parcours sur les risques étudiés, on
voit que les politiques de gestion des risques ont des avantages non
négligeables tels que :
§ sécurité des déposants
§ transparence des opérations
§ suivi et localisation des responsabilités
§ meilleures conditions d'activité des
institutions de micro-finance s
§ capacité de refinancement
§ poursuite de mauvais payeurs
§ meilleure connaissance des risques des emprunteurs
§ respect des normes prudentielles
§ existence d'un contrôle interne et externe
§ réduction au niveau des détournements de
fonds et d'objectifs
§ bonne distribution du crédit favorisant une
bonne qualité du portefeuille
§ amélioration de la gestion financière
§ disponibilité de l'information avec la mise en
place de base de données et d'un système de sauvegarde des
données
III- 4./ Les faiblesses dans la gestion du risque
Les faiblesses dans la gestion du risque peuvent être
liés aux coûts élevés pour certains types de risques
et la prise en charge de certains risques externes.
Parmi les coûts liés à la gestion du risque,
on peut citer :
- sensibilisation des populations cibles pour booster
l'adhésion et pour la mobilisation de l'épargne.
- Recouvrement des impayés
- Formation du personnel
- Sécurité informatique, des opérations
et des biens
Dans la gestion des risques d'impayés, on peut trouver
des facteurs incontrôlables tels que des catastrophes naturelles
(tremblements de terre, incendies, inondations, sécheresse
entraînant des ravages dans l'économie et dans les
activités des micro entrepreneurs), les changements de politique
gouvernementale (mesures à l'encontre des vendeurs de rue, nouvelle
taxe, etc..), les crises individuelles (une maladie ou un
décès qui plonge la famille dans une situation économique
très difficile), une situation économique locale, nationale et
mondiale ( même les petits commerçants sont souvent
dépendants de produits importés).
IV./ Etudes de cas - PAMECAS
Le PAMECAS ( PArtenariat pour la Mobilisation de l'Epargne et le
Crédit Au Sénégal) est une institution de micro-finance
crée en 1995. Elle est composée de 36 caisse de base ( 27
à Dakar, 3 à Thiès, 3 à Louga et 3 à Saint
Louis).
Le réseau PAMECAS a une politique de crédit qui
comprend un certains nombre de pratiques qui sont :
- La mise en place du crédit qui doit être
précédé par une entrevue. Cette entrevue est la base de
toute demande d'emprunt autant pour un salarié que pour un entrepreneur.
A la suite l'entrevue, il y a la validation des informations qui consiste
à vérifier l'exactitude de l'information collectée lors de
l'entrevue. La visite de l'entreprise est une étape doit s'assurer que
les informations recueillies sont basées sur la réalité.
Après tout cela, il faut examiner les actifs de l'entreprise. L'analyste
de crédit fait son analyse financière et
dégage les caractéristiques susceptibles d'influencer
sa décision de crédit. Le dossier est présenté au
comité de crédit avec toutes les informations de façon
simplifiée.
- Le suivi du dossier de crédit s'effectue lorsque le
prêt a été autorisé, les garanties mises en place et
les sommes déjà versées. Il se fait en quatre
étapes :
ü La
vérification du respect des termes et conditions ;
ü
L'évolution générale de l'entreprise (santé
financière) ;
ü
L'évolution de la garantie, tant sur le plan monétaire que
qualitatif;
ü
L'évolution de la situation économique générale,
locale, régionale et du contexte économique touchant le secteur
d'activité de l'entreprise.
- La gestion des impayés consiste à
prévenir les risques de non paiement ; pour cela, le PAMECAS a mis
en place quelques éléments clés :
ï
Comprendre les causes du problème avant de rechercher des solutions
ï
Prévenir vaut mieux que guérir
ï Image
et philosophie du programme
ï
Méthodologie
ï
Sélection des emprunteurs
ï
Montant et conditions des crédits
ï
Incitations
ï
Systèmes d'information (données fiables, précises et
à jour)
ï
Niveau de détail adapté à l'utilisateur (CA, direction,
agents de terrain)
ï
Diffusion pertinente et rapide
ï
Rentabilité en termes de coûts
Le processus de recouvrement diminue les risques de
mauvaises créances auxquels une institution de micro-finance peut
être confrontée.
Les pertes sur prêts constituant un risque
majeur quant à la pérennisation d'un réseau en ce
sens, qu'elles affectent sa rentabilité. Il
importe, de les réduire au maximum, à défaut de pouvoir
atteindre le niveau zéro.
La direction de la surveillance financière,
composée de trois services ( contrôle interne, inspection et
vérification, sécurité informatique) , a en charge la
gestion des risques de l'institution.
Dans le réseau PAMECAS, nous avons à travers la
cartographie des risques, identifié trois catégories de risques
qui sont :
- Risques institutionnels
- Risques opérationnels
- Risques sur la gestion financière
a ./ Risques institutionnels
A cause de sa mission sociale et commerciale, le PAMECAS affecte
5% des résultats au volet social et c'est pour cette raison que les
caisses ont crée une fondation. Entre 2004-2005, 300 millions ont
été collectés et répartis ainsi : 40% à
la santé, 30% à l'éducation, 10% au fonctionnement et 20%
divers.
Le risque concurrentiel n'est pas géré par
l'institution mais l'association des institutions de micro-finance est entrain
de vouloir mettre en place une centrale des risques.
b ./ Risques opérationnels
Parmi les risques opérationnels, on peut citer les risques
de crédit, les risques humains, les risques informatiques, risques de
gouvernance et les risques liés au patrimoine.
- Risques de crédit
Le risque de crédit est un des risques à lequel les
institutions de micro-finance sont exposés. On peut trouver le risque de
détournement du crédit et le risque de la santé du
portefeuille.
Pour ce prémunir du risque de crédit, le PAMECAS
commence par la sensibilisation qui est une anticipation à la gestion du
risque de non paiement. L'aspect psychologique sur le client et l'affichage de
photos peuvent réduire les risques de non remboursement.
Le PAMECAS a un manuel de contrôle interne qui indique que
c'est l'agent de crédit qui fait des recommandations et le dossier est
vérifié par le directeur de caisse et enfin le crédit est
accordé par le comité de crédit.
Pour les dossiers dont les montants supérieurs à 50
millions ( très risqués) , le centre financier aux entreprises (
CFE) s'en charge et cela pour mieux gérer les risques. En 2005, le taux
d'impayés était de 8% mais les caisses ne peuvent pas
prêter au niveau CFE ( encours CFE) plus de 40% de l'encours de
crédit.
Une autre façon de prévenir les risques de
crédit est le calcul des rations sur le portefeuille ( PAR). En
calculant le PAR30 qui est égal à aux impayés de plus de
30 jours sur le portefeuille de crédit, le rapport doit être
inférieur ou égal à 3,5%. Dans le cas où le PAR30
est supérieur à 3,5%, le crédit est arrêté et
il faut passer au recouvrement.
- Risques humains
Les risques humains concernent en général les
transactions aux guichets. La plupart des fraudes proviennent de ces risques.
Pour éviter une fraude au niveau du processus d'octroi de crédit,
l'analyste de crédit qui monte le dossier ne doit pas
débourser.
- Risques informatiques
Le risque informatique est bien pris en charge par le
réseau PAMECAS. Pour se prémunir contre ce risque, le
contrôle interne en collaboration avec la cellule informatique est
chargé d'assurer :
- l'intégrité et la fiabilité du
système d'informations
- création et maintenance d'une série
d'habilitation par rapport au cycle opérationnel
- la disponibilité de l'information ( système de
sauvegarde)
- sécurité du réseau informatique
- Risques de gouvernance
C'est quand il y a une incompatibilité de vision entre le
conseil d'administration et les techniciens. Ce risque qui est difficile
à gérer pourra être réglé par la nouvelle
réglementation que la BCEAO est entrain de mettre en place.
- Risques liés au patrimoine
Le risques liés au patrimoine sont les pertes liées
à la détérioration anticipée des immobilisations
due à des éléments internes ou externes au système,
et au vol. Pour y remédier, le PAMECAS fait respecter les normes
éditées par la réglementation interne, souscrit des
assurances pour les bâtiments et l'argent qui se trouve dans les caisses,
crée un système d'alarme anti-intrusion et un système de
surveillance à distance.
c./ Risques sur la gestion
financière
Ce risque est géré en respectant les
sept (7) ratios de la loi PARMEC qui sont [8] :
- Ratio de limitation des opérations autres que
les activités d'épargne et de crédit. L'autorisation du
risque de tutelle (économie et finances) est requise, lorsque les sommes
engagées au titre des
opérations autres que l'épargne et le
crédit atteignent 5% des risques de la mutuelle. - La
réserve générale est alimentée par un
prélèvement annuel de 15% sur les excédents nets avant
ristourne de chaque exercice, après imputation éventuelle de tout
report à nouveau déficitaire. - Limitation des risques
portés par une mutuelle. Les risques portés par une mutuelle, ne
peuvent excéder le double des dépôts de l'ensemble de ses
membres
- Couverture des emplois moyens et longs par des stables.
- Limitations des prêts aux dirigeants. L'encours total des
prêts aux dirigeants ne peut excéder 20% des dépôts
de la mutuelle. - Limitation des risques pris sur un seul membre. Une
mutuelle ne peut prendre, sur un seul membre, des risques pour un montant
excédant 10% de ses dépôts. - Norme de
liquidité. L'ensemble des valeurs disponibles, réalisables et
mobilisables à court terme d'une mutuelle doit représenter en
permanence, au moins 80% de l'ensemble de son passif exigible et de l'encours
de ses engagements par signature.
Ces ratios prudentiels sont respectés par le
réseau PAMECAS.
En conclusion sur la gestion des risques au niveau du
réseau PAMECAS, on peut dire que tous les risques ne sont pas pris en
charge et surtout certains risques externes.
Le risque juridique n'est pas très développé
au sein de PAMECAS car ce type de risque est géré au début
du processus d'octroi de crédit (le client donne des informations qui
sont validées par l'agent de crédit).
V./ Propositions
A travers les faiblesses répertoriées dans la
gestion des risques, nous apportons les propositions suivantes :
Au niveau de la gestion des risques institutionnels et dans
son volet social, les institutions de micro-finance peuvent faire recours
à la main d'oeuvre bénévole ou à des partenaires
sociaux qui pourront prendre en charge les coûts liés à
cette activité.
Au niveau des risques opérationnels, nous proposons la
création d'une centrale des risques à cause de l'imperfection des
marchés de l'information sur les emprunteurs et des coûts
liés à la gestion des risques opérationnels.
On peut mettre en place des centrales de
risques :
Les centrales de risques publiques: ce
sont des structures liées à la Banque Centrale ;
l'adhésion y est obligatoire pour les institutions financières
formelles ; elles recueillent essentiellement une information négative,
relativement standardisée à l'usage des tutelles ; les
institutions de micro-finance y participent peu.
Dans ce type de centrales, le volet gestion des risques lies a
l'informatique et a la sécurité des biens ne sera pas
intégré.
Les Centrales privées : ce sont des entreprises
privées, auxquelles les institutions financières adhèrent
volontairement; l'accès à l'information est payant; l'information
est davantage ciblée sur les besoins des participants; ces centrales
proposent le plus souvent une gamme élargie de services comprenant la
gestion de bases de données, la gestion de portefeuille, le scoring, ...
La mise en place d'un tel dispositif doit remplir les
conditions suivantes :
- Le pays doit disposer d'un système d'identification
national des individus : tous les individus majeurs
sont identifiés par un numéro unique et
personnel
- Les centrales privées doivent pouvoir opérer
légalement et être en concurrence, moyennant la mise en
place d'une réglementation de leurs activités
par les tutelles (agrément, contrôle, sanction, ...); ce
choix implique que le système judiciaire national
fonctionne.
- Un système efficace de protection de la vie
privée des clients doit être mis en place ; les principes
d'un tel système sont définis par la
constitution et par la loi.
Mutualisation et intégration des
systèmes d'informations.
Au sein de la centrale des risques, nous proposons la
mutualisation des risques informatiques et certains risques humains tels que
les fraudes, pertes d'informations.
On peut schématiser le dispositif de centralisation des
systèmes ( figure 3).
Progiciel de gestion intégré
SERVEUR SAUVEGARDE
SERVEUR de DONNEES
IMF1
IMF2
IMF3
IMF4
IMF5
IMF6
IMF7
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Figure 3 : Système centralisé
des systèmes d'informations
Chaque institution de micro-finance gérera son propre parc
informatique qui sera relié au serveur central détenu par la
centrale des risques. Le logiciel de gestion sera unique pour toutes les
institutions de micro-finance et les charges de maintenance du réseau,
de la sécurité, de l'intégrité et de la
disponibilité des informations seront prises en charge par la centrale.
Les informaticiens à recruter seront moindres et le coût de
sécurisation des informations sera réduit. Une police d'assurance
suffira pour les serveurs de la centrale et ces équipements.
Avec cette architecture, il est possible de réduire les
coûts liés à la gestion des risques informatiques et par
d'autres risques tels que la concurrence, l'intégrité des
informations et la fiabilité. Ce système pourra permettre aux
institutions de micro-finance ne disposant pas de moins informatiques de
pouvoir gérer leurs risques à un coût moindre et permettre
leur pérennité.
Système de sécurité performant
et centralise
En ce qui concerne la sécurisation des biens, nous
proposons un système d'alarme centralisé au sein de la centrale.
Ce système recevra tous les signaux d'alarme provenant des
différentes mutuelles et l'acheminera vers les responsables
désignés et aux postes de police et de gendarmerie les plus
proches. Ce système consignera les différents systèmes
attaqués ( téléphones, fils électriques, portes
etc...)
On peut schématiser le système (figure 4
) :
Police ou gendarmerie la plus proche
Système d'alarme
centralisé
IMF1
IMF2
IMF3
IMF4
IMF5
IMF6
IMF7
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Figure 4 : Système centralisé de
sécurité
- Contrôle permanent
- Renforcement des capacités des dirigeants et une
bonne répartition des taches.
- Un système d'audit et de contrôle interne
efficace pour la prévention de certains risques.
Pour mener à bien ce projet, il doit y avoir quelques
conditions de base qui pourront garantir un fonctionnement
satisfaisant :
- une volonté réelle des institutions de
micro-finance de construire une telle démarche, que l'idée vienne
d'elles, même si elle peut être soutenue par des bailleurs de fonds
- quelques enjeux clairs et vitaux qui justifie un engagement
conséquent des institutions de micro-finance.
- une définition et une acceptation collective des
objectifs et des règles de fonctionnement par les institutions de
micro-finance membres
- un positionnement clair sur la centrale dont son objectif
d'être une structure de services, de capitalisation et d'échange.
- des moyens de financement : en général, il y
a toujours des bailleurs de fonds intéressés par cette
démarche et prêts à la financer ; il faut alors
réfléchir à leur utilisation optimale, à leur
articulation ; et se méfier des situations de trop plein de moyens qui
incitent à la convoitise, faussent les motivations, poussent à la
gabegie [7].
Cette proposition de création d'une centrale de risque a
néanmoins des faiblesses. L'un des problèmes majeurs est
cependant la difficulté de faire travailler ensemble des institutions de
micro-finance de nature différente. Les oppositions sont multiples :
grosses ou petites, mutualistes et autres, avec ou sans objectif de
pérennisation, institutions de micro-finance des pauvres ou institutions
de micro-finance des entreprises.
En fonction de leur objectif, de leur taille, de
leur degré de développement, de leur forme institutionnelle, les
institutions de micro-finance n'ont pas les mêmes problèmes, pas
les mêmes enjeux. Obtenir l'accès à des outils de
professionnalisation peut être vital pour une petite mutuelle
isolée, et ne sera pas un enjeu du tout pour une mutuelle
affiliée à un grand réseau et bénéficiant de
toutes ses prestations de services.
Conclusion
Ce travail de mémoire a permis de comprendre la gestion
des risques dans les institutions de micro-finance
A l' issue de la recherche que nous avons menée, nous
avons pu mieux comprendre les institutions de micro-finance dans leur volet
gestion des risques.
La gestion du risque demeure au coeur des
préoccupations des institutions de micro-finance, qu'elles soient
rurales ou urbaines. Or les réflexions à ce sujet sont
éparses, et les institutions de micro-finance ne disposent pas
forcément de moyens financiers et humains, ni d'un panel d'outils
techniques pour y faire face. Pour remédier à ce manque de moyens
et parvenir à bien gérer ces risques, nous avons proposé
une centrale des risques prenant en compte la clientèle, l'informatique
et la sécurité des biens.
Les outils de gestion des risques sont dynamiques et changent
à travers l'évolution des institutions de micro-finance dans la
boucle de retour sur l'information. La prolifération des institutions de
micro-finance engendre une forte demande débouchant sur une
recrudescence diversifiée des risques. La gestion du risque est un
facteur déterminant dans l'évolution et la
pérennité de l'institution. Elle est indispensable du fait
qu'elle permet d'atténuer ou de neutraliser leur apparition.
Comme perspectives, nous pouvons prévoir l'introduction
des institutions de le micro-finance dans le marché des capitaux qui
aura pour conséquences l'apparition de nouveaux types de risques.
Pour mettre en place un système de gestion de ces
risques, les autorités monétaires et financières seront
amenées à revoir le dispositif prudentiel sur les institutions de
micro-finance.
BILBILOGRAPHIES ET WEBOGRAPHIES
[1]
www.madamicrofinance.mg/
[2] Justine BERTHEAU Compte-rendu de la
conférence - débat du 7 octobre 2004 à L'ENA : «
Espoirs et limites de la micro-finance en Afrique »
[3] La redéfinition de la
micro-finance en tant que stratégie permettant d'atteindre les ODM : Le
Rapport de l'Année Internationale du Micro-crédit penche en
faveur d'un mouvement allant de la réduction de la pauvreté
à la création de richesses : Par Lauren Kesner, École
d'Affaires Internationales et publiques, Université de Columbia
[4] Chapitre 4 de la thèse de
Castillo, « Le micro-crédit, outil de financement pour les
micro-entreprises dans les pays en développement : le cas du
Pérou », Section 1
[5] Document élaboré à
partir du rapport du Groupe de Travail sur le Crédit Agricole et la
Micro-finance de la BAD
[6] Améliorer le contrôle interne*
Anita Campion, MicroFinance Network
[7] Betty Wampfler BIM
n° 118 - 8 mai 2001. Les cadres de concertation entre IMF.
[8]
www.bceao.int/
[9] Mr Samba DIA:Directeur Général
Adjoint PAMECAS-SENEGAL. « Organisation de la gestion
pratique du crédit : cas du PAMECAS »
[10] Abra Tinkoua. « Pratique de
la politique du crédit » . FUCEC - TOGO / SOLIDARITE
[11]
www.finances.gouv.sn
[12]
www.lamicrofinance.org/files/
[13] Craig Churchill et Dan Coster. «Manuel
de gestion des risques en microfinance». 2001
[14]
www.microfinancement.cirad.fr/fr/news/bim/bim-1999
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