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Géographie de l'offre de soins et aménagement du territoire en Aquitaine

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par Florian Boury
Université Paris-Sorbonne (Paris-IV) - DEA Géographie et Aménagement 2000
  

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3. Santé, planification, justices sociale et spatiale

L'objectif de toute planification sanitaire ou politique d'allocation des ressources, est l'adéquation des ressources aux besoins des populations. Or ces besoins sont souvent réduits à la simple demande des usagers, qui agit sur l'offre en termes quantitatifs et de localisation spatiale. D'où la difficulté des principes et des outils d'intervention adaptés pour corriger l'inégale répartition des ressources sanitaires. Cependant les lieux intègrent différentes représentations possédant une valeur fonctionnelle, économique, sociale, culturelle... De cette valeur attachée à l'espace ou au territoire va dépendre la localisation de l'offre de soins, et par conséquent, son accessibilité et son recours. Au niveau local, la valeur de l'espace va guider « les choix, les plans, les stratégies, le niveau d'encadrement sanitaire, la couverture médicale et hospitalière. » (PICHERAL, 1998)

Cette structuration de l'espace détermine la valeur sociale des lieux., et au-delà leur valeur marchande puisqu'il est reconnu que certains critères socioéconomiques (solvabilité, niveau de revenu...) constituent des facteurs de localisation des professionnels de santé. Auquel cas, on ne peut plus raisonner en terme de justice spatiale. La géographie de l'offre de soins met alors en cause la justice (ou l'injustice) sociale du système de santé.

Ce dernier a pour but « de prévenir et de soigner des maladies et d'améliorer l'état de santé des patients qu'il traite : en d'autres termes, il s'agit de produire de la santé. » Ce qui revient à produire des soins. Or les critères d'équité pour les soins définissent d'une certaine façon les moyens mis en oeuvre en pratique pour obtenir un résultat conforme à ce concept d'équité.

Les localisations des professionnels de santé génèrent donc des injustices sociales et spatiales puisqu'elles sont définies sur la base de critères non arbitraires et inégalitaires donnant une valeur à l'espace qui n'est pas réelle ou du moins ne faisant pas acte des critères d'équité. En conséquence, cette " ségrégation " tout d'abord spatiale, puis sociale, est créatrice d'inégalités d'accès aux soins, induisant des inégalités de traitements.

Afin d'évaluer et de corriger ces inégalités, les mesures des disparités géographiques sont standardisées de manière à tenir compte des besoins de la population.. En outre, les critères d'allocation de ressources tendent à intégrer, outre la taille de la population, des indicateurs de besoins tels que l'âge, la mortalité ou la morbidité. Néanmoins, même si elle est répartie en tenant compte des besoins, la localisation de l'offre n'est pas suffisante pour assurer une égalité de traitement au sens de l'équité pour des besoins identiques.

H. PICHERAL (PICHERAL, 1996) estime que la planification sanitaire est « le processus d'identification des besoins de santé des populations, de détermination d'objectifs prioritaires, de prévisions des moyens à mettre en oeuvre. » Cette définition suppose qu'il est nécessaire de disposer d'une « assise spatiale » dans lequel s'inscrit un « souci de plus grande justice sociale ».

En terme de méthodologie, la planification suit trois étapes (cette méthodologie est suivie par le projet URCAM) :

Ø la recherche d'un consensus sur les finalités du projet ou de l'étude,

Ø la définition des objectifs prioritaires ou spécifiques afin de cibler au mieux les interventions,

Ø la détermination et la mise en place des moyens et des outils d'intervention.

Toutefois, il est important de dégager les perspectives dans lesquelles s'inscrit la planification sanitaire ; définir la nature des problèmes posés et l'approche considérée de ces derniers : humaine ou organisationnelle ?

Dans le cas d'une approche humaine, les besoins de la population constituent l'épicentre de la logique d'intervention. Ces besoins sont identifiés par des critères démographiques (sexe, âge, espérance de vie...), géographiques (distance d'accès, transports, topologie...), sociologiques (CSP, niveau et genre de vie, chômage, précarité...) et épidémiologiques (morbidité et mortalité).

Dans une perspective organisationnelle, l'aménagement de l'espace, l'organisation des équipements, des services et des professionnels de santé, est l'axe principal de la démarche planificatrice, reléguant au second plan la population qui peut alors devenir une contrainte. (NOGUES & AZEMA, 1996)

Il y a peu de temps encore tout projet de planification sanitaire reposait sur un découpage de l'espace en secteurs sanitaires. Or ceux-ci ne prennent en compte ni les mouvements de populations, ni les spécificités ou les comportements locaux. De plus, ces démarches ne s'inscrivaient pas dans le temps, en ignorant toute évolution potentielle dans une dimension spatio-temporelle. Enfin, l'organisation spatiale de l'offre n'était soumise à aucune logique d'implantation et de localisation, ce qui provoquait une inadéquation totale entre l'offre et les usagers. Car, comme le fait remarquer E. VIGNERON, « l'offre sanitaire étant donnée, chacun est libre d'aller où il veut ! » (VIGNERON, 1996).

Par conséquent, l'espace médical ne recouvre pas entièrement l'espace sanitaire. La démarche planificatrice doit donc être réalisée en faveur des espaces non couverts, voire marginaux ; cette non-couverture ou marginalité étant créatrice d'inégalités. De ce fait, le système de santé peut se prévaloir d'être un « facteur correcteur des inégalités sociales et spatiales. » (PICHERAL, 1997)

Il est également nécessaire dans ce contexte d'intégrer les déterminants comportementaux des professionnels de santé et des patients. C'est à dire tenter de définir au mieux les besoins des uns et des autres.

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