Réflexions sur la pertinence de l'espace d'étude en santé publique : L'observation de la santé à Toulouse et dans son aire d'influence( Télécharger le fichier original )par Florian BOURY Université Paris-7 Denis Diderot - ENSP - DESS Santé Publique : Management des services et actions en santé publique 2004 |
Tableau 1 : L'observation de la santé dans l'aire d'influence toulousaine à travers les études de l'ORSMIP et du CIRUS
IV.2.B. Les points de vue des acteurs institutionnels intervenant dans le champ de la santéParallèlement à l'analyse des études ORSMIP - CIRUS, nous avons rencontré les principaux acteurs institutionnels oeuvrant dans l'action, l'information et la gestion du système de santé en Midi-Pyrénées. Les différents entretiens avec les professionnels chargés des systèmes d'information, des ressources statistiques ou des études au sein des institutions intervenant en santé publique ont éclairé ce travail sur leur perception de l'aire d'influence de Toulouse et de souligner les difficultés qu'ils y rencontrent et de mieux saisir leurs méthodologies d'observation. S'il ressort des études ORSMIP qu'aucune logique apparente intervient dans le choix du territoire, il n'en va pas de même pour certains des organismes déconcentrés intervenant en santé publique (URCAM, ARH, DRASS, CRAM) possédant des cadres territoriaux d'observations bien définis. L'URCAM a lancé plusieurs travaux relatifs à l'organisation territoriale des soins ambulatoires, et plus particulièrement à la démographie des professions de santé. Elle s'est intéressée notamment à l'exercice de la médecine générale en Midi-Pyrénées pour l'année 200122(*). Ce travail d'observation a pour but d'évaluer la répartition de l'offre sur le territoire régional et l'identification de zones géographiques où l'exercice de la médecine ambulatoire pose problème et nécessite des modifications et un accompagnement. Cette observation s'est appuyée sur un découpage territorial de l'espace régional en bassins de soins définis par le groupe de recherche " Démographie des Professions de Santé" de l'URCAM, sur la base des flux et de l'origine des usagers issus des trois principaux régimes d'assurances maladie (régime général, mutualité sociale agricole, travailleurs non salariés) par rapport à leur lieu de consultations. L'URCAM ne s'intéresse pas spécifiquement à Toulouse et à son aire d'influence. Par conséquent, nous nous sommes penchés sur cette observation en nous focalisant sur les bassins intégrés à l'aire urbaine toulousaine. La lecture de la cartographie réalisée par l'URCAM permet d'identifier quatre types de bassins distincts. 1) Le pôle urbain présente le moins de problème quant à l'exercice de la médecine générale ; l'offre y est suffisante pour répondre aux besoins et à la demande de soins. 2) L'Est et le Sud-Est de l'aire urbaine toulousaine présente un niveau de difficulté légèrement supérieur. L'éloignement du pôle urbain semble impliquer une augmentation de la distance d'accès aux soins et tend à rendre l'exercice des médecins généralistes plus problématique d'autant que leur nombre tend à diminuer. 3) Les bassins au nord de l'aire urbaine sont attirés par l'aire urbaine montalbanaise et le pôle urbain toulousain. L'étude de l'URCAM amène l'hypothèse que cette situation de concurrence intervient sur les comportements des professionnels moins présents dans ces bassins. 4) L'Ouest présente une rupture nette entre les bassins les plus proches du pôle urbain et ceux les plus éloignés, limitrophes du département du Gers. La densité des médecins généralistes y est faible, les distances d'accès aux soins semblent élevées. L'URCAM souhaite, selon G. ESCUDIER, que ce zonage devienne adaptable et générique pour l'observation de l'ensemble des professions médicales libérales. L'ARH mène ses travaux en s'appuyant sur les secteurs sanitaires et les bassins hospitaliers afin de mieux orienter les futures politiques de gestion des équipements hospitaliers. Cependant, le schéma régional d'organisation sanitaire (SROS) de troisième génération prévu dans le cadre du plan « Hôpital 2007 » ne s'inscrit pas dans cette logique territoriale ; le cadre législatif de ce plan supprime notamment les secteurs sanitaires et les remplace par des « territoires de santé » dont la définition est donnée dans la Circulaire n°101/DHOS/O/2004 du 05 mars 2004 relative à l'élaboration des SROS de troisième génération. L'annexe 2 de cette circulaire apporte les éléments méthodologiques à l'élaboration de ces « territoires de santé » en se référant aux bassins de santé tels qu'ils ont été élaborés par F. TONNELIER et V. LUCAS-GABRIELLI du CREDES23(*). Les objectifs de ces territoires sont de simplifier l'organisation de l'offre au niveau infra-régional, de faciliter et d'améliorer la concertation entre les différents acteurs et de promouvoir un système de santé de proximité. L'ARH doit donc mener une réflexion sur l'élaboration de ces nouveaux territoires et a sollicité la DRASS Midi-Pyrénées pour l'accompagner, afin que ces territoires ne soient pas un découpage supplémentaire surajouté à l'aire urbaine toulousaine, qu'ils puissent prendre en compte de manière la plus pertinente possible la complexité de cet espace. Ces deux organismes régionaux de même que la CRAM ont, comme l'URCAM, une vocation régionale ; B. MANIER de la DRASS et M. BERRINO de la CRAM ont souligné, lors de nos entretiens, que leurs organismes ne s'intéressent pas spécifiquement à l'aire d'influence toulousaine. Néanmoins, dans le cadre du SROS de troisième génération, l'ARH et la DRASS admettent leur difficulté à prendre en considération cet espace d'un point de vue structurel et organisationnel du fait d'une part de l'évolution rapide et continue de cette aire urbaine, et d'autre part par manque de lisibilité de cet espace si morcelé par les différents découpages. * 22 URCAM Midi-Pyrénées. Médecine générale et ruralité. Démographie médicale et territoires en Midi-Pyrénées. (2002) * 23 Centre de Recherche d' Etude et de Documentation en Economie de la Santé |
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