La couverture médiatique d'une zone de conflit armé: Cas de la Radio Okapi en Ituri (RDC)( Télécharger le fichier original )par Jacques Yves MOLIMA Institut facultaire des sciences de l'information et de la communication - Graduat 2007 |
CHAPITRE PREMIER : LES DETERMINANTS DU CONFLIT EN ITURISECTION I : LA CARTOGRAPHIE DE L'ITURII.1 : LA PRESENTATION GEOGRAPHIQUE ET HISTORIQUEI.1.1. SITUATION GEOGRAPHIQUE Situé dans la province orientale, le district de l'Ituri longe la partie Nord-est de la République Démocratique du Congo. Il partage les frontières avec, au Nord, le district de haut Uélé et la République du Soudan, à l'Ouest avec le district de la tshopo, au sud avec la province du Nord Kivu et à l'Est, il partage une frontière de plus de 600 kilomètres avec la République de l'Ouganda. Avec une superficie de 65 659 km2, le district de l'Ituri représente 2,79% du territoire national et 13% de la superficie de la Province Orientale. Il est subdivisé en cinq territoires administratifs qui sont Aru, Djugu, Irumu, Mahagi et Mambasa, 45 Collectivités-Chefferies et Secteurs, 331 Groupements coutumiers et 4.084 Localités.9(*) I.1.2. BREF APERÇU DE CHAQUE TERRITOIRE. Chacun des territoires de l'Ituri présente une particularité de par son histoire, sa population et ses divisions en collectivités, secteurs et chefferies. Cependant, à ce stade d'étude, nous ne ferons juste qu'un aperçu sommaire de la situation de chaque territoire. Le but étant de ressortir les caractéristiques majeures de chaque groupement humain y vivant, susceptibles de nous fournir des explications quand à leur implication dans le conflit objet de notre étude. 1) LE TERRITOIRE D'ARU Situé au Nord-est du district, le territoire d'Aru a une superficie de 6. 740 km2. Il est limité au Nord par la République du soudan, à l'Ouest par le district de haut Uélé, au sud par le territoire de Mahagi et à l'Est par la République de l'Ouganda. Le territoire d'Aru compte huit collectivités, à savoir :
Les peuples les plus représentatifs de ce territoire sont les aluru. 2) LE TERRITOIRE DE DJUGU Un peu plus au centre du district, le territoire de Djugu a une superficie de 8,184 km2. Avec dix collectivités, ce territoire est caractérisé par l'enchevêtrement de la population Hema et Lendu et d'une cohabitation naturelle entre les deux peuples. Chaque collectivité se détermine par sa population. Ainsi donc nous distinguons :
Le territoire de Djugu partage ses frontières avec le district de haut Uélé au Nord, celui de Mambasa à l'Ouest, Irumu et le Lac Albert au sud et le territoire de Mahagi à l'Est. Comme on peut le remarquer sans peine, les deux peuples Lendu et Hema occupent certaines collectivités et parlent la même langue le Kilendu. Les Hema ayant perdu leur langue pour besoin de communication. 3) LE TERRITOIRE D'IRUMU Situé au Sud-est du district, le territoire d'Irumu est le plus important. Deuxième de par sa superficie qui est de 8, 730 km2 , le territoire d'Irumu a le privilège de porter en son sein la ville chef lieu du district de l'Ituri, la cité de Bunia. Il compte par ailleurs douze collectivités et se caractérise par la majorité des peuples hema. On distingue les collectivités de :
4) LE TERRITOIRE DE MAHAGI Le territoire de Mahagi est le plus petit de par sa superficie qui est de 5, 5221 km2, il partage la plus grande partie de son territoire avec l'Ouganda à l'Est. Au nord, il est limité par le territoire d'Aru et le district de haut Uélé. A l'Ouest et au sud limité par le territoire d'Irumu et le Sud-est donne sur le lac Albert. Ex aequo avec Aru, le territoire compte huit collectivités :
Contrairement aux autres territoires, à l'instar de celui d'Irumu où les Hema sont majoritaire et celui de Djugu où la prédominance Lendu est visible, les deux peuples les plus influant de l'Ituri, le territoire de Mahagi reste cependant dominé par les Alur, lequel peuple venu de l'Ouganda est situé, nous en parlerons un peu plus tard, à cheval sur la frontière Congolo-Ougandaise. 5) LE TERRITOIRE DE MAMBASA Le plus vaste territoire de l'Ituri, Mambasa a une superficie de 36. 783 km2, il partage la frontière avec le district de haut Uélé au Nord, Tshopo à l'Ouest et les territoires d'Irumu et Djugu à l'Est ainsi que la province du Nord Kivu au sud. Malgré sa superficie, le territoire de Mambasa ne compte que sept collectivités à savoir :
Le territoire de Mambasa un peu plus éloignés de la frontière ne regorge d'aucune tribu hema et lendu. Sa caractéristique principale est d'être le bastion des pygmées, les peuples autochtones installés dans ce territoire il y aurait plus de 5 siècles. * * * Il découle de cette présentation, combien succincte de la géographie de l'Ituri, que ce district est né des migrations des peuples de l'Est de l'Afrique qui ne se sont pas fortement éloignés de la frontière. Il est plus simple de remarquer que les quatre territoires où son bien représentés les hema et les lendu sont situés le long de la frontière avec l'Ouganda. Cette précision s'avère indispensable, car elle sera d'un apport majeur et considérable lorsque nous aborderons les différentes dimensions du conflit Iturien qui sont liés aux intérêts économiques, politiques et identitaires. Ce qui nous amène à parler de l'historique de la population du district de l'Ituri.
I.1.3. HISTORIQUE L'histoire de l'Ituri est liée à sa population, on ne peut pas parler de l'Ituri si l'on n'évoque pas ses habitants. La formation du district de l'Ituri rime avec le mouvement des migrations constaté au 16e et 17e siècles dans la région Nil-Soudan-grands lacs. Un nombre important des groupes humains s'est éparpillés à travers la partie Est du continent africain, formant des sociétés segmentaires15(*)... A ce niveau d'étude, il nous sera très vaste, si nous nous mettions à retracer l'arrivée de chaque peuple de l'Ituri. Cependant, nous ne pouvons vous épargner de vous retracer en plus bref, les migrations Lendu, Hema et Alur. Trois tribus qui constituent la plus grande partie de la population de l'Ituri. Et dans la section qui suit se rapportant à la migration, nous ne parlerons que de ces trois tribus en raison du fait qu'elles constituent celles qui disposent d'un nombre important de populations dans le district. I.1.3.1. LES MIGRATIONS DES TRIBUS DE L'ITURI 1) LA MIGRATION DES LENDU (BALE) Autrement appelés Bale, les peuples dits Lendu sont d'origine soudanaise. Ils seraient arrivés dans le district de l'Ituri lors de grands mouvements migratoires qui s'effectuèrent au cours des 16e et 17e siècles. A leur arrivée sur l'actuel sol de l'Ituri, ils ont trouvé les Nyari et les pygmées qui seraient arrivés plusieurs siècles avant. Ainsi, les Lendu chassèrent les Nyari qu'ils repoussèrent vers l'Ouest et s'installèrent dans la partie Est. Cependant ils durent lutter constamment contre les Alur arrivés un siècle plus tard pour conserver leur territoire conquis. De nos jours, un groupe de Lendu reste encore dans le territoire de Mahagi pourtant considéré comme le fief des Alur, et conservent leur culture d'origine. Ces derniers seront regroupés en collectivité par l'administration belge en 1947 sous le nom de Walendu Watsi. Un autre groupe de lendu parti du territoire de Mahagi, longea le Lac Albert et les monts bleus et s'installèrent à Geti dans le territoire d'Irumu. Ainsi, les Lendu occupent en Ituri, les territoires de Mahagi, Djugu et Irumu où ils sont majoritaires et parlent la langue Lendu.
2) LA MIGRATION DES ALUR Les Alur sont les nilotiques situés à cheval sur la frontière Congolo-Ougandaise. En Ouganda, ils occupent le sud du West Nile dans le district de Nebbi, tandis qu'en RDC, ils occupent le district de l'Ituri plus précisément dans le territoire de Mahagi. Les Alur seraient arrivés en Ituri au milieu du 18e siècle. 3) LA MIGRATION DES HEMA Arrivée entre 1750 et 1800, la migration des Hema a eu lieu sous forme d'infiltration. Les Hema sont des nilotiques reparti de part et d'autre du lac Albert. Ceux de la RDC sont appelés les hema et ceux de l'Ouganda les Hima. Ces peuples, exception faite à ceux qui habitent le territoire de Djugu, parlent le kihema ou le kinyoro. Ils sont éparpillés dans les territoires de djugu et Irumu. I.1.4. LA DEMOGRAPHIE La République Démocratique du Congo en crise de recensement depuis plus d'une décennie, il est difficile d'avancer des chiffres officiels de la population de l'Ituri. Cependant, si l'on prête foi aux écrits de Sematumba lorsqu'il parle de la guerre dans une guerre, qualifiant ainsi la situation conflictuelle de l'Ituri, il souligne qu'en 2001, Ituri comptait environ 4.605.403 personnes. Ce chiffre s'apparente également à celui avancé par les agences humanitaires opérant pendant la guerre dans la région. Joseph Tshimanga écrit en citant les agences humanitaires que l'Ituri est peuplé d'environ 4,5 millions d'habitants.16(*) Cette population est repartie entre les ethnies Lendu, Hema, Alur, Bira, Nyari, Mambisa, Ndo okebo, Logo, Lese et Ngiti. Et Joseph Tshimanga de préciser que les principaux groupes ethniques de la région sont composés de Alur 500.000 Hab., de hema 160.000 hab., de lendu 750.000 hab., de ngiti 100.000 hab., de bira 120.000 hab., de ndo okebo 100. 000 hab. Les Ngiti appelés également le lendu Bindi font parti de la grande famille lendu qui forme près de la majorité de la population de l'Ituri. Il ne faut cependant pas oubliés les mbutes ou les pygmées qui constituent également une population mais elle est minoritaire dans la région. Toutefois, il importe de faire remarquer que les Lendu et les Hema rassemblés forment au moins 41 % de la population de l'Ituri.17(*) Voila pourquoi ils méritent plus d'attention que les autres groupes segmentaires. * 9 Bha-Avira Mbiya Michel-Casimir, En Ituri, quelle est l'ethnie la plus minoritaire par rapport aux autres ? www.societecivile.cd * 10 Saint Moulin,L. Atlas de l'organisation administrative de la République Démocratique du Congo, Cepas-Kinshasa, 2006 ;p106. * 11 Idem, p 102 * 12 Saint Moulin,L. op cit. p 104 * 13 Idem p 107 * 14 Saint Moulin,L. op cit. p 105 * 15 Information tirée du mémorandum de l'élite hema dénonçant l'agression des lendu contre leur peuple, mémorandum adressé aux médiateur du conflit entre Lendu et Hema lors de la rencontre du juillet 1999 à bunia. * 16 Magazine Monuc N 22, p 16. * 17 Op cit. p 16. |
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