2. Au niveau départemental
L'étude par département permet de mettre en
évidence les inégalités infrarégionales et les
particularités de chacun.
a) La Dordogne
Département le plus au nord de la région, le
territoire est composé de nombreuses communes mais ayant des superficies
peu importantes. Les différentes cartes de répartition de l'offre
de soins en Dordogne s'intègrent parfaitement au schéma
régional que l'on a décrit précédemment.
Les omnipraticiens sont relativement bien
répartis sur le territoire départemental, mais en terme
d'effectifs, mises à part Périgueux et Bergerac, les
médecins généralistes sont peu nombreux par commune,
équivalents à la moyenne régionale. Périgueux
polarise une zone centrale au coeur du département.
Les effectifs de spécialistes sont peu
élevés ; les chirurgiens dentistes sont les plus
représentés, mais leur dispersion ne permet pas une bonne
couverture du territoire. Pour les autres spécialités, les
effectifs sont encore moindres et les localisations se limitent aux communes
les plus peuplées, notamment Périgueux et Bergerac. En terme de
représentation, les pédiatres sont les spécialistes les
moins nombreux et les plus centralisés sur les deux plus grandes villes
du département.
Les auxiliaires de santé (masseurs
kinésithérapeutes et infirmiers) sont comparativement aux
spécialistes beaucoup mieux représentés tant au niveau des
effectifs que dans leur localisation. Les infirmiers sont moins
concentrés dans les deux grandes villes et plus dispersés sur le
territoire départemental, à l'inverse des masseurs
kinésithérapeutes, couvrant moins le département et plus
centralisés à Périgueux et Bergerac.
Les pharmacies connaissent une répartition
similaire à celle des infirmiers, leur répartition est
limitée aux villes les plus importantes et fait état d'une
relative concentration à Périgueux et Bergerac. Les
laboratoires présentent une géographie conforme à
celle de la région ; ils sont peu nombreux et disséminés
sur le territoire.
L'offre de soins, en terme d'effectifs en
médecine ambulatoire, présente deux visages
caractéristiques : plus les effectifs de praticiens sont importants,
plus ils présentent une meilleure homogénéité dans
leur localisation ; et inversement pour les catégories dont les
effectifs sont les moins nombreux. En somme, il apparaît moins
d'inégalités géographiques dans l'offre de soins pour les
catégories les mieux représentées.
Néanmoins, cette observation serait-elle
confirmée par les données sur la consommation ?
b) La Gironde
La Gironde bénéficie sans conteste de la
présence de la capitale régionale qu'est Bordeaux. A elle seule,
la commune de Bordeaux possède des effectifs démesurés en
comparaison au nombre moyen de professionnels par commune, et ce pour toutes
les catégories. On ne parle plus alors de polarisation, mais
d'hyperconcentration de l'activité. Exception faite de
Libourne (mises à part les communes de la Communauté urbaine de
Bordeaux), seules les communes périphériques de Bordeaux
possèdent des effectifs supérieurs à la moyenne
régionale, mais en deçà de ceux de la préfecture.
Le reste du département est relativement bien couvert,
avec notamment la vallée de la Garonne (à l'est) et les vastes
unités communales du Parc régional des Landes (à l'ouest
et au sud), mais les effectifs ne dépassent que très localement
la moyenne régionale en ce qui concerne les omnipraticiens et les
chirurgiens dentistes.
C'est en Gironde que les masseurs
kinésithérapeutes et les infirmiers sont les plus
nombreux. La répartition des premiers est plus localisée que
celle des seconds. En effet, les masseurs kinésithérapeutes sont
essentiellement localisés au centre du département autour de
Bordeaux et à l'ouest le long du littoral. Pour leur part, les
infirmiers sont répartis de manière homogène sur le
département, seuls l'est et le sud-est sont moins bien desservis,
exception faite de la vallée de la Garonne.
Il est intéressant de noter en particulier la forte
similitude existant entre les cartes d'omnipraticiens et d'infirmiers, la
couverture du territoire départemental est à une ou deux communes
près la même. Doit-on en déduire un lien particulier ?
Pour les spécialités, hors chirurgiens
dentistes, bien que les effectifs départementaux soient
supérieurs aux autres départements de la région, ceux-ci,
en l'absence de Bordeaux et de sa périphérie, ne seraient pas
beaucoup plus importants. Il en va de même pour la répartition sur
le territoire départemental : très localisée. Les ORL et
les pédiatres sont les spécialistes les moins nombreux et les
moins présents, mais avec des effectifs égaux ou
supérieurs à la moyenne régionale.
La Gironde est le département possédant le plus
de pharmacies, non seulement par la présence de Bordeaux et de sa
ceinture périphérique où elles sont largement
concentrées, mais elles ont également une emprise très
forte sur le territoire qui se dégrade vers l'est du département,
c'est à dire avec l'éloignement de Bordeaux. Ce constat est vrai
également pour les laboratoires avec une présence en dehors de
Bordeaux bien moindre, donc une couverture plus localisée.
L'offre de soins en Gironde est fortement
concentrée à Bordeaux et dans sa ceinture
périphérique, sans pour autant appauvrir le reste du
département en terme d'effectifs de professionnels de santé ;
ceci se vérifie par une relativement bonne couverture du territoire,
excepté pour les catégories de spécialistes (mis à
part les chirurgiens dentistes) qui souffrent comme les autres
départements d'un manque d'autant plus important qu'ils sont très
présents dans la Communauté Urbaine de Bordeaux.
c) Le Lot-et-Garonne
De par sa superficie, la plus réduite de l'Aquitaine,
le Lot-et-Garonne bénéficie d'une couverture de soins proche de
celle de la Gironde. Ainsi, pour les catégories habituellement bien
représentées, l'observation est la même que pour les
départements précédents : elles sont réparties sur
l'ensemble du département, de manière non uniforme il est vrai.
Les omnipraticiens, les chirurgiens dentistes, les
infirmiers et de moindre manière les masseurs
kinésithérapeutes et les pharmacies présentent
le même type de carte. Trois pôles départementaux
concentrent l'offre de soins, la préfecture : Agen et les deux
sous-préfectures : Villeneuve-sur-Lot et Marmande. Toutefois,
Villeneuve-sur-Lot présente des effectifs comparables à ceux
d'Agen, alors que Marmande accuse un léger retard. Dans le reste du
département, les effectifs sont faibles, voire inexistant aux limites
nord et sud-ouest du département.
Les spécialistes et les laboratoires
sont, comme dans l'ensemble des régions d'Aquitaine, très peu
présents en dehors des trois communes les plus importantes, et sont
très localisés. En terme d'effectifs, les psychiatres sont les
moins nombreux ; pour ce qui est de la répartition, les pédiatres
sont localisés uniquement dans les trois communes citées
précédemment.
La géographie de l'offre de soins en
Lot-et-Garonne subit le fait urbain. Les différences d'effectifs
concernent essentiellement les marges nord et sud-ouest du département,
c'est à dire les zones les plus rurales. L'éloignement à
la ville créé donc des inégalités d'accès
aux soins, induites par la localisation de l'offres. Pour ce
département, le constat concernant les spécialistes est le
même : faibles effectifs et concentration urbaine.
d) Les Landes
Le département des Landes possède la
particularité d'avoir deux types de maillage communal et/ou cantonal
induits par la présence du Parc régional des Landes. Au nord, les
unités administratives sont assez étendues (même
découpage que pour le sud de la Gironde), alors qu'elles sont beaucoup
plus réduites au sud. Cette différence implique que les cantons
du nord regroupe plus de communes que ceux des Pays de l'Adour ; et par
conséquent une population supérieure. Comment cette dichotomie
intervient-elle sur la répartition de l'offre de soins ?
Dans ce cas encore, il apparaît que les
omnipraticiens et les chirurgiens dentistes, s'ils sont peu
nombreux, sont présents sur l'ensemble du département à
l'exception de quelques canton du nord-est et du sud-est. Les effectifs les
plus importants se situent dans les pays de l'Adour, et se concentrent
notamment à Mont-de-Marsan et Dax.
Exception faite des chirurgiens dentistes, les
spécialistes sont très faiblement
représentés. Ils se situent essentiellement dans le sud du
département, et plus spécialement à Mont-de-Marsan et Dax,
ne dépassant pas un maximum de dix spécialistes
(gynécologues obstétriciens et psychiatres) par communes.
Les auxiliaires de santé et les
pharmacies sont en nombre peu élevés,
généralement de un à dix praticiens par commune, leur
localisation semble favoriser le sud et l'ouest du département, mais la
différence de surface cantonale peut être trompeuse. Dans ce cas,
la carte par densité fournira plus d'informations. Localement,
Mont-de-Marsan et Dax disposent d'effectifs plus important mais ne polarise pas
leur zone périphérique.
Les laboratoires sont très localisés et
peu nombreux, leur géographie correspond à celle des
spécialistes, avec une bande centrale qui en est dénuée et
s'étalant de l'ouest au nord-est du département.
La géographie de l'offre de soins dans les
Landes illustre parfaitement la situation du département des Landes, en
terme de services en général, de santé en particulier. Le
territoire est largement occupé par le Parc Régional des Landes,
qui créé une partition de l'espace favorisant le sud et le
nord-ouest. A ceci s'ajoute l'habituelle opposition, exacerbée dans les
départements à dominante rurale, entre les moyennes
agglomérations urbaines du sud et les communes rurales peu
peuplées du reste des Landes.
Nous verrons que ces disparités d'offre sont
récurrentes pour le secteur hospitalier.
e) Les Pyrénées-Atlantiques
Département le plus méridional, les
Pyrénées-Atlantiques possèdent la particularité
d'avoir toute sa partie sud en zone de montagne. Aussi peut-on s'interroger sur
le rôle du relief dans l'accès et la consommation de soins ?
En ce qui concerne l'offre de soins, elle présente un
géographie assez marquée. D'une part, deux pôles, l'un
à l'est Pau, l'autre à l'ouest Bayonne, polarisent les communes
qui leur sont périphériques et concentrent une part majeure des
activités médicales. Si Pau se démarque de ses communes
périphériques par ses effectifs en praticiens, Bayonne, quant
à elle, partage bien souvent des effectifs élevés avec
Biarritz, voire Anglet, formant ainsi une conurbation où la desserte
médicale est importante, notamment pour une zone située à
l'extrême sud du territoire régional et national. D'autre part,
des cantons de montagnes peu peuplés et des cantons ruraux dans le nord
et le centre du département.
Les cartes de répartition des cinq services de
santé de base : omnipraticien, chirurgien dentiste, infirmier, masseur
kinésithérapeute et pharmacie, sont à peu de choses
près identiques. Elles montrent toutes une concentration des praticiens
à Pau et dans la conurbation Bayonne - Biarritz - Anglet, à
laquelle se joint la commune de Saint-Jean-de-Luz. De la côte Atlantique
en s'éloignant vers l'est et le centre du département, où
les effectifs par commune diminuent jusqu'à être nuls dans
certains cantons. Puis, en continuant vers l'est, à l'approche de Pau,
les communes disposent à nouveau d'une offre plus importante, notamment
au sud de Pau. Le nord-est et les cantons montagnards du sud du
département sont marqués par la présence de canton
où seules quelques communes disposent faiblement de praticiens. Comment
expliquer ces " vides " en praticiens ?
Il serait intéressant de disposer de cartes de
densité de population, cela permettrait de comparer et d'expliquer par
corrélation ces vides, qui correspondent fortement à des cantons
où les densités de population sont potentiellement très
faibles. Ainsi le dépeuplement de ces cantons pourraient expliquer
l'absence de praticiens. Tout ceci conduit à former une couverture
très inégale et discontinue du territoire, bien qu'une majeure
partie dispose d'effectifs dont les valeurs correspondent à la moyenne
régionale par catégorie.
En ce qui concerne les spécialistes, hormis les
chirurgiens dentistes, et les laboratoires, les
Pyrénées-Atlantiques disposent d'une offre de soins comparable
aux autres départements : très faible à nulle dans les
communes autres que les grandes agglomérations de Pau et Bayonne. Pour
ces catégories professionnelles, la conurbation Bayonne - Biarritz -
Anglet n'est plus apparente, exceptée pour l'ophtalmologie où
Biarritz est remplacée par Saint-Jean-de-Luz. Est-ce due à
l'influence espagnole ? Comment expliquer la présence importante des
professionnels de santé sur la côte basque ? Est-ce le cadre de
vie qui est recherchée ? La population y est-elle plus importante ?
Quelle est la structure par âge des praticiens y exerçant ? Si
elle est supérieure à 50 ans, viennent-ils y terminer leur
carrière ? Ou bien leur présence est-elle due à un
attachement culturel ?
En ce qui concerne Pau, les implantations s'expliquent plus
facilement par le fait notamment qu'elle est la préfecture du
département, qu'elle centralise un grand nombre de structures
médico-sociales, administratives et autres et que la population est
relativement conséquente.
L'offre de soins en Pyrénées-Atlantiques
semblent être induites par la densité de population par canton. En
effet dans les communes assez densément peuplées de Pau et sa
périphérie et des villes importantes de la côte basque, les
effectifs sont relativement élevés alors que dans les cantons
ruraux et montagnards, l'offre de soins est très faible.
Le département connaît donc de fortes
inégalités entre milieu rural et urbain, alors que le milieu
rural y est majoritaire. La couverture du territoire est par conséquent
discontinue, assez hétérogène, très faible dans le
cas des spécialistes. Ces inégalités d'offre
génèrent en conséquence des inégalités
d'accès aux soins, qui peuvent être très importante dans le
cas des cantons les plus isolés.
|