Le terme de communication participative ne se suffit pas en
lui-même. Il cache beaucoup de visions, de points de vue et de questions
qui restent en suspens.
Issue de la communication pour le développement, cette
philosophie possède tout de même des caractéristiques que
tous les auteurs et pratiquants s'accordent à lui attribuer. Née
de l'expérience des premiers modèles de communication pour le
développement trop restrictifs et simplistes, la nécessité
de placer la population au coeur des stratégies de développement
apparaît désormais comme évidente.
Evidente pour les chercheurs et beaucoup de praticiens, mais
sur le terrain, on est bien souvent loin de ce principe de donner le pouvoir de
décision à la population grâce à l'utilisation de la
communication participative, qui veut faciliter les échanges entre les
différents intervenants (membres d'une communauté, ONG,
autorités...).
Alors si l'utilisation de la communication participative est
présentée comme la solution, du moins théoriquement, pour
responsabiliser les populations, les rendre actrices de la résolution de
leurs problèmes, pourquoi subsiste-t-il encore tous ces
difficultés et réticences constatées dans la pratique ?
La communication participative, bien que séduisante
dans sa philosophie, soulève de nombreuses questions et pose des
obstacles différents des autres modèles de communication. Alors
remplace-t-on pour autant des difficultés inhérentes à un
modèle par d'autres ?
Dans les modèles diffusionnistes, l'impact des
campagnes de sensibilisation constaté est faible, la responsabilisation
des populations sur un projet de désertification par exemple,
empêchera sa pérennisation.
Tandis que la communication participative au niveau
communautaire pourra soulever des conflits, coûter cher, n'avoir que peu
de retombées à court terme...
Mais deux raisons majeures font pencher la balance en faveur
de la communication participative.
Premièrement, la pratique montre que les actions
entreprises à l'aide de la communication participatives se sont
avérées bien plus efficaces.
Deuxièmement, les difficultés
rencontrées dans le domaine ne sont pas incontournables, seulement, il
reste beaucoup à développer, améliorer, rechercher,
échanger, pour arriver à un résultat meilleur.
On pourrait ajouter à cela que la communication
participative est également possible à un niveau plus large que
celui de la communauté, mais il ne s'agissait pas du sujet de
l'étude nous concernant.
Si la communication participative reste cantonnée
actuellement à certains domaines du développement (social,
structurel, économique, environnemental principalement), elle gagnerait
tout à s'étendre vers d'autres aspects, comme celui
exploré en particulier, à savoir le développement de la
culture scientifique.
En effet, une des causes des difficultés
rencontrées dans la recherche au Sénégal, mais aussi
ailleurs, est le manque de vision des enjeux que soulève la recherche
scientifique. Dans un contexte où les innovations scientifiques sont un
des moteurs possible du développement, par de nouvelles techniques
agricoles par exemple, de réduction de la pauvreté, de lutte
contre les endémies, le soutien de la population est quasi
indispensable. Car elle permet l'acceptation des innovations bien sûr,
mais aussi parce qu'elle joue son rôle critique, indispensable pour
adapter les programmes de recherche aux enjeux réels.
C'est ce que tend à faire la recherche participative,
qui tente d'inclure des représentants de la population dans
l'élaboration de ses programmes, pour en finir avec ces innovations
laissées à l'abandon car incomprises ou totalement
inadaptées.
Actuellement, nous ne pensons pas que la communication
participative soit une solution miraculeuse, applicable à tous les
domaines de la communication. En revanche, elle constitue ce qui se
révèle être le plus efficace au niveau communautaire, le
niveau de la vie quotidienne en société. L'atout majeur des
principes issus de la communication participative, c'est son
adaptabilité. Comment rendre une communication efficace si ce n'est en
l'adaptant au mieux au contexte ? Reste à continuer de chercher les
meilleurs moyens d'y parvenir.
C'est cette même adaptabilité, grâce
à l'implication des premiers concernés, qui laisse supposer que
le concept est généralisable à d'autres domaines et
à d'autres lieux certainement. Cela reste à vérifier par
la pratique.