CONCLUSION GENERALE
L'économie quoique ne prétendant pas à
valider quelque système de valeur que se soit, ne saurait
désormais éluder la question de la responsabilité des
générations présentes et du Bien-être des
générations futures. Un modèle de développement
durable doit satisfaire les générations présentes et
futures. Il ne devrait, toutefois, pas se poser un arbitrage entre le
développement et l'environnement comme c'est le cas de l'inflation et le
chômage (dilemme inflation-chômage). Il s'agit tout simplement de
réconcilier deux politiques concourantes à un même objectif
: le Bien-être collectif.
Définir le développement comme
l'évolution d'une société qui utiliserait ses gains de
productivité non pour accroître indéfiniment une production
génératrice de dégradations de l'environnement,
d'insatisfactions, de désirs refoulés, d'inégalités
et d'injustices, mais pour diminuer le travail de tous en partageant plus
équitablement les revenus de l'activité, ne constitue pas un
retour en arrière par rapport à la critique du
développement actuel. Cela ne condamne pas à rester à
l'intérieur du paradigme utilitariste, si les gains de
productivité sont obtenus sans dégrader ni les conditions de
travail ni la nature. A partir du moment où l'on admet que
l'humanité ne reviendra pas à l'avant-développement et
que, de ce fait, les gains de productivité existent et existeront, leur
utilisation doit être pensée et rendue compatible avec la
reproduction des systèmes vivants.
Ainsi, la lutte pour la préservation de l'environnement
n'est pas un combat contre le développement. Il ne s'agit pas de
produire moins, mais de produire différemment. En fait, la lutte
est engagée contre les externalités négatives qu'engendre
le développement. La poursuite du développement est souhaitable
mais pas au prix d'un sacrifice de l'environnement. Nous devons donc
développer des outils encourageant le développement mais
n'affectant pas le milieu naturel, pour ainsi dire, une promotion de
l'éco-développement. Il faut savoir qu'un taux de croissance
élevé (du PIB) n'est pas forcément synonyme de
développement ou de Bien-être collectif. Il ne faut donc pas avoir
le fétichisme du chiffre : 2% de croissance qui profite à tous,
c'est peut-être mieux que 8% accaparés par quelques uns. Il faut
cependant dire et répéter que la croissance des richesses
produites est un formidable levier pour améliorer le sort de
tous. Mais cela ne se fait pas sans des choix politiques qui
disent clairement comment la croissance doit être utilisée ou au
service de quels idéaux collectifs elle doit être mise.
Toutefois, la lutte ne doit pas être solitaire mais
solidaire puisque les dégâts sur l'environnement affectent en
même temps tous les pays du monde. Les hommes peuvent être
individuellement innocents et collectivement responsables, tous coupables et
victimes en même temps. Mais il faut observer quelques vigilances en se
sens que les problèmes ne sont pas les mêmes selon les pays et
partant les stratégies de lutte doivent différer. Les pays en
développement ne doivent pas être les boucs émissaires. En
réalité, ils n'ont pas, pour autant, détruit leur
environnement et donc ne doivent pas subir les mêmes contraintes que les
autres. Le prix du respect de l'environnement (les normes) ne doit léser
personne. Il doit être relatif, équitable et être à
la portée des moins avancés.
D'une façon générale, si l'on veut
harmoniser l'expansion économique et la protection de l'environnement,
il convient de reconnaître que la croissance peut comporter des avantages
pour l'environnement et que la santé de l'environnement naturel est
profitable à l'économie. Or, ce combat n'est pas encore
gagné. L'environnement reste toujours un défi mondial.
A partir du moment où la croissance menace la
reproduction de la nature, elle se trouve confrontée au caractère
réel des flux (matériels et énergétiques) qu'elle
transforme et, au très long terme, des phénomènes
naturels. Elle est condamnée à redécouvrir qu'elle n'a pas
seulement une dimension monétaire, mais qu'elle prélève
aussi, transforme et rejette des flux réels et qu'en cela elle
interfère avec les cycles naturels assurant la reproduction de la
biosphère. A cet égard, un auteur disait : « la course
effrénée à la croissance économique va atteindre
son summum, et alors l'homme découvrira que l'argent n'est pas synonyme
de Bien-être, encore moins de développement. Quand le dernier
arbre sera coupé, la dernière rivière empoisonnée,
les capacités d'autoépuration du milieu naturel
dépassées et le dernier poisson mort, alors l'homme saura que
l'on ne se nourrir pas seulement d'argent ».
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