Annexe III : Sketchs de sensibilisation à
l'utilité de l'état civil écrits par le club JRD de
Niakhar
Club JRD « état civil » de Niakhar Juin 2005
Sketch de sensibilisation sur l'utilité de l'état
civil
Thème : le droit de vote
Le pari
Les personnages
Modou : partisan du PS
Ousmane : partisan du PS Moussa : commissaire de
vote Saliou : partisan du PDS
Fatou : partisane du PDS
Situation : A l?ombre d?un tamarinier
discutent des partisans du PS et du PDS à propos des prochaines
élections présidentielles...
MODOU : Nous allons faire une campagne
électorale pour avoir beaucoup de votes pour notre candidat.
OUSMANE : Nous allons aussi organiser des
meetings, des conférences et distribuer des habits neufs du PS pour
qu'ils soient nombreux à voter pour nous.
SALIOU (à FATOU) : Est-ce que pourrons
voter ?
FATOU : Bien sûr, à condition de
remplir les critères pour avoir le droit de voter.
SALIOU : Tu veux dire qu'il faut que j'aie une pièce
d'identité ?
FATOU (étonnée) : Quoi ?! Tu ne
vas pas me dire que tu n'as pas de pièce d'identité...
SALIOU : Non je n'en ai pas, mon père ne
pas déclaré à la naissance, par négligence. Mais ce
n'est pas grave, je vais voter de toute façon.
Les partisans du PS interviennent
MODOU : Hé ! Si tu n'as pas de
pièce d'identité, tu ne pourras pas voter !
SALIOU : C'est ce qu'on va voir. Je paris ma
maison que je voterai ! Et vous, qu'est-ce que vous donnez ?
MODOU : Moi aussi je donne ma maison. Si l'un
de nous perd, il n'aura qu'à tenir sa parole.
Le jour tant attendu arrive. Ousmane et Modou se rendent au
lieu de vote et trouvent Saliou, Moussa et le commissaire de vote en train de
se disputer.
OUSMANE : Qu'est-ce qu'il y a ?
SALIOU : Il dit que je ne peut pas voter parce
que je n'ai pas de carte d'identité.
LE COMMISSAIRE : Sans pièce
d'identité, on peut pas voter ! Tu n'es même pas reconnu comme
étant Sénégalais, si tu n'es pas inscrit à
l'état civil, tu n'as aucun droit.
OUSMANE : Mais c'est vrai ce que le commissaire
dit, c'est la vérité. Tu as de la chance qu'il n'appelle pas la
police !
MODOU : Je te l'avais dit. Tu as perdu !
MOUSSA : Il ne reste qu'une semaine et une seule
chance. Si tu la rate, tu en subiras les conséquences. Une audience
foraine va être organisée dans le village. A ce moment tu pourras
t'inscrire à l'état civil et avoir des papiers d'identité.
Tu pourras alors voter.
SALIOU : Je m'en fiche puisque notre parti va
gagner les élections, ce n'est pas la peine que j'aille chercher une
pièce d'identité.
MOUSSA : Va en chercher ! Ca te servira une
autre fois.
Saliou ne l?écoutant même plus, s?en va.
Une semaine plus tard, les résultats sont
annoncés : le PS remporte les élections. Ousmane et Modou
écoutent les résultats à la radio quand Saliou arrive chez
eux, furieux.
SALIOU (crie): Vous avez triché !
MODOU: Ce n'est pas vrai. Comment oses-tu nous
accuser de tricherie ! Ils se mettent à se battre, le commissaire de
vote intervient alors
LE COMMISSAIRE : Saliou, c'est toi qui as
tord, tu es venu dans leur maison pour te battre avec eux. Ce n'est pas juste !
Je vais te faire arrêter et le juge va te faire emprisonner pendant un
mois ! C'est tout ce que tu mérites.
Club JRD « état civil » de Niakhar Juin 2005
Sketch de sensibilisation sur l'utilité de l'état
civil
Thème : inscription des naissances, droit à
l'héritage
L'héritDH1 d1 Mou\\D
Les personnages
Ablaye Diouf: le père
Ndeye : première femme d'Ablaye
Néné : deuxième femme d'Ablaye
Moussa : ainé de la famille Abdou :
ainé de Néné
Situation : Ablaye avant de mourir
réunit toute sa famille à son chevet
ABLAYE : Mes enfants, je vous ai laissé
de quoi bâtir votre aveni r.Sur mon compte en banque à la
B.C.E.A.O., il y a 24 millions de Francs CFA.
J'espère que vous en ferez bon usage. Surtout n'oubliez
pas le sang qui vous uni.
MOUSSA : Père vous pouvez aller en paix.
Tout sera fait selon votre volonté.
ABDOU : Père pour l'instant il ne faut
pas penser au pire. Surtout essayez de reprendre des forces.
ABLAYE : Je te remercie Abdou, mais c'est trop
tard
Après avoir poussé son dernier soupir, Ablaye
Diouf rendit l?âme, laissant derrière un problème auquel il
n ?avait pas pensé. En effet, après les obsèques, place au
partage des biens.
MOUSSA : Mon frère, j'étais chez
le notaire qui m'a signifié que le retrait de l'argent à la
banque risque d'être difficile car les procédures judiciaires
compliquent les choses.
ABDOU : Sois plus explicite. Il faut fournir
pour chacun de nous un acte de naissance et il paraît que seul les
détenteurs de papiers en règle peuvent accéder à
l'argent du vieux.
MOUSSA : Et moi dans tout çà ?! Je
suis l'aîné tout de même !
ABDOU : Mère m'a confié que tu
n'avais pas d'acte de naissance alors que j 'en possède un. Je serais
donc le bénéficiaire de l'héritage.
Les femmes d?Ablaye interviennent alors, la situation
devenant de plus en plus périlleuse.
NDEYE : Ca ne se passera pas comme
çà ! Je suis la première femme d'Ablaye, et Moussa est
l'aîné, il doit donc recevoir l'héritage, c'est la
tradition. J'irai voir mon frère qui est commissaire et sinon je ferais
appel à mon marabout !
NENE : Mon fils, ne l'écoute pas, nous
sommes riches ! ABDOU : Oui, grâce à vous.
Abdou repense aux paroles de son père et décide
finalement de faire le nécessaire pour l?aider
ABDOU : Cher frère, je pense qu'il peut y
avoir une solution a ce problème délicat. SALIOU
: Il dit que je ne peut pas voter parce que je n'ai pas de carte
d'identité.
LE COMMISSAIRE : Sans pièce
d'identité, on peut pas voter ! Tu n'es même pas reconnu comme
étant Sénégalais, si tu n'es pas inscrit à
l'état civil, tu n'as aucun droit.
OUSMANE : Mais c'est vrai ce que le commissaire
dit, c'est la vérité. Tu as de la chance qu'il n'appelle pas la
police !
MOUSSA (reconnaissant) : Je n'ai pas les mots
qu'il faut pour traduire ma pensée, petit frère.
ABDOU : J'ai entendu dire qu'il était
possible de t'inscrire à l'état civil par un juge, malgré
ton age. Mais pour cela allons à la mairie pour plus de
renseignements.
Ils partent donc ensembles à la mairie pour savoir
comment faire obtenir des papiers à Moussa, sans que leurs mères
respectives ne soient au courant.
Ndeye qui n ?est pas au courant à
préparé un mauvais coup à l?aide de son marabout pour
récupérer l?héritage.
NDEYE : Moussa, j'ai vu le marabout qui m'a
assuré que si Moussa prend tout l'argent pour lui, il deviendra
fou...
MOUSSA : Je suis désolé
mère, mais il faudra revoir ton cher marabout pour qu'il arrête
tout. NDEYE: Dis moi, quelle mouche t'as piqué ?
MOUSSA (rie): Pour une raison
mystérieuse, Abdou m'a aidé à me procurer un acte de
naissance pour ensuite le déposer chez le notaire. On attend juste le
rendez vous avec la banque pour retirer l'argent.
NDEYE (s'évanouie) : ahhhhh...
Une fois remise de ses émotions, Ndeye part retrouver
Abdou et Néné
NDEYE (émue): Chère
co-épouse, cher fils. Par où commencer ? Non, sincèrement
je ne sais quoi dire, je suis très élue !
NENE : Mais de quoi s'agit-il ? Dis moi quelque
chose fils !
ABDOU : Je suis désolé de
m'être tu pendant tout ce temps mais j 'ai accompli une chose que je ne
regrette nullement. Je veux rendre à César ce qui appartient
à César et donc j 'ai fait le nécessaire pour que Moussa
puisse bénéficier de sa part de l'héritage.
NENE (bouche bée, reste un moment
silencieuse, puis dit) : Tu as très bien agit mon fils, je suis
fière de toi. Beaucoup d'autres à ta place n'auraient pas
été aussi honnête et seraient parti avec tout l'argent,
laissant leur frère sans un sou.
Club JRD « état civil » de Niakhar Juin 2005
Sketch de sensibilisation sur l'utilité de l'état
civil
Thème : scolarisation
Moustapha n'ira plus à
l'école
Les personnages
Le père:
L'ami :
Le fils : Moustapha Diouf Le maitre : monsieur
Mbodji Le directeur de l'école :
Situation : Un père heureux vient
annoncer à un ami la naissance de son fils, le premier avec sa seconde
femme.
PERE : Ha ! Mon ami, je suis venu vous faire
part du baptême du fils de ma seconde femme. AMI :
Quelle bonne nouvelle ! Que décidez vous de faire maintenant ?
PERE : J'aimerai faire un baptême
extraordinaire.
AMI : Formidable, mais as tu déjà
déclaré ton fils auprès du chef de village qu'il puisse
être reconnu officiellement ?
PERE : Pour quoi faire ? Peu importe.
AMI : Il m'est arrivé la même chose
avec mon fils Ndiougour, j'ai négligé de le déclarer
à la naissance et çà m'a coûté très
cher. J'ai du aller jusqu'au tribunal pour réparer cette erreur.
PERE : Tout cela m'est égal ! Je vais
baptiser mon fils ainé et dès demain, je vais tuer un gros
taureau comme personne n'a jamais et n'aura jamais vu !
AMI : Et bien je t'aurais prévenu, mais
tu es mon ami avant tout, alors je participerai volontiers au baptême de
ton fils.
Six ans plus tard, son fils à l?age d ?entrer à
l?école
PERE : Bonjour monsieur le directeur, je suis
venu pour inscrire mon fils Moustapha dans votre école.
DIRECTEUR : C'est le moment des inscriptions,
vous arrivez au bon moment. C'est possible
PERE : Que dois-je faire maintenant ?
DIRECTEUR : L'essentiel est de fournir un acte
de naissance, ce qui va montrer qu'il a une nationalité et donc droit
à l'éducation.
PERE : Monsieur, il va falloir patienter un peu
car au moment où je vous parle les papiers ne sont pas encore
disponibles.
DIRECTEUR : D'accord, je le laisse
étudier pour le moment. Mais il faudra absolument avoir ces papiers pour
qu'il puisse passer ses examens d'entrée au collège. Sans
identification, il ne pourra pas entrer au collège, même s'il est
bon élève.
DIRECTEUR (se retournant et s'adressant aux
professeurs) : Vous pouvez commencer les cours maintenant !
Quelques années plus tard
MAITRE MBODJI : J'aimerai avoir la classe qui se
présente à l'examen d'entrée en sixième
DIRECTEUR : Oui, il va être temps, il ne reste
pratiquement plus de cours.
MAITRE : Oui, il ne reste plus qu'un cours
d'éducation civique sur les droits et devoirs.
DIRECTEUR : C'est une leçon
d'actualité, il faudra tout faire pour terminer cette leçon avant
l'examen, on en parle beaucoup à la radio et a la
télévision, surtout les droits des enfants.
MAITRE : Oui, à ce propos, vous avez
déjà déposé les actes de naissance à
l'inspection ? DIRECTEUR : Pas encore, il reste un
élève qui n'a pas fourni le sien.
MAITRE : Mais de qui s'agit-il ?
DIRECTEUR : C'est Moustapha Diouf
MAITRE : Moustapha ! Ce n'est pas possible,
pourtant lorsqu'on faisait la leçon sur l'état civil, il
était le premier à répondre correctement !
DIRECTEUR : Malheureusement je n'ai pas le
choix, je dois le renvoyer chez ses parents, je l'avais pourtant prédit
à son père.
MAITRE : Hélas ! Quel excellent
élève !
Moustapha rentre chez lui, renvoyé par le
directeur...
MOUSTAPHA : Le directeur m'a renvoyé
parce que je n'ai pas d'extrait d'acte de naissance. PERE
(affolé) : Comment ?
AMI : Ne dit rien, je t'avais prévenu
dès la naissance de Moustapha, mais tu étais entêté
et maintenant voilà le résultat : il ne peut pas passer son
examen alors que c'est un très bon élève ! Tout
çà parce que tu as négligé de le déclarer
à la naissance, il ne pourra plus continuer à étudier.
PERE : Oh ! Comment je vais faire ?
AMI : Allons voir le directeur tous les deux.
Ils rendent alors à l?école voir le
directeur
PERE et AMI : Bonjour monsieur le directeur.
DIRECTEUR : Bonjour chers parents.
PERE : Mon fils Moustapha est venu me dire que
vous l'avez renvoyé.
DIRECTEUR : Oui je l'ai renvoyé parce
qu'il est temps de déposer les extraits de naissance au niveau de
l'inspection pour que les élèves puissent passer leur examen.
PERE : Et alors ? Quelle peut être la
solution ?
DIRECTEUR : Le débat est clos, personne
n'entrera sans extrait de naissance. AMI : Pourtant ce n'est
pas une nouvelle, je l'avais prévenu !
PERE : Monsieur, aidez moi, je n'ai que ce
garcon d'instruit et j'ai misé tous mes espoirs sur lui.
DIRECTEUR : La seule solution qu'il vous reste,
c'est d'aller à l'audience foraine qui se tiendra demain dans votre
village.
PERE : Très bien ! Mais que dois-je faire
là bas ?
DIRECTEUR : Vous pourrez aller voir le juge avec
deux témoins et votre fils pour l'inscrire à l'état
civil.
PERE : Ah, merci mille fois monsieur le
directeur ! Je ne savais pas que l'état civil avait une si grande
importance pour la scolarisation de nos enfants ! Je ne me laisserai plus
piéger et j'inscrirais mes enfants à l'état civil
dès la naissance en allant voir le chef de village.
NB : Ce sketch initialement écrit
ainsi, à subit beaucoup de transformations, tant au niveau des dialogues
que la mise en scène. Par exemple, le père part furieux à
la fin du sketch, et c'est l'ami qui reste auprès du directeur pour se
renseigner, car il espère que Moussa puisse l'envoyer en France quand il
sera plus âgé...
De même les autres sketchs ont évolué,
principalement au niveau des dialogues, bien plus étoffés,
laissant une large place à l'improvisation et à l'humour, tout en
restant sérieux dans le message à transmettre.
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